Ici, c'est aussi chez nous - Citizens' Space - Missions Publiques
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Citizens’ Space Venez débattre Le journal du Débat citoyen de l’ESA de l’espace Édition 2016 avec nous ! Ici, c’est aussi chez nous Fiction Une journée sans satellites Emploi, agriculture… L’espace dans notre quotidien Attention fragile Un œil sur la planète et ses défis L’astronaute et l’aventurier Jean-François Clervoy et Raphaël Domjan En images : L’ÉPOPÉE ROSETTA RACONTÉE À MES ENFANTS
2 Édito Rejoignez le débat : retrouvez notre invitation en page 12. « On vous attend ! » Chers participants au Débat citoyen sur l’espace en Europe, Quand j’ai été élu Directeur Général de l’ESA par ses 22 Etats membres, j’ai exprimé le désir de renforcer le dialogue avec toutes nos parties prenantes et d’ouvrir l’espace à un public plus large. Ce Débat citoyen sera la mise en œuvre de cette déclaration en menant ce dialogue avec un large éventail de personnes dans l’Europe toute entière. Il ne s’agit pas d’une simple enquête, car ce débat a été conçu comme un vrai dialogue, au cours duquel nous écouterons les questions et préoccupations et peut-être plus encore : les attentes, les souhaits et aussi les rêves des participants. Vous serez plus de 2 000 à vous réunir le 10 septembre prochain dans les 22 Etats membres de l’ESA. Ce sera une grande première. Nous écouterons avec d’autant plus d’attention ce que vous avez à nous dire sur l’espace dans votre quotidien et comme source d’inspiration. Je suis moi-même, avec tous ceux qui ont été impliqués dans la préparation de cet événement, très impatient de suivre les échanges et d’en connaître les résultats. Permettez-moi de vous remercier d’avoir rejoint le Débat citoyen et de contribuer ainsi à dessiner le futur de l’espace en Europe. Jan Woerner Directeur général de l’ESA. 4. Interview croisée 7. Décryptage 11. Le match 15. Coup de balai 22. La question L’aventurier Raphaël Etats, industries, Homme / machine : Comment faire Pourquoi allons-nous Domjan et l’astronaute citoyens... 10 acteurs un binôme gagnant du spatial un secteur dans l’espace ? Les Jean-François Clervoy dans le même espace plus propre ? réponses d’un expert « Citizen’s Space / Espace Citoyen » est une publication produite par Missions Publiques, en partenariat avec l’ESA, dans le cadre du Débat citoyen sur l’espace. Responsable de la publication : Yves Mathieu, Missions Publiques – Coordination partenariat et équipe ESA : Nathalie Meusy – Rédaction : Brigitte Bailleul – Ont contribué à ce magazine : Erwan Dagorne, Nathalie Tinjod, Ariane Bouilly, Marion Mirailles. Licence Creative Commons : - Conception et coordination éditoriale : Androids & Sheep - Conception graphique et direction artistique : Denis Esnault. Couverture : Reflections (photo Tim Peake, astronaute ESA) - ESA / NASA ESA
Découverte 3 Au fait, c’est quoi l’espace ? Rosetta Mars Terre (2016) Voyager 2 Vénus (1989) Neptune Uranus Saturne Jupiter Mercure Soleil Zoom 1 Zoom 2 Terre Terre Mars Vénus Voyager 1 100 km (1979) Mercure Hubble Jupiter Soleil Galileo Alphasat L’espace désigne tout ce qui se trouve l’univers au-delà du système solaire la planète bleue, une surveillance au-delà de 100 km d’altitude terrestre. (Hubble), explorer le système solaire permanente des débris spatiaux est C’est un milieu dans lequel évoluent les (Rosetta), observer la Terre (Meteosat), effectuée, ainsi, nous traquons 17 000 planètes, les corps célestes, la matière fournir des services de communication « objets » de plus de 10 cm, et on estime noire et les autres composants de (Alphasat) ou de navigation (Galileo), qu’il existe environ 700 000 débris de l’univers. L’espèce humaine a apporté sa aider la recherche fondamentale (LISA plus de 1cm qui gravitent autour de touche personnelle à ce tableau : depuis Pathfinder). Les objets artificiels en notre planète. Spoutnik 1 en 1957, 6 600 satellites ont activité les plus éloignés de la Terre sont Depuis Youri Gagarine en 1961, plus de été lancés. 3 600 sont encore en orbite les sondes jumelles Voyager. Voyager 550 êtres humains ont « mis un pied » dont 1 100 opérationnels. 1 se situe à plus de 20 milliards de dans l’espace. 18 d’entre eux sont morts Satellites et sondes visent à explorer kilomètres de la Terre ! Autour de en mission. Rosetta et sa sonde Philéa Denis Esnault - Sources : ESA, US Space Surveillance Network. Depuis Spoutnik 1, 4 900 lancements, 550 astronautes à ce jour (60 femmes et 490 hommes), 1 100 satellites encore opérationnels
4 Interview Citizens’ Space 2016 Jean-François Clervoy est membre du corps des astronautes de l’ESA. Raphaël Domjan, « écoexplorateur » est à la tête du projet SolarStratos. « L’aventure spatiale Raphaël Domjan : La conquête spatiale est une quête d’une grande utilité, par exemple si l’on veut pouvoir élargir nos compétences, nos n’en est qu’à son connaissances, nos technologies, pour ensuite développer des techniques plus propres sur balbutiement » Terre. Ensuite, l’exploration spatiale nous permet de prendre de la hauteur, du recul sur notre civilisation. Nous sommes dans un monde fini : la conquête spatiale contribue à cette prise de conscience écologique. L’exploration de l’espace est-elle une chance pour l’humanité ou une quête illusoire et LA CONQUÊTE SPATIALE A-T-ELLE ENCORE UN AVENIR ? TOUT N’A-T-IL PAS ÉTÉ DÉCOUVERT ? coûteuse ? Quelle place pour les acteurs Jean-François Clervoy : L’astronautique n’en privés ? Comment ne pas faire de l’espace est qu’à son balbutiement, avec à peine une une poubelle ? Questions sans détours à soixantaine d’années d’existence. Le potentiel est immense. Il n’existe à ce jour que 1 100 satellites l’astronaute Jean-François Clervoy et actifs en orbite terrestre, contre plusieurs milliers à l’aventurier Raphaël Domjan. dans une dizaine d’année, au service direct de l’humanité. Les sondes interplanétaires contribuent à un accroissement exponentiel de POURQUOI CONSACRER DES SOMMES nos connaissances sur nos origines et l’évolution IMPORTANTES AUX MISSIONS SPATIALES ? de notre univers. Cette quête du savoir est une TANT DE BESOINS NE SONT PAS SATISFAITS des plus nobles qui soit. Et elle se construit en SUR TERRE... coopération internationale. C’est un facteur de Jean-François Clervoy : Contrairement à l’idée pacification des relations internationales et un reçue, ces sommes sont très inférieures à celles puissant moteur d’inspiration et de motivation investies dans les secteurs d’utilité immédiate pour des jeunes pour les sciences. la société. En moyenne, le budget dédié au spatial en Europe est de 12 euros par habitant et par an. Raphaël Domjan : Les aventures géographiques En France, le budget de l’Education nationale terrestres ont pris des siècles. Rêvons : si nous ESA - 2014 SolarStratos avoisine 1 000 euros par an et par habitant. Par voulons faire perdurer notre civilisation, nous ailleurs, les activités spatiales sont reconnues par n’aurons pas le choix d’aller ailleurs, y compris des études indépendantes comme génératrices de parce que tôt ou tard notre étoile, le soleil, revenus directs et indirects nettement supérieurs montrera des signes de faiblesse... Ce n’est pas aux sommes investies. Il s’agit d’investissements, pour tout de suite. Mais si l’on veut aller au-delà, plutôt que de dépenses. il faudra partir.
Interview 5 APRÈS AVOIR SOUILLÉ LA TERRE, NE SOMMES- Un jour on aura peut-être accès de la même NOUS PAS EN TRAIN DE RÉITÉRER CETTE manière à l’espace. Pour voler à plus de 100 km Découvrir le projet ATTITUDE AVEC L’ESPACE ? on n’a déjà pas besoin d’autorisation. Le frein SolarStratos : Jean-François Clervoy : La prise de conscience est technique et financier. Peut-être faudra-t-il, http://www. solarstratos.com du risque lié aux débris spatiaux a conduit les toutefois, des règles de fonctionnement. acteurs spatiaux à ne plus produire de nouveaux débris dans l’espace. Le défi, aujourd’hui, est ON ASSISTE AU DÉVELOPPEMENT de gérer ceux qui ont été engendrés au début de D’ENTREPRISES PRIVÉES DÉDIÉES À L’ESPACE. l’ère astronautique. FAUT-IL ENCORE DES AGENCES (INTER) GOUVERNEMENTALES ? L’ÊTRE HUMAIN NE VA-T-IL PAS SE Jean-François Clervoy : Les entreprises privées COMPORTER AVEC L’ESPACE COMME IL L’A dédiées à l’espace ont presque toutes pu FAIT ICI-BAS ET METTRE EN PÉRIL NOTRE émerger grâce aux connaissances, technologies PATRIMOINE COMMUN EN CHERCHANT À et programmes spatiaux lancés par les agences « MARCHANDISER » TOUT CE QUI PEUT L’ÊTRE ? spatiales. Les risques liés aux énergies mises Jean-François Clervoy : Dans un futur pas si en jeu et aux conditions extrêmes du milieu éloigné, il sera plus rentable et écologique spatial sont pris au départ par les agences. d’exploiter certaines ressources extraterrestres Pour tout nouveau programme futur, celles-ci plutôt que sur Terre, que ce soit pour des continueront leur rôle de pionnier et d’éclaireur. applications terrestres ou spatiales. Il reste à Elles passeront la main au secteur privé lorsque définir des règles adaptées et à developper les technologies nécessaires. Gageons que le droit spatial naissant saura faire adopter les bonnes « L’exploration spatiale nous permet pratiques à l’image de celles, déjà bien respectées, des activités spatiales d’aujourd’hui. de prendre de la hauteur, du recul sur notre civilisation.» J.-F. Clervoy Raphaël Domjan : On aimerait que les biens de notre planète appartiennent à notre humanité. Mais nous vivons dans un système capitaliste. Financer des projets de recherche ou aller dans l’espace nécessite des moyens importants. On peut le regretter, mais les perspectives économiques peuvent aussi être un moteur pour l’innovation. AUJOURD’HUI, L’ESPACE N’EST-IL PAS ENCORE « RÉSERVÉ » AUX SPÉCIALISTES ALORS QUE L’INTÉRÊT DE L’HUMANITÉ VOUDRAIT QU’IL SOIT EN ACCÈS OUVERT, ET QUE TOUTES LES DONNÉES COLLECTÉES SOIENT EN OPEN SOURCE ? Jean-François Clervoy : Si la conception et la mise en œuvre de moyens spatiaux restent l’affaire de spécialistes, leur utilisation est très largement en open source. Tout le monde a accès librement à la navigation par satellite (GPS), aux prévisions météo, aux chaînes de télévision par antenne parabolique, aux images de la Terre ESA / Rosetta / Philae / CIVA vue de l’espace (Geoportail ou Google Earth), aux télécommunications à l’échelle mondiale. Ces services utilisent presque tous des moyens spatiaux. Raphaël Domjan : Personne ne voit de mal à prendre son voilier pour traverser l’Atlantique. Rosetta prise en photo… par elle-même ! Un « selfie » à 6,4 milliards de kilomètres de la Terre.
6 Interview Citizens’ Space 2016 « C’est le propre de l’humain d’aller plus loin, de repousser les limites, de découvrir encore. » R. Domjan pu passer une soirée avec Buzz Aldrin, Edgar Mitchell, Charlie Duke. Quand vous serrez la main à un homme qui a marché sur la Lune, cela change la perspective. Ces gens-là, ce sont les Magellan, les Christophe Collomb de l’espace. Une déception ? Nous étions capables d’aller sur la Lune, nous avions des navettes spatiales. Nous avons reculé sur ces vols habités. Mais l’on peut espérer que la conquête Projet de base lunaire qui serait réalisée en recourant à l’impression 3D. spatiale, à l’image des défis environnementaux et climatiques, va encourager les peuples à travailler ensemble. Jean-François Clervoy, les risques seront maitrisés. Ainsi Arianespace 57 ans, est ingénieur, a pu naître du programme Ariane, mis au point Jean-François Clervoy : Ma plus grande joie, membre du corps des par les agences spatiales française et européenne. c’est le recul que l’aventure spatiale a permis à astronautes de l’ESA, SpaceX a pu se développer grâce au programme l’humanité de prendre sur son propre sort : nous président de la société ISS, initié par la NASA. vivons sur un vaisseau spatial limité et unique, Novespace et auteur. probablement pour de nombreuses générations. Il a volé deux fois à Raphaël Domjan : Les agences ont un rôle La meilleure chance pour nous de perdurer, bord de la navette spa- important. Il y aura les voyages proches de la est de travailler en équipe à l’échelle mondiale, tiale Atlantis et une fois Terre, en orbite géostationnaire ou basse. Dans de vivre en harmonie avec la biodiversité qui à bord de Discovery. un proche futur, ce seront des entreprises privées nous entoure, garante des meilleurs chances Il totalise 675 heures qui s’en occuperont. Mais au-delà de notre de survie terrestre face aux évolutions de notre dans l’espace. planète ou de notre système solaire, les agences environnement. Ma plus grande déception est auront un rôle essentiel à jouer pour la conquête que la difficulté d’accès à l’espace est telle que Raphaël Domjan, spatiale. Pour notre propre projet, le soutien de trop peu d’humains ont pu admirer leur planète 44 ans, est l’ESA sur les premières études de faisabilité et la dans son ensemble. « écoexplorateur », recherche spatiale sur les batteries ont également auteur et conférencier. été cruciales. QUEL EST VOTRE DOUTE PRINCIPAL ? Il a initié et dirigé Jean-François Clervoy : C’est la difficulté le premier tour du EN TANT QU’« AVENTURIER TERRESTRE », pédagogique d’expliquer l’espace. Il est monde en bateau PENSEZ-VOUS QUE L’AVENTURE SPATIALE AIT impalpable, invisible, inaudible... Ses enjeux sont solaire (PlanetSolar). ENCORE UN SENS ? QU’EN ATTENDRIEZ-VOUS ? difficiles à faire comprendre au grand public. A la tête d’une équipe Raphaël Domjan : Bien sûr. J’en attends tout Mais les futures technologies de l’information internationale, il d’abord le rêve, la conquête de l’inutile. Notre (3D - 360°) associées a des projets fascinants, prépare le projet soif de savoir, notre curiosité, élargir nos « palpables » comme Solar Impulse, permettront SolarStratos, qui vise à connaissances... Tout cela nous a permis de d’immerger tout un chacun dans les scenarii approcher de l’espace devenir ce que nous sommes, de comprendre possibles de futurs durables, grâce entre autres avec un avion solaire. aussi que nous sommes dans un monde fini, de aux services rendus par l’espace. Les premiers essais faire naître une conscience écologique. ESA / Foster + Partners auront lieu en 2017. Raphaël Domjan : Je n’ai pas de doute. Tout est QUELLE EST VOTRE PLUS GRANDE JOIE une question de temps. Tant que nous serons une CONCERNANT L’AVENTURE SPATIALE ? VOTRE civilisation, nous nous organiserons pour aller PLUS GRANDE DÉCEPTION ? plus loin, repousser les limites, découvrir encore. Raphaël Domjan : Ma plus grande joie est d’avoir C’est le propre de l’humain.
Focus 7 Qui « fait » l’espace ? La conquête spatiale se fait en mode multi-joueurs. Au-dessus de nos têtes, on compte un grand nombre d’acteurs, y compris privés, de toutes nationalités. Pour y voir clair, nous les avons classés en dix catégories. 1. Les agences spatiales : près de 70 pays sont dotés d’une agence nationale. Les plus importantes sont : la NASA (Etats-Unis), les agences allemande (DLR), canadienne (CSA), chinoise (CNSA), française (CNES), indienne (ISRO), italienne (ASI), japonaise (Jaxa), russe (Roscosmos). L’Agence spatiale européenne (ESA), créée en 1975 par 11 pays (Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, France, Italie, Pays-bas, Royaume Uni, Suède, Suisse, Irlande), est la seule structure intergouvernementale : elle est composée de 22 Etats membres. 2. Les Nations unies : l’Organisation des Nations unies (ONU) dispose d’un Bureau des affaires spatiales. Il favorise la 3. L’Union européenne : coopération internationale pour la Commission Européenne l’utilisation pacifique de l’espace coordonne, avec l’ESA, une et tient la liste des objets envoyés politique spatiale dotée de dans l’espace depuis 1957 ! L’ONU quatre dimensions / missions : dispose également d’un comité sur Galileo, système de navigation les débris (au sein du COPUOS) et par satellite ; Copernicus, d’un programme d’exploitation de programme civil d’observation données spatiales pour la gestion de la Terre ; l’exploration de catastrophes et d’interventions spatiale ; la recherche et d’urgence (Spider). l’innovation au sein de l’industrie spatiale. ESA photo / A. Le Floc’h - NASA - European Southern Observatory - ESA 4. La Défense : les armées, 5. Des organisations intergouvernementales : notamment américaine, chinoise, française et russe, citons par exemple l’Observatoire disposent de satellites de européen austral (ESO), acteur principal reconnaissance. L’armée de l’astronomie en Europe, qui réunit américaine dispose du seize Etats membres avec l’Etat hôte de X-37B, une navette spatiale ses trois observatoires, le Chili ; ITSO, expérimentale dont la mission pour la fourniture de services publics de demeure secrète. La Chine télécommunications ; Eumetsat, qui fournit a testé en 2007 une arme des données et images satellitaires pour antisatellite. la météorologie et la climatologie.
8 Focus Citizens’ Space 2016 2016 Citizens’ Space 6. Les universités et laboratoires de recherche : ils font de la recherche fondamentale et développent les instruments équipant les missions spatiales. De nombreuses universités et écoles dans le monde proposent l’apprentissage des métiers du secteur spatial. 7. Les collectivités : à l’échelon national, le gouvernement luxembourgeois a lancé début 2016 un appel aux sociétés travaillant sur l’exploitation commerciale des astéroïdes et objets géocroiseurs*. A l’échelon régional, le réseau NEREUS vise 8. Les acteurs industriels : de la construction de lanceurs ou de satellites à exploiter le potentiel des technologies à l’exploitation commerciale de minerais d’astéroïdes ou de données spatiales au bénéfice des citoyens de satellitaires, l’espace est également un enjeu industriel et commercial. ses régions membres. D’autres régions C’est un secteur en constante évolution avec des perspectives de s’associent pour former des pôles de croissante forte et qui attire de nouveaux acteurs privés. compétitivité, comme l’Aerospace Valley en France. *Lire Lexique p.18 9. Musées et parcs à thème : leur mission consiste à vulgariser la science et les missions spatiales. Leur rôle est extrêmement important pour faire connaître l’espace et ses applications, et inspirer 10. Des associations : du une future génération de rassemblement local d’astronomes scientifiques. amateurs à Universe Awareness, qui Traveloscopy - Euro Space Center - UNAWE utilise l’astronomie pour promouvoir la science auprès de jeunes du monde entier, on ne compte plus les associations gravitant autour de la Sans oublier... les citoyens. En s’intéressant question spatiale. au secteur spatial, ils peuvent en façonner l’avenir de manière démocratique.
Découverte 9 L’espace : omniprésent tout en limitant les consommations (carburant, eau, ressources naturelles, produits chimiques). dans notre quotidien Services. L’exploitation des satellites a amélioré les services d’accès à Internet, à la Nos vies ont été modifiées par les découvertes télévision et à la météorologie. et les applications issues de l’exploration spatiale. Elle a aussi permis le développement des activités de santé et d’éducation à distance. Transport des personnes. Logistique. La navigation par satellite s’est Sur terre, le spatial aide à Emploi. beaucoup développée ces dernières l’optimisation des tournées de Selon les estimations, le secteur années : elle constitue un outil livraison ; en mer, à la surveillance spatial européen génère directement utile pour les automobilistes, les du trafic maritime. 38 000 emplois grâce à la coopération randonneurs, les touristes. Elle permet entre l’industrie, les agences également de donner le temps d’attente Agriculture. nationales, l’Union européenne pour le passage du prochain bus, ou Les systèmes de navigation sont et l’ESA. S’ajoutent à ce chiffre Denis Esnault d’améliorer la sécurité en signalant aux de plus en plus présents dans les les emplois issus du traitement avions les conditions de visibilité de machines agricoles. Ils permettent un des données satellitaires pour les leur aéroport de destination. travail de précision pour récolter plus, applications terrestres.
10 Enquête Citizens’ Space 2016 Airbus Defence and Space ou Thales Alenia Space continuent de créer des em- plois hautement qualifiés. Mais de nombreuses TPE et PMI émergent aussi dans le secteur. L’ESA a mis l’accent sur l’entrepreneuriat en in- vestissant dans douze incuba- teurs d’entreprises, répartis dans toute l’Europe. Ce sont les ESA « Business Incuba- tion Centers ». 144 entreprises, 800 emplois Ces structures favorisent la création et l’incubation d’entreprises dont le modèle d’affaires est basé sur l’utili- sation de technologies ou de systèmes issus du domaine spatial, et à destination d’un marché non spatial. 144 en- treprises ont été incubées Civil ou militaire ? La NASA est la plus importante agence spatiale Un morceau d’espace depuis dix ans, avec à la clé 800 emplois (2014). Parmi celles-ci, EATOPS fournit nationale au monde et le ministère de la Défense américain est le plus gros dans la technologie des outils et des systèmes pour la surveillance d’ins- tallations pétrolières ou ga- zières. De son côté, GIAURA opérateur de satellites. L’industrie spatiale Les agences et l’industrie spatiales projette de capturer le CO2 américaine en bénéficie œuvrent quotidiennement pour mener présent dans l’atmosphère de la même manière que l’on re- avec plus de 90 % de ses à bien leurs programmes. Mais elles cycle ce gaz dans un véhicule ventes annuelles auprès du gouvernement. transfèrent aussi leurs technologies vers spatial. A l’opposé, l’industrie les entreprises civiles. Le programme fonctionne européenne réalise plus avec un réseau européen de « courtiers en technologies » Q de 40 % de ses ventes auprès de partenaires uel est le point com- et la qualification terminés, issus de quatorze Etats- commerciaux. Les mun entre un airbag, transférer la responsabilité membres. Parmi ceux-ci, l’on fins du programme un panneau solaire et des projets à des entités ex- peut citer Umbilical Design, spatial européen sont « un appareil de musculation ? térieures. Celles-ci peuvent en Suède, Tech2Market en exclusivement pacifiques ». Réponse : ils ont potentielle- être de nature intergouver- France, Tecnalia en Espagne. Toutefois, la France, l’Italie, ment tous bénéficié des avan- nementale ou privée. Elles se En bout de chaîne, les tech- l’Allemagne et le Royaume cées de l’exploration spatiale. chargent alors des activités nologies sont commerciali- Uni considèrent le spatial Faire avancer la technologie de production et d’exploita- sées sur des marchés très di- comme élément de leurs est une des missions connexes tion. C’est le cas d’Eumet- vers : des freins au carbone infrastructures de défense. des acteurs spatiaux. Prenons sat dans le domaine de la dans le secteur automobile, Ainsi, les deux satellites le cas de l’ESA. Si elle n’a météo, d’Arianespace dans en passant par les équipe- d’observation français pas vocation à commercia- les services de lancement, ments pour le handisport, Pléiades sont à usage à la liser ses services, elle peut d’Eutelsat et Inmarsar dans jusqu’aux vêtements à haute fois civil et militaire. néanmoins, une fois la re- les télécommunications. performance, ou mesures de ESA cherche, le développement De grands groupes comme l’activité cardiaque.
Enquête 11 Homme ou robot : Allo Houston ? Ici Hawaï qui se lancera le premier ? Les « missions analogues » visent à simuler, sur Terre, les conditions d’une mission L’avenir de l’exploration spatiale passera-t-il par les êtres extraterrestre : se couper du monde extérieur, humains ou des machines ? Ce débat, vieux comme la choisir une région isolée, littérature de science-fiction, trouve aujourd’hui sa traduction reproduire l’intérieur d’un dans la réalité. vaisseau spatial ou d’une station martienne... En 2010-2011, Mars500 E n moins de soixante ans, l’humain a simulé un voyage a envoyé plus de 150 sondes et aller-retour vers Mars : explorateurs robotiques dans le 520 jours, dont 30 à la système solaire. La sonde Voyager 1, surface de la planète, avec lancée par la NASA (1977), est l’objet un équipage russo-sino- spatial encore en activité le plus éloigné de européen. La NASA finance nous : 20 milliards de kilomètres. Quatre quant à elle Hi-Seas, véhicules d’exploration, ou rovers, ont une mission analogue atterri sur Mars avec succès. Deux restent d’exploration spatiale actifs : Opportunity et Curiosity. Dans plantée sur les pentes d’un le même temps, quelque 550 femmes volcan à... Hawaï. et hommes de 41 nationalités ont goûté la joie des vols spatiaux. Malgré les Tim Peake (en haut) aux commandes du rover Bridget (en bas). En Antarctique aussi précautions, 18 n’en sont jamais revenus : L’ESA est partenaire la conquête spatiale a coûté la vie aux de la base antarctique astronautes d’Apollo 1, de Challenger lors Concordia, station de de son décollage en 1986 et de Columbia recherche franco-italienne à son retour sur Terre en 2003. située à l’extrême sud de la Terre. Altitude : 3 200 m. L’humain : fragile et solide à la fois... Température extérieure Pour autant, le regard humain compte. moyenne : -50°C. Pas de L’expérience de l’astronaute Harrison soleil pendant quatre mois H.Schmitt a servi la mission Apollo 17 d’hiver. Des conditions sur la Lune, quand il a fallu identifier « idéales » pour étudier les et collecter 110 kg d’échantillons effets de l’isolement sur les géologiques. Flexibles, efficaces, capables équipages multiculturels d’adaptation et d’initiative, nous coopération. « Les sondes sont des (psychologie, santé, présentons néanmoins une immense précurseurs indispensables à l’envoi sommeil), en prévision de faiblesse : notre fragilité physique. Or d’êtres humains sur une planète. vols spatiaux de longue l’espace est un milieu hostile à la vie Néanmoins, il est clair que pour une durée. humaine : pression et températures mission d’exploration scientifique, le extrêmes, radiations, absence de gravité, retour serait bien supérieur grâce aux manque d’oxygène... Afin d’y vivre capacités de prise de décision rapide et d’y travailler, il faut des véhicules des êtres humains », souligne Thomas A lire, sur le site de spéciaux, des systèmes de survie, des Pesquet, astronaute de l’ESA. Sans aller l’université de Cornwell, un ravitaillements : provisions, eau, carburant, jusqu’à s’installer sur Mars, les bénéfices article passionnant de Ian A. Crawford, sur le « mythe de pièces de rechange, etc. Cette logistique a qu’un astronaute se trouve dans un l’efficacité robotique » dans un coût très supérieur à celui engendré par vaisseau en orbite, par exemple, seraient l’exploration spatiale. Selon l’envoi d’une sonde d’exploration, même importants. Il pourrait ainsi piloter le chercheur, l’être humain en s’il permet de compter sur l’humain pour depuis son vaisseau, en temps réel, dira toujours plus que le robot (à télécharger, format pdf) : effectuer certaines réparations. sans délai de communication, un rover http://bit.ly/1UARWz0 ESA La réalité plaide en fait pour la évoluant à la surface de Mars.
12 Invitation Citizens’ Space 2016 Venez débattre de l’espace avec nous ! Le 10 septembre, vous serez peut-être l’un(e) des 2 000 participant(e)s au Débat citoyen sur l’exploration spatiale. Tout le monde est invité : si le cœur vous en dit, voici la marche à suivre. C ’est une première : ces échanges auront lieu « Pour moi, l’Espace, c’est le simultanément dans les 22 Etats membres développement et la découverte de de l’Agence spatiale européenne (ESA). nouveaux horizons. » Chaque débat réunira une centaine de personnes Jan (République Tchèque) pendant une journée entière. Pour participer, pas besoin de connaissance spéciale : chaque citoyen(ne) a un avis à partager. « L’Espace pour moi c’est quelque chose Pour être faciles et nourris, les échanges se font d’un peu inquiétant, et c’est pour ça que par petits groupes. Pas besoin de prendre la j’aurais envie d’en savoir un peu plus. » parole devant 100 personnes ! D’ailleurs, le but Julie (Norvège) n’est ni de convaincre, ni de tomber d’accord. Le débat va produire un « avis citoyen » reflétant la diversité des positions exprimées. Cette « Exploiter l’Espace, si c’est légal, pourquoi journée est organisée par l’ESA avec l’appui de pas ? On vit dans un monde libre. » l’agence Missions Publiques (Paris). Martin (Suède) Le magazine que vous tenez entre les mains constitue une information préalable au débat. Des vidéos seront également présentées le « L’Espace, c’est une infinité de Jour J pour lancer les discussions. Les questions possibilités. » soumises aux participants ont été élaborées Lilána (Hongrie) par un comité interdisciplinaire réunissant des experts de l’ESA. Donner la parole aux citoyens de plusieurs pays « L’Espace ? C’est quelque chose que est une démarche nouvelle. Elle a été initiée en je ne connais pas. » 2009 par le DBT - Danish Board of Technology Chiara (Italie) (World Wide Views). Missions Publiques a co- initié et co-coordonné avec le DBT le Débat citoyen préalable à la conférence internationale « L’Espace : le développement, le futur sur le climat (COP21, décembre 2015, Paris). et l’entraide. » 10 000 participants de 76 pays des 5 continents Sabine (Danemark) Philip Schnurr - Gàbor Huszti - Federico Tribbioli ont contribué à l’avis citoyen présenté aux négociateurs de 196 gouvernements. « J’ai peur que les programmes spatiaux soient développés à des fins militaires. » Thor Oona (Suisse) « Si on exploite l’Espace comme on a exploité la Terre, on va finir par détruire Exploiter les ressources de l’Espace ? l’univers entier » Moi, ça me va tout à fait. » Helena (Espagne) Andrezj (Pologne)
Invitation 13 23 débats dans 22 pays « J’ai peur que certains contrôlent 1. Grèce – Athènes (Corallia & si-Cluster) l’Espace sans vraiment nous demander www.corallia.org & www.si-Cluster.gr notre avis. » 2. Roumanie – Bucarest Dimitri (Grèce) (The Romanian Space Agency ROSA) www.rosa.ro 3. Estonie – Tõravere (Enterprise Estonia - « Ce serait bien d’envoyer des artistes EAS) www.eas.ee dans l’Espace, ils auraient un point de vue 4. Estonie – Tallinn (Enterprise Estonia – EAS) www.eas.ee nouveau. » 5. Finlande – Helsinki (Kupla Productions Luis (Portugal) Oy Ltd) - www.kupla.com 6. Norvège – Oslo (Norwegian Space Centre) www.romsenter.no « J’espère que les 7. Suède – Göteborg (Pernilla Warberg programmes spatiaux vont Consultant Limited Company) nous aider à mettre plus www.pernillawarberg.se d’écologie dans nos vies 8. Danemark – Odense (Coworking Odense) sur Terre. » www.coworkingodense.dk 9. Pologne – Rzeszów (Technology Transfer Doris (Autriche) Centre Cracow University of Technology) www.transfer.edu.pl 10. Hongrie – Budapest (ORION Space Generation Foundation) www.spacegeneration.hu 11. Autriche – Vienne (ICCR FOUNDATION) www.iccr-foundation.org 12. République Tchèque – Prague ( Technology Centre CAS) - www.tc.cz 6 5 13. Italie – Rome (ISINNOVA – Institute of Studies for the Integration of Systems) www.isinnova.org 4 3 14. Suisse – Lucerne (Swiss Space 7 Center - SSC) - www.space.ethz.ch 15. Allemagne – Darmstadt (nexus Institute for Cooperation Management and 8 Interdisciplinary Research) 20 www.nexusinstitut.de 16. Luxembourg – Luxembourg (4motion) www.4motion.lu 17. France – Paris (Missions Publiques) 21 19 www.missionspubliques.com 18 12 9 18. Belgique – Bruxelles (Missions 15 Publiques) www.missionspubliques.com 17 19. Pays-Bas – Noordwijk (LEI Wageningen 16 11 UR) - www.wageningenur.nl/nl/Expertises- 14 Dienstverlening/Onderzoeksinstituten/LEI.htm 10 20. Royaume Uni – Edimbourg (Keep Scotland Beautiful) 2 www.keepscotlandbeautiful.org 21. Irlande – Cork (Camden Palace Hotel Community Arts Centre) 13 www.camdenpalacehotel.org 22 22. Espagne – Madrid (Knowledge Innovation Market - KIM) www.kimglobal.com 23 1 23. Portugal – Lisbonne (Ciência Viva) www.cienciaviva.pt DR
14 Enquête Citizens’ Space 2016 Columbus, labo européen Visualiser le laboratoire européen Columbus, Le laboratoire Columbus comprendre son est un module de 7 m fonctionnement, découvrir de long et 4,5 m de la palette des recherches diamètre, contrôlé et qui y sont menées, sur piloté par le Centre de le site de l’ESA : http://bit.ly/29qgE6w contrôle Columbus de l’ESA, situé dans les locaux du Centre allemand d’opérations spatiales tronautes par an depuis que (DLR) à Oberpfaffenhoffen. le laboratoire européen Co- Pendant les cinq premières lumbus a été amarré à l’ISS années de son exploitation, début 2008. plus de 110 expériences ont été menées à son Résultats partagés bord à la demande de Luca Parmitano (ESA) et Karen Nyberg (NASA) à bord de l’ISS. A bord, les astronautes consa- crent l’essentiel de leur temps L’espace au service plus de 500 scientifiques européens. La priorité de à mener les expériences Columbus est de faire des scientifiques qui leur ont été confiées et auxquelles ils ont de la connaissance découvertes scientifiques et de développer des été formés avant leur départ. applications utiles aux La Station dispose à cette fin Terriens. de nombreux équipements. A 400 km au-dessus de nos têtes, la Station Les recherches sont tournées Recherche pour partie vers les vols ha- spatiale internationale (ISS) constitue un bités de longue durée (phy- tous azimuts laboratoire de recherche permanent. Les recherches menées siologie humaine, vie à bord, à bord de la Station entretien et réparation du vé- E spatiale internationale lle est visible à l’œil nu Etats (1) et un laboratoire hicule spatial), mais aussi vers (ISS) couvrent un large depuis la Terre avec ses permanent de recherche la vie sur Terre. Les résultats spectre. Dans le domaine 109 mètres de long sur scientifique. obtenus à bord de l’ISS pro- de la médecine et de la 73 de large. Elle accueille en Son équipage est renou- fitent à l’ensemble de la po- biologie : ostéoporose, permanence six astronautes. velé par moitié tous les trois pulation mondiale, via des vision, Alzheimer ; en La station spatiale internatio- mois via les vaisseaux russes programmes de transfert de sciences humaines, nale (ISS) est à la fois un lieu Soyouz. L’ESA envoie en technologie. Quand il s’agit étude des journaux de de coopération entre quinze mission entre un et deux as- de recherche médicale, les bord personnels des astronautes sont souvent à la astronautes ; dans les fois les opérateurs et les sujets sciences physiques, des expériences, qui débutent étude des fluides et de avant le vol et se poursuivent la combustion gazeuse ; après le retour sur Terre (me- dans les sciences de la sure de la densité osseuse, Terre, mesure de la vitesse évolution du système cardio- des vents à la surface des vasculaire, etc.). océans ; dans le domaine (1) L’accord intergouvernemental de de l’environnement, la Station spatiale internationale, qui photos d’éruptions, fixe le cadre juridique d’utilisation de de phénomènes la Station, a été signé en 1988 par les météorologiques Etats-Unis, la Russie, le Canada, le Japon et dix Etats membres de l’ESA inhabituels, de (Allemagne, Belgique, Danemark, catastrophes naturelles ; ou Espagne, France, Italie, Norvège, ESA / NASA encore : rayons cosmiques, Pays-Bas, Suède et Suisse). robotique, agronomie. Petit footing pour Samantha Cristoforetti (ESA)… à 400 km d’altitude.
Enquête 15 Débris : opération duire la production de débris dès le lancement. Le premier étage et la coiffe du lanceur grand nettoyage retombant sur Terre, on évite de survoler les zones habitées et privilégie les lancements en direction des océans. Une Les acteurs spatiaux reconnaissent que leur activité fois lancés, les satellites se est polluante par nature. Les Européens ont lancé en positionnent en orbite basse ou géostationnaire (lire 2012 l’initiative Clean Space, avec trois pistes pour Lexique). En fin de vie, les tendre vers un secteur spatial plus propre. satellites géostationnaires de- vraient rejoindre une orbite cimetière afin de laisser la C ’est une scène décoiffante nale n’impose à un pays de place aux « jeunes ». du film Gravity. La col- procéder à l’enlèvement ou à Suite logique du programme Lignes directrices sur la lision de deux satellites la destruction des débris spa- réduction des débris spatiaux Cleansat, e.Deorbit vise à en orbite terrestre provoque tiaux qui lui incombent. On (ONU, pdf) : http://bit. maîtriser l’augmentation du un nuage de débris. Celui-ci estime à plus de vingt-neuf ly/1UAcE60 nombre de débris spatiaux en percute une navette et la Sta- mille le nombre d’objets de Programme Clean Space orbite en « prélevant » les plus (ESA, pdf) : http://bit. tion spatiale internationale, plus de 10 cm qui gravitent ly/1P5LsY2 gros d’entre eux avant toute faisant de deux astronautes en orbite autour de la Terre. Il collision avec d’autres. Si elle qui réparaient le télescope y a des satellites dans la force aboutit, la mission e.Deorbit Hubble, des naufragés de l’es- de l’âge, mais aussi de vieux des débris en tout genre. Cha- vise à « capturer » un satellite pace. Fiction ? Non : à ce jour, étages supérieurs de lanceurs, cun peut représenter un dan- décommissionné de l’ESA aucune régulation internatio- des adaptateurs de lancement, ger pour les missions spatiales. dès 2023. Une première D’où la nécessité de les carto- mondiale. Un dernier volet graphier et de développer des complète l’initiative Clean technologies pour remédier à Space : en amont des mis- la situation. sions, les acteurs du spatial travaillent sur le programme Capturer un satellite « Eco-design », qui promeut Plusieurs agences nationales l’utilisation de matériaux et ont lancé leurs initiatives. En de procédés plus respectueux Europe, c’est Clean Space. de l’environnement et des Premier volet, Cleansat : ré- ressources naturelles. Qu’est-ce que c’est que ce « débris » ? Des centaines de débris présentent un danger potentiel pour la Station spatiale internationale (ISS). Ceux dont la trajectoire pénètre une « zone de sûreté » font l’objet d’une surveillance particulière. A leur approche, une manœuvre d’évitement peut être effectuée. Si celle-ci est impossible, les équipages se réfugient dans le vaisseau Soyouz. ESA/Mixed-Reality Communication GmbH Lexique La « coiffe » est l’extrémité aérodynamique d’un lanceur, larguée en deux morceaux vers 110 km d’altitude. Le terme « décommissionné » désigne un satellite mis à la retraite. L’« orbite basse » est la zone de l’orbite terrestre située en dessous de 2000 km d’altitude. L’« orbite géostationnaire », à environ 36 000 km au-dessus de l’équateur, est convoitée (satellites de télécommunication, de météorologie). Vue d’artiste d’un bras robotique capturant un débris spatial important.
16 Découverte Citizens’ Space 2016 Catastrophes Mesurer et limiter les émissions de gaz à effet de serre, prévoir les grandes évolutions du climat, s’adapter à ces modifications... Les dérèglements climatiques consti- tuent l’un des plus grands défis de l’humanité. Sur la cinquantaine de variables clima- tiques essentielles reconnues au niveau interna- tional, vingt-six sont uniquement observables depuis l’espace. Identifier les populations touchées, choisir les moyens de transport les plus efficaces pour leur porter secours : c’est l’objectif de la Charte Espace et catastrophes majeures, mise en œuvre en 2000. Quinze agences spatiales signataires de cette Charte s’engagent à mettre gratuitement les données spatiales qu’elles détiendraient à disposition des pays touchés par d’importantes catastrophes naturelles ou humaines. L’espace au service de l’humanité Forêts Difficile à constater depuis le sol, la déforestation est suivie par satellite, notamment dans le cadre de l’initiative internationale REDD+. Celle-ci vise la réduction des émissions des gaz à effet de serre liées à la déforestation et à la dégradation des forêts. Les efforts de lutte contre la déforestation des pays concernés sont quantifiés grâce à l’œil des satellites. Océans
Découverte 17 Dérèglement climatique Télémédecine, amélioration des télécommunications sur le terrain, aide à l’éradication des maladies... L’outil spatial est particulièrement efficace dans le domaine de la santé, notamment dans les pays en voie de développement. L’identification d’habitats isolés via des images satellites, permet également de faire de la prévention en matière de vaccination ou d’anticiper les risques d’épidémies véhiculées par les insectes. Santé Les gouvernants ont besoin de prendre des décisions difficiles sur des sujets majeurs. L’exploitation des données spatiales peut les y aider. Les applications et les services issus de l’activité spatiale peuvent être largement mis au service de l’amélioration des conditions de vie, notamment dans les pays en développement. Ils participent ainsi aux objectifs de développement durable des Nations unies. Depuis l’espace, Migrations les satellites Sentinelle du pro- gramme européen Copernicus scrutent en perma- nence les océans de la planète : température, salinité, courants, glace de mer, niveau de l’eau, vent de surface et même la chimie de l’eau et sa biologie (concentration en plancton), ainsi que sa teneur en chlorophylle. Certains animaux marins font aussi l’objet d’un suivi par satellite, Concernant les migrations, le programme européen d’observation de la Terre, notamment via les Copernicus, peut fournir aux différentes organisations qui travaillent sur balises Argos. cette problématique, des données et images. On peut ainsi évaluer l’étendue et l’évolution de camps de réfugiés ou par exemple apporter une aide à la surveillance des frontières ou des trafics maritimes.
18 Enquête Citizens’ Space 2016 Quel temps fait-il là-haut ? Lexique Les différentes strates de l’atmosphère de la Terre sont Un « géocroiseur » (Near Earth Object, en Anglais), soumises à l’influence du soleil et des vents solaires, ainsi est un objet – astéroïde ou comète – du système solaire qu’au rayonnement cosmique : c’est le « space weather », dont l’orbite autour du soleil le mène près de la Terre. ou météo spatiale. Celle-ci peut perturber gravement La mission AIDA vise à évaluer l’impact d’un astéroïde et services de navigation, télécommunications, télédiffusions à envisager sa déviation (Asteroid Impact and Deflection et services météorologiques. Assessment). Le programme NEOshield-2 : www.neoshield.net Statistiques concernant les géocroiseurs : http://neo.ipl.nasa.gov/ stats/ une centaine de comètes. Sur ce total, 1 696 objets sont qualifiés de « potentiellement dangereux », parce que leur trajectoire va les mener à moins de 7,5 millions de kilomètres de la Terre, et que leur diamètre supposé excède 150 mètres. Dernier chiffre : parmi les astéroïdes considérés comme potentiellement dangereux, 157 affichent un diamètre supérieur à 1 kilomètre ! Dévier les astéroïdes ? Industriels et agences spatiales du Illustration d’un géocroiseur ou « NEO » : Near Earth Object. monde entier travaillent aujourd’hui sur cet aspect de protection de la Terre. Brève rencontre avec Financé par l’Union européenne, le consortium NEOShield-2 regroupe onze industriels et instituts de un astéroïde recherche européens. Il travaille au développement de technologies et effectue des recherches sur les objets géocroiseurs. Le risque de collision entre un astéroïde et la Terre L’ESA travaille de son côté sur trois est pris très au sérieux par les spécialistes de l’espace. projets. En premier lieu, sur un système capable de scanner le ciel Pas question de rester les bras croisés en attendant toutes les nuits pour détecter des une hypothétique rencontre. objets géocroiseurs non répertoriés, et donner l’alerte. Ensuite, sur les «L mesures d’atténuation applicables à es dinosaures ont disparu Terriens que nous sommes, d’une de petits objets. Enfin, sur une parce qu’ils n’avaient pas de rencontre fortuite – voire fatale – avec manière de dévier les plus grands programme spatial ». Ce trait une météorite ? objets. L’envoi d’un impacteur pour d’humour est dû à Arthur C. Clarke, Les agences spatiales ont pris le dévier un astéroïde est l’un des auteur de science-fiction célèbre sujet à bras-le-corps. Début 2016, scénarios étudiés. Dans cette optique, ESA / P. Carril pour son livre « 2001, l’odyssée de 14 412 objets géocroiseurs étaient une mission commune de l’ESA l’espace ». Nos programmes spatiaux ainsi identifiés : quasi-exclusivement et de la NASA, baptisée AIDA, est pourront-ils nous préserver, pauvres des astéroïdes, auxquels s’ajoutent à l’étude.
Enquête 19 Une balade «S eulement 553 personnes sont allées dans l’espace. désormais, particulièrement aux Etats-Unis, des entrepreneurs investissent à 250 000 dollars Virgin Galactic ouvre l’accès des millions de dollars pour à l’espace à tous les autres ». développer des technologies La promesse est ambitieuse. permettant de réaliser le Mais que vaut-elle rêve du tourisme spatial ou réellement ? La société créée lancent des projets à petite L’exploration spatiale était réservée aux par le bouillant entrepreneur échelle comme les CubeSats agences nationales. Avec la bénédiction de Richard Branson, propose ou l’envoi de ballons à la ces dernières, des entreprises commerciales de passer 2 à 3 heures dans frontière de l’espace. ouvrent une nouvelle page de l’histoire. l’espace – à une altitude d’au Objectif : envoyer en l’air Monsieur et moins 100 kilomètres – à « Espace 4.0 » Madame Toutlemonde, ou presque. bord d’un appareil conçu La NASA avait pour pour accueillir 6 passagers habitude de développer et deux pilotes, moyennant ses véhicules en interne. la modique somme de Changement de cap en 250 000 dollars... Mais 2010, avec un appel d’offre Virgin Galactic n’est pas pour le développement seule. Ainsi, le projet Space et la fourniture de son Plane de la société Airbus véhicule spatial permettant Aerospace, envisage-t-il l’envoi d’astronautes vers de premiers vols spatiaux l’ISS : la NASA a retenu commerciaux à l’horizon et soutient désormais trois 2024, au plus tôt. propositions (Boeing, SpaceX, Sierra Nevada). Dennis Tito, le pionnier En Europe, Jan Woerner, le L’échéance des vols directeur général de l’ESA, touristiques à « grande » considère que nous sommes échelle reste donc encore entrés dans « l’espace éloignée, tant les défis 4.0 ». Cette expression techniques à relever sont signifie que l’espace fait lourds. Pour autant, le partie intégrante de notre Vol d’essai de la navette SpaceShipTwo de Virgin Galactic. tourisme spatial n’est plus quotidien et se veut source un fantasme. En avril 2001, d’inspiration. Dans ce Dennis Tito fut ainsi le cadre, de nouveaux enjeux premier « terrien ordinaire » apparaissent. Ils sont liés aux à gagner l’espace, à bord interactions avec la société, d’un Soyouz, pour un séjour à la commercialisation dans la Station spatiale de l’espace, à l’évolution internationale (ISS). du rôle de l’industrie et 2013 MarsScientific.com / Virgin Galactic - Wikipedia / NASA A grand renfort médiatique, à l’intensification des les projets de tourisme coopérations. Une nouvelle spatial mettent en lumière page de l’histoire est à une réalité nouvelle et écrire. beaucoup plus large : celle de l’ouverture de l’exploration spatiale aux Un touriste spatial est-il un acteurs privés. Jusqu’à astronaute ? Doit-il souscrire ces dernières années, une assurance multirisque ? Peut-on acheter un morceau en effet, celle-ci restait de Lune ? Les réponses (très le domaine réservé des sérieuses) d’un expert en Dennis Tito (à gauche) fut le premier touriste de l’espace en 2001. Il gagna la Station Etats, via leurs agences cliquant : spatiale internationnal à bord de Soyouz, sous l’escorte des cosmonautes russes Talgat nationales et/ou via l’Agence http://bit.ly/28SE9UQ Musabaev (au centre) et Yuri Baturin (à droite). spatiale européenne. Mais
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