Joe Biden élu 46e président des Etats-Unis d'Amérique - Droitcitoyen

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Joe Biden élu 46e président des Etats-Unis d'Amérique - Droitcitoyen
Joe Biden élu 46e président des
Etats-Unis d’Amérique
Les résultats de l’élection présidentielle américaine sont enfin tombés : après une
bataille très serrée, le nouveau président des Etats-Unis sera Joe Biden, le
candidat démocrate, qui comptabilise pour l’instant 74 millions de voix et 290
Grands Electeurs.

Le verdict final a été un long moment suspendu au dépouillement des fameux
« swing states » (Etats pivots) où, parfois, à peine quelques milliers de votes
séparaient les deux candidats. Les résultats de la Pennsylvanie (20 grands
électeurs) ont fini par faire pencher la balance. C’était un Etat indispensable à
Trump pour ésperer gagner, mais c’est finalement Biden qui l’a emporté. Une
victoire d’autant plus belle que le candidat démocrate est originaire de Scranton
en Pennsylvanie.

Carte interactive de Google actualisée en permanence. Source: The Associated
Press
Dans son premier discours, Joe Biden a remercié les américains pour leur soutien,
et s’est dit « humblement touché par la confiance qu’[ils lui ont] accordée ». Il
Joe Biden élu 46e président des Etats-Unis d'Amérique - Droitcitoyen
promet d’ « être un président qui ne cherche pas à diviser mais à unifier, qui ne
voit pas des « Etats rouges » [républicains] ou des « Etats bleus »
[démocrates] mais seulement les Etats-Unis ». Il s’engage à « restaurer l’âme
de l’Amérique », et, à l’intention des électeurs trumpistes, dit « comprendre » leur
déception, mais les invite à lui donner une chance.

  « Nous devons cesser de traiter nos adversaires comme nos ennemis. Ce ne
  sont pas nos ennemis, ce sont des Américains »

  Joe Biden

Des journées électorales mouvementées
Cette élection a malgré tout connu un certain nombre de polémiques. Sur Twitter,
les rumeurs et « fake news » concernant une possible manipulation des résultats
ont en effet été légion. Entre autre, certains internautes ont mis en cause les
résultats du Michigan, qui, après avoir été gelés, auraient miraculeusement
compté près 130 000 voix supplémentaires en faveur de Joe Biden sans la
moindre voix pour Donald Trump. D’autres internautes accusaient par ailleurs le
Wisconsin de compter plus de bulletins de vote que d’électeurs enregistrés.

Toutes ces polémiques ont bien entendu été démenties par les
journalistes américains de la BBC ou de CNN. La hausse mystérieuse des voix
de Joe Biden était en réalité un problème de mise à jour : les nouvelles voix du
candidat démocrate ont été enregistrées plus rapidement que celles du candidat
républicain. L’erreur a été rapidement réparée et l’internaute qui avait diffusé la
rumeur s’est excusé sur Twitter. La polémique du Wisconsin est quant à elle une
erreur de chiffres : le tweet prenait en compte des chiffres dépassés, et le nombre
d’électeurs n’est donc pas supérieur à celui des bulletins de vote.

Avec le nombre inédit de bulletins par correspondance, le décompte a pris
plus de temps que prévu, et a donné lieu à plusieurs rebondissements. Certains
Etats ont pu, par exemple, compter en premier les votes sur place, plus faciles à
lire, puis dépouiller les votes par correspondance qui, pour des raisons de sureté,
délivrent davantage d’information et sont donc plus longs à vérifier. Le
candidat démocrate avait appelé ses électeurs à voter à distance à cause de la
pandémie, là où le candidat républicain mettait en doute la légitimité de cette
méthode : ceci peut expliquer la remontée finale de Joe Biden.

Les allégations de fraude -infondées- ont en tout cas été allègrement diffusées par
l’actuel président des Etats-Unis, avant même les résultats finaux. Les réseaux
sociaux se sont de ce fait attelés, ces derniers jours, à modérer ses propos par le
biais d’un message d’avertissement. Certaines chaines américaines ont, quant
à elle, parfois eu à censurer les propos de Donald Trump qui déclarait avoir
gagné alors même que Joe Biden prenait la tête dans un certain nombre d’Etats.

  I WON THIS ELECTION, BY A LOT!

  — Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 7, 2020

Tweet de Donald Trump: “J’ai gagné cette élection de loin!” suivi d’un message
d’avertissement “Il est possible que les sources officielles n’aient pas encore
annoncé le vainqueur lorsque ceci a été tweeté”
Pour l’heure, le président actuel des Etats-Unis ne souhaite pas renoncer à son
poste, et a déjà annoncé engager des procédures judiciaires pour contrer
les résultats : il invite déjà ses partisans à financer les frais de justice. Une
petite partie de ses électeurs entend manifester dans la rue, mais la plupart ont
décidé d’accepter le nouveau président, en accord avec la constitution.

Malgré tout cela, plusieurs personnalités politiques se sont empressées de
féliciter le vainqueur dont, bien sûr, son premier soutien et son ancien président,
Barack Obama :

  Congratulations to my friends, @JoeBiden and @KamalaHarris — our next
  President and Vice President of the United States. pic.twitter.com/febgqxUi1y

  — Barack Obama (@BarackObama) November 7, 2020

“Félicitations à mon ami Joe Biden et à Kamala Harris – nos prochains président
et vice-présidente des Etats-Unis”. Le document cité est sa déclaration officielle.
Il dit ne pas pouvoir être plus fier de son ancien vice-président, et “encourage
tous les Américains à lui donner une chance et à le soutenir”. Il souligne
également que la tâche ne sera pas aisée (l’épidémie, “un système économique et
une justice inégalitaire”, “une démocratie à risque” et un “climat en péril”) mais il
sait que Joe Biden “aura à cœur de défendre les intérêts des Américains”
D’autres dirigeants comme Boris Johnson, Angela Merkel, ou encore Emmanuel
Macron ont également suivi :

  Les Américains ont désigné leur Président. Félicitations @JoeBiden et
  @KamalaHarris ! Nous avons beaucoup à faire pour relever les défis
  d’aujourd’hui. Agissons ensemble !

  — Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 7, 2020

Joe Biden, le candidat qui réunira
l’Amérique ?
Durant sa campagne, Joe Biden n’a cessé de se distinguer de Donald Trump, qu’il
accuse d’avoir divisé l’Amérique. Pour cause, les deux adversaires ne pourraient
être plus différents, de leurs personnalités à leurs parcours, en passant bien sûr
par leurs programmes.

Le futur président l’a rappelé dans son discours : il se veut être le candidat de
l’union et de l’apaisement, comme le montrait déjà son clip de campagne
“Unity” qui affichait pour devise “Gentillesse, humilité, empathie“

Issu d’une famille modeste catholique de Pennsylvanie, il est diplômé de droit à
l’Université du Delaware avant d’être nommé sénateur fédéral de cet Etat de
1973 à 2009. En 2008, Barack Obama le choisit comme vice-président et n’hésite
pas à le mettre sur le devant de la scène.

Il s’était avant cela plusieurs fois présenté aux primaires démocrates, en 1988 et
en 2008 : en vain jusqu’aux élections de 2020.

Joe Biden s’était aussi attiré la sympathie des américains après plusieurs
tragédies dont le décès de sa femme et de sa fille dans un accident de voiture en
1972, juste avant son mandat de sénateur. Il s’était fait alors connaître pour avoir
prêté serment dans la chambre d’hôpital de son fils, Beau, qui est par ailleurs
décédé d’un cancer en 2015.

Sa carrière a néanmoins été entachée par un certain nombre de faux pas et
maladresses qui ont pu aller jusqu’à lui coûter une victoire aux primaires
démocrates de 1988.

Son âge fait de lui le plus vieux président des Etats-Unis à ce jour. En outre,
certains redoutent que ses 77 ans et ses quelques problèmes de santé puissent le
rendre à terme inapte à diriger le pays. À ce sujet, le démocrate a d’ores et déjà
annoncé qu’il ne se représenterait pas dans quatre ans.

L’élection de Joe Biden marque par ailleurs la victoire de Kamala Harris qui
devient désormais la première femme de couleur vice-présidente des Etats-
Unis. Procureure générale de Californie puis sénatrice, elle avait été nommée
candidate à la vice-présidence en août dernier après avoir elle-même tenté
l’investiture démocrate.

  From the bottom of my heart: thank you. pic.twitter.com/s76oHFkr66

  — Joe Biden (@JoeBiden) November 8, 2020

Joe Biden: “Du plus profond de mon coeur, Merci”

Qu’a prévu Joe Biden pour les Etats-Unis?
Pendant toute la campagne, Joe Biden s’est présenté comme un candidat aux
antipodes de son concurrent controversé Donald Trump. Son programme ne fait
pas exception, et s’oppose presque point par point à celui du candidat
républicain, notamment sur la question de l’épidémie.

Joe Biden l’a rappelé lors de son premier discours hier, la gestion de la crise
sanitaire sera sa priorité. A ce jour, elle a fait plus de 233 000 morts aux Etats-
Unis. Il a ainsi promis des mesures rapides comme le port du masque obligatoire
dans les transports, et souhaite par ailleurs investir dans la recherche pour la
mise en œuvre d’un vaccin gratuit. En outre, contrairement à son opposant, il
voudrait étendre l’Obamacare, pour garantir une assurance santé au plus grand
nombre.

Sur la diplomatie, comme en politique intérieur, il souhaite apaiser les
tensions. En priorité, il s’agirait de calmer les relations avec Pékin qui n’avaient
fait s’envenimer avec le début de la crise sanitaire, où Donald Trump parlait alors
du « virus chinois ». Une véritable guerre commerciale s’était aussi engagée sous
la présidence Trump, avec la surtaxe des produits chinois ou l’affaire Tik Tok, et il
s’agira sans doute pour Joe Biden de faire quelques compromis pour faciliter les
échanges.

La question environnementale a aussi été un des points clés de sa campagne. Les
Etats-Unis devraient, sous sa présidence, investir prioritairement dans les
énergies vertes, sachant que le pays est premier au rang mondial de la production
de pétrole.

Il a par ailleurs d’ores et déjà annoncé qu’il réintègrera les Accords de Paris
sur le climat. De même, il devrait rétablir la contribution financière des Etats-
Unis à l’OMS, supprimée il y a quelques mois par Donald Trump, ou encore
reprendre plus clairement place au sein de l’Otan.

Néanmoins, sur le plan économique, Joe Biden rejoint son opposant en souhaitant
privilégier avant tout les produits américains. Il prévoit un plan de relance de
700 milliards de dollars pour soutenir la production américaine, dans le but de
restaurer les millions d’emplois mis en péril par la crise.

Quel bilan pour Donald Trump?
Dès sa campagne présidentielle en 2016, le candidat républicain apparaissait
comme personnalité controversée et atypique dans le paysage politique
américain. Riche homme d’affaire, il n’avait jamais fait carrière en politique
avant et s’était essentiellement fait connaitre par ses apparitions à la télévision,
notamment dans des talkshows. En 2016, son élection est une véritable surprise :
il gagne pourtant 306 grands électeurs (plus que Joe Biden à l’heure actuelle),
même si son adversaire Hillary Clinton remporte, elle, le vote populaire.

Président comme il fut candidat, il eut pour particularité de diriger
essentiellement par le biais de son compte twitter de plus de 88,7 millions de
followers, qui lui assura une plus grande proximité avec son électorat.

Il a aussi été au cœur d’un certain nombre de polémique dont plusieurs scandales
sexuels. Une des dernières controverses en date est une enquête du New York
Times en septembre 2020 qui révélait que l’homme d’affaire n’avait pas payé
d’impôt sur le revenu pendant 10 ans ces 15 dernières années. En
l’occurrence, il pourrait, à la fin de son mandat, faire l’objet de poursuites
judiciaires.

Son bilan apparait de fait mitigé.

Sa politique s’était tout d’abord axée sur l’immigration avec la promesse d’un mur
avec le Mexique. Aujourd’hui, discontinu, il fait 595 km sur les 3 150 km que
constitue la frontière entre les deux pays.

Sur la question du réchauffement climatique, le président a de nombreuses fois
affiché son scepticisme, notamment en annonçant se retirer des accords de Paris
sur le climat en 2017, ce qui est chose faite depuis le 4 novembre dernier.

Son bilan économique a néanmoins été salué et explique en grande partie sa
popularité chez ses électeurs. Avant la crise, l’emploi était au niveau le plus haut
depuis de nombreuses années et le taux de chômage était alors tombé à 3.5%.
La pandémie a cependant révélé la précarité et la fragilité de certains de ces
emplois : nombre d’Américains, privés de revenus, ont du même coup été
dépourvus de toute assurance santé en pleine crise sanitaire.

D’un autre côté, il a largement creusé le déficit budgétaire à la suite de sa
réforme fiscale entreprise fin 2017 : elle avait pour but de réduire les impôts sur
le revenu des plus riches de 35 à 21%.

En définitive, Donald Trump a pourtant obtenu plus de 70 millions de voix
aux élections présidentielles. Aussi, loin d’avoir eu la victoire écrasante qu’il
espérait, Joe Biden va devoir diriger une Amérique plus divisée que jamais :
d’un côté, des campagnes majoritairement républicaines, de l’autre, des villes
majoritairement démocrates (fait particulièrement visible sur les cartes des
résultats des élections par comtés).
A gauche, le Texas, remporté par les républicains. A droite, le Michigan, remporté
par les démocrates. On note que les comtés des grandes villes sont généralement
de majorité démocrate.
Le processus d’investiture devrait commencer dès ces prochaines semaines. Les
Etats auront tout d’abord jusqu’au 8 décembre pour résoudre tout litige
électoral et transmettre leurs résultats finaux. Les 538 grands électeurs se
réuniront ensuite le 14 décembre pour désigner officiellement le vainqueur. Le 6
janvier 2021, le Congrès annoncera solennellement le nom du prochain président.
Enfin, le 20 janvier, Joe Biden devrait prêter serment lors de la cérémonie
                                                     e
d’investiture. Il deviendra alors officiellement le 46 président des Etats-Unis.

D’ici là, Donald Trump reste au pouvoir, et pourrait, à ce titre, en profiter
pour faire passer un certain nombre de mesures qui pourraient par exemple
contraindre l’exercice du pouvoir de la prochaine administration.
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