Jojo Rabbit de Taika Waititi - n 2189 - Les Fiches du Cinéma
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SOMMAIRE Bad Boys for Life RETAR D H de Adil El Arbi et Biall Fallah Garabandal RETAR D m de Brian Alexander Jackson Je voudrais que quelqu’un RETAR D m’attende quelque part H de Arnaud Viard D RETAR Luciérnagas HH de Bani Khoshnoudi FILMS DU 29 JANVIER 2020 La Bataille géante de boules de neige 2 HH de Benoît Godbout La Beauté des choses HHH de Bo Widerberg Botero m de Don Millar Cuban Network H de Olivier Assayas L’Esprit de famille HH de Éric Besnard Histoire d’un regard HHH de Mariana Otero Jeunes et courts HH Film collectif Jojo Rabbit HHH de Taika Waititi Mission yéti H de Pierre Gréco et Nancy Florence Savard L’Odyssée de Choum HHH de Julien Bisaro Revenir HHH de Jessica Palud Les Traducteurs HHH de Régis Roinsard Un jour si blanc HH de Hlynur Pálmason La Voie de la justice HH de Destin Daniel Cretton Waves H de Trey Edward Shults
Bad Boys for Life (Bad Boys for Life) de Adil El Arbi et Bilall Fallah Mike et Marcus reprennent du service, pour parer COMÉDIE D’ACTION Adultes / Adolescents la vengeance d’une tueuse impitoyable. En rompant avec les aberrations, formelles et morales, de u GÉNÉRIQUE l’initiateur de la franchise, Michael Bay, ce troisième Avec : Will Smith (Mike Lowrey), Martin Lawrence (Marcus Burnett), volet film perd en singularité. Tant mieux, tant pis. Vanessa Hudgens (Kelly), Alexander Ludwig (Dom), Charles Melton (Rafe), Paola Núñez (Rita), Kate del Castillo (Isabel Aretas), Nicky Jam (Zway-Lo), Joe Pantoliano (le capitaine Conrad Howard), Jacob Scipio (Armando Armas), Theresa Randle (Theresa), Khaled “DJ Khaled” Khaled (Manny), Happy Anderson (Jenkins), Bianca Bethune (Megan), Dennis McDonald (Reggie), Carlos Guerrero (Javier), Massi Furlan (Terry Taglin), Chick Bernhard, Jennifer Badger, Jeff J.J. Authors, Michael Bay, Gissette Valentin. Scénario : Chris Bremner, Peter Craig et Joe Carnahan, d’après une histoire de Peter Craig et Joe Carnahan D’après : les personnages du film Bad Boys de Michael Bay (1995) Images : Robrecht Heyvaert Montage : Dan Lebental et Peter McNulty 1ers assistants réal. : Jeff J.J. Authors et Steve Danton Scripte : Dug Rotstein Musique : Lorne Balfe Son : Tony Lamberti Décors : Jon Billington Costumes : Dayna Pink Effets spéciaux : Eric Frazier Effets visuels : Hoyt Yeatman Dir. artistique : Alan Hook Maquillage : © Sony Kimberly Jones Casting : Mary Vernieu et Lindsay Graham Production : Don Simpson/Jerry Bruckheimer Films et Overbrook Entertainment Pour : Columbia Pictures Production associée : H Comment remettre le couvert, seize ans après 2.0 Entertainment Producteurs : Jerry Bruckheimer, Will Smith un deuxième volet pour le moins problématique et en l’absence de et Doug Belgrad Distributeur : Sony Pictures. son créateur Michael Bay ? Que faire de ses héros “too old for this shit”, pour citer Danny Glover dans L’Arme fatale, parangon du 123 minutes. États-Unis - Mexique, 2019 buddy movie d’action et ancêtre de Bad Boys ? Le film applique Sortie France : 22 janvier 2020 l’équation de circonstance pour pallier l’âge de ses interprètes u RÉSUMÉ et le changement d’époque : running gags insistants (Martin Prison de Santa Maria, Mexique. Isabel Aretas s’évade avec l’aide Lawrence n’y voit plus rien et refuse de mettre ses lunettes) et de son fils, Armando, qu’elle charge d’éliminer ceux qui ont nouvelles recrues ; trève de plaisanteries homophobes et moins conduit son pv ère, mort depuis, en prison. Mike figure sur de filles en bikini ; orgie de drones et de bidules informatiques. la liste... Alors que Marcus prend sa retraite, Mike est abattu Il n’y a guère de suspense quant à la finalité de l’entreprise : si par Armando. Mike est dans un état critique ; l’enquête la possible obsolescence de ses héros est pointée, c’est pour être est conduite par le Capitaine Howard et Rita, à la tête balayée d’un revers de main - une suite semble d’ores et déjà d’une unité d’investigation : l’AMMO. Armando abat, l’un après promise. Mais sa faillite réside ailleurs. L’amalgame de fautes l’autre, les enquêteurs qui avaient condamné son père. de goût, l’absence d’inhibitions, morales autant que formelles, en SUITE... Six mois plus tard. Rétabli, Mike entend traquer son quoi consiste le cinéma de Bay, son maximalisme pyrotechnique assaillant. Marcus lui refuse son aide. Mike rencontre l’équipe et son montage frénétique (comme si, pour filmer la moindre de l’AMMO : Kely, Dom et Rafe. Ils interviennent dans une vente d’armes qui tourne à la fusillade. Carver Remy, informateur de action, il renonçait à choisir un angle ou une échelle de plan, il Marcus, contacte celui-ci. Mais, avant d’avoir pu parler, Carver les compile tous), ont pu produire, çà et là, des séquences d’un est tué par Armando, qui affronte Mike, puis s’enfuit. Quand maniérisme terminal et, par endroits, fascinant. Ici, rien de Howard est assassiné, Marcus reprend du service avec tel : action lisible, récit (minimal) tenu, et aucun dérapage réac’ Mike. L’enquête les conduit à Zway-Lo, trafiquant d’armes. - de cela seul, on se réjouit. Car, tout ce qui renonce à sa part Ils le prennent en chasse, mais Armando intervient. Zway- d’aberration perd aussi en singularité, et ne peut plus prétendre Lo est tué. Mike comprend à qui ils ont affaire : Armando qu’au rang de relique, à la traîne notamment d’une franchise plus est son fils, fruit de ses amours avec Isabel, lorsque, récente et qui, de ces carambolages XXL mêlés d’arguments 25 ans plus tôt, il infiltra un cartel. Il décide d’aller trouver Isabel à Mexico. Marcus et l’AMMO l’y accompagnent. Mike de telenovela (seul apport de ce nouveau volet : une intrigue rencontre Isabela. Armando et ses hommes sont présents. sentimentalo-familiale), a su faire émerger une forme de Une fusillade s’engage. Affrontant Armando, Mike lui grâce - Fast & Furious, oui messieurs-dames. Les premiers apprend qu’il est son père. Isabela blesse accidentellement Bad Boys étaient des aberrations, celui-ci est une anecdote : Armando, qui a renoncé à tuer Mike, et Rita sauve ce dernier on ne saurait dire si l’on a gagné au change. _T.F. en tuant Isabel. Marcus renonce à la retraite. Visa d’exploitation : 152193. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD Atmos. X copies (vo / vf). 3 © les Fiches du Cinéma 2019
Garabandal Dieu seul le sait (Garabandal - Solo Dios lo sabe) de Brian Alexander Jackson Juin 1961 en Espagne, au village de San Sebastian CHRONIQUE Adultes / Adolescents de Garabandal quatre jeunes filles tombent en extase. Elles déclarent ensuite avoir vu un ange... Parfaitement u GÉNÉRIQUE raté dans tous ses aspects, ce film mal écrit et mal Avec : Belén Garde García (Conchita), Fernando García Linares filmé tombera des yeux des plus indulgents. (le brigadier Juan Álvarez-Seco), Rafael Samino Arjona (le Père Valentín), Javier Paredes, Alberto Bárcena. Scénario : José Luis Saavedra García Images : Kristian Philip Espejon Musique : Karen Mary McMahon Production : Mater Spei A.I.E. Distributeur : SAJE Distribution. © Mater Spei m Bon, disons-le : rien ne va. Le problème n’est pas le sujet du film, tant il est vrai que l’on peut apprécier une œuvre traitant de mystique sans être porté soi-même sur la chose. De nombreux auteurs, de Dreyer à Cavalier 96 minutes. Espagne, 2018 en passant par Pialat, se sont colletés à la question Sortie France : 22 janvier 2020 de la foi, accouchant d’œuvres aussi puissantes u RÉSUMÉ qu’universelles. Mais là, non, vraiment, même plein de bonne Espagne. Un envoyé de l’évêque exige de la jeune Conchita volonté, le spectateur bâille dès les premières minutes, qu’elle avoue qu’elle et ses trois amies n’ont pas réellement assistant incrédule à une sorte de version filmée d’un dépliant vu la Vierge à San Sebastian de Garabandal. Cinq ans touristique gentiment catéchisant. Jolis plans au drone plus tôt. Le 18 juin 1961, Conchita et ses amies tombent (le souffle divin ?), ralentis à gogo (pour bien souligner l’état en extase. Elles affirment ensuite au village avoir vu de ravissement des quatre jeunes filles), autant d’effets un ange. Beaucoup sont sceptiques. Un autre jour, de réalisation aussi naïfs qu’inefficaces pour signifier les quatre filles tombent à nouveau en extase devant tout la céleste présence. Les acteurs font ce qu’ils peuvent, le village. L’évêque mandate une commission pour enquêter. Le docteur Morales, psychiatre de la commission, parle n’ayant pas grand-chose à jouer en réalité. On écoute à de schizophrénie. Les extases se poursuivent. Les quatre peine les dialogues, fonctionnels, sans aspérités, sans filles parlent à la Vierge. Des faits inexplicables viennent sève ni ambition expressive. Seul le docteur Morales, renforcer la foi des villageois et des visiteurs. Mais le rapport psychiatre sceptique à la trogne goguenarde, parvient de Morales à l’évêque nie tout phénomène surnaturel. à tirer quelque peu son épingle du jeu. Si la mise en scène, SUITE... Les filles annoncent un message de la Vierge flirtant dangereusement avec le niais, ne fait pas - on l’aura engageant les Hommes à changer sous peine de châtiment. compris - d’étincelles, la part du lion revient au scénario. Un jour, pour complaire à la foule, les quatre filles simulent Mal fichu de bout en bout, il échoue à tous les étages. On une extase, ce que certains remarquent. Un autre jour, ne connaît pas les quatre héroïnes, elles ne sont là que un miracle a lieu : une hostie se matérialise sur la langue pour s’extasier. On ne ressent pas non plus la vie du de Conchita. Mais un prêtre ment à la commission et parle village, les messes, l’école, le marché, etc. Résultat, on de supercherie. L’évêque fait lire au village une déclaration niant les apparitions. Lors d’une autre extase, la Vierge se fiche pas mal de ce qui peut arriver à ce petit monde. donne un nouveau message accusant certains prêtres et D’autre part, certains éléments demeurent vagues voire évêques d’aller sur le chemin de la perdition. 1966. L’évêque incompréhensibles. Un bien beau ratage, donc, aussi inspiré rend visite à Conchita et exige la vérité. 1983 : Morales et inspirant qu’un presse-papier made in China acheté à reconnaît publiquement que son rapport était insuffisant Lourdes. _G.R. et demande qu’on rouvre le dossier. Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 25 copies (vo). 4 © les Fiches du Cinéma 2019
Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part de Arnaud Viard Une fratrie, quatre destins, des vies accomplies ou CHRONIQUE FAMILIALE Adultes / Adolescents non... Arnaud Viard fait son troisième film, un récit choral habilement construit à partir des nouvelles u GÉNÉRIQUE d’Anna Gavalda, avec une belle brochette d’acteurs. Avec : Jean-Paul Rouve (Jean-Pierre), Alice Taglioni (Juliette), Le résultat est trop convenu et visuellement banal. Benjamin Lavernhe (Mathieu), Camille Rowe (Margaux), Elsa Zylberstein (Héléna), Aurore Clément (Aurore), Sarah Adler (Nathalie), Christophe Paou (Thierry), Elsa Damour-Cazebonne (Charlotte). Scénario : Arnaud Viard, Vincent Dietschy, Emmanuel Courcol et Thomas Lilti D’après : le recueil de nouvelles d’Anna Gavalda (1999) Images : Emmanuel Soyer Montage : Véronique Bruque 1re assistante réal. : Sophie Davin Musique : Clément Ducol Son : Mathieu Villien, Agnès Ravez et Niels Barletta Décors : Sébastien Gondek Costumes : Caroline Spieth Maquillage : Tina Rovère Production : Easy Tiger Coproduction : UGC Images, France 2 Cinéma et Les 1001 Marches Producteur : Marc-Benoît Créancier Dir. de production : Antoine Théron Distributeur : UGC. © Céline Nieszawzer / Easy Tiger - UGC Images - France 2 Cinéma - Les Milles et Une Marches H Arnaud Viard avait réalisé en 2004 Clara et moi, une petite comédie romantique douce-amère avec Julie Gayet en séropositive. En 2015, le bien nommé Arnaud fait son deuxième film était une autofiction et, à ce jour, 89 minutes. France, 2019 ce qu’Arnaud Viard a fait de mieux. Aujourd’hui, il passe Sortie France : 22 janvier 2020 au film choral et garde la veine naturaliste du premier u RÉSUMÉ film (cette fois, c’est Elsa Zylberstein qui est malade), Aurore, veuve, fête ses 70 ans avec ses quatre enfants. tout en développant la réflexivité du deuxième film, Jean-Pierre, commercial de 48 ans (avec sa femme Nathalie en moins comique. Dans ce vieux projet plus ambitieux, avec et sa fille Charlotte), se sent investi du rôle de chef de un casting plus fourni, il s’essaie à l’adaptation littéraire. famille et n’hésite pas à prêter des milliers d’euros à sa Il crée une fratrie à partir des personnages du recueil jeune sœur Margaux, qui veut devenir photographe. Prof éponyme d’Anna Gavalda, n’ajoutant que leur mère, de français, Juliette, 40 ans, vit avec Thierry. Le plus jeune, néanmoins nécessaire pour lier la famille et la rendre Mathieu, timide et complexé, rêve de sortir avec sa collègue crédible. Les quatre enfants d’Aurore Clément sont assez Sarah Briot. Atteinte d’une leucémie, la comédienne Héléna Litowski, amour de jeunesse de Jean-Pierre, l’appelle. Ils se différents les uns des autres (et âgés de 30 à 48 ans !) voient et s’embrassent. Juliette annonce qu’elle est enceinte mais ont en commun des rêves qui ne sont pas forcément au repas de Noël, pendant lequel Jean-Pierre, dépressif, a aisés à accomplir. Jean-Paul avait des penchants pour des mots contre la radicalité artistique de Margaux. Nathalie le théâtre, Juliette pour la littérature, Margaux pour lui reproche d’être trop généreux avec sa sœur. la photographie, Mathieu, plus secret, a juste un penchant SUITE... Sarah s’invite chez Mathieu. Ils font l’amour. pour Sarah... Ce troisième film semble plus calibré, Quand, à cinq mois, le fœtus meurt, Thierry quitte Juliette, le récit plus convenu, sans doute parce que les personnages, soutenue par Jean-Pierre qui la pousse à écrire. En arrivant dessinés au cordeau, sont proches de la caricature, à l’hôtel pour un salon du vin, Jean-Pierre croise Margaux, respectivement comme commercial, artiste ou enseignant. en reportage, qui le snobe. Regrettant d’avoir abandonné Cela provoque des numéros d’acteurs, un travers fréquent le théâtre, il laisse une lettre et saute du septième étage. du film choral. Jean-Paul Rouve fait figure de personnage La fratrie est chamboulée par son suicide. Juliette rend visite à Héléna qui lui révèle qu’ils s’étaient quittés suite à principal alors qu’il disparaît aux deux tiers du film, un avortement. Mathieu présente Sarah à Aurore. Margaux après avoir réalisé qu’il était passé à côté de sa vie. ne vend pas ses photos et devient vendeuse à la FNAC. Le sujet principal, thème rebattu, reste cependant La phrase écrite par Jean-Pierre à l’hôtel devient le titre la solidarité familiale qui transparaît derrière les disparités et du livre de Juliette : Je voudrais que quelqu’un m’attende les antagonismes... _M.B. quelque part. Visa d’exploitation : 127322. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 300 copies. 5 © les Fiches du Cinéma 2019
Luciérnagas (Luciérnagas) de Bani Khoshnoudi Coincé au Mexique malgré lui, un jeune Iranien CHRONIQUE Adultes / Adolescents homosexuel tisse de nouveaux liens d’amitié... Si la mise en scène de Khoshnoudi ne manque pas d’élégance, u GÉNÉRIQUE ce récit d’errance se montre tantôt trop abstrait, tantôt Avec : Arash Marandi (Ramin), Flor Eduardo Gurrola (Leti), Luis trop systématique, pour réellement ébranler. Alberti (Guillermo), Eligio Meléndez (Jorge), Eduardo Mendizábal (Ernesto), Uriel Ledesma (Cuyo), Ishebel Mata (Rosi). Scénario : Bani Khoshnoudi Images : Benjamín Echazarreta Montage : Gilberto González Penilla et Miguel Schverdfinger 1er assistant réal. : Julio Quezada Orozco Scripte : Efraín Conde Ortiz Son : Javier Umpierrez Décors : Florent Vitse Costumes : José Guadalupe López et Bertha Romero Dir. artistique : Florent Vitse Maquillage : Beatriz Vera Production : Zensky Cine Production associée : KinoElektron Coproduction : Pensée Sauvage Films, Foprocine, Haos Film et Aurora Dominicana Producteurs : Bani Khoshnoudi et Elsa Reyes Coproducteurs : Athina Rachel Tsangari, Laura Amelia Guzmán et Israel Cárdenas Productrice associée : Janja Kralj Dir. de production : Rodrigo Milanesi Distributeur : Optimale Distribution. © Zensky Cine HH Second long métrage de la plasticienne et réalisatrice Bani Khoshnoudi, Luciérnagas fait s’entrechoquer les destins de trois âmes errantes. Fuyant un pays où la communauté LGBT+ est persécutée et torturée, Ramin 88 minutes. Mexique - États-Unis - Grèce - République (Arash Marandi) connaît un exil malheureux. Un concours de dominicaine, 2018. Sortie France : 22 janvier 2020 circonstances le mène en effet à Veracruz, où il rencontre Leti u RÉSUMÉ (Edwarda Gurrola), une tenancière d’hôtel bientôt confrontée À Veracruz, Ramin travaille clandestinement. La nuit, il au retour d’un compagnon égoïste. Enchaînant les contrats rencontre un passeur qui refuse de l’aider, faute d’argent. précaires, le jeune Iranien se rapproche également de Marin récupère alors sa chambre auprès de Leti, Guillermo (Luis Alberti), un dur à cuir fuyant son violent la tenancière de son hôtel. Le lendemain, Ramin discute passé. Tiraillé entre l’idée du retour et les perspectives avec son petit ami, resté en Iran, via Internet. Dans le cadre d’une terre plus heureuse, le migrant se tourne peu à peu d’un travail clandestin, il rencontre Guillermo, un évadé des vers des lieux de rencontre gay, un des rares espaces à gangs du Salvador aspirant à vivre à Los Angeles. À l’hôtel, transcender la barrière de la langue... Formellement, Leti s’occupe de son oncle. Ce dernier lui annonce le retour de son ancien compagnon, Ernesto. La nouvelle la trouble. Khoshnoudi signe des plans intérieurs et nocturnes d’un raffinement certain. Décrite comme une prison à ciel ouvert, SUITE... Un matin, Leti accepte de donner des cours d’espagnol la ville de Veracruz n’en restera pourtant pas moins une toile à Ramin. Plus tard, Guillermo et Ramin vont à la plage. Remarquant les cicatrices de Ramin, Guillermo exhibe ses de fond abstraite. Il en sera de même de quelques autres blessures de guerre. Au repas organisé pour le retour d’Ernesto, réalités sociales - à commencer par l’évocation du travail Leti est envahie par l’émotion et finit par rentrer. Au travail, clandestin, ici à peine esquissée. Davantage focalisée sur ses Ramin confie à Guillermo vouloir rejoindre la Turquie ou personnages, Khoshnoudi délaisse son cadre réaliste pour la Grèce. Le soir, Ramin, Leti et Guillermo sortent en boîte dresser des portraits inégaux. Si la sensibilité de Ramin et de nuit. Sur le retour, Ramin se rend sur un lieu de rencontre le courage de Leti touchent, le refoulement et la masculinité gay. Au matin, la culpabilité le ronge. Ernesto annonce son toxique de Guillermo restent trop théoriques pour sortir des nouveau départ à Leti, qui se montre indifférente. Guillermo carcans et des clichés. Entre mélancolie et atermoiement, annonce aussi son départ à Ramin. Triste et saoul, celui-ci tente de l’embrasser. Refoulant ses désirs, Guillermo frappe universalité et intimité, le rendez-vous entre la mise en scène Ramin. Plus tard, ivre, il retrouve Ramin dans sa chambre et l’émotion est alors parfois manqué. Une sensation que d’hôtel. Il l’embrasse avant de redevenir violent. Ramin vient renforcer une fin bien trop abrupte pour délivrer son chasse Guillermo. Les jours suivants, Ramin et Leti passent message - selon lequel le hasard peut être le fruit d’un foyer du temps ensemble. Au carnaval de Veracruz, les deux amis inattendu, imparfait mais in fine tangible. _S.H. s’amusent et flirtent avec des hommes. Visa d’exploitation : 152318. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. X copies (vo). 6 © les Fiches du Cinéma 2019
La Bataille géante de boules de neige 2 L’Incroyable course de luge de Benoît Godbout (La Course des Tuques) L’animation québécoise est de retour avec COMÉDIE Famille les aventures de gamins qui s’affrontent sur la piste de luge. Les petits y trouveront leur compte, mais u GÉNÉRIQUE passé 12 ans, on a du mal à vraiment s’intéresser Avec les voix originales de : Hélène Bourgeois Leclerc (François- à ce fantasme d’un monde dédié à l’amusement. les-Lunettes), Mehdi Bousaidan (Zac), Gildor Roy (Chabot), Ludivine Reding (Charlie), Mariloup Wolfe (Sophie), Sophie Cadieux (Lucie), Catherine Trudeau (Jacques), Anne Casabonne (Maranda), Sébastien Reding (Pierre), Nicholas Savard-L’Herbier (Luc), Aline Pinsonneault (France), Hugolin Chevrette-Landesque (Ti-Guy la lune), Gabriel Lessard (Henri / Georges), Esther Poulin (Daniel Blanchette), Marguerite D’amour (Violet). Et les voix françaises de : Céline Ronté, Thomas Sagols, Hervé Grull, Joan Predeo, Marie-Claude Facundo, Emmylou Homs, Clara Soares, Sauvane Delanoë. Coréal. : François Brisson Scénario : Paul Risacher et Claude & Maxime Landry D’après : le film La Bataille géante de boules de neige de Jean-François Pouliot (2015) Images : Jean-François Pouliot Animation : Jim Van der Keyl et Yann Tremblay Musique : Blü Dog Media, Dumas et Martin Roy Chansons : Garou, Corneille, Alex Nevsky, Dumas, Alexe, Ludovick Bourgeois, Kim Richardson, © CarpeDiem Film & TV Lulu Hughes et Joshua Moreno Son : Christian Rivest Production : CarpeDiem Film & TV Productrice : Marie-Claude Beauchamp Productrice déléguée : Sophie Roy Producteur exécutif : Patrick HH L’hiver, c’est la saison de la raclette, du vin Roy Distributeur : Alba Films. chaud, des chocolats et des films pour enfants. Trois ans après le premier épisode, revoilà la bande de gosses de La Bataille géante de boules de neige qui, cette fois, 89 minutes. Canada, 2018 ont décidé d’organiser une grande compétition de luge. Sortie France : 29 janvier 2020 Les plus motivés ? François les lunettes et un nouveau u RÉSUMÉ au village, Zac, deux graines d’inventeur. Le premier est Pierre retrouve tous ses camarades dans la vieille grange assisté de toute une équipe, le deuxième de sa jolie cousine, qui leur sert de QG. Tandis que les autres s’amusent, Charlie. La rivalité entre les deux héros va donner lieu François les lunettes met au point une nouvelle luge dont il à de nombreuses péripéties qui devraient ravir les plus est persuadé qu’elle remportera la course qui doit l’opposer petits. Un scénario très simple qui aborde des questions le lendemain à Zac, le nouveau. Mais ce dernier a un plan qui les intéressent : la rivalité, l’amitié, le mensonge, maléfique pour gagner. le pardon, la solidarité... Le tout sans grand génie non plus. SUITE... Le lendemain, tous s’affrontent en duo. Pierre Aux manettes de cette nouvelle aventure dans le Grand Nord, trouve un chiot. François fait concourir Sophie contre le même duo de réalisateurs québécois, Benoît Godbout Charlie, la cousine de Zac. La luge de François se casse, et François Brisson, et une même attention à proposer Sophie et lui perdent la course. François est furieux. une animation originale riche de leur soin apporté aux Il découvre qu’un boulon a été remplacé par un sucre d’orge. Charlie commence à sympathiser avec les enfants différentes textures, bonnets de laine, poudreuse, plaques du village grâce à un tour de chant. Le soir, François et de métal... Les enfants devraient apprécier cet étonnant ses amies épient Zac et le confondent. Zac admet village sans adultes où les personnages n’ont d’autre limite la triche, et propose une revanche. François et ses amis que leur imagination. La piste de luge ressemble à un manège commencent à construire une nouvelle piste de luge. Zac infernal, et s’ils décident de tous passer la nuit dans découvre la grange et François, décidé à gagner, accepte une vieille grange, il n’y a personne pour les en empêcher : de la mettre en jeu. Pierre découvre que le chiot appartient le rêve ! Les parents, de leur côté, risquent de s’ennuyer à Zac, qui ne s’en occupe pas. Charlie confie le chiot un peu. L’intrigue est très simple, souvent improbable à Pierre. Zac demande à Charlie d’espionner pour lui, mais elle fait semblant. Ses amis, furieux que François ait (personne ne semble s’étonner que François n’ait rien parié parié la grange, reviennent l’aider. Charlie est démasquée. en échange de la grange...), et manque d’émotion. Et puis, Sophie et François gagnent la course grâce à Charlie. les deux petits chefs, libérés des sermons parentaux, ont Tous se réconcilient, Pierre rend le chien à Zac, content, tendance à se montrer très agressifs, ce qui est un peu à qui François propose d’installer son propre atelier dans fatigant. _M.Q. la grange. Ils font la fête. Visa d’exploitation : en cours. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 250 copies (vf). 7 © les Fiches du Cinéma 2019
La Beauté des choses (Lust och fägring stor) de Bo Widerberg Le dernier film de Bo Widerberg, réédité aujourd’hui, CHRONIQUE INITIATIQUE Adultes / Adolescents fait la chronique d’un amour entre un adolescent et sa professeure dans la Suède de 1943. S’y dessine u GÉNÉRIQUE en creux toute une société en perte de repères Avec : Johan Widerberg (Stig), Marika Lagercrantz (Viola), Tomas et de valeur. Le bel épilogue d’un grand cinéaste. von Brömssen (Kjell), Karin Huldt (Lisbet), Nina Gunke (la mère de Stig), Björn Kjellman (Sigge), Kenneth Milldoff (le père de Stig), Frida Lindholm (Olga), Sigge Cederlund (le projectionniste), Monica Stenbeck (la professeure de gym), George Bisset, Gösta Ekstrand, Hilda Suovanen, Per Olov Börjeson, Jörgen Svensson, Nynne Schwartz, Magnus Andersson, Paul Lindsjö, Mikael Bengtsson, Fredrik Berglind-Delin, Peter Larsdotter, Zacharias Bjar, Martin Olsen, Christian Candia, Fredrik Persson, Gustav Eriksson, Toni Popovski, Linus Ericsson, Jonas Pålsson, Hampus Hedberg Hankell, Thomas Rosqvist, Linus Hedberg Lindqvist, Jossi Sabbah, Linus Juhlin, Björn Sjöblom, John Larsson, Mattias Varén, Daniel Lindblad, Pekka Öhrstedt. Scénario : Bo Widerberg Images : Morten Bruus Montage : Bo Widerberg 1er assistant réal. : Jimmy Karlsson Scripte : Anna Idman Son : Owe Svensson Décors : Palle Arestrup Costumes : Renette Bengtsson, Åsa Broms, Lotta Petersson, © Malavida Birthe Qualmann et Nicklas Östergren Maquillage : Elisabeth Bukkehave, Sanne Dandanell et Eva Von Bahr Production : Per Holst Filmproduktion Production associée : Det Danske HHH Le film pourrait n’être que cela : la chronique Filminstitut, Nordisk Film, SFI, Egmont Film, TV2 Danmark et SVT d’un amour entre un adolescent, Stig, et sa professeure Drama Producteur : Per Holst Distributeur : Malavida. de collège, Viola. À l’image du carton d’ouverture, un texte se cantonnant à une description des manifestations 130 minutes. Danemark - Suède, 1995 physiologiques pour décrire l’éveil à la sexualité de Sortie France : 29 janvier 2020 l’être humain, l’amour et le film sont bien plus que cela. u RÉSUMÉ Si Viola, en le déniaisant, a fait de Stig, interprété par le fils Malmö, en Suède, 1943. Stig est un adolescent qui, comme ses du réalisateur, un homme, elle lui a surtout permis camarades de classe, est fortement travaillé par la question de devenir adulte, ce qui semble plutôt rare, en Suède, sexuelle. Il ne laisse pas indifférent sa belle professeure en 1943. Des adultes, Stig en croise peu. Ses parents d’anglais, Viola, avec qui il entame une liaison amoureuse sont anodins, des êtres coutumiers et asexués, son frère clandestine. Le mari de Viola, Frank, est un représentant de est absent, le mari de Viola s’aveugle dans l’alcool, et commerce féru de musique classique. Il accepte la présence le monde est en guerre. Son émancipation naîtra des choix régulière du jeune homme, et développe avec lui une étrange que son environnement, son époque, l’astreignent à faire. amitié en l’initiant à sa passion mélomane. Le grand frère de Stig, marin, passe de temps en temps au domicile, ou Il apprend à prendre en charge ses parents, à rompre au cinéma dans lequel travaille Stig comme ouvreur, avant une relation sans issue, et tente de transcender sa vie d’être incorporé dans un sous-marin militaire. Frank, qui par la culture. La Beauté des choses est le dernier film, a tendance à fortement s’alcooliser, découvre la liaison réalisé en 1995, de Bo Widerberg, cinéaste proche, dans qu’entretient Stig avec sa femme. Il ne s’en formalise pas, et sa thématique et son esthétique, de la Nouvelle Vague partage avec lui ses états d’âme de vendeur de bas de laine, française. D’une teneur sans doute autobiographique, au moment de l’irruption du bas nylon. Les manœuvres l’histoire nous est contée avec délicatesse, sans impudeur de séduction des jeunes filles de son âge indiffèrent Stig, jusqu’à ce que son histoire avec Viola prenne un tour ni pudibonderie et dans une belle atmosphère érotique. possessif. Le garçon tente de s’en détacher en couchant Les jeux du désir, le plaisir excitant de la transgression, avec une de ses camarades. quand on est avec les deux amants, sont parfaitement évoqués, d’une frontalité honnête. De même que la bêtise SUITE... Viola menace de le renvoyer s’il la quitte, en invoquant ses nombreuses absences en cours. C’est la guerre entre et la douleur, quand il s’agit de Frank, le mari trompé, les deux amants. Viola hésite entre agression et séduction. Par sont pointées comme ça, à bonne distance, mais sans un télégramme, Stig apprend que son frère est mort dans complaisance. La mise en scène s’interdit toute esbroufe, le naufrage du sous-marin. Il cache un temps la nouvelle à ses s’appuyant sur un scénario à la construction parfaite. parents pour les protéger. Émancipé, Stig quitte le collège Une belle dernière œuvre. _J.C. non sans avoir dérobé les précieux dictionnaires de Viola. Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,66 - Couleur - Son : Dolby SR. 25 copies (vo). 8 © les Fiches du Cinéma 2019
Botero (Botero) de Don Millar Consacré au peintre et sculpteur Botero, ce documentaire DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents passe plus de temps à nous persuader de sa grandeur qu’à nous conduire à la penser par nous-mêmes ; cette u GÉNÉRIQUE admiration inhabitée en vient à décrédibiliser Scénario : Don Millar et Hart Snider Images : Johan Legraie et les éloges sincères portés par les proches de l’artiste. Joe Tucker Montage : Hart Snider Musique : David Bertok Son : Juan Camilo Martínez, Jake Bolles, Manuela Patti, Turner Curran, Gaëtan Choozko, Juan Pablo Silva, Simone N. Valente et Jean Pourchier Décors : Don Millar Production : Hogan Millar Media Producteurs : Joe Tucker et Eric Hogan Producteurs exécutifs : Don Millar, Lina Botero, Kerri Borsuk, Jan Rofekamp, Kissy Dugan, J. Joly, Betsy Stahl et Stephen Nemeth Producteurs associés : Bryn Choppik et Cole Northey Distributeur : Dean Medias. © Hogan Millar Media 82 minutes. Canada, 2018 m “C’est l’artiste vivant qui a le plus d’expositions Sortie France : 29 janvier 2020 à son actif. C’est l’artiste vivant qui compte le plus de livres à son sujet. C’est aussi l’artiste vivant le plus connu à procurent uniquement du plaisir (et qui seraient donc l’international et qui attire le plus de visiteurs lors de ses moins légitimes), préférant les œuvres sibyllines expositions”. Prononcées à l’ouverture de ce documentaire et politiques (alors que Botero a lui-même peint dédié à Fernando Botero, ces trois phrases préludent des œuvres à vocation critique, telles ces peintures non seulement une expansive prédilection pour satiriques sur l’Église, ou encore sa série sur les superlatifs, mais condensent à elles seules son le scandale d’Abu Ghraib) pour pouvoir “jaser”, projet, lequel consistera non pas à nous instruire, mais trahissant en réalité un “snobisme intellectuel” à nous marteler l’idée selon laquelle l’artiste colombien Voilà qui est dit, égrenant au passage une définition est et restera - ses thuriféraires bénéficient manifestement relativement dichotomique de l’art. Le problème n’est de dons divinatoires - l’un des plus importants de l’histoire pas tant le contenu de ces propos que le discours de l’art pictural et sculptural (et gare à ceux qui oseraient profondément malaisant opéré par le montage, dire le contraire) : mais si la certitude de sa majesté les images étant juxtaposées de manière à illustrer est aussi indiscutable, à quoi bon déployer autant d’efforts des présupposés qui se suffiraient à eux-mêmes ; pour nous en persuader coûte que coûte ? Laissons de de fait, si le documentaire semble d’abord soucieux côté cette interrogation et précisons d’emblée qu’il ne d’une certaine chronologie (l’initiation de Botero à s’agit en aucun cas de dénigrer, ni la valeur, ni la qualité la peinture, son départ pour l’Europe où il étudia de l’œuvre du peintre - dont la prodigalité est par ailleurs les peintres du Quattrocento, la découverte de son style considérable - mais de questionner, outre ses intentions avec son tableau Nature morte à la mandoline...), équivoques, la construction hasardeuse de ce documentaire les informations et les illustrations hagiographiques qui s’applique uniquement à démontrer une valeur finissent par se succéder à une telle vitesse qu’elles artistique par le prisme d’un succès à l’international (à en deviennent décontextualisées, et le tout est renfort de sophismes tels que “l’art doit être universel”) tartiné d’un arrière-fond musical aux intonations qui, de facto, rendrait toute critique irrecevable. À cet égard, tantôt héroïques, tantôt larmoyantes. On ne peut la seule intervenante émettant un jugement péjoratif sur son alors raisonnablement admettre que ses auteurs œuvre voit sa sensibilité immédiatement débinée par éprouvent une passion véritable pour Botero - ou tout l’entretien suivant, dans lequel un directeur de galerie du moins ont-ils failli à nous la transmettre - car nous estime que les détracteurs de Botero font partie de n’avons pas, au bout du compte, le sentiment de mieux ces vilains critiques aimant à rejeter les peintures qui connaître l’homme et son œuvre. _V.V. Visa d’exploitation : 152311. Format : 1,77 - Couleur - Son : Dolby SRD. 15 copies (vo). 9 © les Fiches du Cinéma 2019
Cuban Network [Wasp Network] de Olivier Assayas L’histoire vraie des “Cuban Five”, installés à Miami ESPIONNAGE Adultes / Adolescents dans les années 1990 pour infiltrer les groupuscules anticastristes. Si la matière d’une épopée haletante est u GÉNÉRIQUE là, le récit s’étire et se complexifie et les personnages Avec : Penélope Cruz (Olga Salanueva), Édgar Ramírez (René ne s’incarnent que trop rarement. Dommage... González), Gael García Bernal (Manuel Viramontez), Wagner Moura (Juan Pablo Roque), Ana de Armas (Ana Margarita Martinez), Leonardo Sbaraglia (Jose Basulto), Nolan Guerra Fernandez (Raul Ernesto Cruz Leon), Osdeymi Pastrana Miranda (Irma), Tony Plana (Luis Posada Carriles), Steve Howard (le colonel Holmes), Stephen W. Tenner (Mack McLarty), Gisela Chipe (Maria Elvira Salazar), Patricia Gonzalez Ciuffardi (Lucia Newman), Adria Carey Perez. Scénario : Olivier Assayas D’après : le roman Os Últimos soldados da guerra fria de Fernando Morais (2011) Images : Yorick Le Saux et Denis Lenoir Montage : Simon Jacquet 1ers assistants réal. : Luc Bricault et Matthew Gledhill Scripte : Christelle Meaux Musique : Eduardo Cruz Son : Nicolas Cantin Décors : François- Renaud Labarthe Costumes : Jurgen Doëring et Samantha Chijona Garcia Dir. artistique : Romain Gautry et Onelio Larralde Maquillage : Thi Than Tu Nguyen Casting : Antoinette Boulat, Maria Mercedes Hernandez Lazaro, Valerie Hernandez et Anna © Memento Films Gonzalez Production : RT Features, CG Cinéma et Nostromo Pictures Coproduction : Wasp Network AIE, Scope Pictures, France 2 Cinéma, Orange Studio et Memento Films Producteurs : H Après la réussite de sa mini-série Carlos Rodrigo Teixeira, Charles Gillibert et Lourenço Sant’Anna en 2010, Assayas renoue avec une épopée sud-américaine Distributeur : Memento Films. complexe et passionnante et son (excellent) acteur Édgar Ramírez . Sur le papier, c’est une bonne nouvelle. 125 minutes. France - Brésil - Espagne - Belgique, 2019 D’autant que pour cette histoire chorale (et vraie), celle Sortie France : 29 janvier 2020 des “Cuban Five”, chargés de démanteler sur le sol u RÉSUMÉ américain les groupuscules anticastristes, il convoque Décembre 1990, René Gonzales détourne un avion de un beau casting, avec aussi Penélope Cruz, Gael García Bernal fumigation et atterrit en Floride. Il laisse à Cuba son et Wagner Moura (Pablo Escobar dans la série Narcos). épouse Olga et sa fille, terrassées par la nouvelle de En adaptant le livre de Fernando Morais, Les Derniers sa dissidence. Peu à peu sa vie s’organise : il travaille soldats de la Guerre Froide, le scénariste et réalisateur pour différents organismes anticastristes cachant des tente d’éclaircir une intrigue complexe tissée de fausses activités de terrorisme et de vente de drogue. En 1992, trahisons et de vrais mensonges. Faisant de René Gonzales Juan Pablo Roque arrive à la nage de Cuba et demande (Ramirez) son fil rouge, il le suit pendant plus d’une heure l’asile politique. Installé à Miami, ce pilote tombe amoureux de Ana Margarita Martinez, qu’il épouse. Très vite choisi et ne parvient qu’à distendre son film sans convaincre. (en secret) comme agent double par le FBI, il mène si grand D’autant que les autres personnages sont traités à la va- train que sa femme s’interroge sur ses activités. Trop tard : vite, leur sort résolu par des cartons finaux, et que l’on il a regagné Cuba. s’y perd. Malgré leur talent, Bernal et Moura ne parviennent SUITE... Quatre ans plus tôt. Gerardo Hernandez devient qu’épisodiquement à donner chair à ces êtres impossibles chef du Wasp Network, nid d’espions luttant sur le sol à appréhender, les raisons de leur engagement restant américain pour infiltrer les groupuscules anticastristes. constamment opaques. On jurerait, devant ce résultat En réalité, René comme Juan Pablo et quelques autres, ont plus que mitigé, que l’ambition de faire une mini-série été recrutés par lui. Mais ils ne parviennent pas à déjouer de six heures ou plus a été révisée à la baisse (et à les attentats à la bombe fomentés contre plusieurs grands 123 minutes). Malgré des plans aériens à couper le souffle hôtels, à la Havane, en 1997. Olga, ayant décidé de rejoindre et des décors naturels saisissants, le film peine à trouver son mari avec sa fille, est avertie par Gerardo Hernandez du fait que René n’est pas un traître au régime castriste. son rythme et sa voie, entre drame intime (René, sa femme, Mais, surveillé par la CIA, leur appartement est truffé de sa fille) et enjeux politiques (confus, de surcroît), entre micros. En 1998, René, Gerardo et trois autres compagnons séquence bouleversante dans les traces du poseur de sont arrêtés pour terrorisme, espionnage et autres délits. bombes semant la mort sans chaque hôtel, et scènes Ils seront libérés au milieu des années 2010, après de explicatives convenues. _I.D. lourdes peines d’emprisonnement. Visa d’exploitation : 150676. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 200 copies (vo [espagnole / anglaise / russe]). 10 © les Fiches du Cinéma 2019
L’Esprit de famille de Éric Besnard Le réalisateur de Mes héros et Le Goût des merveilles COMÉDIE DRAMATIQUE Adultes / Adolescents revient avec un long métrage de la même veine dans laquelle une mère et ses deux fils u GÉNÉRIQUE réapprennent à communiquer après la mort du père. Avec : Guillaume de Tonquédec (Alexandre), François Berléand Pas mauvais mais sans surprise. (Jacques), Josiane Balasko (Marguerite), Isabelle Carré (Roxane), Jérémy Lopez (Vincent), Marie-Julie Baup (Sandrine), Jules Gauzelin (Max), Papilonio Tokotuu (Napoléon), Émilie Caen (la psychanalyste). Scénario : Éric Besnard Images : Jean-Marie Dreujou Montage : Christophe Pinel 1er assistant réal. : Alan Corno Scripte : Anne Wermelinger Musique : Christophe Julien Son : Dominique Lacour, Vincent Montrobert et Jean-Charles Liozu Décors : Bertrand Seitz Costumes : Fabienne Katany Effets spéciaux : Georges Demétrau Maquillage : Anaïs Lavergne Casting : David Bertrand Production : Cine Nomine et Same Player Coproduction : Apollo Films, France 3 Cinéma, Winch Films et Josy Films Producteurs : Vincent Roget, Pierre Forette et Thierry Wong Producteurs associés : Baptiste Deville et Gala Vara Eiriz Dir. de production : Ludovic Naar Distributeur : Apollo Films. © Nathalie Mazéas / Cine Nomine - Same Player HH C’est quasiment devenu une sous-branche du cinéma à la française : on prend une famille un peu bourgeoise - il y a en général trois enfants, dont l’un passe son temps au téléphone, et leurs “pièces rapportées” -, 98 minutes. France, 2019 on en rassemble les membres dans une belle maison à Sortie France : 29 janvier 2020 la campagne pour un événement spécial (mariage, u RÉSUMÉ enterrement, grandes vacances...), on les laisse se Alex, écrivain, se préoccupe peu de sa famille. Quand son disputer, un lourd secret éclate et tout est bien qui finit bien. père décède brutalement, puis est incinéré, son fantôme On remerciera donc Éric Besnard de nous avoir au moins hante Alex et converse avec lui. Ses hallucinations épargné le “lourd secret” dans cette escapade quiberonnaise l’empêchent d’écrire et sa femme, Roxane, lassée de son servie par un casting de valeurs sûres : Josiane Balasko, désintérêt, annonce qu’elle va le quitter. Alex part avec son François Berléand, Isabelle Carré, Guillaume de Tonquédec fils Max pour la maison de ses parents, en Bretagne, où il (dont les personnages n’en finissent plus de fréquenter des retrouve sa mère, son frère Vincent, agent de sportifs, et Roxane), Jérémy Lopez... lesquels se mettent au service sa belle-sœur Sandrine. d’une partition souvent entendue mais pas désagréable, SUITE... Le stagiaire de Vincent, Kevin, débarque avec mélodie douce-amère d’accords et de désaccords mineurs un rugbyman fidjien qui déprime à Clermont-Ferrand et comme une bonne vieille chanson de Cat Stevens. C’est veut rentrer chez lui. La mère annonce qu’elle va vendre la maison à cause de ses dettes. Vincent panique quand à peu près le message du père : “Regarde-moi, je suis il apprend que sa mère est rentrée volontairement dans vieux mais je suis heureux”. Avec cette idée que dans une un arbre. Alex, que le reste de sa famille accuse d’égoïsme, société devenue stressante et impitoyable la famille, malgré se dispute avec le fantôme de son père, qu’il accuse d’avoir les ressentiments larvés, les complexes d’infériorité, reste été absent. Quand Roxane débarque, il se confie enfin à elle. le nœud des vraies valeurs, de la bienveillance, de l’écoute, Elle lui conseille d’écrire sur sa famille. Alex, qui a décidé et le seul endroit où on trouvera le bonheur. Comme pour d’être plus présent pour Max, entend son frère parler de d’autres films dans la même veine il faudrait se demander ses problèmes personnels avec Napoléon le Fidjien. Tous si le vrai sujet de cette comédie dramatique au dénouement vont pique-niquer sur la plage et jouent au rugby. Alex se réconcilie avec Roxane. La mère disparaît. Tous la cherchent attendu n’est pas dans ce que justement elle ne montre pas : alors qu’elle est sur la plage pour répandre dans l’océan un monde extérieur violent qui fait qu’Alex se réfugie dans ses les cendres de son mari. Sandrine part avec le Fidjien. personnages de roman, sa mère dans son lit, que son frère Vincent, qui a vendu un joueur, propose de rembourser affronte les problèmes par téléphone et que le rugbyman les dettes. Alex se réconcilie avec son père dont le fantôme fidjien a le mal du pays. _M.Q. disparaît, puis il danse nu face au soleil. Visa d’exploitation : 147042. Format : n.c. - Couleur - Son : Dolby SRD. 11 © les Fiches du Cinéma 2019
Histoire d’un regard À la recherche de Gilles Caron de Mariana Otero M. Otero travaille l’œuvre de G. Caron, photojournaliste DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents disparu en 1970, à même son deuil personnel, s’accaparant d’une façon bouleversante l’essence des u GÉNÉRIQUE photographies pour offrir un développement de soi- Scénario : Mariana Otero, avec la collaboration de Jérôme même - et faire de ces images des ressacs familiaux. Tonnerre Images : Hélène Louvart et Karine Aulnette Montage : Agnès Bruckert Musique : Dominique Massa Son : Martin Sadoux Production : Archipel 33 Production associée : Diaphana et MK2 Films Producteur : Denis Freyd Dir. de production : Juliette Sol Distributeur : Diaphana. © Jérôme Prébois / Archipel 33 93 minutes. France, 2019 HHH C’est lorsque, dans Histoire d’un regard, Mariana Sortie France : 29 janvier 2020 Otero lit une lettre, écrite d’Algérie où il subit la conscription, du photojournaliste Gilles Caron à sa mère, et alors que Otero a perdu un parent très jeune, sa mère, Clotilde défilent sur l’écran des images de la guerre du Vietnam, Vautier, en 1968, dans des circonstances tragiques. que semble poindre la plus belle substance du film : il n’y a La mort de la mère (du père) se caractérise par jamais juxtaposition de conscience avec une photographie ; les traînées de vie qu’elle laisse derrière elle, et infuse l’œil passe toujours outre, s’invente une vie propre, finit par le film. L’image absout, mais réactive la perte, comme s’accaparer la photo, remonte à son essence, et alors, il ne lorsque Otero, méticuleusement, recrée la chronologie reste plus rien qu’un grand flou qui emprunte autant à celui de la célèbre photo où Cohn-Bendit toise, en souriant, qui regarde qu’à celui qui montre. La photo existe seule, on un policier, pour en arriver à un tragique finale : ne lui fait pas dire ce que l’on veut, mais on peut, si l’on fait cette émulation estudiantine mais aussi populaire, l’effort, croiser son être dans le sien, le temps d’un regard. figée pour l’éternité dans des sourires frondeurs, C’est ce que veut montrer Otero à travers ce documentaire des moues déterminées, cette masse convaincue, - qui n’a rien de béatement hagiographique - consacré à émancipée, n’existe que dans le souvenir ému Gilles Caron, autodidacte, photojournaliste qui couvrit, d’une mère qui n’a pu y prendre part. Alors, pour conjurer la vingtaine à peine entamée, la Guerre des Six-Jours, celle le sort, Otero cherche ailleurs ; elle interviewe des du Vietnam, le Biafra, Mai-68, les mondanités parisiennes, catholiques de Derry, leur montre les photos de Caron, ils les révoltes catholiques en Irlande du Nord, documentant s’y reconnaissent mais semblent émerger d’un mauvais les conflits les plus éloignés des consciences européennes rêve. Alors, Otero cherche aussi la corporéité de autant que les heurts les plus locaux, les concerts les plus l’image, comme dans cette scène extraordinaire où frivoles. Gilles Caron qui, aussi, disparut soudainement à elle reconstruit, à l’aide d’un historien, dans son studio 30 ans, père de deux petites filles, au Cambodge. Et plus devenu chambre épiphanique ou plan de Jérusalem, qu’à une biographie sur celui qui révèle par l’image l’en-deçà le trajet matriciel, libérateur et coercitif de la “reprise” du monde, c’est à un questionnement sur l’avenir spectral de la ville Sainte. Alors enfin, après ce bouleversant d’un homme qui, une fois disparu, n’aura laissé que peu trajet, Otero peut s’approcher au plus près des icônes de représentation de son monde à ses proches, qu’invite le laissés par Caron, si près qu’elle n’y voit certainement film. Ce deuil entravé (comment travailler sur un deuil dont plus que des ombres, et fermer les yeux - comme la composante s’affiche en Une des journaux?), on le comprend dans les plus grands documentaires, on en aura plus vite, s’avère être le matériau de travail de la réalisatrice, appris sur cette conscience qui remonte le courant dans ses échos les plus sourds : comme les filles de Caron, pour embrasser son sujet. _C.D. Visa d’exploitation : 146146. Format : 1,77 - Couleur - Son : Dolby SRD. 12 © les Fiches du Cinéma 2019
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