L'accès au crédit des classes moyennes - Quels financements pour quels modes de vie ?
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L’accès au crédit des classes moyennes Travailleurs Indépendants . Retraités Étudiants . CDD . Familles monoparentales... Quels financements pour quels modes de vie ?
Sommaire Préambule Partie n° 1 Rapport d’étude 03 Synthèse de l’étude réalisée par la société Ipsos entre octobre et décembre 2011 Partie n° 2 La parole aux associations 23 Leur regard sur l’accès au crédit des classes moyennes Partie n° 3 L’analyse du sociologue 41 La lecture croisée des souhaits et des projets personnels des classes moyennes par Nicolas Herpin, sociologue
Préambule Un « livre vert » sur le crédit, pour quoi faire ? Depuis les temps les plus anciens, le institutionnelles de Cetelem et nos ate- crédit suscite de multiples controverses. liers de travail. La deuxième édition de ces Son histoire est jalonnée d’âpres discus- Rencontres, en juin 2011, a été l’occa- sions qui ont accompagné l’évolution de sion de proposer aux parties prenantes de la société. Aujourd’hui encore, le débat participer à la réalisation d’une étude sur reste ouvert. l’un des thèmes fondamentaux de notre C’est tout le sens de ce « livre vert », démarche de crédit responsable® : l’accès entretenir cette discussion et surtout au crédit. stimuler les réflexions sur ce que pourrait Comment fluidifier l’accès au crédit ? Com- être le crédit de demain. Comment ? ment l’ouvrir à des populations pour les- En donnant la parole à des personnes quelles il est limité ? Comment le décliner directement concernées par ce sujet, sur des thématiques et des problématiques les classes moyennes dans toute leur en phase avec les modes de vie actuels ? diversité. En résumé, comment répondre aux besoins de financement des classes moyennes Depuis près de deux ans, Cetelem réunit d’aujourd’hui ? régulièrement des acteurs de la société (associations de consommateurs, familiales, caritatives, acteurs sociaux, politiques, insti- Pourquoi les classes moyennes ? tutions…) concernés par le crédit aux parti- D’une part, parce qu’elles sont au cœur de culiers. Ces rencontres permettent d’échan- l’économie, comme l’ont montré plusieurs ger en toute transparence, de confronter ouvrages récents émanant tant d’écono- des points de vue parfois contraires, de mistes, de sociologues que de politiques. réfléchir ensemble avec pour ambition D’autre part, si les classes moyennes sont de faire évoluer les offres et les pratiques du le premier moteur de la croissance écono- crédit. C’est dans cet esprit qu’ont été ins- mique de ces dernières années, ce sont taurées en novembre 2010 les Rencontres aussi celles dont le moral a été gravement 1
affecté par la crise en raison de la précari- à la fois leurs besoins de financement et les sation de leurs emplois, des difficultés pistes possibles permettant de répondre de leurs enfants à trouver un travail en rap- aux problématiques de vie rencontrées. port avec leur niveau de diplôme, et d’un Quels produits et services ? Quel accom- ascenseur social qui ne fonctionne plus. pagnement ? Quelle forme de relation com- Ce sont donc celles qui, tout en jugeant merciale ? avec lucidité leur situation matérielle présente, s’interrogent fortement sur leur futur. Une démarche collective Enfin, si les candidats au crédit se Cette étude a été menée dans un esprit concentrent majoritairement et traditionnel- d’échange et de concertation avec les lement parmi les classes moyennes, cer- parties prenantes, partenaires associatifs tains profils socio-économiques en sont et institutionnels qui ont souhaité nous ac- paradoxalement écartés. compagner dans cette démarche. Les classes moyennes ne forment pas Plusieurs associations ont ainsi participé à pour autant une population homogène et sa mise en œuvre (validation des partis-pris ne sont pas éprouvés par la crise au même et de la méthodologie, analyse critique des degré. Pour étudier la diversité des situa- résultats intermédiaires). Leurs connais- tions, six modes de vie ont été distingués sances des publics concernés et leur ex- selon l’étape que le ménage périence du terrain ont par ailleurs permis d’enrichir les conclusions de cette étude de leurs remarques et de leur avis sans com- Une étude en deux temps plaisance. Leurs contributions ont été inté- Pour réaliser cette étude qualitative, nous grées à ce « livre vert ». nous sommes associés avec l’institut Nous les remercions à la fois pour leur dis- Ipsos, expert en recueil d’opinions, et le ponibilité et pour leur regard critique qui sociologue de la consommation Nicolas nous pousse à nous remettre en cause et Herpin, directeur de recherche émérite au plus généralement à construire le crédit de CNRS. demain. Autour du sujet central de l’accès au cré- dit, nous avons souhaité dans un premier temps, comprendre les priorités de vie, Cetelem les aspirations, les besoins, les rêves des classes moyennes, mais aussi leurs inquié- tudes, leurs difficultés à réaliser leurs pro- jets, voire leurs frustrations. Dans un second temps, à partir de ces constats, nous avons cherché à identifier 2
1 Rapport d’Étude Synthèse de l’étude réalisée par la société Ipsos entre octobre et décembre 2011
Méthodologie 1. L’humeur des classes moyennes 07 Bien privé et mal public Moi et les autres Un présent raisonnable, un futur prudent La famille, encore et toujours Focus sur six modes de vie 2. Le crédit… …oui, mais lequel 12 L’épargne, avant tout Crédit, je t’aime moi non plus Accès ou excès ? Des financiers qui prêtent à caution Au service du crédit 3. Le crédit de demain 15 Plus que du crédit Rétablir la confiance prêteur-emprunteur Le couple crédit-épargne Crédit sous contrôle personnel De l’organisme financier au « partenaire financier » Nouvelles attentes, nouveaux horizons : les propositions des classes moyennes • Plus d’accès • L’accès aux projets de vie • L’accès à la santé • L’accès aux savoirs • Plus de protection
Méthodologie de l’étude Autour du sujet central de l’accès au crédit, important ni de hautes qualifications le principe retenu a été d’organiser des focus universitaires (médecine ou droit, par groups rassemblant 80 personnes issues exemple), ou acquises dans de grandes exclusivement de la classe moyenne telle écoles d’ingénieurs ou de commerce. qu’elle est économiquement usuellement Certains ont accès au crédit, voire en définie : à savoir les personnes dont les détiennent, d’autres, de par leur situation, revenus par ménage se situent entre les ont ou auraient des difficultés à en obtenir. 20 % les plus hauts et les 20 % les plus bas La ventilation tient aussi compte de la de la population française. diversité (issus d’immigration, des Dom, enfants d’immigrés) et du statut de salarié public ou privé. Six groupes Pour étudier la diversité des situations, six modes de vie ont été distingués selon l’étape Une enquête qualitative que le ménage a atteinte dans son cycle de de type focus group vie (composition et situation familiales, Six rencontres ont été organisées à Paris stabilité dans l’emploi…). dans les locaux d’Ipsos et autant en province L’étude distingue les segments les plus (trois à Tours et trois à Lille). Dans chacun de stables de la classe moyenne des plus ces focus groups, dont la sélection et vulnérables. l’animation ont été réalisées par Ipsos, six ou Deux de ces groupes ont leurs ressources sept personnes, qui ne se connaissent pas, financières relativement peu affectées par la sont réunies pour converser pendant plus de crise : ce sont les Familles et les Seniors. deux heures. L’animateur (ou l’animatrice), Deux autres sont les plus ébranlés par la qui est formé(e) aux méthodes de la crise : les Autres Ménages en emploi stable dynamique de groupe, demande à chacun et surtout les Salariés ayant des revenus de formuler ses souhaits et ses projets et à irréguliers. Les Jeunes et les Petits tous les participants d’intervenir sur les Indépendants sont dans des situations obstacles que peut rencontrer leur réalisation. économiques intermédiaires. Aucune approbation n’est exigée. Les Les participants à ces focus groups sont conversations sont enregistrées et filmées. pour moitié des hommes et pour moitié des Ces enregistrements sont la matière première femmes. Ils ne disposent pas d’un patrimoine des analyses ici présentées. >>> 5
6 groupes, modes de vie Les FAMILLES Les Seniors Âgés de 30 à 50 ans, ce sont des couples Ils sont âgés de 50 à 70 ans. Ils sont pour moitié biactifs avec des enfants au foyer. Les conjoints salariés actifs en fin de carrière et pour moitié sont salariés en CDI ou fonctionnaires titulaires. retraités ou préretraités. Certains ont encore Ces ménages présentent une bonne répartition à charge de grands enfants en cours d’étude. du nombre d’enfants (- de 2, + de 2). Ils sont Ils ont aussi à prendre soin de leurs propres le plus souvent propriétaires ou en accès parents en fin de vie. La plupart sont à la propriété de leur logement. propriétaires de leur logement. Les Petits Indépendants Les Indépendants de la classe moyenne ne sont ni des professions libérales (avocats, médecins, Les Jeunes notaires, architectes, etc.), ni des employeurs (gérants d’entreprise commerciale, chefs Ils ont entre 18 et 30 ans, sont pour moitié d’exploitation agricole). étudiants et pour moitié actifs (CDI, CDD, Intérim, Leur groupe est composé de professionnels entrepreneurs, commerçants). de la santé (infirmières exerçant en libéral, etc.), de l’audiovisuel (régisseurs photo, éditeurs de logiciel, graphistes internet) et de commerciaux (agents multicarte, négociateurs immobilier). Ils ont entre 30 et 70 ans. Les Autres € Les Salariés Ménages en aux revenus emploi stable irréguliers Ils présentent un âge et un profil professionnel En CDD du secteur public ou privé, en contrats identiques au groupe des Familles (CDI, aidés ou d’intérim, tous ont en commun de vivre fonctionnaires). Ce groupe s’en distingue parce depuis plus d’un an la précarité professionnelle, qu’il est formé soit d’une personne vivant seule subie ou choisie. ou récemment mise en couple sans enfant, Ils sont diplômés et ont des expériences soit d’une personne à la tête d’une famille professionnelles variées. Certains ont quelques monoparentale. réserves (épargne, propriétaires d’un logement) qui s’épuisent avec la prolongation de la crise. Ils ont entre 30 et 55 ans. 6
1. L’humeur des classes moyennes Bien privé et mal public Assurance Maladie… Mais les entreprises privées ne s’en sortent pas indemnes. Les classes moyennes françaises ont Banques et assurances sont ainsi souvent indubitablement le sentiment d’être jugées « amorales », dans un contexte où le entrés dans une zone de fortes turbu- besoin d’éthique et de transparence est exigé. lences sans savoir quand ils en sortiront. « J’ai payé une assurance et, au final, quand Mais s’ils ont traditionnellement un sentiment il m’est arrivé quelque chose, j’ai dû payer un mitigé quant à la situation globale du pays, ils avocat pour faire valoir mes droits. » (Autres sont relativement plus sereins pour ce qui les Ménages, Tours.) concerne personnellement. De ce fait, le tissu associatif, particulièrement s’il « En ce moment, on a l’impression que cela ne valorise un mode social alternatif, est épargné. va pas super bien dans notre pays. » (Autres Ménages, Tours). Moi et les autres Nul doute que ce climat économique et poli- tique incertain exacerbe les inquiétudes. Le mo- À l’opposé de ce collectif vacillant sur ses dèle social qui servait de référence aux classes bases, l’individu résiste, trouve des moyens sociales ne semble plus fonctionner comme d’espérer. Le « je » s’affirme face au « nous ». auparavant. La déchéance économique d’une « Je suis partagé : je suis serein pour le travail, nation, avec ses conséquences funestes, ne pour ma vie, mais par contre, cette société paraît plus appartenir à la seule histoire passée. n’est pas celle dans laquelle j’aimerais vivre. » La trajectoire récente de la Grèce le démontre. (Salariés aux revenus irréguliers, Lille.) Et, à tort ou à raison, les classes moyennes ont « Je ne baisse pas les bras. Je me dis que plus que les autres le sentiment de payer les malgré tout, on peut s’en sortir. J’ai conscience pots cassés de cette crise présentée comme la du mal-être général, mais si on se lamente, plus forte depuis celle de 1929. on n’amène rien. » (Seniors, Paris.) Il en résulte une méfiance qui se propage On prête ainsi plus de vertu à l’énergie indivi- vis-à-vis du système, en décalage avec la duelle qu’à la solidarité collective. La cote de réalité de ce qui est vécu, un système qui ne la confiance en soi remonte. sait pas s’adapter aux changements de la « Résignée, c’est un adjectif qui ne société. Les structures publiques sont par- me correspond pas. On ne peut pas ticulièrement visées : Éducation nationale, se résigner, on a toujours la possibi- 7
Rapport d’étude lité de montrer son désaccord. » (Familles, Si le temps présent n’est pas propice au Paris.) Pour résister, pour s’en sortir, peu rêve, le futur ne semble guère non plus importe parfois les moyens employés devoir s’y prêter. Ou alors un rêve mesuré, pour atteindre ses fins. Si le troc et tout empreint de possible et de raisonnable. l’entraide sont privilégiés, la débrouille, « Je suis en école de commerce. On ne voire même la falsification, n’est pas nous cache pas que les années à venir vont écartée. Dans un contexte d’accrois être difficiles. Mais ça ne m’empêche pas sement important des loyers, surtout d’être optimiste par rapport à mes projets. » dans les grandes villes, la prolifération (Jeunes, Paris.) des fausses factures est ainsi une réa- lité comptable. Sans s’en offusquer, la La famille, encore et toujours conversation des groupes fait état des coups de canif à la légalité. Les fortunes Alors, face à cet avenir qui inquiète, les qui se font dans les industries culturelles classes moyennes se recentrent sur des sont présentées comme plus immo- valeurs qui, à leurs yeux, incarnent autant de rales que le téléchargement illégal de la certitudes. À mi-chemin entre l’individu et le musique, du cinéma et bientôt du livre. collectif, la famille est la première d’entre La classe moyenne apparaît ainsi elles, parents et enfants étant associés dans aujourd’hui plutôt désinhibée. un seul et même devenir. « La réussite de mes enfants déterminera Un présent raisonnable, ma propre réussite » (Familles, Paris.) un futur prudent Le coût de l’éducation est anticipé avec réalisme mais aussi, surtout pour les Au couple « je-nous » correspond un duo parents d’enfants jeunes, avec inquiétude. « présent-avenir » tout aussi contradictoire. Pour la plupart, l’objectif à atteindre est Ce qui est possible dans l’immédiat est for- celui des diplômes délivrés par l’université cément raisonnable. « Je n’ai pas de grands ou les grandes écoles. Or, cet itinéraire est projets : juste continuer à faire de la mu- source de dépenses importantes. L’Obser- sique, me stabiliser professionnellement. » vatoire Cetelem 2012*, consacré aux (Salariés aux revenus irréguliers, Paris). classes moyennes en Europe, souligne la Les ambitions se réduisent. Les visées priorité accordée à la famille, mais plus immédiates et terre à terre, dont on peut encore aux enfants. Pour 60 % des Fran- mesurer la réussite, sont retenues. Quand çais, leur avenir est une préoccupation réussite il y a.Un projet de faire le tour du majeure et 70 % des Européens se monde en bateau est jugé, en l’état, déclarent prêts à faire des sacrifices si irréalisable. Certaines catégories comme les nécessaire. Des sacrifices au profit d’une Salariés aux revenus irréguliers, les Petits meilleure éducation, avec les dépenses Indépendants ou les Autres Ménages en que cela induit. Car, pour les classes emploi stable semblent devoir être moyennes, l’éducation est devenue un entièrement focalisés sur ce présent aussi poste budgétaire à part entière, un inves- proche qu’éphémère. tissement à long terme. Il convient de * L’Observatoire Cetelem est réalisé sur la base d’une enquête barométrique menée par TNS Sofres dans douze pays, sur des échantillons représentatifs des populations nationales de 18 ans et plus. 8
pouvoir payer les meilleures écoles, les auront les armes pour faire face aux diffi- cours particuliers si besoin, les sorties cultu- cultés de la vie, qu’ils seront heureux à la relles qui viennent compléter cet indispen- fois dans leur famille et leur travail. » sable bagage, et les séjours linguistiques (Famille, Tours.) alors que la pratique d’une autre langue Agrégés à ce socle familial, d’autres que la sienne est jugée indispensable. thèmes font également l’objet d’un « Pour moi, j’aurai réussi ma vie quand consensus affirmé, tels le logement et la mes enfants seront indépendants, qu’ils santé. l Ce que nous avons appris es classes moyennes aux rêves réalistes D et malgré tout difficilement réalisables. Peu de grands rêves, des souhaits limités et réduits à des projets concrets. Un rapport paradoxal à ce monde incertain. Pessimistes quant au devenir collectif mais relativement optimistes quant à leur situation personnelle, les classes moyennes : • se sont aménagé des bulles de calme, de répit : leur foyer (le « chez soi ») et leur famille (le « entre nous ») ; • compensent le manque de confiance vis-à-vis du collectif par une relative confiance en soi : repli sur les ressorts personnels, la débrouille, le troc… autant de moyens pour rebondir. ace à ce collectif sans repères et déréglé, F une classe moyenne désinhibée. « Tous les coups sont permis », triche… e sentiment partagé que l’avenir sera pire L que le présent. Avec deux conséquences : • une difficulté à se projeter dans l’avenir et un surinvestissement du présent chez certains (Salariés aux revenus irréguliers, Indépendants, Autres Ménages) ; • un mécanisme de transfert des craintes et des ambitions sur les enfants. ans un monde qui change dans le sens D de plus grandes difficultés, la classe moyenne : • n’est pas abattue et sait qu’elle a l’énergie pour rebondir ; • se concentre sur la famille, centre du bonheur ; • déplore l’absence de changement, le retard dans l’adaptation des structures, des organismes et du collectif. 9
6 Focus sur modes de vie FAMILLES SENIORS Les enfants sont naturellement leur grande La page professionnelle étant souvent tournée, préoccupation. À la fois la référence et l’objectif, il s’agit d’anticiper un changement de rythme leur réussite représente l’alpha et l’oméga. et de niveau de vie. L’entraide occupe alors une L’éducation apparaît ainsi comme la clé de voûte place centrale, les Seniors jouant le rôle de pivot d’un parcours social digne de ce nom. Mais entre générations montantes et descendantes. comme l’école est jugée défaillante, les cours Le choix d’une activité associative ou professionnelle particuliers et autres voyages linguistiques permet de rester actif, de maintenir des liens sociaux, viennent compenser. Autant de dépenses qui voire de compléter une pension jugée insuffisante. constituent un poste budgétaire à part entière. La retraite devient aussi le moment idéal où les Dans ce contexte éducatif inflationniste, projets longtemps repoussés se réalisent, au profit le financement des études supérieures, au-delà d’un épanouissement personnel devenu possible. des seuls frais d’inscription, nourrit une certaine Mais les Seniors ne perdent pas le sens des réalités. inquiétude. Pour autant, les parents sont prêts L’immobilier est au centre de leur attention comme à aider leurs enfants à s’installer afin de bien solution pour aider les enfants, investir pour commencer dans la vie. Ils envisagent la propriété compléter leurs revenus, se prémunir en vue des comme un moyen de transmettre un patrimoine. dépenses futures. C’est en effet une solution Ils anticipent une dépendance potentielle pour patrimoniale parmi d’autres permettant d’anticiper ne pas être à la charge de leurs enfants. leur propre dépendance, une situation à laquelle ils sont déjà souvent confrontés car ils ont dû ou « J’aurai réussi ma vie quand mes enfants seront doivent eux-mêmes s’occuper de parents devenus heureux à la fois dans leur famille et leur travail. » dépendants. « Je ne m’attends pas à ce que mes enfants me donnent de l’argent. Pour moi, ça marche dans « J’aimerais aider mes enfants à se loger. le sens contraire. » Si je pouvais, je leur achèterais un appartement. » « On ne fait pas des enfants pour qu’ils s’occupent « Être propriétaire, c’est un moyen de ne plus avoir de nous quand on sera vieux. » à payer quand on sera à la retraite pour pouvoir en profiter. » « J’ai une assurance dépendance. Je prévois car, quand on voit le prix des maisons de retraite, c’est affolant. » 10
PETITS JEUNES INDÉPENDANTS Particulièrement critiques envers le système Indépendants et fiers de l’être, telle pourrait éducatif qu’ils jugent inadapté et le monde être leur devise. Tout bien pesé, ils n’envient professionnel qu’ils n’estiment pas vraiment pas les salariés. Le choix des horaires, des clients, accueillant et motivant, les Jeunes souhaitent tracer du lieu de vie et de travail, compense les difficultés eux-mêmes leur chemin. En se prenant personnel- inhérentes à leur statut. Et si l’activité est plus lement en main, ils entendent repousser la routine risquée, source d’incertitudes, la capacité à et la stagnation. Pragmatiques, ils multiplient les rebondir, à réinventer le présent fera toujours stages et les expériences professionnelles pour la différence. Pourtant, ce ne sont pas les à la fois compléter leur formation et choisir de façon incertitudes et les difficultés qui manquent. sûre leur voie. Révélateur d’indépendance et de Les revenus par nature fluctuent. rêve, l’entrepreneuriat les attire. Face à un modèle La couverture sociale et la retraite complémentaire social dont ils doutent de la pertinence, ils veulent posent question dans leur dimension obligatoire. se prémunir individuellement et devenir rapidement L’accès au logement est problématique. Les loisirs et propriétaire. Enfin, leur horizon ne saurait les vacances sont parfois inexistants, la vie de famille se limiter à nos seules frontières géographiques. dut-elle en pâtir. Et le stress est souvent présent. Apprendre une langue et voyager font partie de leurs aspirations. « Mes projets, ce sont des projets professionnels pour la plupart. » « J’ai horreur de la routine, que ce soit « J’anticipe et je place dès que j’ai un bon mois. en couple ou professionnellement. » J’essaye de bloquer un peu pour les mois « L’orientation, actuellement, où ça fonctionne moins bien. » c’est une catastrophe. » « Ca fait 33 ans que je travaille et je ne peux toujours « J’aimerais pouvoir voyager. Je sais pas m’acheter un appartement. » que cela contribuerait à mon bonheur. » € SALARIÉS AUTRES AUX REVENUS MÉNAGES IRRÉGULIERS EN EMPLOI STABLE Pour ces intermittents, intérimaires ou salariés en Ils ou elles sont célibataires sans enfant ou divorcé(e)s CDD au présent incertain, l’avenir professionnel ayant la charge d’enfant(s). Ils ont beau avoir des est la première préoccupation, un avenir qu’ils emplois stables (CDI ou fonctionnaires), la vie est préféreraient stable. Si certains pensent gagner dure quand il n’y a pas le salaire du couple biactif. moins en CDI, leur choix (quand c’est un choix…) Comme le dit un homme (Paris) qui s’est récemment a pour prix une certaine précarité. Seul le fait installé en couple et qui a un emploi stable : d’avoir des enfants les inciterait à travailler « Le célibataire a une vie difficile. Ma vie a changé « comme tout le monde ». avec ma mise en couple. » Cependant, pour tous, la stabilité financière Le quotidien remplit tout l’espace temporel et il est permettrait de mieux gérer les imprévus, difficile de se projeter dans l’avenir tant le présent de faire face aux dépenses de santé, est en permanence au cœur des préoccupations. de financer des projets, même mineurs. Si la personne n’a pas d’enfant, la nécessité de se Faute de stabilité, la gestion quotidienne projeter dans le futur ne saute pas aux yeux. Sans se fait précise et pointilleuse, les projets enfant, les raisons de résister à la pression d’en faire à long terme appartenant à un autre monde. trop au travail sont moindres, d’autant que la Pour la plupart, le logement cristallise leur situation matérielle qui en découle est appréciable. situation. Un logement qu’on rêve d’acheter, Pour celles et ceux qui élèvent seuls leur(s) enfant(s), ce rêve restant trop souvent inaccessible. les questions financières sont souvent sans réponse. Coûts de santé élevés, trésorerie sous tension, « Mon souhait, c’est de pouvoir continuer à gagner imprévus permanents, épargne impossible, accès au ma vie avec ma passion. » crédit limité, il est souvent difficile de boucler les fins « Si je gagne 100 euros, je ne dépense pas de mois… L’éducation des enfants n’en est que plus 110 euros, je diffère mes achats. » cruciale, et toujours préférentielle, alors que la « Ce que je souhaite, c’est la sécurité de l’emploi, certitude d’y arriver financièrement est loin d’être un CDI, et je souhaiterais être propriétaire. Mais acquise. Préparer sa retraite peut alors attendre. pour cela, il faudrait gagner au Loto ! » La solidarité familiale vient fort heureusement pallier en partie ces difficultés. « Le quotidien impose des choix : entre deux échéances, on voit quelle est la plus urgente. » « Ma fille veut faire une école de dessin, je ne sais pas comment je vais faire. » « La retraite ? On a trop d’aléas pour y penser. » 11
Rapport d’étude 2. Le crédit... ... oui, mais lequel ? L’épargne, avant tout Crédit, je t’aime moi non plus Contrairement à de nombreux pays, Le crédit n’est pas encore entré dans les notamment anglo-saxons, la France est mœurs en tant qu’outil budgétaire à part un pays d’épargnants. Mi-2011, le taux entière. Un Tourangeau (Familles) l’affirme : d’épargne s’établissait à 17 % du re- « Faire appel au crédit, c’est quand on n’a venu disponible brut, un score stabilisé pas le choix ». Pour un autre habitant de entre 15 et 16 % ces dernières années. Tours (Autres Ménages), « Les loisirs, les Pour ce Parisien (Autres Ménages en choses éphémères, les voyages, on ne emploi stable), « L’épargne, c’est un ma- veut pas les financer à crédit. Le crédit, telas de sécurité en cas de coup dur. » ça doit être pour les indispensables. » L’épargne, outil de gestion du budget, Derrière ces points de vue, il apparaît que est donc pour cette personne un moyen le crédit est une affaire trop sérieuse, voire qui lui permet de maintenir son mode de dangereuse, pour être pris à la légère et vie habituel (sa capacité à se déplacer être utilisé pour financer des projets dont la pour se rendre au travail si, par exemple, « superficialité » serait l’une des principales sa voiture est accidentée). D’autres, composantes. notamment parmi les jeunes ménages, Cette image du crédit renvoie à celle souvent s’équipent en utilisant le crédit sachant associée à l’argent dans des sociétés que leur consommation courante res- empreintes de valeurs paysannes. Aux tera quasiment inchangée, qu’ils rem- xixe et xxe siècles, l’argent était thésaurisé boursent des mensualités de crédit ou pour acheter des terres et, à défaut, de qu’ils épargnent pour s’équiper dans le l’or. Au xxie siècle, les Français dans leur futur. Notons aussi certaines spécifici- ensemble n’ont pas la moindre réserve tés françaises comme les divers livrets morale à l’égard du crédit quand il est pris d’épargne réglementée, souvent ouverts pour acheter son logement et se constituer au nom des enfants. Une tradition bien ainsi un patrimoine. Cela peut même être vivante qui a contribué et contribue considéré comme un échec de ne pas encore au taux d’épargne élevé des réussir à devenir propriétaire au cours de sa ménages français. vie active. Car cela revient à imposer à son 12
entourage (ses parents ou, plus tard dans individuelle et que si les gens ne savent le cycle de vie, ses enfants) son manque de pas gérer leur budget, il ne faut pas qu’ils prévoyance. Cette conviction est toujours empruntent. très présente dans les esprits lorsqu’on parle crédit. Une morale enseignée même Des financiers qui prêtent à l’école ; qui n’y a pas appris La cigale à caution et la fourmi ? Contrairement à ce qui est souvent affirmé, la religion n’est pas Cette peur se double d’une grande méfiance pour grand-chose dans cette orientation envers leurs principaux interlocuteurs en ancestrale. Aux États-Unis, où les citoyens matière de crédit. Les organismes financiers sont très imprégnés de valeurs religieuses ne sont pas perçus comme les acteurs qui ont puritaines, le taux d’épargne est pourtant le plus pâti de la crise, bien au contraire. Leurs voisin de zéro. clients en revanche craignent qu’ils leur fassent supporter cette mauvaise passe (coûts supplé- Accès ou excès ? mentaires, traitement dégradé…). • Il résulte de ce manque de confiance le Aux yeux de beaucoup, le crédit n’est besoin de reprendre ses affaires financières pas en résonance avec les situations en main. de la vie et encore moins avec les « Être gestionnaire, c’est avoir la main, pou- rêves des classes moyennes, fussent- voir contrôler », affirme un Parisien (Autres ils très raisonnables. Entre un crédit Ménages). trop laxiste, trop irresponsable, trop Ce souhait est naturellement plus fortement « argent facile » et un crédit trop rigide, exprimé par les clients qui estiment avoir les trop exclusif et excluant, il ne semble connaissances financières pour le faire, voire pas exister de juste milieu. qui pensent que, eu égard aux turbulences « Il faudrait un produit qui évolue avec la récentes, ils devraient être capables de faire vie du client. Quelque chose de moins aussi bien que les professionnels pour gérer linéaire, d’adaptable. » (Famille, Paris.) leur argent. Mais en temps de crise, alors que • Seconde conséquence de cette suspicion, la le chômage atteint ses plus hauts revalorisation de la relation humaine. Comme sommets depuis des années, alors que pour faire barrage à une déshumanisation l’insolvabilité financière gagne les États, toujours plus forte du rapport marchand – le crédit fait également peur parce qu’il mise en évidence et accentuée par le dévelop- est, aujourd’hui, dans l’esprit des gens pement du commerce en ligne –, la demande non plus un gage de situation meilleure de dialogue, de conseil, de contact « en chair mais un risque avéré de précarité. Plus et en os » est clairement exprimée. En ce précisément, il est très largement associé sens, connaissance rime avec confiance. Une au surendettement. connaissance symétrique qui voit le conseil- « Je n’ai pas envie que cela m’arrive », ler « suivre » son client au quotidien et le client témoigne un Parisien (Pivot), tisser des liens durables avec ce dernier. Pas « Mais ça peut arriver, c’est vrai ! Il suffit étonnant qu’une banque se soit emparée de de l’énorme imprévu… ». cette thématique pour valoriser le fait que ses La spirale de la paupérisation est conseillers restaient en place au-delà des trois globalement palpable. Seule une minorité années habituelles. Cette relation, synonyme estime que le surendettement est avant d’accompagnement au long cours, semble tout une question de responsabilité particulièrement adaptée au crédit. 13
Rapport d’étude « En cours de crédit, notre conseiller pourrait de reconstruction et d’équipement des nous appeler pour faire un bilan, un diagnos- mé nages marquée entre autres par le tic et éventuellement nous aider à ajuster », développement des établissements de suggère un Parisien (Familles.) crédit, le crédit servait exclusivement au Derrière cette demande émerge le souhait financement de biens matériels. qu’un organisme financier ne soit pas seule- Aujourd’hui, il finance déjà des projets, ment présent jusqu’à la signature du crédit et comme les loisirs, et est promis à le faire disparaisse ensuite totalement. davantage encore dans les années à venir. Les études, la formation, les soins, la dé- Au service du crédit pendance sont autant de domaines pour lesquels la demande de crédit est potentiel- Alors, qu’est-ce qui pourrait renforcer lement croissante. Et sur de tels sujets, qui la confiance entre clients et organismes ont trait à l’homme et non plus aux biens, financiers ? La réponse est claire : le déve- les consommateurs attendent du crédit loppement d’offres de services qui justifient qu’il ne se résume plus au seul finance- vraiment que l’on considère le crédit ment, que le conseil, l’accompagnement, comme un service financier à part en- les garanties et le risque du surendettement tière. Ceci valide une évolution historique soient pris en compte au niveau de l’offre du crédit. Dans les années qui ont suivi pour répondre à leurs attentes d’au- la Seconde Guerre mondiale, période jourd’hui. l Ce que nous avons appris Une relation au crédit qui résulte de trois grands éléments de contexte Des Français traditionnellement épargnants. • Des comportements d’épargne à court terme et pour préparer les projets. • Un recours au crédit rentré dans les mœurs mais pas encore perçu comme un outil de gestion du budget. • L’angoisse de l’endettement qui renvoie à la peur de la spirale de la paupérisation. • L’association de valeurs morales à l’argent et à la façon dont on le dépense. L’impact de la crise sur les attentes et sur l’image des établissements financiers. • Un doute général à l’égard de la bienveillance des établissements financiers et la volonté de reprendre la main. • La revalorisation de la relation de confiance et du conseil. • L’intérêt croissant pour des offres non financières (services, systèmes d’échange…). Un nouveau paradigme de consommation et donc de nouveaux besoins de financement. • Des biens durables aux projets, aux services et à l’immatériel. • Du seul financement à la demande d’accompagnement, de services, de prestations complémentaires, de garanties… 14
3. Plus que du crédit Le crédit de demain • La première a été étudiée par la sociologie historique dans des travaux sur l’argent. La notion de crédit telle qu’elle est projetée par L’argent n’est pas seulement un instrument les participants aux focus groups se déploie dans l’échange marchand. Son usage doit bien au-delà de l’accès traditionnel au finan- obéir à une sorte de moralité. cement d’équipement en biens durables. « Le taux d’intérêt devrait être en fonction D’une part, elle s’ouvre largement aux de ce que l’on achète. Il faut que le taux soit services : la santé, la formation, l’éduca- moins cher pour le vital et plus élevé pour le tion, l’aide à la dépendance sont autant de superflu. » (Famille, Paris.) domaines où des solutions de financement Le coût du crédit devrait être modulé en fonction doivent pouvoir exister. de l’usage qu’on en fait et respecter la hiérarchie D’autre part, elle dépasse celle du seul « naturelle » des besoins. Il est jugé immoral financement pour intégrer les services, les qu’on paie pour des dépen ses nécessaires garanties, les conseils qui viendraient com- (santé, éducation, etc.) le même prix que pour pléter l’offre de base. Elle ne saurait d’ail- des dépenses super flues ou de luxe. Cette leurs exister sans son corollaire, l’épargne. conception nourrit clairement en arrière-plan une Enfin, elle intègre des exigences morales et revendication à connotation sociale. sociales fortes. • La seconde attente est également morale, mais dans un tout autre sens. Rétablir la confiance « On m’a refusé un prêt, car je n’avais pas la prêteur-emprunteur sécurité de l’emploi. J’avais de l’argent de côté, pourtant. Finalement, mon père a dû se porter Avant de décrire les multiples propositions garant. Je l’ai très mal vécu. » (Salarié aux suggérées dans les focus groups, il est revenus irréguliers, Paris.) nécessaire de parler de deux « attentes vis-à- L’emprunteur doit être respecté comme une vis du crédit » sur lesquelles les consomma- personne libre : sa capacité à emprunter ne teurs se sont largement exprimés. Elles ont doit pas être soumise à la bonne volonté de rencontré une large unanimité. son entourage familial. 15
Rapport d’étude Il attend du prêteur que ce dernier lui fasse épargne » (Famille, Paris.) confiance. En contrepartie, il peut donner Cette idée de compte-crédit est évoquée des preuves de son comportement res- par l’ensemble des groupes, pour toutes ponsable. sortes de projets. Mais c’est bien l’épargne À une époque où le travail indépendant et qui est « moteur » de ce compte d’un nou- les contrats précaires se développent, la veau genre puisqu’elle conditionnerait l’oc- fiche de paie ne doit plus être le seul cri- troi du crédit et que sa rémunération servi- tère d’accès au crédit. rait à en rembourser les mensualités. « Il faudrait quelque chose de plus souple et pertinent sur l’octroi des prêts. Par Crédit sous contrôle exemple, prendre en compte l’historique personnel sur plusieurs années et non le revenu mensuel. » (Petit Indépendant, Lille.) Autre dimension attendue, la modularité. Capacité d’épargne, historique bancaire, À ne pas confondre avec la variabilité. montant du loyer payé, secteur d’activité Il ne s’agit pas de bénéficier de crédits à professionnelle (risque d’emploi) devraient taux variable, dont la diffusion abusive et faire partie des critères d’acceptation d’un les modalités irresponsables dans certains crédit, histoire d’éviter l’injustice réelle pays ont provoqué les effets néfastes que ou ressentie. Le passé d’un emprunteur, l’on connaît. auprès d’un même organisme notamment, Dans l’esprit de certains, c’est le contrôle est là pour prouver qu’il tient sa parole. de la vie du crédit par l’emprunteur, qui est Dans ce cadre, la bonne réputation, que le en question. prêteur peut se faire confirmer par des tiers, « J’aimerais gérer mon prêt de A à Z, le lui donnerait des droits légitimes : un montant moduler en toute transparence. » (Autres de crédit plus élevé, un coût plus bas… Ménages, Paris.) Il ne s’agit pas ici de s’interroger philoso- Plus généralement la modularité garantit phiquement sur la cohérence de ces deux une meilleure prise en charge des aléas de attentes. En revanche, il est clair qu’elles la vie, avec des parcours désormais moins ne conduisent pas aux mêmes clés d’en- linéaires. Dans ce sens, l’idéal serait de pou- trée pour envisager les crédits de demain voir librement ajuster les mensualités, voire les ni peut-être à la même organisation de leur suspendre. À l’inverse, un remboursement attribution/distribution. anticipé facilité apparaît comme une manière de repousser l’idée même d’endettement Le couple crédit-épargne et sa face noire, le surendettement. Plus vite je rembourse, plus vite je me mets à l’abri. Une des autres pistes générales très fré- quemment évoquées serait d’associer De l’organisme financier étroitement épargne et crédit. Une piste au « partenaire financier » semblant offrir des perspectives pertinentes dans un pays où l’épargne est reine. À la place des termes « banques » et « Plutôt que de mettre notre argent sur un « organismes financiers », les personnes compte bien rémunéré, la banque s’enga- interrogées s’accordent pour y substituer les gerait à nous faire un taux défiant toute mots de « partenaires financiers » avec tout concurrence, mais en contrepartie, elle ne ce que cela comporte, notamment en termes rémunérerait que très faiblement le compte de relation : des interlocuteurs indiscutables 16
au plan de l’éthique et de la responsabilité, du client qui prime, ce dernier bénéficiant qui connaissent et reconnaissent leurs clients d’un statut, et de produits qui vont avec, pour leur proposer des offres réellement digne d’une banque privée. Pour les personnalisées. Familles, l’intérêt du client est clairement D’un groupe cible à l’autre, cette notion prioritaire sur l’intérêt du partenaire financier. revêt cependant des nuances. Pour les Pour les Salariés aux revenus irréguliers, les Jeunes, obtenir des conseils, des services Petits Indépendants et les Autres Ménages et des offres personnalisées est primordial. ce sont les conditions d’accès et les tarifs Pour les Seniors, c’est la reconnaissance qui comptent avant tout. l Ce que nous avons appris Pistes de solutions projetées Des produits associant épargne et crédit : des « comptes épargne-crédit ». Des offres de prêt intégrant des services, de l’assistance, voire des garanties. La possibilité de moduler ses remboursements et de les anticiper : • le « crédit dont vous êtes le gestionnaire » ; • le crédit « modulable », adaptable au projet et à ses aléas. Des taux différenciés selon le type de consommation projetée (superflue vs nécessaire). La reconnaissance de la fidélité. 17
Rapport d’étude Nouvelles attentes, nouveaux horizons : les propositions des classes moyennes Nombreuses sont les propositions exposées au travers des focus groups. À ce stade, leur faisabilité, leur réalisme n’est pas en question. Mais leur richesse est à même de nourrir la réflexion sur le « crédit de demain », et de dégager une vision qui loin de se limiter aux seules frontières financières peut ouvrir résolument le crédit à de nouveaux horizons. Plus d’accès Des suggestions qui visent à favoriser l’accès au crédit en particulier des classes moyennes qui en sont aujourd’hui écartées (élargissement des critères d’octroi, reconnaissance du client…). Attente 1 Attente 2 Attente 3 Tenir compte de Récompenser Ouvrir plus grand l’historique client la fidélité les portes du crédit Principe : Si le profil de l’emprun- Principe : La fidélité à un partenaire Principe : Les futurs emprun- teur est celui d’un « bon payeur », financier, en cas de nouveau teurs accèdent à un « Club l’accès au crédit est plus rapide et crédit, est récompensée par Crédit » moyennant le versement moins contraignant. De même, sa des avantages tarifaires (taux d’une cotisation mensuelle de capacité d’épargne, son historique réduit, mensualité offerte, rachat 10 euros par mois. Cette « carte bancaire, le montant de son loyer, de crédit facilité, chèques- de visite » leur facilite l’accès au la « qualité » de son activité pro- cadeaux…), voire par un traite- crédit à des taux préférentiels. fessionnelle sont prises en compte ment privilégié (« proche de la pour l’octroi de son crédit. banque privée »). Une carte de fidélité crédit matérialise ce statut. Attente 4 Attente 5 Attente 6 Prendre en Financer des Lier crédit compte l’urgence projets propres et engagement des besoins aux retraités social de financement Principe : Un compte épargne Principe : Une partie du crédit Principe : En cas d’imprévu retraite donne droit à des est remboursée par des heures (changement de chaudière avantages et réductions sur de bénévolat au sein d’une en hiver, panne d’un véhicule des voyages, des billets d’avion, association. professionnel…), un crédit est des sorties culturelles… proposé à un taux préférentiel, différent de celui qui serait accordé pour un projet moins urgent. 18
L’accès aux projets de vie Des attentes qui reflètent avant tout la demande de personnalisation et d’adaptation des solutions de financement aux besoins et aux modes de vie des différents profils. Attente 1 Attente 2 Attente 3 Disposer d’un Lier épargne Offrir une solution crédit qui couvre et crédit, parents complète aux futurs l’ensemble des et enfants automobilistes besoins d’installation Principe : Un compte épargne- Principe : Un crédit « permis + Principe : Ce crédit finance le crédit joint « parents-enfants », auto » qui finance à la fois le prix déménagement, les premiers mois alimenté par une épargne du permis de conduire et celui de caution, les frais d’agence, régulière des parents et par de la première voiture, voire les travaux éventuels, l’achat de les bourses éventuelles et de l’assurance. meubles et d’électroménager : les revenus des « petits boulots » - Un partenariat entre l’établis- - les tarifs sont négociés auprès des enfants. Le crédit accordé sement financier et l’auto école de prestataires partenaires choisis ; aux parents bénéficie aux enfants. qui s’engage sur un prix - il intègre une dimension services : forfaitaire jusqu’à l’obtention conseils sur les formalités, contacts du permis. utiles, orientation vers des aides, gestion du budget… Attente 4 Attente 5 Assurer le bon Étaler les dépenses financement de réparation des travaux du quotidien Principe : Bénéficier d’un taux aux Principe : Moyennant une petite mêmes conditions que celui du somme épargnée mensuelle- prêt contracté pour l’achat d’un ment, ce compte donne droit à un bien immobilier. volume de réparations déterminé, assurées par des artisans sélec- tionnés. L’accès à la santé Dans le domaine de la santé, l’une des préoccupations majeures des classes moyennes, les attentes conjuguent allégement de l’impact financier et solidarité. Attente 1 Attente 2 Attente 3 Favoriser l’accès Tenir compte de Anticiper les aux soins à des la finalité du crédit frais liés à la tarifs sûrs dépendance Principe : Parce qu’il s’agit des parents Principe : Des accords de de santé, le crédit est proposé partenariat sont signés avec à un taux d’intérêt très bas. Principe : Tous les enfants des professionnels de santé qui : d’une famille cotisent à une - acceptent le paiement assurance leur garantissant en plusieurs fois avec une aide financière en cas de un faible taux d’intérêt ; dépendance de leurs parents. - ne pratiquent pas de Un portail d’information sur dépassements d’honoraires les solutions liées à la dépen- ou en font peu. dance et les aides complète le dispositif. 19
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