Agir pour l'albatros d'Amsterdam - L'essentiel du plan national d'actions 2011-2015
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Agir pour Agir pour le Milan royal l’albatros d’Amsterdam L’essentiel L’essentieldu du plan plan national d’actions national d’actions 2008-2012 2011-2015 Ministère de l'Écologie, Ministère de de l'Énergie, l’écologie, du du Développement durableetetde Développement durable del’énergie la Mer, en charge des Technologies vertes et des Négociations sur le climat www.developpement-durable.gouv.fr www.developpement-durable.gouv.fr
Qu’est ce qu’un plan national d’actions ? Un plan national d’action a pour objectif la conservation des espèces menacées et participe à l’intérêt collectif de stopper la perte de biodiversité. Etabli pour une ou plusieurs espèces animales ou végétales, il définit les actions à mettre en œuvre pour permettre de rétablir ou de maintenir ces espèces dans un état de conservation favorable. Initié et porté par le ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, il est établi et mis en œuvre dans la concertation avec l’ensemble des partenaires concernés : les services de l’Etat, les collectivités territoriales, les scientifiques, les acteurs socioprofessionnels (agriculteurs, forestiers, producteurs et distributeurs d’énergie, aména- geurs...), les gestionnaires d’espaces (Parcs nationaux, parcs naturels régionaux, réserves naturelles...), les associations de protection de la nature, les usagers de la nature… Les espèces bénéficiant d’un plan national d’actions sont choisies à partir de critères qui intègrent la situation biologique de ces espèces, leur répartition géographique, la respon- sabilité de la France dans leur conservation ou encore notre capacité à agir. Un plan national d’actions comporte deux éléments prépondérants : - Le recueil des connais- sances disponibles sur l’espèce ou les espèces considérées par le plan comprenant notam- ment les menaces qui pèsent sur cette (ces) espèce(s) ; - Les orientations stratégiques définies pour maintenir ou restaurer cette (ces) espèce(s) dans un bon état de conservation, accompagnées d’une série de mesures à mettre en œuvre pour répondre à ces menaces.
SOMMAIRE I. ETAT DES CONNAISSANCES Effectifs et tendance de population...............................................................................7 Habitat et distribution.....................................................................................................8 Menaces...........................................................................................................................9 II. TRATÉGIE DE CONSERVATION 1. Observatoire à long terme........................................................................................13 2. Épizootie.....................................................................................................................13 3. Utilisation de l’habitat marin....................................................................................14 4. Interactions avec les pêcheries.................................................................................14 5. Habitat terrestre.......................................................................................................14 6. Restauration de l’habitat..........................................................................................15 7. Communiquer et sensibiliser.....................................................................................15
PLAN NATIONAL D’ACTIONS ALBATROS D’AMSTERDAM 2011-2015 I. Etat des connaissances Les albatros sont les oiseaux marins les plus grands du monde. Majestueux voyageurs des mers qui ont fasciné ma- rins, poètes et naturalistes, ils sont aujourd’hui en grand danger d’extinction : sur les 22 espèces existantes, 18 sont mondialement menacées. Parmi celles-ci, l’albatros d’Amsterdam (Diomedea amsterdamensis) est la plus fragile. L’albatros d’Amsterdam est endémique de l’île Amsterdam où il se reproduit. Cette île inhabitée, située dans le sud de l’océan Indien, fait partie de la Réserve Naturelle Nationale des Terres Australes Françaises (territoire des Terres Australes et Antarctiques Françaises, TAAF). Ce sont les travaux de recherche menés sur l’albatros d’Ams- terdam, depuis les années 80 par le CNRS de Chizé et mis en œuvre par l’Institut Polaire Français Paul-Émile Victor (IPEV) qui ont permis d’identifier les menaces qui pesaient sur cette espèce. Ainsi, sa population extrêmement restreinte et la surface réduite de son aire de reproduction en font aujourd’hui une espèce aux enjeux de conser- vation prioritaires dans le plan de gestion de la Réserve Naturelle des Terres Australes Françaises. NOM FRANCAIS : Albatros d’Amsterdam NOM LATIN : Diomedea amsterdamensis EMBRANCHEMENT : Vertébrés CLASSE : Oiseaux Avec son envergure approchant les 3 mètres, l’albatros d’Amsterdam fait partie des plus grands oiseaux marins au monde : le groupe des grands albatros. ORDRE : Procellariiformes FAMILLE : Diomedeidae ENVERGURE : 2.8 m Le plumage marqué de brun à tout âge, ainsi que le bec orné d’une ligne noire sont parmi les critères différenciant visuellement l’albatros POIDS : 6.3 kg d’Amsterdam de l’albatros hurleur, plus large- ment répandu. STATUT UICN : En danger critique d’extinction (CR) Différences avec l’albatros hurleur Autrefois considéré comme une sous-espèce du plus répandu albatros hurleur, Diomedea exulans, l’alba- tros d’Amsterdam a été élevé au rang d’espèce pour la première fois en 1983 par les travaux de Roux et al. Ainsi, l’albatros d’Amsterdam reste peu connu en comparaison d’autres albatros. D’une envergure moyenne de 2,80 mètres, il est légèrement plus petit que l’albatros hurleur. Il s’en distingue en outre par son plumage plus foncé, marqué de brun à tout âge, son bec orné d’une ligne noire et d’une extrémité sombre ; enfin, sa période de reproduction décalée de 2 mois par rapport à l’albatros hurleur en fait une espèce bien distincte, en empêchant le croisement de ces deux espèces. De très récentes études génétiques (Rains et al. 2011) ont permis de confirmer cette séparation d’espèces. Ministère de l’écologie, du Développement durable et de l’énergie
Effectifs et tendance de population D’une manière générale, les albatros sont caractérisés par une fécondité très faible (un œuf unique pondu par an ou tous les 2 ans), une maturité sexuelle tardive (première reproduction à l’âge de 7-10 ans) et une longé- vité très élevée (jusqu’à 60-80 ans). L’albatros d’Amsterdam ne déroge pas à ces traits communs. Le cycle reproducteur dure 10 à 11 mois, et se réalise en alternance avec une année sabbatique : ainsi, un poussin est élevé au mieux tous les deux ans. Les oiseaux arrivent sur le site de reproduction en janvier-février. Le nid est construit à même le sol et l’unique œuf y est pondu. Les deux adultes participent alternativement à l’incubation et à l’élevage du poussin, et les Deux albatros d’Amsterdam au nid : chez les couples albatros, juvéniles prennent leur envol après une longue période d’élevage de 9 les partenaires se sont souvent fidèles à vie. mois. Ils reviendront sur l’île d’Amsterdam après 4 à 5 années passées en mer et la première reproduction n’a lieu en moyenne qu’à l’âge de 9 ans. Cette fragile et unique population est passée par un goulot d’étranglement génétique extrêmement étroit, avec seulement 5 couples mentionnés en 1982. La faible diversité génétique de cette espèce, la plus faible connue pour un oiseau, ne semble pas entraver la bonne évolution démographique actuelle, puisque l’effectif total est en constante progression avec un taux de croissance annuel de 4,9% sur la période de suivi 1983-2007. Actuelle- ment, cette unique population est estimée à 160-170 individus, dont seule- ment 80 à 90 oiseaux matures (Rivalan et al. 2010), ce qui représente une trentaine de couples nicheurs par an. Parade nuptiale de deux albatros d’Amsterdam sur leur unique Le taux de croissance actuel de la population peut être considéré comme site de nidification : la Plateau des Tourbières, au sommet de quasi-maximal pour une espèce à la fécondité aussi faible : le taux de sur- l’île Amsterdam. vie annuel des juvéniles entre l’envol et la 7eme année est en effet très élevé (94%), et le succès reproducteur bon (61%). Cependant, la très faible fécondité et l’effectif total extrêmement restreint fait craindre toute mor- talité accidentelle. Une étude récente révèle qu’une mortalité accidentelle de seulement cinq individus par an suffirait à inverser cette tendance, en faisant décroître la population de 3,3% par an. Ces éléments justifient le classement de l’albatros d’Amsterdam sur la liste rouge de l’UICN comme espèce « en danger critique d’extinction » au ni- veau mondial. Ces éléments démontrent l’importance de protéger l’albatros d’Amsterdam sur toute son aire de répartition, c’est-à-dire aussi bien sur son site de reproduction à terre, que sur les zones d’alimentation en mer. 7
PLAN NATIONAL D’ACTIONS ALBATROS D’AMSTERDAM 2011-2015 Habitat et distribution Le Plateau des Tourbières, situé à environ 600 m d’altitude sur l’île Amster- dam, est l’unique site de nidification de l’albatros d’Amsterdam. Ce plateau est caractérisé par une tourbière saturée en eau et peuplée de communau- tés végétales typiques : mousses, sphaignes, hépatiques, fougères, grami- nées, cyperacées. Cet habitat abrite de nombreuses espèces endémiques végétales mais aussi animales (invertébrés) et a donc, en soi, une forte valeur patrimoniale. Les nids d’albatros d’Amsterdam sont construits à partir de terre humide et de divers végétaux. L’examen de leur distribution montre que la tota- Albatros d’Amsterdam sur son nid, composé de matériaux vé- lité d’entre eux sont situés précisément, sans aucune exception, sur une gétaux typiques du Plateau des Tourbières. unité pédologique très particulière constituée de sols tourbeux constam- ment humides mais non saturés, riches en matière organique et assez peu pentus. L’absence de nids sur des types de sols proches (légèrement plus secs ou humides, plus pentus, ou encore compactés par le piétinement des bovins présents sur Amsterdam jusque très récemment), démontre une très grande sensibilité de l’albatros et sa dépendance à l’existence de ce milieu. En mer, l’aire de répartition de l’albatros d’Amsterdam commence à peine Le Plateau des Tourbières, unique site de nidification de l’alba- tros d’Amsterdam. à être connue, grâce à l’utilisation d’appareils miniaturisés (balises Argos, GPS) renseignant sur la position des oiseaux s’alimentant en mer. Ainsi, l’albatros d’Amsterdam se distribue dans le secteur subtropical de l’océan Indien austral, des côtes africaines aux côtes australiennes, entre 25°S et 40°S environ. Données préliminaires de suivi par satellite d’albatros d’Amsterdam juvéniles lors de leur dispersion post-natale depuis l’île Amsterdam (indiquée par l’étoile). Les contours d’utilisation d’habitat par les oiseaux (densités de Kernel 25%, 50%, 75% et 95%) sont présentés en tons de bleu. Les limites des zones économiques exclusives des Etats sont tracées autour des côtes, et en jaune est représentée l’étendue de la zone de pêche régie par la Comission Thonière de l’Océan Indien (CTOI). Carte basée sur les données préliminaires non publiées fournies par Henri Weimerskirch du CNRS de Chizé. Ministère de l’écologie, du Développement durable et de l’énergie
Menaces Le danger d’extinction pesant sur l’albatros d’Amsterdam relève tant de menaces directes que d’atteintes à son habitat : quatre priorités en matière de conservation ont été définies. Premièrement, les études menées par le CNRS de Chizé montrent un recou- vrement complet de l’aire de distribution des albatros d’Amsterdam adultes avec les pêcheries à la palangre dans la zone CTOI et CCSBT (cf. encadré) au cours des 20 dernières années. Weimerskirch et al. (1997) ont suggéré que la capture accidentelle par le passé d’albatros d’Amsterdam dans les pêcheries à la palangre de l’océan Indien pourrait expliquer le très faible nombre de couples présents sur la colonie lors du début du suivi de l’espèce en 1983. Bien qu’aucune capture d’albatros d’Amsterdam dans les pêcheries ne soit reportée à ce jour, il faut savoir que les pêcheries concernées n’ont aucune obligation de déclarer les captures accidentelles ou les reprises de bagues à l’extérieur des zones économiques exclusives (ZEE). De plus, devant l’impact considérable que pourraient avoir de tels accidents sur la population actuelle, l’implication des Organismes Régionaux de Gestion des Pêches (ORGP) est donc nécessaire, via notamment l’application de mesures d’atténuation de capture accidentelle d’oiseaux marins et l’embarquement d’observateurs indépendants dédiés aux problématiques de mortalité aviaire. Distribution en mer des adultes d’albatros d’Amsterdam en période d’incubation (densité des localisations en vert) et recouvrement avec l’effort de pêche à la palangre (en rouge) dans la zone de la CTOI : la moitié de l’aire de distribution des oiseaux suivis est en contact direct avec des efforts de pêche importants. Au sud de cette zone, les albatros d’Amsterdam sont également en contact avec les palangriers dans le secteur de la CCSBT. (Source : d’après document ACAP soumis 3ème session de la CTOI Juillet 2007) 9
PLAN NATIONAL D’ACTIONS ALBATROS D’AMSTERDAM 2011-2015 Les Organismes Régionaux de Gestion des Pêches concernés - la Commission des Thons de l’Océan Indien (CTOI), a pour objectif de promouvoir la coopéra- tion entre ses membres en vue d’assurer la conservation et une utilisation optimale des stocks couverts par l’accord. La CTOI se doit aussi de faire appliquer des mesures en vue de réduire les captures accidentelles d’oiseaux, notamment sur les palangriers; - la Commission pour la conservation du thon rouge du Sud (CCSBT), au sein de laquelle la Communauté européenne est « non-membre coopérant », vise à la conservation et à l’exploitation rationnelle du thon rouge. La réduction des prises accessoires figure parmi les objectifs de l’accord ; - l’Accord sur les pêches dans le sud de l’océan Indien (SIOFA), accord multilatéral sur l’aménagement des pêches autre que thonière, prévoit notamment des études d’impact de la pêche sur l’environnement. Deuxièmement, le suivi à long terme de la population d’albatros à bec jaune Thalassarche carteri de l’île Amsterdam a permis de mettre en évidence que les poussins étaient affectés par une maladie provoquant une mort subite : deux agents pathogènes sont mis en cause, ceux provoquant le rouget du porc (Erysipelothrix rhusiopathidae) et le choléra aviaire (Pasteurella mul- tocida). Le premier affecte une grande diversité d’animaux sauvages et domes- tiques : mammifères terrestres et marins, oiseaux, poissons d’eau douce et de mer, etc. Les analyses sérotypiques menées peuvent faire penser à une contamination par des animaux introduits comme les porcs, qui étaient Le chat a été introduit à Amsterdam dans les années 30 ; sa encore présents sur l’île dans les années 80, mais ne permet pas d’exclure présence contribue probablement à limiter la population de rats une contamination naturelle. et souris sur l’île, mais a potentiellement un impact considé- rable sur les populations d’oiseaux marins de l’île. Le choléra aviaire affecte quant à lui les oiseaux sauvages et domestiques et est caractérisé par une mortalité soudaine et importante. Cette bactérie a cependant une survie limitée lorsqu’elle est dans l’eau ou dans le sol. Pour ces deux bactéries, l’origine domestique ne peut être exclue : le pou- lailler de l’île éliminé en 2007 suite à une épidémie est resté accessible pendant plusieurs décennies aux oiseaux sauvages, notamment aux labbes subantarctiques Catharacta skua lonnbergi qui sont retrouvés sur toute l’île. La proximité immédiate des colonies d’albatros à bec jaune infectées et du Plateau des Tourbières fait donc craindre le déclenchement d’une épizootie, du choléra aviaire notamment, qui serait catastrophique pour la population d’albatros d’Amsterdam. Troisièmement, chat, rat, et souris sont les trois espèces de mammifères introduits encore présents sur l’île. Jusqu’à présent, aucun cas de prédation d’albatros d’Amsterdam du fait de ces espèces n’a été répertorié. Néan- moins, la prédation d’œufs et de poussins par les chats et les rats est un fait largement documenté chez les oiseaux marins, et sur des territoires de l’Atlantique sud similaires à Amsterdam, les souris se sont également révé- lées responsables d’attaques mortelles sur des poussins d’albatros. Ceci fait craindre un impact lourd de ces prédateurs introduits, sur la fragile popula- tion d’albatros d’Amsterdam, notamment sur les poussins. Ministère de l’écologie, du Développement durable et de l’énergie
L’élimination de tels animaux introduits est délicate, car ceux-ci exercent entre eux des relations complexes de prédation ou de concurrence : l’éli- mination d’une espèce peut ainsi en favoriser une autre. Si une opéra- tion d’éradication venait à être pratiquée, elle devrait donc concerner les 3 espèces simultanément. Alternativement, une régulation du nombre de prédateurs autour du site de reproduction seul pourrait être envisagé s’il s’avérait qu’une espèce en particulier avait un effet négatif sur l’albatros d’Amsterdam. Enfin, des analyses récentes montrent que la variation de facteurs clima- tiques (température de surface de l’océan, indice DOI « Dipôle Océan Indien », etc.) peuvent avoir un effet sur la survie des oiseaux marins ou leur succès reproducteur. Elles montrent également que ces variations peuvent bousculer les équilibres des écosystèmes marins et pourraient ainsi affecter la disponibilité en ressources ciblées par l’albatros d’Amsterdam dans son rayon d’action. À terre, la menace liée aux changements climatiques (di- minution des précipitations, qui semble se confirmer sur Amsterdam) est également importante, étant donnée la grande dépendance de l’espèce à son habitat de reproduction. Une telle altération du taux d’humidité des sols pourrait ainsi provoquer un changement des communautés végétales asso- ciées. Cet habitat a par ailleurs d’ores et déjà subi d’importantes dégrada- tions en raison de la présence de bovins introduits sur Amsterdam en 1871. Ces derniers, en broutant la végétation et en piétinant le sol, ont compacté son horizon superficiel, le rendant impropre à la nidification des albatros dans de larges secteurs de l’île. L’élimination complète de ce troupeau, en 2010, fruit d’une longue réflexion entre les scientifiques, les gestionnaires et les instances concernées a permis de lever cette menace. Toutefois, la régénération des sols, lorsqu’elle est encore possible, s’annonce lente. 11
PLAN NATIONAL D’ACTIONS ALBATROS D’AMSTERDAM 2011-2015 II. STRATÉGIE DE CONSERVATION Héberger une espèce aux tels enjeux de conservation implique une grande responsabilité pour la France. La stratégie nationale de conservation de l’albatros d’Amsterdam, esquissée dans le plan d’action Biodiversité des TAAF (2009-2010), et identifiée comme l’une des priorités du plan de gestion de la Réserve Naturelle Na- tionale des Terres Australes Françaises (2011-2015) est rigoureusement définie dans ce plan national d’actions. L’objectif fondamental de ce plan est de conserver la dynamique actuelle de croissance de la population, estimée optimale, et minimiser les pressions et menaces pesant sur l’espèce. Le pilotage du plan Dans le cadre de ce plan national d’actions, les TAAF se sont associées aux scientifiques du laboratoire CNRS de Chizé qui travaillent sur cette espèce depuis de nombreuses années, et à la Ligue pour la Pro- tection des Oiseaux (LPO) qui est le représentant français de Birdlife International. Un comité de suivi regroupant les scientifiques, l’Institut Polaire Paul Emile Victor, le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN), et les différentes administrations concernées a été mis en place en janvier 2011 pour suivre les travaux et valider les mesures de conservation proposées. Cette stratégie de conservation s’insère dans un cadre d’outils réglemen- taires nationaux et internationaux importants : Tout d’abord, l’île d’Amsterdam et ses eaux territoriales sont, depuis 2006, classées en réserve naturelle nationale ; cette réserve naturelle rassemble également les territoires des îles Crozet, Kerguelen et Saint Paul. L’adminis- tration des TAAF est gestionnaire de cette réserve, la plus grande de France. Cet outil de protection réglementaire fort permet d’assurer la gestion des actions de conservation en faveur de l’albatros d’Amsterdam sur son site de reproduction. Situation de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises D’autre part, l’ensemble de cette réserve naturelle est inscrite au titre de la convention Ramsar, ce qui atteste de l’importance et de la qualité de ses zones humides et notamment les tourbières accueillant l’albatros d’Ams- terdam. Par ailleurs, au niveau international, la signature et la ratification par la France de l’Accord international pour la Conservation des Albatros et des Pétrels (ACAP) en 2005 renforce l’engagement de la France dans la préser- vation de ces espèces. Enfin, la France siège et est force de proposition dans les ORGP recoupant L’île d’Amsterdam bénéficie de différents statuts de protection l’aire de distribution de l’albatros d’Amsterdam (CTOI, CCSBT, SIOFA) adaptés à la valeur patrimoniale des sites. Ministère de l’écologie, du Développement durable et de l’énergie
S’appuyant sur ces bases structurales fortes, la stratégie de conservation adoptée dans le cadre de ce plan national d’actions s’articule autour de 20 actions concrètes en faveur de la conservation de l’albatros d’Amsterdam, pour lesquelles des indicateurs de réussite ont été spécifiquement définis. Ces actions ont été hiérarchisées selon 3 niveaux de priorité et organisées en 7 volets thématiques, rassemblant des travaux ponctuels et de suivi à long terme, dans les domaines de la recherche scientifique, la gestion et la communication. 1. Observatoire à long terme Le nombre de couples reproducteurs est recensé annuellement sur l’île Amsterdam depuis la description de l’espèce en 1983, avec un suivi indi- viduel continu. Il apparaît indispensable de maintenir cette fonction d’ob- servatoire à long terme afin de disposer d’indicateurs fiables de l’évolution de la population, de détecter rapidement tout accident ou changement de tendance, et de prédire l’évolution de la population d’albatros d’Amsterdam selon différents scénarios naturels et/ou en fonction d’actions de gestion. Extraits de fiches du plan national d’actions Fiches actions : • Poursuite du suivi à long terme sur le terrain de l’albatros d’Amsterdam • Analyses démographiques et suivi du statut et de la tendance à long terme de la population d’albatros d’Amsterdam • Modélisation et projection démographiques de la population d’albatros d’Amsterdam en considérant différents scénarios de stratégie de conservation 2. Épizootie Les bactéries responsables des maladies du Rouget du porc et du choléra aviaire affectent dramatiquement les colonies d’albatros à bec jaune avoi- sinant celle de l’albatros d’Amsterdam. Devant la menace de contamina- tion des albatros d’Amsterdam par oiseaux autochtones, mammifères in- troduits et par l’homme, il apparaît crucial de rechercher si ces pathogènes ou d’autres sont présents chez cette espèce et plus généralement chez les oiseaux marins de l’île, notamment ceux en contact direct avec l’albatros d’Amsterdam. Fiche actions : • Amélioration des connaissances sur les pathogènes potentiels de l’albatros d’Amsterdam : recherche de la présence des pathogènes ou anticorps associés chez les oiseaux marins, étude de leur cycle de vie, mise en place d’un suivi à long terme, réévaluation des mesures de précaution appliquées sur le terrain contre la dissémination de ces agents pathogènes 13
PLAN NATIONAL D’ACTIONS ALBATROS D’AMSTERDAM 2011-2015 3. Utilisation de l’habitat marin Les études scientifiques ont permis l’acquisition et l’amélioration des connaissances sur l’écologie de l’albatros d’Amsterdam, aussi bien à terre qu’en mer. Néanmoins, la distribution en mer pour plusieurs catégories de la population reste inconnue, de même que le régime alimentaire, et ceci manque pour comprendre quelles sont les secteurs marins ciblés par les albatros d’Amsterdam au cours de leur cycle de vie et les risques associés d’in- teraction potentielle avec les pêcheries. Fiches actions : • Amélioration des connaissances sur la distribution en mer de l’albatros d’Amsterdam • Modélisation et projection de la distribution en mer de la population d’albatros d’Amsterdam en considérant différents scénarios de stratégie de conservation • Identification des zones en mer d’importance pour l’albatros d’Amsterdam • Acquisition des connaissances sur le régime alimentaire de l’albatros d’Amsterdam en relation avec les pêche- ries • Acquisition des connaissances sur le régime alimentaire de l’albatros d’Amsterdam 4. Interactions avec les pêcheries Les analyses démographiques montrent le considérable impact négatif qu’aurait un très faible nombre de cap- ture d’individus sur l’unique population d’albatros d’Amsterdam. Dans ce contexte, il apparaît urgent d’agir en quantifiant les risques d’interactions avec les pêcheries palangrières, en préconisant l’application des meilleures méthodes connues d’atténuation de capture accidentelle dans l’ensemble des secteurs régulièrement utilisés par l’albatros d’Amsterdam, et en renforçant la présence d’observateurs embarqués sur une large zone « spéciale » pour l’albatros d’Amsterdam. Le milieu marin utilisé par l’albatros d’Amsterdam est également utilisé par de nombreuses d’espèces d’oiseaux d’intérêt patrimonial particulièrement menacées. Pour cette raison, l’albatros d’Amsterdam constitue une espèce parapluie par excellence et ces espèces devront pouvoir bénéficier des mesures de ce plan d’action. Fiches actions : • Amélioration des connaissances sur les interactions en mer entre les pêcheries et les albatros d’Amsterdam • Application des mesures d’atténuation de capture accidentelle dans les pêcheries de l’Océan Indien sud • Observations de la mortalité accidentelle d’oiseaux marins sur les palangriers dans le secteur d’Amsterdam • Soutien de l’effort visant à promouvoir l’application de mesures de conservation lors des pratiques de pêche dans l’Océan Indien • Fournir aux ORGPs une estimation de l’impact potentiel de la pêche sur la population en combinant suivi des animaux en mer et suivi à terre 5. Habitat terrestre L’albatros d’Amsterdam a été décrit très récemment, il n’y a ainsi pas à proprement parler d’effectif ni d’aire de nidification de référence. Il convient donc de caractériser l’habitat de nidification de l’espèce, et d’évaluer la capacité d’accueil de cet habitat. Cette action doit se réaliser en se plaçant dans le contexte de changements en- vironnementaux qui pourraient influencer les habitats terrestres. D’autre part, les actions de gestion en faveur de ces habitats naturels vont bénéficier à d’autres espèces d’intérêt patrimonial de la faune et de la flore qu’il faudra mesurer et rapporter en considérant l’albatros d’Amsterdam comme une « espèce parapluie » dans cet habitat. Fiches actions : • Caractérisation et suivi des habitats favorables à la nidification • Bénéfices environnementaux connexes Ministère de l’écologie, du Développement durable et de l’énergie
6. Restauration de l’habitat Les prédateurs introduits expliquent une grande partie des extinctions d’espèces endémiques en milieu insulaire et constituent à ce titre une composante majeure dans la perte de la biodiversité parmi les vertébrés. Néan- moins, aucun cas de prédation du fait d’espèces introduites n’est répertorié à ce jour pour l’albatros d’Amster- dam. L’objectif de ce volet est donc de réaliser des observations spécifiques afin de quantifier les interactions pouvant exister entre l’albatros d’Amsterdam et les prédateurs introduits, ceci alimentant une réflexion sur le contrôle ou l’éradication de ces prédateurs introduits sur toute ou partie de l’île. Fiches actions : • Évaluation des interactions entre les espèces introduites de prédateur et les albatros d’Amsterdam • Éradication des espèces introduites de prédateur sur l’île Amsterdam 7. Communiquer et sensibiliser La diffusion de ce plan est indispensable tant au niveau national qu’international étant donné la répartition de l’albatros d’Amsterdam et son statut de conservation très défavorable. Ainsi, ce plan devra être accessible aussi bien aux services de l’état, qu’à la communauté scientifique internationale, au personnel amené à séjourner dans la réserve naturelle, aux pêcheurs, aux organismes régionaux des pêches, aux différentes commissions interna- tionales ainsi qu’aux organismes impliqués dans la conservation. En outre, il est prévu de soutenir et de promouvoir les initiatives internationales de terrain déjà en cours ayant pour but de sensibiliser et de former les différents partenaires (principalement auprès des pêcheurs eux-mêmes). Fiches actions : • Communication du plan national d’actions pour l’albatros d’Amsterdam en France • Coordination et animation des actions du plan 15
Directeur de publication : Cédric MARTEAU (TAAF - RNN Terres australes françaises) Rédacteurs en chef : Jean Baptiste THIEBOT (TAAF - RNN Terres australes françaises), Karine DELORD (LPO - CNRS de Chizé), Thierry MICOL (LPO), Cédric MARTEAU (TAAF - RNN Terres australes françaises) Avec la contribution de : Henri Weimerskirch (CNRS de Chizé), Christophe Barbraud (CNRS de Chizé), Agir pourYves Cherel (CNRS de Chizé), Yves Frenot (UMR 6553 CNRS Université de Rennes 1), Marc Lebouvier lan royal (UMR 6553 CNRS Université de Rennes 1) national d’actionsConception graphique : Nelly Gravier (TAAF) 2008-2012 Crédit photos : Romain Buenadicha, Jacques Francioly, Roald Harivel, Cédric Marteau, Pierre Emile Mauny, Mathieu Prat. Impression : Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie Ministère de l’écologie, du Développement durable et de l’énergie, Direction générale de l’Aménagement, du Logement et de la Nature Grande Arche - Paroi Sud 92 055 La Défense cedex Tél : 33 (0)1 40 81 21 22 nergie, du Développement durable et de la Mer, www.developpement-durable.gouv.fr s Technologies vertes et des Négociations sur le climat www.developpement-durable.gouv.fr
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