L'avenir du secteur européen du textile, de l'habillement et de la chaussure
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Comité économique et social européen L’avenir du secteur européen du textile, de l’habillement et de la chaussure CCMI
Table des matières Préface de M. Joost van Iersel, président de la CCMI 5 Avant-propos de M. Günther Verheugen, vice-président de la Commission européenne, chargé des entreprises et de l’industrie 7 Avant-propos de M. Vladimir Špidla, membre de la Commission européenne, chargé de l’emploi, des affaires sociales et de l’égalité des chances 9 Résumé illustré – CCMI/041 Rapport d’information sur “L’évolution de l’industrie textile et de la chaussure européenne” 11 Compte rendu de l’audition tenue à Vila Nova de Famalicão 27 Entretiens avec des participants à l’audition organisée à Vila Nova de Famalicão 43 Informations générales sur la CCMI 53
Préface de m. Joost van iersel, président de la Commission consultative des mutations industrielles (CCmi) Le choix de l’industrie du textile, de l’habillement et de la chaussure, comme sujet de cette étude approfondie réalisée par la CCMI, n’est pas un hasard. étant une composante essentielle de la base manufacturière européenne, elle mérite sûrement d’être examinée en tant que telle. Réputée auparavant comme étant confrontée de toutes parts à une mauvaise image injustifiée, à un avenir incertain et au prétendu fléau de la mondialisation, cette industrie représente réellement une étude de cas sur la façon d’affronter les défis du monde commercial moderne. Comme vous allez le découvrir dans les conclusions auxquelles la CCMI est parvenue dans le cadre de ses différents projets dans ce domaine (qui sont tous présentés dans cette brochure), l’histoire de cette industrie constitue une leçon d’adaptabilité et de résistance, une leçon sur les avantages d’une action concertée et coordonnée, menée par tous les partenaires sociaux. Vous constaterez que ces secteurs ont un brillant avenir, en dépit de la délocalisation partielle, et vous apprécierez que le mérite en revient dans une très large mesure à l’industrie elle-même. 5 tous ces éléments sont vrais, et je me réjouis de pouvoir vous en faire part. Les origines de cette étude remontent néanmoins un peu plus loin en arrière et se trouvent à la fois dans les principes directeurs qui guident les travaux de la commission consultative dans leur ensemble et dans les résultats des investigations réalisées par la CCMI auparavant. Le rôle de la CCMI consiste à étudier les mutations industrielles dans un large éventail de secteurs particulièrement touchés par la modernisation de l’économie. Pour réaliser cet objectif, la commission se sert de sa composition unique (membres du CESE et délégués externes de la CCMI) et d’une approche théorique bien définie. Cette dernière se divise en deux grandes lignes directrices: l’anticipation des mutations dans l’industrie européenne en général et l’approche sectorielle intégrée. L’on pourrait les décrire, de façon très sommaire, comme deux perspectives: respectivement horizontale et verticale. Il y a deux ans, la CCMI a procédé à une évaluation très détaillée de l’incidence des délocalisations sur les différents secteurs de l’économie européenne. Ce vaste projet a abouti à plusieurs conclusions, notamment à une prise de conscience du fait que le phénomène de la délocalisation était extrêmement difficile à identifier, à définir, à mesurer et à étudier.
Nous savions que ce processus était en cours, tout simplement nous n’arrivions pas toujours à mettre la main dessus. Seuls les secteurs du textile, de l’habillement, de la chaussure et du cuir étaient clairement concernés par les délocalisations, selon notre recherche. Lorsque le moment est venu de sélectionner le sujet de la présente étude, nous avions à l’esprit ce fait marquant en faisant notre choix. Le présent travail prend donc sa source dans l’étude sur les délocalisations; la perspective horizontale a défini la perspective verticale. de plus, le calendrier était propice, l’événement coïncidant en partie avec la présidence portugaise. Ainsi, vous comprenez maintenant le contexte; je voudrais dire quelques mots sur le fond. un groupe de haut niveau s’est penché récemment sur les secteurs du textile et de l’habillement et toute une série d’autres organes les ont examinés et étudiés sous des angles très différents. qu’est-ce qui rend si unique le recueil des travaux de la CCMI sur le sujet? dans l’ensemble de ses travaux, la commission tente d’établir dans quelle proportion les études sectorielles reflètent les réalités sur le terrain. Les conclusions du groupe de haut niveau susmentionné, auxquelles il est parvenu à l’époque, par exemple, reflètent-elles les 6 expériences de terrain? La CCMI s’est toujours efforcée de faire coïncider et fusionner les aspects territoriaux et sectoriels. La vraie valeur ajoutée apportée par ces travaux réside donc dans leur applicabilité aux situations de la vie réelle, ce qui en fait dès lors un outil de diagnostic très important. Je vous invite à faire bon usage de cette anthologie des travaux sur les secteurs du textile, de l’habillement et de la chaussure. Les leçons présentées ici pourraient et devraient s’appliquer à d’autres secteurs. Si l’on veut suivre la voie d’une industrie très dynamique, des améliorations sont nécessaires dans certains domaines et des modifications constantes dans d’autres. une chose est certaine et apparaîtra clairement à tous ceux qui liront attentivement cette brochure: l’industrie européenne du textile, de l’habillement et de la chaussure est innovante, orientée vers l’avenir et de brillantes perspectives s’offrent à elle. Nous espérons que la présente publication apportera sa modeste contribution. Je vous souhaite une agréable lecture. Joost van Iersel, président de la CCMI
avant-propos de m. Günther Verheugen, vice-président de la Commission européenne, chargé des entreprises et de l’industrie Le secteur européen du textile et de l’habillement, ainsi que de la chaussure est un des principaux secteurs manufacturiers dans l’union européenne et il apporte une contribution importante en termes d’emploi et de valeur ajoutée à l’économie européenne. durant des années, le secteur a fait preuve d’une grande résistance face à la concurrence mondiale acharnée et il convient de préserver cette capacité d’adaptation. davantage d’innovations technologiques et une main-d’œuvre qualifiée avec de meilleures compétences sont indispensables pour la fabrication de produits techniques et de produits de mode innovants et de haute qualité. Afin de favoriser la compétitivité de l’industrie, les pouvoirs publics devraient créer des conditions cadres encourageant les investissements dans l’innovation, la recherche et les compétences professionnelles et garantir une protection efficace des droits de propriété intellectuelle. des secteurs industriels spécialisés et innovants génèrent une grande part de prospérité grâce aux exportations. Nous sommes conscients que pour être compétitifs sur les marchés internationaux, nous devons avoir accès aux marchés des pays 7 tiers et mettre en place des conditions équitables pour les entreprises européennes. En outre, de nouveaux défis voient le jour, notamment en raison du changement climatique et de l’augmentation des prix de l’énergie et des matières premières qui auront également une incidence sur les activités du secteur. Les entreprises doivent transformer ces défis en opportunités grâce à une utilisation plus efficace de l’énergie et des matières premières et à davantage d’innovation et d’excellence. La restructuration et la modernisation du secteur du textile, de l’habillement et de la chaussure représente un processus continu qui a des effets considérables sur l’emploi et les conditions socio- économiques dans les régions qui dépendent des activités de ce secteur. Nous devons anticiper ces évolutions et inciter les entreprises à accepter les changements et à s’adapter à la nouvelle conjoncture. Il convient de féliciter la Commission consultative des mutations industrielles du Comité économique et social européen pour les initiatives qu’elle a priseS pour étudier les défis auxquels les industries du textile, de l’habillement et de la chaussure ont été confrontées ces dernières années.
La présente brochure, dont la publication est appréciable, propose une série de recommandations visant à renforcer la compétitivité des industries concernées sur les marchés internationaux. Les conclusions du rapport correspondent tout à fait à l’analyse effectuée par la Commission européenne et à sa stratégie de politique industrielle, élaborée en 2005. Au sein de la Commission européenne, nous avons développé une stratégie intégrée afin d’apporter une plus grande cohérence à nos politiques dans le domaine des industries manufacturières. La plupart des mesures politiques sont désormais horizontales, qu’elles soient axées sur le consommateur ou l’environnement, la concurrence ou le commerce. Mais nous ne devons pas perdre de vue les spécificités de chaque secteur individuel et nous devons en tenir compte. Nous avons mis en place des instruments qui stimulent l’innovation, la connaissance et l’excellence et nous persisterons dans nos efforts pour renforcer la compétitivité de ces industries. J’espère que cette brochure contribuera à améliorer la visibilité des résultats de l’industrie européenne du textile et de l’habillement et à susciter une prise de conscience des défis auxquels elle est confrontée dans le monde global d’aujourd’hui. 8 Günther Verheugen, vice-président de la Commission européenne
avant-propos de m. Vladimír Špidla, commissaire européen chargé de l’emploi, des affaires sociales et de l’égalité des chances C’est avec grand plaisir que je souhaite apporter ma contribution à la brochure préparée par la CCMI du Comité économique et social européen portant sur le secteur du textile, de l’habillement et la chaussure. Avec ses 3,2 millions d’employés, représentant en effet 9,3% de l’emploi total et ses 250 000 entreprises permettant d’atteindre un chiffre d’affaires de 240 milliards d’euros, le secteur du textile, de l’habillement et de la chaussure assure le 4% de la valeur ajoutée globale de l’industrie manufacturière de l’union européenne. Ces chiffres traduisent mieux que n’importe quel discours l’importance stratégique du secteur. Cela dit, il est indéniable que le secteur doit faire face à des défis de taille, et le rapport d’information de la CCMI en cite et développe quelques-uns: • La globalisation qui consolide le rôle de pays tiers très compétitifs par rapport à l’Europe, notamment la Chine et l’Inde, d’où la nécessité de s’assurer, entre autres, que la 9 notion et la philosophie du travail décent soient “appliquées” dans toutes les régions du monde. J’ai pour ma part veillé à promouvoir dans toutes les enceintes internationales (Nations unies, organisation internationale du travail) le modèle social européen dont, en effet, la réalisation du travail décent est un élément essentiel. • La nécessité de parvenir à transférer de façon plus efficace certaines avancées technologiques qui peuvent effectivement tirer vers le haut et de façon durable le secteur. Néanmoins, comme commissaire responsable de la politique sociale, je tiens surtout à souligner le défi de l’anticipation des mutations industrielles. La bonne gestion de l’anticipation est au cœur de mes préoccupations, et je peux dire que la dG EMPL et moi-même avons beaucoup œuvré dans ce sens.
Les nombreuses réflexions (résumées notamment par la communication portant sur les “restructurations et l’emploi”) et les nombreuses initiatives que nous avons menées (notamment les forums portant sur la restructuration), nous ont permis de mettre l’accent sur deux éléments essentiels: • La nécessité d’anticiper le plus possible les restructurations et les mutations industrielles: il faut travailler en amont et anticiper au maximum les restructurations. Loin de les subir, il faut les anticiper. • Il faut également miser sur des partenariats : la réussite d’une restructuration doit mobiliser tous les acteurs concernés, à savoir les employeurs, les travailleurs et les autorités publiques. La réussite d’une restructuration passe par la réalisation de ces deux conditions. Naturellement, toute restructuration doit également pouvoir s’appuyer sur le soutien des partenaires sociaux, et là aussi, je tiens à souligner que la Commission a promu et promeut le dialogue social sectoriel, où le Comité du secteur textile et de l’habillement joue depuis de nombreuses années un rôle moteur et incontournable. 10 Vladimír Špidla, commissaire européen chargé de l’emploi, des affaires sociales et de l’égalité des chances
rapport d’information de la Commission consultative des mutations industrielles (CCmi) sur l’évolution de l’industrie européenne du textile et de la chaussure RéSuMé ILLuStRé Adopté le 4 février 2008 Rapporteur: m. CaPPelliNi Corapporteur: m. GarCZYNsKi Président du groupe d’étude: m. lasiaUsKas Expert: m. mONTalbaNO déFINItIoN du SECtEuR 1. Depuis 2007, c’est la nouvelle classification 11 Le présent rapport d’information traite du macro-secteur NACE rév 2. qui s’applique. Toutefois, pour manufacturier du textile, de l’habillement et de la chaussure l’analyse de l’évolution du secteur, mieux (tHC) tel que défini par la “Nomenclature générale des activités vaut se référer systématiquement aux séries historiques utilisant les codes de économiques dans les Communautés européennes” (NACE classification NACE rév. 1.1 actuellement disponibles. rév. 1.1)1, dans les sous-sections dB et dC (divisions 17,18 et 19) et dans la sous-section dG, division 24.72. Ce macro- 2 . Sous-section DB – INDUSTRIE TEXTILE ET HABILLEMENT, Division 17 “Industrie secteur recouvre un nombre élevé et hétérogène d’activités textile” et Division 18 “Industrie de et de produits manufacturés dans le domaine du textile, l’habillement et des fourrures”; sous- section DC – INDUSTRIE DU CUIR ET des vêtements, des fourrures et du cuir et une multitude de DE LA CHAUSSURE, Division 19 “Apprêt procédés industriels, d’entreprises et de structures de marché3. Il et tannage des cuirs; fabrication d’articles de voyage et de maroquinerie, convient de souligner que cette définition, bien que normalisée, fabrication de chaussures”; sous-section n’inclut pas toute une série d’activités (classées dans d’autres DG – FABRICATION DE PRODUITS CHIMIQUES ET DE FIBRES ARTIFICIELLES catégories NACE), telles que par exemple la recherche et le OU SYNTHÉTIQUES, Division 24.7 développement, la conception, la distribution et la vente de gros “Fabrication de fibres artificielles ou synthétiques”. Ces divisions et de détail. Ces activités, directement liées à la production de correspondent aux nouvelles divisions textile, d’habillement et de chaussures et qui, bien qu’étant de 13-14-15 de la classification NACE rév. 2. par leur nature et leurs caractéristiques spécifiques externes au 3. Il comprend la préparation et le tissage secteur manufacturier proprement dit, représentent néanmoins de fibres textiles, naturelles, synthétiques et artificielles; la fabrication d’étoffes à des maillons essentiels de l’ensemble de la chaîne de valeur du mailles; les activités d’ennoblissement secteur, et s’insèrent dans les stratégies d’intégration verticale (par exemple: lavage, impression, teinture, plastification, etc.); la transformation des entreprises. Il s’ensuit que les considérations figurant dans de tissus en vêtements, articles à mailles et torsadés (industrie du vêtement); la présente étude à propos de l’importance et du poids socio- la transformation de tissus en tapis et économique global du secteur dans l’uE représentent en fait autres matériaux textiles pour la maison, l’industrie et les utilisations techniques, une estimation par défaut de l’impact global du secteur sur y compris le “textile technique”; la l’économie communautaire. fabrication de chaussures.
Situation générale du secteur L’industrie THC de l’UE à 27 représente une composante Le secteur THC UE-27 essentielle de l’industrie manufacturière européenne, aussi bien en un coup d’oeil en termes de volume total de production que de création de • 12% de l’ensemble des valeur ajoutée mais surtout du point de vue de l’emploi. entreprises manufacturières • 240 milliards d’euros de chiffres Avec quelque 250 000 entreprises (12% des entreprises de d’affaires l’ensemble de l’industrie manufacturière de l’UE à 27) et un • 4% de la valeur ajoutée totale volume d’affaires d’environ 240 milliards d’euros, le secteur de l’industrie manufacturière THC représente près de 4% de la valeur ajoutée globale de • 3,2 millions de travailleurs (9,3% toute l’industrie manufacturière européenne (dont la moitié de l’emploi total du secteur environ dépend du seul segment textile). Avec ses 3,2 millions manufacturier) d’employés, ce secteur, qui est le seul dans l’Union à compter • 64,5% de femmes sur l’ensemble une majorité de femmes (64,5%), représente par ailleurs 9,3% des salairiés du secteur de l’emploi total de l’industrie manufacturière de l’UE à 27, dont • 20% de la part des exportations la majorité des salariés travaille dans le secteur de l’habillement mondiales (environ 1,5 million de personnes). L’UE est enfin le principal marché de destination et le premier exportateur de ce secteur au niveau mondial, avec une part supérieure à 20% (données 2005). Fig. 1 – Part du secteur THC dans l’ensemble de la production manufacturière de l’UE à 27 et évolution de l’indice de production en volume4 12 TCF Share in EU27 total Employment evolution 1997-2007 manufacturing production (2006) footwear 0,43% clothing 1,29% textile 1,71% Source: Estimations élaborées par l’auteur à partir des données Eurostat Contrairement à l’évolution globale de l’industrie manufac- turière de l’UE à 27, le secteur a cependant enregistré, pendant les dix dernières années, une baisse de plus de 40% de sa valeur ajoutée (-50% dans le secteur de l’habillement et jusqu’à -60% dans celui de la chaussure). Il est à noter que cette tendance à la baisse est antérieure à la libéralisation commerciale du secteur liée à l’expiration en 2004 de l’accord OMC sur le textile et l’habillement (voir fig.1). L’emploi dans le secteur a connu un fléchissement similaire et a enregistré durant la même 4. L’indice de production en volume des période un recul de plus de 40% (-46% dans le textile; -41,3% activités industrielles montre l’évolution de la valeur ajoutée au coût des facteurs à dans l’habillement et -42,9% dans la chaussure). La tendance prix constants. Pour plus d’informations, au recul de l’emploi était elle aussi antérieure à la libéralisation consulter le site http://europa.eu.int/ estatref/info/sdds/en/ebt/ebt_ind_prod_ multilatérale des échanges. sm.htm.
Fig. 2 – Part du THC dans l’emploi total de l’industrie manufacturière de l’UE à 27 et évolution de l’emploi TCF Share in EU27 total Employment evolution 1997-2007 manufacturing production (2006) footwear 1,18% clothing 4,09% textile 3,11% Source: Estimations élaborées par l’auteur à partir des données Eurostat Comme indiqué précédemment, la libéralisation du commerce ne semble pas avoir exercé une influence déterminante sur l’évolution défavorable du secteur. D’autres facteurs clés ont joué, notamment l’atonie de la croissance européenne et l’évolution correspondante de la consommation privée; l’évolution de la distribution et de la logistique, induits par de nouvelles normes environnementales et les exigences de protection de la santé; l’augmentation des coûts de l’énergie et 13 du transport pour les entreprises, qui réduisent progressivement l’importance de la composante salariale dans la fixation des prix finaux des biens, et la dynamique des taux de change. Le secteur THC reflète les phénomènes qui se produisent, à une échelle plus large, dans l’ensemble des entreprises manufacturières européennes, dans lesquelles l’on observe une redistribution générale de l’emploi vers le secteur tertiaire, ainsi que d’importantes restructurations industrielles dues aux changements démographiques. Comparé à d’autres secteurs de production, le secteur THC s’est même montré particulièrement réactif, en engageant un processus difficile de restructuration, de modernisation et d’innovation technologique, en améliorant sa compétitivité et en se spécialisant davantage dans la production de biens manufacturés à haute valeur ajoutée.
SPéCIALISAtIoN RéGIoNALE Bien qu’il soit représentatif de l’ensemble du paysage européen, le secteur tHC se distingue, du point de vue de l’emploi et de la production, par un haut degré de concentration régionale (voir fig. 3). En termes de spécialisation relative, l’Italie est le premier pays producteur et créateur de valeur ajoutée et d’emploi dans le secteur (ce pays génère, à lui seul, plus de la moitié du volume d’affaires du secteur et plus de 25% de l’emploi global). Le secteur joue néanmoins un rôle important dans un grand nombre d’états membres, principalement en Allemagne, leader mondial dans le domaine des tissus destinés à une utilisation technique et industrielle, au Royaume-uni, en France et en Espagne. 14 mm. lasiauskas, Garczynski et Cappellini
Fig. 3 – Part du secteur THC par État membre de l’UE à 27 dans la valeur de la production totale de l’industrie manufacturière et par nombre de salariés (2006) Persons employed in the tCF sector as a proportion of people employed in Eu-27 manufacturing industries (2006) >15% >10% and 5% and 5% data not available Share of tCF production value as a 15 proportion of total manufacturing production value (Eu-27, 2006) >7% >4% and 2% and
Sur le plan de la spécialisation nationale, il faut en outre noter que le secteur contribue dans une mesure significative à une spécialisation relative en Roumanie, au Portugal, en Belgique, en Lituanie et en Estonie, et ce de manière plus prononcée qu’en Italie (voir fig. 4). Fig. 4 – P art du secteur THC dans la valeur ajoutée totale de l’industrie manufacturière dans les 10 premiers pays producteurs de l’UE à 27 (2005) 16 Source: Estimations élaborées par l’auteur à partir des données Eurostat Si l’on considère plus précisément la spécialisation régionale, il convient de mentionner l’existence au niveau européen, en termes de quotients de spécialisation relative, des principales grappes de production suivantes (voir fig. 5)5. • pour le textile, les régions du Nord-Est et du Centre (Roumanie), la région Norte (Portugal), la région de Łódź (Pologne), la région du Severozapeden (Bulgarie) et la région du Severovýchod (République tchèque); • pour le secteur de l’habillement: la région Norte (Portugal), la région du Severen tsentralen (Bulgarie), la région de Łódź (Pologne), la région du Nord-Est (Roumanie), la région du 5. Les grappes (clusters) mentionnées ci- Yuzhen tsentralen (Bulgarie), l’Émilie-Romagne, la Lombardie dessus sont caractérisées par un quotient élevé de spécialisation relative. Pour de et la Toscane (Italie); plus amples renseignements concernant les données et la méthodologie adoptée, • pour la fabrication de chaussures: la région Norte (Portugal), voir l’Observatoire européen des grappes la région du Vest et du Nord-Vest (Roumanie), celle de la Rioja (European Cluster Observatory) http://www/clusterobservatory.eu/ (Espagne), les Marches (Italie).
Fig. 5 – Principales grappes de production spécialisées dans le secteur du textile, de l’habillement et de la chaussure en Europe Specialisation textile 4 and above 2 to 4 1 to 2 0 to 1 Canary Islands Specialisation footwear 4 and above 2 to 4 1 to 2 0 to 1 Canary Islands Specialisation clothing 4 and above 2 to 4 17 1 to 2 0 to 1 Canary Islands Source: European Cluster Observatory – http://www/clusterobservatory.eu/
Commerce international Le secteur du THC est resté plus longtemps que d’autres secteurs manufacturiers à l’abri de la concurrence internationale, grâce à l’Accord multifibres de 1974, puis à l’Accord sur les textiles et les vêtements (ATV) de 1995. Aujourd’hui, le secteur est largement libéralisé, et depuis l’expiration du Mémorandum d’entente signé avec la Chine en juin 2005, l’UE est désormais pleinement exposée à la concurrence des nouveaux acteurs mondiaux. La figure 6 compare la dynamique d’évolution des exportations mondiales dans les principaux secteurs d’échange à l’évolution de la part de l’UE à 27 sur le total des exportations mondiales par secteur pour la période 2000-2005. Comme il ressort du tableau, en dépit de la faible dynamique des exportations mondiales dans le secteur THC, l’UE affiche néanmoins de bons résultats dans l’habillement et dans une mesure moindre dans le textile, tandis qu’elle enregistre des résultats négatifs dans le secteur de la chaussure. Cela dénote d’une part – bien que dans le seul secteur du textile et de l’habillement – une vitalité compétitive de l’UE au niveau mondial, ce dans des conditions de concurrence très âpre, et d’autre part le manque de tonicité du secteur THC dans le contexte de la demande internationale. L’on relève également la part limitée du secteur THC par rapport aux autres grands secteurs d’exportation au niveau mondial, comme 18 le montre clairement la dimension des ballons représentatifs du textile, de l’habillement et surtout des chaussures. Enfin, il est intéressant de noter que dans l’ensemble, les importations de l’UE à 27 dans le secteur THC n’ont pas connu la croissance exponentielle que l’on craignait suite à la libéralisation du secteur à la fin de 2004. Comme la figure 7 le montre, en effet, les importations dans le secteur du textile, de l’habillement et de la chaussure ne se démarquent pas beaucoup en valeur, pendant l’année 2005, du niveau moyen de la période 2000-2004.
Fig. 6 – Compétitivité de l’UE à 27 dans le secteur THC et dans les principaux secteurs d’exportation Dynamic of World Exports 00-05 Variation of EU27 Sham in World Export 00-05 Fig. 7 – Importations de l’UE à 27 dans le secteur THC et dans les principaux secteurs d’exportation pour la période 19 2000-2005
Priorités et aspects problématiques Sans vouloir prétendre à l’exhaustivité, le présent rapport d’information entend, après les rencontres qui se sont tenues avec les principaux experts et organisations du secteur et à la lumière des principaux éléments de discussion traités lors de l’audition publique sur «L’évolution de l’industrie européenne du textile et de l’habillement», tenue près de Porto le 30 octobre 2007 au Centre technologique des industries du textile et de l’habillement (CITEVE, Vila Nova de Famalicão, Portugal), se concentrer sur certaines questions et difficultés prioritaires, jugées d’une importance stratégique pour l’évolution future du secteur THC, afin de dégager des axes d’orientation et des options d’intervention concrètes. Le débat a tout d’abord porté sur la libéralisation commerciale suite à l’expiration, le 31 décembre 2007, du Mémorandum d’entente entre l’UE et la Chine. La nécessité a été soulignée dans ce contexte de favoriser le libre échange et l’accès aux marchés, dans des conditions de réciprocité, grâce à la promotion d’une concurrence loyale entre les pays partenaires. Le rôle joué sur le marché mondial du secteur par les nouveaux pays émergents d’Asie et par les “nouveaux États indépendants” d’Europe centrale et orientale, ainsi que l’importance centrale acquise par les relations euro-asiatiques pour les productions européennes 20 à haute valeur ajoutée, ont également été jugés essentiels. Parallèlement, l’on a insisté sur la nécessité d’accompagner la libéralisation par des instruments adaptés de contrôle des flux et par des “systèmes d’alerte précoce” spécifiques et de protéger les intérêts des opérateurs européens du secteur contre d’éventuelles pratiques concurrentielles déloyales. L’importance centrale du respect des droits fondamentaux du travail, tels qu’ils ont été définis par l’OIT dans le cadre des normes minimales fondamentales du travail ratifiées par la majorité des États membres, a également été réaffirmée, le “dumping social” étant jugé inacceptable. Il a donc été proposé d’établir des normes contraignantes de nature technique, sociale et environnementale en vue de renforcer le modèle social européen dans le monde, en parfaite cohérence avec la stratégie de Lisbonne.
Il a également été jugé nécessaire d’engager une réflexion sur la compétitivité du secteur du point de vue de l’innovation technologique et de la capacité à proposer une image autre que la figure stéréotypée d’un secteur traditionnel en déclin. L’opportunité a en conséquence été soulignée d’une meilleure prise de conscience du rôle de l’uE à 27 en tant que leader mondial en matière d’utilisation des technologies et de l’innovation dans les processus de production du secteur tHC. Cela ne doit pas pour autant faire oublier la nécessité d’investissements susceptibles de préserver durablement cet avantage comparatif, en étendant la notion d’innovation à toutes les avancées technologiques ayant un impact même indirect sur le secteur. À cet égard, l’opportunité a été mise en avant de promouvoir le développement de centres d’excellence et de renforcer les partenariats techniques entre les plates- formes technologiques existantes et celles récemment créées, ainsi qu’entre celles-ci et les principaux programmes et politiques européens de recherche et développement, en vue d’améliorer l’efficacité des ressources disponibles. A également été pointée la nécessité d’anticiper les mutations industrielles que le secteur devra affronter dans les années à venir. Il a été recommandé dans ce but de diffuser les meilleures pratiques et les approches innovantes en œuvre au niveau européen, en associant davantage les partenaires sociaux à ce processus. La politique européenne des marchés publics, qui représentent à eux seuls 21 près d’un cinquième du PIB de l’uE à 27, joue également un rôle essentiel dans ce contexte. Les entreprises du secteur peuvent tirer des avantages substantiels d’une nouvelle politique des marchés publics qui dynamise l’innovation, en particulier dans les secteurs où le textile technique est le plus utilisé, à savoir pour l’essentiel la santé, la défense et des transports.
L’attention a également été attirée sur la forte fragmentation de la chaîne de valeur européenne et sur le rôle prépondérant joué dans le secteur THC par les petites et moyennes entreprises. Dans l’UE à 27, plus de 78% des entreprises du secteur emploient moins de 10 salariés, et les PME représentent globalement 72% de la main d’œuvre totale du secteur et génèrent 74% de la valeur ajoutée globale (données Eurostat). Cela favorise la dépendance des fournisseurs à l’égard des grands clients, en particulier dans les régions où le secteur THC apparaît comme la principale industrie manufacturière6. La prépondérance d’entreprises de petite taille et l’absence de réglementation spécifique au niveau européen rendent on ne peut plus 6. Voir avis du CESE sur L’évolution des difficiles les actions de soutien à l’innovation et à la mise à chaînes de valeur et d’approvisionnement niveau technologique, le développement des capacités de mise dans un contexte européen et mondial (CCMI/037 – CESE 5992007, rapporteur: en réseau et l’interconnexion avec les chaînes mondiales de VAN IERSEL, corapporteur: GIBELLIERI). valeur. Il apparaît donc fondamental pour le secteur de revoir totalement sa stratégie d’association et de travail en réseau, en accroissant la coopération au sein de la filière, en ciblant particulièrement le rôle des PME, et en intensifiant les synergies entre les différentes étapes du processus de production et entre ce dernier et la chaîne de distribution ainsi que la chaîne logistique. Dans cette optique, il est jugé particulièrement important de renforcer le dialogue euro-méditerranéen et de prendre des mesures 22 concrètes afin de mettre en place une filière intégrée réunissant les entreprises des deux rives de la Méditerranée, via la création d’une zone de production euro-méditerranéenne dans le secteur textile, conformément à ce qu’a proposé le Parlement européen.
d’un point de vue social, la perte continue de postes de travail subie par le secteur au cours de la dernière décennie a fait prendre conscience de l’urgente nécessité de réponses concrètes et rapides. Avant toute chose, il est urgent de relever les normes existantes en matière de formation et d’investir dans la création de nouveaux profils professionnels hautement qualifiés, en accord avec les stratégies d’innovation et de mutation technologique qu’impose le marché mondial. Plus généralement, la nécessité a été soulignée de promouvoir l’éducation et la culture scientifique à l’échelon européen, afin d’intéresser les jeunes aux carrières et aux études scientifiques, de stimuler leur esprit d’entreprise et de susciter leur intérêt pour les emplois dans ce secteur, grâce à des campagnes de sensibilisation spécifiques. S’agissant toujours de l’emploi, il y a également lieu de promouvoir une nouvelle image du secteur, en prévoyant des projets pilotes destinés à garantir une coopération étroite entre les pôles de conception et les pôles de connaissance du secteur tHC à tous les échelons (uE, national, régional). Ces projets pilotes devraient favoriser (notamment en ce qui concerne les PME) l’accès au crédit et conduire à accorder une attention accrue à la technologie et à l’innovation. Cela étant posé, il importe de remarquer que, bien que les nombreuses initiatives conduites par les principaux acteurs institutionnels (uE, états membres, régions) et privés 23 (employeurs, organisations syndicales, consommateurs, entre autres) se soient révélées fondamentales en termes de revalorisation et de relance du secteur, en réponse aux pressions exercées par la concurrence mondiale, une coordination horizontale ou verticale de ces multiples initiatives a malheureusement fait défaut pour exploiter systématiquement les avantages attendus.
La CCMI a en conséquence jugé utile d’assumer de plus larges 24 responsabilités dans la gouvernance de ce secteur, en exerçant une activité permanente et suivie d’observation et de contrôle, et en encourageant le développement du dialogue entre les partenaires sociaux et les autres parties prenantes, dans l’objectif déclaré de voir le débat déboucher sur des actions concrètes. dans ce contexte, la CCMI, en collaboration avec le Comité des régions, a également exprimé la volonté de soutenir d’éventuelles initiatives régionales, en accordant une attention particulière aux régions les plus spécialisées dans le secteur du tHC, afin de favoriser la gouvernance du processus au niveau local et la mise en réseau, à l’échelon européen, des principaux pôles régionaux de production du secteur, avec pour objectif final de les impliquer davantage dans les chaînes globales de valeur et dans les dynamiques innovantes.
Le présent rapport aborde enfin d’autres points sensibles importants pour le secteur, tels que la lutte contre les contrefaçons et la protection de la propriété intellectuelle, l’environnement et le développement durable, la protection des consommateurs, etc. Concernant ce dernier point, la nécessité a été réaffirmée de garantir aux consommateurs une information claire et complète sur les produits. Il a été préconisé d’établir une réglementation européenne relative à l’origine, à la traçabilité et à l’étiquetage des produits importés et exportés, de manière à mettre en lumière les étapes essentielles de création de valeur ajoutée dans la chaîne de valeur, ainsi que d’adopter des procédés et des productions orientés vers l’efficacité énergétique et l’utilisation des sources d’énergie renouvelables. Malgré les préoccupations suscitées, notamment chez les PME, par la charge administrative excessive dérivant de l’adoption du règlement REACH, il a en effet été reconnu que la protection de l’environnement pouvait offrir de nouvelles opportunités au secteur, tant en terme d’adoption de procédés de production respectueux de l’environnement que de développement de tissus écologiques. une sélection d’hyperliens du secteur du textile, de l’habillement et de la chaussure est disponible sur le site de la CCMI: http://www.eesc.europa.eu/sections/ccmi/index_fr.asp 25
Compte rendu de l’audition sur L’évolution de l’industrie européenne du textile et de l’habillement 27 CITEVE, Vila Nova de Famalicão (Portugal), 30 octobre 2007
Cette audition visait à permettre un échange d’expériences et de meilleures pratiques entre différentes régions, traditionnellement actives dans l’industrie du textile. en analysant le secteur sur le terrain, l’on a pu vérifier dans quelle mesure les conclusions auxquelles l’on est parvenu grâce au travail considérable réalisé récemment dans ce domaine reflétaient les réalités du terrain. l’audition a également fourni une contribution inestimable au rapport d’information de la Commission consultative des mutations industrielles (CCmi) sur “l’évolution de l’industrie textile et de la chaussure européenne” (adopté le 4 février 20081). les allocutions d’ouverture et le tour d’horizon de l’industrie européenne du textile et de l’habillement ont été suivis d’un ensemble de dix présentations consacrées à sept régions différentes de six pays et d’une session consacrée aux perspectives de ce secteur2. CoNCLuSIoNS PRINCIPALES Les conclusions auxquelles l’audition a donné lieu peuvent être réparties en trois domaines différents: imaGe 28 Il ne fait aucun doute que le secteur souffre d’un problème d’image. Il n’est que trop souvent associé aux problèmes posés par un apparent déclin en termes d’emploi et de perspectives commerciales. Bien que dans une certaine mesure cela soit exact, l’on a indiqué que l’on laisse échapper des occasions précieuses de redresser l’image déclinante de cette industrie, notamment si l’on considère les caractéristiques spécifiques du textile européen et le potentiel évident de technologie de pointe qu’il recèle, ses applications innovantes et ses créations originales. Il est essentiel de promouvoir une industrie dynamique et créative, mais aussi d’encourager dans toute l’Europe des systèmes de production qui prennent en compte la responsabilité sociale et qui soient par conséquent attractifs pour le client. resPONsabiliTÉ sOCiÉTale La demande croissante pour une production industrielle qui soit responsable du point de vue social et environnemental constitue 1. Disponible sur le site internet: http://www.eesc.europa.eu/sections/ une occasion inestimable pour les entreprises européennes. ccmi/listofadoptedopinions/index_ En dépit de certaines situations illégales persistantes sur de FR.asp. nombreux lieux de travail dans toute l’Europe, il est un fait que 2. Tous les supports didactiques utilisés au les conditions sociales que nous pouvons généralement offrir cours de l’audition (discours, présentations et annotations) sont disponibles sur le nous apportent un avantage concurrentiel dans ce secteur site internet http://www.eesc.europa.eu/ en termes d’attrait vis-à-vis de jeunes employés qualifiés et sections/ccmi/Hearingsandconferences/ Thepast/index_fr.asp. riches de talent. dans la société contemporaine, fondée sur la
connaissance, l’accent stratégique devrait dès lors être porté sur l’innovation et la recherche ainsi que sur les compétences et les qualifications, par opposition à une course effrénée vers le principe du “bas coût à tout prix” avec tous les problèmes que cela entraîne en termes de responsabilité sociétale des entreprises. Par ailleurs, la capacité à anticiper et à s’adapter au changement par un dialogue social de grande qualité doit être promue à tous les niveaux, dans la mesure où une pression de plus en plus forte en faveur de la responsabilité sociale des entreprises concerne non seulement les entreprises prises individuellement mais également les groupes industriels régionaux, ainsi que les fédérations nationales et internationales. la sTraTÉGie rÉGiONale La dimension régionale et le potentiel corrélé de stratégies pour les PME dans le domaine des grappes productives et de la coopération constituent une composante essentielle des systèmes européens de production et de distribution textile. En fait, compte tenu des difficultés notoires d’accès aux financements et aux programmes européens de toutes sortes, ainsi qu’aux marchés au niveau mondial, les stratégies relatives aux grappes productives et à la coopération pourraient s’avérer fondamentales pour les PME du secteur textile. En coopérant, les entreprises établies dans la même région peuvent engendrer aussi bien un intérêt commercial des institutions financières 29 qu’une masse critique, leur permettant d’entrer sur les marchés internationaux. Il ne faut pas mettre l’accent sur la mise en place de quotas pour les importations en provenance des pays tiers, mais sur la création des conditions permettant à nos produits d’avoir accès à leurs marchés. une coordination est nécessaire, tant à l’intérieur des régions qu’entre elles, et l’échange des meilleures pratiques peut jouer un rôle décisif pour le développement de stratégies fructueuses. ALLoCutIoNS d’ouVERtuRE m. antónio amorim, président du conseil d’administration du Centre technologique des industries du textile et de l’habillement du Portugal (CItEVE), commence par décrire brièvement l’industrie portugaise du textile et de l’habillement, et les défis auxquels elle est confrontée dans le contexte européen et mondial. décrit comme une industrie à faible coût et à forte intensité de main-d’œuvre, le secteur textile du Portugal (ainsi que de nombreux autres états européens) a connu des difficultés significatives dues à la mondialisation et à la concurrence globale qu’elle a entraînée. Au cours des dernières années, néanmoins, ce secteur a retrouvé une vitalité en tirant profit des occasions offertes par ces mêmes processus. En suivant le chemin tracé par de nombreux autres états
membres, l’industrie portugaise devient de plus en plus souple et créative. Au Portugal comme en Europe, cela signifie que l’avenir du secteur dépend toujours davantage de l’innovation et de l’échange régulier de connaissances entre entreprises, associations et autorités concernées. m. linas lasiauskas, président d’un groupe d’étude du CESE sur ce sujet, fait remarquer que le secteur textile a toujours fait preuve d’innovation et qu’il a été l’un des premiers à affronter les conséquences et défis variés de la mondialisation. Le secteur communautaire du textile et de l’habillement continue à être un moteur important de l’économie européenne et demeure l’un de ceux qui exportent le plus dans le monde; des rumeurs sur l’effondrement imminent de ce secteur industriel peuvent par conséquent être considérées comme largement exagérées. En effet, grâce à sa souplesse, il a toujours été ouvert à l’innovation et il constitue l’un des moteurs essentiels permettant de transformer l’Europe en une économie fondée sur la connaissance. toutefois, l’on ne peut se permettre aucune complaisance. Afin de rendre cette industrie plus compétitive, un certain nombre de mesures doivent être prises. Par exemple, des avancées dans les domaines des normes, des droits de propriété intellectuelle, des pratiques de passation des marchés et du droit commercial international contribueraient de manière significative à la compétitivité actuelle du secteur. tout aussi 30 important est à cet égard le renforcement de la coopération entre les partenaires sociaux à l’échelon régional. m. durval Tiago Ferreira, vice-maire de Vila Nova de Famalicão, souligne l’importance économique de sa ville et celle de sa production textile. tout en attirant l’attention sur les difficultés auxquelles est confrontée la région, qui sont dues à la mondialisation (parmi elles, fermetures d’usines et augmen- tation du chômage), il affirme également que de nombreuses entreprises ont relevé de nouvelles opportunités économiques, s’appuyant sur la modernisation, sur un personnel hautement qualifié et sur de nouveaux débouchés. En effet, quelques-unes des plus importantes entreprises portugaises actives dans le secteur sont maintenant établies à Vila Nova de Famalicão, ce qui fait de la ville un centre scientifique, technologique et industriel du secteur textile au Portugal.
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