L'IMPACT DU NUMÉRIQUE SUR LES STRATÉGIES DIGITALES DES GRANDES MARQUES DU LUXE ET DE LA HAUTE COUTURE
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2013 SCIENCES PO TOULOUSE L'IMPACT DU NUMÉRIQUE SUR LES STRATÉGIES DIGITALES DES GRANDES MARQUES DU LUXE ET DE LA HAUTE COUTURE MÉMOIRE PROFESSIONNEL PRESENTÉ PAR M . OSCAR CHALÁ RUIZ DIRECTEUR DE MÉMOIRE: M. JEAN-‐MARC DÉCAUDIN
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L'IMPACT DU NUMÉRIQUE SUR LES STRATÉGIES DIGITALES DES GRANDES MARQUES DU LUXE ET DE LA HAUTE COUTURE I. INTRODUCTION 5 II. LE LUXE, LE POUVOIR DU SUBJECTIF 7 III. QU'EST CE QU'UNE MARQUE DE LUXE ? 8 IV. QUI SONT LES PRINCIPAUX ACTEURS DE LA HAUTE COUTURE ET LE LUXE EN FRANCE ET DANS LE MONDE? 10 1. LVMH 10 2. KERING 11 V. QUI SONT LES CONSOMMATEURS DU LUXE? 13 VI. LES STRATEGIES DE MARKETING DE LA HAUTE COUTURE ET DU LUXE 15 1. LES STRATÉGIES « CLASSIQUES » DE MARKETING DE LUXE 15 2. INTERNET, LA NOUVELLE FRONTIÈRE À CONQUÉRIR POUR LES MARQUES DE LA HAUTE COUTURE ET DU LUXE 17 VII. LA HAUTE COUTURE ET LE LUXE, DANS L'ERE DU DIGITAL 18 1. LES « NATIFS DU NUMÉRIQUE », ACTEURS À PART ENTIÈRE DE L’UNIVERS DIGITAL 18 2. LE MODÈLE DE VENTE EN LIGNE, UN RELAIS POUR LES TECHNIQUES TRADITIONNELLES DE VENTE 19 VIII. QUELS SONT LES OUTILS DIGITAUX UTILISÉS PAR LE LUXE ? 21 1. LES SITES WEB OFFICIELS 21 2. LA TENDANCE DES MINI-‐SITES TEMPORAIRES 22 3. LES MAGAZINES EN LIGNE 23 4. LA « CULTURE DU BUZZ », UNE PUISSANTE TENDANCE VIRALE. 24 5. LES WEB-‐SÉRIES 27 6. LE STORYTELLING 29 IX. LE LUXE ET LES MÉDIAS SOCIAUX 33 1. LA DIGITALISATION DES RÉSEAUX SOCIAUX 33 2. LE BLOG OFFICIEL DE LA MARQUE 35 3. LE PHÉNOMÈNE DE LA SOCIAL CULTURE 39 4. LE CHOIX DES BONS RÉSEAUX SOCIAUX 40 5. LA VAGUE DIGITALE DE FACEBOOK 43 6. LE FLUX TENDU SUR TWITTER 47 7. LA RÉVOLUTION INSTAGRAM 49 8. YOUTUBE ET VIMEO, LES FOYERS DU BUZZ MONDIAL 51 9. LES FASHION 2.0 AWARDS 53 3
L'IMPACT DU NUMÉRIQUE SUR LES STRATÉGIES DIGITALES DES GRANDES MARQUES DU LUXE ET DE LA HAUTE COUTURE X. L'ENJEU DES TECHNOLOGIES MOBILES POUR LES MARQUES DE LUXE 54 1. MARQUE DE LUXE ET APPLICATION MOBILE 54 2. LE SOLOMO, ET LA CONSTRUCTION DE RÉSEAUX SOCIAUX DE PROXIMITÉ 56 3. LE « DARWINISME DIGITAL », NOUVELLE BATAILLE DE LA SURVIE D’UNE MARQUE 56 XI. LUXE ET E-‐COMMERCE 57 1. LA REMISE EN CAUSE DES MODES DE DISTRIBUTION TRADITIONNELS 58 2. OPTIMISATION DE L’EXPÉRIENCE UTILISATEUR 59 XII. CONCLUSION 60 4
L'IMPACT DU NUMÉRIQUE SUR LES STRATÉGIES DIGITALES DES GRANDES MARQUES DU LUXE ET DE LA HAUTE COUTURE I. INTRODUCTION Quelques généralités sur la digitalisation et son impact général sur les pratiques de marketing dans le secteur d e la haute couture et du luxe. Croissance du digital. Avec des conditions d’accès plus faciles, à toutes les fonctionnalités du Web et des technologies digitales, la sphère digitale, a connu depuis la fin des années 1990 une très forte évolution. Depuis 2003, la sphère digitale avec sa pointe de fer, internet, se trouve dans une nouvelle « phase » de sa croissance et évolution, connue comme le Web 2.0. Le web 2.0 désigne généralement le "web nouvelle génération" ; c’est-‐à-‐dire l’ensemble des fonctionnalités communautaires et collaboratives (blogs, avis des consommateurs, flux RSS, plateformes d’échanges vidéo, etc.) qui se sont fortement développées sur Internet à partir de l’année 2005.1 La digitalisation des activités, des habitudes de consommation, de l’information et des renseignements ; ainsi que les pratiques de participation et intégration au sein de véritables communautés digitales, est bien une réalité moderne. Et les marques et entreprises de nombreux secteurs, se mettent progressivement au pas de cette évolution accélérée des moyens de communication. Comme l’affirme Sylvie Gillibert -‐ intervenante référente du programme Communication et création numérique de l’ISCOM (Grande École de Communication et Publicité) : « Internet et le web 2.0 ont permis au consommateur de s’insérer davantage dans la vie des marques et des entreprises, forçant ainsi le marketing et les marketeurs à porter sur lui un nouveau regard et à reconsidérer le lien que les marques doivent ou peuvent entretenir avec leurs cibles. La qualité de la relation Marque-‐Consommateur est plus que jamais au cœur du nouveau marketing. » Le développement d’une activité traditionnelle comme née sur le Web, semble être indispensable, voire incontournable, afin d’exister dans l’esprit des consommateurs et capter d’importantes parts de marché. Le Digital est perçu par certains comme un canal de communication en plus, prêt à être absorbé. Jadis considérés comme incompatibles, nombreux sont les articles et études qui analysent l’entrée progressive des marques du luxe et de la haute couture dans le monde digital ; et comment ces deux mondes, se retrouvent et collaborent à présent. Avec l’essor et croissance exponentiels de l’e-‐commerce, nombreuses entreprises et marques se retrouvent dans une course effrénée vers la conquête de ce nouveau terrain médiatique : le numérique. Comme le montrent bien les chiffres de l’e-‐commerce publié par la FEVAD (Fédération E-‐commerce et Vente A Distance), la France comptait 31 millions d’acheteurs en ligne en 2012, sur 40,2 millions d’internautes ; ce qui veut dire qu’en 2012 en France 77% des internautes ont effectué, au moins, un achat en ligne. Pour ce qui est du poids des secteurs qui nous intéressent pour la suite de notre étude, l’habillement, les chaussures et les accessoires représentent 9% des parts du commerce en ligne. Et bien que la France présente des chiffres élevés dans l’e-‐commerce, c’est loin d’être le premier pays où ce commerce se développe, ce qui montre que le cas de la France n’est pas unique, ni isolé, mais plutôt le reflet d’une tendance commerciale globale. 1 Source : Définitions Webmarketing Encyclopédie. 5
L'IMPACT DU NUMÉRIQUE SUR LES STRATÉGIES DIGITALES DES GRANDES MARQUES DU LUXE ET DE LA HAUTE COUTURE Les expériences numériques – Actuellement avec la multitude de moyens qu’offre le web afin d’immerger les internautes dans des expériences numériques inédites, les opportunités et développements sont pratiquement illimités ; ou du moins, perçues comme telles. Internet et les technologies mobiles apparaissent progressivement comme des moyens de communication très puissants, offrant des opportunités infinies de communication à travers des méthodes aussi innovatrices que l’élimination de barrières physiques, temporelles ou même l’intégration d’une réalité parallèle – à travers la réalité augmentée ; et repoussent chaque jour davantage les limites de notre quotidien. D’après les chiffres publiés par l’Agence NiceToMeetYou dans leur rapport « Les enjeux du numérique à horizon 2017 » -‐ 84% des décideurs interrogés considèrent que les décisions portant sur l’engagement de leur entreprise dans des solutions numériques sont stratégiques et que les principaux bénéfices en seront : « une progression de nouvelles manières de travailler : mobilité, télétravail… ; des échanges plus riches et plus fréquents avec les parties prenantes : clients, prestataires, partenaires… ». Par ailleurs, le poids du digital et internet sur l’activité des entreprises devient tellement important, que des nouveaux «profils du digital » se dessinent au sein de la structure et la hiérarchie décisionnelle des entreprises et marques présentes sur le numérique. D’après une étude OPINION WAY pour Microsoft, effectuée du 10/12/2012 au 18/01/2013 auprès de 351 «Responsables d’affaires » (DG, DRH, Dircom, DAF, Direction marketing, commerciale, etc.) dans des entreprises de 250 salariés et plus, on distingue 4 catégories de profils de décideurs : « Le réticent (« peu technophile, futur quinquagénaire, il travaille le plus souvent dans une grande entreprise qui a déjà intégré le numérique. Frileux quant aux enjeux numériques pour les 5 prochaines années, il craint la transformation du business model et des nouvelles pratiques professionnelles”), le spectateur (Il travaille dans une entreprise « traditionnelle », encore peu impliquée dans le digital. Peu technophile, il est au début ou à la fin de sa carrière et il attend de voir les changements qui apparaitront dans le processus de prise de décisions et le business model), l’enthousiaste (plutôt technophile dans une entreprise qui ne l’est pas tout à fait, il fait partie des décideurs « digitaux ». La quarantaine, il a encore une vision généreuse du numérique : celle de faciliter les échanges, de collaboration et de partage) et l’influenceur (Il incarne la posture de manager digital dans une entreprise digitale. Plus présent dans les services de communication et marketing ; il maîtrise la technique, utilise les réseaux, et cherche l’efficacité. ROIste jusqu’au bout, il fait du numérique un enjeu économique pour son entreprise) ». Ces constats et évolutions de la sphère digitale, et son influence croissante sur l’environnement commercial et structurel des marques du monde entier, nous emmène à nous interroger : comment l’organisation marketing des marques de luxe et de la haute couture évolue-‐t-‐elle, du fait de la croissance du digital ? Les pratiques de marketing des entreprises du luxe et de la haute couture se sont transformées et adaptées au commerce électronique, du fait des nouveaux modes de communication, l’essor de l’e-‐commerce, et de l’influence croissante donnée à l’e-‐réputation. Les nouvelles évolutions de la sphère digitale, et les NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication), ont apporté des nouveaux canaux de distribution et de promotion des produits de luxe ; ainsi que l’accès à une population plus vaste de consommateurs (grâce aux nouveaux marchés résultant des innovations des instruments de diffusion). Ces évolutions ont emmené les marques du luxe et de la haute couture à modifier ou adapter leurs approches marketing et relationnelles, pour qu’elles soient cohérentes avec ce nouvel espace commercial. 6
L'IMPACT DU NUMÉRIQUE SUR LES STRATÉGIES DIGITALES DES GRANDES MARQUES DU LUXE ET DE LA HAUTE COUTURE II. LE LUXE, LE POUVOIR DU SUBJECTIF Qu’est-‐ce que le luxe? A l’origine, le luxe était perçu comme le résultat d’une construction sociale hiérarchisée, stratifiée. Actuellement, dans la perception généralisée, le luxe apparait pour certains comme un concept associé avec la sophistication, le raffinement, et souvent, un signe de distinction. Selon cette perception, le luxe représenterait notamment la capacité à se procurer un certain bien, un service, une destination ou tout élément qui pourrait être mis dans une catégorie de « traitements spéciaux ». Pour les uns c’est un élément de convoitise, un point à atteindre ; pour les autres, c’est leur façon de s’exprimer, se différencier. « Le terme de luxe évoque spontanément l’inaccessibilité, les modes de vie des riches, des biens et des possessions chers, et des services personnalisés coûteux », J.N. Kapferer et V. Bastien, Luxe Oblige. Une définition que J.N Kapferer et V. Bastien présentent comme le « luxe absolu ». Cependant, et comme le montrent bien aussi ces deux auteurs ; on ne peut pas parler d’un luxe. Le luxe est une notion subjective, attachée aux valeurs, à la perspective et aux goûts de chaque individu, qui modèle le luxe selon sa vision. Suite à l’élaboration de certaines gammes de produits et créations faites par des « grands designers », certains produits des marques de luxe sont devenus plus facilement accessibles à un vaste nombre d’individus ; et par là, l’accès à des biens de luxe, et surtout, aux symboles du luxe. Avec cet accès accru aux produits de luxe, le terme de luxe a connu un fort développement de son champ sémantique ; phénomène qui a donné naissance a des termes tels que « masstige » (prestige de masse), Cette « dispersion du luxe » (J.N. Kapferer et V. Bastien, Luxe Oblige) est couramment connue comme une « démocratisation du luxe » ; une phénomène qui semblerait être un produit social, propre aux dynamiques sociales. Ceci dit, il faut bien tenir en compte de la nature même du luxe, en tant que code et symbole d’une stratification sociale ; et par là, le fait que la démocratisation du luxe n’entraîne pas une vulgarisation de ce dernier, mais un élargissement de la population qui a accès au luxe. Cependant, comme le précisent Jean-‐Noël Kaprferer et Vincent Bastien dans leur ouvrage « Luxe oblige » : « le luxe exprime une façon différente et globale de comprendre un client et de gérer un business » ; et n’exprime donc pas seulement l’accès à des gammes « supérieures » de produits, ce qui serait plutôt rapproché de la notion de « chic ». Le luxe exprimerait aussi, et surtout, l’accès à une culture dans la culture. Le luxe traduit un ensemble de codes, règles et symboles propres d’un élément social. Lorsqu’un individu achète un bien de luxe, il n’achète pas seulement le bien matériel, mais aussi le langage symbolique, les codes culturels propres à la culture de laquelle la Maison de création, elle-‐même, est issue. « Le bien de luxe est enraciné dans une culture […] sociologique, philosophique et géographiquement» (J.N. Kapferer et V. Bastien, Luxe Oblige). Un exemple de cet enracinement du luxe dans sa culture d’origine peut être la marque Dior, issue de la culture française, et dont le savoir-‐faire et héritage obtiennent leur distinction et légitimité de cette culture où est née la marque. Ainsi, le luxe se détache des rapprochements à une certaine catégorie de biens ou le besoin de se distinguer, pour nous dévoiler sa vraie nature en tant qu’une véritable culture ; une culture qui s’est nourri d’histoire, tradition et savoir-‐faire. La culture du luxe trouve ses origines dans la nature même des Hommes qui, traditionnellement organisés en hiérarchies sociales, ont développé des groupes « dominants » qui se distinguaient souvent du reste de la population par des symboles. Ceci bien sûr, ayant comme implication que des différentes définitions sociales du luxe peuvent exister, en tenant en compte des spécificités et particularités d’une société ; ses mœurs, ses valeurs, son structure sociale et ses symboles sociaux. Le luxe s’inscrit ainsi, depuis plusieurs 7
L'IMPACT DU NUMÉRIQUE SUR LES STRATÉGIES DIGITALES DES GRANDES MARQUES DU LUXE ET DE LA HAUTE COUTURE siècles sur ces dynamiques sociales de distinction, de codes et règles bien précises, et enrichi par des symboles forts. « Le luxe consiste dans l’élévation » (J.N. Kapferer et V. Bastien, Luxe Oblige). Le luxe se définira ainsi par son esthétisme, mais aussi par la relation avec l’individu. En effet, le luxe est une perception relative à chaque individu, et par conséquent, une notion subjective qui dépend des codes et symboles d’élévation propres à chaque individu. Le luxe et le pouvoir du luxe résident dans le désir individuel, dans la subjectivité de nos désirs ; et par conséquent, les produits de luxe se définiront à travers leur valeur d’usage, d’expérience, plus que par leur valeur monétaire. La valeur du luxe réside dans ses symboles et la transmission d’un code social. La notion de luxe s’inscrit aussi dans le temps et les modes de vie de la société environnante. Ainsi, les marques de luxe, ayant des repères historiques anciens et une tradition qui peut parfois dater de plusieurs siècles, joueront sur cette notion du temps dans le luxe pour adapter leurs stratégies à leur époque, tout en légitimant la nature « de luxe » de ses créations et des codes que la marque véhicule. C’est grâce à cette caractéristique « intemporelle » que les produits de luxe se distinguent des produits « à la mode ». Les produits de luxe sont des biens durables qui vont au-‐ delà des tendances d’une époque, grâce aux symboles historiques et pérennes, qui sont inscrits dans ces créations. Ce dernier point, en spécial, nous permet d’aller plus loin dans notre analyse de l’univers du luxe et de la haute couture ; et attire notre attention vers l’un des éléments les plus importants au moment de définir les frontières, parfois très fines, de l’univers du luxe. Cet élément sont les marques du luxe. III. QU'EST CE QU'UNE MARQUE DE LUXE ? L’industrie du luxe telle que on la connaît aujourd’hui est vraiment née après la Seconde Guerre Mondiale, lors d’une période de reconstruction économique et sociale à laquelle s’ensuivirent des périodes de forte croissance économique. Si bien les Grandes Maisons du luxe, dans des secteurs variés, sont nées à la fin du 19e siècle, le développement de l’industrie du luxe vint avec l’après-‐ guerre. La marque de luxe se construit comme un produit culturel, fortement encastré dans des symboles sociaux qui vont définir les codes propres à la marque. Elle ne se définit par seulement par le esthétisme de ses créations mais par la tradition et les valeurs qui sont transmises dans chaque création. Sociologiquement, les individus rechercheront à élever la marque de luxe au-‐dessus des autres marques afin de recréer cette stratification dont une grande partie de la population a besoin, afin d’établir des critères et codes de différenciation. La marque de luxe est l’un des vecteurs qui permettent aux individus de reproduire certains codes qui leur permettront « l’élévation ». Par conséquent, il semble important de marquer une différence entre les marques de luxe et les marques de mode. La différence essentielle est que le luxe, comme on l’a déjà expliqué plus tôt dans l’étude, relève d’une construction sociale par laquelle les individus (ou groupes d’individus) cherchent à établir une stratification sociale à travers des codes et valeurs précis; le luxe est subjectif ; propre aux désirs de chacun. D’autre part, la mode relève plus d’une tendance, plus ou moins éphémère, qui exprime le besoin d’exposer « publiquement » l’appartenance à une certaine catégorie sociale, à un mouvement ou à un groupe social. 8
L'IMPACT DU NUMÉRIQUE SUR LES STRATÉGIES DIGITALES DES GRANDES MARQUES DU LUXE ET DE LA HAUTE COUTURE Ainsi, les marques de luxe se positionneront selon un système de codes et valeurs bien précis, encastrés dans leur histoire et les constructions sociales historiques propres à la Maison de luxe. De la même manière, les marques de luxe se distinguent des marques « Premium ». Ces dernières se caractérisent par des produits de haute qualité avec une forte utilité fonctionnelle ; des produits qui permettront à l’individu de montrer son « rang » dans la société. Le luxe d’autre part, se caractérise par une véritable utilité d’usage, une utilité symbolique « qui s’inscrit plutôt dans l’ordre de l’héritage, d’une distinction sociale ».2 De cette façon, on distingue bien une différence entre les marques de luxe et les marques Premium. Malgré le fait que dans certains cas les frontières pour distinguer ces marques soient floues. Par exemple en termes de diversification des produits ; une marque de luxe, riche en histoire et stratégie pourra opter pour la création et distribution de produits « de qualité supérieure » (Premium) portant le logo ou signes distinctifs de la marque. Ces produits porteront les valeurs de la maison, mais la « perte » de leur nature incomparable ou rare impliquera aussi une perte de leur nature en tant que bien de luxe. Cette approche commerciale relève plus des objectifs de rentabilité financière de l’entreprise, plus qu’une transmission de codes culturels. Ainsi, ces produits seront considérés comme des produits Premium. Ainsi, en plus de leur construction différente, on constate qu’une différence dans les logiques commerciales et de positionnement, créent aussi une distinction entre les marques de luxe, les marques de mode et les marques Premium. Triangle de positionnement des marques du luxe, de la mode et des marques Premium Source : J.N Kapferer et Vincent Bastien, Luxe oblige (The Luxury Strategy). 2 Source : J.N. Kapferer et V. Bastien, Luxe Oblige. 9
L'IMPACT DU NUMÉRIQUE SUR LES STRATÉGIES DIGITALES DES GRANDES MARQUES DU LUXE ET DE LA HAUTE COUTURE Afin de mieux comprendre la différence entre les marques de luxe et les marques Premium et les marques de mode ; et mieux comprendre le positionnement des plus grandes marques de luxe, on peut reprendre les six critères de distinction du luxe, énoncés par Kapferer (1998) et Barnier, Falcy et Valette-‐Florence (2012). Les six critères qui définissent une marque de luxe et ses produits sont : • « Une expérience hédoniste de haute qualité ou produit pérenne ; • Un prix qui excède sa pure valeur fonctionnelle ; • Lien fort avec l’héritage, savoir-‐faire et culture propres à la marque ; • Disponibilité délibérément réduite et contrôlée ; • Personnalisation des services dérivés ; • Représentation et symbole social ; offrant à l’utilisateur une expérience de distinction ». IV. QUI SONT LES PRINCIPAUX ACTEURS DE LA HAUTE COUTURE ET LE LUXE EN FRANCE ET DANS LE MONDE? Parmi les principaux acteurs de la haute couture et le luxe en France et dans le monde, deux grands groupes se distinguent. Le premier, le groupe LVMH (Moët Hennessy Louis Vuitton) ; et le deuxième : le groupe Kering (ancien PPR – Pinault-‐Printemps-‐Redoute). 1. LVMH LVMH est reconnu comme le leader mondial des produits de haute qualité, LVMH Moët Hennessy -‐ Louis Vuitton dispose d'un portefeuille unique de plus de 60 marques prestigieuses. Le Groupe est présent dans cinq secteurs d'activités : Vins & Spiritueux, Mode & Maroquinerie, Parfum & Cosmétiques, Montres & Joaillerie, et la Distribution Sélective. Grâce à sa politique de développement des marques et à l'expansion de son réseau de distribution international (plus de 3 000 magasins à travers le monde), LVMH s'inscrit, depuis sa création en 1987, dans une dynamique de croissance forte. Actuellement, le groupe compte près de 100 000 collaborateurs, dont 79 % basés hors de France. Le lien fort les unissant étant le partage des valeurs du Groupe. « Outre son action en matière de développement du capital humain, dont la LVMH House et la Chaire LVMH-‐ESSEC sont des exemples, le groupe LVMH conduit de multiples initiatives dans le cadre de son engagement pour la protection de l'environnement. Fidèle à sa vocation de mécène, le Groupe s'implique également dans les domaines de la culture et du patrimoine, de l'action humanitaire et de l'éducation et apporte son soutien aux jeunes créateurs » (Source : Site officiel du groupe LVMH – Présentation institutionnelle). La mission du groupe LVMH est d'être l'ambassadeur de l'art de vivre occidental en ce qu'il a de plus raffiné. LVMH veut symboliser l'élégance et la créativité. Ils veulent apporter du rêve dans la vie par leurs produits et par la culture qu'ils représentent, alliant tradition et modernité. Dans ce cadre, cinq impératifs constituent des valeurs fondamentales partagées par tous les acteurs du groupe LVMH : la créativité et l’innovation, la recherche de l'excellence dans ses produits, la conservation passionnée de l'image des marques du groupe, le développement de l’esprit d’entreprise, et la volonté d’atteindre l’excellence. 10
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