LA CULTURE CULINAIRE QUÉBÉCOISE RAISONNÉE - LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019 COLLABORATION SPÉCIALE - Le Devoir

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LA CULTURE CULINAIRE QUÉBÉCOISE RAISONNÉE - LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019 COLLABORATION SPÉCIALE - Le Devoir
LA CULTURE CULINAIRE QUÉBÉCOISE RAISONNÉE

•   LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019   •   COLL ABOR ATION SPÉC IALE
LA CULTURE CULINAIRE QUÉBÉCOISE RAISONNÉE - LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019 COLLABORATION SPÉCIALE - Le Devoir
D2                LE DEVOIR / LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019 / CARIBOU

     Surveillez l’édition du journal Le Devoir
     de samedi prochain pour obtenir votre
          livret de recettes emballantes.
LA CULTURE CULINAIRE QUÉBÉCOISE RAISONNÉE - LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019 COLLABORATION SPÉCIALE - Le Devoir
LA CULTURE CULINAIRE QUÉBÉCOISE RAISONNÉE

                        •   LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019   •   COLL ABOR ATION SPÉC IALE

On
achète
local !
Le temps est déjà venu de penser
aux présents à offrir à ceux que l’on
aime pour les Fêtes. Cette année,
si on choisissait d’encourager nos
artisans locaux ? Ils sont nombreux
à se passionner pour notre terroir
et pour les arts de la table. Opter
pour leurs créations promet de
belles découvertes et permet
d’avoir un effet positif sur notre
économie. Suivez le guide pour
des rencontres et des inspirations !

Ce cahier spécial fait partie de la
série Manger le Québec, une
collaboration entre Le Devoir et
le magazine Caribou, créateur du
contenu de ces pages. Cette série
originale propose de découvrir le
Québec autrement, grâce aux arti-
sans qui façonnent sa cuisine.
Depuis 2014, l’équipe de Caribou —
magazine semestriel imprimé et
média Web, cariboumag.com —
se consacre à faire rayonner la cul-
ture culinaire québécoise, en pleine
affirmation de son identité et por-
tée par des chefs, des agriculteurs
et des artisans passionnés.
                                                                                                       

                                                                     Fière de s’associer à la série
                                                                     « Manger le Québec »
                                                                     en collaboration avec Caribou.
LA CULTURE CULINAIRE QUÉBÉCOISE RAISONNÉE - LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019 COLLABORATION SPÉCIALE - Le Devoir
D4                     LE DEVOIR / LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019 / CARIBOU

                                       Cadeaux
                                     gourmands :
                                   choisir le Québec
                                   L’an dernier au pays, il s’est dépensé plus de 19 milliards
                                 de dollars dans le commerce de détail au mois de décembre.
                                   En consultant vos vieux relevés bancaires, vous y verrez
                                 sans doute le reflet de votre générosité. Mais l’argent qui sort
                                 de vos poches pour gâter vos proches sert-il à enrichir votre
                                  communauté ou à gonfler les profits d’un géant étranger ?

                                                 UGO GIGUÈRE      |   PHOTOS DE FABRICE GAËTAN

                                                  ’après les données re-       Il ajoute un cinquième élément

                                 D
                                                  cueillies depuis une      plutôt tendance : l’empreinte envi-
                                                  dizaine d’années par      ronnementale. Comme on réduit la
                                                  l’Observatoire de la      distance de transport, inévitable-
                                                  consommation res-         ment, on diminue l’empreinte écolo-
                                                  ponsable (OCR) de         gique d’un bien.
                               l’École des sciences de la gestion de           L’argument économique est soute-
                               l’UQAM, la volonté d’encourager la           nu par Sylvain Charlebois, directeur
                               production et les artisans locaux est        scientifique du Laboratoire en scien-
                               constamment en croissance.                   ce analytique agroalimentaire de
                                  Selon le Baromètre de la consom-          l’Université Dalhousie, en Nouvelle-
                               mation responsable 2018, publié par          Écosse. Il confirme que, « lorsque
                               l’OCR, 54 % des Québécois achètent           l’on capte l’ensemble d’une chaîne
                               fréquemment des produits fabriqués           domestique [NDLR : un bien dont
                               localement auprès de commerçants             les matières premières, la transfor-
                               de leur quartier. Un taux statistique-       mation, la distribution et la vente
                               ment égal chez les hommes et les             sont faites localement], on contribue
                               femmes, mais qui augmente avec               beaucoup plus à l’économie ».
                               l’âge, précise le directeur de l’obser-         L’expert de l’industrie agroalimen-
                               vatoire, Fabien Durif.                       taire ne rejette cependant pas entiè-
                                  « Plus on vieillit, plus ce critère       rement l’importation, qui permet
                               devient important. On a l’impression         tout de même à des importateurs,
                               qu’en vieillissant, le consommateur          des distributeurs et des détaillants
                               prend conscience de l’importance             de gagner leur vie. « Il est certain
                               qu’il a dans l’économie », mentionne         par contre que, dans ce cas, le coef-
                               le cofondateur de l’OCR.                     ficient multiplicateur est moins
                                  Il s’agit d’ailleurs du type de con-      fort », admet-il.
                               sommation responsable mesuré par                « Dans le domaine de la bouffe, il
                               l’organisme qui a le plus séduit la          n’y a pas grand-chose qui est 100 %
                               population, justement en raison de           local et il est difficile de s’isoler du
                               son « impact direct sur la commu-            reste du monde lorsque vient le
                               nauté », ajoute M. Durif, en expli-          temps de se nourrir. Dans le secteur
                               quant que chaque dollar injecté dans         alimentaire, une grande majorité des
                               l’économie locale est multiplié              emplois existent parce qu’on transi-
                               « parce qu’il reste ici ».                   ge avec le reste du monde », nuance
                                  De manière vulgarisée, Fabien             celui qui aime offrir des produits de
                               Durif énumère comment l’achat                la Nouvelle-Écosse à sa famille du
                               chez l’artisan du coin d’un objet fa-        Québec et recevoir des produits qué-
                               briqué ici devient payant pour toute         bécois en retour.
                               une communauté. D’abord, on sti-                Sylvain Charlebois soutient qu’il
                        mule l’économie locale en permet-            serait bien périlleux de s’aventurer à
                      tant à un commerce de vivre et à un          mesurer le fameux facteur multipli-
                      commerçant de payer son loyer, ses           cateur d’un dollar investi localement
                         employés, etc. Ensuite, on encourage         plutôt que dans un achat en ligne ou
                       un artisan de chez nous qui a lui            dans une chaîne étrangère. Beau-
                        aussi ses propres dépenses. Puis, on         coup trop de variables et d’étapes
                       participe à tout un circuit économi-         seraient impliquées dans le commerce
                           que qui remonte chaque étape de la           de détail pour établir avec justesse
        !  " #$            chaîne. Finalement, on appuie l’in-          un tel calcul.
                               novation locale et donc la création
                               de richesse.                                      
LA CULTURE CULINAIRE QUÉBÉCOISE RAISONNÉE - LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019 COLLABORATION SPÉCIALE - Le Devoir
LE DEVOIR / LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019 / CARIBOU                                                                                                                                    D5

                                                                                                                                                              CONTENU PARTENAIRE

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                                                                                                                      Nicolas Cormier, 28 ans
                                                                                                                   FERME MISSIO-LAIT, À CONTRECOEUR

                                                                                                      Premier producteur laitier de sa famille, Nicolas a eu un coup de
                                                                                                      cœur pour les animaux en travaillant pour des voisins éleveurs
                                                                                                      de bétail lorsqu’il était adolescent. Après des études en gestion
                                                                                                      agricole, il fonde la ferme Missio-Lait, à Contrecœur et, depuis,
                                                                                                      travaille sept jours sur sept, de 4h30 à 19h, pour s’occuper de
                                                                                                      son troupeau d’une quarantaine de vaches.
                                                                                                         « Les vaches aiment la routine. Les heures de traite doivent
                                                                                                      être respectées – elles se plaignent si tu es en retard de 5 minutes !
    Annabel Tremblay :
                                                                                                      – et elles apprécient le calme, une température optimale, des
    la robotisation
                                                                                                      repas à heures régulières. Si une vache ne va pas bien, elle
    a tout changé.
                                                                                                      stresse… Je suis au centre de la vie de mon troupeau, on a une
                                                                                                      belle complicité et les vaches me le démontrent en se collant
                                                                                                      sur moi ou en me donnant un gros coup de langue. »

          LA RELÈVE DU LAIT
                                                                                                         Nicolas est passionné par son métier, qu’il pratique avec fierté.
                                                                                                      « Les producteurs d’ici s’investissent à fond pour bien traiter
                                                                                                      leurs animaux et fournir des produits de qualité. Nos vaches ne
                                                                                                      reçoivent pas d’hormones ni d’antibiotiques, sauf dans des cas
                                                                                                      extrêmes, lorsqu’elles doivent être soignées. Dans ce cas, elles
                                                                                                      sont isolées et leur lait n’est pas commercialisé. Et notre produc-
                                                                                                      tion laitière répond à des normes environnementales strictes.
 Ils sont dans la vingtaine, ils ont des idées plein la tête et ils pratiquent                        C’est pour ça qu’il faut encourager les entrepreneurs locaux ! »
leur métier, qui les passionne, chacun à leur manière. Une conversation                                  Producteur engagé, Nicolas s’implique avec la Fédération
                                                                                                      de la relève agricole, qui rassemble les jeunes agriculteurs de
   avec les producteurs laitiers Annabel Tremblay et Nicolas Cormier.                                 16 à 39 ans. « On organise des visites de fermes, des soupers
                                                                                                      spaghetti, des rassemblements qui permettent de briser l’iso-
                PA R M A U D E D U M A S P H OTO S C H A N TA L E L E C O U R S                       lement, de favoriser les échanges et, bien sûr, de prendre une
                                                                                                      bière avec nos voisins. » Ou un verre de lait : il en boit huit litres
                                                                                                      chaque semaine !

                         Annabel Tremblay, 20 ans
                         FERME JÉRITIN, AU LAC-SAINT-JEAN

« Quand tu es producteur laitier, tu dois          La robotisation fournit aussi une foule de
presque être vétérinaire, nutritionniste,        données sur l’état de santé des vaches et elle
météorologue, administrateur… » Et aus-          ajuste leur alimentation en conséquence. « Le
si gestionnaire de robotique, puisque le         contact humain continue comme avant, parce
premier défi relevé par Annabel a été d’im-      que nous visitons nos vaches plusieurs fois
planter un système de traite automatisé          par jour pour prendre soin d’elles. Elles sont
à la ferme qui est dans sa famille depuis        bien traitées, heureuses et en santé, ce qui a
plusieurs générations. « C’est lorsque mon       un impact important sur la qualité de leur lait. »
père m’a parlé de ce projet que j’ai décidé         La carrière d’Annabel est bien lancée.
de prendre la relève. Je savais que je pour-     Après un parcours remarqué au Collège
rais mettre à profit mes études en gestion       d’Alma, elle s’est mérité un prix Chapeau
agricole – et que j’aurais des heures de         les filles! décerné par Ministère de l’édu-
travail normales ! »                             cation et de l’enseignement supérieur pour
   Comme l’explique Annabel, lorsqu’une          récompenser celles qui font leur chemin
ferme est robotisée, le fait de ne plus          dans un milieu typiquement masculin. Et
avoir à traire les vaches au lever du soleil     elle vient tout juste de décrocher une bourse
et à l’heure du souper change tout. « Nos        d’excellence des Agricultrices du Sague-
120 vaches sont libres et elles décident         nay-Lac-Saint-Jean, organisme qui l’a choisie
du moment où leur lait doit être tiré en se      comme représentante de la relève agricole.
rendant d’elles-mêmes à l’une de nos             « C’est un bel encouragement. Il faut travail-                                                                            Nicolas Cormier :
stations de traite. Leur production est va-      ler fort pour faire sa place, et il ne faut pas                                                                            le bien-être des
riable, et ce système nous offre l’avantage      sous-estimer l’agriculture, qu’on doit gérer                                                                             vaches avant tout.
de suivre leur rythme naturel. »                 comme une PME, avec efficacité ! »

                                                                                                      Bis est une section qui regroupe des contenus produits pour des annonceurs. La rédaction du
                   Avec la collaboration des Producteurs de lait du Québec.                           Devoir n’a pas été impliquée dans la production de ces contenus.
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D6   LE DEVOIR / LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019 / CARIBOU

                           Un p
                              produit,
                           une histoire
                                                  
                                                       

                                                  Pour les artisans, chaque dollar dé-
                                                  pensé pour leurs produits pendant la
                                                  période des Fêtes peut faire toute la
                                                  différence pour leur entreprise, pour
                                                  leur famille et pour toutes les familles
                                                  (celles de leurs employés, par exem-
                                                  ple) qui dépendent d’eux.
                                                     Chloé Gervais-Fredette est choco-
                                                  latière à Montréal depuis 16 ans. Pour
                                                  elle, l’année compte trois moments
                                                  cruciaux : la Saint-Valentin, Pâques et
                                                  Noël. À elle seule, la période des Fê-
                                                  tes peut représenter jusqu’à 20 % de
                                                  son chiffre d’affaires annuel.
                                                     Son entreprise Les chocolats de
                                                  Chloé mise sur la qualité et sur la
                                                  fraîcheur, ainsi que sur un service
                                         chaleureux et personnalisé. La choco-
                                       latière est consciente que ses produits
                                      artisanaux ont un prix plus élevé que
                                      les friandises fabriquées en usine,
                                        mais elle n’hésite jamais à aborder le
                                        sujet avec de nouveaux clients.
                                          « Ma première approche est de res-
                                       pecter le client. Je veux éviter tout
                                     snobisme et me montrer flexible à
                                 ! "       tous les budgets », répond celle qui
                                         détient une formation en pâtisserie
                                              de l’Institut de tourisme et d’hôtelle-
                                #      rie du Québec.
                                 #          Elle explique que ses produits sont
                                           respectueux de l’environnement, que
                                     $%      ses fournisseurs de cacao, qui doit
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évidemment être importé, sont sou-
cieux de réduire leur empreinte éco-
logique. Elle ajoute qu’elle réduit sa
marge de profit au minimum pour
maintenir une structure d’entreprise
qui lui permet de traiter ses employés
avec respect.
  « Finalement, je dis à mes clients
qu’en achetant mes chocolats, ils per-
mettent de faire vivre sept familles
du Québec : la mienne et celles de
mes six employés », conclut-elle.

Des marchés de Noël
très attendus
Pour de nombreux consommateurs,
l’équation achat local et période
des Fêtes égale marché de Noël.
Les artisans l’ont bien compris et
ces événements sont devenus des
incontournables partout au Québec
dans les dernières années.
   L’illustratrice spécialisée en ali-
mentation Laurence Deschamps-
Léger, alias Laucolo, parvenait diffici-   rie Art + à Sutton, du 28 novembre au
lement à faire sa place dans les           29 décembre, et du marché de Noël        &    
marchés bondés ; elle a donc fondé         de Frelighsburg, les 14 et 15 décem-      
l’entreprise On sème, avec sa compli-      bre. Le couple pourra ainsi aller à la     
ce Sara Maranda-Gauvin, dans le but,       rencontre des clients, que le céramis-     
entre autres, de créer son propre          te présente comme « son service de               
rassemblement.                             recherche et développement » et grâ-         
   Depuis quelques années, le duo          ce auxquels il s’est notamment lancé,      
organise notamment le Marché de            à la suite de demandes, dans la créa-    $ ' 
novembre, qui a lieu cette année le        tion de pots à kimchi.                    
samedi 23 novembre au Ausgang                 Ce lien privilégié entre clients et   &  
Plaza, à Montréal. Pour Laucolo,           artisans représente un puissant outil    ( 
Noël représente bon an mal an 25 à         de marketing, de l’avis du profes-       
30 % des ventes de ses cartes de           seur Sylvain Charlebois. « Connaître
souhaits, ses affiches, ses carnets et     l’histoire derrière le produit » et
ses calendriers illustrés.                 rencontrer son créateur « devient
   Par ailleurs, l’artiste dit adorer le   une expérience importante pour le
contact avec la clientèle dans les évé-    consommateur », note-t-il.
nements publics. Une expérience de            Une expérience parfois suffisante
proximité que recherche également le       pour le convaincre de dépenser quel-
couple de céramistes Sara Mills et         ques dollars de plus pour un produit
Michel-Louis Viala derrière l’étiquette    durable et fabriqué par un artisan de
Poterie pluriel singulier.                 chez nous.
   Comme les amoureux de la table
sont souvent attirés par les objets qui
se trouvent dans les marchés, les cé-
ramistes y font de bonnes affaires.
« Ça nous permet de garder le con-
tact avec notre clientèle locale »,            
souligne M. Viala, dont l’atelier est         
situé à Pigeon Hill, aujourd’hui an-         ! 
nexé à Saint-Armand, dans la MRC
de Brome-Missisquoi.                       "#$ 
   Le duo sera donc cette année de         % &'(
l’exposition Céram-Glam de la gale-          !'
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     Des marchés                                                              Pour rencontrer les artisans d’ici et faire provision de
                                                                              cadeaux locaux, ce n’est pas le choix de marchés qui

     à visiter                                                                manque pendant les semaines précédant les Fêtes.
                                                                              En voici quelques-uns à venir.

Marché de novembre                    Salon des métiers d’art                 Marché de Noël                          Marché de Noël de Joliette
23 novembre                           de Montréal                             de Baie-Saint-Paul                      Du jeudi au dimanche,
Ausgang Plaza                         Du 6 au 22 décembre                     Les fins de semaine,                    du 29 novembre au 23 décembre
6524, rue Saint-Hubert, Montréal      Place Bonaventure                       du 29 novembre au 8 décembre            Place Bourget, Joliette
« Marché de novembre » sur Facebook   800, rue De La Gauchetière Ouest,       Différents lieux dans le centre-ville   noeljoliette.com
                                      Montréal                                de Baie-Saint-Paul
Souk                                  metiersdart.ca                          marchedenoelbsp.ca                      Le Marché de Noël de Laval
Du 27 novembre au 1er décembre                                                                                        Du 6 au 8 décembre
Édifice RCA                           Puces Pop édition hivernale             Marché de Noël de Sutton                Centre de la nature
1001, Lenoir, Montréal                Les fins de semaine,                    Les 30 novembre, 1er,                   901, avenue du Parc, Laval
soukmtl.com                           du 6 au 15 décembre                     7 et 8 décembre                         laval.ca/Pages/Fr/Activites/
                                      Église Saint-Denis                      Parc des Vétérans                       marche-de-noel.aspx
Marché des Fêtes – collectif Etsy     5075, rue Rivard, Montréal              4, rue Maple, Sutton
Du 13 au 15 décembre                  popmontreal.com/fr/calendrier/          tourismesutton.ca/repertoire/           Marché de Noël allemand
Théâtre Denise-Pelletier              puces-pop                               marche-de-noel-de-sutton                de Québec
4353, rue Sainte-Catherine Est,                                                                                       Du jeudi au dimanche,
Montréal                              Marché de Noël et                       Le Grand Marché de Noël                 du 22 novembre au 23 décembre
collectifcreatifmtl.com/marches       des traditions de Longueuil             de Québec                               Quatre sites au cœur du Vieux-
                                      Les fins de semaine,                    Du 21 novembre au 31 décembre           Québec, Québec
Village de Noël de Montréal           du 29 novembre au 22 décembre           Au Grand Marché de Québec               noelallemandquebec.com
Les fins de semaine,                  Parc St. Mark                           250-M, boulevard Wilfrid-Hamel,
du 29 novembre au 22 décembre         340, rue Saint-Charles Ouest,           Québec
Marché Atwater                        Longueuil                               legrandmarchedequebec.com/fr/           Retrouvez encore plus de marchés
138, avenue Atwater, Montréal         metierstraditions.com                   marche-de-noel                          de Noël sur le site Web du Devoir
noelmontreal.ca
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  Le vin d’ici :
  « kessé ça goûte ? »
  L’animateur, auteur et comédien Christian Bégin, amateur de « vino »,
  explique pourquoi nous devrions nous ouvrir aux vins d’ici. Cette année,
  pourquoi ne pas les offrir en cadeaux d’hôte ou les glisser sous le sapin ?

  CHRONIQUE DE CHRISTIAN BÉGIN

                ai environ 8 ans.                            Les vignerons et vigneronnes

     J’         - Kessé ça goûte ?
                - C’est du boudin, ça goûte le boudin…
                Mon père ne s’étouffait pas dans les
                explications.
                - J’aime pas ça…
                                                          d’aujourd’hui rivalisent d’audace, de
                                                          créativité, de savoir-faire. Il suffit
                                                          de goûter un vin de Pinard et Filles,
                                                          du Domaine Beauchemin, des Per-
                                                          venches, du Domaine du Nival, du
                - Goûte, pis tu me diras après si t’ai-   Domaine Bergeville, de Négondos,
                mes pas ça…                               du Domaine Saint-Jacques (il m’est
                   Une odeur indescriptible embau-        impossible ici de tous les nommer,
                mait la maison. Le « boudin » cuisait     puisqu’il y a plus de 140 produc-
                dans un poêlon en fonte… Je voulais       teurs de vin au Québec et que, oui,
                me réveiller !                            je me sens plus proche de certains)
                   Ça ne goûtait pas le boudin ! Ce       pour comprendre que nous attei-
                n’était pas du boudin. C’était une        gnons maintenant des niveaux de
                « affaire » achetée à l’épicerie qui      maîtrise et d’excellence qui n’ont
                ressemblait vaguement à du boudin,        rien à envier à ce qui se fait ailleurs
                faite avec du sang de bœuf, dans un       dans le monde. Qu’on se le dise,
                cylindre beaucoup trop parfait pour       nous savons faire ! Nos vins se re-
                ne pas être suspect… C’était dégueu-      trouvent sur les grandes tables du
                lasse ! Infecte ! Pire que ce que ça      Québec et ailleurs dans le monde.
                sentait, ce qui n’est pas peu dire !      Et les restaurateurs d’ici font un tra-
                   Quand j’ai réussi à transcender mon    vail remarquable pour valoriser et
                traumatisme et que, des années plus       proposer ce qui se fait de mieux au
                tard, j’ai goûté le boudin de Louis du    Québec et qui – et c’est sur ce point       te des multiples expressions de ce                
                restaurant Le Pied bleu, à Québec, j’ai   particulier que je veux réfléchir avec      que NOUS produisons, créons avec              
                compris… En fait, je n’ai pas seulement   vous — goûte NOUS.                          passion, détermination, pugnacité, un         
                compris, j’ai capoté ! C’était presque       Je vais écrire une phrase toute          brin de folie et, surtout, une expertise             
                orgasmique ! Et ça goûtait… NOUS !        simple qui reflète l’ensemble de ma         grandissante.                                 
                Ça goûtait le boudin de Louis !           réflexion autour du vin d’ici. Je ne           La grande majorité des vignerons           
                   Pourquoi cette introduction alors      suis ni vigneron, ni œnologue, ni rien      d’ici, peu importe s’ils travaillent         
                qu’on me demande d’écrire sur le vin      de tout ça. J’aime le vin, un point         avec des cépages hybrides ou des cé-         
                québécois, sur pourquoi nous devrions,    c’est tout ! Mes « connaissances »          pages étrangers, ne peuvent travailler           
                non pas « encourager », car je détes-     sont limitées, mais mes goûts sont          contre notre terroir. En fait, c’est un        
                te ce mot dans ce contexte particu-       précis. Alors voici :                       mariage forcé. Le seul acceptable ! Le           
                lier, mais boire du vin québécois ?          Les vins d’ici sont faits ici !          seul qui fait du sens ! Et nos vigne-
                Parce que ce n’est pas gagné ! Parce         C’est d’une évidence gênante, mais       rons célèbrent ces épousailles, les
                qu’on est, du moins certains d’entre      cela devrait, en partie, guider votre       embrassent ! Le vin s’exprime à tra-
                nous, encore « pognés » avec des          expérience si vous êtes encore pris         vers la terre où il grandit et à travers
                souvenirs de boudin pas mangeable !       avec certains préjugés ou encore si         celui ou celle qui le fait ! That’s it,
                (C’est une métaphore !)                   vous en êtes à vos premiers pas sur la      that’s all ! Le reste, c’est un peu de
                   Il faut se rendre à l’évidence. Il     route de nos vins.                          magie, voire de chance, parce qu’en
                faut encore se battre aujourd’hui            Nos vins goûtent NOUS. Un char-          fin de compte, c’est la nature qui a le
                contre un solide préjugé à l’égard        donnay du Domaine Beauchemin ne             dernier mot !
                des vins québécois. C’est comme au        goûtera pas un chardonnay de la                J’aime le vin pour ce qu’il goûte,
                théâtre. Il suffit de voir UNE mau-       Bourgogne. Pourquoi ? Parce que la          bien sûr, mais je l’aime dans une
                vaise pièce pour en conclure que le       vigne s’est enracinée ici, chez nous.       même mesure pour les gens qui le
                théâtre, c’est ennuyeux, pour ne pas      Parce qu’il a été vinifié ici, chez nous,   font et, ici, chez nous, sur notre terri-
                dire plate à mort. Il suffit de manger    par des gens d’ici… TOUT EST LÀ !           toire, au cœur de notre terroir, ces
                une fois du boudin d’épicerie pour           Plus nous comprendrons, en tant          magnifiques fous et folles racontent
                en conclure, avec raison, que ce n’est    que consommateurs — ou amoureux             une magnifique histoire grâce aux
                pas vraiment bon…                         du vin ; je préfère de loin cette appel-    vins qu’ils créent.
                   Même chose avec le vin d’ici. Oui,     lation ! —, que nous ne devons pas             Et quoi de plus enivrant que de
                il y a bien eu des expériences moins      rechercher « gustativement parlant »        partir à la découverte de soi ! Surtout
                heureuses que d’autres. Et non, on        ce qui se fait ailleurs, plus nous célé-    quand on est bien accompagné…
                ne s’improvise pas vigneron. Mais         brerons qui nous sommes, ce qui                - Kessé ça goûte ?
                aujourd’hui, l’offre qu’on nous pro-      nous distingue, nous singularise, nous         - Ça goûte NOUS !
                pose témoigne d’une évolution ex-         rend uniques. Plus nous apprendrons
                ponentielle dans la viniculture au        ce que NOUS goûtons « vinicolement          Ce texte a été publié en 2018 dans
                Québec et d’une expertise excep-          parlant », plus nous tirerons un plai-      le hors-série Caribou sur les vins
                tionnelle acquise au fil des ans !        sir grandissant à partir à la découver-     québécois.
LA CULTURE CULINAIRE QUÉBÉCOISE RAISONNÉE - LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019 COLLABORATION SPÉCIALE - Le Devoir
D10                                                                        LE DEVOIR / LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019 / CARIBOU

                                     Quatre questions
                                   à cinq ambassadeurs
                                    de produits locaux
                                         Amoureux du « fait au Québec », ils ont décidé de partager avec leurs
                               clients leurs trouvailles en transformant leur boutique en vitrine pour les artisans d’ici.
                                  Cinq commerçants de produits gourmands et d’articles d’arts de la table racontent
                                                       leur amour pour ce qui se crée au Québec.

                                                                  CAROLINE LAROCQUE-ALLARD

  LES MINETTES
  Laval                                                                           Comment avez-vous trouvé les             Quels sont les types de produits
  Ouvert depuis novembre 2019                                                     artisans présentés chez Les              recherchés par votre clientèle ?
  100 % local                                                                     Minettes ?                               CS : Des pièces plus polyvalentes,
  Propriétaires et fondatrices :                                                  PR : Mon père était un amoureux du       dans le but de consommer moins et
  les sœurs Pascale et                                                            terroir, et nos voyages en famille       mieux. J’ai collaboré avec le céramis-
  Marie-Claud Rémond                                                              étaient truffés de découvertes. C’est    te Christian Roy pour offrir par exem-
                                                                                  aussi comme ça qu’on fonctionne au-      ple un bol-assiette conçu tant pour les
                                                                                  jourd’hui : on fait entrer en boutique   pâtes que les soupes ou les salades.
Les Minettes, c’est une entreprise                                                nos coups de cœur dénichés un peu
qui fabrique des petites gour-                                                    partout lors de nos escapades au         Vos artisans coups de cœur ?
mandises depuis 2015. Comment                                                     Québec.                                  Christian Roy, pour ses pièces textu-
en êtes-vous récemment venues à                                                                                            rées qui demandent une maîtrise im-
ouvrir une boutique ?                                                             Vos artisans coups de cœur ?             peccable du tour à poterie. Marie-
Pascale Rémond : Notre rêve d’origi-                                              Gourmet Sauvage, qui démontre grâ-       Joël Turgeon et Jordan Lentik, un
ne, c’était celui d’une boutique où                                               ce à ses produits cueillis en forêt      couple qui fabrique des céramiques
nous pourrions présenter nos coups                                                qu’on passe à côté de plein de belles    intemporelles qui s’exportent bien.
de cœur québécois. On a finalement                                                choses dans nos forêts. La Ferme         Makiko Hicher-Nakamura, pour l’es-
fait le saut dans le Vieux Sainte-Rose                                            d’Achille, pour sa pulpe de baie d’ar-   thétique japonaise de ses poteries.
à Laval, parce qu’il n’existait pas de                                            gousier, qui remplace les agrumes
commerce du genre et que c’est l’en-                                              dans les recettes. La Ferme Pré
droit où l’on a grandi.                                                           Rieur, pour sa farine de pois jaunes,      ROUGE PIN
                                                                                  une légumineuse délicieuse qui se dé-      Val-David.
Avez-vous vu évoluer l’intérêt                                                    marquera dans les prochaines années.       Ouvert depuis juin 2019,
pour l’achat local depuis que                                                                                                100 % local, dont 80 %
vous êtes dans le domaine ?                                                                                                  d’artisans des Laurentides
PR : À Laval, il y aura une certaine                                                AUTOUR DE LA TABLE                       Propriétaire et fondatrice :
éducation à faire, par exemple pour                                                 Saint-Jean-sur-Richelieu                 Karina Marquis
justifier les prix un peu plus élevés,                                              Ouvert depuis décembre 2014
mais comme les gens sont désormais                                                  Local à plus de 80 %
soucieux de leur santé et de l’environ-                                             Propriétaire et fondatrice :           Pourquoi avez-vous souhaité ou-
                                                                
nement, ils comprennent facilement                                                  Caroline Sem                           vrir une boutique consacrée aux
                                                                
la valeur ajoutée des produits locaux.                                                                                     produits locaux ?
                                                                                                                           Karina Marquis : Les artisans de la
                                                                                  Pourquoi avez-vous choisi de             région n’avaient pas encore de vitrine
                                                                                  vous installer à Saint-Jean-sur-         commune. Jumelé à un salon de thé,
                                                                                  Richelieu ?                              Rouge Pin se voulait un endroit qui
                                                                                  Caroline Sem : Tout le vieux quartier    inspire le respect du bon et du beau.
                                                                                  était en travaux de modernisation et
                                                                                  on voyait déjà émerger de nouvelles      Comment trouvez-vous les artisans ?
                                                                                  boutiques offrant des produits locaux    KM : Je les cherche moi-même, parce
                                                                                  dans d’autres domaines. C’est cette      que mes critères d’originalité, de qua-
                                                                                  promesse qui m’a convaincue d’y ins-     lité et de provenance sont élevés.
                                                                                  taller un café où l’on vendrait des      J’offre des créneaux exclusifs pour
                                                                                  produits faits à la main autour des      que l’unicité des quelque 70 artisans
                                                                                  arts de la table.                        que j’ai sélectionnés puisse rayonner.

                                                                                  Remarquez-vous une tendance              Remarquez-vous une ouverture
                                                                                  vers l’achat local ?                     pour l’achat local ?
                                                                                  CS : Tout à fait. Il y a notamment un    KM : Le discours autour de l’achat
                                                                                  engouement pour les produits de rem-     responsable se répand. Les gens sont
                                                                                  placement des grandes marques, telles    désormais prêts à payer un peu plus
                                                                              que les tartinades de noisettes d’Allo   pour encourager leurs artisans. Et les
       
                                                                                  Simonne au lieu du fameux Nutella.       prix sont franchement abordables.
LE DEVOIR / LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019 / CARIBOU                                                                                                                                              D11

                                                                      Pourquoi ouvrir une boutique de                                       Comment trouvez-vous les arti-
                                   
                                                                                     produits faits au Québec ?                                            sans qui sont représentés dans
                                                                                     Sophie Grenier-Héroux : On voulait                                    vos boutiques ?
                                                                                     un lieu qui arrime l’apprentissage, par                               RR : On reçoit des offres toutes les se-
                                                                                     des ateliers de cuisine, et l’outillage.                              maines ! On a resserré notre sélection
                                                                                     Au départ, le côté boutique n’avait                                   parce qu’on connaît mieux notre cli-
                                                                                     pas de vocation locale, mais après                                    entèle type : elle s’explique mieux la
                                                                                     avoir été approchées par des artisans                                 réalité du prix et recherche la qualité
                                                                                     d’ici, nous avons trouvé évident d’al-                                du produit et de la démarche. Avant,
                                                                                     ler vers ça.                                                          les consommateurs étaient fiers de di-
                                                                                                                                                           re qu’ils avaient payé un produit le
                                                                                     La pertinence de ce choix a-t-elle                                    moins cher possible ; aujourd’hui, on
                                                                                     été renforcée par la demande ?                                        assiste au phénomène inverse où les
                                                                                     SGH : Absolument ! Les gens étaient                                   clients valorisent leur achat en parlant
                                                                                     ouverts à acheter des outils de cuisine                               autour d’eux du raisonnement ayant
                                                                                     fabriqués au Québec, mais ne savaient                                 mené à leur choix local.
                                                                                     pas où chercher. On parle beaucoup de
                                                                                     s’alimenter localement, alors que                                     Qu’est-ce qui explique l’explosion
                                                                                     l’achat d’un outillage local est tout aus-                            du nombre des artisans québécois ?
                                                                                     si pertinent. Notre clientèle s’agrandit                              RR : C’est générationnel, on veut être
                                                                                     autour de cette idée.                                                 notre propre patron. C’est positif en
                                                                                                                                                           matière d’offre ; on a le choix parmi
                                                                                     Pourquoi avoir mis sur pied une                                       une panoplie de produits de la table
                                                                                     collection maison ?                                                   qui rivalisent d’originalité. Je pense
                                                                                     SGH : On souhaitait collaborer avec                                   toutefois qu’il se fera un tri naturel et
                                                                                     des artisans afin de développer des                                   que seuls les battants resteront, ceux
                                                                                     produits qu’on peine à trouver dans                                   dont le produit se démarquera dans
                                                                                     l’offre québécoise et que les clients                                 le temps.
                                                                                     recherchent, comme le fameux bol à
                                                                                     pâtes que Catherine Lebel-Ouellet a                                   Vos artisans coups de cœur ?
                                                                                     conçu pour nous.                                                      ¾ oz, pour leur constance et leur ri-
                                                                                                                                                           gueur. Les Minettes, pour leur pas-
                                                                                     Vos artisans coups de cœur ?                                          sion et la croissance qu’elles ont con-
                                                                                     Dave Fortin, pour ses couteaux haut                                   nue. Dimanche Matin, pour leurs
                                                                                     de gamme que les gens s’arrachent.                                    confitures extraordinaires.
                                                                                     Catherine Lebel-Ouellet, une fonc-
                                                                                     tionnaire de Québec reconvertie en
                                                                                     céramiste à la mi-trentaine. Carole-
                                                                                     Anne Roy, de La Petite Boîte, dont
                                                                                     les objets textiles sont étonnants et
                                                                                     réfléchis.

                                                                                          C’EST BEAU
                                                                                          Montréal
                                                                                          Première boutique sur Mont-Royal
                                                                                 en 2017 ; deuxième sur Beaubien
                                                                                  en 2018.
                                                                                          100 % local
                                                                                          Propriétaires : Raphaël Ricard
                            Vos artisans coups de cœur ?                                  (fondateur), Guillaume Laprise
                            Gréta Jonckheere, d’Atelier G, pour                           et Émilie Pomerleau
                            ses porcelaines façonnées à la main.
                            La potière val-davidoise Carmen Ab-
                            dallah, de Céramique Zalata, pour ses                    Pourquoi avoir commencé, à l’in-
                            théières uniques. Mélanie Houde, de                      verse de plusieurs, par créer une
                            L’atelier La Louve, pour ses planches                    boutique en ligne en 2012 pour fi-
                            à découper en bois recyclé.                              nalement avoir pignon sur rue
                                                                                     quelques années plus tard ?
                                                                                     Raphaël Ricard : C’est beau, c’est d’abord
                               LA FOLLE FOURCHETTE                                   notre marque de vêtements fabriqués
                               Québec                                                au Québec, vendus sur une boutique en
                               Ouvert depuis 2013                                    ligne qui fédère d’autres artisans québé-
                               Local à environ 50 %                                  cois partageant nos valeurs de fabrica-
                               Propriétaires et fondatrices :                        tion locale, durable et éthique. Toute
                               Sophie Grenier-Héroux                                 une communauté s’est bâtie autour de                                          
                               et Cyane Tremblay                                     la marque, et c’est comme ça qu’on a                                         
                                                                                     pu lancer nos boutiques.

                                                               CÉLÉBREZ               AVEC        NOUS
                                                               ET PROFITEZ DE L’OFFRE SPÉCIALE D’ABONNEMENT :

                                                               5                                                        55                                $*
                                                                             NUMÉROS
                                                                              POUR
                                                                            SEULEMENT
 LE SEUL MAGAZINE CONSACRÉ À LA CULTURE CULINAIRE QUÉBÉCOISE

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                                                                             * Plus les taxes applicables. Cette offre est valide jusqu’au 15 mai 2020.                                           cariboumag.com
D12                                                                                              LE DEVOIR / LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019 / CARIBOU

                                                                                                                                                                                     CONTENU PARTENAIRE

      Découvrez

  Rémi Hudon, au
  centre, avec son clan                                                                                                                                                                         Endisto beatur? Ant,
  et ses chèvres.                                                                                                                                                                                aut rat ad qui ra co

                                                                                                                                                           Rémi trouve même le moyen, dans ses « temps

             Une histoire de famille                                                                                                                    libres », d’être administrateur du Syndicat des
                                                                                                                                                        producteurs de chèvre du Québec et de pêcher
                                                                                                                                                        l’anguille, comme son père et tous ses ancêtres.
                                                                                                                                                        Tradition oblige !

                 depuis 1769                                                                                                                            VOIR GRAND, MAINTENANT
                                                                                                                                                        ET POUR LE FUTUR
                                                                                                                                                        Cette année, la ferme Petite-Anse investit
                                                                                                                                                        300 000 $ pour agrandir la pouponnière et mettre
                                                                                                                                                        en place une double salle de traite. Depuis les
        Rémi Hudon élève des chèvres sur des terres ancestrales qui sont dans                                                                           débuts, Rémi Hudon sait qu’il peut compter sur le
          sa famille depuis 250 ans. En tout, neuf générations se sont succédé                                                                          coup de main de sa coopérative locale pour tous
                                                                                                                                                        ses projets : « J’ai un lien d’amour avec eux ! On est
      à la ferme Petite-Anse, dans le Bas-Saint-Laurent. Au fil des ans, les savoirs                                                                     clients pour la meunerie et la machinerie, et notre
                   se sont transmis, mais bien des choses ont changé !                                                                                  expert-conseil est non seulement une ressource,
                                                                                                                                                        mais aussi un ami. »
                                                                                                                                                           En investissant dans leur entreprise, Rémi et
                          PA R M A U D E D U M A S P H OTO F R A N Ç O I S P E R R A S                                                                  Catherine pensent à l’avenir de leur famille. Mais
                                                                                                                                                        ils voient encore plus loin, car ils veulent perpétuer
                                                                                                                                                        la tradition et transmettre la ferme aux générations

E
                                                                                                                                                        futures. « Ça serait le fun qu’elle fasse un autre 250 ans ! »
         n 2005, lorsque Rémi a pris la relève de                   garçons, Gabriel et Tristan, qui partagent leur
         son père, un éleveur de vaches laitières                   amour des chèvres. « On consomme bien sûr notre
         et de bovins de boucherie, il a fait passer                lait, notre viande : on ne vendrait jamais un produit
         le cheptel de 40 à 225 têtes. Mais une                     qu’on n’aime pas ! »
         autre idée a commencé à germer lorsqu’un                                                                                                             Coopérer pour durer
client de sa coopérative locale, où il travaille aussi              UN LAIT DE QUALITÉ POUR
                                                                                                                                                              Il y a une centaine d’années, des agriculteurs
comme expert-conseil, lui a parlé de production                     DES FROMAGES D’EXCEPTION
laitière caprine. « L’animal est sociable, il apprécie              La production laitière de la ferme Petite-Anse est                                        qui travaillaient à la sueur de leur front ont
les humains, et son lait est excellent ! » En 2009,                 destinée à la fabrication de fromages. Entre autres                                       commencé à miser sur l’entraide en fondant
il se lance dans l’aventure avec sa conjointe,                      clients : le géant Saputo et, du côté artisanal, la                                       des coopératives pour mettre en commun
Catherine Lord.                                                     fromagerie Bergeron, à Saint-Antoine-de-Tilly, et                                         leur expérience, leurs connaissances et aug-
                                                                    la fromagerie Le Détour, à Témiscouata. Cette der-                                        menter leur pouvoir d’achat. En fondant la
UN DES PLUS BEAUX TROUPEAUX DE                                      nière fabrique le fromage Grey Owl, à la texture
                                                                                                                                                              Coopérative des fromagers du Québec, le
CHÈVRES AU PAYS                                                     crémeuse et à l’enrobage de cendre végétale,
Leur projet démarre avec 242 chèvres qui pro-                       qui a été servi au mariage du prince Harry et de                                          Comptoir coopératif de Montréal et la Société
duisent 125 000 litres de lait dès la première                      Meghan Markle, qui l’aime particulièrement.                                               des semeurs de semences de Sainte-Rosalie,
année. Un beau départ ! Depuis, le troupeau a                          Pour produire un lait de grande qualité, Rémi                                          ils ne savaient peut-être pas qu’ils créaient
grandi, le rendement a triplé. Il faut dire que les                 et Catherine travaillent 17 heures par jour. Ils s’ac-                                    ce qui allait devenir La Coop fédérée, soit la
belles chèvres de race alpine sont traitées aux                     quittent de presque toutes les tâches et reçoivent                                        plus grande coopérative agroalimentaire du
petits oignons et qu’elles ont un solide bagage                     un coup de main de quelques employés à temps
                                                                                                                                                              Canada. Mais ils savaient une chose : on est
génétique – elles constituent en fait l’un des plus                 partiel. C’est un métier exigeant, qui les remplit de
beaux troupeaux du Canada. « On les aime, on les                    fierté. « Être de la neuvième génération, c’est une                                       toujours plus forts ensemble.
élève dans de bonnes conditions et elles donnent un                 source de motivation, ce n’est pas un fardeau. Tu ne                                      Information : lacoop.coop
lait de qualité que nos clients et notre famille                    peux pas faire autant d’heures dans une semaine,
apprécient. » Rémi et Catherine ont deux jeunes                     dans une année, si tu n’aimes pas ça ! »

                                     La Coop fédérée génère un chiffre d’affaires de 6,3 milliards et compte au total 14 000 employés et 120 000 membres,
                                     producteurs agricoles et consommateurs. Elle figure parmi les 100 meilleurs employeurs à Montréal. Sa mission est de
                                     répondre aux différents enjeux propres aux fermes d’ici, à savoir la concurrence internationale, la pression des consom-
                                     mateurs en faveur d’aliments sains produits de manière responsable, ou encore la réduction de leur empreinte écologique.         Bis est une section qui regroupe des contenus produits
                                     La Coop fédérée détient trois divisions d’affaires : Sollio Agriculture, Olymel et le Groupe BMR. Cet article a été rédigé par   pour des annonceurs. La rédaction du Devoir n’a pas été
                                     l’équipe du Devoir, à partir du contenu produit dans le cadre de la campagne On récolte ce qu’on aime de La Coop fédérée.        impliquée dans la production de ces contenus.
LE DEVOIR / LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019 / CARIBOU                                                                                                   D13

Catherine Auriol,
céramiste
De l’importance du contenant

GENEVIÈVE VÉZINA-MONTPLAISIR   |   PHOTOS DE MAUDE CHAUVIN

                                                         heveux courts platine

  Dans                                    C
                                                         en bataille, visage
                                                         rougi par la course,
                                                         Catherine Auriol arri-
                                                         ve en trombe dans

  l’univers                                              son atelier-boutique
                                       de céramique, Gaïa. « Désolée, j’avais
                                       oublié notre entretien ! » avoue la

  des                                  propriétaire de cette entreprise de la
                                       rue Laurier Est, à Montréal.
                                          Au moment de notre rencontre, la
                                       vie de Catherine est une course folle.

  artisans                             L’artisane cumule les contrats pour
                                       plusieurs restaurants, et sa mémoire
                                       lui joue des tours.

  d’ici                                   Pourtant, son carnet de comman-
                                       des n’a pas toujours été aussi rempli,
                                       ni son horaire, aussi chargé. Il y a un
                                       peu plus de 20 ans, Catherine n’au-
                                       rait jamais pensé que cet art allait
  Derrière chaque objet                prendre autant de place dans sa vie.         le chef du restaurant Le Mousso, An-       grâce auquel leurs plats sont magni-
                                       Mais comme elle le dit si bien :             tonin Mousseau-Rivard, a passé la          fiés. Il y a aussi les clients, pour qui
  fabriqué au Québec,                  « C’est la céramique qui m’a choi-           porte de la boutique en juin 2015, la      les créations de l’artiste font partie de
  il y a une histoire.                 sie ! » « Pendant ma maîtrise en an-         carrière de Catherine a basculé.           l’expérience vécue au restaurant.
                                       thropologie, je me suis acheté de l’argile      « Il est entré ici, on s’est regardés      « Avec Claude Le Bayon, du res-
  Découvrez celles de                  pour me “dérider”, raconte-t-elle            tous les deux avec des yeux qui di-        taurant Chasse-Galerie, à Montréal,
                                       avec son vocabulaire coloré. J’ai aimé       saient : “T’es qui, toé ?” Lui, le jeune   on a travaillé sur un bol qui ressem-
  Catherine Auriol et de               ça et, après mes études, au lieu d’al-       trentenaire avec des tatoos, moi, la       ble à une boule de quilles écrasée,
                                       ler faire le tour du monde, je me suis       cinquantenaire échevelée. Il m’a dit :     explique Catherine. Il m’a dit que
  Tony Gaudette,                       inscrite au Centre de céramique Bon-         “J’ouvre un resto et j’aimerais tra-       les clients passent leur temps à ca-
  deux artistes d’ici qui              secours, à Montréal. »                       vailler avec toi”, se souvient la pé-      resser le bol pendant qu’ils mangent.
                                          De retour d’un stage en France,           tillante Catherine. On a eu six mois       Ils le taponnent, ils le regardent, ils
  estiment que, tout comme             Catherine comprend qu’il faut avoir          pour élaborer des concepts. Ça m’a         le soulèvent. Les gens ne faisaient
                                       un espace de vente dans son atelier          vraiment donné un coup de pied au          pas ça avant ! »
  les plats que l’on concocte,         pour espérer gagner sa vie comme             cul pour travailler les glaçures mates.       Pour Catherine, cela va de pair
                                       céramiste et pour n’être à la merci ni       Il n’y avait personne qui faisait ça à     avec le changement qu’elle a remar-
  les objets qui nous                  des boutiques ni des salons d’arti-          Montréal. Ça a fait boule de neige,        qué dans la façon de consommer des
  accompagnent en cuisine              sans. En 1999, avec d’autres céramis-        car Antonin est très actif sur les ré-     Québécois. « L’étape après “manger
                                       tes — qui ne sont plus de l’aventure         seaux sociaux, et depuis, les com-         local”, c’est le faire dans de la vais-
  valent la peine d’être               aujourd’hui —, Catherine met la main         mandes pour des restos n’arrêtent          selle d’ici, affirme-t-elle. Je ne me
                                       sur le local qui portera le nom de Ga-       pas d’entrer. »                            fais plus dire : “Je peux acheter le
  faits avec amour.                    ïa et se donne pour mission de pro-             La céramiste confie même que sa         même genre de bol au Dollarama !”
                                       mouvoir et de faire connaître l’art de       rencontre avec le jeune chef l’a ré-       Les gens respectent plus qu’avant le
                                       la céramique.                                conciliée avec son art et a donné un       travail de l’artisan. »
                                          Le charmant établissement du Pla-         second souffle à sa carrière. « J’avais       L’engouement pour le côté artisa-
                                       teau-Mont-Royal accueille un espace-         déjà fait une commande pour un res-        nal de la poterie, Catherine le consta-
                                       boutique à l’avant, où les créations de      to avant, mais ça ne s’était pas très      te également dans les cours qu’elle
                                       Catherine côtoient celles d’une dou-         bien passé. Mon client essayait de         donne et qui affichent rapidement
                                       zaine d’autres céramistes. À l’arrière,      payer ses assiettes 5 $, soit moins        complet. « Les gens veulent retrouver
                                       l’atelier comprend plusieurs tours de        cher que ce que tu trouves chez Sto-       le contact avec la matière, explique-t-
                                       potier pour « tourner » les pièces, de       kes ! s’indigne-t-elle. Mais mainte-       elle. La céramique, c’est un soul craft.
                                       grandes étagères pour les faire sécher       nant, je parle vraiment d’artiste à        Ça demande de la patience et de la
                                       et de grosses chaudières contenant           artiste aux chefs avec qui je travaille.   persévérance. »
                                       les différentes glaçures pour les colo-      Je passe du temps avec eux, je m’im-          La céramiste a terminé son café.
                                       rer. Au sous-sol trônent deux fours à        prègne de leur environnement. Ils          Elle se retrousse les manches, prête à
                                       céramique. Les pièces y passeront            me soumettent des idées, souvent           se mettre à l’ouvrage.
                                       deux fois avant d’être terminées.            une vague forme mimée avec les                « J’ai aussi des commandes à faire
                                          David, un employé, est derrière un        mains ou dessinée sur un bout de pa-       pour des particuliers : trois services
                                       tour, occupé à façonner l’argile pour        pier cheapo, et je tente de la traduire    de vaisselle complets, certains de
                                       aider Catherine à boucler ses com-           dans mon médium à moi. Je fais des         12 couverts ! Ça n’arrivait pas avant,
                                       mandes. Si on ajoute Marc, le bras           prototypes, puis on réajuste le tir.       ça non plus ! ajoute-t-elle en souriant.
                                       droit de la céramiste, qui s’occupe des      J’adore cette partie “recherche et         Ça doit vouloir dire que j’ai gagné
                                       suivis de production, ils sont mainte-       développement” de mon travail ! »          mon pari. Presque 20 ans plus tard,
                                       nant trois à travailler à temps plein           Et il n’y a pas que les chefs qui       j’ai réussi à faire reconnaître l’art de
                                       pour Gaïa. C’est qu’à partir du jour où      sont sensibles au travail de Catherine,    la céramique. »
D14   LE DEVOIR / LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019 / CARIBOU
LE DEVOIR / LES SAMEDI 23 ET DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019 / CARIBOU                                                                                   D15

               Tony Gaudette,
               designer d’objets
               de cuisine
               Raffinement à l’italienne

               JESSICA ÉMOND-FERRAT | PHOTO DE MAUDE CHAUVIN

                                 habit ne fait pas le      j’ai spontanément répondu le prénom

                 L’
                                 moine, dit l’adage. Et    de ma fille, Milan », raconte le desi-
                                 pourtant, le café a       gner en posant son regard sur la fillet-
                                 toujours l’air meilleur   te qui dessine sagement à nos côtés.
                                 quand on le sert dans        Joli hasard que ce nom soit aussi ce-
                                 une jolie tasse à ex-     lui de la capitale italienne de la mo-
               presso. Tony Gaudette, fondateur de         de… En effet, Tony Gaudette n’a pas
               la Maison Milan, explique sans mal          tardé à entreprendre des démarches
               ce phénomène : « Une tasse dont             pour exporter ses produits dans ce
               l’intérieur est en cuivre rehausse la       pays qui l’a influencé par le « raffine-
               couleur de la crema et rend le café         ment » de son design. À ses premières
               plus beau. » À son avis, les objets         créations se sont ajoutés, notamment,
               présents dans notre cuisine peuvent         une tasse à expresso en cerisier, et un
               influencer notre manière d’apprécier        sous-plat ainsi qu’un support à cou-
               la nourriture, et même façonner nos         teaux aimanté en noyer — le créateur
               souvenirs. « Un tablier peut nous rap-      a un penchant pour le bois, matériau
               peler les fois où on l’a utilisé pour       élégant et « facilement accessible au
               manger des huîtres avec notre fa-           Québec ». Depuis deux ans, cet hom-
               mille. À partir de ce moment-là, il         me qui flaire aisément les tendances et
               cesse d’être un simple accessoire. Il a     trouve l’inspiration au fil de ses voya-
               une histoire. »                             ges édite aussi des produits conçus par      Danemark et en Suède, remarque-t-il.
                  Dans le somptueux Crew Collecti-         d’autres designers industriels. Cela         Les tabliers élégants ont la cote en
               ve & Café, à Montréal, avec sa che-         permet à la Maison Milan de donner           France, alors qu’en Amérique du
               mise noire et sa chevelure poivre et        de la visibilité au talent de ceux-ci tout   Nord, on préfère ceux au look plus
               sel, celui qui a fondé la Maison Milan      en profitant de leur créativité.             rustique, avec plein de poches. » Et
               en 2011 dégage exactement l’élégan-         « Quand je confie un projet à quel-          au Québec, on aime ce qui est prati-
               ce qu’il évoque pour décrire les ins-       qu’un, je sais déjà quel objet je veux.      que et facile à utiliser : « Les Qué-
               truments de cuisine haut de gamme           Je connais son matériau, son prix, je        bécois ne se prennent pas trop au
               de son entreprise. Son léger accent de      sais qui en sera le fabricant ; le desi-     sérieux. Souvent, ils dénaturent
               la Côte-Nord rappelle que c’est à           gner s’occupe de le dessiner en s’assu-      l’objet, lui donnent plusieurs fonc-
               Sept-Îles qu’est né son amour pour la       rant qu’il s’inscrive dans la lignée des     tions. » Son très populaire rouleau à
               bonne chère. « J’ai grandi dans un          autres produits de la Maison Milan »,        pâte en bois de noyer et d’érable en
               quartier peuplé d’une vingtaine de          explique-t-il, ajoutant fièrement qu’il      est un bon exemple. « À la fête
               communautés culturelles. Ces gens           collabore « avec les meilleurs ».            d’un ami, un invité m’a expliqué à
               de toutes les origines étaient venus           La Maison Milan compte désormais          quel point le rouleau avait du suc-
               travailler dans les mines au cours des      des points de vente en Italie, en            cès dans sa famille, surtout auprès
               années 1940, raconte-t-il. Nos voisins      Scandinavie, en France, aux États-           de son fils de huit ans. J’étais im-
               étaient italiens, portugais, vietna-        Unis et, bien sûr, au Canada, en plus        pressionné ! Puis, il m’a dit : “À son
               miens, haïtiens… J’ai baigné toute ma       d’avoir une boutique en ligne et d’of-       anniversaire, on avait installé une
               jeunesse dans ces cultures pour les-        frir la livraison dans ces trois derniers    piñata, et on a utilisé ton rouleau
               quelles bien manger était primordial        pays. « C’était important pour moi de        pour la frapper ! Il est vraiment bien
               – on faisait venir des biscuits de l’épi-   passer rapidement à l’exportation,           équilibré !” », raconte le designer
               cerie italienne montréalaise Milano,        pour rentabiliser mon entreprise et          en riant de bon cœur.
               tout le monde avait un jardin, et les       diminuer les coûts de production. En            Tony Gaudette le dit à plusieurs re-
               parents étaient plus fiers de leurs en-     Europe, les gens sont prêts à payer          prises : il espère que le succès de la
               fants pour leurs exploits culinaires        plus cher pour un objet de qualité qui       Maison Milan inspirera d’autres gens.
               que sportifs ! »                            dure longtemps, alors qu’ici, ce n’est       « Très peu de designers industriels ar-
                  Après avoir commencé sa carrière         pas complètement implanté dans la            rivent à vivre de leur métier, déplore-
               en tant que designer industriel, Tony       culture », explique l’énergique hom-         t-il. Mais je crois que ça peut changer.
               Gaudette a uni, pour se faire plaisir,      me d’affaires, qui, bien qu’il n’assure      Je voudrais qu’on forme un mouve-
               ses passions pour le graphisme et la        plus chaque étape de la création dans        ment, qu’il y ait plus de produits lo-
               gastronomie en dessinant ses pre-           son atelier montréalais, tient mordi-        caux offerts sur le marché, que ça
               miers accessoires de cuisine — deux         cus à ce que les produits soient             crée un engouement et que les con-
               planches à découper et un rouleau à         manufacturés par des fabricants qué-         sommateurs acquièrent le réflexe
               pâte — qu’il a présentés à un dé-           bécois, même si cela représente un           d’acheter des objets de qualité faits
               taillant de produits haut de gamme.         défi financier.                              ici. » Il rêve aussi de voir naître une
               « Il m’a rappelé deux semaines plus            Faire voyager sa marque lui a aussi       « esthétique propre au Québec ». « J’ai-
               tard. Il voulait mes créations. Je          permis de constater que chaque pays          merais qu’on devienne des leaders en
               n’avais alors que des échantillons —        a ses produits préférés parmi ceux           la matière. On l’est dans le domaine
               pas de logo, pas de marque. Il m’a de-      qu’il propose. « Ce qui est fait en bois     du jeu vidéo, pourquoi pas dans celui
               mandé le nom de ma compagnie, et            marche à merveille en Norvège, au            des objets de cuisine ? »
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