La culture, masque - Journal Zibeline
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Politique culturelle Entretien avec Frédéric Mitterrand François Hollande aux BIS de Nantes 4, 5 6, 7 Accessoire La culture serait-elle accessoire ? Nos candidats à l’élection Entretien avec Jean-François Chougnet 8, 9 présidentielle n’en font pas un sujet de campagne ! Les Evénements débats télévisuels n’y font aucune allusion, pas plus que la Les Hivernales, le Vélo Théâtre 10 presse dite nationale, et si parisienne. Et si certains partis Les Élancées, Cavaillon 11 Le Gyptis, La Cité, Cinepaca 12 travaillent à l’élaboration d’un programme culturel, ils ne La Criée, La Friche 13 le médiatisent pas, et réservent leurs professions de foi aux manifestations professionnelles. Car la culture n’est plus à Théâtre la mode : comme l’Éducation Nationale, après des campagnes Le Lenche, les Bancs publics, La Criée 14 La Busserine, le Lenche 15 systématiques de dénigrement, le secteur dans son ensem- Les Bernardines, la Minoterie, le Vitez, le Gyptis 16 ble est perçu comme inutilement coûteux, et ses salariés La Criée 17 comme des intermittents profiteurs et fainéants dont il Le Jeu de Paume, le Bois de l’Aune, Nîmes, les ATP Aix 18 faut réduire les avantages. Arles, Nîmes, Martigues 19 Pourtant les travailleurs de la culture ont des revenus par- Avignon 20, 21 ticulièrement bas et représentent en France, d’après les Danse classifications de la sécurité sociale, 720 000 emplois Le Merlan, le Pavillon Noir, Berre L’Etang 22 Jeune public/Arts de la rue salariés, dont moins de 100 000 intermittents : si leur régi- La Sirène, Istres, Arles 23 me de chômage est déficitaire, celui du secteur culturel Musique dans son ensemble est largement bénéficiaire. Pourquoi cet Jazz, musiques du monde 24, 25 énorme secteur économique, nettement plus important que Opéra 26 Contemporaine 27 l’automobile ou la construction navale, n’intéresse-t-il per- Récitals 28, 29 sonne ? Est-ce parce qu’il ne fabrique aucune richesse Symphonique 30 monnayable ? Au programme Les marchands qui gouvernent ce monde savent qu’il n’en Théâtre 31 à 36 est rien. Que la culture, en particulier les industries cultu- Danse/ Cirque/arts de la rue 38 à 41 relles que sont le cinéma, l’édition et les médias, peuvent Jeune public 42, 43 générer des plus-values mirobolantes, et à fort potentiel de Musique 44 à 49 Sciences et techniques 49 développement. À l’échelle des territoires, et dans le nôtre Rencontres 50, 51 qui est si friand de festivals, le tourisme, les commerçants et Cinéma 52, 53, 54 la restauration savent ce qu’ils doivent aux manifestations Arts Visuels 55, 56 culturelles. Constatations qui permettent aujourd’hui au Arts visuels secteur de survivre, mais signent du même coup la perte de Miramas, Musée Granet, MAV Paca 57 sa substance artistique. La Vieille Charité, Maison de l’Artisanat 58 Car ce n’est pas parce qu’il est générateur de profit que le Bois de l’Aune, Reg’arts 59 Cinéma secteur culturel doit être soutenu. Pas parce qu’il permet Films 59, 60 d’aménager le territoire, de calmer les banlieues, d’embellir Leïla Kilani, Clermont-Ferrand 61 les centres-villes, de démocratiser la société, de redorer l’ima- Livres/CD/DVD ge d’une entreprise ou faire marcher les commerces. Mais Musique, art 62, 63 Livres parce que la culture, comme l’éducation, est un droit fonda- Art 64, 65 mental de l’être humain. Parce que la littérature et les arts, Littérature 66 à 68 mots que plus personne n’ose employer, sont nécessaires Jeunesse 69 à notre humanité. Et avec eux les artistes, les intellectuels, Rencontres 70, 71 Philosophie les chercheurs, les écrivains. Un bien public, que tout hom- Déterminisme social 72, 73 me politique devrait fréquenter et défendre avec fougue, Histoire et patrimoine comme des richesses essentielles, et non comme de renta- La Ciotat, Echange et diffusion des savoirs 74 MuCEM 75 bles accessoires. AGNÈS FRESCHEL Sciences et techniques L’eau 76, 77 Adhérents 78 RetrouveZ nos éditions précédentes sur www.journalzibeline.fr
04 POLITIQUE CULTURELLE ENTRETIEN AVEC FRÉDÉRIC MITTERRAND À l’heure où Marseille Provence 2013 annonce L’État et n partenariats avec des régions, des départements ou des villes. Je pourrai citer le Pompidou Mobile, mais également le travail réalisé par des structures na- nouveau système de financement pour le spectacle vivant, en faisant contribuer de nouveaux acteurs économiques. tionales telles que le Centre National de la Danse ou Nous vivons dans une région particulièrement riche son programme, où les murs le Centre National des Variétés qui mettent en œuvre de culture, par son patrimoine architectural bien du MuCEM sortent de terre, des démarches partenariales avec les collectivités sûr, et les festivals exceptionnels qui s’y déroulent, territoriales. D’autre part, j’ai lancé des plans d’ac- mais aussi par la vitalité et la spécificité de la où Nicolas Sarkozy choisit tion au bénéfice des territoires, comme le plan création régionale, et de ses modèles de produc- musées en région, qui permet la rénovation de 79 tion. Est-ce que le budget de la DRAC PACA, 3e région Marseille pour adresser musées hors de Paris, des mesures en faveur des de France, est à la mesure de ces exceptions ? territoires ruraux, ou encore les 14 propositions pour L’effort du ministère de la Culture et de la Com- ses vœux au monde culturel, le développement de la lecture qui s’adressent aux munication en faveur de la région est considérable, mais où celui-ci souffre collectivités territoriales afin de refonder la poli- que ce soit dans l’aide qu’il apporte à des festivals tique de lecture publique. de premier plan, comme Avignon ou Aix-en-Pro- visiblement de la crise et des vence, ou dans des établissements tels que les centres À l’occasion de Marseille Provence 2013, l’État dramatiques nationaux, comme le théâtre de la restrictions budgétaires, investit dans des équipements lourds sur ce ter- Criée à Marseille ou le théâtre de Nice où il est le ritoire : le MuCEM bien sûr, premier musée d’État premier financeur. J’ai tenu compte de cette ri- Frédéric Mitterrand, décentralisé en région, mais aussi le FRAC, le Silo, chesse et du dynamisme des acteurs culturels dans ministre de la Culture la Friche, et bien d’autres à Arles ou Aix-en-Provence. les arbitrages que j’ai effectué pour le budget de la Cet effort d’investissement de l’État n’affecte-t-il DRAC PACA, en intégrant également la capacité et de la Communication, pas les subventions de fonctionnement courantes ? contributive des collectivités territoriales. Il y avait un retard important d’équipement à combler. nous explique les choix D’autre part, le MuCEM est un signe très important Il est question d’un mandat de révision demandé à que nous envoyons à tout le monde méditerranéen. la DRAC PACA de 400.000 €. Par ailleurs le minis- culturels de l’État en PACA Je suis convaincu que les contributions aux pro- tère des finances a fixé pour 2012 un gel général ductions du MuCEM seront très nombreuses, car il de 6% des crédits pour la réserve budgétaire. Ces y a partout une immense attente de reconnaissance mesures d’économie, peu importantes en volume des cultures de la Méditerranée. mais conséquentes pour certains acteurs fragiles Les budgets de fonctionnement, qui sont par ail- du territoire, sont-elles confirmées ? leurs très variables d’un établissement à l’autre, ont Comme je l’ai dit, le budget du ministère a été tous été prévus. L’État et les collectivités territoriales sanctuarisé, mais il était nécessaire d’opérer des ont parfaitement anticipé les coûts de fonctionne- rééquilibrages entre les régions, ce qui est une ment induits ; il s’agira d’un effort conjoint, malgré responsabilité essentielle de l’État. Ainsi, j’ai sou- © Didier Plowy - Ministere de la Culture et de la Communication les tensions budgétaires que nous connaissons tous. haité lancer une démarche de mandats de révision Ces établissements constituent des investissements pour l’ensemble des DRAC, de manière à ce que les d’avenir, générateurs de croissance et d’emploi, via plus fortement dotées puissent contribuer à renfor- le développement touristique, la création d’emploi cer celles qui l’étaient moins. Cette démarche se directs et induits, et une attractivité renouvelée déroule sur trois ans, entre 2011 et 2013. La moitié pour nos territoires. des DRAC contribueront au renforcement des moyens des autres. Mes services se sont appuyés Les structures culturelles du territoire déplorent sur des données objectives telles que le niveau une baisse de leurs moyens de production. Est-elle moyen de financement culturel par habitant. Et en réelle ? effet, la DRAC PACA fait partie des DRAC contribu- Le budget du ministère de la Culture et de la Com- trices, mais j’ai tenu à ce que cela se fasse sans munication a été sanctuarisé, il a même augmenté déstabiliser les projets culturels, en réalisant des significativement depuis 2007. Néanmoins, nous économies notamment en rapprochant les établis- sommes confrontés à la fois à un contexte écono- sements sur leurs fonctions support, pour ne pas mique difficile qui affecte les budgets des entamer les budgets artistiques. collectivités territoriales qui parfois se désengagent Zibeline : Vous avez exprimé à plusieurs reprises des projets culturels, mais également au dévelop- Votre ministère s’est particulièrement illustré dans votre attachement à la vie culturelle en régions. Un pement de la demande culturelle : le nombre le domaine de l’archéologie et de la sauvegarde du rééquilibrage des dépenses culturelles Paris-Régions d’initiatives croît de manière continue dans notre patrimoine, avec un équipement comme l’André- est-il à votre sens souhaitable ? pays depuis plus de trente ans et les moyens Malraux par exemple, qui répond à un double Frédéric Mitterrand : Non seulement il est souhai- n’évoluent pas de la même façon -d’où la nécessité objectif de découverte et de préservation. La table mais c’est une orientation que j’ai engagée. de faire des choix et l’impossibilité de répondre à culture est-elle selon vous, essentiellement ou en J’ai souhaité dès mon arrivée rue de Valois que ce toutes les demandes. Par ailleurs, la pression des partie, une affaire de mémoire ? sujet soit concrètement traité. D’une part j’ai de- coûts dans certains secteurs est forte, notamment L’inauguration du bateau de recherches archéolo- mandé aux établissements nationaux localisés à dans le spectacle vivant, ce qui nécessite la re- giques et sous-marines à La Ciotat a été un moment Paris de développer leurs missions territoriales, de cherche de moyens nouveaux, comme j’ai souhaité très important pour la ville, pour les ouvriers du manière à ce qu’ils puissent par exemple conclure des le faire en lançant une mission pour bâtir un chantier naval, pour les archéologues et les plon-
ous geurs du DRASSM et pour l’ensemble du ministère. L’intuition d’André Malraux reste toujours d’actualité : le présent. La culture se nourrit aussi, bien entendu, de la vitalité de la création et de la scène contempo- les fonds sous-marins sont des raine, aussi bien dans le domaine du témoignages du passé maritime et spectacle vivant que de la mode, du des traces de civilisation. L’action du design ou des arts numériques. Com- ministère de la Culture et de la ment ne pas voir d’ailleurs que les Communication est inséparable de créateurs se nourrissent des ques- l’action de conservation des patri- tions liées à la mémoire, qu’ils la moines dans leur diversité, qui doivent mettent en jeu dans leur processus être légués intacts aux générations de création ? Je pense à Cyprien Gail- futures. Ce sont aussi des patrimoines lard et à son travail de vidéaste sur vivants : il n’est de mémoire sans les paysages ; à Arthur Nauzyciel avec futur, il n’est de patrimoine sans édu- la figure de Jan Karski. La mémoire, si cation au patrimoine. C’est le sens du elle peut emprisonner, peut aussi être label des Maisons des illustres qui a l’outil d’une liberté nouvelle, d’une été créé à mon initiative : les lieux liberté retrouvée. qui ont été habités par des artistes, ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÊS FRESCHEL des scientifiques, des personnalités (voir aussi p 74) politiques, des écrivains interrogent Le budget global consacré à la cul- MuCEM, le Pompidou Mobile…). ture est effectivement en hausse Mais l’ensemble des crédits se con- depuis 2007 : en quatre années il centre sur de grandes institutions, est passé de 6 milliards (2007) à celles que cite le Ministre, où l’État 7.5 milliards en 2011. Mais ce budget nomme les directeurs, et qui font comprend en fait plus de 3 milliards très peu de place à la création régio- de dépenses culturelles des autres nale. De plus en PACA de nouveaux ministères (Éducation, Justice) et équipements importants ont été de taxes reversées (sur les jeux, le construits (le Théâtre Liberté, le cinéma, l’édition…). De plus il a MuCEM, le FRAC…), les nouvelles nettement changé de périmètre, missions ont comme ailleurs été puisqu’il comprend des charges qui prises en charge, les budgets al- n’existaient pas en 2007 : 550 mil- loués à certains départements sous lions de contribution à l’audiovisuel dotés (04, 83, 06…) ont été aug- public et à la diversité radiophoni- mentés (principalement aux dépens que par exemple (0€ en 2007), 700 des budgets des Bouches-du-Rhône, millions d’aide à la presse (287 bascule opérée en 2009), le tout à millions en 2007), des aides aux budget constant ou en augmentation industries culturelles du cinéma ou très légère des crédits décentralisés de la musique enregistrée, un plan (DRAC). global de numérisation des archives. La région PACA, 3e région de France Ainsi, avec des missions nouvelles par ses habitants, avec un fort taux et un budget de la mission culture de chômage (4e région de France), en stagnation (de 2.9 milliards en doit aujourd’hui être «contributi- 2007 à 3 milliards en 2011, soit ve», c’est-à-dire voir son budget moins de 0.6% du budget de l’État), global diminuer au profit d’autres certains secteurs comme le patri- régions. Or la seule variable d’ajus- moine, la création, la recherche tement dans un budget en baisse artistique et la culture scientifique mais aux investissements en hausse ont connu en quatre ans des baisses sont les subventions aux associa- conséquentes. tions, c’est-à-dire aux lieux, festivals Quant à l’équilibre Paris-Régions, le et compagnies indépendants. D’où ministère de Monsieur Mitterrand a leur souffrance actuelle, et leur indéniablement opéré un rééquili- massive disparition. brage : les crédits centralisés ne sont A.F. plus affectés au seul Paris (d’où le
06 POLITIQUE CULTURELLE BIS DE NANTES Grand rendez-vous des professionnels du spectacle secteur et porter plus haut la parole singulière et et des acteurs culturels, les Biennales internatio- essentielle des artistes et de tous ceux qui les ac- nales du spectacle (BIS) de Nantes ont connu un compagnent», est plus que jamais d’importance. beau succès de fréquentation avec 10 630 profes- Dans le contexte actuel de crise que connait la sionnels présents sur les deux jours (ils étaient culture, les BIS se positionnent comme un lieu, de 9 800 en 2010). confrontations d’expériences, de constructions de La mission fondatrice de ce salon, rappelée par son projets, d’élaboration d’idées nouvelles. Avec, telle directeur, Nicolas Marc, qui est de «révéler et mettre une sirène d’alarme en permanence déclenchée, en valeur les arts de la scène pour servir les évolu- l’urgence d’agir qui revenait sans cesse au cours tions de la filière, favoriser le développement du des débats et ateliers… La culture pour tous et partout Attendu le 19 janvier dans le grand auditorium de rappela ses priorités. Faire de la culture «une gran- rétablissement de «la formation initiale des ensei- la Cité des congrès de Nantes, François Hollande de ambition nationale» et plutôt que de fixer des taux gnants», davantage de place faite aux artistes dans y a délivré un discours très attendu sur la culture. de progression, sanctuariser entièrement le budget les établissements scolaires, et l’histoire de l’art en «La culture est au cœur d’un projet politique. Ce n’est de la culture ; restaurer la légitimité de ce minis- tant que «discipline à part entière, avec ses concours pas simplement un élément d’un programme.» Sans tère avec deux missions essentielles : «la proximité de recrutement». faire de propositions chiffrées et finalisées, il abor- avec les artistes, le soutien à la création et la défen- Présent aux BIS, il se devait de mentionner le spec- da certains sujets. se du service public de la culture, et l’accès du plus tacle vivant. La chose fut rapidement faite avec Il évoqua d’abord, sans surprise et rapidement, le bilan grand nombre à la culture». Préoccupé par l’aména- l’annonce de l’élaboration d’une loi d’orientation culturel de l’actuel président : «L’État assure au- gement culturel de la France il annonce une «nouvelle qui «fixera les objectifs, sécurisera les financements» jourd’hui moins du quart du financement public de étape de la décentralisation culturelle» pour «irriguer après la tenue d’un grand débat avec l’ensemble de la culture. Le soutien aux équipements de proximité tous les territoires oubliés», non sans avoir souligné la profession, et la reprise du chantier du Centre a été négligé. L’enseignement artistique délaissé, les auparavant que «les collectivités ne peuvent se sub- national de la musique, voulue par le gouvernement pratiques artistiques négligées. Les entretiens de Va- stituer à une politique nationale». actuel pour fédérer une filière «morcelée», «pour en lois sur le spectacle vivant sont sans lendemains. Le Autre grande préoccupation du candidat, l’éduca- faire un outil au service de l’ensemble du spectacle conseil pour la création artistique a été un fiasco, Hadopi tion artistique et populaire, avec l’annonce d’un «plan vivant et pas seulement de la musique enregistrée». un sujet d’affrontement, et les subventions de l’État national d’éducation artistique piloté par une ins- Puis François Hollande aborda la «question lanci- sont partout en recul qu’il s’agisse du soutien aux tance interministérielle, dotée d’un budget propre nante de la révolution numérique». Et notamment lieux ou aux équipes». Puis le candidat socialiste rattaché au Premier ministre». Ce qui suppose un sa position sur la loi Hadopi qui «a voulu pénaliser les pratiques. Pour quels résultats ? Les artistes ont-ils Francois Hollande lors de son discours aux BIS de Nantes © David Ademas gagné quoi que ce soit en termes de reconnaissance et de rémunération ? Cette loi a-t-elle rapporté un sou à la création ?» Une loi qui continue à faire débat, parce que, en voulant préserver le droit d’auteur, elle protège essentiellement les industries culturelles. Si le terme d’abrogation n’a pas été prononcé lors du discours, lors de la conférence de presse qui suivit les termes furent sans appel : «La loi sera supprimée et remplacée». Avec «une loi qui signera l’acte II de l’exception culturelle française. Elle sera élaborée en lien étroit avec tous les professionnels du monde de la culture.» Une proposition qui repose sur deux principes : «développer l’offre culturelle légale sur Internet en simplifiant la gestion des droits et im- poser à tous les acteurs de l’économie numérique une contribution au financement de la création artis- tique ; rémunérer les artistes pour leur œuvre.» Enfin il fut question du rayonnement de la culture dans le monde avec la priorité donnée au redresse- ment de la diplomatie culturelle d’une France qui «ne s’exporte pas seulement pour ses biens ou ses capitaux, mais par la qualité de son message, la force de sa création, la promotion de ses idées». DOMINIQUE MARÇON
© Do.M. Les Compagnies contre la casse Parmi les ateliers, nombreux et ciblés, proposés lors des deux jours du BIS à Nantes, le SYndicat National Des Entreprises Artistiques et Cul- turelles (SYNDEAC) -composé de 365 structures, dont 160 compagnies- proposait de se pencher sur La charte pour les compagnies au sein d’un service public de l’art et de la culture, avec Judith Depaule, sa vice-pré- sidente, Renaud Marie Leblanc et Fabien André, membres du conseil national, tous trois metteurs en scène. Une charte née «de la crise du secteur des compagnies. Il ne s’agissait pas de refaire un énième texte poli- tique, mais poser la confrontation de choses concrètes», parmi lesquelles la difficulté à monter des productions, la baisse des subventions pour les compagnies ou les structures qui les accueillent… et réaffirmer que «les artistes sont force de proposition […] et ont une vraie place dans le ser- vice public de l’art et de la culture». 6 mois de débats contradictoires furent nécessaires pour énoncer ce qui heurtait, et poser clairement les problèmes rencontrés par les compagnies victimes des restrictions budgétaires, devenues, dit le préambule de la charte, «la variable d’ajus- tement du spectacle vivant, victime d’une volonté politique de casse délibérée». Plusieurs types d’aides sont inscrites dans la charte : une aide au projet qui «doit permettre aux artistes structurés en compagnie d’amorcer le montage financier de leur création», accordée par l’État d’un minimum de 20 000 € ; une aide au développement, étape intermédiaire et provisoire avant un conventionnement pluriannuel, qui doit être tripartite (État et collectivités territoriales) et «ne peut être inférieure à 150 000 € par an» ; un dispositif de conventionnement pluriannuel sur 4 ans qui nécessite au moins 200 000 € annuels, tous financements croisés cumulés. À cela se rajoute un dispositif d’accompagnement des compagnies conventionnées envers des artistes émergents, bénéficiant pour cela d’une subvention supplémentaire. Enfin la charte rappelle qu’«un préachat ne peut être considéré comme une part de production» et que celle-ci «implique un engagement fort donc un montant qui pas être inférieur à 30 000 € ou 25% du budget de production du projet». Un texte qui clarifie les responsabilités de chacun et pose les conditions économiques et statutaires au bon ordre de marche des compagnies. DO.M.
08 POLITIQUE CULTURELLE ENTRETIEN AVEC JEAN-FRANÇOIS CHOUGNET Le point sur Marseil Après un lancement les plus de 7 millions que Toulon devait apporter. La construction d’un territoire Aujourd’hui le budget global est de 90 millions. Est-ce que l’aménagement du territoire n’est pas, du préprogramme Dont 60 millions apportés par les collectivités ter- ritoriales, 15 millions par le mécénat, le reste par finalement, le but premier de cette capitale culturelle ? le 19 janvier en une l’État et l’Europe. Pour le mécénat les 15 millions sont trouvés ? Le choix initial de la Ville de Marseille de déposer un dossier de candidature à l’échelle d’un territoire grande cérémonie, longue Pas tout à fait. Nous avons nos 5 grands partenai- res, et des mécènes sur la plupart des projets mais large est fondamental, et induit une dimension d’aménagement. La capitale a permis de décider ou et laborieuse, qui n’a pas il nous manque actuellement le dernier million, qui n’est pas le plus facile à trouver. Mais on y parviendra ! de concrétiser un nombre important d’équipements à Marseille, à Arles, Aix, Salon ou Istres… On parle appris grand-chose Il est difficile de comprendre dans votre prépro- beaucoup du MuCEM et du J4, parce que l’équipe- gramme de quelle nature sera votre implication ment est important et visible, mais la Friche ou mais montré une certaine dans chacun des projets, ce que vous allez produire, Longchamp, l’équipement des autres villes est im- coproduire, labelliser avec participation financière, pressionnant également, et porteur d’avenir. Le cohésion, le Directeur ou sans participation. Qu’en est-il ? travail effectué par chaque ville est énorme. Il y a des projets que nous inventons, finançons et Est-ce qu’il y a, au-delà de ces équipements l’idée général nous explique mettons en place, d’autres qui existent et auxquels de fabriquer une métropole ? nous apportons simplement notre soutien complé- La coopération par projets à l’échelle du territoire l’état d’avancement mentaire. Dans ce document il s’agissait de donner est plutôt une alternative à la grande métropole. une idée de ce qui allait se dérouler dans le temps, Un autre moyen de coopérer au-delà de l’échelle de cette année culturelle et non du financement. Il y a aussi, sur plus de 300 communale. MP2013 est souvent cité comme un qui, pour tout le opérations, une dizaine de projets culturels privés, la fondation Van Gogh, les propositions du Méjan, laboratoire de ce mode de coopération par projets. Cette échelle a posé des problèmes politiques. Est- territoire, sera Capitale Château Lacoste, qui sont labellisés sans financement. Sur les 90 millions, quel est le budget consacré aux ce que cela continue ? Le projet est ainsi conçu. Vous dire que c’est tous productions ? les jours facile serait absurde mais non, les affron- Le budget Deux tiers, soit 60 millions. Le tiers restant est tements ne sont pas quotidiens ! La machine est Zibeline : Quel est exactement votre budget ? On consacré à la communication pour 11 millions, et lourde, à déminer en permanence, mais il n’y a pas sait que Toulon s’est retiré du projet, entraînant à l’organisation pour 19 millions. d’autre projet en France qui réunit autour de la une baisse par rapport au prévisionnel de 98 mil- On vous reproche souvent ce budget consacré à table13 collectivités pour travailler ensemble. Le lions, mais que d’autres villes ont adhéré depuis… l’organisation, jugé trop important. fait qu’elles soient de couleur politique opposées, Jean-François Chougnet : Les communes qui sont Ce budget concerne plus de 6 années d’organisa- PC, PS, Modem, UMP, est plutôt un atout finalement, en train d’adhérer sont petites : Miramas, Port- tion, de 2007 à 2014, puisque nous devons faire un parce qu’on ne peut nous reprocher de conduire une Saint-Louis, les Baux, Rhône Alpilles Durance bilan d’évaluation pour l’Europe. Cela a forcément politique culturelle partisane. apportent 650 000 €, ce qui est loin de compenser un coût. Ce sont en fait les villes qui s’opposent, des riva- lités territoriales ? Oui. Le territoire a finalement peu d’unité géogra- Annonce du préprogramme © Akram Belaid phique, il est morcelé, enclavé par endroits, avec des rivalités historiques anciennes. Le programme du week-end d’ouverture ne réduit- il pas les villes à leur caricature ? À Marseille la fête, à Aix l’art contemporain, à Istres la famille… On peut dire ça, et le contraire. La vie des gens est métropolitaine, les habitants circulent déjà. Définir des pôles qui correspondent à des spécificités cons- tatées devrait leur permettre de circuler au-delà de leurs activités professionnelles, dans leur pratique de loisir, en dépassant le pivot communal. Mais les services culturels travaillent-ils ensemble ? Oui, c’est une des grandes espérances que porte le projet, la question matérielle de la coopération des équipes… il semble que de nouveaux modes de travail se mettent en place ! Art et culture On vous a reproché de ne pas accorder assez de place aux artistes, en particulier lors de l’annonce du préprogramme, mais aussi de ne pas assez soutenir les artistes du territoire… Pour ce qui est des effets de tribune, c’est un reproche que l’on fait à toutes les présentations de saison et de festival. Il faut se méfier de l’artiste de
POLITIQUE CULTURELLE 09 le Provence 2013 service qui vient là en représentant… le vrai sujet couleur, un caractère à une Capitale. Je pense aussi Au niveau de la musique on constate la même n’est pas là. qu’une année culturelle doit avoir une dimension dichotomie : une création d’opéra durant le Festival Où, alors ? plus visuelle que spectaculaire : la forme spectacle d’Aix mais d’un contemporain de Monteverdi Dans une programmation comme celle-là il y a une ne permet pas d’accueillir 365 jours de l’année un … Oui, Cavalli hésitation entre le culturel et l’artistique. À l’origi- nombre important de visiteurs. Marseille est par Berlioz à Marseille, Verdi par Radio France à Aix, la ne les capitales européennes sont des manifestations ailleurs un pôle historique des arts de la Rue. Et Folle journée du piano à la Criée. C’est une pro- essentiellement culturelles : on focalise sur une les axes nature/culture que l’on met en œuvre sont grammation très consensuelle, qui s’oppose donc à ville, et on monte de l’évènementiel culturel. Or spécifiques au territoire. Il s’agit de dessiner un This is (not) music ? depuis quelques années il y a une tendance à profi- profil. Oui. Il y a aussi les festivals, troisième axe de la ter de l’occasion pour susciter une effervescence Vous voulez-dire qu’il faut faire des choix ? programmation musicale : Marsatac, la Fiesta, artistique. C’est ce débat-là qui m’intéresse. Il n’est Oui, l’idée n’est pas de faire plaisir à tout le monde, Babel Med… mais This is (not) music concrétise, pas simple, l’évènementiel culturel peut être sym- de faire un peu de tout, mais de construire des thé- durablement nous l’espérons, l’idée d’un festival de pa, et l’artistique pur et dur peut refroidir l’envie matiques, une chronologie, de donner une couleur culture urbaine qui réunit graffeurs, danseurs et d’être ensemble. à chaque ville. musiciens dans leur cohérence. Mais il est évident que MP2013 défend très volon- Il n’y a pas un danger de durcir les identités ? L’art tairement une forte dimension artistique. Les Ateliers pauvre à Marseille et l’art riche à Aix ? Le MuCEM de l’EuroMéditerranée, les Nouveaux Commandi- Non, il y a aussi des arts numériques à Aix, des arts Pour conclure sur vos rapports avec l’État, l’absence taires, les Quartiers Créatifs, tous ces dispositifs vont populaires, des quartiers comme le Bois de l’Aune… de Monsieur Mitterrand à la présentation de votre dans le sens de la production artistique, cons- Êtes-vous satisfait à ce propos du travail dans les préprogramme, puis sa présence au MuCEM une tituent un axe fort de la programmation et de la quartiers dits défavorisés, qui sont nombreux sur semaine après pour les vœux de Nicolas Sarkozy au structuration du territoire, avant et après l’année le territoire ? monde de la culture, a suscité des étonnements. capitale. C’est quelque chose qu’il a fallu tenir, une Satisfait du résultat on ne l’est jamais dans ce do- Est-ce la marque d’une distance prise par l’État ? dimension défendue farouchement par Latarjet maine, mais je suis satisfait qu’on le fasse en tous Non, clairement le ministère, que ce soit celui de depuis le départ. Dans les arbitrages budgétaires les cas. Il faut rendre ces actions visibles lors de Mme Albanel ou de M. Mitterrand, a toujours été très c’est la partie que l’on aurait pu facilement sacrifier l’année capitale, et surtout pas en faisant un fes- présent. pour faire de l’événementiel. Or le départ de Toulon tival des Quartiers, ce qui serait du même genre Peut-être la volonté de mettre davantage l’accent n’a en rien affecté ce budget. La question artistique méprisant qu’un festival des compagnies régio- sur le MuCEM ? relève pour nous d’une philosophie de travail. nales, mais en les intégrant intelligemment à la Certainement, c’est le fleuron de la politique de l’État. Pourquoi alors les artistes du territoire ont-ils des programmation. Mais nos rapports ne sont pas du tout de concur- frustrations ? Dans le détail du programme, certains choix parais- rence ! Le projet du MuCEM a été déterminant dans Nous ne pouvons pas tout retenir, produire et pro- sent étonnants. Pourquoi produire un spectacle de l’élection de Marseille comme capitale, et inverse- grammer. Nous faisons venir des artistes, nous Jean-Baptiste Sastre, dont la dernière mise en ment la Capitale a accéléré la décision de construire faisons travailler ceux qui y résident. Mais il faut se scène, Richard II dans la Cour d’Honneur à Avignon enfin ce musée National décentralisé qui était méfier de cette appellation «artiste du territoire», a été unanimement descendue par le public et la bloquée depuis 20 ans. elle a quelque chose de poujadiste, d’extrêmement critique ? Nous proposons d’ailleurs avec le MuCEM deux expo- méprisant. Il nous a proposé de mettre en scène Phèdre de sitions majeures, des expositions photos aussi, et Pour ce qui est des commandes d’œuvres, celles qui Jean Baptiste Boyer, pour une expérience hors les un festival sur le genre dans l’auditorium. Nous tra- passent par les Ateliers de l’EuroMéditerranée sont murs de traduction dans toutes les langues des vaillons ensemble tout le temps. Mais ils ont, eux, essentiellement plastiques… marseillais, en comorien par exemple, projet qui vocation à rester, et à modifier définitivement Oui, mais pas uniquement. Il y a des écrivains, des nous semble intéressant, et tourne actuellement notre paysage culturel… musiciens, des vidéastes. L’artiste plasticien il est dans plusieurs pays méditerranéens. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL ET GAËLLE CLOAREC vrai se prête mieux à la notion de résidence. Vous dessinez également des complémentarités : le Grand Atelier du Midi devrait être une exposition Les choix artistiques très populaire, fondée sur les must de l’impress- Vos choix semblent privilégier les arts visuels, mais ionnisme jusqu’à Bonnard, et à côté de cela l’art aussi les arts de la rue, et puis des disciplines contemporain est plutôt traité par des expositions surprenantes comme la gastronomie, la randonnée, monographiques… la transhumance… Ce sont des genres que vous Oui, il y en a beaucoup. Il y a aussi Ici et ailleurs à avez souligné parce qu’ils sont fédérateurs ? La Friche, et au FRAC des expositions par étapes. En C’est aussi l’intérêt d’une Capitale de monter des fait un très grand choix sur le territoire, à la fois projets inhabituels. Il faut à mon sens donner une varié, large et approfondi.
10 ÉVÉNEMENTS LES HIVERNALES | VÉLO THÉÂTRE Le Triple A des Hivernales ! l’architecture métallique. Temps fort attendu avec Waiting de Carlotta Ikeda, la danseuse japonaise de 70 ans s’échappe du butô sous la voix de Marguerite Duras. Sumako Koseki présente E PUITS… et puis ?, chronique de l’histoire de son pays marqué par l’occupation américaine. William Petit, créera pour le CDC un chamanique Beware- prends garde aux fantômes à la Chartreuse et la cie Ex Nihilo occupera la Maison pour Tous Monclar dans Apparemment, ce qui ne se voit pas. Onstap fêtera la 200e représentation de sa succès story La Verite 25x par seconde, BNM © Pino Pipitone Parce qu’on va pas lâcher et le jeune public vivra une expérience interactive avec Jardin Japonais. Conçue par Pascal Rambert pour Kate Moran, la performance 50 minutes sera créée à la Collection Lambert. Autres artistes à (re)découvrir : Lionel Hoche, Lee Hyun-Bum & Choi Jin-Ju, Malgven Gerbes & David Brandstätter, Jeon-ho Nam et Jean- Laurent Sasportes, interprète de Pina Baush ; Didier Théron dans l’hypnotique Harakiri et au théâtre des Doms Hako Onna dans La Femme Un vent d’Asie souffle sur les 34e Hivernales et les Lee Ufan à la Maison Jean Vilar avec le solo On boîte. Le spectacle de clôture de Kuik Swee Boon, classe, alliées aux précédentes éditions sur l’Afrique Vanishing inspiré de l’œuvre du plasticien coréen. chorégraphe majeur à Singapour, devrait marquer et les Amériques, au rang du Triple A ! Slogan repris Le programme Danse nouvelle génération accueille les esprits avec 2 pièces courtes empreintes de avec malice par Emmanuel Serafini, directeur du le groupe Coline avec la pièce Encircling et Gábor prouesse interprétées par T.H.E. Dance Company. Centre de Développement Chorégraphique (CDC), Halász (danseur au BNM et prix du public Outre le programme vidéo à la Maison Jean Vilar, il qui maintient, malgré des budgets réduits, un HiverÔclites 2011) dans un solo aux influences y aura du cinéma à la Scène nationale de programme sérieux et alléchant. Au cœur de la bouddhistes, commandé par le CDC. Autre Cavaillon qui maintient des rendez-vous prévus vec danse des 24 cies invitées, la question de l’identité commande d’envergure avec Ô Sensei de Catherine Saburo Teshigawara dans une soirée consacrée au résonnera à nouveau avec 7000 spectateurs Diverrès qui remonte sur scène avec un hommage chorégraphe japonais avec son court métrage A Boy attendus aux 31 représentations, 650 stagiaires aux à Kazuo Ohno, son maître butô. Créée pour la inside the boy et un documentaire d’Arte. 10 stages et 3 prix remis aux jeunes talents des biennale de la danse de Lyon, sa pièce Encor sera DELPHINE MICHELANGELI HiverÔclites. également reprise. Invité pour la 1re fois à Avignon, le Ballet National de Marseille présente La Vérité Festival les Hivernales, Avignon Revue de détail 25X par seconde à l’Opéra. Frédéric Flamand a Du 25 fév au 3 mars Belle découverte 2011, l’Américain Jonah Bokaer confié la scénographie au plasticien chinois Ai 04 90 32 92 28 revient dans le cadre de l’exposition consacrée à Weiwei pour un dialogue radical entre les corps et www.hivernales-avignon.com Un Vélo dans les étoiles Le Vélo Théâtre est un lieu atypique salon pour une balade minuscule la compagnie belge Sixfauxnez s’at- retraite verront débouler la Cie Skap- autant que chaleureux dans le inoubliable. Tu m’écoutes ? de la Cie tarderont sur les places et jardins pa ! dans In 1 et 2, une exposition paysage vauclusien qui accueille en Débrid’art saura rendre attentives les publics pour un voyage en terre installation entre partage, jardinage résidence depuis 1992, en plus des petites oreilles et les marionnettes de inconnue. Les crèches et maison de et spectacle. Pour les plus grands, du créations de la cie Vélo Théâtre, des Musiques Minuscules - Collectif Inouie-Avignon © Cecile Domengie théâtre de marionnette avec L’Enfant projets pluridisciplinaires, des chan- Orphelin du Kranewit Theater et Le tiers de création, des spectacles, des Loup et la chèvre de la Cie Italienne expositions. Forte de ses rencontres Rosidio. Les Attractions extraordinai- en tournée, la compagnie organise en res de la femme chapiteau séduiront Pays d’Apt le festival Greli-Grelo, y’a avec leur cirque miniature de jouets des spectacles dans mon Vélo et ail- et marionnettes tout en jonglerie et leurs avec des cies venues des quatre la Cie Tourneboulé reconstituera coins de l’Europe et de la France. l’Histoire, avec humour et un brin de L’enfance sera au centre de toutes les philosophie, dans Ooorigines (voir p interrogations de cette 5e édition, 43). convoquant dans un programme varié DE.M. toutes les émotions, marionnette, cirque, musique, théâtre d’objets. Greli-Grelo Après un bal d’ouverture pour fêter Du 4 au 17 mars les mamies et entrer dans la danse, Pays d’Apt Guigou Chenevier du Collectif Inouï 04 90 04 85 25 présentera Musiques Minuscules, un www.velotheatre.com ovni musical niché au milieu de votre
LES ÉLANCÉES | CAVAILLON ÉVÉNEMENTS 11 Un pas de côté pour regarder le monde Annulé l’année dernière faute de Vidal, président de Scènes et Cinés. tar Benaouda. Et qui conserve «son nant de L’Homme cirqueDavid Dimitri… financement, le festival des arts du 200 000 € iront au budget artistique exemplarité en terme d’éducation ar- Mais de grandes formes sont aussi au geste Les Elancées reprend ses mar- des Élancées, 100 000 € seront répar- tistique», les artistes animant des programme avec les acrobates du ques sur le territoire de Ouest Provence, tis sur la programmation culturelle de ateliers en milieu scolaire, pour plus Cirque Mandingue et leur version du fort d’une dotation revalorisée de Scènes et Cinés qui avait dû être res- de 2000 enfants scolarisés, en amont Foté Foré, ceux de la cie Akoreacro 300 000 €. «Des subsides, négociées serrée. Retour donc de ce festival de la manifestation. qui enchainent les prouesses dans par le président du SAN, Bernard Gra- singulier, dont c’est la 14e édition, 19 spectacles répartis sur 9 lieux Pfffff !, les Murmures des murs de nié, suite à la réforme de la taxe qui «n’a pas d’équivalent sur un ter- dans les cinq villes du territoire (avec Victoria Thierrée-Chaplin et les professionnelle, qui manquaient à ritoire aussi vaste» se plaît à rappeler deux nouveaux venus, la place du deux spectacles de danse de la cie l’édition précédente» a rappelé Yves le directeur de Scènes et Cinés Mokh- marché à Fos et le Magic Mirror à espagnole Aracaladanza, Pequeños Istres), et toujours la même volonté Paraisos et Nubes. d’allier les arts du geste, la danse et DOMINIQUE MARÇON Melande 2 temps, BP Zoom © Boris Heiland le cirque, avec cette année une petite incursion dans la magie nouvelle. Beaucoup de petites formes au pro- gramme : du théâtre dansé pour les 14e festival Les Élancées plus petits à partir de 3 ans de la cie Du 17 au 26 février marseillaise Piccola velocità avec Théâtre de Fos Jeune pousse, et surtout sa dernière 04 42 11 01 99 création Bzz, un hip hop grand frère- Espace Robert Hossein, Grans petit frère de la cie du Sillage avec 04 90 55 71 53 la re-création de Ces deux-là !, le duo Théâtre de l’Olivier, Istres intemporel des clowns de BP Zoum 04 42 56 48 48 dans un Mélange 2 temps, le Pogo des Théâtre de La Colonne, Miramas montpelliérains du Groupe Noces, la 04 90 58 37 86 nouvelle création du cirque Aïtal Espace Gérard Philippe, Port-Saint- Pour le meilleur et pour le pire, la Louis virtuosité des Colporteurs avec Sur la 04 42 48 52 31 route, ou encore le solo impression- www.scenesetcines.fr Regards sur la Méditerranée La Scène nationale de Cavaillon installe son deu- au 24 mars avec Talitha Koumi : Françoise Sliwka gnera de l’énergie vitale d’Israël selon le choré- xième rendez-vous exclamatif avec Places de la interprète 5 personnages d’un conte contemporain graphe. Créé en pleine dictature du président Ben démocratie ! Culture(s) en Méditerranée. Après le sur le deuil, l’absence et la solitude. Réflexion sur Ali, le sublime et troublant Amnesia de Jalila thème de la folie, la manifestation artistique relie les rapports entre l’Algérie et la France avec Les Baccar et Fadhel Jaïbi, unanimement salué au les fils politiques des mouvements de l’ensemble Borgnes de Mustapha Benfodil sous la houlette de festival d’Avignon 2011, présentera une radiogra- des pays de la Méditerranée depuis l’indépendance Kheireddine Lardjam. Un spectacle qui démulti- phie au scalpel de mécanismes du pouvoir (voir de l’Algérie. Pour son directeur Jean-Michel Gre- plie les points de vue en ce cinquantième anniversaire zib’44). Chants juifs à la Cathédrale Saint-Véran millet, l’idée maîtresse de cette Exclamation n° 2 de l’indépendance de l’Algérie. Score, une pièce avec la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton et le est «de poser la question de l’état de nos démo- mosaïque pour 3 danseurs de Yuval Pick, témoi- pianiste Bruno Fontaine. craties modernes, ici ou ailleurs, dans Et pour finir, dans le cadre de la pre- quelque pays, a fortiori lorsqu’il borde Score © Laurent Philippe mière biennale Les Écritures du Réel la Méditerranée, et «a++fortiori» lors- (voir Zib 48), le spectacle de Xavier que les rendez-vous électoraux, bases Marchand Il était une fois Germaine de l’exercice de la démocratie, sont Tillion parcourt trois livres de parfois maltraités de ce côté-ci de la l’écrivain, trois périodes qui char- Méditerranée». pentent sa vie extraordinaire entre Visible au théâtre pendant tout l’évé- ses missions d’ethnologue, son nement, l’exposition du collectif de entrée en résistance et sa dépor- photographes tunisiens Dégage ! ras- tation, et son implication active semble une sélection d’images durant la guerre d’Algérie. témoignant des moments les plus DELPHINE MICHELANGELI intenses de la révolution tunisienne. Vernissage le 15 mars suivi de la lec- ture performance Invest in democracy Exclamation n° 2 de Myriam Marzouki, qui nous fera Places de la démocratie traverser la «langue de la dictature» Du 15 au 31 mars tunisienne. La danseuse Nacera Bela- Scène Nationale, Cavaillon za présentera Le temps scellé et Le cri, En Nomade(s) à Gordes, Châteauneuf- une œuvre dans laquelle elle tisse des de-Gadagne, Le Thor, Oppède, Lacoste, correspondances entre la religion et Joucas le quotidien (le 16 mars). Théâtre et 04 90 78 64 64 musique en version Nomade(s) du 19 www.theatredecavaillon.com
12 ÉVÉNEMENTS GYPTIS | LA CITÉ | CINÉPACA Regarder le spectacle Zibeline : Pourquoi ce choix de ce texte de Italie- acteur qui parle à un public. Le travail de comédien Brésil 3 à 2 ? Êtes-vous une passionnée de foot ? y est bien sûr essentiel, et Solal Bouloudnine est Alexandra Tobelaim : Pas au départ ! Ce texte de formidable… Davide Enia a été choisi par actOral et Face à Face, Il raconte et incarne toute la famille… La mise en © Olivier Thomas qui s’occupe d’échanges franco-italiens. Avant cela scène a-t-elle changé depuis actOral ? je n’avais jamais mis les pieds dans un stade, ni Le dispositif est le même, je voulais qu’il soit même regardé un match en entier. Mais en lisant ce simple, comme cette famille, comme ce théâtre qui texte, j’ai compris que cette forme de spectacle partage l’histoire de tous. Car ce théâtre joyeux ne avait à voir avec le théâtre, entraînait les mêmes repose sur rien qu’on doive élucider mais sur une Alexandra Tobelaim se met au foot ? émotions intenses. Les pleurs, les cris, la tension histoire commune, contemporaine, proche. Donc… Qu’est donc allée faire notre des tirs au but, l’inattendu aussi, l’admiration il y a toujours un acteur et un musicien (Jean-Marc metteure en scène subtile, extrême, l’engouement. Ce rapprochement m’a Montera ndlr) un écran et deux fauteuils, et puis permis de rentrer dans le texte. Solal. Qui raconte. qui excelle dans Marivaux et les Qui ne raconte pas le match… Est-ce que vous assistez aux matchs de foot écritures contemporaines souvent Non, pas exactement : il raconte comment une désormais ? féminines, dans cet univers masculin famille palermitaine regarde cette finale de la Un peu plus, mais surtout pour regarder les gens… de l’affrontement bravache? Coupe du monde de 1982, et les matchs ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL Ne vous y trompez pas, son regard précédents. C’est un texte qui prend toute sa dimension sur le plateau, dans l’oralité, écrit par Italie-Brésil 3 à 2 sur le foot, entrevu lors d’actOral un acteur auteur comme il y en a beaucoup en Du 21 au 25 fév 2010, est à la fois réjouissant, Italie depuis les années 90. Une langue, faite pour Le Gyptis, Marseille populaire, raffiné et musical… être dite, qui m’a décidée à me jeter dans une mise 04 91 11 00 91 en scène archaïque, réduite à son essence : un www.theatregyptis.com Le réel en question «Faire naître avec l’autre, face à l’autre, cain hors normes (18 mars à l’Equitable un espace de récit commun», tel est le Café), C. Rulhes, du GdRA, J.-M. Van projet de la Biennale des écritures den Eeyden, de la cie L’Ancre, M. Per- du réel. Du théâtre, de la littérature, rier, pour la cie L’Abeille et l’orchidée, du cinéma et de la philosophie figu- et M. André et F. Lloret, cie de la rent au programme de cette première Cité, échangeront sur Les écritures édition. du réel (18 mars à l’Equitable Café). À Marseille La Minoterie accueille le Sans oublier une exposition de pein- 1er spectacle, L’Alphabet des oubliés tures de l’atelier de la Pommeraie, de la cie de la Cité, une création de- Trouble pictural, qui sera visible à La puis l’œuvre du poète Patrick Laupin Minoterie du 14 au 21 mars. qui fait suite à une résidence du poète DO.M. à l’école primaire Major-Cathédrale (14 au 16 mars), puis la cie L’Abeille Un homme debout © X-D.R. 1re Biennale des écritures du réel et l’orchidée pour Anna Politkovskaia poursuite d’un théâtre anthropo- sur ses 19 années d’emprisonnement Du 14 mars au 7 avril d’après un texte de Stefano Massini logique et pluridisciplinaire avec Nour (16 et 17 mars)… La Cité, Marseille avec Mireille Perrier dans le rôle (15 au 17 mars) ; à La Cité c’est le Théâ- Côté rencontres et tables rondes, 04 91 53 95 61 titre (20 et 21 mars) ; le Merlan ac- tre de l’Ancre qui proposera Un homme l’écrivain Robert Mac Liam Wilson www.maisondetheatre.com cueille quant à lui le GdRA dans sa debout, témoignage d’un ex-prisonnier racontera James Agee, écrivain améri- Smartphone fournies par l’INA, partenaire développement de du touristes qui passent en moyenne 2h27 par jour sur un outil technologique, plus de temps qu’à la plage ou à table.» Et Patrick Mennucci de rappeler que la et Cinétourisme l’application. De La Ciotat avec l’Entrée en gare des Frères région est la 2e en France en nombre de tournages et que cela a des retombées sur l’économie locale. D’autres applications sont en préparation pour la Le Comité Régional de Tourisme (CRT) a lancé -et Lumière à Forcalquier peinture et pour Provence, Terre de festivals. c’est une première en France !- une application avec Crésus, l’unique film L’application CinéPaca est gratuite et, à ce jour, iPhone et Androïd qui fait découvrir 54 lieux de la de Giono, en passant par 6500 personnes l’ont déjà téléchargée… Et vous région, accessibles au public, où ont été tournés St Tropez et Dieu créa la le pouvez aussi avec les codes que Zibeline vous des films populaires. Cet outil qui a coûté 50 000 femme de Vadim, c’est un fournit. ANNIE GAVA euros, et 25 000 euros pour la promotion, permet itinéraire en cinéma qui est pour Androïd pour iPhone de faire des recherches par extrait de film ou par proposé aux touristes et aux amateurs de films. Des territoire (Provence, Côte d’Azur, Alpes) ; d’activer mises à jour annuelles permettront de compléter une alerte qui signale qu’on passe près d’une zone la liste des extraits proposés, au fil des tournages. de tournage ; de voir ou revoir des extraits de films, «Le cinéma, explique Pierre Meffre, président du des commentaires de M. Cinéma et des archives CRT, est une très grande motivation pour les
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