La génomique du lapin : avancées, applications et perspectives - INRA Productions Animales

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La génomique du lapin : avancées, applications et perspectives - INRA Productions Animales
La génomique du lapin :                                                                                       INRA Prod. Anim.,
                                                                                                               2018, 31 (1), 13-22

  avancées, applications
  et perspectives
Hervé GARREAU, Mélanie GUNIA
GenPhySE, INRA, ENVT, Université de Toulouse, 31326, Castanet-Tolosan, France
Courriel : herve.garreau@inra.fr

„„ Le séquençage du génome du lapin et la production d’une nouvelle puce à marqueurs ADN haut-débit ont
propulsé cette espèce dans l’ère de la génomique. Quel bilan peut-on tirer sur les connaissances relatives au
génome du lapin, sur les outils et les méthodes de génomique qui ont déjà été appliqués pour cette espèce ?
Quels sont les projets de recherche fondés sur cette méthodologie dans l’espèce cunicole ? Quelle réflexion
prospective sur la sélection génomique pour la filière cunicole peut-on proposer ?

Introduction                                des connaissances sur le génome de              Les récents développements de la
                                            cette espèce. De nouvelles ressources        génomique du lapin ouvrent la voie à
                                            génomiques ont été produites, parmi          de nouvelles approches pour l’amélio-
  Jusqu’au début des années 2000, les       lesquelles des banques d’ADNc de             ration génétique telles que la sélection
connaissances sur le génome du lapin        pleine longueur, clonés dans des             génomique. Les projets de recherche en
étaient très limitées. Seule une ving-      vecteurs permettant l’expression de          cours sur la résistance aux maladies et
taine de gènes étaient localisés sur les    protéines et la production ultérieure        l’efficacité alimentaire permettront non
chromosomes et 35 marqueurs de type         d’anticorps (Rogel-Gaillard et al., 2008).   seulement de mieux comprendre la bio-
microsatellites étaient décrits en 2003     Parallèlement, les puces à marqueurs         logie de ces caractères, mais également
(Korstanje et al., 2003). Un laboratoire    SNP (« Single Nucleotid Polymorphism »)      de mieux étudier l’intérêt économique
de l’INRA avait cependant déjà construit    se sont très fortement développées au        de ces méthodes.
une banque de BAC (« Bacterial Artificial   cours des dernières années, donnant
Chromosome ») (Rogel-Gaillard et al.,       lieu à de nombreuses applications,
2001) et d’EST (Séquences d’étiquettes      en particulier pour la sélection des
                                                                                         1. Le génome du lapin
de transcrits) (Rogel-Gaillard et al.,      ruminants. Ces nouvelles méthodes
2008) du lapin pour la cartographie et      peuvent désormais s’appliquer au lapin       „„1.1. Chromosomes,
à l’analyse de son génome. Plusieurs        et ouvrent de nouvelles perspectives en      locus et gènes
laboratoires de l’INRA se sont ensuite      matière de connaissances et d’amélio-
associés pour produire une carte inté-      ration génétique.                              Les gènes, support de l’information
grée cytogénétique et génétique                                                          génétique, sont portés par les chromo-
comportant 111 marqueurs de type              Dans cette synthèse, nous nous             somes. Le génome du lapin comprend
microsatellite (Chantry-Darmon et al.,      attachons à faire le point des connais-      deux chromosomes sexuels XX ou XY
2005, 2006). Le séquençage complet du       sances sur le génome et les outils de        (pour une femelle ou un mâle respec-
génome du lapin, a ensuite été réalisé      génomique du lapin. Nous réalisons           tivement) et 21 paires d’autosomes
par le « Broad Institute » (Boston, USA)    un inventaire des régions chromoso-          (2 n = 44). Pour les autosomes, ces
dans le cadre du « Mammalian Genome         miques (QTL) et des gènes impliqués          paires sont constituées par la fusion des
Project ». Les BAC de l’INRA, envoyés       dans l’expression de caractères connus,      gamètes (spermatozoïdes et ovules) au
au Broad Institute pour séquençage,         en particulier la croissance, la reproduc-   moment de la fécondation.
ont permis d’ancrer la séquence sur les     tion, la résistance aux maladies mais
chromosomes. Le séquençage complet          également la coloration et la morpho-          Un locus est un emplacement phy-
a été déterminant pour la progression       logie de la fourrure.                        sique sur un chromosome. Sa d
                                                                                                                     ­ imension

                                                                                          INRA Productions Animales, 2018, numéro 1
14 / Hervé GARREAU, Mélanie GUNIA

n’est pas prédéfinie (elle peut aller de      été hybridées sur des métaphases de               L’annotation du génome a per-
quelques dizaines de bases à plusieurs        lapin. Le caryotype du lapin a été affiné       mis d’identifier 19 203 gènes codant
centaines de milliers de base). Un locus      en 2002 (Hayes et al., 2002), permettant        pour des protéines, 3 375 gènes non-­
peut contenir des portions d’ADN conte-       ensuite la localisation fine de 250 nou-        codants et un total de 24 964 trans-
nant des informations variées (gène,          veaux gènes répartis sur tous les chro-         cripts. L’université d’Uppsala (Suède)
séquence répétée, région intergénique         mosomes (revue de Rogel-Gaillard                et l’université de Porto (Portugal) ont
non annotée et donc anonyme…). Un             et al., 2009). Une carte chromosomique          séquencé des lapins domestiques issus
allèle est une séquence d’ADN présente        de marqueurs microsatellites a égale-           de 6 races et des lapins sauvages fran-
au niveau du locus. Un animal comme le        ment été produite (Chantry-Darmon               çais et espagnols, appartenant aux deux
lapin ayant des paires de chromosomes         et al., 2005), qui a permis de construire       sous-­espèces O. c. algirus et O. c. cunicu-
possède deux allèles à chaque locus, soit     une carte génétique avec l’ensemble             lus (Carneiro et al., 2014). Ce séquen-
deux « versions » d’une même séquence         des groupes de liaison entre marqueurs          çage a permis d’identifier 51 millions
(par exemple un gène), l’un des allèles       positionnés et orientés sur les chromo-         de marqueurs de type SNP (« Single
est hérité de son père, l’autre de sa mère.   somes (Chantry-Darmon et al., 2006).            Nucleotide Polymorphism »), c’est-à-dire
Les allèles peuvent présenter des formes      Les marqueurs microsatellites sont des          des régions du génome qui présentent
variables. Ce polymorphisme est induit        régions de l’ADN qui présentent des             des différences entre individus pour une
par des variations de la séquence d’ADN       variations dans le nombre de répéti-            seule base de l’ADN ainsi que 5,6 millions
au locus (mutations). Un animal est dit       tions d’une séquence. La carte Inra,            de polymorphisme de type insertion/­
homozygote à un locus si les deux allèles     comportant 111 marqueurs, a permis              délétion. Les SNP représentent la source
sont identiques. Un animal est dit hété-      de confirmer la localisation des carac-         de variation la plus abondante du
rozygote à un locus si les deux allèles       tères de pelage albinos et angora sur les       génome. Le génotypage est la discipline
sont différents.                              chromosomes 1 et 15 respectivement.             qui vise à déterminer la nature des allèles
                                                 De par sa position dans l’arbre phy-         (variations) des marqueurs de chaque
  Certains caractères (coloration,            logénétique des mammifères et pour              individu. La standardisation et la méca-
structure du pelage, nanisme, couleur         son rôle d’espèce modèle dans les               nisation des techniques de génotypage
du gras) sont gouvernés par un petit          recherches biomédicales, le lapin a             permettent aujourd’hui de connaître
nombre de gènes ou parfois même un            été sélectionné pour le « Mammalian             rapidement la séquence de plusieurs
seul gène dont l’action est très impor-       Genome Project » (Lindblad-Toh et al.,          dizaines ou centaines de milliers de
tante. Ces gènes sont appelés gènes           2011 ; Miller et al., 2014). Ce projet a pour   marqueurs SNP. Dans le cadre du pro-
majeurs. Cependant la plupart des             but d’identifier des séquences conser-          jet Européen « A Collaborative European
caractères d’intérêt sont sous l’influence    vées entre espèces, afin d’améliorer            Network on Rabbit Genome Biology – RGB-
d’un très grand nombre de gènes qui           l’annotation du génome humain et de             Net », une puce commerciale Affymetrix,
ont chacun une action faible ou très          réaliser un atlas complet des séquences         support de 200 000 marqueurs SNP, a été
faible sur ces caractères. Le détermi-        d’ADN fonctionnelles. Le génome d’une           développée, offrant ainsi la possibilité de
nisme génétique de ces caractères est         lapine de race Néo-Zélandais a ainsi été        réaliser un génotypage à haut-débit du
donc qualifié de polygénique.                 entièrement séquencé par le « Broad             lapin. Elle a été mise sur le marché en
                                              Institute » (Boston, USA), une première         2016.
„„1.2. Carte génétique                        fois, à faible densité (OryCun1.0). De
et séquençage du génome                       nombreux laboratoires travaillant sur le
                                              lapin à l’échelle internationale se sont
                                                                                              2. Études de l’évolution
  Le caryotype (arrangement standard          associés pour la rédaction d’un « white         et de la domestication
des chromosomes d’une cellule) du             paper » qui plaidait pour un séquençage         du lapin
lapin, a été décrit pour la première fois     plus profond. Le génome du lapin a ainsi
en 1926 par T.S. Painter. La cartographie     été séquencé une deuxième fois, de
des gènes et des marqueurs consiste à         façon plus dense (OryCun2.0) (Carneiro            Oryctolagus cuniculus est le seul
déterminer leur position le long des          et al., 2014) et en incluant le séquençage      mammifère domestiqué dont l’origine
chromosomes. Une carte chromoso-              de clones de grands fragments d’ADN             paléontologique se situe en Europe
mique comparée entre l’homme et le            (BAC) fournis par l’INRA. L’annotation du       de l’Ouest. Les restes fossiles les plus
lapin a été publiée par Korstanje et al.      génome, c’est-à-dire la localisation et la      anciens du genre sont datés d’environ
(1999). Cette carte est basée sur les         description de la fonction biologique           6,5 millions d’années et ont été retrou-
résultats de la peinture chromosomique        des gènes, a été réalisée par la plate-         vés en Andalousie. Deux sous-espèces
réciproque : des sondes spécifiques (des      forme génomique Ensembl en utilisant            du genre naissent il y a environ deux
séquences d’ADN recherchées) de cha-          notamment le séquençage de brins                millions d’années : O. c. algirus, dans le
cun des chromosomes de lapin ont été          d’ARN (RNA-Seq) de tissus de lapins             sud-ouest de la péninsule ibérique et
hybridées (appariement spontané avec          fournis par l’INRA et l’annotation ortho-       O. c. cuniculus dans le nord-est. Les deux
la séquence complémentaire) sur des           logue humaine (gènes similaires parta-          sous-espèces demeurent aujourd’hui
métaphases humaines et, réciproque-           gés par les deux espèces) (http://www.          différenciées, mais des échanges réci-
ment, les sondes spécifiques de cha-          ensembl.org/Oryctolagus_cuniculus/              proques de gènes sont intervenus au
cun des chromosomes humains ont               Info/Annotation).                               cours des périodes interglaciaires et

INRA Productions Animales, 2018, numéro 1
La génomique du lapin : avancées, applications et perspectives / 15

depuis la fin de la dernière glaciation       du génome) répartis sur l’ensemble du        sur le chromosome 7 pour des carac-
(Callou, 2003 ; Carneiro et al., 2011).       génome qui touchent en particulier les       tères de croissance, sur le chromo-
O. c. algirus est un lapin de petite taille   régions de régulation des gènes. Ces         some 9 pour le poids des os et sur
(1 kg environ) et de pelage très sombre.      polymorphismes affectent notam-              le chromosome 12 pour la perte en
O. c. cuniculus présente des dimensions       ment des gènes impliqués dans le             eau au ressuyage. En raison du faible
plus grandes, un poids plus élevé (2 kg       développement du cerveau et du sys-          nombre de marqueurs utilisés, les
environ) et un pelage de type agouti.         tème nerveux. Contrairement au lapin         régions du génome mises en évidence
                                              domestique, le lapin sauvage dispose         étaient trop larges pour pouvoir iden-
     Différents marqueurs génétiques          d’une aptitude à prendre rapidement          tifier précisément les gènes impliqués
(marqueurs mitochondriaux, mar-               la fuite face à ses différents prédateurs    dans l’élaboration de ces caractères.
queurs du chromosome Y, SNP) ont été          (rapaces, renards, humains). Cette
utilisés récemment pour caractériser les      étude a montré que c’est l’accumula-
populations sauvages et domestiques.          tion de variations génétiques à petits
                                                                                           4. Approche gènes
Les études ont montré l’existence de          effets mais sur de très nombreux gènes       candidats
deux lignées fortement divergentes,           au cours de la domestication qui a pro-
appelées A et B, qui s’apparentent en         gressivement inhibé cette aptitude, ce
partie aux sous espèces O. c. algirus et      qui représente l’un des changements             L’approche gène candidat consiste
O. c. cuniculus (Biju-Duval, 1991 ; Rogel-    les plus importants dans l’histoire évo-     à étudier l’association entre les allèles
Gaillard et al., 2009). Ces deux lignées      lutive du lapin et lui confère la notion     de certains gènes choisis sur la base
partagent un ancêtre commun remon-            de domesticité                               de connaissances préalables et l’ex-
tant à deux millions d’années. Les deux                                                    pression de phénotypes (couleur,
lignées sont encore aujourd’hui sépa-                                                      croissance, reproduction, efficacité
rées géographiquement : les popu-
                                              3. Recherche de QTL                          alimentaire, résistance aux maladies).
lations sauvages du Sud-ouest de la                                                        Une variation du gène peut en effet
Péninsule ibérique appartiennent au              Les études d’association et de liaisons   affecter l’une des fonctions physiolo-
groupe A, tandis que celles du Nord de        génétiques ont pour objectif d’identi-       giques clés de l’élaboration du phé-
­l’Espagne, de France et de Tunisie sont      fier des régions chromosomiques (QTL         notype. La première étape de cette
 du groupe B, comme le sont également         pour « Quantitative Trait Loci »), impli-    approche consiste à sélectionner une
 toutes les races domestiques. La chaîne      quées dans l’expression des caractères       liste de gènes dont les fonctions bio-
 des Pyrénées semble avoir constitué          d’intérêt. Elles reposent sur la mise en     logiques sont connues par des études
 une barrière génétique importante            évidence statistique d’un lien entre         réalisées chez l’espèce cible, ou dans
 puisque la migration du Nord de              le génotype de certains marqueurs            d’autres espèces. La seconde étape
 ­l’Espagne vers le Nord des Pyrénées         et la valeur phénotypique des carac-         consiste à identifier des variations de
  s’est traduite par une perte de variabi-    tères. La recherche de QTL est une des       la séquence d’ADN de ces gènes. Ces
  lité de l’ordre de 12 % (Carneiro et al.,   étapes de la recherche de mutations          variations sont identifiées par séquen-
  2011). Les études génétiques les plus       causales (cf. § 4). Une seule étude de       çage du génome. La troisième étape
  récentes confirment que toutes les          recherche de QTL a été publiée à ce          repose sur les études d’association
  races domestiques de lapin sont issues      jour pour le lapin (Sternstein et al.,       qui permettront de vérifier statisti-
  de la domestication de lapins sauvages      2015). Elle a été rendue possible par        quement la liaison entre les variations
  de la sous espèce O. c. cuniculus pré-      l’utilisation des marqueurs microsa-         du gène et le phénotype dans les
  sente en France au Moyen-âge. Bien          tellites de la carte INRA précédem-          populations étudiées. Cette stratégie
  que la variabilité génétique des races      ment décrite, auxquels les auteurs           présente l’avantage de rechercher
  de lapins reste élevée en comparaison       ont ajouté 78 nouveaux marqueurs             très rapidement et à moindre coût
  d’autres mammifères domestiques, le         microsatellites, développés par leur         les polymorphismes (variations des
  processus de domestication et la créa-      laboratoire. Cette étude portait sur les     gènes) potentiellement intéressants.
  tion des races se sont accompagnés          caractères de croissance et de qualité       Son défaut est de se limiter à des gènes
  d’un nouvel appauvrissement géné-           de la viande et de la carcasse dans une      dont on ne connait, a priori, ni la valeur
  tique de l’ordre de 21 %. Le génome         population 360 lapins obtenue par un         de leur effet sur les caractères d’inté-
  de six races de lapins domestiques          double croisement (population de             rêt, ni leur variabilité dans la popula-
  (Néo-Zélandais, Bélier Français, Lièvre     type F2) : un premier croisement entre       tion étudiée. De nombreuses études
  Belge, Hollandais, Géant des Flandres       des reproducteurs issus de deux races        de gènes candidats ont été conduites
  et Argenté de champagne) a été com-         divergentes, le Géant des Flandres et le     chez le lapin (Fontanesi, 2016). Elles
  paré à celui de quatorze lapins sau-        Néo-Zélandais ; un second croisement         peuvent être réparties en trois caté-
  vages prélevés dans le sud de la France     entre les individus F1 pour produire la      gories correspondant aux groupes de
  et la péninsule ibérique (Carneiro          population d’étude F2. Les 360 lapins        caractères étudiés: i) les caractères de
  et al., 2014). Les résultats ne mettent     F2 ont été génotypés pour 189 mar-           croissance et de production de viande,
  en évidence aucun gène majeur de            queurs microsatellite couvrant l’en-         ii) les caractères de reproduction de la
  domestication, mais un nombre très          semble des 23 chromosomes. Les QTL           femelle, iii) les caractères de résistance
  élevé de polymorphismes (variations         les plus significatifs ont été ­identifiés   aux maladies (tableau 1).

                                                                                            INRA Productions Animales, 2018, numéro 1
16 / Hervé GARREAU, Mélanie GUNIA

Tableau 1. Liste de gènes candidats par groupe de caractères étudiés et nombre                rine (nombre maximal de fœtus qu’une
de publications associées (d’après Fontanesi, 2015).                                          lapine peut porter lorsque le taux d’ovu-
                                                                                              lation n’est pas facteur limitant) pendant
                                                                            Nombre de         10 générations (Mocé et al., 2004). Une
   Caractères                               Gènes
                                                                           publications       association entre le polymorphisme de
                                                                                              trois gènes (OVGP1, PGR et TIMP1) et
                                          Myostatine                             3
                                                                                              quelques caractères de reproduction,
 Croissance                                                                                   incluant l’implantation embryonnaire
 et carcasse                Axe somatotrope (GH1, GHR,IGF2),
                              mélanocortine (MC4R, POMC),                        12
                                                                                              et la taille de portée, a été mise en évi-
                                   IRS1, NPY, PGAM2                                           dence dans cette population expéri-
                                                                                              mentale (Estellé et al., 2006 ; Peiró et al.,
                          Récepteurs hormonaux (OVGP1, PGR)                                   2008 ; Peiró et al., 2010 ; Argente et al.,
 Reproduction                                                                    3
                                   et enzyme (TIMP1)                                          2010 ; García et al., 2010).

 Résistance
                     Gènes du complexe majeur d’histocompatibilité                            „„4.3. Caractères
                       (TLR4, Dectin-1,MyD88,NLRP12, JAK1,                       10           de résistance aux maladies
 aux maladies
                                   STAT3, CCR6)
                                                                                                 Des études de gènes candidats ont
                                                                                              été menées par des équipes chinoises
„„4.1. Caractères                                croissance (GH1), du récepteur de l’hor-     de l’université agricole du Sichuan, à
de croissance et de carcasse                     mone de croissance (GHR), du facteur         Chengdu, sur différentes races locales
                                                 de croissance analogue de l’insuline         et importées, pour des caractères de
   En raison de l’importance écono-              (IGF2) et le gène du récepteur de la         résistance aux troubles digestifs. Ces
mique de la croissance et de la produc-          mélanocortine peuvent avoir des effets       équipes ont mis en évidence l’implica-
tion de viande, la plupart des études de         importants sur la croissance ou les          tion de différents gènes codant pour
gènes candidats chez le lapin porte sur          caractères de production. Ces effets ont     des récepteurs participant à la recon-
ce groupe de caractères. Fontanesi et al.        été décrits chez le bovin (Lagziel et al.,   naissance des pathogènes : TLR4 (« Toll-
(2011, 2012a), Fontanesi et al. (2012b,          1996 ; Blott et al., 2003) et le porc (Van   like receptor 4 » ; Zhang et al., 2011),
2014) et Fontanesi et al. (2016) ont étu-        Laere et al., 2003). Le gène du récepteur    NOD2 (« Nucleotide-binding oligomeri-
dié le caractère de croissance le plus           de la mélanocortine (impliqué dans           zation domain 2 » ; Zhang et al., 2013c),
couramment enregistré et sélectionné             l’homéostase énergétique et la régu-         Dectin-1 (« Dendritic-cell associated
dans les populations commerciales                lation du comportement alimentaire)          C-type lectin 1 » ; Zhang et al., 2013b).
de production de viande, le poids à              a des effets connus sur la croissance et     Ils ont aussi mis en évidence les gènes
70 jours. D’autres auteurs (Peng et al.,         l’obésité chez l’homme et le porc (Kim       suivant : MyD88 (« Myeloid differentiating
2013 ; Zhang et al., 2013a, 2013c ; Liu          et al., 2001). Des mutations et des effets   factor 88 ») codant pour une protéine qui
et al., 2014 ; Wang et al., 2015) ont étu-       significatifs de ces gènes ont été mis       a un rôle central dans l’activation de
dié des caractères de croissance, de             en évidence chez le lapin (Zhang et al.,     l’immunité innée et adaptative (Chen
carcasse et de qualité de viande mesu-           2012 ; Fontanesi et al., 2012b ; Fontanesi   et al., 2013) ; NLRP12 (« NLR Family Pyrin
rés à des âges différents. Le gène de la         et al., 2013 ; Fontanesi et al., 2016). La   Domain Containing 12 ») qui joue un rôle
myostatine (MSTN) a fait l’objet de nom-         plupart de ces études met en évidence        dans la régulation de l’inflammation (Liu
breuses études chez le lapin en raison           que l’allèle le plus favorable de ces        et al., 2013) ; JAK1 (« Janus Kinase ») une
des effets bien connus des mutations de          gènes est également le plus fréquent         molécule de signalisation intracellulaire,
ce gène sur le développement du tissu            dans les populations commerciales            STAT3 (« Signal transducter and activa-
musculaire. Les effets de l’hypermuscu-          étudiées. Cette observation démontre         tor of transcription 3 ») un facteur de
larité liés aux variations de ce gène ont        l’effet de la sélection qui tend à accroi-   transcription et de différenciation des
été décrits chez la souris (McPherron            tre la fréquence des allèles favorables      cellules immunitaires (Fu et al., 2014)
et al., 1997), le bovin (Grobet et al., 1997 ;   en sélectionnant à chaque génération         et CCR6 (« Chemokine receptor 6 ») une
Kambadur et al., 1997 ; McPherron et             les meilleurs animaux (porteurs de           récepteur contrôlant le mouvement des
Lee, 1997) et le mouton (Clop et al.,            gènes favorables) pour les reproduire        leucocytes (Liu et al., 2017).
2006). Cependant, aucun polymor-                 et constituer les générations suivantes.
phisme du gène MSTN affectant les                                                             „„4.4. Autres caractères
caractères n’a été découvert à ce jour           „„4.2. Caractères
chez le lapin dans les races et lignées          de reproduction                                Par une approche gène candidat
étudiées (Fontanesi et al., 2011 ; Peng                                                       Strychalski et al. (2015) ont identifié
et al., 2013 ; Sternstein et al., 2014).           Les études de gènes candidats pour         une délétion de 3 bases nucléoti-
                                                 les caractères de reproduction sont          diques dans le gène bêta-carotène
  Les gènes impliqués dans le fonc-              toutes fondées sur une seule popula-         oxygénase 2 (BCO2) qui détermine la
tionnement de l’axe somatotrope, et              tion expérimentale sélectionnée de           couleur du gras du lapin. Ce gène code
en particulier le gène de l’hormone de           façon divergente pour la capacité uté-       pour une enzyme qui intervient dans

INRA Productions Animales, 2018, numéro 1
La génomique du lapin : avancées, applications et perspectives / 17

le m
   ­ étabolisme des caroténoïdes et          Tableau 2. Résultats de génotypage pour la mutation de type délétion de 12,1 Kb
donne une coloration jaune au gras,          du gène HMGA2 (Carneiro et al., 2017).
comme chez les bovins et les ovins (Tian
et al., 2010 ; Våge et Boman, 2010).                                                          Génotype HMGA2 : Déletion (Del)
                                                              Nombre           Nombre                 ou sauvage (+)
                                              Phénotype
                                                              de races       d’individus
   La lignée de lapins hypercholestérolé-
                                                                                               Del/Del            Del/+              +/+
miques Watanabe est un modèle animal
particulièrement apprécié pour étudier
                                             Peanut †             3               19               19                0                0
l’athérosclérose et les maladies liées à
l’hypercholestérolémie. Cette lignée
                                             Nain                 1               20                0               16                4
présente une mutation naturelle (délé-
tion de 4 bases) du gène du récepteur
                                             Normal               6               40                0                0               40
de la lipoprotéine de basse densité qui
affecte le transport de ce récepteur à la
surface des cellules, provoquant l’hy-
perglycémie (Yamamoto et al., 1986).         d’une part par le génotypage des              Figure 1. Phénotypes de lapins nains
                                             individus portant les deux types de           et sauvages (Carneiro et al., 2017 ;
   Le déterminisme génétique du lapin        variants et des tests statistiques per-       Photos : (A) Sara Gutiérez Albarran,
nain est également de type monogé-           mettant de mettre en évidence l’effet         (B-E) Javier Lopez)
nique. Carneiro et al. (2017) ont iden-      du gène, d’autre part avec des argu-          (A) Lapin nain et lapin de race Néo-Zélandais de phé-
tifié une mutation de type délétion du       ments fonctionnels qui décrivent les          notype « sauvage ».
gène HMGA2 qui code pour une proté-          effets ­biologiques de la mutation.           (B) Lapin nain. Le lapin nain pèse généralement
ine facteur de transcription du groupe                                                     moins de 1 kg, présente un corps compact et arrondi,
de haute mobilité (HMG) conduisant à         „„5.1. Mutations affectant                    un nez très court et de petites oreilles.
l’inactivation de ce gène. Il en résulte     la couleur du pelage                          (C et D) Lapereaux de phénotype nain (génotype
une altération de la croissance générale                                                   Del/+) et de phénotype « peanut » (génotype Del/
et du développement crano-facial. Le            Chez les mammifères, la coloration         Del) issus de la même portée. Le lapereau de phé-
gène muté est dominant : les animaux         est déterminée par les mélanines, res-        notype « peanut » est plus petit que le lapereau de
hétérozygotes présentent le phénotype        ponsables de pigmentation des tégu-           phénotype nain et présente une tête en forme de cône
de nanisme. Le gène muté est égale-          ments. L’eumélanine (pigments noir/           et des yeux proéminents.
ment létal récessif : les homozygotes        marron) et la phéomélanine (pigments          (E) Détail d’un lapereau de phénotype « peanut ».
mutants (phénotype « peanut ») ne sont       jaune/rouge) sont synthétisées dans les
pas viables (tableau 2 et figure 1).         cellules appelées mélanocytes avec le
                                             concours de l’enzyme tyrosinase. Chez
                                             la souris, plus de 300 loci affectant la
5. Identification                            couleur du poil ont été mis en évidence.
de mutations causales                        Ces loci interviennent sur le dévelop-
                                             pement, les fonctions ou la régulation
                                             de l’activité enzymatique des mélano-
   La mutation causale est la variation de   cytes (Bennett et Lamoreux, 2003). La
la séquence d’un gène qui détermine          production et la proportion relative
le caractère étudié. La découverte de la     des eumélanines et des phéoméla-
mutation causale, ou à défaut de mar-        nines sont principalement déterminées
queurs très proches de cette mutation,       par les loci extension et agouti. L’allèle
autorise une sélection très efficace, qui    dominant du locus extension provoque
s’affranchit de la mesure du phénotype.      la sécrétion d’eumélanine (couleur
La connaissance de la mutation cau-          grise, noire ou marron) tandis que l’al-      par la présence des allèles sauvages du
sale permet également de mieux com-          lèle récessif provoque une extension          locus extension. Le locus extension code
prendre en quoi cette mutation affecte       du pigment jaune dans le poil, qui rem-       pour le récepteur 1 de la mélanocortine
le fonctionnement du gène et donc le         place plus ou moins le pigment noir ou        (MC1R), une hormone qui stimule la
phénotype associé. L’identification de       marron. Les races jaunes ou rouge sont        synthèse d’eumélanine. Le locus agouti
mutations causales est généralement          homozygotes récessives. Au contraire          code pour la protéine signal Agouti
réalisée par cartographie fine au sein       l’allèle dominant du locus agouti déter-      (ASIP). Cette protéine bloque la produc-
du locus trouvé associé. L’identification    mine la production de phéomélanines           tion de la mélanocortine et accroit la
de la mutation causale est réalisée par      tandis que l’allèle récessif conduit à la     production de phéomélanine au détri-
séquençage de régions préalablement          production de pigments eumélaniques           ment de l’eumélanine (Bultman et al.,
identifiées par la détection de QTL. La      noirs. Ces deux loci interagissent entre      1992). Fontanesi et al. (2006) ainsi que
mutation causale possible étant iden-        eux (relations épistatiques) : l’expres-      Fontanesi et al. (2010b) ont séquencé
tifiée, on cherche ensuite à la valider,     sion des allèles agouti est conditionnée      le gène MC1R dans plusieurs races de

                                                                                            INRA Productions Animales, 2018, numéro 1
18 / Hervé GARREAU, Mélanie GUNIA

lapins présentant des couleurs diffé-          délétion d’une base nucléotidique dans        sélection car l’intervalle de génération,
rentes et ont caractérisés sur le plan         l’exon 9 (1362delA) du gène LIPH se tra-      déjà très court, serait peu impacté, les
moléculaire les principaux allèles du          duisant par une protéine LIPH tronquée.       intensités de sélection étant déjà très
locus extension. Deux variants de l’al-        La protéine LIPH est une enzyme qui           élevées. La sélection génomique pré-
lèle sauvage (E+) ont été identifiés : Trois   catalyse la production d’acide 2-acyl         sente également un intérêt pour les
délétions (deux de six bases nucléoti-         lysophosphatidique (LPA), qui est un          caractères difficiles à mesurer chez
diques et une de 30 bases) caractérisent       médiateur lipidique avec diverses pro-        des candidats à la sélection, comme
respectivement l’allèle dominant noir          priétés biologiques qui incluent l’agré-      la résistance aux maladies, la mesure
(ED), l’allèle récessif cendré japonais (ej)   gation plaquettaire, la contraction des       du phénotype (infection naturelle ou
et l’allèle récessif fauve (e). Deux muta-     muscles lisses et la stimulation de la        expérimentale) portant seulement sur
tions du locus agouti ont également            prolifération cellulaire. Le niveau d’ex-     les animaux de la population de réfé-
été identifiées par les mêmes auteurs          pression de LIPH dans la peau et le folli-    rence. Plusieurs contraintes rendent
(Fontanesi et al., 2010a) en séquençant        cule pileux est trois fois plus faible chez   toutefois la sélection génomique diffi-
le gène ASIP. La séquence de l’allèle at       les Rex que chez le lapin commun.             cile à mettre en place dans les schémas
diffère de l’allèle sauvage (A) par deux                                                     génétiques cunicoles. Une population
mutations non-sens (remplacement                                                             de référence de plusieurs milliers d’in-
d’un codon codant pour un acide aminé
                                               6. La sélection génomique                     dividus est nécessaire pour obtenir
par un codon-stop). L’allèle récessif noir                                                   une précision d’évaluation génétique
non-agouti (a) est caractérisé par une            La sélection génomique repose sur          au moins égale à celle obtenue avec
insertion dans le premier exon codant          une méthode d’évaluation génétique            les dispositifs actuels. Or la taille des
du gène ASIP. Le séquençage du gène            des animaux candidats à la sélection.         noyaux de sélection cunicole est
TYR a également permis d’identifier            Son principe est d’utiliser l’information     généralement faible (une à quelques
plusieurs mutations non-sens au locus          d’un très grand nombre de marqueurs           centaines de femelles) et permet diffi-
albinos (C) correspondant aux allèles          SNP (en général par l’utilisation d’une       cilement de générer autant d’individus
Chinchilla (cch), Hymalayan (CH) et albinos    puce SNP à haut débit), d’estimer l’ef-       en contrôle. De plus, les populations de
(c). Le locus English spotting (En) est        fet de chacun de ces marqueurs sur les        référence devront être renouvelées fré-
responsable de la coloration panachée          caractères d’intérêt dans une popu-           quemment pour préserver la qualité de
particulière de la race Papillon. Les indi-    lation de référence phénotypée et             l’estimation des valeurs génomiques
vidus homozygotes pour l’allèle récessif       génotypée, puis de calculer la valeur         et cela d’autant plus que l’intervalle
(en/en) sont de couleur unie, les hété-        génomique des animaux candidats en            de génération est très court chez le
rozygotes En/en présentent une robe            sommant les effets estimés des mar-           lapin. Le coût d’un génotypage était
blanche tachetée de noir (conforme             queurs portés par ces candidats. En           encore relativement élevé pour le lapin
au standard des différentes races de           comparaison avec une sélection clas-          en 2017 (120 euros). Chez les bovins
Papillons) et les homozygotes EN/EN            sique utilisant le BLUP (« Best Linear        laitiers la mise en place de la sélection
sont presque entièrement blancs. Les           Unbiaised Predictor »), il est attendu        génomique, en se substituant à un
individus EN/EN sont par ailleurs non          de la sélection génomique un accrois-         testage sur descendance très coûteux
viables en raison d’un caecum et d’un          sement du progrès génétique en                (40 000 euros par candidat mâle testé
colon très dilaté (maladie du mégaco-          réduisant l’intervalle de génération (la      en France), a permis de réaliser des
lon). Fontanesi et al. (2014) ont identifié    sélection des candidats peut être réa-        économies considérables couvrant
un SNP du gène KIT qui explique à la           lisée très tôt, à la suite de leur géno-      les frais de génotypage. Le gain le
fois le patron de coloration des papil-        typage), en augmentant l’intensité de         plus intéressant est la réduction d’in-
lons et, chez les homozygotes EN/EN,           sélection (la sélection inclut davantage      tervalle de génération avec une dimi-
une altération des cellules de Cajal           de candidats) et la précision de l’évalua-    nution de cinq années par rapport au
(cellules ganglionnaires qui assurent le       tion génétique (grâce à l’apport d’in-        schéma basé sur le testage sur descen-
contrôle des muscles qui entourent le          formation moléculaire à forte densité).       dance. Actuellement, chez le lapin, le
colon). Le même symptôme est observé           Ce gain de précision dépend lui-même          seul gain de progrès génétique espéré
chez l’homme dans le cas de la mala-           de la taille effective de la population       par la sélection génomique couvrira
die héréditaire appelée mégacolon              en sélection, de l’héritabilité du carac-     difficilement ces coûts. On peut tou-
aganglionique.                                 tère, de la taille de la population de        tefois espérer une baisse des prix du
                                               référence et de la distance génétique         génotypage ou l’utilisation de puces
„„5.2. La mutation Rex                         entre les candidats à la sélection et les     dédiées à faible densité, et donc moins
                                               animaux de la population de référence.        coûteuses, dans un avenir proche. La
   La fourrure du lapin Rex se caracté-                                                      valeur marchande d’un reproducteur
rise par une diminution du nombre et              Avec la disponibilité de la puce com-      de cette espèce est faible mais, compte
de la longueur des jarres, donnant à           merciale Affymetrix à 200 000 mar-            tenu de l’organisation pyramidale de la
la fourrure des poils plus courts, plus        queurs SNP, la sélection génomique            production cunicole et du pouvoir de
compacts et plus doux. La mutation             du lapin est désormais possible. Son          diffusion de l’espèce, le progrès géné-
causale de ce caractère a été identifiée       intérêt réside essentiellement dans           tique réalisé dans les noyaux de sélec-
(Diribarne et al., 2011). Il s’agit d’une      l’amélioration de la précision de la          tion de ­dimension limitée se diffuse

INRA Productions Animales, 2018, numéro 1
La génomique du lapin : avancées, applications et perspectives / 19

rapidement et à grande échelle. Bien         ceux déjà obtenus dans des condition         pour des caractères comme la proli-
qu’il n’existe à ce jour aucune étude        d’infection naturelle (Eady et al., 2007 ;   ficité des truies (Bouquet et al., 2017).
économique pour la chiffrer, la sélec-       Gunia et al., 2015).
tion génomique pour la résistance aux                                                       Le lapin est également très largement
maladies du lapin s’annonce très inté-          Un second projet nommé Microrabbits       utilisé pour les recherches biomédi-
ressante pour la filière, compte tenu        a été lancé par l’INRA en 2014 et se         cales et l’industrie biopharmaceutique.
de la sensibilité de cette espèce aux        poursuit dans le cadre du programme          Le marché Européen de la production
pathologies.                                 Européen H2020 « Feed-a-Gene ».              d’anticorps de lapin est estimé à trois
                                             Ce projet est fondé sur un proto-            milliards d’euros tandis que plus de
                                             cole d’adoptions croisées entre une          400 000 lapins sont utilisés comme
7. Projets et perspectives                   lignée sélectionnée pour l’efficacité        animaux de laboratoire chaque année
                                             alimentaire et une lignée témoin non         en Europe. Le lapin est en effet un très
   La disponibilité de la puce SNP           sélectionnée. Trois cents lapereaux          bon modèle pour certaines maladies
Affymetrix 200K ouvre de nouvelles           de chaque lignée ont été contrôlés           humaines (hyperglycémie, athéros-
perspectives pour la connaissance du         pour leur croissance et leur consom-         clérose, obésité, asthme, tuberculose)
déterminisme génétique des carac-            mation d’aliment entre le sevrage et         en raison d’une plus forte proximité
tères d’intérêt et pour l’amélioration       63 jours d’âge, puis génotypés avec          génétique et embryologique avec les
génétique du lapin. Les projets dans ce      la puce Affymetrix 200 K. Des études         primates que les rongeurs. L’utilisation
domaine s’orientent préférentiellement       de recherche de QTL vont permettre           des outils de génomique va permettre
vers les caractères les plus couteux ou      d’identifier les régions du génome du        une meilleure connaissance du déter-
difficiles à mesurer, la mesure du phé-      lapin impliquées dans l’efficacité ali-      minisme génétique de ces maladies et
notype portant seulement sur les ani-        mentaire. Parallèlement, un échantillon      doit contribuer à l’élaboration de nou-
maux de la population de référence. Les      de contenu caecal a été collecté sur cha-    veaux traitements thérapeutiques.
caractères retenus pour ces projets sont     cun des lapereaux. La composition du
la résistance aux maladies qui nécessite     microbiote intestinal des animaux sera
l’inoculation des animaux et l’efficacité    décrite par la méthode du séquençage
                                                                                          Conclusion
alimentaire qui nécessite un enregistre-     de la région variable du gène de l’ARNr
ment individuel des quantités d’aliment      16S qui permet d’identifier et d’évaluer        Le lapin est véritablement entré dans
ingérées.                                    la proportion des différentes familles       l’ère de la génomique avec le séquen-
                                             microbiennes (Combes et al., 2011).          çage de son génome, qui a ouvert
   Le projet RELAPA (génomique               Les objectifs du projet sont de déter-       la voie à des travaux permettant de
pour la RÉsistance des LApins à la           miner la part relative de la variabilité     mieux comprendre l’histoire évolutive
Pasteurellose), co-financé par l’inter-      de l’efficacité alimentaire expliquée        de cette espèce. Les gènes caractérisant
profession CLIPP, le Syselaf et l’institut   par le microbiote, transmis par la mère,     le pelage sont les mieux connus chez le
Carnot Santé Animale, est le premier         et celle expliquée par le génotype de        lapin, d’autres gènes affectant la crois-
projet ayant pour but d’utiliser l’infor-    l’hôte pour proposer des critères et des     sance, la reproduction et la résistance
mation génomique pour identifier des         méthodes afin de sélectionner conjoin-       aux troubles digestifs ont pu être carac-
régions du génome associé à la résis-        tement l’hôte et son microbiote.             térisés depuis 2010. La création d’une
tance à la pasteurellose, et posant les                                                   puce à 200 000 marqueurs SNP pour le
bases de la sélection génomique pour           Au-delà des caractères d’efficacité        lapin en 2016 marque un second tour-
ce type de caractères. Une population        alimentaire et de résistance à la pas-       nant pour l’espèce. Cet outil va per-
d’un millier de lapins représentative de     teurellose, les projets de génomique         mettre d’approfondir la connaissance
populations commerciales françaises a        pourront s’étendre aux caractères            des gènes et régions du génome lié aux
été inoculée expérimentalement avec          maternels (fertilité, productivité numé-     caractères d’intérêt et ouvre la porte à
une souche de Pasteurella multocida.         rique, qualités maternelles contribuant      de nouvelles stratégies de sélection
La réponse à l’infection a été finement      à la survie du jeune) car leur impor-        ­utilisant l’information génomique.
caractérisée, et tous les lapins ont été     tance économique est forte et leur
génotypés avec la puce commerciale           héritabilité est généralement faible.
Affymetrix 200K. Les analyses en cours       La sélection génomique de ces carac-
                                                                                          Remerciements
laissent présager l’existence d’un déter-    tères a déjà été mise en place pour les
minisme génétique de la résistance à         mêmes raisons dans les races porcines          Les auteurs remercient Claire Rogel-
la Pasteurellose (Gunia et al., 2017). Ces   françaises (Landrace Français en 2017        Gaillard pour sa lecture attentive et les
résultats obtenus dans des conditions        et Large White en 2017). Elle permet         améliorations qu’elle a apportées à cet
d’infection expérimentale confirment         des gains de précision de 30 à 50 %          article.

                                                                                           INRA Productions Animales, 2018, numéro 1
20 / Hervé GARREAU, Mélanie GUNIA

Références
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INRA Productions Animales, 2018, numéro 1
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