La police judiciaire fédérale - Notre engagement dans la lutte contre la criminalité
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Table des matières 1. Missions, vision, valeurs et identité de la police judiciaire fédérale (PJF) 2 2. Comment s’organise la police judiciaire fédérale ? 4 Les directions déconcentrées 4 Les directions centrales 5 3. L’enquête judiciaire, le cœur de notre métier 7 L’exécution des enquêtes judiciaires 7 Les enquêteurs de la police judiciaire fédérale 7 Les enquêtes 7 4. L’appui spécialisé à l’enquête et aux enquêteurs 8 5. L’approche intégrale et intégrée des phénomènes prioritaires, notre souci permanent ! 10 Le cycle stratégique 10 Les phénomènes criminels prioritaires 10 Les plans stratégiques, les programmes et les projets 11 L’approche des organisations criminelles et de la criminalité organisée 12 La fonction de police guidée par l’information (ILP) 13 Une approche intégrale et intégrée des phénomènes prioritaires : quelques exemples 15 Les groupes d’auteurs itinérants 15 Le terrorisme 17 La criminalité grave contre les biens 18 La production de drogues synthétiques 19 Le blanchiment 20 La traite et le trafic d’êtres humains 21 6. L’approche policière internationale 22 Sources complémentaires 23 Glossaire 24 Points de contacts 25 Editeur responsable : Paul Van Thielen Comité de rédaction : Ronald Gilson, Dirk Valcke, Stanny De Vlieger, Alain De Proft, Julie De Brauwer, Claudia Friedrich, Dirk Allaerts, Kurt Desoete, Karen De Cock. Avec l’appui d’Astrid Kaisin (Service presse) et de Saskia Van Puyvelde (DSIC). Traductions : Caroline Picrit, Julie Demelenne Coordination : Sandhya Katara Réalisation : Caroline Chaidron, Virginie Smaniotto Photographie : Jocelyn Balcaen, Lavinia Wouters Imprimerie de la police intégrée Mars 2009
Vous souhaitez faire plus ample connaissance avec la police judiciaire fédérale ? Par cette brochure, vous apprendrez qui compose la police judiciaire fédérale, ce qu'ils font, de quelle manière ils travaillent et le rôle qu'ils jouent au sein de la société. Très brièvement, notre défi, c'est la lutte contre la criminalité organisée, le terrorisme et contre certai- nes formes de criminalité qui, comme la fraude complexe, requièrent de la spécialisation. En tant que membres de la police judiciaire fédérale, nous nous engageons résolument dans une ap- proche intégrale et intégrée de ces phénomènes. “Intégrale” signifie que nous prenons en considéra- tion leurs différents aspects : prévention, répression et suivi. “Intégrée” induit que nous travaillons en collaboration constante avec nos nombreux partenaires. Une part importante de notre travail exige la plus grande discrétion, c'est en particulier le cas des en- quêtes en phase d'instruction. Mais ceci ne doit pas nous empêcher de vous expliquer, en toute trans- parence, le fonctionnement de notre direction générale et la manière dont nous mettons en œuvre la stratégie développée en matière de police judiciaire. La lecture de ce document vous donnera, nous l'espérons, l'envie d'en savoir encore davantage. Si tel est le cas, n'hésitez pas à nous contacter, nos coordonnées figurent à la fin du document. Nous sommes à votre entière disposition pour vous fournir, le cas échéant, toute information complémentaire que vous jugeriez utile, dans les limites, bien sûr, du secret professionnel. Particulièrement fiers de vous présenter notre métier, nous vous souhaitons bonne lecture ! Paul Van Thielen Directeur général “Bonjour ! Je suis un enquêteur de la police judiciaire fédérale. Mon métier consiste à protéger la société en luttant contre la criminalité, en arrêtant les auteurs et en cherchant à déstabiliser les orga- nisations criminelles … un véritable travail d’équipe ! Pour cela, nous devons sans cesse nous adapter à de nombreux changements : de nouvelles lois, de nouvelles méthodes de travail, de nouveaux modes opératoires, des technologies en évolution constante, tout en veillant à répondre au mieux aux attentes des autorités et des citoyens. Comme nos collègues des services de recherche de la police locale, nous pouvons compter sur l’appui et l’expertise de plusieurs services dont une palette figure dans cette brochure. Nous ne travaillons donc pas seuls et notre approche policière ne se limite pas à notre uni- que intuition. Le plan national de sécurité, les autorités judiciaires et le management policier orientent notre travail vers une approche intégrale et intégrée de la criminalité. Vous en saurez plus sur notre métier, notre organisation et nos partenaires en parcourant cette brochure.” Ludo, enquêteur PJF Police judiciaire fédérale – 1–
1 Missions, vision, valeurs et identité de la police judiciaire fédérale (PJF) La police judiciaire fédérale souhaite avant se porte aussi sur l’identification et la recher- tout bien faire son travail. Elle veut égale- che des auteurs, mais encore davantage sur le ment offrir une plus-value au sein de l’orga- démantèlement des organisations criminelles nisation plus large à laquelle elle appartient : auxquelles ils appartiennent. la police intégrée. Afin d’atteindre ce but, la police judiciaire fédérale s’appuie sur un Il incombe également à la police judiciaire fé- cadre de référence légal qui balise le terrain. dérale d’offrir une expertise judiciaire et des moyens spécialisés, surtout au profit de nos La loi sur la police intégrée définit la mission de collègues de la police locale. Cet appui spéciali- la police fédérale : “La police fédérale assure sur sé et la lutte contre la criminalité organisée, tels l’ensemble du territoire, dans le respect des prin- que décrits ci-dessus, ne peuvent être efficaces cipes de spécialité et de subsidiarité, les missions qu’en développant une expertise spécifique. spécialisées et supralocales de police administra- tive et judiciaire, ainsi que des missions d’appui La police locale mais aussi la police fédérale re- aux polices locales et aux autorités de police”. cherchent les auteurs de délits. Afin de permettre En d’autres termes, en tant que membres de la une collaboration efficace et une répartition opti- police fédérale, nous contribuons à la sécurité male des tâches, une directive du Collège des pro- et à la qualité de vie au sein de la société. Les cureurs généraux est appliquée : la Col 2/2002. missions mentionnées dans la loi sont réalisées aux niveaux national et international. Nous travaillons en synergie avec nos partenaires et nous nous spécialisons dans des tâches exi- geant une grande expertise. Nous fournissons aussi un appui spécialisé à nos partenaires de la police locale pour les aider à atteindre leurs objectifs. La mission de la police judiciaire fédérale c’est : “maîtriser de façon toujours plus performante l’ampleur et l’impact de la criminalité organisée et de la criminalité déstabilisant la société, de la criminalité supralocale et de la criminalité qui, en raison de sa nature complexe, requiert des re- cherches et des enquêtes spécialisées”. Nous luttons donc principalement contre la criminalité grave et organisée. Notre tâche ne se limite pas à la seule exécution des en- Cette directive répartit les tâches et assure une quêtes, mais s’étend aussi à une réflexion sur coordination, principalement entre la police ju- la prévention, la législation, l’accueil des vic- diciaire fédérale et les services de recherche de times, etc. la police locale. La complexité des investigations à mener, tel- Tout d’abord, nous devons détecter les nou- le que décrite dans cette circulaire, constitue veaux phénomènes ou les phénomènes émer- le facteur déterminant dans l’attribution et gents et les signaler aux ministres compétents. l’exécution des enquêtes au niveau local ou Différents services s’attellent immédiatement fédéral. à minimaliser les dommages que pourrait cau- ser un nouveau phénomène. Notre attention “La complexité de l’enquête peut être déduite Police judiciaire fédérale –2–
d’un certain nombre de critères, lesquels sont Récemment, la police intégrée a précisé cette répartis en trois groupes : vision qui peut se résumer en un concept : “l’ex- 1) la nature du fait ou des faits à propos desquels cellence dans la fonction de police”. Trois idées il faut enquêter ; de base ressortent : la fonction de police orien- tée vers la communauté, la fonction de police 2) la nature des devoirs d’enquête à effectuer ; guidée par l’information et la gestion optimale. 3) la dispersion géographique des devoirs d’en- Il est attendu de chaque policier qu’il tienne quête spécialisés. compte dans ses actes professionnels de ces trois concepts de base. L’enquête qui répond à l’un de ces critères sera, en principe, suivant l’appréciation du magistrat qui La police judiciaire fédérale souscrit entièrement assume la direction et l’autorité sur la conduite de à cette façon de travailler et a reprécisé ces prin- l’enquête, attribuée à la police fédérale. Toutes les cipes de base en les traduisant en une “identité” autres enquêtes sont attribuées à la police locale”. aux caractéristiques spécifiques, qui s’inscrivent parfaitement dans la vision et l’identité globales En plus d’une bonne répartition des tâches, la de la police fédérale. L’objectif de cette identité recherche judiciaire reste un travail d’équipe consiste notamment à accroître l’implication réalisé en étroite collaboration avec toute une de ses membres pour qu’ils sachent ce que l’on série de partenaires internes et externes à la attend d’eux. La police judiciaire fédérale vise police intégrée. Une recherche performante né- également à informer les autorités et partenaires cessite en effet, une ‘action menée de concert’, de ses engagements et ambitions. mettant en relation de nombreux partenaires qui se complètent et se renforcent mutuelle- ment pour une société plus sûre et plus vivable. Pour exécuter toutes ces missions et tâches légales, nous voulons que tous nos collabo- rateurs aient la même vision et les mêmes valeurs. Police judiciaire fédérale –3–
2 Comment s’organise la police judiciaire fédérale ? La police judiciaire fédérale est placée sous la di- sent l’approche intégrale (prévention, répression, rection de son directeur général. Celui-ci est en- suivi, ....) et intégrée (entre tous les partenaires touré d’un service d’appui à la politique chargé et autorités) des phénomènes prioritaires. Ils du traitement des dossiers relatifs à la planifi- rendent visible l’engagement solidaire de tous cation et au suivi stratégiques, au management les partenaires sur le terrain. des moyens et du personnel, à la gestion des informations judiciaires et à la collaboration in- ternationale. Direction Ensuite, elle est subdivisée en 27 directions dé- concentrées et 6 directions centrales qui exé- cutent leurs missions à travers une interaction constructive et permanente. Coordination Les directions déconcentrées Gestion et direction opérationnelle Une direction déconcentrée de la police judiciai- re fédérale est implantée dans chacun des 27 ar- rondissements judiciaires de notre pays. Elle est dirigée par un directeur judiciaire. Fonctionnaires locaux de liaison La taille et l’organisation des directions peu- vent varier, mais partout, le personnel se spécia- lise dans l’approche des phénomènes criminels Carrefour prioritaires tels le trafic de drogues, la traite et d'informations le trafic d’êtres humains, la criminalité écono- d'arrondissement mique et financière grave, les groupes d’auteurs itinérants, le terrorisme … La tâche principale de ces directions déconcen- trées consiste donc aussi en l’exécution d’en- quêtes à l’information, sous la direction du par- quet, ou d’enquêtes judiciaires, dirigées par un Services Services spécialisés d'appui juge d’instruction. Les enquêtes peuvent être proactives ou réac- Laboratoire de tives. Dans le premier cas, les informations police technique Drogues et scientifique disponibles sur un groupe d’auteurs criminels servent de base et l’enquête prouve son activité Regional Computer criminelle. Dans une enquête réactive, le point Crime Unit de départ est le délit et l’on tente de prouver la culpabilité ou l’innocence d’un suspect. Vols organisés Section d'information A côté de cela, un appui spécialisé est également criminelle fourni à des partenaires internes et externes à la police, principalement dans les domaines de Criminalité financière Analyse criminelle la criminalité ICT, de la police technique et scien- opérationnelle tifique, du recours aux indicateurs, de l’analyse criminelle et des méthodes et techniques parti- culières de recherche. ... ... Au sein de ces directions, des “projets” concréti- Police judiciaire fédérale –4–
Les directions centrales lisées, elles peuvent fournir une expertise et un appui aux directions déconcentrées de la PJF, aux Les six directions centrales de la police judiciaire partenaires internes et externes. Mise à part la fédérale sont basées à Bruxelles. Trois d’entre el- DJF, l’exécution d’enquêtes judiciaires reste l’ex- les sont directement chargées de la lutte contre ception car cette tâche incombe aux directions les phénomènes criminels prioritaires : les direc- déconcentrées. Pour assurer la pérennité de l’en- tions centrales “criminalité contre les person- semble, il ne suffit pas de conserver notre exper- nes” (DJP), “criminalité contre les biens” (DJB) et tise, il faut aussi penser sans cesse à de nouveaux “criminalité économique et financière” (DJF). Les développements. Avec le contrôle qualité, cela trois autres directions centrales apportent leur constitue un rôle essentiel des directions centra- contribution de manière transversale dans l’ap- les. Enfin, les directions centrales constituent un proche de tous les phénomènes : les directions maillon important de la chaîne de sécurité, no- des “opérations judiciaires” (DJO), de la “police tamment à travers l’élaboration des “program- technique et scientifique” (DJT)”et de la “crimi- mes” visant une approche globale, à l’aide de nalité organisée” (DJC). mesures administratives (donc préventives) et Toutes les six aident le parquet fédéral dans la judiciaires, et proposant aux différents partenai- res des méthodes de travail innovantes. coordination des dossiers concrets des 27 direc- tions déconcentrées. Etant structurées autour Les directions centrales se composent d'une de phénomènes prioritaires ou de tâches spécia- série de services énumérés ci-dessous. Services DJB Services DJP Services DJF ■ Trafic de véhicules ■ Terrorisme et sectes ■ Délinquance économique ■ Vol organisé & Art ■ Drogues et financière organisée ■ Environnement ■ Agressions et disparitions ■ Corruption ■ Vol à main armée ■ Traite et trafic des êtres ■ Criminalité ICT humains ■ Faux ■ Armes ■ Hormones ■ Escroqueries ■ Fugitive Arrest & Search Team (FAST) Services DJO Services DJT Services DJC ■ Analyse criminelle ■ Audio-vidéo ■ Projets opérationnels ■ Avis de recherches via ■ Assurance qualité et R&D orientés vers des groupes les médias d’auteurs spécifiques ■ Unité centrale et portrait ■ Carrefour national robot ■ Protection de témoins d'information ■ Service d’identification ■ Permanence judiciaire opérationnelle ■ Sciences ■ Méthodes et techniques comportementales particulières de recherche Police judiciaire fédérale –5–
CG Commissariat général DGA DGJ DGS Direction générale Direction générale Direction générale de la police administrative de la police judiciaire de l'appui et de la gestion 27 PJF DJB Direction de la criminalité Antwerpen contre les biens Brugge Turnhout Gent Mechelen Hasselt DJP Veurne Dendermonde Direction de la criminalité contre les personnes Leuven Ieper Kortrijk Oudenaarde Bruxelles Tongeren DJF Nivelles Tournai Liège Direction de la criminalité Huy économique et financière Mons Verviers Namur Charleroi DJC Eupen Dinant Direction de la criminalité Marche-en-Famenne organisée DJO Neufchâteau Direction des opérations judiciaires Arlon DJMM DJT Service judiciaire Direction de la police en milieu militaire technique et scientifique Police judiciaire fédérale –6–
L'enquête judiciaire, 3 le cœur de notre métier L’exécution des enquêtes judiciaires Les défis sont nombreux. Nos enquêteurs opè- rent dans un environnement qui évolue très Les devoirs d’enquête sont exécutés sous la di- rapidement et dans de multiples domaines in- rection des autorités compétentes : le procureur fluencés par la mondialisation. Ils doivent uti- fédéral ou le procureur du Roi (pour une enquê- liser de nouveaux moyens et se référer à des te à l’information) ou le juge d’instruction (pour lois souvent complexes. Ils sont confrontés à une enquête judiciaire). Ce sont eux qui dirigent l’évolution technologique permanente, surtout effectivement l’enquête judiciaire, en détermi- en matière de télécommunications et d’infor- nant une orientation, les objectifs à atteindre et matique, et à des organisations criminelles qui les procédures à appliquer. s’adaptent continuellement au progrès. Afin de mener à bien une enquête, du person- Les enquêteurs reçoivent quotidiennement nel et des moyens doivent être mobilisés. Dans l’appui d’un certain nombre de collaborateurs cette optique, on tiendra compte des autres en- non policiers, en l’occurrence les membres du quêtes en cours, des priorités nationales et des personnel du cadre administratif et logistique priorités fixées par le procureur du Roi pour son (CALog) de la police qui les assistent dans tou- arrondissement. tes les tâches qui ne requièrent pas la qualité Le procureur du Roi peut faire appel au person- de policier. nel et aux moyens de la police judiciaire fédé- rale qui sont disponibles sur l’arrondissement. Le Les enquêtes parquet fédéral, quant à lui, ne dispose pas d’un Les dossiers complexes et importants imposent service d’enquête propre et doit donc également des exigences élevées à tous ceux qui s’y impli- requérir les directions déconcentrées. Pour éviter quent. C’est pourquoi les magistrats et les po- les conflits entre ces deux donneurs de missions, liciers doivent convenir, au préalable et lors de les moyens octroyés au parquet fédéral ont été toute évolution marquante des investigations, déterminés à l’avance et pour chaque direction. de l’orientation adéquate à donner à l’enquête. C’est ce qu’on appelle la capacité hypothéquée. Ensuite, il conviendra d’en examiner les aspects Au niveau policier, un “chargé de dossier” est importants comme le choix et la répartition des identifié pour chaque enquête. Il se charge, sous moyens, l’évaluation de la durée et la priorité la responsabilité finale du directeur judiciaire, de d’un dossier par rapport à un autre. la direction opérationnelle du team d’enquête. La lutte résolue contre le crime organisé exige de plus en plus que la police prenne l’initiative, Les enquêteurs de la police judiciaire sans attendre qu’un délit soit commis. Pour cela, fédérale il est essentiel de pouvoir disposer d’une bonne Les enquêteurs de la PJF sont “spécialisés”, ce qui information et de développer une collaboration veut dire qu’ils ont suivi une formation spécifi- étroite entre la police fédérale et les collègues que. Certaines fonctions, par exemple au sein de de la police locale. Au sein de la police judiciaire la Regional Computer Crime Unit, les analystes fédérale, les unités déconcentrées collaborent criminels et les enquêteurs dans les matières entre elles et les directions centrales fournis- financières, requièrent en outre un sent un appui utile dans ces opérations. Cette perfectionnement dans ces domai- collaboration se poursuit fréquemment au-delà nes techniques particuliers. De plus, des frontières, parfois sous la forme d’une équi- nos collaborateurs développent pe d’enquête internationale (joint investigation régulièrement leurs compétences team, JIT) dans les divers centres de formation D’autres entités de la police fédérale fournis- de la police et auprès de partenaires sent également un appui spécialisé. Par exem- externes. Enfin, des enquêteurs ap- ple, les unités spéciales d’interventions (CGSU) pelés à occuper certaines fonctions sont sollicitées pour la filature de criminels, l’in- Police judiciaire fédérale particulières sont recrutés sur base filtration ou encore la mise sur écoute du milieu de diplômes spécifiques (comptabi- criminel. Le Service d’appui canin offre un appui lité, informatique, sciences …). en matière de chiens drogue, chiens pisteur … . –7–
4 L'appui spécialisé à l’enquête et aux enquêteurs La police judiciaire fédérale offre également un appui dans de nombreux autres domaines. Quelques exemples : L'enquêteur de la Regional Computer Cri- Le laboratoire de police technique et scien- me Unit transfert le carnet d'adresse d'un tifique révèle des traces exploitables sur GSM saisi. un courrier suspect. Les résultats d'un test de polygraphie ju- L'analyse de la retranscription d'écoutes gés concluants permettront peut-être de téléphoniques et l'amélioration de la quali- disculper un individu de son implication té du son permet l'inculpation d'un auteur. dans un homicide. Police judiciaire fédérale Le Service d'identification judiciaire com- La Cellule disparitions accompagne les pare des empreintes digitales afin d'identi- enquêteurs dans les recherches d'une per- fier un auteur ou d'établir d'éventuels liens sonne disparue. entre des faits. –8–
A partir d'un portrait ro- bot, un avis de recherche national est diffusé via plusieurs médias (internet, TV, journaux). Les psychologues assistent les enquêteurs lors d'auditions “délicates”. L'analyste criminel opérationnel identifie Le Service criminalité automobile participe L'Office central pour la répression des faux les relations au sein d'un groupe criminel à l'identification de numéros de châssis sur analyse les documents d'identité, passeports, en vue de préparer des perquisitions. des véhicules volés, dans le cadre du déman- documents de séjour, permis de conduire, … tèlement d'un trafic. afin de vérifier leur authenticité. Le Service drogues assiste les enquêteurs lors de la découverte d'un laboratoire Le Service armes retrace l'historique légal clandestin afin d'identifier la méthode de ou illégal des armes qui lui sont soumises. fabrication et l'origine des composantes de l'installation. Police judiciaire fédérale Le Service environnement Les services de DJC donnent un appui prépare les policiers à la pour l'identification d'alias utilisés par des saisie d'animaux exotiques membres d'organisations criminelles. dangereux. –9–
5 L'approche intégrale et intégrée des phénomènes prioritaires, notre souci permanent ! La police judiciaire fédérale est un maillon dans de mesures prises dans le cadre de la lutte contre la chaîne de sécurité. C’est pourquoi, nous re- l’insécurité. Ces mesures font l’objet d’un contrôle cherchons en permanence l’harmonisation avec permanent au niveau de leur qualité et si néces- les autres acteurs, tant pour la politique générale saire, les moyens, les procédures et parfois les que pour les actions concrètes. Nous tentons de structures sont adaptés. Ceci se déroule selon un réaliser les priorités fixées par les autorités, entre cycle continu basé sur le modèle de management autres via l’élaboration et l’exécution de projets largement reconnu : l’EFQM (European Founda- et grâce à une approche professionnelle. tion for Quality Management). Le cycle stratégique Les phénomènes criminels prioritaires L’approche de l’insécurité est une responsabi- Pour la période 2008-2011, le gouvernement a lité sociétale partagée. retenu comme priorités les phénomènes de sé- curité suivants, en particulier s’ils présentent un La sécurité est l’affaire de tous : police, autori- caractère organisé : tés, associations, acteurs du secteur privé mais ❚ la corruption ; aussi des citoyens. C’est dans cet esprit que les ministres de l’Intérieur et de la Justice, en accord ❚ la fraude grave ou organisée ; avec leurs collègues, rédigent une note cadre de ❚ le blanchiment ; sécurité intégrale. Celle-ci détermine les orien- tations et coordonne une approche concertée ❚ la criminalité ICT ; entre les différents SPF qui doivent partager les ❚ les atteintes illégales à l'environnement ; mêmes objectifs. ❚ le terrorisme ; Sur cette base, mais aussi sur base de la vision ❚ la production et le commerce de drogues ; générale de la police intégrée (l’excellence dans ❚ l’immigration illégale et le trafic d’êtres hu- la fonction de police), de l’image de la criminali- mains ; té, de diverses études et analyses, de l’avis et des voeux des différents partenaires, la police fédé- ❚ la traite des êtres humains - exploitation éco- rale propose un plan national de sécurité (PNS). nomique ; Ce plan est soumis à l’approbation des ministres ❚ la traite des êtres humains - exploitation et présente les priorités et objectifs pour la po- sexuelle ; lice intégrée pour les 4 prochaines années. ❚ la violence grave ; Le plan national de sécurité détermine les ❚ les délits contre la propriété avec attention phénomènes criminels que la police intégrée particulière sur les bandes itinérantes. doit appréhender prioritairement. En tant que membres de la police, nous devons aborder efficacement tous les problèmes de sé- curité. Les moyens s’avérant insuffisants pour aborder chaque phénomène avec le même en- gagement, les autorités compétentes opèrent des choix socialement fondés. En ce sens, le plan national de sécurité détermine les phénomènes criminels que la police intégrée doit appréhender prioritairement, avec ses nombreux partenaires, aux niveaux local, national et international. Le plan national de sécurité est un guide de ré- férence pour le travail de tous les services de Police judiciaire fédérale police. Il doit permettre l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation approfondie – 10 –
D’autres problèmes de sécurité importants sont requiert des efforts prolongés et multidisciplinai- également évoqués dans le plan national de sécu- res. Dans le cadre des programmes, l’évolution et rité, par exemple les homicides, les délits sexuels, la dispersion régionale du phénomène sont suivies les enlèvements, les prises d’otage. Ces phénomè- en permanence (image du phénomène) et l’on nes se prêtent moins à une approche intégrale. travaille continuellement à l’amélioration des mé- Chaque fait, pris au cas par cas, exige par contre thodes de lutte dont la dimension internationale une approche (réactive) de qualité, car il s’agit d’at- ne peut certainement pas être perdue de vue. teinte grave à l’intégrité physique des personnes. Chaque programme coordonne également l’ap- Pour ces faits, la police judiciaire fédérale veille à proche du phénomène au sein de la police inté- une meilleure qualité de traitement des procé- grée et veille au soutien des services sur le terrain. dures judiciaires tout en réservant une attention Il est important, à ce titre, d’identifier la manière particulière aux victimes. Elle collabore aussi à la dont l’information nécessaire sera recherchée, rédaction de directives et de scénarios opération- traitée, conservée et ensuite redistribuée. On mè- nels élaborés pour chacune de ces matières. nera également une réflexion sur la communica- tion vers un large public, par exemple en matière Les plans stratégiques, les programmes de prévention, mais aussi sur les succès remportés et les projets dans la lutte contre les organisations criminelles. La police judiciaire fédérale se base sur le plan Dans la mesure du possible, nous faisons égale- national de sécurité pour la planification de ses ment des propositions pour une meilleure régle- activités. mentation fédérale ou régionale. L'exécution du plan se traduit, au niveau central, Les projets développés au niveau arrondisse- par l’élaboration et la réalisation de programmes. mental ont le souci de prévenir, détecter, maî- Au niveau de l’arrondissement, les priorités sont triser et résoudre les problèmes au niveau de abordées via des projets. Une telle approche im- l’arrondissement. plique, bien sûr, une concertation permanente de Pour le choix des phénomènes qui doivent faire tous les acteurs concernés pour oeuvrer tous en- l’objet d’une approche par projet au niveau de semble en vue d’atteindre un même objectif final. l’arrondissement, les directions judiciaires dé- concentrées tiennent compte des priorités du Les programmes élaborés au sein des directions plan national de sécurité, de la politique crimi- centrales reprennent l’ensemble des activités nelle du procureur du Roi, de la nature de la cri- préventives et répressives pour l’approche et le minalité dans l’arrondissement et des objectifs suivi des phénomènes de sécurité. repris dans les plans zonaux de sécurité. L’approche approfondie des phénomènes criminels Ces projets sont le résultat d’une concertation Police judiciaire fédérale – 11 –
entre le directeur judiciaire, le directeur coordina- tions criminelles actives. Cette connaissance est teur administratif, les chefs de corps des zones de notamment constituée à partir d’un question- police de l’arrondissement et le procureur du Roi. naire spécifique qui rassemble les données por- Ils optimalisent et harmonisent les actions de cha- tant sur les enquêtes dirigées contre des organi- cun de ces acteurs en vue de réduire l’ampleur du sations criminelles (entre 200 et 250 documents phénomène dans l’arrondissement. Ces projets par an). Cette récolte particulière d’informations tiennent compte tant de la prévention, de la re- est complétée par des analyses qualitatives des cherche des délits que de l’attention aux victimes. informations émanant d’autres services belges ou étrangers et de certaines sources ouvertes. De chaque projet découlent des plans d'actions Afin d’anticiper les évolutions possibles d’un qui couvrent une période de un à quatre ans et phénomène, de nouveaux instruments d’ana- qui précisent une série de mesures et d’activités lyse pluridisciplinaire sont développés tels que qui doivent permettre d’atteindre les objectifs. Les enquêteurs spécialisés sont impliqués dans l’élaboration de ces plans d’actions et sont également co-responsables de leur mise en oeuvre. Ces plans sont suivis et évalués en per- manence de manière à pouvoir être corrigés si nécessaire. De leur côté, les zones de poli- ce locale conçoivent, chacune, un plan zonal de sécurité (PZS) qui prend en considération les priorités du plan national de sécurité mais aussi les projets élaborés dans l’arrondisse- ment. l’analyse de risque. Le phénomène est alors envi- Les services de police actifs sur l’arrondisse- sagé dans un contexte beaucoup plus large que ment ont des missions et des attentes diverses. celui des seules données policières. Ils harmonisent leurs approches de la sécurité, coordonnent la lutte contre la criminalité et se Au niveau tactique, les moyens mis en œuvre fournissent les appuis mutuels nécessaires. pour lutter contre les organisations criminelles sont déterminés. L’approche préventive et de police administrative y est évoquée (par exem- L’approche des organisations crimi- ple, collaborer avec les autorités administratives nelles et de la criminalité organisée lors d’opérations de contrôle de secteurs sen- La lutte contre la criminalité organisée vise en sibles, encourager les secteurs commerciaux à priorité les auteurs et les structures mises en réduire, voire à éliminer les opportunités dont place pour développer leurs activités illicites, les organisations criminelles abusent), ainsi que ainsi que les moyens qu’ils mettent en oeuvre l’approche judiciaire ou répressive par le déve- pour garantir la survie de l’organisation crimi- loppement d’outils d’enquête efficaces pour nelle. Les faits individuels commis, parfois très combattre les organisations ciblées (analyse des diversifiés, ne constituent donc pas notre princi- flux financiers, infiltrations, …). pal point d’attention. L’approche opérationnelle s’oriente vers des Une telle approche, au niveau stratégique, passe groupes d’auteurs particuliers auxquels s’atta- par une bonne vue d’ensemble sur les organisa- quent les directions judiciaires déconcentrées. Police judiciaire fédérale – 12 –
La fonction de police guidée par l’in- (cartographie, statistiques, élaboration de scéna- formation (ILP) rios ...) qui leur permettent de réaliser une image précise des phénomènes de sécurité, tant au ni- Au sein de la police fédérale, “l’Intelligence Led veau local que national. Le but de ces analyses Policing” ou fonction de police guidée par l’in- est d’aider les autorités compétentes à définir les formation, constitue un des fondements sur les- priorités (stratégiques) en matière de sécurité. quels se base notre vision du travail policier. L’analyste stratégique participe à une meilleure Le concept est simple : ce sont les informations connaissance des phénomènes par ces analy- qui sont à la base des actions de police, et non ses élargies des données. De même, il consulte l'inverse. Cette approche s’appuie sur la récolte et et analyse, sous différents angles, de multiple le traitement de données (faits, auteurs, groupe- sources (policières et non policières) afin de dé- ments criminels ...) d’une part et sur la plus-value gager de nouvelles ou probables tendances dans l’évolution de la criminalité. Le carrefour d’informations d’arrondissement (CIA) se situe au coeur de l’échange d’infor- mations. La fonction de police guidée par l’information n’est pas un processus à sens unique. Elle se caractérise par l’échange et le partage des in- formations et des connaissances entre tous les fonctionnaires de police, quel que soit le service ou le niveau (local ou fédéral) dont ils sont mem- bres. A cette fin, dans chaque arrondissement, un carrefour d’informations d’arrondissement traite, analyse et diffuse les informations en pro- venance des différents services de police. Grâce à la position privilégiée qu’il occupe au apportée par l’expérience et les aptitudes poli- niveau de l’arrondissement et à son expertise cières d’autre part. L’information (intelligence) spécifique, le CIA apporte sa plus-value aux ainsi obtenue guide la police judiciaire fédérale, données policières, par un suivi spécifique des de manière légale et légitime, aux niveaux stra- phénomènes et des groupes d’auteurs et sti- tégique (politique criminelle), tactique (plans mule l’échange (parfois transfrontalier) de l’in- d'actions) et opérationnel (enquête). formation policière. Le CIA assure également Le policier de première ligne, proche des sour- une fonction de signal, principalement vis-à-vis ces d'informations, est un personnage-clé. Ses de l’ensemble des unités de police. Le but étant connaissances sont valorisées pour appréhen- la détection de l’émergence d’une ‘épidémie’ der au mieux les phénomènes. A ses côtés, bien particulière (de vols dans les habitations au sein d’autres fonctions (analystes, enquêteurs spé- d’un quartier par exemple), d’un nouveau mode cialisés, les carrefours d’informations d’arron- opératoire ou d’une nouvelle problématique de dissement (labo …) jouent également un rôle sécurité afin d’être capable de prendre les me- essentiel. sures qui s’imposent. Oser prévoir l’avenir, définir les tendances, c'est La récolte et l’analyse des données, une phase le défi permanent des analystes stratégiques. cruciale de l’enquête . Les analystes stratégiques recourent à un en- Dans le cadre des enquêtes proactives ou réacti- semble de méthodes et de techniques d’analyse ves, les analystes criminels opérationnels (ACO) Police judiciaire fédérale – 13 –
recherchent les liens entre des faits criminels, toute information présentant un intérêt concret les auteurs, les lieux où ils agissent ou qu’ils fré- pour le travail de police. quentent, les modes opératoires, ... Par l’analyse La BNG est plus qu’une simple banque de don- de ces données, ils permettent aux enquêteurs nées. Il s’agit d’un concept global qui rassemble d’orienter au mieux leurs enquêtes. des systèmes de traitement de données, utilisés D’autres policiers actifs dans les arrondisse- aussi bien par la police locale que par la police ments, membres des sections d’information fédérale. En ce sens, la BNG soutient une ap- criminelle (SIC) sont spécialisés dans la collecte proche intégrée du traitement de l'information. d’informations dans le milieu criminel. Ils entre- L'alimentation de la BNG peut, au départ d’un tiennent des contacts réguliers avec des indica- constat réalisé par un service de police local, être teurs issus ou proches de ce milieu et peuvent enrichie, par exemple par un travail d'enquête ainsi guider les collègues policiers dans leurs subséquent effectué par un service de la police enquêtes, grâce à certaines informations, ou les judiciaire fédérale. amener à approfondir leur recherche au cœur Le travail des deux composantes de la police in- de certaines activités criminelles. Ce type de tégrée est régi par un cadre de référence unique contacts délicats, mais nécessaires, exige un ca- décrit dans une directive ministérielle contrai- dre légal clair, des règles très précises de travail gnante : la MFO-3. Cette directive rassemble et un contrôle approfondi de la part de l’autorité l'ensemble des procédures qui s’appliquent à judiciaire. La police judiciaire fédérale sélection- tous les services de police, locaux et fédéraux. A ne ces sources d’information principalement en titre d’exemple : la procédure complète de prise fonction des phénomènes prioritaires. d'empreintes digitales et de photos des person- nes enregistrées dans la BNG ou la description Vers un traitement intégré de l'information des documents à rédiger pour régler la coordina- Le fonctionnement optimal de la fonction de tion des enquêtes judiciaires sont décrites dans police guidée par l'information s'appuie, entre la MFO-3, ce qui permet un traitement uniforme autres, sur un processus de traitement d'in- de l'information. formations centralisé et bien structuré. Cette Ainsi, le traitement des empreintes digitales re- approche centralisée a pour but, d'une part, de cueillies lors de l'arrestation d'un suspect et intro- mettre l’information à la disposition de chaque duites dans le système centralisé de gestion des policier du pays et d'autre part, d'assurer une empreintes, permettra éventuellement l'identi- fication de l’auteur ayant laissé une trace sur les coordination optimale de l'action policière. lieux d'un délit antérieur, relevée et conservée Pour ce faire, la loi sur la fonction de police a par un laboratoire de police technique et scien- imposé aux services de police la création d'une tifique. De même, les photos d'un suspect prises banque de données nationale générale - la BNG lors de son interpellation et saisies de manière - accessible aux deux composantes de la police centralisée dans la photothèque digitale, per- intégrée. Cette législation précise que tout poli- mettront ultérieurement son identification par cier, local ou fédéral, doit introduire dans la BNG les victimes ou les témoins d'un autre délit. Police judiciaire fédérale – 14 –
Une approche intégrale et intégrée ne des groupes itinérants sur l’arrondissement. des phénomènes prioritaires : quel- A partir de là, des objectifs, des mesures, des facteurs critiques de succès, des indicateurs-clés ques exemples et des moyens nécessaires sont déterminés sur Voici une description sommaire de l’approche de base d’un consensus. Ces étapes aboutissent à quelques (sous) phénomènes. Nous les donnons la rédaction de plans d’actions évalués et adap- à titre d’exemples pour illustrer ce que peuvent tés pendant et après leur exécution. signifier les mots “intégré” et “intégral”. Précisons Nature de la problématique que ces quelques exemples ne représentent nulle- ment l’ensemble de nos activités. Il y a, chaque année, 50 à 60 000 cambriolages dans des habitations. Une grande partie de ceux- Les groupes d’auteurs itinérants ci sont commis par des bandes d’Europe de l’Est. Nous estimons à un quart au moins, le nombre L’approche par projet, au sein d’une direction de vols commis par des groupes d’auteurs itiné- judiciaire déconcentrée, consiste précisément à rants. Ces groupes commettent différents types rassembler les acteurs qui ont un impact sur une de vols (de métaux, de documents, de charge- problématique, dans l’arrondissement en ques- ments, ...) A côté de cela, il est de plus en plus tion, ici, celle des groupes d’auteurs itinérants et compliqué d’identifier ces groupes d’auteurs iti- à les impliquer formellement et sur le fond dans nérants. Ceux-ci se spécialisent, résident moins l’ensemble de la démarche. longtemps dans un même pays, sont flexibles, Une distinction peut être établie entre les parte- contournent l’approche policière et se révèlent naires primaires, qui sont impliqués dans l’entiè- toujours plus prudents. reté du développement du projet sur les groupes Contribution des différents partenaires d’auteurs itinérants, et les partenaires secondai- res, qui sont impliqués dans le développement La direction de coordination et d’appui (DCA) du projet mais uniquement pour des thèmes doit être le lien dans l’approche intégrale, en spécifiques. particulier dans le domaine de la prévention, de Les partenaires primaires dans un tel projet sont la dissuasion et du suivi. le procureur du Roi, les corps de la police locale, De par son expertise spécialisée et judiciaire les corps de la police fédérale actifs sur le ter- dans cette matière, la police judiciaire fédérale ritoire de l’arrondissement (police des chemins joue un rôle clé, notamment au vu du caractère de fer, police de la route, la direction de coordi- supra local et international de cette forme de nation et d’appui, la police judiciaire fédérale), le criminalité organisée. Cette plus-value est ap- CIA et la direction centrale criminalité contre les portée tant par les enquêteurs que par les servi- biens (DGJ/DJB). ces d’appui (LPTS, RCCU, SIC, CTI, ACO, BTS, …). L’équipe formée dans le cadre du projet acquiert, Conformément à la philosophie de la fonction de sur base d’une analyse, une vue globale sur les police guidée par l’information, le CIA, au niveau causes principales de l’apparition du phénomè- arrondissemental et la direction DGJ/DJB, au ni- veau fédéral, jouent un rôle crucial dans la mise en évidence de liens entre les différents faits et dans la liaison de ces faits à des personnes et des groupes d’auteurs. Une bonne gestion de l’infor- mation permettra de détecter les liens entre les “arrondissements des faits” (là où sont commis les faits) et les “arrondissements de résidence” (là où les auteurs séjournent). L’approche par projet dans la lutte contre les Police judiciaire fédérale cambriolages dans les habitations a déjà permis, dans certains arrondissements, une amélioration – 15 –
des constatations, du traitement des traces, de la circulation de l’information et de l’exploitation des informations et des éléments intéressants pour la recherche, notamment par l’utilisation de fiches de constat détaillées (VIEW) utilisées par chaque équipe d’intervention de l’arrondis- sement, lors du constat d’un cambriolage. En collaboration avec les magistrats et la direc- tion centrale DJB, le Premier Ministre, le Ministre de l’Intérieur et la Ministre de la Justice ont pré- senté, en 2007, une déclaration gouvernemen- tale intitulée “L’approche des groupes d’auteurs itinérants : une actualisation”. Cette déclaration Simultanément, le lien entre un maximum de propose des pistes de réflexion à chaque acteur faits est recherché. Lorsque des faits sont com- de la chaîne de sécurité. mis dans plusieurs arrondissements, le parquet Approche intégrée dans l’enquête fédéral coordonne la suite de l’enquête. L’enquête débute auprès de la police locale qui Il s’agira ensuite d’intervenir au moment le plus constate chaque cambriolage. Elle auditionne les adéquat, en exécutant des perquisitions dans victimes, enregistre aussi précisément que pos- toutes les cachettes connues du groupe d’auteurs sible le butin, cherche des traces et fait appel, si et en interpellant un maximum de suspects. nécessaire, au laboratoire de police technique et La découverte du butin permet d’établir des scientifique. De même, elle procède à l’enquête liens vers d’autres cambriolages et nous donne de voisinage et transmet toute information per- l’occasion de restituer leurs biens aux victimes. tinente au CIA et vers la BNG. Parfois, le butin se trouve déjà à l’étranger, mais Des liens sont ainsi établis. les bons accords établis avec la plupart des pays Plusieurs faits sont liés entre eux : quelques cam- permettent d’y poursuivre l’enquête, en colla- briolages, la même nuit, dans le même quartier, boration avec les collègues étrangers, jusqu’à la le même véhicule a été remarqué et le même récupération du préjudice ou des gains réalisés mode opératoire pour pénétrer dans l’habita- par les criminels (plus d’information à ce propos tion a été constaté. dans la rubrique “blanchiment”). En analysant toutes les données mises à leur Les empreintes digitales et l’ADN des auteurs, disposition, les enquêteurs sont informés qu’un l’audition des suspects, les confrontations, la re- GSM volé est activé, qu’un auteur a été inter- connaissance par les témoins, l’examen des vé- cepté lors d’une action de contrôle, qu’une trace hicules et des moyens de communication, tout ADN ou une empreinte digitale a permis l’identi- cela consolide le dossier et nous apprend qui a fication d’un auteur. Il s’agit là généralement du fait quoi et quand. point de départ d’une enquête confiée aux en- quêteurs de la police judiciaire fédérale, sous la Le tout est soumis à l’appréciation d’un juge, direction du parquet (au cours de la phase d’in- conformément aux règles de procédure pénale. formation) ou du juge d’instruction (pendant la Après le jugement, il restera l’exécution de la phase d’enquête judiciaire). peine. Cette enquête doit, par exemple par une ana- Le succès d’une enquête est le fruit d’une bonne lyse de la téléphonie (où et entre qui y a-t-il eu collaboration à chaque stade de l’enquête. Un communication ?), une observation de ou le re- feedback vers toutes les entités qui ont contri- cueil d’informations sur des suspects, permet- bué à cette réussite est primordial et constitue tre d’obtenir une vue claire de la structure et du un facteur important de motivation dans l’ap- Police judiciaire fédérale fonctionnement du groupe d’auteurs. proche intégrée des problèmes de sécurité. – 16 –
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