LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE L'ANTIBIORÉSISTANCE : MODE D'EMPLOI - Un enjeu de santé publique et de développement durable majeur pour les ...

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LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE L'ANTIBIORÉSISTANCE : MODE D'EMPLOI - Un enjeu de santé publique et de développement durable majeur pour les ...
LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE
L‘ANTIBIORÉSISTANCE : MODE D‘EMPLOI
Un enjeu de santé publique et de développement
  durable majeur pour les générations futures
LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE L'ANTIBIORÉSISTANCE : MODE D'EMPLOI - Un enjeu de santé publique et de développement durable majeur pour les ...
L’ANTIBIORÉSISTANCE EN ACTION : MODE D’EMPLOI
LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE L'ANTIBIORÉSISTANCE : MODE D'EMPLOI - Un enjeu de santé publique et de développement durable majeur pour les ...
Guide de mise en application de la politique française de lutte contre l’antibiorésistance – Novembre 2018

TABLE DES MATIÈRES

Introduction ........................................................................................................................................................................................ 5

I. L’antibiorésistance, qu’est-ce que c’est ? ................................................................................................................................ 6

II. L’antibiorésistance : un phénomène aux impacts multiples ............................................................................................... 8

III. Focus : Antibiorésistance et développement durable – Un enjeu citoyen majeur ...................................................... 11

IV. Une prise de conscience mondiale des enjeux de l’antibiorésistance ........................................................................... 12

V. Que faire pour lutter au quotidien contre l’antibiorésistance ? ....................................................................................... 15

Contributions .................................................................................................................................................................................... 21

Références ......................................................................................................................................................................................... 23

                                                                                                                                                                                                    3
LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE L'ANTIBIORÉSISTANCE : MODE D'EMPLOI - Un enjeu de santé publique et de développement durable majeur pour les ...
L’ANTIBIORÉSISTANCE EN ACTION : MODE D’EMPLOI
Guide de mise en application de la politique française de lutte contre l’antibiorésistance – Novembre 2018

INTRODUCTION

Nous tenons tout d’abord à remercier toutes les personnes qui ont contribué à l’élaboration de ce mode d’emploi.
De nombreux experts en santé humaine, santé animale et en environnement ont participé au travail de recherche
et de révision pour faire de ce document un guide pratique pour lutter au quotidien contre les résistances aux anti-
biotiques. Nous souhaitons tout particulièrement remercier le groupe « Alliance contre le développement des bac-
téries multi-résistantes » (ACdeBMR/WAAAR) pour l’énergie qu’il déploie quotidiennement pour mettre en lumière
ce phénomène.

L’antibiorésistance est un phénomène d’envergure mondiale qui n’épargne pas la France. La consommation françai-
se d’antibiotiques, si elle reste plus modérée que dans d’autres pays, est importante par rapport à la moyenne euro-
péenne et a progressé en ville de 8,6% sur les dix dernières années. La prévention de la diffusion des bactéries résis-
tantes dans la population par des mesures d’hygiène est aussi largement perfectible dans notre pays. Si nos connais-
sances sur le sujet sont encore limitées, il apparait que le suivi en termes de politique publique doit être poursuivi. Ce
constat est à l’origine d’une dynamique politique lancée par plusieurs responsables politiques, réunis le 12 novembre
2018 pour présenter les travaux du groupe de travail.

La santé humaine, la santé animale et l’environnement sont tous concernés par ce problème. En effet, l’antibiorésis-
tance affecte l’ensemble des écosystèmes et des êtres vivants, comme l’illustre parfaitement le concept One Health
(« une seule santé »).

Pour permettre de transmettre cette connaissance et de favoriser la lutte contre l’antibiorésistance, ce mode d‘emp-
loi a été rédigé: c‘est un document qui se veut simple, précis, et visuel. En fournissant des informations et des con-
seils à appliquer dans la vie quotidienne, son objectif est de sensibiliser tous les acteurs, du citoyen aux pouvoirs
publics, afin de faire émerger une conscience collective nécessaire à la lutte contre l’antibiorésistance. La simplicité
du document vise uniquement à optimiser le message transmis par les recommandations politiques et scientifiques
exploitées pour sa rédaction.

La lutte contre les résistances antibiotiques relève de la responsabilité de chacun, et nous pouvons tous à notre
niveau modifier nos comportements afin de co-construire un monde avec une résistance contrôlée et une plus
grande sécurité.

                                                                                                   Éric Alauzet, député du Doubs

                                                                                              Yves Daudigny, sénateur de l‘Aisne

                                                                                                                                       5
L’ANTIBIORÉSISTANCE EN ACTION : MODE D’EMPLOI

I. L’ANTIBIORÉSISTANCE, QU’EST-CE QUE C’EST ?

1.   Quelques éléments de contexte

                                   Le monde bactérien, en équilibre avec l’Homme

                                   Une bactérie est un micro-organisme unicellulaire, ni animal ni végétal, et dont
                                   le génome est constitué d’un seul chromosome d’ADN. Faisant preuve d’une ex-
                                   traordinaire plasticité et diversité, les bactéries ont colonisé tous les milieux de la
                                   Terre, même les plus extrêmes. Les bactéries sont nécessaires à la vie sur Terre et
                                   à la survie de l’Homme : elles participent notamment au processus de digestion
                                   des aliments.

                                   Néanmoins, certaines d’entre elles peuvent être pathogènes pour l’Homme, et les
                                   infections bactériennes qu’elles provoquent peuvent être mortelles. D’autres se
                                   sont même avérées dramatiques pour l‘espèce humaine, causant des millions de
                                   morts comme Mycobacterium tuberculosis, l’agent qui cause la tuberculose, Yer-
                                   sinia pestis, responsable de la peste, ou Vibrio cholerae, responsable du choléra.

                                   Les antibiotiques, un moyen de défense contre les bactéries

                                   Depuis la découverte fortuite d’Alexander Fleming en 1928 des propriétés du
                                   champignon Penicillium de produire de la pénicilline, puis de la découverte par
                                   René Dubos en 1930 de la gramicidine produite par la bactérie Bacillus ou en-
                                   core des sulfamides, premiers antibiotiques synthétiques, par Gerhard Domask
                                   en 1935, l’Homme utilise cette classe de médicaments que sont les antibiotiques
                                   pour guérir des maladies bactériennes jusqu‘alors fréquemment meurtrières.

                                   Les antibiotiques sont des molécules possédant la propriété de tuer (effet bacté-
                                   ricide) ou de limiter la multiplication (effet bactériostatique) des bactéries. Utilisés
                                   en médecine humaine et vétérinaire pour lutter contre les infections bactérien-
                                   nes, les antibiotiques peuvent être d’origine naturelle ou synthétique. Il existe de
                                   très nombreux antibiotiques répartis en différentes familles (pénicillines, macro-
                                   lides, sulfamides…). Ils sont très efficaces contre les infections bactériennes, mais
                                   n‘ont aucun effet sur les infections virales.

                                   La résistance aux antibiotiques, ou l’entrée dans l’ère post-antibiotique

                                   La résistance aux antibiotiques, aussi appelée antibiorésistance, résulte de la capa-
                                   cité par certaines bactéries à se défendre contre les antibiotiques en adaptant leur
                                   génome (mutations ou transfert de gènes de résistance entre bactéries).

                                   Concrètement, le phénomène d’antibiorésistance entraîne des situations où des
                                   patients atteints d’infection causée par une bactérie résistante peinent à guérir
                                   malgré le traitement antibiotique qu’ils reçoivent. Restant plus longtemps malades,
                                   leurs risques de complications augmentent et leurs chances de survie sont alors
                                   réduites.

                                   D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), si nous ne prenons pas des me-
                                   sures d’urgence, nous entrerons bientôt dans une ère « post-antibiotique » dans
                                   laquelle des infections courantes ou de simples blessures seront à nouveau poten-
                                   tiellement mortelles par manque d‘antibiotiques efficaces.

6
Guide de mise en application de la politique française de lutte contre l’antibiorésistance – Novembre 2018

2.   Les mécanismes de l’antibiorésistance

                                  L’antibiorésistance, un phénomène biologique d‘adaptation…

                                  N’étant jamais toutes seules dans leur milieu, les bactéries vivent en communau-
                                  tés plurielles aux interrelations complexes, échangeant, entre autres, leurs gènes
                                  de résistance aux antibiotiques. Toutes les bactéries, telles que celles de nos flores
                                  intestinales ou présentes dans le sol, participent à ces échanges de gènes. Ces
                                  échanges amplifient le phénomène d’antibiorésistance. L’antibiorésistance est
                                  une des composantes de la résistance aux différents types d’agents antimicro-
                                  biens (antibiotiques, antiviraux, antifongiques et antiparasitaires).

                                  L’Homme n’a pas initié le phénomène d’antibiorésistance : les bactéries se sont
                                  toujours adaptées pour survivre. C’est le principe même de la sélection naturelle.
                                  Par exemple, des forages dans le permafrost au Canada ont permis de mettre en
                                  évidence des bactéries vieilles de 5000 ans hébergeant des gènes de résistance
                                  aux antibiotiques.

                                  … terriblement accentué par l’action de l’Homme

                                  La résistance aux antibiotiques est la conséquence délétère de deux causes sy-
                                  nergiques liées à l’activité humaine : l’utilisation excessive d’antibiotiques en santé
                                  humaine et animale, qui entraine la sélection des bactéries les plus résistantes,
                                  et la dissémination des bactéries résistantes ainsi sélectionnées, par transmission
                                  directe au sein des populations humaines et animales (« transmission croisée »),
                                  et indirecte via l’environnement. L’organisation de notre système de santé, la su-
                                  rutilisation de biocides (les gènes de résistance aux antibiotiques sont souvent
                                  associés à des gènes de résistance à certains biocides tels que les antiseptiques et
                                  désinfectants), ou encore la longue durée de séjour à l’hôpital sont également des
                                  facteurs aggravant le développement de l’antibiorésistance en France.

                                  Il faut noter que l’augmentation de l’antibiorésistance est jusqu‘à aujourd‘hui plus
                                  modérée en Europe que dans des pays comme l’Inde ou la Chine, qui ont la parti-
                                  cularité de combiner de fortes consommations d’antibiotiques, de fortes densités
                                  de populations humaines et animales, et une hygiène environnementale qui reste
                                  à améliorer.

                                  Cependant, le phénomène de l’antibiorésistance est tel que, même en France, de
                                  plus en plus de bactéries accumulent des gènes de résistance, menaçant à court
                                  terme de rendre obsolètes même les antibiotiques les plus récents.

                                                                                                                                     7
L’ANTIBIORÉSISTANCE EN ACTION : MODE D’EMPLOI

II. L’ANTIBIORÉSISTANCE : UN PHÉNOMÈNE AUX IMPACTS MULTIPLES

1.   Les enjeux sanitaires de l’antibiorésistance en quelques chiffres

Le développement de l’anti-
biorésistance est lié à l’activité
humaine par 2 facteurs princi-
                                                   1        2       3 4
paux : la surconsommation
des antibiotiques et la trans-
mission croisée des bactéries
résistantes aux antibiotiques.                                                            L’utilisation des
                                            En 2015, la France était le 4ème              antibiotiques
                                            pays européen le plus consom-                 en France est
                                            mateur d’antibiotiques, derrière la           supérieure de
                                            Grèce, la Roumanie et la Belgique.1           41% à la moyenne
                                                                                          européenne.2

+8,6%          En ville, la consommation
               d’antibiotiques en France a
               augmenté de 8,6% entre 2006
               et 2016, alors qu’elle s’est sta-       En volume, 93% de la consommation d’antibiotiques proviennent
               bilisée en milieu hospitalier.3         du secteur de ville et 7% du secteur hospitalier.4

Chaque année en
France, 160.000 patients
contractent une infection
par une bactérie
multirésistante aux                      La résistance aux antibiotiques entraîne un surcroit de mortalité car elle
antibiotiques, et plus de                limite les options thérapeutiques pour les infections bactériennes.6
12.500 patients en meu-
rent directement.5
                                                       Dans le monde, le
                                                       nombre de décès
                      En France, la proportion         directement liés à
                      des infections dues à            l’antibiorésistance
                      des bactéries résistantes        pourrait atteindre
                      est en augmentation à            10 millions par an
                      l’hôpital et en ville.7          à l’horizon 2050.8

          Ce qu’il faut retenir : L’antibiorésistance est un enjeu de santé publique majeur en France et dans le
          monde. On estime que plus de 12.500 patients meurent des conséquences de l’antibiorésistance chaque
          année en France9 . Il est urgent d’agir sans délai sous peine d’entrer dans une ère post-antibiotiques, dans
          laquelle les infections bactériennes pourraient redevenir mortelles.

8
Guide de mise en application de la politique française de lutte contre l’antibiorésistance – Novembre 2018

2.   L’impact économique de l’antibiorésistance

                     Le coût de la résistance aux
                     antibiotiques est estimé à 55
                     milliards de dollars aux États-
                     Unis10 et 1,5 milliards d’euros
                     en Europe11 . Le coût cumulé
                     de l’antibiorésistance pourrait             La surconsommation d’antibiotiques en ville entraine
                     dépasser 100.000 milliards                  en France une dépense supplémentaire de 71 millions
                     de dollars d’ici 2050 si rien               d’euros par rapport à la moyenne européenne, et de 441
                     n’est fait pour lutter contre les           millions d’euros par rapport aux pays les plus vertueux.13
                     bactéries résistantes.12

                                                                                                 Une partie des dépenses sup-
En France en 2013, 97,6 millions                                                                 plémentaires entraînées par la
de boites d’antibiotiques ont été                                                                surconsommation d’antibioti-
remboursées par l’Assurance                                                                      ques est due à une prolongati-
Maladie. Or entre 30% et 50%                                                                     on des hospitalisations, néces-
des antibiothérapies sont inuti-                                                                 saires pour traiter les infections
les ou inadaptées.14                                                                             à des bactéries résistantes.15

Les coûts associés aux infections résistantes sont importants et les stratégies de contrôle des bactéries résistantes
à l’hôpital permettent non seulement de sauver des vies, mais aussi de faire des économies.16

         Ce qu’il faut retenir : Le développement de l’antibiorésistance a un impact direct considérable sur nos
         finances publiques et sur l’efficience de notre système de santé.

                                                                                                                                       9
L’ANTIBIORÉSISTANCE EN ACTION : MODE D’EMPLOI

3.   Les conséquences environnementales liées à l’antibiorésistance

                                                                            On trouve des gènes de résistance chez
                                                                            les bactéries présentes dans tous les mi-
                                                                            lieux modifiés par la présence humaine,
                                                                            les activités humaines contribuant à la
                                                                            diffusion de l‘antibiorésistance dans
                                                                            l‘environnement.17
Les bactéries résistantes aux antibiotiques,
comme celles résistantes aux autres biocides,
se disséminent via les échanges entre les               Les animaux sauvages habitant les zones
différents secteurs de l’environnement (po-             modifiées par l’activité humaine sont plus
pulations humaines et animales, eaux usées,             susceptibles d’être porteurs de bactéries
sols, végétaux…). Tous les êtres vivants sont           multirésistantes.
touchés par l’antibiorésistance.                        Des échanges de bactéries multirésistantes
                                                        se produisent entre la faune sauvage, les
                                                        animaux domestiques et les humains.18
La concentration en antibiotiques dans les
eaux de rivières augmente avec la pres-
sion de l’Homme. Cette concentration est                                               Les bactéries résistantes, leurs
particulièrement importante en aval des                                                gènes de résistance ainsi que
établissements de santé ou des élevages                                                les résidus d’antibiotiques se
et à proximité des points de rejet (stations                                           dégradent faiblement dans la
d’épuration…)19, favorisant la pression de                                             nature et peuvent s’y
sélection sur les bactéries résistantes.                                               accumuler.20

         Ce qu’il faut retenir : La contamination de l‘environnement par les bactéries multi-résistantes, les gènes de
         résistance et les résidus d’antibiotiques, contribuent au développement de l’antibiorésistance et favorisent la
         contamination de l’être humain. L‘antibiorésistance peut menacer toutes les formes de vie et d‘écosystèmes :
         c‘est un enjeu de développement durable majeur.

10
Guide de mise en application de la politique française de lutte contre l’antibiorésistance – Novembre 2018

III. FOCUS : ANTIBIORÉSISTANCE ET DÉVELOPPEMENT DURABLE –
     UN ENJEU CITOYEN MAJEUR

Le concept « One Health – Une seule santé »

Compte tenu du caractère global et primordial des enjeux de santé émergents, dont l’antibiorésistance fait partie, la
communauté scientifique a réagi au début des années 2000 en créant le concept « One Health » promouvant une
approche intégrée, systémique et unifiée de la santé publique, humaine, animale et environnementale aux échelons
locaux, nationaux et planétaires.

Ce concept guide aujourd’hui toutes les politiques de lutte contre l’antibiorésistance. A titre d’exemple, l’OMS travail-
le en étroite collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE, anciennement Organisation Inter-
nationale des Épizooties) afin d’identifier des orientations communes et promouvoir des réponses multisectorielles
face aux risques de l’antibiorésistance.21

Cette approche globale reste néanmoins trop souvent cantonnée à l’Homme et aux animaux qui lui sont proches
(domestiques ou en élevage). Beaucoup d’efforts restent encore à faire pour comprendre et prévenir les risques de
contamination de l’environnement ou de la faune sauvage par des bactéries résistantes.

L’antibiorésistance, un phénomène global comparable aux menaces planant sur l’humanité, et qui doit être intégré
au concept de développement durable.

L’antibiorésistance concerne l’ensemble de l’espèce humaine, sans distinction de nationalité, de lieu de vie ou d’ori-
gine sociale, mais également l’ensemble de l’écosystème et de la vie sur Terre : les eaux, les sols, la faune, sauvage ou
domestique, et la flore. L’antibiorésistance n’a pas de frontières. Des bactéries multirésistantes présentes à un bout
du monde peuvent rapidement faire le tour de la planète. Elles voyagent avec les êtres humains qui les hébergent,
ou sont transportées par des animaux domestiques ou sauvages, ou circulent dans l’environnement (eaux usées,
rivières, produits alimentaires…).

Ainsi, l’antibiorésistance est un phénomène comparable à tous les changements globaux provoqués ou aggravés par
l’Homme et qui affectent notre planète : changements climatiques, réduction massive de la biodiversité, épuisement
des ressources naturelles, pollution des océans… Les bactéries résistantes et leurs gènes de résistance sont des pol-
luants menaçant les antibiotiques, indispensable classe de médicaments qui fait partie de notre patrimoine commun.

         Et pourquoi pas ?
         L’inscription des antibiotiques au patrimoine mondial de l’UNESCO serait un moyen
         efficace de communiquer sur ce patrimoine commun de l’Humanité qui doit être pré-
                                                                                                                                  United Nations    © UNESCO
         servé du développement du phénomène de l’antibiorésistance.                                                   Educational, Scientific and
                                                                                                                           Cultural Organization

Une histoire de principes

Deux principes liés au concept de développement durable sont particulièrement pertinents dans le combat contre
la propagation des résistances aux antibiotiques :

→→ Le principe de sobriété : Comme pour toutes les ressources naturelles, qui ne s’accroissent pas avec le temps à
   l’inverse de la population mondiale, il faut dorénavant que l’Homme apprenne à moins et mieux consommer. Ce
   principe général de sobriété s’applique évidemment à la consommation d’antibiotiques, et c’est tout l’enjeu des
   campagnes de sensibilisation incitant à raisonner leur utilisation.

→→ Le principe de précaution : Même s‘il est encore difficile pour les scientifiques et experts de cerner toutes les
   conséquences possibles de l’antibiorésistance, notamment du point de vue environnemental, et même si nous
   savons déjà que les gènes de résistance se disséminent dans tous les écosystèmes à cause des pollutions de
   l’homme et des animaux domestiques (eaux usées, déchets…) il est urgent de limiter dès maintenant et par pré-
   caution tous les rejets de bactéries résistantes et d’antibiotiques dans l’environnement.

                                                                                                                                               11
L’ANTIBIORÉSISTANCE EN ACTION : MODE D’EMPLOI

IV. UNE PRISE DE CONSCIENCE MONDIALE DES ENJEUX DE
    L’ANTIBIORÉSISTANCE

1.   La lutte contre l’antibiorésistance, une nouvelle priorité mondiale

                                   Les plus hautes autorités politiques, institutionnelles et scientifiques de la planète
                                   se sont aujourd’hui saisies du sujet de l’antibiorésistance.

                                   En 2015, l’OMS a lancé un Plan d’action mondial pour combattre la résistance aux
                                   médicaments antibiotiques, antiparasitaires...22, visant à préserver notre capacité
                                   collective à prévenir et traiter les maladies infectieuses à l’aide de médicaments
                                   sûrs et efficaces. L’Assemblée générale des Nations Unies, qui ne se saisit que
                                   très rarement de sujets de santé (elle l’avait fait pour le SIDA ou le virus Ebola),
                                   s’est elle-même engagée en septembre 201623 à adopter une approche coordon-
                                   née pour s’attaquer aux causes fondamentales de la résistance aux médicaments
                                   antimicrobiens dans plusieurs secteurs, en particulier la santé humaine, la santé
                                   animale et l’agriculture.

                                   L’Union européenne (UE) a aussi intégré ces dernières années à sa politique com-
                                   munautaire le risque sanitaire que représente l’antibiorésistance. Un plan quin-
                                   quennal d’action contre la résistance microbienne a été initié en 201124, suivi d’un
                                   nouveau plan lancé en juin 201725, englobant la problématique tant au niveau
                                   humain qu’animal, selon le concept « One Health ».

         Une forte mobilisation des plus grands leaders politiques de la planète

         Barack Obama, ancien Président des États-Unis (2008 – 2016)
         « La résistance aux antibiotiques est l‘un des problèmes de santé publique les plus urgents auxquels le
         monde est confronté aujourd‘hui »26

         David Cameron, ancien Premier ministre du Royaume-Uni (2010 – 2016)
         « Si nous n‘agissons pas, nous assisterons à un scénario presque impensable où les antibiotiques ne
         fonctionneront plus et nous serons rejetés dans les âges sombres de la médecine, où de simples infecti-
         ons ou blessures tueront à nouveau »27

12
Guide de mise en application de la politique française de lutte contre l’antibiorésistance – Novembre 2018

                                                     2.   La France, un acteur de la lutte contre l’antibiorésistance

                                                                                        Des campagnes visant à réduire la consommation d’antibiotiques…

                                                                                        La France agit depuis de nombreuses années pour réduire sa consommation d’anti-
                                                                                        biotiques. Les campagnes de publicité des années 2000, articulées autour du slogan
                                                                                        « Les antibiotiques, c’est pas automatique », mais aussi les plans Éco- Antibio, ont per-
                                                                                        mis respectivement de réduire la consommation en médecine de ville et vétérinaire.
                                                                                        Des progrès ont aussi été faits pour contrôler la diffusion épidémique de bactéries
                                                                                        multi-résistantes, en particulier en milieu hospitalier, grâce à des mesures d’hygiène.28

                                                                                        Les plans en médecine humaine

                                                                                        En tout, ce sont 3 plans nationaux pour préserver l’efficacité des antibiotiques
                                                                                        qui ont été déclinés autour de programmes d’actions pluriannuels : 2001-2005,
                                                                                        2007-2010 et 2011-2016. Ayant pour but de rationaliser et de maîtriser la pre-
                                                                                        scription d’antibiotiques, l’objectif a été atteint puisqu’une étude publiée dans la
                                                                                        revue PLoS Medicine en juin 2009 affirme qu’il y a eu une réduction de 26,5% du
                                                                                        nombre de prescriptions d’antibiotiques en 5 ans.29

                                                                                        Néanmoins, ces efforts se sont essoufflés, puisque depuis l’arrêt de ces campag-
                                                                                        nes de communication destinées au grand public, la consommation d’antibioti-
                                                                                        ques a de nouveau augmenté (+8,6% en médecine de ville entre 2006 et 201630)
© Délégation à l‘information et à la communication

                                                                                        en santé humaine.

                                                                                        Les plans ÉcoAntibio dans le monde animal

                                                                                        Co-construit avec les représentants des organisations professionnelles agricoles et
                                                                                        vétérinaires, les scientifiques et les représentants des laboratoires pharmaceutiques
                                                                                        vétérinaires, puis mis en place par le Ministère en charge de l’agriculture, le plan
                                                                                        ÉcoAntibio 2012-2017 a permis de diminuer de 37% la consommation d’antibioti-
                                                                                        ques en médecine vétérinaire en France31. Face à ce succès, un second plan Éco-
                                                                                        Antibio a été annoncé en janvier 2018 pour la période 2017- 2021.

                                                                                        … mais une prise en compte encore insuffisante du sujet dans les débats politiques

                                                                                        En novembre 201632, la Ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits
                                                                                        des femmes Marisol Touraine avait pourtant annoncé la mobilisation complète
                                                                                        des pouvoirs publics dans la lutte contre l’antibiorésistance, à la suite du rapport33
                                                                                        qui lui avait été remis par le Dr Jean Carlet et rédigé à partir du travail collégial de
                                                                                        nombreux spécialistes du sujet.

                                                                                        Malgré cette mobilisation et l’annonce de la mise en place d’un Comité Intermi-
                                                                                        nistériel pour la Santé (CIS) visant à maîtriser l’antibiorésistance, ainsi que la no-
                                                                                        mination d’un Délégué ministériel dédié, le sujet reste peu débattu au Parlement,
                                                                                        alors que la lutte contre l’antibiorésistance est un des objectifs de la nouvelle Stra-
                                                                                        tégie Nationale de Santé34 dévoilée en décembre 2017 par Agnès Buzyn, Ministre
                                                                                        des Solidarités et de la Santé.

                                                                                                                                                                                          13
L’ANTIBIORÉSISTANCE EN ACTION : MODE D’EMPLOI

Comparée à d’autres sujets comme celui de la sécurité routière, l’attention politique portée à l’antibiorésistance est
inversement proportionnelle à la mortalité qui y est associée (cf Annexe 1).

                                                                                                3
                                                3693

              12500                                                  138

                   Nombre de morts par an                         Nombre de questions parlementaires
            Accidents de la route Antibiorésistance                Sécurité routière Antibiorésistance

         Ce qu’il faut retenir :

         Aujourd’hui, la mobilisation des plus hautes autorités institutionnelles, politiques et scientifiques du
         monde (ONU, OMS, UE…) est totale pour faire de la lutte contre l’antibiorésistance une véritable priorité
         de santé publique. L‘Union européenne a par exemple lancé récemment un second plan dédié à cet
         enjeu.

         De très nombreuses recommandations scientifiques et techniques sont actuellement disponibles.

         Malheureusement, malgré une mobilisation des pouvoirs publics engagée en 2016, le sujet semble
         peu abordé dans les débats politiques.

         La lutte contre l’antibiorésistance étant une priorité de la Stratégie Nationale de Santé 2018-2022, il ne
         manque plus que l’impulsion politique nécessaire pour utiliser tous les outils disponibles pour endiguer
         le développement de l’antibiorésistance en France.

14
Guide de mise en application de la politique française de lutte contre l’antibiorésistance – Novembre 2018

V. QUE FAIRE POUR LUTTER AU QUOTIDIEN CONTRE L’ANTIBIORÉSISTANCE ?

L’antibiorésistance est un phénomène qui nous concerne tous. Depuis les responsables politiques et scientifiques,
internationaux, nationaux et locaux, chargés d’impulser les politiques publiques, en passant par le personnel médical
ou vétérinaire, prescripteur ou non d’antibiotiques, jusqu’aux patients et citoyens eux-mêmes, nous pouvons tous
être, par notre comportement, des acteurs engagés dans la lutte contre l’antibiorésistance.

1.   Faire du bon usage des antibiotiques une priorité

La prévention, l’information et la formation doivent être au coeur d’une stratégie efficace de lutte contre le dévelop-
pement de l’antibiorésistance. Ces mesures doivent concerner non seulement les professionnels de santé humaine
et vétérinaire qui prescrivent les antibiotiques mais aussi le grand public. L’objectif est d’éviter les prescriptions in-
utiles et pour les patients qui ont réellement besoin d’antibiotiques, d’adapter au mieux les durées de traitement en
favorisant les durées plus courtes, afin de réduire les volumes d’antibiotiques consommés.

Ce que je peux faire :

               Je suis un représentant des pouvoirs publics, un parlementaire ou un élu local :

               →→ Relancer des campagnes nationales de communication similaires à celles des années 2000 afin
                  de sensibiliser le grand public à la nécessaire sobriété en matière d’antibiotiques.
               →→ Mettre en place des campagnes de communication ciblées sur les médecins généralistes en les
                  sensibilisant aux enjeux de l’antibiorésistance et en leur donnant des outils pour éviter les pres-
                  criptions inutiles d’antibiotiques.
               →→ Former les étudiants en santé, et notamment les futurs médecins généralistes ou vétérinaires, aux
                  enjeux de l’antibiorésistance et aux particularités de la prescription d’antibiotiques.
               →→ Inclure un module de formation sur l’antibiorésistance et le bon usage des antibiotiques dans la
                  formation continue des professionnels de santé humaine et vétérinaire.
               →→ Inclure un module de formation sur l’antibiorésistance et le bon usage des antibiotiques lors du
                  service sanitaire des étudiants en santé.
               →→ Harmoniser à l’échelle régionale, voire nationale, les guides d’information sur les antibiotiques
                  propres à chaque hôpital, et les rendre consultables en format numérique pour que les médecins
                  hospitaliers, les médecins de ville, les pharmaciens et les vétérinaires aient accès aux mêmes re-
                  commandations.
               →→ Généraliser la vente des antibiotiques à l’unité afin de ne délivrer que la quantité exacte et néces-
                  saire pour éviter la prolongation inutile du traitement, voire l’automédication future du patient ou
                  de son entourage.
               →→ Promouvoir la vaccination dans la lignée de la politique actuelle, afin de réduire les risques.

               Je suis un professionnel en santé humaine ou animale :

               →→ Remettre à chaque patient ou propriétaire d’animaux ayant reçu une ordonnance pour des an-
                  tibiotiques une fiche informative sur les antibiotiques, leur bon usage et les risques de l’antibio-
                  résistance, lors de la visite, au cabinet médical, à la pharmacie, ou dans l‘établissement de soins
                  vétérinaires.
               →→ Utiliser des Tests Rapides d‘Orientation Diagnostique (TROD) lors des consultations afin de con-
                  naitre précisément l’origine (bactérienne ou virale) des infections.
               →→ Ne prescrire des antibiotiques que lorsque cela est nécessaire, conformément aux recommanda-
                  tions en vigueur, et limiter les durées de prescription.
               →→ Pratiquer la vaccination de mes patients.

                                                                                                                                      15
L’ANTIBIORÉSISTANCE EN ACTION : MODE D’EMPLOI

               Je suis un citoyen :

               →→ Faire confiance à mon médecin pour me prescrire les thérapies dont j’ai besoin et ne pas me pres-
                  crire d’antibiotiques lorsqu‘il ne le juge pas nécessaire.
               →→ Ne pas hésiter à interroger mon médecin ou mon vétérinaire sur les conséquences des antibiotiques.
               →→ Demander à me faire vacciner et faire vacciner mes animaux.

         Les tests d’orientation diagnostique, outils essentiels de la lutte contre l’antibiorésistance

         Les Tests Rapides d’Orientation Diagnostique (TROD), permettent d‘établir un premier diagnostic en in-
         diquant par exemple si un patient souffre d’une infection bactérienne ou plutôt d’une infection virale. Par
         exemple, 90% des pharyngites (angines) sont d’origine virale et ne nécessitent donc pas de traitement
         antibiotique35. Un test simple et rapide est disponible et peut être pratiqué par les médecins, et même par
         les pharmaciens36. Il est remboursé par l’Assurance maladie.

         De nombreux autres tests sont disponibles sur le marché. Malheureusement, ils restent à ce jour encore
         assez peu utilisés par les médecins, alors qu’ils sont un moyen efficace de lutter contre les prescriptions
         inutiles d’antibiotiques, et donc contre l’antibiorésistance.

2.   Prévenir la transmission croisée

La transmission dite « croisée » est la transmission de bactéries résistantes (ou d’autres micro-organismes) de patient
à patient, d’animal à animal, d’humains et animaux à environnement et d’environnement à humains et animaux. La
transmission croisée peut se produire par contact direct (notamment par les mains) ou par la toux, ou indirectement via
l’eau et les aliments contenant des bactéries excrétées par les humains et les animaux. Les règles d’hygiène doivent être
prises très au sérieux par tous, bien sûr par les personnels de santé, qu’ils soient médecins, infirmiers, aides-soignants,
kinésithérapeutes, ou professionnels de santé animale, exerçant en établissement de santé ou en libéral.

Ce que je peux faire :

               Je suis un représentant des pouvoirs publics, un parlementaire ou un élu local :

               →→ Accentuer les campagnes de sensibilisation au respect des règles élémentaires d’hygiène, notam-
                  ment l’hygiène des mains, dans la population générale, les écoles, les autres collectivités, et bien
                  sûr chez les personnels de santé et de soin à la personne.
               →→ M’assurer que chaque école de ma commune / département / région, met à la disposition des
                  élèves des toilettes propres, équipées d’un matériel adéquat pour se laver les mains (lavabos,
                  savon, essuie-mains à usage unique) et d’une affiche expliquant pourquoi, quand et comment se
                  laver les mains.
               →→ Renforcer la formation des futurs personnels de santé sur les mesures d’hygiène, en ciblant des
                  actions sur les risques de transmission de bactéries multirésistantes.
               →→ Inclure un module de formation sur l’hygiène des mains lors du service sanitaire des étudiants en
                  santé.
               →→ Encourager la recherche scientifique sur l’identification des facteurs de risques de la transmission
                  croisée, notamment de la transmission croisée intrafamiliale.

16
Guide de mise en application de la politique française de lutte contre l’antibiorésistance – Novembre 2018

               Je suis un professionnel en santé humaine ou animale :

               →→ Toujours appliquer les protocoles de prévention et de lutte contre les infections.
               →→ Indiquer aux patients les mesures de prévention des infections, d’hygiène et de bon usage des
                  antibiotiques.
               →→ Suivre les recommandations de la Société d’Hygiène Hospitalière (SF2H) : porter une tenue à
                  manches courtes, avoir les ongles courts et ne porter aucun bijou aux mains et aux poignets sur
                  mon lieu de travail.
               →→ Me désinfecter les mains avec des solutions hydroalcooliques : 1/ Avant de toucher un patient ; 2/
                  Avant un geste aseptique ; 3/ Après un risque d’exposition à un liquide biologique ; 4/ Après avoir
                  touché un patient ; 5/ Après avoir touché l’environnement d’un patient.

               Je suis un citoyen :

               →→ Protéger mon environnement en évitant de contaminer les autres lorsque je suis malade.
               →→ Me désinfecter les mains fréquemment, si possible avec une solution hydroalcoolique, après cha-
                  que passage aux toilettes, après avoir éternué ou toussé, ou après avoir été en contact avec un
                  animal, afin de ne pas transmettre de bactéries résistantes.
               →→ Éviter les contacts avec les personnes vulnérables lorsque je suis susceptible d’avoir une infection.

3.   Encourager la recherche

Une « course folle à l’armement entre l’Homme et les bactéries ». Dès qu’un nouvel antibiotique est utilisé, les bac-
téries s‘adaptent, de nouvelles résistances apparaissent. Or beaucoup de progrès restent à faire dans le domaine de
la compréhension de l’antibiorésistance, de sa transmission et de son impact sur l’ensemble de l’environnement,
mais aussi dans la recherche de nouveaux antibiotiques. Enfin, la mesure des multiples impacts de l’antibiorésistance
nécessite des méthodes d’évaluation plus efficaces.

Ce que je peux faire :

               Je suis un représentant des pouvoirs publics, un parlementaire ou un élu local :

               →→ Proposer un ensemble d’indicateurs permettant de mesurer l‘évolution dans le temps de l’an-
                  tibiorésistance ainsi que son coût et ses conséquences sanitaires, dans les différents secteurs
                  (humain, animal et environnemental).
               →→ Participer au financement de la recherche scientifique et sociologique sur l’antibiorésistance en
                  général, et en particulier pour comprendre sa transmission entre les divers compartiments de
                  notre biotope.
               →→ Développer des moyens pour se servir de l’intelligence artificielle (IA) afin, entre autres, d’aider à
                  la prescription.
               →→ Créer des dispositifs incitatifs et un accompagnement technique encourageant les laboratoires
                  pharmaceutiques, mais aussi les start-ups, à développer de nouveaux antibiotiques, des alternati-
                  ves aux antibiotiques, et de nouveaux tests de diagnostic rapide des infections.
               →→ Faciliter la mise sur le marché et l’accès aux produits innovants dans le domaine des infections
                  bactériennes.

               Je suis un professionnel en santé humaine ou animale :

               →→ S’assurer de déclarer aux autorités compétentes les événements indésirables liés aux bactéries
                  multirésistantes.

                                                                                                                                      17
L’ANTIBIORÉSISTANCE EN ACTION : MODE D’EMPLOI

4.   Empêcher les risques de contamination de l’environnement

L’impact de l’Homme sur son environnement n’est plus à démontrer. Les bactéries résistantes, leurs gènes de résis-
tance ainsi que les antibiotiques eux-mêmes, sont continuellement relâchés dans les milieux naturels à partir des
installations humaines et des élevages et constituent de véritables polluants biologiques. Se propageant dans les
eaux et les sols, puis entrant en contact avec d’autres bactéries, de la flore et de la faune, les échanges participent au
développement de l’antibiorésistance dans toutes les strates du biotope. Or, nous sommes encore aujourd’hui inca-
pables de bien appréhender toutes les conséquences d’un tel phénomène, mais nous savons déjà que les bactéries
résistantes rejetées dans l’environnement peuvent, en retour, nous contaminer.

Ce que je peux faire :

               Je suis un représentant des pouvoirs publics, un parlementaire ou un élu local :

               →→ Renforcer les exigences en matière de rejet d’assainissement et de traitement des eaux usées afin de
                  diminuer la pollution à la mortalité qui y est associée rejets de bactéries résistances et d‘antibiotiques
                  dans l’environnement.
               →→ Classer les bactéries multi-résistantes et leurs gènes de résistance comme des polluants dange-
                  reux pour l’environnement et la santé humaine, comme cela se fait pour certains métaux lourds
                  (mercure, plomb…) ou d‘autres substances chimiques toxiques.
               →→ Utiliser de manière raisonnée les désinfectants et les biocides au sein des établissements et struc-
                  tures dont j’ai la charge afin d’éviter leur propagation dans l’environnement.

               Je suis un professionnel en santé humaine ou animale :

               →→ En élevage, ne prescrire des antibiotiques qu’en cas de nécessité et encourager la vaccination.
               →→ Utiliser de manière raisonnée les désinfectants et les biocides sur mon lieu de travail afin d’éviter
                  la propagation des bactéries dans l’environnement.
               →→ Me préoccuper des conditions de rejets des effluents des établissement de soins dans lesquels je
                  travaille et des élevages dans lesquels j‘interviens.

               Je suis un citoyen :

               →→ Rendre aux pharmacies tous les antibiotiques non utilisés afin d’éviter une potentielle automédi-
                  cation future ou de jeter aux ordures les antibiotiques.
               →→ Utiliser de manière raisonnée les désinfectants et les biocides à la maison afin d’éviter leur propa-
                  gation dans l’environnement.
               →→ Éviter les rejets humains directement dans la nature, en dehors des systèmes d’assainissements.

18
Guide de mise en application de la politique française de lutte contre l’antibiorésistance – Novembre 2018

ANNEXE 1
Comparée à d’autres sujets comme celui de la sécurité routière, l’attention politique portée à l’antibiorésistance est
inversement proportionnelle à la mortalité qui y est associée.

 Questions sur l’antibiorésistance à l’Assemblée nationale sous la XVème législature :               337

 Au Sénat (depuis juin 2017) : 								0

 Questions sur la sécurité routière à l’Assemblée nationale sous la XVème législature : 10738

 Au Sénat (depuis juin 2017) : 								3139

 Nombre de morts sur les routes : 							                                                            3.693 personnes en 201740

 Nombre de morts liés à l’antibiorésistance : 						                                                 plus de 12.500 par an41

                                                                                                                                     19
L’ANTIBIORÉSISTANCE EN ACTION : MODE D’EMPLOI
Guide de mise en application de la politique française de lutte contre l’antibiorésistance – Novembre 2018

CONTRIBUTIONS
L’association Alliance Contre le développement des Bactéries Multi-Résistantes (ACdeBMR / WAAAR), présidée par
le Docteur Jean Carlet, regroupe plus de 700 membres présents dans une cinquantaine de pays différents. Créée en
2011, elle a pour objet de promouvoir la lutte contre l’antibiorésistance, en France et dans le monde. L’association
pilote ce projet de Mode d’emploi depuis son lancement en janvier 2018.

Membres du groupe de travail

•   Dr Jean Carlet, Réanimateur, Président de la task force ministérielle de 2015 sur la préservation des antibiotiques,
    Président de l’association AC2BMR
•   Pr Vincent Jarlier, Médecin microbiologiste, Professeur à la Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie (Sorbonne
    université), Délégué à la prévention des infections nosocomiales à la direction de l’Assistance publique – hôpi-
    taux de Paris, Vice-président de l’association AC2BMR
•   Dr Joël Leroy, Praticien hospitalier infectiologue au CHU de Besançon et au CPias Bourgogne-Franche-Comté,
    Secrétaire de l’association AC2BMR
•   Jean-Pierre Hermet, Trésorier de l’association AC2BMR
•   Rodolphe Halama, Délégué-général de l’association Le Lien
•   Marion Vittecoq, Chargée de recherche en écologie de la santé, à l’Institut de recherche de la Tour du Valat
•   Dr Philippe Lesprit, Médecin à l’hôpital Foch de Suresnes
•   Pr Xavier Bertrand, Professeur de pharmacologie à l’Université de Besançon, hygiéniste au CHU de Besançon
•   Dr Philippe Carenco, Hygiéniste au CH de Hyères
•   Jean-François Rousselot, Vétérinaire et Président de l‘Association française des vétérinaires pour animaux de
    compagnie (Afvac)

Membres du comité consultatif

Constitué d‘experts de la santé et de l‘environnement, le comité consultatif a contribué à la relecture du document.

•   Professeur Jean Paul Stahl, Professeur de Maladies Infectieuses et Tropicales, membre du conseil d’administration
    de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française
•   Jean-Yves Madec, Directeur Antibiorésistance à l’Agence Nationale de Sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES)
•   Gilles Bœuf, Biologiste et ancien président du Muséum national d’Histoire Naturelle
•   Docteur Pierre Parneix, Président de la Société Française d’Hygiène Hospitalière
•   Gérard Lina, Président de la Société Française de Microbiologie
•   Jacques Guérin, Président du bureau de l’Ordre des vétérinaires
•   Eric Plateau, Président de l’Académie vétérinaire de France
•   Serge Morand, chercheur en écologie de la Santé
•   Pierre Tattevin, Président de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française
•   Pr Françoise Ballereau, Professeur de Pharmacie clinique et de santé publique à l’Université de Nantes

Ce document a été développé par le groupe de travail, avec l’appui du cabinet RPP France, et le soutien institutionnel
de BD (Becton-Dickinson), qui a apporté sa relecture.

                                                                                                                                      21
L’ANTIBIORÉSISTANCE EN ACTION : MODE D’EMPLOI
Guide de mise en application de la politique française de lutte contre l’antibiorésistance – Novembre 2018

RÉFÉRENCES

1    Rapport de l’Assurance maladie, l’ANSES, l’ANSM et Santé Publique France intitulé « Consommation d’antibiotiques et résistance aux antibiotiques en France : soyons concernés, soyons
     responsables ! », novembre 2017
2    OCDE/UE (2016), Health at a Glance: Europe 2016: State of Health in the EU Cycle, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264265592-en
3    Rapport de l’Assurance maladie, l’ANSES, l’ANSM et Santé Publique France intitulé « Consommation d’antibiotiques et résistance aux antibiotiques en France : soyons concernés, soyons
     responsables ! », novembre 2017
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12   Rapport du Dr Jean Carlet et de Pierre Le Coz, juin 2015, Tous ensemble, sauvons les antibiotiques, page 12, disponible à cette adresse :
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13   Rapport du Dr Jean Carlet et de Pierre Le Coz, juin 2015, Tous ensemble, sauvons les antibiotiques, page 12, disponible à cette adresse :
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14   Rapport du Dr Jean Carlet et de Pierre Le Coz, juin 2015, Tous ensemble, sauvons les antibiotiques, page 12, disponible à cette adresse :
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20   Site Pilote de Bellecombe, octobre 2016, Synthèse des résultats du « Rapport Sipibel – Effluents hospitaliers et stations d’épurations urbaines 2011 - 2015 ». Disponible ici :
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     2F06%2F2017&au=17%2F05%2F2018&appr=text&idMinistereActif=&idMinistereInactif=&idSenateurActif=&idSenateurInactif=&idNature=&themeCrible=&action=OK&rch=qa
40   Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière, 23 avril 2018, Bilan provisoire de l’année 2017, dernière consultation le 9 mai 2018, disponible ici :
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41   Santé publique France, Étude Burden BMR, rapport - Juin 2015, Morbidité et mortalité des infections à bactéries multi-résistantes aux antibiotiques en France en 2012. Saint-Maurice : San-
     té publique France - Institut de veille sanitaire ; 2015. 21 p. Accessible à l’URL : http://invs.santepubliquefrance.fr/Publications-et-outils/Rapports-et-syntheses/Maladies-infectieuses/2015/
     Morbidite-et-mortalite-des-infections-a-bacteries-multi-resistantes-aux-antibiotiques-en-France-en-2012

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