LA PRISE EN CHARGE DE L'APATHIE APRÈS UNE LÉSION UNE APPROCHE INDIVIDUALISÉE ET INTÉGRATIVE - CRFTC
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Unité de psychopathologie et de Neuropsychologie Cognitive LA PRISE EN CHARGE DE L’APATHIE APRÈS UNE LÉSION CÉRÉBRALE: UNE APPROCHE INDIVIDUALISÉE ET INTÉGRATIVE Lucien Rochat, PhD Unité de Psychopathologie et de Neuropsychologie Cognitive Consultation des Troubles Emotionnels Université de Genève Lucien.Rochat@unige.ch Séminaire Fondation Foyers Valais de Cœur Sion, le 16 septembre 2016
L’apathie: un concept très populaire 400 350 300 Nombre de publications 250 200 150 articles avec "apathy" dans le titre 100 50 0 Années de publication Recherche de références sur PubMed (septembre 2016)
Définition L’apathie: perte ou diminution de motivation • réduction des comportement dirigés vers un but (manque d’initiative, d’effort) • réduction des cognitions dirigées vers un but (manque d’intérêt, de préoccupation) • réduction des dimensions émotionnelles concomitantes aux comportements dirigés vers un but (émoussement des affects, indifférence) Critères diagnostiques amenant à considérer l’apathie comme une catégorie homogène, distincte de la catégorie « dépression » (Mulin et al., 2011)
Critères diagnostiques A : perte ou baisse de motivation comparativement à l’état antérieur B : présence la plupart du temps durant une période minimum de 4 semaines d’au moins un symptôme dans au moins deux des trois domaines suivants • perte ou réduction de comportements orientés vers un but (action) - initiation : perte des comportements auto-initiés - réponse : perte des comportements en réponse aux sollicitations de l’environnement • perte ou réduction des activités cognitives orientées vers un but (cognition) - initiation : perte d’idées spontanées ou de curiosité pour les évts nouveaux ou habituels - réponse : perte de réactivité aux commentaires ou questions de l’entourage • perte ou diminution des émotions (émotion) - initiation : perte d’émotions spontanées, rapportées par le sujet ou les autres - réponse : perte de réactivité émotionnelle aux évts + ou - de l’environnement C : les critères (A - B) sont à l’origine d’une souffrance et/ou interfèrent avec la vie sociale ... D : les critères (A - B) ne s’expliquent pas exclusivement par un handicap physique, moteur … Robert et al., 2009; Mulin et al., 2011
Critères diagnostiques L’approche catégorielle conduit • à négliger la diversité des manifestations regroupées sur les trois dimensions de l’apathie • à réduire la complexité des facteurs et mécanismes sous-tendant les différentes manifestations regroupées sur les trois dimensions de l’apathie • à se focaliser prioritairement sur des facteurs neurobiologiques • à négliger les interactions entre les différentes manifestations regroupées sous le terme d’apathie (et aussi de dépression) Van der Linden & Rochat, 2015
Un modèle intégratif et multifactoriel de l’apathie Esposito, 2013; voir aussi Arnould et al., 2013; Adapté de Kinderman & Tai, 2007
Présentations des symptômes N = 10 N = 14 N = 15 N = 29 Arnould, Rochat, Azouvi, & Van der Linden, 2015
Facteurs cognitifs Encodage/récupération en mémoire épisodique (CVLT) Fonctions exécutives (WCST) Vitesse de traitement (TMT A) Mémoire prospective Limites des tâches non écologiques • patients TCC apathiques déficitaires à la batterie BADS Andersson & Bergedalen, 2002; Esposito et al., 2012; Mueller et al., 2006
Gestion de tâches multiples Arnould, Rochat, Dromer, Azouvi, & Van der Linden, 2015
Plaisir anticipé et projection dans le futur Lien entre anticipation du plaisir et perte d’initiative dans la schizophrénie (Favrod et al., 2009) Projection mentale dans le futur (« future thinking ») • rôle adaptatif dans les activités de la VQ • guide la prise de décision, la régulation émotionnelle, etc. • difficulté spécifiques à imaginer évènements futurs plaisants dans la schizophrénie => apathie (Raffard et al., 2013)
Facteurs motivationnels Lésions des ganglions de la base • moindre sensibilité au renforcement après un AVC => apathie (Rochat et al., 2013) • déconnection entre appréciation hédonique et actions motivées (Vijayaraghavan et al. (2008)
Facteurs identitaires Arnould, Rochat, Azouvi, & Van der Linden, soumis
Facteurs environnementaux, interpersonnels et sociaux Insertion sociale et disponibilité des activités signifiantes et gratifiantes L’expérience sociale et relationnelle de personnes avec MP et son influence sur l’apathie (Simpson et al., 2015): • Existence de barrières externes freinant l’engagement dans des activités (p.ex., règles de sécurité au travail) • Peur d’être évalué négativement dans des situations sociales en raison des symptômes de la MP (anxiété, honte, embarras) • Ne pas s’engager dans des tâches par peur de ne pas les effectuer selon les standards/attentes des autres personnes • Incompréhension d’autrui sur la MP et ses conséquences sur la motivation: les sociétés occidentales valorisent la productivité (dont l’antithèse est la paresse).
Promouvoir une approche intégrative et centrée sur la personne Les programmes d’intervention « clés en main » ne permettent pas de répondre au caractère multifactoriel et hétérogène de l’apathie consécutive à une atteinte cérébrale L’hétérogénéité des facteurs (biologiques, psychologiques, sociaux, environnementaux) en jeu dans les problèmes motivationnels requiert la mise en place d’une approche intégrative et centrée sur la personne Rochat, 2016
Intentions d’implémentation Stratégie de planification et d’auto-régulation Permet d’augmenter la réalisation de comportements orientés vers un but Préciser verbalement et sous formes d’images mentales où, quand, et comment un comportement doit être réalisé • « Si je me trouve dans la situation Y, alors je réalise le comportement Z » Déléguer le déclenchement du comportement à la situation spécifique • le comportement est automatiquement déclenché dans la situation cible • pas d’efforts • intention consciente pas nécessaire => Stratégie peu demandeuse en ressources de traitement ! Gollwitzer, 1993; 2014; Rochat, 2016.
Intentions d’implémentation Inhibition / delay discounting dans le THADA (Gawrilow & Gollwitzer, 2008, 2011) Capacités attentionnelles et personnes avec diagnostic de schizophrénie (Brandstätter, Gollwitzer, & Lengfelder, 2001) Capacités attentionnelles et personnes cérébrolésées avec et sans lésions frontales (Lengfelder & Gollwitzer, 2001) Mémoire prospective, inhibition et personnes âgées (p.ex., Burkard, Rochat et al., 2013, 2014) Compliance médicamenteuse chez des personnes ayant eu un AVC ou AIT (O’Carroll et al., 2013); idem chez personnes épileptiques (Brown et al., 2009) Mesure du taux de glucose/de la tension chez la personne âgée (Liu &Park, 2004; Brom et al., 2014)
Goal Management Training (GMT) Levine et al. (2000): TCC Levaux et al. (2012): schizophrénie • Amélioration des performances • Tâche de préparation de à des tâches simulant des repas situations non structurées de la vie quotidienne • Transfert à une activité non entraînée et non familière • KF (méningo-encéphalite): préparation d’un repas • Meilleure estime de soi • Effets maintenus lors du follow-up à 2 ans Robertson et al., 1996
Aide externe Indice externe non-significatif (Manly et al., 2002) • Interruption de l’activité en cours = STOP • Initiation des étapes du comportement dirigé vers un but • Prise de conscience de l’état actuel du but • Redirection de l’attention sur les buts formulés Cf. présentation de Victorine Zermatten
Approche cognitivo-comportementale Identifier les croyances et les comportements qui participent au maintien du problème Modifier/assouplir les croyances dysfonctionnelles Augmenter l’utilisation de stratégies adaptées de coping Réduire le niveau de stress Aider les participants à gérer le sentiment de perte associé au handicap Apprendre à être son propre « thérapeute » afin d’anticiper, interrompre, planifier, contrôler et modifier ses réponses émotionnelles et comportementales • identifier les pensées automatiques (c’est-à-dire des pensées qui surviennent de manière involontaire) • identifier des éléments en faveur ou en défaveur de ces pensées automatiques • utiliser ces éléments pour développer une évaluation plus nuancée et réaliste d’une situation (p. ex., permettre à la personne de se décentrer et mieux comprendre le point de vue des autres en suscitant des pensées alternatives). Rochat (2016); Giles & Manchester (2006)
Des interventions à plusieurs facettes complémentaires Difficultés cognitives (p. ex., inhibition, flexibilité, planification, mémoire prospective, langage, attention soutenue, résistance à l’interférence, mémoire de travail) Difficultés touchant des mécanismes émotionnels et relationnels spécifiques (p.ex., reconnaissance, compréhension et expression des émotions, empathie, ToM) Réactions aux conséquences du traumatisme/accident/maladie (p.ex., croyances dysfonctionnelles, sentiment d’efficacité personnelle et estime de soi, buts, identité, stratégies de coping, inquiétudes) Réponse au comportement des proches /soignants; interactions dysfonctionnelles Problèmes somatiques (p. ex., douleurs, fatigue, sommeil) Stéréotypes Rochat et al. (2014); Rochat, 2016
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