LA PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR: Rôle infirmier - Vantomme Patrick, septembre 2002

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LA PRISE EN CHARGE DE LA
        DOULEUR:

              Rôle infirmier.

 Vantomme Patrick, septembre 2002
La douleur est un phénomène
complexe et subjectif
Définition: « Expérience sensorielle et
  émotionnelle désagréable associée à une
  lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou
  décrite dans des termes évoquant une telle
  lésion » (I.A.S.P.).
Elle est donc propre à chacun d ’entre nous.
Une autre définition
         de la douleur

 « La douleur est toute manifestation que
     la personne douloureuse affirme
ressentir. Cette douleur existe chaque fois
  que cette personne dit qu ’elle existe «
            (Mc Caffery, 1979).
LA DOULEUR
• La douleur peut être un signal d ’alarme;
  elle protège le corps. Elle est souvent le
  premier signe d ’un dysfonctionnement.
• La douleur peut devenir néfaste si elle n ’est
  pas traitée de manière adéquate.
• La douleur qui persiste ne protège plus, la
  douleur chronique est inutile.
Classification de la douleur
• Selon le mécanisme physiologique
  (utile pour la prise en charge
  pharmacologique).
• Selon la durée d ’évolution.
• Selon l ’origine.
Selon le mécanisme générateur
•   Douleur « physiologique ».
•   Douleur « inflammatoire ».
•   Douleur « neurogénique ».
•   Douleur « psychogène ».
•   Douleurs mixtes
Douleur « physiologique »
• Stimulations nocives potentiellement
  lésionnelles et brèves.
• Système sensoriel de réponse
  = fonctionnement dit normal.
• Ce système est régulé et a une finalité
  biologique.
Douleurs pathologiques

  DOULEUR                DOULEUR
INFLAMMATOIRE
  NEUROGENIQUE

 Système            Système
NOCICEPTIF               NOCICEPTIF
 NORMAL            ANORMAL
Douleurs « inflammatoires »
• Stimulus nocif lésionnel et prolongé
• Transformations tissulaires prolongées de
  type inflammatoire
• Relation stimulation/réponse
  = modifiée
  = douleur spontanée
  = diminution du seuil de la douleur dans
  la région lésée
Douleur « inflammatoire »
• Relation stimulation/réponse
  = modifiée
  = douleur prolongée au-delà du stimulus
  = effleurement peut devenir douloureux
  = cette hypersensibilité s ’étend au-delà
  de la région lésée
Douleur « inflammatoire »
• Quand la lésion guérit, le système retourne
  à son état normal
• Finalité biologique est évidente, c ’est
  promouvoir la santé
• Ex.: coupure, brûlure, etc...
Douleur « neurogénique »
• Lésion ou transformation pathologique du
  système de la douleur lui-même
• Son fonctionnement est anormal et inadapté
• Pas de finalité biologique
• Douleurs persistantes et souvent rebelles
  aux traitements conventionnels
Douleur « neurogénique »
             Étiologie
• Périphérique: neuropathie, trauma nerveux plexus,
  zona, sida, amputation, sida
• Spinal:        SEP,   trauma   médullaire,   tumeur,
  arachnoïdite
• Centrale:     SEP,     séquelles   d ’AVC,   trauma,
  syringomyélie,
Douleur « neurogénique »
            Sémiologie
• Description clinique:
  = composante continue (brûlures)
  = composante fulgurante, intermittente (décharges
  électriques)
  = dysesthésies (fourmillements, picotements)
• Douleur/lésion: absence de lésion somatique ou
  intervalle entre lésion et douleur
Douleur psychogène
• Origine sine materia
• Tableau atypique
• Facteurs psycho-pathologiques comme
  conversion hystérique, somatisation d ’un
  désordre émotionnel, hypochondrie;
• !!! = beaucoup de douleurs chroniques
  résultent de l ’interaction entre facteurs
  somatiques et psychosociaux
Prise en charge de la douleur
APPROCHE MULTIDISCIPLINAIRE
          • Médecins
          • Soignants
          • Familles
          • Patients
  PARTENAIRES ACTIFS DE SOINS
Changement de mentalité
• Croyances (mythes)
• Rôle
• Statut
CROYANCES (MYTHES)
• Il faut attendre le plus longtemps possible
  avant de prendre un antalgique
• La sensation de douleur diminue avec
  l ’âge
• La morphine est le médicament de dernier
  recours
• Il est impossible qu ’un enfant nous cache
  qu ’il a mal
CROYANCES (MYTHES)
• On peut soulager la douleur de la même
  façon chez tout le monde
• Il faut souffrir pour être un homme
• Souffrir après une opération, c ’est normal
• Il faut souffrir en silence
STATUT / ROLE
• PATIENT PARTENAIRE
• MEDECINS/SOIGNANTS:
  partage de l ’information, approche
  globale de la personne, collaboration
ROLE INFIRMIER DANS LA
PRISE EN CHARGE DE LA
      DOULEUR
ROLE INFIRMIER
• INTERMEDIAIRE

• COLLABORATEUR SPECIALISE

• EDUCATEUR
UN INTERMEDIAIRE
• ENTRE LE PATIENT ET LE MEDECIN
• ENTRE LE PATIENT ET SA FAMILLE
UN COLLABORATEUR
         SPECIALISE
• Écouter, observer
• Informer
• Evaluer
• Dispenser les traitements et évaluer leurs effets
• Apprécier les effets secondaires et les traiter
• Proposer et appliquer des méthodes non
  pharmacologiques
• Assister les actes techniques
UN EDUCATEUR
• DU PATIENT
• DES FAMILLES
• DE SES COLLEGUES
FORMATION DE BASE
•   Distinguo douleur/souffrance
•   Mythes et croyances
•   Anatomo-physiologie (les voies)
•   Classification de la douleur
•   Bases psychologiques
FORMATION DE BASE (2)
•   Evaluation de la douleur
•   Traitements pharmacologiques
•   Méthodes non pharmacologiques
•   Douleurs spécifiques
•   Prévention
L ’INFIRMIERE ET
          LA DOULEUR
• Rôle précieux et indispensable
• Rôle à développer et à adapter aux
  spécificité des patients
• Rôle à adapter en fonction du statut et du
  milieu de travail de l ’infirmière

        LA DOULEUR FAIT PARTIE DE
             NOTRE QUOTIDIEN !
Fonction algologique:
INFIRMIERE REFERENT DOULEUR
 • TACHES INSTITUTIONNELLES:
  Formation continue, projets, contacts extérieurs...
 • COLLABORATEUR        ACTIF   DES
   EQUIPES DE PRISE EN CHARGE DE LA
   DOULEUR
  Unités de soins, centre de la douleur, soins palliatifs
REFERENT DOULEUR

UNE OBLIGATION DANS UN SOUCI DE
   PREVENTION ET D ’ASSURANCE
       QUALITE DES SOINS
L ’EVALUATION DE LA
      DOULEUR
    UN OUTIL DE
  COMMUNICATION
Obstacles à cette communication
• L ’amalgame douleur / souffrance
• L ’émotion des acteurs de soins
• Le déséquilibre animus / anima:
  – Médecin -> animus -> + cartésien
  – Soignant -> anima -> + émotionnel
UNE DEMARCHE GLOBALE
•   Croire le patient
•   Reconnaître SA douleur
•   Evaluer
•   Thérapeutiques

                         C ’est une BOUCLE !
CROIRE LE PATIENT
• Nous sommes tous uniques devant la
  douleur
• Nous réagissons tous différemment face à
  une même sollicitation douloureuse
• Croire le patient est la PREMIERE étape
  indispensable à la prise en charge de la
  douleur
RECONNAÎTRE LA
          DOULEUR
• Il n ’existe pas de marqueurs biologiques
• Chaque patient sera son propre témoin
• Ce sont les évaluations comparatives qui
  seront utiles
• L ’évaluation est une démarche clinique
  essentielle
EVALUER
• Démarche préalable
• Démarche continue
• Démarche active : rendre le patient
  ACTEUR de sa prise en charge

SAVOIR RECONNAÎTRE POUR
     SAVOIR TRAITER
AVANTAGES
•   Identifier les patients douloureux
•   Améliorer la relation soignant-soigné
•   Langage commun
•   Transmission facilitée
•   Faciliter la prise de décision
•   Fixer des objectifs réalisables
•   Contrôler l ’efficacité des traitements
•   Identifier les facteurs en cause
QUE FAUT-IL EVALUER ?
•   L ’intensité      •   Et encore :
•   Mais aussi :      –   les cognitions
–   la localisation   –   les facteurs déclenchants
–   la durée          –   les facteurs aggravants
–   les sensations    –   les facteurs apaisants
–   les émotions      –   la qualité de vie
ANAMNESE

• Prendre connaissance du passé douloureux :
  – antécédents de douleur
  – circonstances de survenue
  – souvenir de l’intensité
• Actuellement, avez-vous mal ? Précisez
LES OUTILS
           D ’EVALUATION
• Echelles d ’auto-évaluation
  –   unidimensionnelles
  –   multidimensionnelles
  –   topographiques
  –   de la qualité de vie

• Echelles d ’ hétéro-évaluation
COMMENT EVALUER ?
• Préférer l ’auto-évaluation chaque fois que
  l ’état du patient le permet
• A l ’aide d ’outils : échelles, schémas,…
• Validité des outils
L ’AUTO-EVALUATION
    les échelles unidimensionnelles
• Le patient nous donne une cote qui
  représente l ’intensité de sa douleur
• L ’intérêt de ces cotations est leur évolution
  au cours du temps (graphique)
• Simples d ’utilisation, elles permettent des
  mesures rapides et fréquentes
LES OUTILS :
1) E.V.A. (échelle visuelle analogique)
 = méthode de référence
 = le patient positionne un curseur sur une
   ligne allant de 0 à 10 où ne figure aucun
   signe numérique
 = la cotation se fait par le soignant à la
   lecture graduée au verso
 = nécessite une faculté d ’abstraction
LES OUTILS :
• E.V.S. (échelle verbale simple)
  – moyen le plus simple
  – présenter au patient une liste de cinq
    propositions qualifiant la douleur qu ’il
    ressent
• E.N. (échelle numérique)
  – le patient choisit un chiffre de 0 à 10 qui
    correspond le mieux à sa douleur
L ’AUTO-EVALUATION
  les échelles multidimensionnelles
• Surtout utilisées dans le cadre des douleurs
  chroniques
• Elles prennent en compte les différentes
  composantes de la douleur
• Ex. : questionnaires qualitatifs comme le
  MPQ, le QDSA
• Leur fiabilité dépend de la faculté verbale
  et de la compréhension des patients
L ’AUTO-EVALUATION
  les échelles topographiques
Utilisation de schémas permettant au
patient de localiser sa douleur
  L ’AUTO-EVALUATION
 les échelles de qualité de vie
Evaluer les répercussions de la douleur
sur la vie professionnelle, quotidienne,
autonomie, plaisir, sommeil …

  Ex. : EORTC en cancéro, Pain disability index
Echelles d ’HETERO-évaluation
• Echelles comportementales
• Utilisées quand le patient ne sait ou ne
  peut plus s ’exprimer
• Elles nous permettent d ’évaluer la
  modification         des        paramètres
  physiologiques et comportementaux liés à
  la douleur
• Ex. : Dolo+ chez la PA, DEGR chez
  l ’enfant, DAN chez le nourrisson
REGLES FONDAMENTALES
• Toujours expliquer la méthode et lui faire
  faire un test préalable
• Sensibiliser toute l ’équipe à l ’utilisation
  de l ’outil
• Evaluer à horaire régulier
• La question posée doit être précise
• Si possible, par le même évaluateur
ECUEILS ET CONSEILS
• Respecter les modalités de fonctionnement
  d ’une échelle (elle est valide dans un cadre
  défini)
• Une échelle ne mesure qu ’un paramètre à
  réintégrer dans le contexte global
• Ne pas se cacher derrière l ’outil. Il doit
  rester au service de la relation et de
  l ’écoute sans jamais les remplacer
Pour que la douleur
  ne soit pas niée

       Apprenons à mieux
         communiquer
SOULAGER
  LA DOULEUR
     DU PATIENT

    PREVIENT AUSSI
       LA SOUFFRANCE
           DES SOIGNANTS !
LES INDISPENSABLES
 • ECOUTE
 • INFORMATION
 • EVALUATION
 • EDUCATION
 • FORMATION
L’INFIRMIERE A-T-ELLE
UN ROLE DANS LA PRISE
  EN CHARGE DE LA
  DOULEUR AIGUE ?
Quelles types de douleurs ?
• Douleurs inflammatoires nociceptives
  –   la lésion
  –   les gestes techniques
  –   l’installation du patient
  –   le geste chirurgical
• Douleurs neurogéniques
  – liée à l ’installation
  – l’intervention chirurgicale
  – les techniques d’anesthésie
En PRE-OPERATOIRE
• INFORMER LE PATIENT
 – contact, brochure, vidéo, visite...
• ECOUTER LE PATIENT
 – ajuster l ’information
L’ENVIRONNEMENT
  •   Couleur
  •   Lumière
  •   Plafond
  •   Fond musical
LA PREPARATION
•   L’ANXIETE
•   LA MANUTENTION DU MALADE
•   L’INSTALLATION
•   LA POSE DU OU DES CATHETERS
•   LES CHAMPS
•   LES POINTS SENSIBLES (yeux, sonde
    vésicale, plaque de bistouri…)
LE TEMPS OPERATOIRE
• Intervention sous loco-régionale
  – réduire l ’anxiété
  – veiller au confort
• intervention sous AG
  – surveiller l ’installation, surtout si changement
    de position per-opératoire
POST-OP IMMEDIAT
•   Les pansements, les plâtres
•   La manutention
•   L ’installation au lit
•   Le confort (le froid)
La vraie question :
AVONS-NOUS DES MOYENS ?
  •   Ecoute, information
  •   Hypnose, relaxation, musicothérapie
  •   Environnement, distraction
  •   Manutention, immobilisation
  •   Chaleur
  •   Petits moyens (Emla ®, ...)
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