LA RÉPARATION DES RÉCIFS CORALLIENS ET DES ÉCOSYSTÈMES ASSOCIÉS - GUIDE D'INGÉNIERIE ÉCOLOGIQUE
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GUIDE D'INGÉNIERIE ÉCOLOGIQUE LA RÉPARATION DES RÉCIFS CORALLIENS ET DES ÉCOSYSTÈMES ASSOCIÉS É O C A DIE L Aurore PIOCH Sylvain AU LT u P I N Mathie Ministère des outre-mer Ministère de la transition écologique et solidaire
REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier l'ensemble des per- sonnes ayant participé à la relecture et à l'amélio- TABLE DES MATIÈRES ration de ce guide. Merci notamment à : Catherine Gabrié AUTEURS P. 4 - 9 1 OBJECTIFS DU GUIDE IFRECOR P. 6 - 7 Définitions de l’Ingénierie Écologique et de la réparation écologique c.gabrie@free.fr Aurore Léocadie P. 8 - 9 Pourquoi réparer ? Comment ? (Université Paul Valéry- UMR CEFE) Fanny Kerninon auroreleocadie@gmail.com Univ Brest, CNRS, IRD, Ifremer, LEMAR IUEM P. 10 - 13 2 CADRE RÉGLEMENTAIRE LIÉ À LA COMPENSATION DES IMPACTS MARINS fanny.kerninon@univ-brest.fr Sylvain Pioch Université Paul Valéry- UMR CEFE Francis Staub sylvain.pioch@univ-montp3.fr P. 14 - 53 3 LES RÉCIFS CORALLIENS Biodiversité Conseil P. 16 - 18 Les grands enjeux de la conservation des récifs coralliens fstaub@biodiv-conseil.fr Mathieu Pinault P. 19 Les rôles des récifs coralliens MAREX, Université de la Réunion - UMR ENTRO- P. 20 Quelles sont les menaces ? Rachel Bitoun PIE P. 21 - 23 Quelles en sont les conséquences ? CREOCEAN math.pinault@gmail.com P. 24 - 27 Les techniques de réparation écologique bitoun.rachel@hotmail.fr P. 28 - 51 Fiches pratiques P. 52 Conclusion sur les récifs coralliens Olivier Le Brun CREOCEAN ÉDITION lebrun@creocean.fr P. 54 - 69 4 LES HERBIERS ©IFRECOR-Novembre 2019 P. 56 - 57 Les grands enjeux de la conservation des herbiers Jimmy Le Bec N°ISBN 978-2-11-155884-7 P. 58 Les rôles des herbiers DEAL Guadeloupe P. 59 Quelles sont les menaces ? jimmy.le-bec@developpement-durable.gouv.fr P. 60 - 64 Les techniques de réparation écologique P. 66 - 68 Fiches pratiques Bernard Salvat MAQUETTAGE ET CRÉATION GRAPHIQUE P. 69 Conclusion sur les herbiers Université de Perpignan bsalvat@univ-perp.fr © Anastasia PRADARELLI anastasia.pradarelli@gmail.com P. 70 - 97 5 LES MANGROVES Mélanie Herteman P. 72 - 73 Les grands enjeux de la conservation des mangroves Nature et Développement P. 74 Les rôles des mangroves mherteman.ecopro@gmail.com P. 75 Quelles sont les menaces ? À CITER SOUS LA FORME P. 76 - 80 Les techniques de réparation écologique Merci également à l'ensemble de l'équipe Éco- P. 81 - 95 Fiches pratiques logie des Systèmes Anthropisés (ESA-CEFE), à LÉOCADIE, A., PIOCH, S., PINAULT, M. (2020). P. 96 Conclusion mangroves Adrien Gallinaro, Julien Richard, Marie Zion, Laura Guide d'Ingénierie Écologique : La réparation des Massinelli, Mathieu de Langlard. récifs coralliens et des écosystèmes associés. Merci à la longue liste de personnes qui ont contri- Édition IFRECOR. 114p P.98 - 103 6 COÛT ET EFFICACITÉ DES TECHNIQUES D'INGÉNIERIE ÉCOLOGIQUE bué à la relecture de cet ouvrage. P. 100 Coût et efficacité des techniques d'Ingénierie Écologique P. 101 Récifs corraliens P. 102 Herbiers P. 103 Mangroves P.104 - 107 7 CONCLUSION P. 108 - 112 Bibliographie P. 113 Glossaire P. 114 Acronymes
OBJECTIFS DU GUIDE OBJECTIFS Cet ouvrage propose un inventaire des techniques d'Ingénierie Éco- DU GUIDE logique (IE) déployées principale- ment en France, mais également à l'échelle mondiale. Il est consacré à la réparation des récifs coralliens et des écosystèmes qui leurs sont associés : les herbiers et les man- groves. Il s’inscrit dans la continui- té de deux précédents ouvrages IFRECOR : « La restauration réci- fale : guide pratique à l’usage des décideurs et aménageurs »1 de Mi- chel Porcher, Sandrine Job et Mu- riel Schrimm, publié en 2003, et « Restauration récifale : concepts et recommandations »2 de Alasdair Edwards et Edgardo Gomez, publié en 2007. Cette actualisation a pour objectif d'aider les services instruc- teurs, les gestionnaires de milieux naturels, les maîtres d'ouvrages et les bureaux d'études à connaitre les techniques et s'appuyer sur des données synthétiques pour propo- ser des solutions adaptées aux ob- jectifs de réparation, des habitats ou des fonctions écologiques sou- haitées. 05
OBJECTIFS DU GUIDE OBJECTIFS DU GUIDE DÉFINITION DE de préservation et de gestion de ces écosys- Figure 1 Les différentes techniques d'ingénierie écologique tèmes. Ils souhaitent notamment induire auprès des élus, des administrations, des entreprises LA RESTAURATION L'INGÉNIERIE et de l’opinion publique une prise de conscience des enjeux socio-économiques et écologiques que procurent ces écosystèmes. Ils veulent aus- Faciliter le rétablissement ou la réparation d'un écosystème ÉCOLOGIQUE si établir un réseau de surveillance de l’état des récifs coralliens français. Enfin, ils souhaitent endommagé vers un état de contribuer à réduire les menaces liées à l’anthro- référence selon une trajectoire écologique naturelle, auto- ET DE LA pisation. rénégérante (SER, 2004). Pour cela, ils ont développé l’outil MERCI-Cor4 L'AMÉLIORATION RÉPARATION (Méthode pour Eviter, Réduire et Compenser les Ex : Transplantation d'espèces Impacts en zones Coralliennes), une méthode LA RÉHABILITATION reconnues comme fondatrices d'un expérimentale de dimensionnement des me- écosystème de référence (clés de Assister le rétablissement de certaines ÉCOLOGIQUE sures Eviter, Réduire, Compenser (ERC). Celle-ci voutes, ingénieures, etc.) a pour objectif de dimensionner les pertes et les fonctions d'un écosystème endommagé. gains écologiques attendus sur les récifs coral- Comme pour la restauration, la liens, suite à la mise en œuvre de projets d’amé- réhabilitation est réalisée à partir d'un L'IFRECOR3 (Initiative Française pour les Récifs nagement et des mesures compensatoires as- état de référence. La réhabilitation CORalliens), créée en 1999, a pour but de gérer et sociées. En complément de cette méthode un insiste sur la réparation et la protéger durablement les récifs coralliens et les guide ad hoc relatif aux techniques d’Ingénierie récupération des processus, et donc écosystèmes qui leurs sont associés (herbiers Écologique (IE) était nécessaire. sur la productivité et les services de Définition de l'Ingénierie Écologique et de la réparation écologique Définition de l'Ingénierie Écologique et de la réparation écologique marins et mangroves). Au fil des années, avec Ce guide est le fruit du travail collaboratif d'une l'écosystème (SER, 2004). l’appui du ministère de l’écologie et du ministère communauté d'acteurs très actif dont l'objec- chargé de l’Outre-mer, l’IFRECOR a su dévelop- tif est le partage d'outils communs et actualisés Ex : Transplantation d’espèces reconnues comme per un véritable réseau au sein des collectivités autour de l'IE en milieu récifal afin de capitaliser étant à la base d’un processus de production territoriales. Afin de mener à bien ce projet, plu- les retours d'expérience (via la platerforme web : (biomasse, fixation de juvéniles d'espèces sieurs partenariats ont vu le jour. Aujourd’hui, ils www.ifrecor.com). d'intérêt halieutique, etc.). regroupent à la fois des bureaux d’études, des agences d’expertises, des gestionnaires d’Aires L’IE regroupe l’ensemble des techniques et des LA PROTECTION Marines Protégées (AMP), mais aussi des univer- processus pour résoudre un problème socio-éco- sitaires, des maîtres d’ouvrage, etc. L’IFRECOR nomique et/ou environnemental via l’utilisation Protéger un site donné par est devenue le premier réseau d’échanges entre d’organismes vivants ou d’autres matériaux d’ori- l'interdiction simple de certains les acteurs de l’environnement des Outre-mer gine biologique ou non (Moreno-Mateos et al., usages (pêche, loisirs) ou par français possédant des récifs coralliens. 2015 ; Pioch et al., 2018). Quatre approches tech- leur gestion et leur contrôle. niques peuvent être mobilisées : la restauration Elle se caractérise par peu ou Les groupes de travail de l'IFRECOR ont dévelop- écologique, l’amélioration ou la réhabilitation pas d'intervention directe sur le pé plusieurs axes afin d’atteindre leurs objectifs écologique, la création et la protection (figure 1). milieu naturel. LA CRÉATION Ex : Mesure de gestion des pêches des espèces herbivores, favorables LA RÉATTRIBUTION au rétablissement des écosystèmes coralliens. Réorienter la trajectoire écologique d'un milieu possiblement dégradé par une activité humaine dans le but de lui permettre le développement de processus écologiques localement lacunaires, mais différents de ceux de son état de référence. On assiste à l'attribution de processus biophysiques nouveaux à un écosystème dégradé ou naturellement peu 1 Guide en ligne : http://ifrecor-doc.fr/items/show/1367 enclin à la production du processus ciblé 2 Guide en ligne : http://ccres.net/images/uploads/publications/5/reef_restoration_concepts__guidelines_french.pdf (SER, 2004). 3 Pour plus d’information : ifrecor.com 4 Guide en ligne : http://www.ifrecor-doc.fr/items/show/1743 Ex : Mise en place de récifs artificiels en béton 5 Attention dans cet exemple de création, le milieu naturel d'accueil n'est pas dégradé, mais il ne présente que peu sur du sable (écosystème initial) afin de favoriser 06 d'originalité/ de sensibilité/ d'intérêt patrimonial et écologique. le développement d'espèces5 . 07
OBJECTIFS DU GUIDE OBJECTIFS DU GUIDE POURQUOI services d’approvisionnement (la pêche), les services de régulation (les mangroves et les her- biers à magnélophytes marines participent à la RÉPARER ? séquestration du CO2 atmosphérique) ou encore les services aux caractères culturels et sociaux (l’éco-tourisme) (TEEB, 2010 ; Pascal et al., 2016). C’est dans les milieux naturels marins côtiers Afin que ces techniques d’IE s’intègrent dans que le rapport coût-bénéfice de la démarche de une démarche plus globale de réparation des « réparer » la nature présente les plus grands in- écosystèmes dégradés, il est prioritaire d'agir térêts (figure 3). En effet, dans le cas des écosys- en amont d'actions d'IE sur les sources des pres- tèmes côtiers, les bénéfices nets, estimés sur 40 sions entraînant des dégradations, directes ou ans après la réparation, sont cinq fois plus élevés Figure 3 Evaluation des coûts et bénéfices monétarisés de la restauration écologique des écosystèmes terrestres et côtiers (Pioch - adapté du TEEB, 2009) indirectes. Sans cela l’efficacité des mesures que le coût initialement engendré (TEEB, 2009). mises en œuvre ne pourra être maintenue à long COMMENT ? terme. D’après Elliott et al. (2007), cette approche définie comme « passive » doit être réalisée en amont des actions d’IE, dites « actives ». Cette approche « active » sera l’objet principal de ce guide. Signalons que dans le cadre des mesures La réparation des écosystèmes est complexe de compensation, la réglementation impose et risquée, voire même difficilement prévisible une approche de restauration pour atteindre sur le long terme (Chipeaux et al., 2016). D’après une équivalence avec le milieu détruit (« like for Clewell et Aronson (2013), c’est une tâche qui like »). En pratique cette équivalence « stricte » demande de la patience et même une forme de est très rarement atteinte (exactement toutes dévouement de la part des opérateurs et des les espèces, tous les habitats et toutes les fonc- gestionnaires. Planifier un projet de réparation tions restaurés), ce qui n'empêche pas que la nécessite la prise en compte de plusieurs fac- proximité écologique soit l'objectif du « nouvel teurs. Tout d’abord, il s’agit d’énoncer préci- écosystème » (figure 2). En général, seule une sément les objectifs du projet de réparation, réparation partielle des écosystèmes dégradés puis d’évaluer leur faisabilité technique et les Pourquoi réparer ? — Comment ? Pourquoi réparer ? — Comment ? est possible (Aronson et Morenos-Mateos, 2015). moyens humains et budgétaires nécessaires à Ainsi, les utilisateurs de ce guide doivent prendre leur mise en place. Afin d’obtenir une gestion ef- conscience que ces actions permettent d’aboutir ficace à long terme du site réparé, les différentes à un nouvel écosystème, plus ou moins proche de stratégies pour y parvenir doivent être discutées l’état initial et non à un retour à l’écosystème de et communiquées avec l’ensemble des acteurs référence, en équivalence stricte (figure 2). Dans des territoires concernés (SER, 2004). Dans ce certains cas, la réalisation d'actions d'ingénie- secteur, comme dans de nombreux autres liés à rie écologique « bénéfiques » peut être instru- la gestion de l’environnement, la concertation et mentalisée, afin de justifier de futures dégrada- l’empathie sont les clés de la réussite, mais sont tions. Par exemple, si lors de travaux maritimes souvent négligées. on réalise dans de mauvaises conditions une transplantation corallienne, les résultats atten- dus ne seront pas ceux espérés. En effet, ceci diminuerait l’intérêt écologique des récifs de la zone considérée et cela pourrait devenir une raison d’autorisation de destruction future (ou d'une faible réparation écologique) lors de nou- veaux travaux d'extensions des ouvrages. D’où la nécessité de réaliser ces actions dans un cadre contrôlé : suivi, respect de la réglementation, évaluation de la performance ex-ante et ex-post, actions ou sanctions en cas d’échec (Boudou- resque, 2001). Figure 2 De la lutte passive contre les pressions à la ré- paration active des écosystèmes, les deux temps hiérar- Les écosystèmes contribuent au bien-être de chisés visant la réparation des écosystèmes. NB : schéma l’Homme, services écosystémiques (SE) (TEEB, d’un point de vue anthropocentré, ne considère pas les 2010). Bien qu’anthropocentrés, les SE sont un pressions naturelles qui peuvent s’exercer sur le milieu excellent vecteur de communication vers les dé- (D’après Léocadie et Pioch, 2017) cideurs politiques et les citoyens. Les SE peuvent 08 être rangés dans différentes catégories : les 09
CADRE RÉGLEMENTAIRE LIÉ À LA COMPENSATION DES IMPACTS EN MILIEU MARIN CADRE RÉGLEMENTAIRE Depuis les années 2010, l’État ma- nifeste une volonté politique d’im- LIÉ À LA poser la compensation écologique des impacts anthropiques. La Loi pour la reconquête de la biodiver- COMPENSATION sité, de la nature et des paysages (n°2016-1087 du 8 août 2016) ou en- DES IMPACTS core le Décret n°2016-1110 (11 août 2016) modifiant l’évaluation d’im- pact environnemental, réaffirment EN MILIEU cette volonté. L'atteinte d'un objec- tif d'absence de perte de biodiver- MARIN sité sur les espèces, les habitats et les fonctions écologiques se traduit par une recherche d'équivalence entre pertes et gains issus de pro- jets d'aménagements. Cette notion de compensation écologique sus- cite aussi un intérêt de la part de la communauté scientifique. D’après Dupont et Lucas (2017) elle soulève « des défis juridiques, scientifiques et pratiques ». 11
CADRE RÉGLEMENTAIRE LIÉ À LA COMPENSATION DES IMPACTS EN MILIEU MARIN CADRE RÉGLEMENTAIRE LIÉ À LA COMPENSATION DES IMPACTS EN MILIEU MARIN CADRE à la Loi sur l’eau n°2006-1772 en 2006 et le régime propre aux espèces protégées en 2007. Les Lois RÉGLEMENTAIRE Grenelle I et II en 2009 et 2010, ainsi que la Loi de 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages (Loi RBNP), ont permis LIÉ À LA de renforcer l’obligation d’appliquer la séquence Figure 4 Schéma de la séquence Éviter, Réduire, Compenser les impacts sur la biodiversité (d’après A.Buffard, 2015) ERC et de compenser les impacts résiduels si- gnificatifs1. La Loi RBNP fixe l’objectif « d'absence COMPENSATION de perte nette » en biodiversité (figure 4). À cela Il existe trois catégories de dégradations pouvant nécessiter une action de réparation du milieu ma- s’ajoutent les directives européennes (DCE et rin : DCSMM2) de « Bon État Écologique » et de « ré- ➊ Les dégradations autorisées, dont l’évaluation est dite « ex-ante », DES IMPACTS paration en mer » ainsi que la mise en place de ➋ Les dégradations non autorisées « avec auteur » identifiable, financements publics importants3. ➌ Les dégradations non autorisées « sans auteur » identifiable. D’après le code de l’environnement Art. R. 122- EN MILIEU 13.-I. « Les mesures compensatoires ont pour L’évaluation de ces deux dernières dégradations est considérée par la suite comme « ex-post ». On objet d'apporter une contrepartie aux inci- aura donc deux types de réparations : dences négatives notables, directes ou indi- ➊ La réparation ex-ante, dans le cas d’une dégradation autorisée (soumise à autorisation au titre MARIN rectes, du projet sur l'environnement qui n'ont du code de l'environnement) au titre des mesures compensatoires dans le cadre de la séquence ERC pu être évitées ou suffisamment réduites. Elles (Lois n ̊ 76-629 du 10 juillet 1976 et n ̊ 2016-1087 du 8 août 201 aux articles L. 110-1 et L. 163-1 du Code de sont mises en œuvre en priorité sur le site affec- l'environnement) té ou à proximité de celui-ci afin de garantir sa ➋ La réparation ex-post, faisant l'objet d'une réparation au titre de la Loi sur la Responsabilité Envi- L’IE a connu un essor ces 20 dernières années fonctionnalité de manière pérenne. Elles doivent ronnementale (Loi LRE 2008-757) avec l’augmentation des exigences vis-à-vis permettre de conserver globalement et, si pos- des mesures dites de compensation. La notion sible, d'améliorer la qualité environnementale L’objectif est de compenser les pertes biophysiques occasionnées à travers le respect de l’équiva- de compensation apparait en France avec la Loi des milieux ». Ces mesures interviennent lors lence écologique (qualitative et quantitative). Le site de compensation doit donc être en proximité n° 76-629 du 10 juillet 1976, relative à la protection de la réalisation de plans, de programmes et de fonctionnelle, c'est à dire présentant les mêmes caractéristiques écologiques (ayant les mêmes fonc- de la nature. Elle officialise trois étapes, « Éviter, projets ayant potentiellement des effets néfastes tions, structures, compositions, etc.) que celui du site dégradé (Jacob et al., 2015). Réduire, Compenser » (ERC), à appliquer pour tout sur la nature (Borderon, 2014). Ces mesures s’ins- projet pouvant avoir un impact néfaste sur l’envi- crivent dans une approche de développement ronnement (Morandeau et Villaysack, 2012 ; Pioch, durable ayant un intérêt environnemental, so- 2013). Cependant, ce n’est qu’à partir de 2005 que cial et écologique (MEDDTL, 2012). Il s’agit d’une l’IE marine suscite un véritablement engouement, action préventive qui évalue l’impact d'un projet avec le renforcement de la réglementation rela- sur l'environnement. À l’évidence, le niveau d’exi- tive à l’évaluation environnementale : l’extension gence de compensation est proportionnel aux des sites Natura 2000 en mer en 2005, la refonte impacts résiduels (i.e. après mise en œuvre des du régime de déclaration et d’autorisation relatif mesures d'évitement et de réduction). 1 D'après la Loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages n°2016-1087 : « Ce principe implique d'éviter les atteintes à la biodiversité et aux services qu'elle fournit ; à défaut, d'en réduire la portée ; enfin, en dernier lieu, de compenser les atteintes qui n'ont pu être évitées ni réduites, en tenant compte des espèces, des habitats natu- rels et des fonctions écologiques affectées. » 2 Les agences de l’eau ont inscrit dans leurs objectifs opérationnels et financiers la réparation comme une priorité des SDAGE/SAGE 3 Des financements publics ont été débloqués pour des projets de restauration des « zones noires », à savoir les ports et 12 les exutoires de stations d’épuration des eaux usées. 13
LES RÉCIFS CORALLIENS LES RÉCIFS CORALLIENS Les récifs coralliens présentent une grande diversité d’espèces, jusqu'à 600 espèces de coraux (i.e. Le triangle de corail), plus de 2 000 espèces de poissons, 3 000 espèces de mollusques, etc. Cou- vrant seulement 0,2 % des sur- faces marines mondiales, les ré- cifs coralliens abritent un tiers de la faune et de la flore marine de la planète. Cet écosystème complexe est très vulnérable, de nombreuses pressions peuvent modifier son état écologique de manière plus ou moins irréversible : remblaiement, surexploitation de ses ressources, dégradation de la qualité de l'eau, acidification des océans, augmen- tation de la température, évène- ments climatiques extrêmes de plus ou moins fortes intensités. 15
LES RÉCIFS CORALLIENS LES RÉCIFS CORALLIENS LES GRANDS QUELQUES CHIFFRES térieur. C’est cette association polype-zooxan- thelles qui est à l’origine de la formation des récifs coralliens. ENJEUX DE LA Néanmoins, cet équilibre symbiotique est extrê- mement fragile et cette association n’est pas suf- fisante au bon développement et à la survie des CONSERVATION récifs coralliens. D’autres paramètres sont tout aussi importants : la température, la salinité, la profondeur, le pH ou encore le substrat. Si l'un de DES RÉCIFS ces facteurs vient à changer, c'est l'ensemble de la colonie qui sera déstabilisée et la construction corallienne sera perturbée. CORALLIENS À l'échelle mondiale, les récifs coralliens sont répartis sur 280 000 km² (Burke et al., 2011) soit moins de 0,2 % de la superficie des océans (fi- gure 6). Pourtant, ils abritent un tiers de la bio- Les récifs coralliens sont des structures cal- diversité marine, soit environ 100 000 espèces caires rigides composées d’une multitude de connues à ce jour. petits animaux primitifs : les polypes. Ces der- La France dispose de récifs coralliens dans les niers, organisés en colonies, vivent en symbiose trois océans (figure 7). Avec 60 000 km2 de do- avec des microalgues : les zooxanthelles (figure maine récifal total, comprenant les surfaces ré- 5). Cette symbiose est essentielle pour la vie des cifales construites et non-construites (lagons et coraux. En effet, les zooxanthelles produisent terrasses sédimentaires), la France figure en 4ème des molécules organiques qui vont nourrir le co- position mondiale, en terme de surface récifale. Figure 7 Répartition des récifs coral- rail à environ 80 %, le reste est puisé directement Le projet millenium coral reef mapping project1 a liens français. (Programme d'action Les grands enjeux de la conservation des récifs coralliens Les grands enjeux de la conservation des récifs coralliens par le polype dans le milieu. Les microalgues pro- permis de calculer la surface récifale française : 2016-2020 de l'IFRECOR). duisent de l'oxygène, favorisant ainsi la respira- soit 8 778 km2, tout océan confondu, dont 4 570 tion du polype. Parallèlement, le prélèvement du km2 en Nouvelle-Calédonie, 3 000 km2 en Poly- CO2 par les zooxanthelles favorise la précipitation nésie Française, 546 km2 pour la zone Océan du carbonate de calcium et donc l'élaboration du Indien et 230 km2 pour la zone caraïbes. (André- Fig ) 10 squelette du corail. Réciproquement, les zooxan- fouët et al., 2008). L’état des récifs coralliens e6 20 ur C thelles trouvent au sein du polype un milieu stable, d’outre-mer est très contrasté : ils se portent Ré CM pa -W à l'abri des variations des conditions du milieu, de plutôt bien en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie rti tio EP nm UN la sédimentation et des prédateurs. Elles utilisent ou encore à Wallis, contrairement à ceux de la Ré- on d i a le d e 'apr ès s récifs coralliens (d également les déchets azotés et phosphatés du union, des Antilles, de Mayotte et de Futuna. Le polype comme source d'éléments minéraux, lo- schéma page 18 résume l’état de santé des récifs calement plus concentrés que dans le milieu ex- ultramarins français en 2015. de la superficie des océans La France est le seul pays sont couverts par les récifs coralliens possédant des récifs coralliens dans les trois océans. La surface récifale construite de personnes vivent aux française est de abord directs des récifs Zone coralliens (Burke et al., 2011) Caraïbes tout océan confondu. 230 km2 de $ US par an* de bénéfices sont fournis par les SE asso- Ces polypes vivent en symbiose avec ciés aux récifs coralliens Comprenant une des microalgues : Corail colonie de polypes zooxanthelles Nouvelle Polynésie *Attention, les méthodes de calculs Structure calcaire rigide Calédonie française peuvent ne pas être similaires entre les données françaises et améri- 4 570 km2 Océan 3 000 km2 caines. Figure 5 Schématisation de l'interaction polype-zooxanthelle Indien de la 546 km2 biodiversité 16 1 Pour plus d’information : http://imars.marine.usf.edu/MC/ marine 17
LES RÉCIFS CORALLIENS LES RÉCIFS CORALLIENS Récapitulatif de l’état de santé des récifs coralliens français en 2015 1 (d’après Quod J.P. et Malfait G., 2016) LES RÔLES DES Mayotte RÉCIFS CORALLIENS ? L’évolution des récifs est Les récifs remplissent une multitude de fonctions. Constructeurs d'habitats, ils ont marquée par des tendances une fonction de refuge, abritent une forte biodiversité, servent de nurserie aux ju- variables, avec une forte véniles et de nourriture à de nombreuses espèces. Ils procurent de nombreux bé- diminution des taux de néfices auprès d'un milliard de personnes. Les services écosystémiques rendus Guadeloupe recouvrement corallien peuvent être différents : À partir de 2002, une diminution entre 1989 et 2004, puis une du recouvrement corallien est augmentation depuis 2004. La pêche Martinique observée, accentuée par un Les récifs coralliens fournissent une source de revenus liée à la produc- Une diminution générale épisode de blanchissement tion de biomasse qui leur est associée. Ainsi, l’activité de pêche, qu’elle du recouvrement corallien a été massif en 2005. soit commerciale ou récréative, est très fortement liée à la présence de observée, accompagnée d'une augmentation du recouvrement ces récifs. Les récifs coralliens participent fortement à l'économie de en macroalgues. Mais une subsistance de ces régions. stabilisation du recouvrement à 20 % est observée sur certains sites. Un site présente même Le tourisme 60 % de recouvrement. Réunion La beauté luxuriante de ces récifs et la diversité des organismes récifaux Depuis 2003, une nette attirent plus d'un million de personnes pour l'outre-mer français (Quod diminution du recouvrement et Malfait, 2016). Les grands enjeux de la conservation des récifs coralliens Saint Barthélémy corallien au profit d’algues et Saint Martin opportunistes est observée. En 2005 une élévation de la La protection température des océans a La présence des récifs, à proximité des côtes, permet de réduire les engendré un blanchissement dommages sur les aménagements littoraux, suite à l’action répétée des Les rôles des récifs coralliens massif des coraux sachant que vagues ou des évènements cycloniques. On estime que les récifs ab- le recouvrement corallien sorbent jusqu’à 97 % de l’énergie de la houle (Ferrario et al., 2014). Ces de ces îles n’a jamais Îles Éparses récifs ont aussi une action contre l’érosion du littoral (Wells et Ravilious, excedé 26 %. Les îles ont une biodiversité 2006). Note : En 2017, l'ouragan Irma importante et des récifs a engendré des dégâts coralliens en bonne santé. importants sur les récifs Wallis Bon état de santé des récifs La culture et les croyances traditionnelles coralliens de ces îles. Les coraux font partie intégrante de nombreuses cultures. Dans le sud malgré un important épisode du Kenya par exemple, les récifs coralliens sont utilisés dans des rites de blanchissement observé en religieux afin d’apaiser les esprits (Moberg et Folke, 1999). 2015. La pharmacologie Les composés chimiques des coraux et autres organismes récifaux ont Polynésie française un potentiel pharmacologique dans les traitements anticancéreux2 ou Bon état de santé à l’échelle du dans les maladies cardio vasculaires par exemple. Leur squelette cal- Nouvelle-Calédonie pays bien que le recouvrement caire peut aussi servir de matériau pour les greffes osseuses3 en raison 80 % des récifs étudiés sont corallien soit très variable selon de sa composition proche du squelette humain. la localisation. Futuna dans un état de santé « bon Mauvais état de santé car, à satisfaisant », a contrario en l’absence de lagon, l’île Les récifs coralliens présentent donc un incontestable intérêt pour le maintien des seulement 7 % sont en mauvais est soumise aux pressions équilibres écologiques marins et à ce titre du bien être de l'Homme. état de conservation. naturelles et anthropiques. 1 Etabli à dire d’experts d’après l’article : Jean-Pascal QUOD, Guillaume MALFAIT, et Secrétariat national de l’IFRE- COR, 2015 “Etat des récifs coralliens et des écosystèmes associés des outre-mer français en 2015,” Documentation Ifrecor http://www.ifrecor-doc.fr/items/show/1670 Indice de santé bon Indice de santé mauvais Indice de santé très mauvais 2 http://www.coralbiome.com/fr/ 19 18 16 3 https://www.inserm.fr/thematiques/technologies-pour-la-sante/dossiers-d-information/biomateriaux/reparer-l-os 19
LES RÉCIFS CORALLIENS LES RÉCIFS CORALLIENS QUELLES SONT QUELLES EN SONT LES MENACES ? LES CONSÉQUENCES ? Si les récifs coralliens sont encore étendus sur la planète, leur survie est fonction Les causes de dégradation des récifs coralliens sont nombreuses. Généralement, d'un équilibre fragile. Ils font désormais partie des écosystèmes les plus menacés. elles se cumulent et démultiplient leurs effets au sein d’un même écosystème par En 2008, le bilan de l’état de santé des récifs coralliens mondiaux (Wilkinson, 2011) effet de synergie, ce qui entraine des conséquences souvent irréversibles pour les montre que : récifs et la biodiversité qui en dépend. 20 % des récifs coralliens sont déjà irrémédiablement détruits Blanchissement ou présentent peu de chance de récupération L’accumulation des impacts d’origine anthropique et naturelle fragilise et déstabilise ces écosys- 25 % sont dans un état critique tèmes. Le stress subi par l’augmentation de température a pour conséquence une augmentation de 25 % sont menacés l'activité photosynthétique des zooxanthelles. Ce stress conduit les polypes à rejeter leurs microal- 30 % demeurent dans un état satisfaisant gues, engendrant un arrêt de la croissance et de l’activité de reproduction. Si les conditions rede- viennent normales la symbiose polype-zooxanthelle est à nouveau possible. Par contre, si le stress Selon des études récentes (Burke et al., 2011), 90 % de l'ensemble des récifs coralliens mondiaux se- perdure, la mort partielle ou totale de la colonie sera assurée. Le développement de gazons algaux ront menacés d'extinction d'ici 2030. L'Homme est directement ou indirectement lié à l'état de santé traduit le caractère irréversible de la situation. L’augmentation de la température et du dioxyde de des écosystèmes récifaux. Ces menaces peuvent avoir différentes origines : une origine anthropique carbone dissous induit par l'augmentation de l'activité humaine, modifie les conditions de vie des ré- directe, mais aussi une origine naturelle (dont les évènements climatiques extrêmes, l’élévation de cifs coralliens (Hughes et al., 2003). En 2016, d’après Hughes et al. (2017) seulement 8,9 % des 1 156 la température et l’acidification des océans). L'impact des activités humaines joue sur l'intensité des récifs de la Grande Barriere de corail ont échappé à un blanchissement (figure 8). D’après Veron et al. menaces d'origine naturelle, notamment par l'accélération et l'augmentation des changements clima- (2009), d’ici 2030-2040 la quantité de CO2 présente dans les océans sera de 450 ppm, et entraînera tiques. une forte mortalité corallienne à l'échelle mondiale (figure 9 et 10). D’autres facteurs peuvent être responsables du blanchissement des coraux : la diminution de la salinité ou encore les taux de pollu- tion trop élevés. EXEMPLES DE DÉGRADATIONS D'ORIGINE ANTHROPIQUE Quelles en sont les conséquences ? Aménagement du territoire Quelles sont les menaces ? Dragage . . . . . . . . . destruction, dégradation paysagère, modification courantologique Urbanisation . . . . . hyper sédimentation, dégradation paysagère, imperméabilisation des sols Remblaiement . . destruction, hyper sédimentation, dégradation paysagère, ................ altération mécanique des habitats Rejets d’eaux usées Apport en éléments nutritifs . . prolifération d’algues, eutrophisation Produits chimiques . . . . . . . . . . . empoisonnement, bio-accumulation, bio-magnification Apport sédimentaire . . . . . . . . . . asphyxie et diminution de la photosynthèse Activités agricoles, industrielles et portuaires Figure 8 Extension du blanchissement corallien dans la Grande Barriere de corail (Australie) (d’après Hughes et al., Rejets . . . . . . . . . . . . . . . . . . dégradations variables en fonction du type de rejet 2017) Exploitation pétrolière . . . empoisonnement, bio-accumulation, bio-magnification Espèces exotiques . . . . . . raréfaction et disparition d'espèces, épizooties Activités liées à la mer Surexploitation des ressources . . . . . appauvrissement des stocks Mouillage des bateaux, piétinement altération mécanique des habitats Surfréquentation des plages . . . . . . . perturbation de la faune, crèmes solaires Extraction de coraux . . . . . . . . . . . . . . . altération mécanique des habitats Déchets ménagers Micro-plastiques . . . . . . . . . . . . . intoxication, bio-accumulation Produits chimiques . . . . . . . . . . empoisonnement, bio-accumulation, bio-magnification 20 Apport en éléments nutritifs . .prolifération d’algues, eutrophisation 21
LES RÉCIFS CORALLIENS LES RÉCIFS CORALLIENS Conséquences socio-économiques Nombreuses sont les populations côtières qui dépendent socio-économiquement de ces récifs (fi- gure 11), que ce soit pour le tourisme, la pêche ou encore la protection côtière. Le nombre de pays et de territoires qui dépendent significativement des récifs coralliens est estimé à 108 (Burke et al., 2011). Si les récifs viennent à disparaitre, c’est un milliard d’individus qui seront impactés directe- ment (Salvat et Rives, 2003). D’après Edwards et Gomez (2007), cela correspond à une perte écono- mique totale de 375 milliards de dollars par an. La perte en diversité corallienne, et plus largement la perte globale en biodiversité induite, pourrait engendrer des retombées économiques et sociétales catastrophiques pour les zones concernées. Prévisions de la fréquence de blanchissment d'après NOAA (en % par an) 0-10 21-30 41-50 61-70 81-90 petite moyenne haute très haute pas de récifs zone inhabitée 11-20 31-40 51-60 71-80 91-100 ayant des récifs Figure 9 Prévisions de la fréquence des futurs événements de blanchissement des coraux pour 2030 et 2050 (d’après Figure 11 Dépendance économique et sociale des populations côtières aux récifs coralliens : pêcheries, alimentation, Burke et al., 2011) tourisme, protection côtière (Burke et al., 2011). Quelles en sont les conséquences ? Quelles en sont les conséquences ? Figure 10 Trois scénarios selon l'augmentation du [CO2] atm et de la température. (Hœgh-Guldberg et al., 2007) Perte en biodiversité et en résilience La mort des récifs coralliens s'accompagne d’une perte nette de biodiversité. Les organismes qui lui sont associés vont soit disparaître, soit migrer vers des zones plus propices à leur développe- ment. Le retour à un équilibre dynamique normal se trouve compromis. Figure 12 Blanchissement corallien ©JBfotoblog|Getty images 22 23
LA TRANSPLANTATION é moye LES RÉCIFS CORALLIENS LES RÉCIFS CORALLIENS acit nn TECHNIQUES if c Ef e* Technique employée lorsque le site dégradé ne parvient pas à se 47,7 % rétablir naturellement (Abelson, 2006). Cette méthode consiste à prélever sur un site donneur (ou dans une pépinière) des D'INGÉNIERIE fragments de colonie et à les réimplanter dans un site receveur. Coût moyen** vement port ver nsplantatio élè s ans s ra Pr Tr 6 618 058,63 $ T n ur s it su site International/ha/an ÉCOLOGIQUE e receveur rs (± 28 517 285,9 ite rec donne d'écart type) ev ur eu r POUR LES RÉCIFS Avantages ➊ Une augmentation de la diversité biologique (Abelson, 2006). Techniques d'Ingénierie Écologique pour les récifs coralliens — La transplantation CORALLIENS ➋ Une augmentation immédiate du recouvre- ment corallien (Abelson, 2006). ➌ Une amélioration immédiate de l’esthétisme Techniques d'Ingénierie Écologique pour les récifs coralliens du site receveur (Abelson, 2006). Inconvénients Au cours des 20 dernières années, plusieurs techniques d’ingénierie écologique ➊ Une dégradation du site donneur (Abelson, pour les récifs coralliens ont vu le jour. Les techniques les plus couramment em- 2006). ployées sont définies dans la section suivante. Ces fiches s’accompagnent de ➋ Une fragilité des fragments lors de l’action de quelques exemples de projets réalisés à travers le monde. la houle (Abelson, 2006). ➌ Une diminution de la fécondité des indivi- dus due au stress de la transplantation (Abelson, 2006). ➍ Une main d’œuvre relativement conséquente page 25 La transplantation est nécessaire et les coûts associés peuvent être élevés (Gleason et al., 2001). page 26 L'électrodéposition page 27 Les pépinières de corail Boutures de coraux transportées par bateau ©Quod Jean-Pascal, “Bouturage coraux 2004 - La Réunion 1,” Documentation Ifrecor * moyenne des données disponibles pour une période de suivi de 3 ans et plus. Ces valeurs sont à prendre avec la plus grande prudence. Nous invitons le lecteur à se référer à la page 101 du guide. 24 ** Chiffres donnés à titre informatif. 25
L'ÉLECTRODÉPOSITION é moye LES PÉPINIÈRES DE CORAIL é moye LES RÉCIFS CORALLIENS LES RÉCIFS CORALLIENS acit nn acit nn if c if c Ef Ef e* e* L’électrodéposition est une technique d’accrétion minérale par 75,5 % La pépinière de corail est une technique employée pour l’éle- 86,2 % électrolyse de l’eau de mer. Les minéraux présents dans l’eau vage de larves ou de fragments de corail avant d’être transplan- précipitent sur un support métallique sous l’action d’un courant tés sur un site receveur. électrique. La croissance du squelette calcaire est alors favori- sée renforçant ainsi la fixation du corail sur le substrat (Sabater vement ge en pé splantatio Coût moyen élè eva ra n Coût moyen et Yap, 2002). Pr É l p T n de NA 51 665,96 $ ini su è larves ou f rs re il fragilisé rostimu rail renforc International/ha/an ec t ite rec ora l la o é ux C É C (± 74 315,19 ra tio d'écart type)) co n ev ra eu gm e nt s d e r Pépinière à cordes Pépinière à table Système de cordes attachées Les fragments de coraux sont sur le substrat à l’aide d’an- placés sur des cordes tendues, Avantages crages et suspendues par des rattachées à des barres angu- ➊ Permet l’élevage de frag- Techniques d'Ingénierie Écologique pour les récifs coralliens — Les pépinières de corail flotteurs, sur lesquelles sont laires, qui forment « une table » ments de coraux en grand Techniques d'Ingénierie Écologique pour les récifs coralliens — L'électrodéposition posés les fragments coralliens (Levy et al., 2010 ; Mbije et al., nombre (Levy et al., 2010). (Levy et al., 2010 ; Johnson et 2010) ➋ La culture contrôlée maxi- al., 2011) mise la survie et la productivité des fragments (Amar et Rinke- vich, 2007 ; Johnson et al., 2011). ➌ Facile à construire et peu coûteuse : utilisation possible de matériaux de récupérations (Levy et al., 2010 ; Mbjie et al., 2010). Exemple d'expérience réussi d'électrodéposition à Gili ➍ Multiplier les types de pé- Trawangan, Lombok, Indonésie (© Matthew Oldfield Pépinière à cordes Pépinière de table pinières sur un site permet de Photography) ©Coralrestoration.org ©coralreefcpr.org diminuer les risques de pertes (Johnson et al., 2011). Avantages ➊ Un corail solidement attaché consacre plus Pépinière à blocs Pépinière à cadres Inconvénients d’énergie pour réparer ses lésions et croître Les fragments de corail sont « Frame nursery » ➊ Un suivi régulier est né- (Sabater et Yap, 2002). insérés sur une dalle de ciment Les fragments de coraux sont cessaire : si les colonies sont ➋ Cette technique augmente les taux de survie ancrée dans le sédiment (John- déployés sur les structures en sur-développées il y a des et la résistance aux stress (Sabater et Yap, 2002 son et al., 2011). mailles métalliques, en plas- risques d’effondrement des ; Goreau, 2014). tique ou en PVC fixées au fond plateformes et un risque de par des ancrages. prolifération d’algues (Johnson Inconvénients et al., 2011). ➊ L’efficacité d’une électrodéposition est dé- ➋ Dans certaines pépinières à pendante de l’espèce stimulée. Par exemple, forte densité de boutures peu elle ne fonctionne pas sur Pocillopra damicornis diversifiées génétiquement, le Schéma de principe d'électrodéposition (© Biorock.net) (Schuhmacher et al., 2000). risque d'épizootie et de morta- ➋ L'installation doit être fréquemment contrôlée lité massive est accentué (Ladd pour éviter notamment des problèmes de vol- et al., 2016). tage (Goreau, 2014). ➌ La stimulation électrique peut favoriser une Pépinière à bloc espèce mais en inhiber une autre dans le même ©University of Miami RSMAS * moyenne des données disponibles temps (Goreau, 2014). pour une période de suivi de 3 ans et plus. Ces valeurs sont à prendre avec la plus grande prudence. Nous invitons * moyenne des données disponibles pour une période de suivi allant jusqu'à 2 ans. Pépinière à cadres le lecteur à se référer à la page 101 du 26 Ces valeurs sont à prendre avec la plus grande prudence. Nous invitons le lecteur à se référer à la page 101 du guide. ©Univearsity of Miami RSMAS guide. 27
LES RÉCIFS CORALLIENS FICHES PRATIQUES LES RÉCIFS CORALLIENS P. 30 - 31 Transplantation de corail en baie de Prony P. 32 - 33 Transplantation de corail dans le lagon de Faa'a P. 34 - 35 Transplantation de corail sur l'île de Mbudya P. 36 - 37 Transplantation de corail à balhaf (yemen sud) Fiches pratiques les récifs coralliens P. 38 - 39 Transplantation de corail dans la baie de Pointe à Pitre P. 40 - 41 Transplantation de coraux sur récifs artificiels « Sulu-Reef Prosthesis » (SRP) dans la baie Shark Fin P. 42 - 43 Pépinière de corail à Bolinao P. 44 - 45 Pépinière de corail à Zanzibar et sur l'île Mafia P. 46 - 47 Pépinière de corail à Diamant P. 48 - 49 Pépinière de corail à Caye à Dupont P. 50 - 51 Bouturage de corail au Yemen sud pour réimplantation sur un substrat vierge ©GabyBarathieu 29
COR n° 1 LES RÉCIFS CORALLIENS LES RÉCIFS CORALLIENS TRANSPLANTATION DE CORAIL EN BAIE DE PRONY Suivi environnemental Les résultats quatre ans et demi après : map-pin Nouvelle-Calédonie Il y a eu plusieurs journées de suivi : un premier 5% 3% 5% suivi d’une journée, un mois après la transplan- 5% 7% 13 % tation, puis une journée tous les 6 mois pendant Projet réalisé dans la baie de Prony en Nouvelle-Calédonie. La maîtrise d’ouvrage était assurée par la so- 5 ans. Soit un total de 10 journées de suivi en 5 ciété minière GORO Nickel et la maîtrise d’œuvre par Soproner-Ginger. ans. 90 % 90 % 83 % Il y a eu deux types de suivis différents : ➊ Des suivis simples, 1 fois/an en juillet-août Projet. . . . . . . . . . . . . . . . Compensation Portuaire de la baie de Prony Comprenant les mesures du taux de survie, la Site. . . . . . . . . . . . . . . . . . Baie de Prony mortalité, la croissance, l’entretien du site (net- Espèces. . . . . . . . . . . . . . > 13 espèces de coraux toyage, contrôle des prédateurs). site 1 site 2 site 3 Surface . . . . . . . . . . . . . . 2 000 m² ➋ Des suivis complets, 1 fois/an janv-fév Taux de réussite. . . . . . . > 80 % Comprenant l’évaluation de l’adaptation des vivant mortalité partielle mortalité Coût . . . . . . . . . . . . . . . . . 24.94 €/m² transplants dans leur nouvel environnement, Année. . . . . . . . . . . . . . . . Entre décembre 2005 et janvier 2006 l’évaluation de l’attachement des transplants, Figure 2 Taux de survie, mortalité partielle et morta- Baie de Prony Acteur terrain . . . . . . . . . sandrinejob@yahoo.fr l’évaluation de la colonisation, etc. lité (t+4,5 ans) 32 % Les causes de mortalité chez les coraux 28 % Objectif Technique transplantés peuvent être multiples : préda- 23 % tions naturelles, stress lié à la transplantation, Fiches pratiques les récifs coralliens — Transplantation de corail en baie de Prony Fiches pratiques les récifs coralliens — Transplantation de corail en baie de Prony 11 % Ce projet de réparation du Le prélèvement des coraux a été effectué en plongée sous-ma- compétition, maladies, conditions environne- 4% 5% biotope corallien a été réali- rine à l’aide de marteaux et de burins. Les colonies ont été rangées mentales, etc. En ce qui concerne la transplan- sé sur trois sites différents : par genre dans des caisses (afin d’éviter les interactions négatives tation de la baie de Prony, un faible taux de mor- site 1 site 2 site 3 ➊ site 1 : Montravel abrité entre organismes). Le transport des coraux s’est fait à l’air libre, talité a été observé. En effet, le taux de survie ➋ site 2 : Montravel exposé par bateau, car la distance aux sites receveurs était jugée suffi- des transplants était supérieur à 80 % pour les T=0 T=+4,5 ans ➌ site 3 : Casy samment courte (20-30 min). Un arrosage des coraux à l’eau de trois sites considérés (figure 2). Quant au taux Figure 3 Taux de recouvrement en corail vivant (t=0 mer a été réalisé en continu. La fixation des colonies s’est faite de recouvrement, voir figure 3, une augmenta- an et t+ 4.5 ans) Il s’agissait de compenser grâce à un ciment à prise rapide (12 h). Un total de 1762 colonies a tion de surface de 30 % en moyenne a été ob- les impacts d’un projet de été déplacé lors de ce projet. servée selon les sites. construction d’un port sur les Le choix des sites receveurs s’est fait selon différents paramètres : Bilan récifs coralliens. Soit un total physico-chimiques, substrat, etc. Ainsi, les sites retenus avaient NB : Ce taux de recouvrement comprend la de 2 000 m² de surface qui ont des conditions environnementales sensiblement différentes les croissance des transplants et la couverture na- En presque 5 ans de suivi, un succès global accueilli les transplants. uns des autres afin de pouvoir comparer la survie et l’adaptation turelle du site. de l’opération de transplantation est objecti- des transplants en fonction des différents paramètres environne- vement constaté, montrant une efficacité et mentaux. une pertinence dans ce choix de technique de transplantation. Site 3 Casy Taux de réussite (%) : > 80 % Durée de l'expérimentation (suivis compris) : 6 ans 18 % Site 1 Montravel Phase de la séquence E R C Figure 1 sites Site 2 abrité Montravel 47 % Type de mesure Restauration Réhabilitation Création par exposé C1 : création / renaturation de milieu es 35 % Po té Action visant à créer un habitat sur un site où il n'existait pas initialement ur an en pl c ta ns ge r a des c t olonies Les facteurs techniques d'influence du risque : Espèces déplacées > 13 Technique de prélèvement prélèvement de fragments de coraux Technique de fixation collage par ciment à prise rapide Collecte des coraux © Sandrine Job Arrosage des coraux © Sandrine Job Moyens de transport par bateau, rangé dans des caisses Temps de transport 20-30 min Coûts Le coût total était estimé à 49 873,42 € Book-Open Références Matériaux et matériels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 674,97 € Salaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 198,45 € ➊ Étude d’impact : Projet de Goro Nickel, Occupation du domaine public maritime- Baie de Kwé, 2013 Nouvelle-Calédonie. Total. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 873,42 € ➋ Rapport final : programme de reconstitution du biotope corallien en baie de Prony, Ginger-Soproner, 2011. 30 Total par m². . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24,94 €/m² ➌ Rapport de mission : programme de reconstitution du biotope corallien en baie de Prony, Ginger-Soproner, 2006. 31
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