La thermométrie RSCM: un outil pour la prospection minière? - Journée " mines en France "
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Journée « mines en France » Le jeudi 16 juin 2016 La thermométrie RSCM: un outil pour la prospection minière? Romain Augier, Thomas Poitrenaud, Cécile Gautier
La prospection minière L’exploration minière est une des plus anciennes activités humaines. Son but est de prévoir les sites susceptibles d’accueillir une concentration minérale. Une campagne d’exploration « moderne » et complète va souvent utiliser différentes méthodes complémentaires. Mineurs de la Grèce antique; Reproduction d’une plaquette en Terre cuite; Charles Daremberg et Edmond Saglio 2
La prospection minière > Méthodes géologiques (sélection des zones favorables) * Documentation (rapports, cartes géologiques, « archéologie minières ») * Prospection « au marteau » Pyrite/Quartz, Rapport annuel 2015 Variscan Mines; Carte de Quintin, Sagon (1976) 3
La prospection minière > Méthodes géochimiques (distributions élémentaires, isotopiques) Teneur en Au dans le sol; Rapport annuel 2015 Variscan Mines 4
La prospection minière > Méthodes géophysiques (fonction des propriétés physiques des terrains) * Conductivité/résistivité électrique * Densité * Susceptibilité magnétique * Radioactivité… Carte d’anomalies de propriétés électromagnétiques obtenues par VTEM; Rapport annuel 2015 Variscan Mines 5
La prospection minière > Forages (vérification des hypothèses, des géométries) Implantation des forages PAM2, 5 et 19 et exemple de carottes de forage; Rapport annuel 2015 Variscan Mines 6
D’autres méthodes? A part les gisements de ressources minérales liés aux bassins sédimentaires et aux roches résiduelles, une part très importante des gisements est associé au magmatisme ou à l’hydrothermalisme donc à de la chaleur. Ainsi, décrire précisément la géométrie d’un champs (fossile) de température peut conduire à contraindre la position et la géométrie du corps qui en est responsable. De quels outils dispose t-on? Lien roche intrusive et minéralisations dans le gisement de Salau (Ariège) 7
Comment reconstruire un champs de température? *Utilisation des minéraux du métamorphisme -Etude de la distribution des isogrades du métamorphisme Mise en évidence d’une série métamorphique continue du faciès schistes verts à l’anatexie. Carte du massif du Tanneron et détail d’association à Biotite-Staurolite-Kyanite; Rolland et al. (2008) 8
Comment reconstruire un champs de température? *Utilisation des minéraux du métamorphisme -Etude de la distribution des isogrades du métamorphisme -Méthodes thermo(baro)métriques (composition chimique des minéraux) Exemple de pseudosections; Delchini et al. (2016) 9
Comment reconstruire un champs de température? *Utilisation des minéraux du métamorphisme - Etude de la distribution des isogrades du métamorphisme - Méthodes thermo(baro)métriques (composition chimique des minéraux) - Cristallinité de l’illite Mise en évidence d’unité au grade métamorphique contrasté et des accidents qui les séparent. Coupe et carte d’un segment du prisme de Shimanto (Japon); Hara et Kimura, (2008) 10
Comment reconstruire un champs de température? *Utilisation des minéraux du métamorphisme - Etude de la distribution des isogrades du métamorphisme - Méthodes thermo(baro)métriques (composition chimique des minéraux) - Cristallinité de l’illite - Inclusions fluides - Méthodes basées sur l’évolution thermique de la MO Mise en évidence d’unité au grade métamorphique contrasté et des accidents qui les séparent. Coupe et carte d’un segment du prisme de Shimanto (Japon); Hara et Kimura, (2008) 11
Méthodes basées sur l’évolution thermique de la matière organique La matière organique (MO: CH4,CnH2nOn) est presque systématiquement présente dans les roches métamorphiques d’origine sédimentaire. Grès de plage: >0,1% Sédiments océaniques profonds: 0,1-0,4% Carbonates de plateforme: 0,2%-0,5% Argilites de plateforme: 1%-3% (5%-10%) Palynofaciès (Holocène); Pichevin (2002) Exemple des turbidites du prisme Shimanto (Japon); Raimbourg et al. (2014) 12
Evolution thermique de la matière organique La matière organique évolue dès les premiers stades d’enfouissement. La « diagenèse » précoce: Dégradations biochimiques et polymérisation de la MO Production des hydrocarbures; d’après Taoist et al., (1974) 13
Pourquoi la matière organique? La matière organique évolue dès les premiers stades d’enfouissement. La « diagenèse » précoce: Dégradations biochimiques et polymérisation de la MO La catagenèse: Dégradation thermique (craquage) et libération d’hydrocarbures d’abord lourds (liquides) puis de plus en plus légers (gazeux) Production des hydrocarbures; d’après Taoist et al., (1974) 14
Evolution thermique de la matière organique? La matière organique évolue dès les premiers stades d’enfouissement. La « diagenèse » précoce: Dégradations biochimiques et polymérisation de la MO La catagenèse: Dégradation thermique (craquage) et libération d’hydrocarbures d’abord lourds (liquides) puis de plus en plus légers (gazeux) La métagenèse: Ultime production de CH4 puis dégradation des hydrocarbures. Le « résidu » s’enrichit en C. Cette évolution peut être caractérisée par la pyrolyse Rock-Eval ou le pouvoir réflectif de la vitrinite. Production des hydrocarbures; d’après Taoist et al., (1974) 15
Une application minière du PR de la vitrinite La structure moléculaire de la matière organique peut-être appréciée par le pouvoir réflecteur de la vitrinite. Celui-ci est relié par une loi empirique à la température. Utilisation du PR de la vitrinite; Gautier et al. (1985) 16
Thermométrie « Raman Spectroscopy on Carbonaceous Material » Schéma structural HRTEM Avec l’augmentation des conditions métamorphiques, la matière carbonée va subir une « minéralisation» (carbonisation et graphitisation). Sa structure, désordonnée à bas grade s’organise progressivement avant l’agencement planaire des cycles aromatiques et l’expulsion des hétéroatomes. Le stade ultime de l’évolution correspond à l’acquisition de la structure « parfaite », tri- périodique du graphite. Evolution de l’allure des spectres de MO ; Beyssac et al. (2002) 17
Thermométrie « Raman Spectroscopy on Carbonaceous Material » Cette évolution de la « cristallinité » de la matière carbonée peut être également suivie par l’évolution de l’allure des spectres obtenus en spectroscopie Raman. Le spectre Raman est composé de la bande « G » correspondant à la structure du graphite et à des bandes de défaut de la structures cristalline; chaque bande correspondant donc à une vibration spécifique. Décomposition d’un spectre; Beyssac et al. (2002) 18
Thermométrie « Raman Spectroscopy on Carbonaceous Material » Cette évolution de la « cristallinité » de la matière carbonée peut être également suivie par l’évolution de l’allure des spectres obtenus en spectroscopie Raman. Le spectre Raman est composé de la bande « G » correspondant à la structure du graphite et à des bandes de défaut de la structures cristalline. Cette évolution univoque de l’allure des spectres (et donc de la structure de la MO) montre une corrélation nette avec la température. Décomposition d’un spectre; Beyssac et al. (2002) 19
Calibration et relation thermométrique Plusieurs géothermomètres empiriques permettent de remonter à des températures à partir de caractéristiques des spectres (aires, LAMH, position…). Pour Beyssac et al. (2002), le paramètre de quantification est un rapport d’aires (« R »). R = D1/(G+D1+D2) Le géothermomètre T(°C)= -445 R + 641 La calibration a été réalisée à partir de d’estimations P-T précises sur des séries métamorphiques « classiques » sur des roches méso-cénozoïques. Evolution de l’allure des spectres de MO ; Beyssac et al. (2002) 20
Un thermomètre pour les conditions du pic en température Les réactions sont irréversibles > Insensible à la rétromorphose > T. max. Les résultats (estimations T ou P-T) accumulés depuis plus de dix ans confirment que les T. max. (RSCM) correspondent bien au pic T. Croisement de différentes techniques thermobarométriaues; Plunder et al. (2012) 21
Une gamme d’utilisation qui couvre une grande partie des conditions de température de la croute La calibration de Beyssac et al. (2002) permet de calculer des températures dans l’intervalle 330°-641°C. Plus récemment, Lahfid et al. (2007) ont réalisé une autre calibration pour les « basses températures » dans l’intervalle 200-330°C. Incertitudes absolues sur la calibration : ± 50°C et ± 30°C, respectivement. Incertitude relative sur une série d’échantillons : 10-15°C Articulation des calibrations; Bellanger (2014) 22
Le matériel et les conditions analytiques L’échantillonnage est une étape cruciale: Les échantillons doivent contenir de la matière organique! Les échantillons sont coupés dans le plan structural pour réaliser des lames minces polies d’une épaisseur de 30µm. L’analyse est ponctuelle, in-situ (résolution spatiale 1µm). Les mesures s’effectuent avec des puissances LASER faibles (> 1mW) pour éviter toute graphitisation in-situ. 23
Le matériel Mesures sous un minéral transparent pour éviter tout artéfact de préparation (polissage): impossible donc de travailler sur des échantillons non-polis. Méthode statistique: 15-20 mesures (spectres) ca. 1h-1h30 par échantillon. 600 500 400 300 435 ± 21°C 200 100 0 0 10 20 30 614 ± 13°C 600 500 400 300 451 ± 19°C 200 100 0 0 5 10 15 20 25 Effets de la préparation des lames minces ; Beyssac et al. (2003)
Parmi les applications « classiques »… Un outil puissant pour des séries monotones dépourvues de minéraux index. Cette étude apporte les premières estimations quantitatives du grade métamorphique des unités accrétées dans le prisme orogénique de Taiwan. Beyssac et al. (2007) 25
Parmi les applications « classiques »… Des contraintes sur la structures thermiques au sein des unités et sur l’existence/l’importance de contacts tectoniques Cette étude apporte les premières contrainte sur la structure thermique d’un dôme métamorphique. Le saut de température de part et d’autre d’une zone déformée est interprété comme le décalage le long d’une zone de cisaillement. Beaudoin et al. (2015) 26
Application au gisement à W/Au de Salau (Ariège) La zone d’étude se situe dans la zone axiale Paléozoïque des Pyrénées. Deux intrusions principales et de plus petits corps intrusifs ont été cartographiés. 27
Application au gisement à W/Au de Salau (Ariège) Les intrusions principales sont ceinturées d’auréoles de contact montrant une disposition assez complexe des isogrades de métamorphisme suggérant la présence de corps cachés. Les indices de surface à W/Au sont tous localisés dans les auréoles proximales. Indice d’Aurenere (exploré en 1985) W et Au (jusqu’à 33g/t). Gisement de Salau Autres indices à W/Au. (exploité de 1971 à 1986) 13500 de W*. Est-ce que l’application de la thermométrie RSCM peut permettre 28 d’identifier des cibles précises pour l’exploration?
Application au gisement à W/Au de Salau (Ariège) 80 échantillons ont été prélevés sur la zone d’étude et 40 sur une grande coupe de 60 km afin de caractériser le « fond » qui montrent sur zone des valeurs > à 370°C. 29
Application au gisement à W/Au de Salau (Ariège) Les anomalies locales de température (atteignant plus de 630°C) excèdent ainsi le fond de plus de 150 voire 250°C! Ceci est vrai tant au voisinage d’intrusions affleurantes que dans des zones où les intrusions ne sont pas reconnues en surface. 30
Application au gisement à W/Au de Salau (Ariège) De plus, ces anomalies en température viennent se superposer aux anomalies gravimétriques négatives signant la présence de corps cachés de « faibles » densités. 31
Application au gisement à W/Au de Salau (Ariège) La thermométrie RSCM semble un outil parfaitement adaptée à la prospection minière des skarns (proximaux) en lien étroit avec des intrusions. L’application de cette méthode permet, dans le cas du gisement de Salau de contraindre des zones précises où focaliser la prospection avec des moyens adaptés (forages). Les résultats corroborent ainsi les suspicions d’intrusions cachées en cernant des « points chauds ». Les perspectives à cours terme sont de poursuivre ce travail thermométrique afin de « fermer » les anomalies. A plus long terme, l’idée est d’inverser les données (une résolution unique) afin de contraindre au mieux les modèles de diffusion de la chaleur. Schéma conceptuel sur l’extension en profondeur des 32 intrusions; Michard et Bouquet (1986)
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