La Tunisie après le 11 septembre

 
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La Tunisie après le
                 11 septembre
                               Olfa Lamloum

         A première vue, tout porte à croire qu’à l’instar de la
         guerre «tiersmondiale»1 du Golfe, la Guerre contre
         l’Afghanistan, dix ans plus tard, va à nouveau renforcer
         le régime de Ben Ali et légitimer ses institutions sécuri-
         taires. Plusieurs acteurs de l’opposition tunisienne l’ont
         déjà souligné, et certains articles de la presse étrangère
         ont abondé dans ce sens. Or, même si une telle éventua-
         lité demeure du domaine du possible, elle semble plutôt
         incertaine.

 L
        e nouveau conflit est si différent eu égard aux conditions inté-
        rieures et régionales dans lesquelles il intervient qu’il n’offre
        pas au régime tunisien les mêmes opportunités que la guerre
contre l’Irak.

Pourtant Ben Ali tente d’en profiter…

  Dès l’annonce des attentats du 11 septembre, le régime de Ben Ali a
exprimé son soutien inconditionnel à la première puissance mondiale
et sa détermination à servir sa cause2. A l’instar du président égyptien
Moubarak et du président algérien Bouteflika, Ben Ali s’est empressé
de rappeler la pertinence de ses analyses antérieures en matière de
«terrorisme» et la justesse des mises en garde qu’il avait lancées au
monde au sujet de l’internationale islamiste. Le message se voulait
clair : le régime tunisien voyait confirmé le bien-fondé de sa décision
d’exclure Ennahda du champ politique et de prémunir le pays contre
«le terrorisme islamiste».
  Certes, le consensus post-11 septembre sur la criminalisation de l’is-
lamisme offre à tous les régimes arabes en guerre plus ou moins
larvée contre leur opposition islamiste l’occasion de légitimer son

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exclusion3. Le déploiement militaire américain et le renforcement des
politiques sécuritaires en Europe et aux Etats-Unis confortent ces poli-
tiques répressives. Il va sans dire également que ce nouveau contexte
redynamise les diverses instances de coordination sécuritaires bilaté-
rales et multilatérales4. Il réhabilite dès lors la fonctionnalité des appa-
reils de coercition des régimes autoritaires de la région. C’est ainsi que
le régime tunisien restaure des relations apparemment harmonieuses
avec le gouvernement français, participant à une réunion des
ministres des Affaires étrangères des onze pays du Forum méditerra-
néen5. Il peut même désormais se prévaloir de la visite officielle du
président Chirac, qui n’a pas économisé ses efforts pour louer «l’éton-
nant succès économique et social enregistré par la Tunisie depuis 14 ans, sous
l’impulsion du président Ben Ali» et saluer «la lutte contre le terrorisme» et
l’intégrisme qui est «une conviction profonde chez le président Ben Ali».
   Pourtant, le 11 septembre n’a provoqué ni changement de cap dans
la politique tunisienne de la France, ni durcissement de la politique
répressive du régime tunisien. En effet d’un côté, l’Etat français,
hormis quelques manifestations très discrètes de sympathie envers
certains opposants, répondant à des mobilisations des associations de
défense des droits de l’homme, n’a jamais ostensiblement marqué de
désaveu du régime de Ben Ali. D’ores et déjà polarisée par la pers-
pective de l’élection présidentielle française, la visite de Chirac en
Tunisie répond davantage à un souci de politique intérieure qu’à une
volonté délibérée de reconsidérer le rôle de la Tunisie dans la nouvelle
conjoncture.
   D’un autre côté, la série d’actes d’intimidation dont ont été victimes
des opposants et des activistes des droits de l’homme en Tunisie
depuis les attentats du 11 septembre s’inscrit parfaitement dans la
politique habituelle du pouvoir6. Aussi un durcissement significatif de
l’option sécuritaire semble-t-il difficile dans un pays où l’omnipré-
sence de l’appareil sécuritaire est déjà sans commune mesure avec la
conflictualité sociale et politique réelle.
   Il est néanmoins évident que le nouveau contexte international a
permis au régime de rompre avec la prudence qu’il affichait au sujet
d’un nouveau mandat présidentiel. C’est ainsi qu’on assiste depuis le
11 septembre à des manœuvres en fanfare, visant à faire passer la
candidature, pour l’instant inconstitutionnelle, de Ben Ali à l’élection
présidentielle de 20047. Jusqu’à cette date, le régime, soucieux de la
détérioration de son image, était assez prudent. Il semblait hésitant
quant à la meilleure façon de faire accepter une dérogation à une

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disposition constitutionnelle adoptée en 1987 pour supprimer la
possibilité d’une présidence à vie, qui a constitué naguère un de ses
actes fondateurs. Or, aussi bien le malaise initial que la mise en scène
risible de la présentation de la candidature aujourd’hui traduisent la
fragilité d’un régime de moins en moins capable de susciter la mobi-
lisation et l’adhésion8.
  Ce régime, à force de vouloir restreindre la sphère politique, s’est
pris à son propre piège en se privant de tout dispositif d’activation de
l’adhésion des Tunisiens. Aussi la précipitation avec laquelle, à trois
ans de l’échéance électorale présidentielle, il s’efforce de se servir de
la guerre contre les talibans pour faire passer une candidature sans le
moindre fondement constitutionnel met-elle à nu l’absence de toute
«domination charismatique» de Ben Ali, et cette nécessité de faire feu
de tout bois révèle les tactiques de court terme auquel est réduit le
pouvoir tunisien. La «réforme constitutionnelle fondamentale» annoncée
par le président lors de son discours du 7 novembre 2001, et supposée
consacrer le pluralisme et les droits de l’homme, ne suscite évidem-
ment aucun espoir. Il s’agit de l’arbre qui tente de cacher la forêt… de
l’amendement de l’article 39 en vue d’un nouveau mandat présiden-
tiel. D’ailleurs le silence gêné maintenu pour l’instant par Ben Ali sur
sa candidature et son insistance sur le nécessaire maintien de l'âge
maximum d'éligibilité (70 ans) du président de la République suggè-
rent une promesse implicite de quitter le pouvoir de son vivant9.
  Par delà l’aspect burlesque d’une candidature anti-constitutionnelle
plébiscitée par le pouvoir et non encore assumée par Ben Ali, la situa-
tion confirme l’incapacité du régime à résoudre ses deux problèmes
les plus épineux. Il s’agit d’abord de la nécessité de redorer son image
auprès d’une opinion internationale qui ne croit qu’à moitié à l’image
de la Tunisie telle qu’elle est vendue par les affiches de l’Office de
tourisme tunisien, et surtout de se donner les moyens d’une refonda-
tion de sa légitimité et de son hégémonie sur la société tunisienne.
  L’illustration la plus notable de ces deux problèmes est sans doute
l’affaire de l’ancien proche collaborateur de Ben Ali, l’homme d’af-
faires Kamel Ltaïef, et l’intérêt certain qu’elle a suscité dans la presse
internationale. La dénonciation publique de la corruption, la mise en
cause nominative de responsables du ministère de l’Intérieur par cet
ancien bras droit de Ben Ali, loin de constituer un mea culpa tardif,
traduisent une réactivation, dans la perspective de 2004, de certains
secteurs du champ politico-financier plus ou moins en rupture de ban
avec le pouvoir. Son arrestation le 4 novembre, puis sa libération et les

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reports successifs de son procès participent des conflits sous-jacents à
la «privatisation de l’Etat» et de la fragilité du régime. Certes ce
dernier n’est pas au bord du précipice. Il est loin de craindre une
opposition qui, tout en connaissant un certain regain d’activité,
demeure à court de projet global et sans capacités mobilisatrices.
   Cependant, l’affaire Kamel Ltaïef et la promesse du président d’une
réforme constitutionnelle pointent les contours d’une nouvelle négo-
ciation politique. Elles témoignent de l’existence de tentatives, même
encore très velléitaires, afin d’inciter à l’émergence d’un nouveau
compromis à même de reconduire le régime actuel en donnant plus de
légitimité à un nouveau mandat de Ben Ali, moyennant la mise en
place de nouvelles alliances ou l’extension de celles qui existent déjà.
   Les marges de ce «compromis» s’annoncent d’ores et déjà très
étroites. En témoignent les menaces à peine cachées, évoquées récem-
ment par le quotidien officiel La Presse, à l’égard de certains députés
de l’opposition qui s’étaient permis quelques critiques très mesurées10.
Néanmoins, l’aboutissement de ces gesticulations et l’évolution de la
situation dans le pays dépendra en partie du contexte social. Le
congrès de la centrale syndicale (l’UGTT) qui s’est tenu le 20 décembre
2001 en constitue une étape et un signe important.
   L’usure actuelle du régime de Ben Ali contraste avec sa situation lors
de la guerre du Golfe. A l’époque, ce dernier n’avait que quatre ans
d’existence. La destitution d’un Habib Bourguiba de plus en plus
sénile, sur un fond de guerre de clans de plus en plus intenses, était
encore très présente dans les esprits. L’état de grâce que lui avait
procuré le «coup d’Etat médical» avait permis au nouveau président
d’asseoir son hégémonie. Il avait de surcroît réussi à gagner le soutien
des islamistes et de la majeure partie de l’opposition démocratique.
Son positionnement nuancé quant à l’intervention militaire contre
l’Irak lui avait offert l’occasion de canaliser les mobilisations de la rue
et d’apparaître, en quelque sorte, en phase avec ses aspirations.
   Tous ces éléments avaient procuré à Ben Ali des ressources inesti-
mables pour progressivement non pas lancer la «transition démocra-
tique» mais poursuivre la déconstruction du compromis social de
type populiste sur lequel reposait l’Etat bourguibien. Il avait pu ainsi
accélérer un processus qui était déjà à l’œuvre en Tunisie depuis l’ap-
plication du PAS en 1986, celui de la remise en cause de la fonction
social de l’Etat. Cette évolution s’est opérée grâce, entre autres, à la
récupération et à la domestication de tous les espaces de contre-
pouvoir dans le pays. Le champ politique en subira rapidement les

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conséquences. L’alibi idéologique sera la lutte contre l’islamisme, qui
autorisera le régime à opter pour une régulation quasi-exclusivement
répressive des conflits. Le moyen sera un appareil policier hypertro-
phié. Pourtant cette option ne nuira point à l’image du pouvoir,
d’abord parce qu’il s’agit d’une tendance lourde, participant d’une
configuration internationale régissant le déploiement de la logique
néolibérale dans son ensemble (comme l’atteste la montée générale
des taux d’incarcération dans les pays occidentaux), ensuite parce que
le contexte régional apportera légitimité et crédibilité à la criminalisa-
tion de l’islamisme. L’évolution de la situation chez le voisin algérien
à partir de 1992 n’a-t-elle pas fait apparaître le régime de Ben Ali
comme non seulement un pôle de stabilité mais aussi une base arrière
potentielle dans l’endiguement de la crise algérienne ?
  Assurément cette situation est aujourd’hui difficilement reproduc-
tible. Le pouvoir de Ben Ali manifeste des signes d’essoufflement. Il
semble en mal de légitimité discursive, à court de ressources symbo-
liques et de surcroît affaibli au niveau de son institution centrale : la
présidence11. Dès lors rebondir sans rien changer ne semble guère une
entreprise facile. Qui plus est, le voisin algérien ne constitue plus la
couverture idéale pour une politique de tout-sécuritaire. De même, la
présence à maintes reprises signalée par la presse étrangère de
Tunisiens dans le réseau Al-Qaïda et l’implication présumée d’un
Tunisien dans l’assassinat de Massoud vient rappeler que le régime de
Ben Ali a certes réussi à déstabiliser Ennahda, mais n’a peut-être pas
réussi à éradiquer toute opposition islamiste.

La guerre contre l’Afghanistan n’est pas la guerre contre l’Irak

  Le nouveau contexte régional est également différent du fait que
l’Afghanistan n’est tout banalement pas l’Irak. D’abord l’Afghanistan
n’est pas l’Irak dans le processus d’identification des Arabes en
général et des Tunisiens en particulier à la victime de la nouvelle
«croisade américaine». Contrairement à la guerre du Golfe, le bombar-
dement de civils afghans et la chute des talibans ne suscitent pas de
mouvement de sympathie active au Maghreb en général et en Tunisie
en particulier12. Le régime a beau promettre de l’aide aux civils
afghans par le biais de la Croix rouge tunisienne, il a beau se distan-
cier par rapport à la gestion américaine de la «guerre contre le terro-
risme», l’impact de ce positionnement sur les Tunisiens n’est pas le
même que lors de la guerre du Golfe. De même le désenchantement et

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la passivité de larges franges de la société civile qui, à l’issue de la
défaite irakienne, avaient consolidé le pouvoir de Ben Ali, n’on pas
lieu d’être aujourd’hui.
  Mais l’Afghanistan n’est pas l’Irak non plus du point de vue du rôle
que pourraient jouer les régimes arabes en général, et le tunisien en
particulier, dans le soutien et la légitimation de la politique améri-
caine. Assurément, ce nouveau conflit vient marginaliser les régimes
arabes et à leur tête l’Arabie saoudite, aujourd’hui moins indispen-
sables au côté des Etats-Unis qu’ils ne l’étaient en 1991-1992.
  Cette donne autorise la double distanciation manifeste depuis les
attentats du 11 septembre, celle des Etats-Unis par rapport à certains
régimes arabes et celle de ces mêmes régimes par rapport à la poli-
tique étatsunienne. Aussi le déploiement «unilatéraliste» des Etats-
Unis dans ce conflit marginalise-t-il le rôle de puissances comme la
France et par ricochet celui de sa traditionnelle «chasse gardée», le
Maghreb. Ainsi le régime de Ben Ali ne semble peser ni de près ni de
loin sur ce conflit. Dès lors les dividendes qu’il avait recueillis en 1992
semblent inexistants à court et moyen terme aujourd’hui.
  Or, même si ce conflit ne se vit pas comme une énième agression de
l’Occident et des Etats-Unis contre la «nation arabe», il est cependant
vécu, certes d’une manière inégale voire diffuse, comme une «guerre
de religions» et de «civilisations» dans la région. Cette thématique
semble être la toile de fond de la perception régionale de ce conflit13 et
le vecteur du sentiment anti-américain qui s’y renforce. C’est
d’ailleurs ce dernier qui justife la prudence de la déclaration finale des
ministres des Affaires étrangères de l’Organisation de la conférence
islamique (OCI)14 et constitue une des explications de l’enthousiasme
fort tempéré des régimes arabes face à l’option américaine1.
Paradoxalement, bien que le nouveau conflit ne touche pas un pays
arabe - provoquant par là même une forte identification avec sa popu-
lation -, il réactive l’anti-américanisme sur une base identitaire et reli-
gieuse. Il prédispose de la sorte objectivement les courants de l’Islam
politique à en capitaliser les résultats. Car au-delà du thème en vogue
sur «l’échec de l’islamisme», le nouveau contexte international vient
rappeler la fascination que continue d’exercer encore l’utopie isla-
miste et la force de l’identification religieuse dans une région où la
question nationale demeure entièrement posée. En témoignent la
prudence, d’ailleurs, affichée par la presse arabe officieuse — y
compris Al-Ahram — dans sa qualification de Ousamma Ben Laden et
ses doutes affirmés maintes fois quant à sa culpabilité. Contrairement

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à l’annexion du Koweït en 1991 par le régime de Saddam qui tentait
de ressusciter un Baath en profonde crise et sans relais régionaux, les
attentats du 11 septembre, en s’attaquant directement aux Etats-Unis
sur leur sol, confortent l’idée selon laquelle l’islamisme est l’une sinon
la principale des forces de contestation de la pax americana.
  Par-delà la montée du sentiment anti-américain et du renforcement
de la perception religieuse du conflit dans la région arabe, le trait
majeur de la nouvelle situation est la fragilisation de l’ordre arabe issu
de la fin des années 7016. Son expression la plus remarquée est la
vulnérabilité apparente de sa clé de voûte : l’Arabie saoudite. Cette
monarchie semble de plus en plus contestée par son opposition isla-
miste, traversée par des luttes de pouvoir et conduite par conséquent
à afficher moins de docilité vis-à-vis des Etats-Unis. En témoignent les
récents articles de la presse américaine très critiques à l’égard des Al-
Saoud, provenant même du Wall Street Journal, traditionnellement peu
enclin à ce type d’exercice17. L’évolution de la situation au Moyen-
Orient vient renforcer les éléments d’instabilité dans la région et
éclipser l’illusion d’un règlement qu’avaient laissé planer les accords
d’Oslo au lendemain de la fin de la guerre du Golfe.
  L’avenir du régime tunisien ne pourra se soustraire à cet environne-
ment regorgeant d’incertitudes. Car l’après-11 septembre, sans mettre
à l’ordre du jour l’hypothèse démocratique dans la région arabe,
semble y rendre l’immobilisme des 30 dernières années de moins en
moins tenable.

Olfa Lamloum

Notes :
1. Expression utilisée par André Gunder Frank, ce jeu de mot percutant signifie à la fois «troi-
sième guerre mondiale» et «guerre du tiers monde». Voir G. Frank. «La guerre «tiersmon-
diale»: économie politique de la guerre du Golfe et du nouvel ordre mondial». in S. Gaber (sous
la dir.). Bush Imperator : Guerre du Golfe et nouvel ordre mondial. Paris. La Brèche,
1993.
2. Le 11 septembre, Ben Ali a envoyé un message de soutien écrit au président G.W. Bush. Le
13, une délégation composée de Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, de M. Abdelaziz
Ben Dhia, ministre d'Etat, conseiller spécial auprès du Président de la République, et de Sadok
Fayala, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères chargé des Affaires magh-
rébines et africaines, s'est rendue à l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique à Tunis pour
présenter de nouveau les condoléances de la Tunisie à l'Amérique.
3. L’agence officielle tunisienne de presse a consacré une dépêche (5/12/2001) au livre de
Roland Jacquard qui selon elle vient confirmer la thèse tunisienne quant à l’implication de R.
Ghannouchi dans des actes terroristes.
4. A titre d’exemple le ministre des Affaires étrangères tunisien a participé à Bucarest, les 3 et
4 décembre, à la 9ème session du Conseil des ministres des pays de l’organisation pour la sécu-
rité et la coopération en Europe consacré à l’examen du phénomène du terrorisme interna-
tional.

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5. Le Forum méditerranéen, émanation du Forum euro-méditerranéen qui regroupe 27 pays,
a été créé en 1994 et comprend l'Algérie, l'Egypte, la France, la Grèce, l'Italie, Malte, le
Maroc, le Portugal, l'Espagne, la Tunisie et la Turquie.
6. Cf. les communiqués du Comité international de solidarité pour les prisonniers politiques
en Tunisie (Londres, 19 septembre) ; du Comité pour le respect des libertés et des droits de
l’homme en Tunisie (Paris, 3 octobre 2001) ; de Vérité action (Genève, 15 octobre 2001) ; du
Conseil national pour les libertés en Tunisie (Tunis, 19 octobre 2001) et de la LTDH (Tunis, 24
octobre 2001).
7. Dès le 27 septembre, le Rassemblement constitutionnel démocratique (le parti au pouvoir,
RCD) a appelé Ben Ali à un quatrième mandat en réalité anti-constitutionnel. Dès lors, un flot
d’appuis à cette candidature émanant de simples citoyens, de journalistes, de doyens des
universités, d’associations professionnelles et établissements financiers ou commerciaux, a
envahi les colonnes des journaux progouvernementaux. Le Bureau Politique élargi d’un petit
parti de «l’opposition» légale a d’ores et déjà présenté la candidature de son président aux élec-
tions présidentielles de 2004. Ce dernier a tenu à affirmer : «Je me présente avec le prési-
dent Ben Ali, pas contre lui».
8. «Pourquoi changer une équipe qui gagne ?» tel est le mot d’ordre que semble avoir
trouvé le régime pour justifier sa reconduction.
9. Cf. S. Khiari. La «réforme constitutionnelle fondamentale: la forêt qui cache l’arbre». in
Alternatives citoyennes, n°5, novembre 2001.
10. Cf. «Le Beurre et l’argent du beurre», La Presse, 8 décembre 2001.
11. Il suffit de rappeler la mise en scène des festivités du 7 novembre 2001 et le discours prési-
dentiel dans lequel Ben Ali a déclaré être «profondément impressionné et touché» par «les
expressions de fidélité que des Tunisiennes et des Tunisiens, toutes sensibilités et caté-
gories confondues, [lui] ont manifestées tout au long de la période écoulée, et dans
l'appel qu'ils [lui] ont lancé pour qu'[il] continue d'assumer les hautes charges du
pays», en annonçant son intention «de présenter un projet de réforme constitutionnelle
fondamentale» pour, a-t-il dit, «préparer la voie à la République de demain».
12. Il suffit de voir le traitement de la presse arabe de ces événements pour s’en rendre compte.
13. Une étude que nous avons menée sur quatre pays arabes (Algérie, Maroc, Egypte et Liban)
à partir de trois organes de presse dans chaque pays nous confirme dans nos propos.
14. Réunis à la mi - ? ? à Doha.
15. «Les Etats-Unis tentent de mobiliser le monde entier dans une coalition pour
combattre le terrorisme. L’Egypte et les autres pays arabes qui craignent les répercus-
sions négatives d’une telle opération plaident pour une solution sous l’égide de l’ONU.
Et surtout pour une nouvelle politique américaine au Proche-Orient» plaide Al-Ahram
Hebdo, 19-25 septembre 2001.
16. A l’issue des accords de Camp David et de la répression des émeutes de la Mecque.
17. Une série d’article dans le Wall Street Journal n’a pas ménagé ce pays.

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