Lagos, plus grande ville du continent africain - L1 Espaces et dynamiques urbaines - TD6 Aude Le Gallou, Marion Magnan et Emilie Viney Sorbonne ...
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Lagos, plus grande ville du continent africain L1 Espaces et dynamiques urbaines – TD6 Aude Le Gallou, Marion Magnan et Emilie Viney Sorbonne Université 2019/2020
Question n°1. Quelles sont les principales données chiffrées utilisées dans le document n°1 pour présenter la ville de Lagos ? A partir de ces données et de vos connaissances, quels termes géographiques pouvez-vous utiliser pour définir cette ville et ses évolutions ? Vous synthétisez vos réponses dans le tableau ci-dessous.
Données chiffrées Vous proposez des termes géographiques pour définir Lagos et ses évolutions • 17 à 22m d’habitants Lagos est une mégapole (ou mégacity), c’est-à-dire une ville très peuplée, de plus de • 115 km d’E. en O. et 55 10 millions d’habitants. Il y a aujourd’hui dans le monde 31 mégapoles (source : ONU). km du N. au S. Lagos connaît un processus de croissance urbaine. • +800 000 hab/an • 1200 hab/ ha La ville se caractérise par des densités de population et de bâti élevées. • Plus gros PIB d’Afrique On peut en déduire que Lagos est également une métropole à l’échelle nationale, voire de l’Afrique de l’Ouest, c’est-à-dire une ville accueillant des activités économiques de commandement (sièges d’entreprises ; banques par exemple). • 12m d’hab. dans les La population vivant à Lagos se caractérise par de fortes inégalités sociales, soit une slums répartition très déséquilibrée des richesses entre l’élite et le reste de la population. • 10 000 millionnaires Ces inégalités donnent lieu à une segmentation socio-spatiale (ou fragmentation • 70% des hab. vit dans urbaine) : le territoire urbain est composé de morceaux de villes. Certains sont des quartiers précaires occupés par des populations riches, d’autres par des populations pauvres. Ces différences se traduisent aussi dans le bâti, les activités économiques présentes, etc. 78% de l’Etat de Lagos : Lagos s’est construite autour d’une lagune, c’est-à-dire une étendue d'eau salée zones humides formant un étang séparé de la mer par un cordon littoral. C’est un environnement fragile et peu propice à l’urbanisation.
Rappel Une mégalopole est une très grande ville (plus de 10 millions d’habitants). Une métropole est une ville qui concentre des fonctions économiques de commandement (banques ; sièges sociaux). On distingue des métropoles de rang mondial, régional ou national. Certaines mégalopoles ne sont pas des métropoles de rang mondial. Ex : Karachi au Bangladesh ; Lagos au Nigéria. Réalisation : Les Ateliers cartographiques de Sciences Po.
Rappel (suite) Certaines métropoles de rang mondial ne sont pas des mégalopoles. Ex : Cologne-Dusseldorf.
La carte représente une partie de l’Etat de Lagos (villes, réseau hydrographique, et réseaux de transport notamment). Sur ce fond de carte, 2 informations ont été ajoutées : les zones marécageuses et l’évolution (en 5 périodes) de la tache urbaine de la ville de Lagos entre 1900 et 2014. La carte a été réalisée par le groupe Huit (ce n’est pas indiqué dans l’extrait), qui est un bureau d’étude. La date de réalisation de la carte n’est pas indiquée. On peut supposer qu’elle a été faite en 2015 ou 2016. La carte montre premièrement que l’espace urbanisé s’est considérablement accru depuis 1900, avec une accélération depuis les années 2000. On observe que la ville de Lagos était localisée au Sud de la lagune au début du 20ème s., essentiellement à l’Est du bras de mer qui la relie à l’océan (nommé Lagos Island). L’urbanisation s’est faite ensuite selon 3 directions : • Principalement, elle s’est faite en suivant un axe Sud - Nord, c’est-à-dire vers l’intérieur du continent, sur 100 km environ. Les zones les plus récemment urbanisées sont celles qui sont les plus éloignées du pôle urbain historique. • On observe aussi un déploiement des zones urbanisées vers l’Ouest et vers l’Est, sur environ 50 km dans les 2 directions.
La carte montre par ailleurs que l’urbanisation s’est faite en partie dans les zones marécageuses, nombreuses sur ce territoire. L’urbanisation en zone marécageuse est récente pour la majorité des zones concernées (début des années 2000). L’analyse de cette carte permet d’appuyer plusieurs constats faits par les auteurs du texte : •La forte croissance démographique de la ville et la rareté du foncier expliquent l’urbanisation s’étende en zones marécageuses, bien que celles-ci ne soient pas propices à la construction. Ces espaces sont habités par des populations récemment arrivées à Lagos (exode rural) et des populations pauvres. •La puissance publique encadre peu l’urbanisation, d’où son développement en zones marécageuses. L’urbanisation se fait essentiellement sous forme d’habitats informels et précaires. •La croissance de l’urbanisation, en cordons, fait que les distances à parcourir pour se déplacer au sein de la ville peuvent être importantes, ce qui pose la question du fonctionnement des systèmes de transport.
Question n°3. D’après vous, quels sont les « risques sociaux, politiques et environnementaux » évoqués dans le document n°1 (1er paragraphe) ? Pour répondre à cette question, vous listez les termes négatifs et péjoratifs utilisés par les auteurs pour qualifier Lagos.
Pour les auteurs du texte, le fait que l’urbanisation prenne majoritairement la forme de quartiers précaires, dont certains se situent en zone marécageuse, génère 3 types de risques : 1) Risques sociaux : • Les habitants des quartiers précaires n’ont pas accès aux équipements de base comme l’eau courante ; l’évacuation des eaux usées ; l’électricité et l’éclairage public ; les services publics (écoles ; centres de santé ; transport en commun ; etc.). • Cela entretient leur précarité économique. • Cela génère aussi des risques sanitaires (maladies ; épidémies). 2) Risques politiques : • La fragmentation urbaine peut générer ou accroitre des tensions, voire des conflits, au sein de la société. • L’absence d’investissement de la puissance publique dans les espaces récemment urbanisés peut nourrir une défiance vis-à-vis du pouvoir politique (local ou national). • Elle peut aussi favoriser la criminalité.
3) Risques environnementaux : • L’absence de systèmes d’évacuation des eaux usées et de ramassage des déchets entraîne une dégradation de l’environnement. • L’extension de l’urbanisation, en zones marécageuses notamment, fragilise le milieu lagunaire (ex : disparition de forêts). • Elle accroît les risques d’inondation. Le texte de G. Josse et M. Salmon comprend plusieurs termes péjoratifs, dont : • « urbanisation démesurée », « monstre urbain », « étalement urbain stupéfiant » : par l’utilisation de ces termes, les auteurs laissent entendre que l’ampleur du phénomène d’urbanisation que connaît Lagos serait contre-nature. Quelque soit les investissements que pourrait réaliser la puissance publique, cette urbanisation serait néfaste. • « Lagos la mégalo » : titre d’un article de S. Bouillon paru dans Libération en 2014. L’utilisation de ce terme dans le texte, laisse entendre que la ville de Lagos surestime son attractivité économique.
Question n°4. Relier chacune des notions ci-dessous à sa définition.
Urbanisation Transformation d'un peuplement rural en un peuplement urbain par l’augmentation du nombre de citadins et de l’espace urbanisé Etalement urbain Extension des espaces urbanisés, en continuité d’une ville préexistante Taux d’urbanisation Part (en %) de la population urbaine dans la population totale Effectif de la population urbaine Nombre d’urbains dans un espace donné Taux de croissance urbaine Accroissement annuel de la population urbaine (en %/an)
Question n°5. Vous identifiez les termes techniques ou difficiles du document n°2.
Territoire marécageux : étendues de terrain qui abritent des marais et des eaux stagnantes. Ces zones humides se caractérisent par la présence d’eau dans le sous-sol également, ce qui le rend mouvant, et peu propice à la construction (« sol instable »). Contre l’instabilité, le sol et le sous-sol doivent être remblayés. La construction de remblais consiste à apporter de la matière (généralement du béton) dans le sous-sol pour rehausser le terrain et combler les vides. Un réseau de drainage est un ensemble d’équipements (canaux, fossés) servant à évacuer l’eau dans les zones humides.
Drainage en zone agricole Source : Wikipedia Fossé de drainage Drainage en Source : http://danieldean.com zone urbaine Source : https://lanielpaysage.com
La rénovation in situ consiste à réaliser des travaux d’équipement (création de routes, de réseaux d’électricité, d’évacuation des eaux, rénovation de l’habitat, etc.) dans un territoire urbain tout en maintenant les populations habitantes sur place (pas expropriation). Les bailleurs de fonds internationaux sont des organismes qui fournissent des moyens financiers aux Etats ayant des capacités d’investissement limitées. Ces moyens sont fournis sous forme de prêts ou non, généralement pour la réalisation de projets précis. Ils sont assortis de conditions et de recommandations sur la manière dont réaliser ces projets. Les principaux bailleurs de fonds internationaux sont la Banque mondiale, le Fond monétaire international (FMI), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), les Etats, les ONG, les banques (Banque européenne d’investissement ; Banque africaine de développement). Slums : terme anglais pour désigner les quartiers informels, marqués par un habitat spontané (bidonville) à ou dégradé (ex : ghettos).
Question n°6. A partir du document n°2, vous rédigez un paragraphe pour expliquer les conséquences de la croissance urbaine rapide de Lagos sur la gestion de eaux.
L’urbanisation très rapide de Lagos a généré une pénurie de terrains aménagés et propices à la construction. Des quartiers informels se sont donc développés en zones marécageuses. Ces quartiers sont pour certains dépourvus de systèmes d’évacuation des eaux. Pour d’autres, les systèmes d’évacuation existants sont insuffisants, ou bouchés par les déchets. Cela entraîne plusieurs problèmes comme : la stagnation des eaux et des déchets (propice aux maladies), une difficulté d’accès aux constructions, des risques d’inondation, l’enfoncement dans le sol de certaines constructions (« sinking houses »). La puissance publique n’ayant pas réussi à anticiper l’urbanisation, elle est contrainte d’agir a posteriori, ce qui est plus complexe. En effet, les quartiers où la création de systèmes d’évacuation des eaux doit avoir lieu sont marqués par une forte densité de peuplement et de bâti. L’accès au sous-sol et la mise en place de chantiers est donc difficile.
Question n°7. A partir de la vidéo, vous complétez le tableau suivant sur le projet Eko Atlantic.
Localisation du projet dans Construction au Sud de la lagune, sur un terrain artificiel gagné sur Lagos l’océan (polder). Principaux acteurs « Projet entièrement privé ». Promoteurs internationaux. Constructions prévues Marinas (= ensembles immobiliers de luxe, dotés d’un port de plaisance, ou conçus autour de ce port). Commerces. Immeubles résidentiels de luxe. Tours de bureaux (gratte-ciels) : quartier d’affaires. Grande avenue. Coûts « Plusieurs milliards de dollars ». Calendrier du chantier Les premières constructions sont prévues pour 2015. La fin du projet est envisagée pour 2030 ou 2035. Futurs habitants Eko Atlantic City accueillera 250 000 habitants au total. Ce nouveau morceau de ville est prévu pour l’élite locale et les expatriés (cadres venus de l’étranger, travaillant généralement dans des entreprises internationales), c’est-à-dire pour une population riche ou très riche.
Mode d’approvisionnement Eko Atlantic aura sa propre centrale électrique, lui permettant d’être en électricité autonome du reste de la ville. Mode d’approvisionnement Eko Atlantic sera équipé de ses propres stations de pompage de en eau l’eau, lui permettant aussi d’être autonome du reste de la ville. Points forts du projet En étendant la ville sur l’océan, le projet est considéré comme une réponse à la pénurie de terrains et de logements à Lagos. Eko Atlantic sera pourvu d’équipements performants, permettant aux habitants de ne pas être touchés par les pannes d’électricité et les difficultés d’approvisionnement en eau potable que connaît le reste de la ville. Ce projet emblématique est considéré comme une opportunité pour améliorer l’image de Lagos, renforcer son rayonnement et son attractivité à l’échelle internationale. Eko Atlantic est décrit comme « la Dubaï de l’Afrique ». Critiques adressées au projet Le quartier sera réservé à une élite. Il contribue donc à accroître la segmentation socio-spatiale à Lagos. Ainsi, il renforcerait aussi l’insécurité. Le projet n’est pas intégré à une politique générale de développement de la ville de Lagos.
Source : https://dilemma-x.net/ Source : http://www.prweb.com Eko Atlantic City à Lagos : un nouveau morceau de ville gagné sur l’océan
Eko Atlantic City : “design concepts” et photographies du chantier Source : www.ekoatlantic.com
Pour aller plus loin sur Lagos : « Nigeria : Makoko, un bidonville sur la lagune », reportage de Par N. Germain et P. Bruguière (2013) pour France 24. URL : http://www.france24.com/fr/20130830-reporters-nigeria-bidonville-makoko-lagune-lagos-ville-moderne- destructions-maisons-pecheurs/ « De Kinshasa à Lagos : la ville africaine (3/4) - Lagos, Ibadan: portrait d’une mégalopole en devenir », émission Cultures Monde de Florian Delorme (2013) sur France Culture. URL : https://www.franceculture.fr/emissions/culturesmonde/de- kinshasa-lagos-la-ville-africaine-34-lagos-ibadan-portrait-dune « Lagos de riches, Lagos de pauvres », reportage de Sophie Bouillon (textes) et Andrew Esiebo (photos) pour Libération. URL : http://www.liberation.fr/apps/2016/02/lagos-de-riches-lagos-de-pauvres/#chapitre-1 « A Lagos, le bateau-taxi pour échapper à l’enfer des bouchons », Le Monde, 06/12/2017. URL : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/12/06/a-lagos-le-bateau-taxi-pour-echapper-a-l-enfer-des- bouchons_5225801_3212.html#KA7qXXpdsfErk8WX.99 « Un milliard de citadins dans vingt ans : l’Afrique est-elle prête ? », Le Monde, 30/07/2017. URL : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/07/30/un-milliard-de-citadins-dans-vingt-ans-l-afrique-est-elle- prete_5166713_3212.html#K2T2x1Xmbga50iiz.99 "Wecyclers", l’entreprise d’une jeune entrepreneuse qui recycle les déchets de Lagos http://www.lemonde.fr/smart- cities/video/2017/06/23/wecyclers-l-entreprise-d-une-jeune-entrepreneuse-qui-recycle-les-dechets-de- lagos_5150056_4811534.html#ye6bccL7FsDXHswR.99
Vous pouvez aussi lire