Le cancer de la thyroïde - Ligue contre le cancer
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Le cancer de la thyroïde SOMMAIRE > L’EXAMEN DE LA THYROÏDE 4 > Comment fonctionne la thyroïde 4 > Les instruments du diagnostic 6 > LE TRAITEMENT DU CANCER DE LA THYROÏDE 9 > Nodules et cancers thyroïdiens 9 > L’intervention chirurgicale 11 > Le traitement par la thyroxine 13 > Les multiples fonctions de l’iode 14 > Le contrôle de la guérison 16 > Le traitement des récidives 17 > DONNÉES STATISTIQUES 19 > Épidémiologie – Facteurs de risque 19 > Classification des cancers de la thyroïde 20 > Facteurs pronostiques 21 > Index 24 > Adresses utiles 25 > La Ligue contre le cancer 27 Ce livret a été préparé par le professeur Martin Schlumberger, 2 chef du Service de Médecine Nucléaire, ainsi que le Dr Amandine Berdelou, médecin du réseau TUTHYREF à Gustave Roussy, Cancer Campus, Grand Paris, à Villejuif (94). > Des conférences récentes entre médecins spécialistes de la thyroïde en Europe et aux États-Unis ont établi des recommandations pour la prise en charge des nodules et des cancers thyroïdiens. Le cancer de la > La rédaction de ce livret tient compte de ces nouvelles recommandations. thyroïde Coordination : Marie LANTA
Introduction V ous venez d’apprendre que vous avez un ou plusieurs nodules et peut-être un cancer de la thyroïde. Ce livret, conçu pour vous et pour vos proches, rassemble des informations qui doivent vous per- mettre de mieux comprendre les examens utilisés pour le diagnostic initial, la nature des traitements qui sont mis en œuvre en cas de cancer, de même que les examens effectués lors de vos bilans de santé après traitement. Ces examens permettront de réagir efficacement en cas de récidive. L’incidence du cancer de la thyroïde augmente régulièrement depuis le dé- but des années 80. Alors que l’on compte chaque année, en France, environ 40 000 cancers du sein et à peu près autant de cancers de la prostate, le nombre de cancers de la thyroïde est en augmentation : environ 10 000 par an. Mais cette augmentation est liée à la découverte de micro-cancers d’excellent pronostic, par le dépistage notamment par l’échographie. Ces micro-cancers représentent actuellement plus de la moitié des cancers de la thyroïde, et pourtant s’ils n’avaient pas été diagnostiqués, la plupart n’évo- lueraient pas en cancer clinique. Des progrès importants ont été accomplis, tant dans les techniques de dia- gnostic, beaucoup plus sensibles et plus précises qu’auparavant, que dans les techniques thérapeutiques. Il en est de même pour le suivi après le traitement initial. Le traitement implique l’ablation de la thyroïde par une intervention chirur- gicale, parfois complétée par l’administration d’iode 131. Cette ablation impose par la suite de prendre tous les jours un médicament qui remplace la production naturelle des hormones thyroïdiennes. Le taux de guérison dépasse 90 % et les récidives sont peu fréquentes. 3 Le cancer de la thyroïde
L’EXAMEN DE LA THYROÏDE COMMENT FONCTIONNE LA THYROÏDE ? LES TROIS ORGANES CONCERNÉS Pour comprendre comment fonctionne la thyroïde, il faut en fait décrire trois or- ganes distincts qui travaillent en étroite coordination: la thyroïde, l’hypophyse et l’hypothalamus. La thyroïde est située à la base du cou, La thyroïde et ses deux lobes sous le larynx et en avant de la trachée. Elle est formée par deux lobes, reliés par une partie plus fine, appelée isthme. Chez l’adulte son poids est de 15 à 20 L’hypothalamus, enfin, est la région grammes. du cerveau, proche de l’hypophyse, qui La thyroïde est une glande endocrine, commande le fonctionnement de cette ce qui signifie qu’elle secrète des subs- glande. tances particulières : les hormones. Les Dans un organisme en bonne santé, hormones thyroïdiennes interviennent ces trois organes, thyroïde, hypophyse chez l’embryon et le jeune enfant dans et hypothalamus, fonctionnent harmo- le développement du système nerveux nieusement pour que la production hor- et dans la croissance. À tous les âges de monale de la thyroïde soit parfaitement la vie, elles contribuent au bon fonction- adaptée. nement de nombreux organes. L’hypophyse est également une LES QUATRE HORMONES DE BASE glande endocrine, située dans une pe- 4 Quatre hormones interviennent dans tite cavité osseuse de la base du crâne. le fonctionnement de la thyroïde. Pour Elle secrète différentes hormones dont simplifier, nous les désignerons dans ce une, la thyréostimuline ou TSH, agit di- livret par leur sigle : T4, T3, TRH et TSH. rectement sur le fonctionnement de la thyroïde. Les hormones T4 et T3 (leurs noms complets sont thyroxine pour T4 et Le cancer de la thyroïde tri-iodothyronine pour T3) sont pro-
L’EXAMEN DE LA THYROÏDE duites par la thyroïde. Pour former ces LES DYSFONCTIONNEMENTS hormones, qui sont riches en iode, la DE LA THYROÏDE thyroïde concentre l’iode présent dans le sang et l’incorpore dans une proté- ine, la thyroglobuline. C’est dans cette protéine que les hormones T4 et T3 sont fabriquées. L’iode étant nécessaire à leur formation, notre alimentation doit apporter chaque jour plus d’un dixième de milligramme d’iode. L’hormone TRH, produite par l’hypotha- lamus, agit sur l’hypophyse, qui secrète à son tour la TSH, dont le rôle est fon- damental : cette hormone, dont le nom complet est thyréostimuline, règule le taux de sécrétion des hormones thyroï- diennes. UN RÉGLAGE SUBTIL POUR UN BON FONCTIONNEMENT La TSH agit de la façon suivante : > si la production des hormones thyroï- diennes (T4 et T3) est insuffisante, il y en Un mauvais fonctionnement de la thy- a peu dans le sang : l’hypothalamus et roïde entraîne des troubles très variés, l’hypophyse réagissent alors et l’hypo- étant donné les multiples fonctions des physe secrète davantage de TSH, dont hormones thyroïdiennes. le taux dans le sang sera élevé, ce qui Les anomalies courantes dans la pro- va stimuler la thyroïde pour qu’elle pro- duction des hormones thyroïdiennes duise une plus grande quantité d’hor- sont : mones thyroïdiennes ; 5 > si la production de T4 et T3 est trop > l’hypothyroïdie, si la production forte, il y en a trop dans le sang : l’hypo- d’hormones thyroïdiennes est insuffi- thalamus et l’hypophyse vont réagir pour sante ; elle se traduit par une sorte de freiner la production de TSH, dont le taux mise au ralenti de certaines fonctions : dans le sang sera bas, ce qui va ralentir la perte de mémoire, humeur dépressive, formation des hormones thyroïdiennes. fatigue, frilosité, constipation, ralentis- Le cancer de la sement du rythme cardiaque ; thyroïde
L’EXAMEN DE LA THYROÏDE > l’hyperthyroïdie, si la production LES INSTRUMENTS d’hormones thyroïdiennes est exces- DU DIAGNOSTIC sive ; elle provoque des phénomènes Les médecins peuvent faire appel à inverses : nervosité, agressivité, toute une série d’examens pour affiner sueurs, diarrhées, palpitations et accé- leur diagnostic et préciser les anomalies lération du rythme cardiaque. éventuelles observées dans votre thy- Les anomalies dans les dimensions de roïde. la thyroïde sont : LA PALPATION DU COU > le goitre, augmentation parfois très prononcée du volume de la thy- C’est le premier examen, le plus simple, roïde ; le plus direct. Le médecin va pouvoir, en appliquant les doigts de ses deux mains > le nodule, augmentation localisée sur la base de votre cou, apprécier les du volume thyroïdien sous forme de caractéristiques de la thyroïde et déceler petites boules plus fermes. un goitre ou la présence de nodules. L’ANALYSE DU SANG La prise de sang permet d’effectuer le dosage des hormones thyroïdiennes (T3 et T4) et de la TSH, afin de déceler d’éventuelles anomalies dans la pro- duction de ces hormones. On dose parfois aussi d’autres subs- tances, comme la calcitonine, hormone secrétée par les cellules de la thyroïde qui sont à l’origine du cancer médul- laire (cf. p. 21). Le dosage de la thyro- globuline n’est pratiqué qu’après le traitement chirurgical initial d’un cancer 6 différencié de la thyroïde. L’ÉCHOGRAPHIE L’échographie cervicale est un examen du cou qui utilise des ultrasons pour ob- tenir des informations de première im- Le cancer de la portance sur les nodules présents dans thyroïde
L’EXAMEN DE LA THYROÏDE Examen scintigraphique de la thyroïde la thyroïde : nombre, dimensions, conte- douloureux et sans danger. Il se fait nu solide ou liquide, et différentes autres sous contrôle échographique pour être caractéristiques qui permettent d’éva- sûr de bien positionner l’aiguille dans le luer le risque de cancer pour chaque nodule. Cet examen permet de s’assurer nodule (c’est la classification TI-RADS) du caractère le plus souvent bénin d’un et donc l’intérêt d’une cytoponction de nodule ou de diagnostiquer plus rare- ce nodule. L’échographie permet égale- ment un cancer. ment d’examiner les chaînes ganglion- naires du cou. Les résultats sont notés LA SCINTIGRAPHIE THYROÏDIENNE sur un schéma. Cet examen, indolore et Cet examen consiste à injecter par voie sans danger, ne nécessite pas de pro- intraveineuse un produit radioactif (iso- duit radioactif et peut être répété. tope du technétium ou de l’iode), qui se 7 fixe préférentiellement dans la thyroïde. LA PONCTION À L’AIGUILLE FINE Le patient est ensuite allongé sur le dos Il s’agit de prélever des cellules du et un instrument de détection (gam- nodule à l’aide d’une aiguille fine. Le ma-caméra), placé au-dessus du cou, produit de la ponction est étalé sur des détecte les rayonnements émis par le lames de verre pour analyse au micros- produit radioactif. Le cancer de la cope (cytologie). Cet examen est peu thyroïde
L’EXAMEN DE LA THYROÏDE Sur l’image obtenue, on peut distinguer > cette scintigraphie limitée à la thy- les nodules dits chauds ou froids, selon roïde ne doit pas être confondue avec qu’ils fixent ou non l’isotope radioactif. l’examen scintigraphique du corps Cet examen permet de rechercher un entier qui est souvent effectué après nodule chaud qui fixe l’isotope radioac- le traitement chirurgical, comme on le tif et qui est bénin. verra plus loin. Ces nodules chauds sont hyperfonction- nels, c’est-à-dire qu’ils fabriquent trop d’hormones thyroïdiennes et sont donc responsables d’une hyperthyroïdie dont la première manifestation biologique est la diminution du taux de TSH. Par contre, les nodules froids sont les plus fréquents et cet examen scintigra- phique n’apporte alors aucune donnée en faveur d’un nodule bénin ou d’un cancer. La scintigraphie n’est donc pratiquée Scintigraphie thyroïdienne normale qu’en cas de suspicion de nodule hy- perfonctionnel, suggéré par la baisse du taux sanguin de la TSH. L’examen est indolore et ne provoque ni allergie ni malaise. Quelques remarques cependant : > un délai de 6 semaines est nécessaire entre une exploration radiologique utili- sant un produit de contraste iodé et cet examen ; > la dose d’irradiation délivrée à l’orga- 8 nisme est faible et sans danger ; toutefois, les femmes doivent signaler au médecin Scintigraphie montrant (à gauche de si elles sont enceintes, si elles ont un re- l’image) un nodule froid tard de règles ou si elles allaitent, car par prudence l’examen sera alors différé ; Le cancer de la thyroïde
LE TRAITEMENT DU CANCER DE LA THYROÏDE NODULES ET CANCERS petite dimension lors d’un examen THYROÏDIENS d’imagerie médicale pratiqué pour La plupart des cancers de la thyroïde d’autres motifs (échographie cervi- se manifestent sous forme de nodules, cale, examen Doppler) ; mais plus de 95 % des nodules thy- > parfois, par la présence d’un roïdiens sont bénins. Il faut donc bien ganglion dans le cou, par l’augmenta- distinguer les nodules, qui sont fré- tion de volume d’un goitre connu ou quents, et les cancers, beaucoup plus encore par la modification de la voix rares. Parmi les cancers, plus de 90 % qui devient rauque. sont des cancers différenciés parmi Il n’y a le plus souvent aucune altéra- lesquels on distingue deux formes, le tion de l’état général. cancer papillaire et le cancer follicu- laire, qui peuvent être traités de façon LE NODULE SANS RISQUE très efficace. C’est le diagnostic et le Les premiers examens comportent traitement de ces cancers différenciés l’examen clinique, avec palpation qui seront d’abord évoqués. On re- du cou et recherche des éléments viendra plus loin sur le traitement des de suspicion (tels que antécédents autres formes plus rares de cancers familiaux de cancer thyroïdien ou trai- thyroïdiens. tement avec des rayonnements pen- dant l’enfance), puis le dosage de LA DÉCOUVERTE D’UN NODULE la TSH et l’échographie cervicale C’est la détection d’un nodule qui qui permettent une première caracté- conduit presque toujours à un exa- risation du nodule. men plus approfondi de la thyroïde Si le nodule mesure moins de 1 cm de pour rechercher s’il s’agit ou non d’un diamètre, et en l’absence d’éléments cancer. Un nodule peut être découvert cliniques défavorables, aucun exa- de diverses façons : 9 men supplémentaire n’est à envisa- > par la présence à la partie inférieure ger. On sait aujourd’hui que le risque du cou d’une « boule » qui est mobile de cancer est alors faible et que pendant la déglutition mais ne pro- même s’il s’agit d’une forme maligne, voque aucune gêne et paraît banale ; les risques d’évolution à long terme > de plus en plus souvent par la sont faibles, notamment chez les per- découverte fortuite d’un nodule de sonnes âgées de plus de 65 ans. Il Le cancer de la suffira de prévoir un nouvel examen thyroïde
LE TRAITEMENT DU CANCER DE LA THYROÏDE faible, et une surveillance est suffi- sante ; > indéterminé : le risque de cancer est de 20 % environ ; > malin : le risque de cancer est élevé, supérieur à 95 %. La terminologie de Bethesda permet de classé le résultat de l’analyse cy- tologique en fonction du risque de cancer. Environ 5% à 20 % des cytologies ne permettent pas de conclure sur la nature du nodule, car la quantité de cellules prélevées est insuffisante Sonde d’échographie appliquée sur le pour un diagnostic, ce qui conduit à cou du patient répéter la ponction et en cas de nou- vel échec à considérer, par prudence, échographique 12 à 24 mois plus tard l’exérèse chirurgicale du nodule. La pour vérifier l’absence d’évolution du même attitude est préconisée en cas nodule. de cytologie indéterminée. Il faut noter que l’on fait aujourd’hui LA DÉTECTION D’UN CANCER moins souvent appel à la scintigra- THYROÏDIEN phie thyroïdienne car cet examen apporte peu d’informations complé- Si l’on juge utile de poursuivre les mentaires, sauf dans deux cas : investigations, l’étape suivante est la ponction à l’aide d’une aiguille > si le taux de TSH est bas, une scin- fine (cytoponction). Elle s’adresse tigraphie est effectuée, car le nodule aux nodules qui sont solides et me- peut être « chaud » ; les nodules surent plus de 1cm de diamètre. Les chauds sont presque toujours bénins, aiguilles utilisées sont très fines et mais ils peuvent provoquer une hy- 10 l’effet ressenti lors de cet examen est perthyroïdie et justifient donc un trai- analogue à celui qui est provoqué par tement ; une prise de sang. L’examen au mi- > en cas de goitre multinodulaire, la croscope des cellules prélevées par scintigraphie précise quels nodules cette ponction (cytologie) peut abou- sont chauds et quels nodules sont tir à trois résultats : froids et peut ainsi guider les autres Le cancer de la > bénin : le risque de cancer est très explorations (cytoponction). thyroïde
LE TRAITEMENT DU CANCER DE LA THYROÏDE En cas de nodules de grandes dimen- TSH, celle-ci étant obtenue après une sions, d’augmentation progressive du hypothyroïdie prolongée ou après in- volume d’un nodule, ou bien entendu jections de rhTSH «TSH recombinante quand le résultat de la cytologie est humaine»(cf. p. 14). suspect d’être « malin », il faut procé- der à son traitement. LE TRAITEMENT DU CANCER L’INTERVENTION DE LA THYROÏDE CHIRURGICALE Le traitement du cancer de la thyroïde LES GESTES CHIRURGICAUX avéré implique plusieurs étapes suc- cessives. La thyroïdectomie totale, c’est- à-dire l’ablation de toute la glande La chirurgie constitue la première thyroïde est aujourd’hui l’intervention étape. Le chirurgien procède à une chirurgicale recommandée pour les thyroïdectomie totale, c’est-à-dire à tumeurs malignes avérées de plus l’ablation de toute la glande thyroïde de 1cm de diamètre, l’objectif étant lorsque la tumeur mesure plus de 1cm l’élimination de tous les tissus thyroï- de diamètre. C’est en effet le moyen le diens. On minimise ainsi le risque de plus sûr d’éviter toute extension de la rechute de la tumeur et l’on facilite tumeur et de faciliter les traitements les traitements complémentaires et le complémentaires et le suivi ultérieur. suivi ultérieur. La prise de thyroxine (T4) est en- suite nécessaire pour compenser l’ab- Il y a 2 exceptions : sence de thyroïde. > En cas de cancer thyroïdien de L’utilisation de l’iode 131 après moins d’un centimètre, en l’absence l’intervention chirurgicale est par- de critères péjoratifs, une surveillance fois utile, pour les raisons suivantes : peut être proposée sans chirurgie. l’iode 131 permet de voir s’il persiste > En cas de cancer thyroïdien de quelques résidus thyroïdiens nor- moins d’un centimètre, si une inter- maux et surtout si des tissus thyroï- vention chirurgicale est pratiquée, diens cancéreux, appelés métastases, une lobectomie (exérèse d’un seul 11 n’ont pas migré en dehors de la thy- lobe) est suffisante. roïde vers d’autres parties du corps. L’intervention chirurgicale se déroule L’iode 131 est un isotope radioactif sous anesthésie générale avec intuba- de l’iode, qui est à la fois un moyen tion pour permettre la respiration du d’observation et un moyen de trai- patient. Elle n’entraîne pas de perte tement de ces tissus. L’iode 131 est sanguine notable et n’exige donc pas Le cancer de la administré après stimulation par la de transfusion de sang. L’incision se thyroïde
LE TRAITEMENT DU CANCER DE LA THYROÏDE fait à la base du cou, horizontale- peut comprendre une nouvelle inter- ment. La durée de l’intervention est vention chirurgicale. de une à deux heures. LES COMPLICATIONS L’exérèse par robot chirurgical est en ÉVENTUELLES cours d’évaluation et n’est pas recom- Les risques de complications sont mandée en routine. d’abord ceux qui sont liés à toute in- En cas de cancer papillaire avéré, on tervention chirurgicale (infection, hé- procède, le plus souvent, en même morragie). S’y ajoutent des complica- temps à un curage ganglionnaire : les tions spécifiques dues à la présence, ganglions situés autour de la glande derrière chaque lobe de la thyroïde, thyroïde et qui constituent le compar- du nerf récurrent et des glandes pa- timent central du cou sont enlevés par rathyroïdes. l’incision horizontale de la thyroïdec- Le nerf récurrent est le nerf mo- tomie. Dans certains cas, le curage teur de la corde vocale. L’intervention doit être étendu à la partie latérale peut parfois entraîner une paralysie du cou, ce qui implique de prolonger inflammatoire, liée au traumatisme de l’incision. la dissection et la voix peut devenir Au cours de l’acte chirurgical, on peut rauque et faible pendant quelques se- procéder à une analyse au micros- maines. Les atteintes définitives sont cope des tissus suspects pour confor- rares. ter ou compléter le diagnostic initial Les glandes parathyroïdes, qui qui a motivé la décision d’interven- contrôlent le métabolisme du calcium, tion (analyse extemporanée). Dans sont également exposées. En cas de tous les cas, les tissus prélevés feront perturbation de leur fonctionnement, l’objet d’une analyse plus poussée qui il peut devenir nécessaire de prendre prendra quelques jours. du calcium et des analogues de la vi- La durée d’hospitalisation est de 1 à tamine D (traitement le plus souvent 3 jours. limité à quelques mois). Il faut noter qu’en cas de nodule dont Du point de vue esthétique, la cica- la cytologie est suspecte ou bénigne, trisation se fait en général dans de 12 la chirurgie initiale peut consister en bonnes conditions. une lobectomie, c’est-à-dire qu’elle se L’aspect définitif est obtenu le plus limite à l’ablation d’un seul lobe de la souvent au bout d’environ 6 mois. thyroïde. Si par la suite le diagnostic de cancer est établi lors de l’analyse des tissus enlevés, le protocole expo- Le cancer de la sé précédemment est appliqué, ce qui thyroïde
LE TRAITEMENT DU CANCER DE LA THYROÏDE LE TRAITEMENT adaptée avant le début de la gros- PAR LA THYROXINE sesse. La dose de thyroxine devra être augmentée dès le diagnostic de gros- LES HORMONES THYROÏDIENNES sesse. DE SYNTHÈSE LA SURVEILLANCE DU TAUX Après l’ablation de la thyroïde, il faut DE TSH faire face à une situation nouvelle où Puisqu’il s’agit de rétablir un équi- l’organisme n’est plus alimenté de libre hormonal satisfaisant, on doit le façon naturelle en hormones thyroï- contrôler par le dosage dans le sang diennes. Les hormones thyroïdiennes de la TSH car l’hypophyse, qui secrète sont au nombre de deux, la thyroxine cette hormone, continue à fonction- (T4) et la tri-iodothyronine (T3). Il suf- ner comme si la glande thyroïde était fit en général de prendre la T4, car encore en place, et le dosage de la celle-ci est normalement transformée TSH reflète l’équilibre hormonal. On par l’organisme en T3. distingue alors deux situations : La thyroxine agit très progressivement et sa durée d’action est suffisamment > si l’on estime qu’il persiste un longue pour qu’on puisse se conten- risque de récidive de la maladie, il ter d’une seule prise quotidienne, le faut maintenir la TSH à un niveau très matin, à jeun avec un verre d’eau, bas, car la TSH a pour vocation de dé- au moins 20 minutes avant le petit velopper l’activité et la croissance des déjeuner. En effet, l’absorption de tissus thyroïdiens, ce qu’il faut éviter ; la thyroxine par le tube digestif est ceci implique donc des doses plus éle- diminuée d’un tiers par la présence vées de T4 pour réduire l’activité de d’aliments. l’hypophyse (il s’agit d’un traitement « frénateur ») ; Le médicament le plus couramment prescrit se présente sous forme de > s’il n’y a pas de risque particulier, comprimés permettant de choisir le on peut, après s’être assuré de la dosage nécessaire, de 25 à 200 mi- guérison, utiliser des doses de T4 plus crogrammes, par palier de 25 micro- faibles pour maintenir le taux de TSH à grammes. La dose dépend essentielle- un niveau considéré comme normal (il 13 ment de l’âge et du poids du patient. s’agit d’une traitement « substitutif »). Il faut parfois quelques tâtonnements L’équilibre hormonal s’établit lente- avant de trouver le bon dosage mais, ment, et la TSH est dosée 2 à 3 mois une fois ajusté, il peut rester fixe pen- environ après le début du traitement dant des années. par thyroxine ou après chaque modi- En cas de grossesse, si possible, il faut fication de dose. Lorsque l’équilibre Le cancer de la s’assurer que la dose de thyroxine est hormonal est obtenu, un contrôle thyroïde
LE TRAITEMENT DU CANCER DE LA THYROÏDE annuel de la TSH est suffisant. chirurgie : c’est l’ablation ; En cas de grossesse, le bilan hormo- > détruire les cellules cancéreuses nal doit être surveillé de façon rap- restantes, qui peuvent se trouver au prochée. niveau du cou ou dans d’autres par- ties du corps ; on diminue ainsi le LES MULTIPLES FONCTIONS risque de récidive ; DE L’IODE 131 > permettre de pratiquer 2 à 5 jours L’ADMINISTRATION plus tard un examen scintigraphique POST-OPÉRATOIRE DE L’IODE 131 du corps entier de haute sensibilité, pour contrôler l’absence de foyer tu- L’iode 131 est un isotope radioactif moral résiduel. qui émet des rayonnements en se désintégrant. À l’intérieur de l’or- Ce traitement n’est pas effectué ganisme, il se comporte de la même lorsque le risque de récidive est faible façon que l’iode stable qui se trouve après chirurgie complète. dans la nature et se fixe dans les tis- NÉCESSITÉ D’UNE PRÉPARATION sus thyroïdiens normaux et du cancer. AVANT LA PRISE D’IODE 131 Les rayonnements émis permettent à Pour que l’administration d’iode 131 la fois de localiser les tissus thyroï- diens et d’agir localement pour les soit efficace, il faut veiller à obtenir détruire. une fixation importante de l’iode ra- Ainsi, l’administration d’iode 131 dioactif par le tissu thyroïdien grâce après chirurgie de la thyroïde a trois à sa stimulation intense par la TSH, objectifs : réalisée par l’une des deux méthodes suivantes : > détruire les tissus thyroïdiens nor- maux qui peuvent subsister après la > ou bien l’on met l’organisme en état de manque d’hormone thyroï- 14 Le cancer de la thyroïde Examen scintigraphique du corps entier avec l’iode 131
LE TRAITEMENT DU CANCER DE LA THYROÏDE dienne en maintenant une hypo- la concentration de l’iode radioactif thyroïdie pendant un mois après par les cellules thyroïdiennes res- la chirurgie : le patient ne doit alors tantes. prendre aucun traitement hormonal MESURES DE RADIOPROTECTION thyroïdien et le taux sanguin de TSH va s’élever (c’est la défrénation) ; cette Comme pour tous les produits ra- période d’attente peut être mal vécue, dioactifs, l’utilisation de l’iode 131 les symptômes de l’hypothyroïdie se nécessite des précautions. Pour le manifestant de façon désagréable traitement par l’iode 131, ces pré- (par exemple frilosité, constipation, cautions doivent être renforcées car prise de poids, ralentissement psy- la quantité de radioactivité utilisée chomoteur pouvant conduire à l’inca- est importante, et il est nécessaire de pacité de travailler ou de conduire un veiller à la protection du personnel et véhicule) ; de vos proches, ainsi qu’au respect de > ou bien on utilise un médicament, l’environnement*. la rhTSH ou « TSH recombinante hu- Pendant quelques jours, vous serez maine » ; ce médicament, issu de la hospitalisé seul dans une chambre biotechnologie, permet d’obtenir le équipée d’installations sanitaires même effet sans interrompre le trai- particulières pour recueillir les urines tement par la thyroxine ; l’utilisation radioactives. Vous ne pourrez pas de ce produit, qui est administré par recevoir de visites de vos proches, injections intramusculaires, deux jours mais le personnel passera dans votre consécutifs, permet d’éviter une hy- chambre plusieurs fois par jour. Cet pothyroïdie et ainsi d’améliorer la isolement est destiné à protéger votre qualité de vie des patients. entourage d’une irradiation inutile. Pendant les 15 jours qui précèdent Lorsque vous quitterez l’hôpital, il n’y l’administration de l’iode 131, il est aura plus de risque d’exposition de recommandé de limiter l’introduction vos proches et des mesures de radio- d’iode dans l’organisme en renonçant protection adaptées à votre situation par exemple aux fruits de mer ou au vous seront indiquées (notamment, sel iodé dans la nourriture ou en évi- éviter les contacts rapprochés avec 15 tant certains médicaments (antisep- les jeunes enfants et les femmes en- tiques à base d’iode) ou produits de ceintes). contraste iodés ou cosmétiques, afin Au départ, la gélule d’iode radioactif de favoriser au moment de l’examen est apportée dans un récipient proté- * L’activité d’iode 131 administrée est de 1100 à 3700 MBq. Le mégabecquerel (MBq) corres- Le cancer de la pond à un million de becquerels, un million de désintégrations par seconde. thyroïde
LE TRAITEMENT DU CANCER DE LA THYROÏDE gé par du plomb. Il faut être à jeun LE CONTRÔLE trois heures avant la prise. Une bois- DE LA GUÉRISON son chaude non laiteuse est alors pro- posée pour favoriser l’absorption du LA SURVEILLANCE INITIALE produit radioactif, puis vous resterez à La surveillance est indispensable. Elle jeun pendant 3 heures. présente d’abord l’avantage, quand Par la suite, il vous sera conseillé de tous les signaux sont positifs, de ras- boire abondamment pour favoriser surer le patient, de permettre une l’élimination urinaire et limiter la ré- diminution de la dose de thyroxine tention d’iode radioactif par les tissus et d’alléger la surveillance ultérieure. sains, et de mâcher chewing-gum et Mais surtout, la précocité de détection bonbons acidulés tout en buvant de d’une récidive éventuelle augmente l’eau citronnée pour entretenir la sa- très fortement l’efficacité des traite- livation et protéger les glandes sali- ments à venir et donc les chances de vaires. La perte de goût est fréquente guérison définitive. mais transitoire. Après 2 à 5 jours, un examen scin- Le premier examen de contrôle est tigraphique du corps entier sera ré- celui qui a été décrit à la page précé- alisé après une douche avec lavage dente. C’est l’examen scintigraphique minutieux des cheveux et un chan- du corps entier auquel on procède gement de vêtements. L’examen dure 2 à 5 jours après l’administration environ une heure pour permettre de post-opératoire d’iode 131. Il a pour balayer lentement tout le corps de la but de vérifier l’absence de foyers de tête aux pieds. fixation en dehors de l’aire thyroï- dienne. Les études effectuées n’ont pas mon- tré de risque cancérigène ni génétique LE CONTRÔLE APRÈS UN AN associé à un traitement par l’iode ra- En l’absence de foyer tumoral connu, dioactif. Cependant, l’iode 131, rap- un bilan de guérison est pratiqué 9 à pelons-le, ne doit pas être administré 12 mois après le traitement initial. Il aux femmes enceintes. De même, un comprend une échographie cervicale délai d’au moins 6 mois après traite- qui examine la loge thyroïdienne et 16 ment doit être respecté avant d’enga- les chaines ganglionnaires cervicales ger une grossesse. et un dosage de la thyroglobuline et des anticorps anti-thyroglobuline sous thyroxine. En effet, la thyroglobuline n’est pro- Le cancer de la duite que par le tissu thyroïdien qu’il thyroïde
LE TRAITEMENT DU CANCER DE LA THYROÏDE soit normal ou tumoral. Lorsque le examen cytologique et du dosage de tissu thyroïdien normal a été détruit la thyroglobuline dans le produit de entièrement après traitement par ponction. Cet examen permettra de l’iode 131, le taux de thyroglobuline connaître la nature du ganglion. est indétectable s’il n’y a pas de foyer Pour les patients qui n’ont pas eu tumoral. Pour s’en assurer et en cas de traitement par l’iode 131 après de doute, on peut augmenter sa sen- la chirurgie parce que leur pronostic sibilité de détection en stimulant la était très favorable, la surveillance production de thyroglobuline par la comprend, sous thyroxine, 9 à 12 rhTSH. mois après l’intervention initiale, la Lorsque ces deux examens sont nor- pratique d’une échographie cervicale maux, le risque de récidive est très et d’un dosage de thyroglobuline, faible, même si les facteurs pronos- sans préparation particulière. En l’ab- tiques initiaux n’étaient pas tous fa- sence d’anomalie, la surveillance ulté- vorables. On contrôle le traitement rieure se limite à un dosage annuel de par thyroxine, l’objectif étant alors la thyroglobuline, sous thyroxine. l’obtention d’un taux de TSH situé dans la zone normale classique. La LE TRAITEMENT surveillance ultérieure est annuelle, DES RÉCIDIVES mais doit par prudence être mainte- nue toute la vie. La réapparition de tumeurs cancé- reuses peut se produire dans la région Si au contraire l’examen révèle une du cou – on parle alors de récidives anomalie échographique ou une élé- cervicales – ou dans des régions vation du taux de la thyroglobuline, éloignées – on parle alors de métas- d’autres explorations sont pratiquées tases à distance. pour localiser les foyers tumoraux et les traiter de manière appropriée. LES RÉCIDIVES CERVICALES Les dilatations ganglionnaires bé- Les récidives cervicales se produisent nignes (hyperplasies) sont fréquentes surtout en cas de maladie initiale dans le cou et doivent être distin- étendue avec tumeur thyroïdienne de 17 guées des ganglions dits métasta- volume important ou de métastases tiques. Le diagnostic repose sur plu- ganglionnaires multiples, ou encore si sieurs arguments, tels que leur siège, l’intervention chirurgicale initiale n’a leur taille, leurs caractéristiques écho- pas pu éliminer totalement les tissus graphiques, leur persistance. En cas thyroïdiens. de suspicion, on procède à une ponc- tion à l’aiguille fine, effectuée sous Les récidives cervicales siègent en gé- Le cancer de la contrôle échographique suivie d’un néral au niveau des ganglions du cou thyroïde
LE TRAITEMENT DU CANCER DE LA THYROÏDE et sont mises en évidence par palpa- des os. Les autres sites sont rares. En tion ou par échographie. cas de fixation de l’iode 131 par ces métastases, le traitement consiste Le traitement repose sur l’iode 131, si à administrer de fortes quantités celui-ci se fixe efficacement au niveau d’iode 131 tous les 6 à 12 mois. Ce de la récidive, et sur la chirurgie en traitement est très efficace en cas de cas de récidive de grande dimension métastases de petites dimensions sur- ou qui persiste après traitement par venant chez les sujets âgés de moins l’iode 131. de 45 ans et atteints de cancer bien différencié. En cas de métastases os- LES MÉTASTASES À DISTANCE seuses, le traitement par l’iode 131 est associé à la chirurgie, lorsqu’elle est possible, à la radiothérapie ex- terne ou à des traitements locaux par voie trans-cutanée et radioguidés. La chimiothérapie cytotoxique est ra- rement indiquée. En cas de résistance au traitement par l’iode 131, d’autres techniques peuvent être utilisées (thérapeutiques moléculaires ciblées). Ces nouvelles molécules sont admi- nistrées par voie orale et bloquent une anomalie spécifique à la cellule cancéreuse. 18 Examen scintigraphique du corps entier montrant des métastases dans les deux poumons qui fixent l’iode 131 Les métastases à distance de can- cer de la thyroïde siègent presque Le cancer de la toujours au niveau des poumons ou thyroïde
DONNÉES STATISTIQUES ÉPIDÉMIOLOGIE – en cas de progression comme alterna- FACTEURS DE RISQUE tive à une chirurgie immédiate. LA FRÉQUENCE DES NODULES LIEN AVEC UNE EXPOSITION Les nodules de la thyroïde sont très AUX RAYONNEMENTS fréquents. Ils sont 2 à 3 fois plus Dans la plupart des cas, et comme fréquents chez les femmes que chez pour la majorité des cancers, on les hommes. Ainsi, dans la popula- ignore ce qui a provoqué l’apparition tion féminine adulte, ils sont mis en d’un cancer de thyroïde. Le seul cas évidence par la palpation chez 4 à 7 où une origine peut être clairement % des sujets, mais l’échographie, qui établie est celui d’une irradiation du permet de déceler des nodules de cou pendant l’enfance, soit acciden- petites dimensions, de diamètre infé- telle, soit pour soigner une autre ma- rieur à 5 mm, permet d’en observer ladie. chez plus de 50 % des femmes de Seuls les enfants âgés de moins de 15 plus de 50 ans. ans lors de l’irradiation de la thyroïde Parmi ces nodules, environ 95 % sont sont sensibles à l’action cancérigène bénins et 5 % sont des cancers. L’ex- des radiations, et chez ces enfants le ploration de ces nodules doit sélec- risque est d’autant plus grand que la tionner ceux pour lesquels un traite- dose de radiations a été plus forte et ment est justifié. que l’enfant est plus jeune lors de Le nombre des cancers de la thyroïde l’exposition. Les nodules apparaissent découverts chaque année en France une dizaine d’années après l’irradia- est d’environ 10 000. Ce nombre tion, mais parfois beaucoup plus tard. augmente régulièrement depuis Ce risque n’est démontré que pour 1970. Cette augmentation, observée des doses d’irradiation supérieures à dans de nombreux pays, notamment 100 mGy (le milligray est une unité aux États-Unis, est liée essentielle- qui permet de mesurer les doses de ment à l’amélioration des pratiques radiations reçues par les tissus), ce médicales qui permet le dépistage qui est bien supérieur à la dose d’ir- de petites tumeurs. La plupart de ces radiation délivrée par des examens 19 petits cancers ne vont pas évoluer radiologiques ou scintigraphiques s’ils ne sont pas traités, et ceci doit classiques. amener à ne pas explorer les nodules LES ACCIDENTS DE TCHERNOBYL de moins de 1cm de diamètre et, en ET DE FUKUSHIMA cas de cancer papillaire à proposer La contamination liée à l’accident de une surveillance active avec contrôle Tchernobyl en 1986 a provoqué une Le cancer de la échographique régulier avec chirurgie thyroïde augmentation importante du nombre
LES DONNEES STATISTIQUES de cancers de la thyroïde chez les membres de la famille d’un patient enfants contaminés de Biélorussie, atteint d’un cancer de la thyroïde d’Ukraine et de Russie. Sur les 2 mil- peuvent faire vérifier l’état de leur lions d’enfants dont la thyroïde a été thyroïde par un examen clinique ou irradiée à la suite de l’accident, on a échographique. observé jusqu’en 2015 environ 7 000 cancers. Chez ces enfants, dont 80 % CLASSIFICATION DES avaient moins de 5 ans lors de l’acci- CANCERS DE LA THYROÏDE dent, la thyroïde avait reçu des doses de plusieurs centaines de mGy. En La grande majorité des tumeurs de la France, la contamination a été beau- thyroïde se développe à partir des cel- coup plus faible, la dose d’irradiation lules folliculaires. Environ 95 % de ces à la thyroïde des enfants ayant très tumeurs sont bénignes et sont soit rarement dépassé une dizaine de des kystes liquides soit des tumeurs mGy, aucun effet sanitaire ne lui est solides appelées adénomes. attribué. Environ 5 % des tumeurs de la thy- L’accident de Fukushima en mars roïde sont des cancers. La plupart des 2011 n’a provoqué qu’une faible ir- cancers conservent au microscope un radiation de la thyroïde, en raison de aspect qui ressemble à celui du tissu l’apport alimentaire en iode élevé thyroïdien normal et certaines pro- et grâce aux mesures prises lors de priétés des cellules folliculaires nor- l’accident pour la protection des po- males, notamment la production de la pulations : confinement, restrictions thyroglobuline et la fixation de l’iode alimentaires et évacuation. Aucune radioactif, et pour ces raisons sont ap- augmentation des cancers cliniques pelés cancers différenciés. L’examen de la thyroïde n’a été observée dans au microscope permet de distinguer les populations contaminées à un âge deux types principaux de cancers dif- inférieur à 18 ans. férenciés : les cancers papillaires et LE CONTEXTE FAMILIAL les cancers folliculaires. Entre 3 et 5 % des patients atteints LES CANCERS PAPILLAIRES 20 d’un cancer de la thyroïde ont un parent qui est lui-même atteint d’un Les cancers papillaires sont de loin cancer de la thyroïde. La survenue de les plus fréquents. Les cellules ont des plusieurs cancers de la thyroïde dans noyaux dont les caractéristiques per- une même famille peut être liée à des mettent de les reconnaître sur la cy- facteurs génétiques de prédisposi- tologie. Ils sont souvent multifocaux. tion ou à des facteurs d’environne- Les métastases sont essentiellement Le cancer de la thyroïde ment, par exemple alimentaires. Les ganglionnaires et se développent
LES DONNEES STATISTIQUES d’abord dans les ganglions proches on parle de cancer indifférencié ou de la thyroïde puis dans les ganglions anaplasique. Ces cancers surviennent plus éloignés. Les métastases à dis- souvent chez des sujets âgés et sont tance sont rares et siègent au niveau graves. Ils sont heureusement très des poumons. Les cancers papillaires rares. Leur traitement repose sur de sous types vésiculaires bien limités la chirurgie et sur l’association de sans signe d’invasion qui ont long- chimiothérapie et de radiothérapie. temps été traités comme des cancers thyroïdiens sont considérés actuelle- LES CANCERS MÉDULLAIRES ment comme des tumeurs bénignes. Il s’agit d’un cancer rare développé à partir de cellules particulières de la LES CANCERS FOLLICULAIRES thyroïde, les cellules C. Ces cancers Les cancers folliculaires (également produisent la calcitonine et ne fixent appelés cancers vésiculaires) sont pas l’iode 131. Ils sont héréditaires moins fréquents. Il peut être difficile, dans un quart des cas. Leur traitement même à l’examen au microscope de repose sur la chirurgie. les différencier des adénomes follicu- laires. Les métastases ganglionnaires FACTEURS PRONOSTIQUES sont rares. Les métastases à distance Le pronostic des cancers de la thyroïde sont peu fréquentes et siègent au ni- est globalement excellent. Il dépend veau du squelette et des poumons. des facteurs suivants : Le traitement des cancers papillaires > l’âge lors du traitement initial, la et folliculaires repose sur la chirurgie maladie étant souvent plus sérieuse et l’iode radioactif, comme cela a été lorsque le sujet est âgé de plus de 45 indiqué dans ce livret. Ces cancers, ans lors du diagnostic ; généralement peu agressifs, ont une évolution lente. > le type de cancer, la maladie étant moins grave pour les cancers différen- LES CANCERS PEU DIFFÉRENCIÉS ciés, papillaires et folliculaires, et au ET CANCERS ANAPLASIQUES contraire plus grave pour les cancers Un cancer peu différencié conserve peu différenciés ; 21 peu de caractéristiques fonction- > le développement plus ou moins nelles, la fixation de l’iode radioactif avancé de la maladie, qui se mani- étant absente et la production de feste par la taille de la tumeur, par thyroglobuline faible. Ils ont souvent son extension éventuelle au-delà de la une évolution peu favorable avec des thyroïde et par l’existence ou non de rechutes fréquentes. métastases ganglionnaires et de mé- Le cancer de la Lorsque cette perte est complète, tastases à distance. thyroïde
LES DONNEES STATISTIQUES Schématiquement, le pronostic est ex- qu’ils sont jeunes et porteurs d’une cellent pour les tumeurs de moins de maladie peu étendue, ont une espé- 1 cm ou micro-cancers, il est le plus rance de vie identique à celle de la souvent favorable pour les tumeurs de population générale. Leur surveillance 1 à 4 cm, mais il est plus sérieux pour régulière doit toutefois être maintenue les tumeurs volumineuses de plus de 4 toute la vie pour contrôler le traite- cm. On comprend que la maladie soit ment hormonal. À l’opposé, mais c’est plus grave quand elle est plus étendue. plus rare, si les patients sont âgés, por- Cependant, si l’existence de métas- teurs d’une tumeur volumineuse avec tases ganglionnaires en cas de cancer extension locale, et si le cancer est du papillaire augmente le risque de réci- type peu différencié, le risque d’évolu- dive, elle n’altère pas l’espérance de tion ultérieure est plus important et les vie. récidives lorsqu’elles surviennent sont plus graves. Ces facteurs pronostiques initiaux permettent lors du traitement initial Ces éléments statistiques sont donnés d’estimer la probabilité de guérison à titre indicatif, chaque cas étant par- définitive et le risque de récidive. Le ticulier. Retenons que le pronostic du pronostic peut être modifié en fonction cancer de la thyroïde est globalement des constatations ultérieures. excellent. Les récidives cervicales surviennent THÉRAPIES CIBLÉES chez environ 15 % des patients, plus souvent en cas de grosse tumeur ou Les thérapies ciblées sont récentes. d’envahissement ganglionnaire impor- Deux molécules, le sorafenib et le tant. Dans leur grande majorité, les ré- lenvatinib ont l’autorisation de mise cidives peuvent être traitées et guéries. sur le marché. Il s’agit de traitements oraux, pris chaque jour à domicile, et Les métastases à distance surviennent dont les cibles sont à la fois les cellules chez 5 à 10 % des patients. Les résul- tumorales et celles des vaisseaux de la tats du traitement par l’iode 131 sont tumeur. Leur efficacité parait meilleure favorables chez les patients âgés de que celle de la chimiothérapie cyto- moins de 45 ans atteints de métas- toxique et leur prescription est recom- 22 tases de petites dimensions qui fixent mandée en première intention chez l’iode 131. Les autres patients peuvent les patients atteints de métastases être traités par la chirurgie, la radiothé- progressives de cancer de la thyroïde rapie externe et depuis peu par les thé- et dans deux circonstances : soit mé- rapeutiques moléculaires ciblées. tastases d’un cancer différencié ou peu Plus de 85 % des patients atteints de différencié de la thyroïde et qui est ré- Le cancer de la fractaire au traitement par l’iode 131; thyroïde cancer papillaire ou folliculaire, lors-
LES DONNEES STATISTIQUES soit métastases d’un cancer médullaire de la thyroïde. Dans ces deux cas, l’in- dication d’un traitement est posée en cas de métastases volumineuses et progressives. Leur toxicité est notable, mais elle peut être contrôlée par des traitements symptomatiques ou par la diminution des doses. D’autres mo- lécules sont prescrites de préférence dans le cadre de protocoles prospec- tifs (thérapies ciblées, chimiothérapie, immunothérapie…). Plusieurs essais sont en cours en France dans le cadre du réseau TUTHYREF. RÉSEAU TUTHYREF Réseau de 29 centres qui prennent en charge les cancers de la thyroïde ré- fractaires et qui sont répartis sur tout le territoire. Leur but est d’améliorer la prise en charge de ces cancers sur place et de faciliter leur accès à l’in- novation. Ce réseau a été labellisé par l’Institut National du Cancer (INCa) en 2007, en 2009, puis en 2015. Tous les centres français participants aux essais prospectifs font partie de ce réseau. Une RCP (Réunion de Concertation Pluridisciplinaire) de recours nationale est organisée 2 fois par mois par web conférence et permet les décisions col- 23 légiales. De plus, ce réseau organise des recherches multicentriques sur cette pathologie. Le cancer de la thyroïde
Index Calcitonine, page 6 Nerf récurrent, page 12 Cancer folliculaire, page 21 Nodule, page 9 Cancer papillaire, page 9 Nodules chauds Cancer anaplasique, page 21 ou froids, page 8 Cancer différencié, page 9 Palpation du cou, page 6 Cancer vésiculaire, page 21 Ponction à l’aiguille fine, page 7 Cancer Médullaire, page 21 Prise de sang, page 6 Chirurgie, page 11 Radioprotection, page 15 Contrôle de guérison, page 16 Récidives, page 17 Curage ganglionnaire, page 11 Récidives cervicales, page 17 Cytologie, page 7 rhTSH, page 14 Défréination, page 14 Scintigraphie Échographie, page 6 thyroïdienne, page 7 Échographie cervicale, page 10 T3, page 4 Facteurs de risque, page 18 T4, page 4 Facteurs pronostiques, page 21 Tchernobyl, page 19 Ganglions, page 11 Thyréostimuline (TSH), page 5 Ganglions métastatiques, page 17 Thyroglobuline, page 5 Glandes parathyroïdes, page 12 Thyroïde, page 4 Goitre, page 6 Thyroïdectomie, page 11 Hormones thyroïdiennes, pages 4 - 12 Thyroxine (T4), page 11 Hyperthyroïdie, page 6 Tri-iodothyronine (T3), pages 4 -12 Hypophyse, page 4 TRH, page 4 24 Hypothalamus, page 4 TSH, pages 4 - 5 -13 Hypothyroïdie, page 6 TSH recombinante Iode 131, page 11 humaine, page 11 Lobectomie, page 12 Métastases, page 11 Le cancer de la thyroïde Métastases à distance, page 17
Les adresses utiles POUR EN SAVOIR PLUS SUR LES DIFFERENTS SITES INTERNET VE- NANT EN AIDE AUX PERSONNES ATTEINTES DE CANCER DE LA THYROÏDE ET A LEUR FAMILLE. L’Institut National du Cancer (INCa), www.e-cancer.fr Le forum « Vivre sans thyroïde » www.forum-thyroide.net est un site internet original, fait par et pour les patients. Il est consa- cré aux affections thyroïdiennes et au cancer de la thyroïde. On peut en parcourir librement les différentes rubriques ou y participer activement en s’enregistrant. Ceci permet de poser toutes sortes de questions et de partager informations et im- pressions avec d’autres patients. 25 Le cancer de la thyroïde
La Ligue contre le cancer 1er financeur associatif indépendant de la recherche contre le cancer, la Ligue est une organisation non gouvernementale in- dépendante reposant sur la générosité du public et sur l’enga- gement de ses militants. Forte de près de 64 000 adhérents et 13000 bénévoles, la Ligue est un mouvement populaire organisé en une fédération de 103 comités départementaux. Ensemble, ils luttent dans trois directions complémentaires: chercher pour guérir, prévenir pour protéger, accompagner pour aider, mobiliser pour agir. Aujourd’hui, la Ligue fait de la lutte contre le cancer un enjeu sociétal rassemblant le plus grand nombre possible d’acteurs sa- nitaires, mais aussi économiques, sociaux ou politiques, sur tous les territoires. En brisant les tabous et les peurs, la Ligue contribue au change- ment de l’image du cancer et de ceux qui en sont atteints. TOUT CE QU’IL EST POSSIBLE DE FAIRE CONTRE LE CANCER, LA LIGUE LE FAIT. 26 Le cancer de la thyroïde
Notes 27 Le cancer de la thyroïde
Chercher pour guérir, prévenir pour protéger, accompagner pour aider, mobiliser pour agir Votre comité départemental design original C. Privat La Ligue contre le cancer : BRD 103-Edition actualisée novembre 2016 - Une production Ecrire au siège de la fédération : Ligue contre le cancer, 14 rue Corvisart 75013 PARIS 0 800 940 939 (numéro gratuit) : Soutien psychologique – Aide et conseil pour emprunter – Conseil juridique www.ligue-cancer.net : Toutes les informations sur les cancer – @ Forum de discussion, actualités de la Ligue – faire un don Facebook.com/laliguecontrelecancer Twitter.com/laliguecancer
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