Le Capitole nouveau est arrivé! - Éric Etter Continuité - Érudit
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Document generated on 09/05/2021 10:40 p.m. Continuité Le Capitole nouveau est arrivé! Éric Etter Patrimoine et littérature Number 55, December 1992, January–February 1993 URI: https://id.erudit.org/iderudit/16343ac See table of contents Publisher(s) Éditions Continuité ISSN 0714-9476 (print) 1923-2543 (digital) Explore this journal Cite this article Etter, É. (1992). Le Capitole nouveau est arrivé! Continuité, (55), 46–52. Tous droits réservés © Éditions Continuité, 1992 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/
RESTAURATIOn Le Capitole nouveau est arrivé! par Éric Etter La rencontre de l'ancien et du nouveau: à gauche le couronne- ment de l'entrée de l'hôtel. Photo: Jean-Marie Villeneuve. J e revis enfin. Je suis né d'un c o n c e p t de l ' a r c h i t e c t e W.-S. Painter. La fin de mes de son confrère québécois Héléodore Laberge, et j'ai été rebaptisé Capitol en 1930. C'est ainsi que pourrait se présenter, très succincte- ment, ce monument de l'his- résidu de fossé entre le mur de fortification et l'édifice du YMCA. U n e contrainte qui travaux de construction re- Abandonné en 1982 et réou- toire culturelle de Québec, s'il nous fait découvrir un Painter monte à 1904, alors que je vert officiellement le 21 no- lui était possible de parler. Et il plutôt inventif en ce qui con- suis baptisé l'Auditorium de vembre 1992, je suis aussi un en aurait bien d'autres à racon- cerne l'aménagement du com- Québec. J'ai été agrandi et des fleurons, si ce n'est «le» ter. Par exemple, sa remarqua- plexe en deux bâtiments dis- redécoré en 1927, sous la gou- fleuron de la place d'Youville à ble adaptation architecturale à tincts, l'édifice à bureaux de verne de l'architecte new- Québec et je m'appelle désor- l'espace restreint auquel il était style Renouveau classique en yorkais Thomas Lamb, assisté mais le Théâtre Capitole. confiné, alors coincé sur un façade, sur la place d'Youville, 46 CONTINUITE NUMERO 55
caractérisé par un arrondi inci- d'Youville au lobby, créant d'inspiration classique et son L'effervescence culturelle de la tant le piéton à converger na- ainsi un achalandage constant allure beaux-arts, le nouvel fin des années 20, l'avènement turellement vers l'allée qui du matin au soir, une anima- Auditorium de Québec appa- et la populatité croissante du conduisait à l'entrée de la salle tion des lieux soutenue par les raît comme un des très beaux cinéma muet imposèrent rapi- de spectacles, soit le deuxième espaces commerciaux latéraux. exemples architecturaux de dement l'idée d'une salle de bâtiment situé en retrait de la L'élancement monumental de théâtres, bien adapté au lieu cinéma polyvalente. En 1927, place d'Youville, plus volumi- la volumétrie du bâtiment parmi tous ceux construits en T h o m a s Lamb, c o n s i d é r é neux, qui contraste par sa so- donnant sur place d'Youville Amérique du Nord entre 1890 comme le spécialiste américain briété. Pour relier ces espaces est accentué par les dégage- et 1930. numéro un en architecture de fonctionnels, un corridor inté- ments aménagés le long du Si le Théâtre Capitole se salles de spectacle, est mandaté rieur a également été construit. rempart du bastion Saint-Jean faisait narrateur, il pourrait par la compagnie Famous Avec ses alcôves latérales, ce et du mur mitoyen du YMCA. aussi disserter longuement sur Players pour e n t r e p r e n d r e corridor reliait l'entrée du carré Avec sa façade ornée de motifs sa première métamorphose. l'adaptation de l'Auditorium aux exigences du temps. As- sisté de l'architecte québécois Héléodore Laberge, Lamb s'at- taque donc à la rénovation du complexe de la place d'You- ville. Parmi les travaux ma- jeurs alors entrepris, mention- nons l'agrandissement de la salle, l'ajout des équipements cinématographiques et d'un grand orgue muni de 3 5 jeux, la modification du corridor du rez- de-chaussée de l'édifice à bu- reaux pour le relier au foyer de la salle de spectacle et la créa- tion d'une succession d'espa- ces communiquant entre les deux bâtiments. Toutefois, se- lon l'étude du bureau d'archi- tectes Denis Saint-Louis et as- sociés, chargé des plus récents travaux de restauration qui viennent de se teminer, le trai- tement architectural extérieur des agrandissements et des ajouts de 1927 a été quelque Le côté est de l'ensemble pendant les travaux. Photo: Jean-Marie Villeneuve. Perspective du côté est, vue des Remparts. Photo: Jean-Marie Villeneuve. NUMÉRO 55 CONTINUITÉ 47
Plan d'une chambre. (Bernard S. Gagné), Denis Saint-Louis et associés. se métamorphose en véritable dial de l'UNESCO, ait été re- m centre de la vie culturelle de connu comme monument his- \w \ Québec, avec la construction torique d'envetgure nationale du palais Montcalm et du ci- par le Gouvernement fédéral néma de Paris, pour lequel on et qu'il ait été inscrit au regis- abat une travée du voisin ouest tre des biens culturels du Gou- du Capitol, le YMCA. Cette vernement du Québec à titre \ — \ M ' ' \ \ m lulu^n. ik dernière construction rompt le dialogue entre les deux édifices d'immeuble de classement su- périeur, il subit malgré tout de \\ < \ « \i i l fÉ IL =J \ V9I- à cause de l'érection d'un mur mitoyen aveugle. Ce qui n'empêche pas le nombreux outrages jusqu'à ce qu'on le reprenne en main. Et le temps ne s'avère pas le seul Capitol de vivre des moments responsable... prestigieux en accueillant Après l'abandon d'un pendant près de 40 ans les plus projet de centre commercial grands noms de la scène inter- en 1988, nous devrons atten- i fTX nationale. Il suffit de penser à dre le 22 mars 1990 avant d'en- Gérard Philippe, Louis Jouvet, t r e v o i r la r e n a i s s a n c e du H T a j! o M a u r i c e C h e v a l i e r , Yves Capitol. C'est en effet à cette II V Y Montand ou Gilbert Bécaud, date que trois promoteurs, / \ IP pour n'en citer que quelques- uns. Le grand maître du sus- pens, Alfred Hitchcock, y a MM. Guy Cloutier, Michel Rodrigue et Jean Pilote, regrou- pés sous la raison sociale la également présenté en grande Société du Théâtre Capitole, première mondiale le film inti- acquièrent le complexe. Tous tulé La loi du silence. trois issus du milieu du specta- Pendant plus de 70 ans, cle, ils proposent un projet le Capitol fait les beaux jours multifonctionnel qui prévoit de la vie artistique de la Vieille une salle de spectacle de 1 400 Capitale en présentant toute places, un restaurant et un hô- une variété de spectacles, du tel de 40 chambres, auxquels se peu délaissé et laisse à désirer. thétique. De la nouvelle en- théâtre conventionnel au ci- greffent un studio de produc- Ainsi, l'agrandissement de la trée, maintenant située sous néma, en passant par les tours tion audiovisuelle et des bouti- salle s'est fait en rupture avec l'arcade de l'édifice à bureaux, de chants, opéras ou opérettes, ques. Le budget du projet est le traitement architectural le spectacteur accède aux gui- concerts et galas. alors évalué à 12 600 0 0 0 $ . existant, tandis que de simples chets par un corridor qui se Dans les années 70, l'ar- Vingt mois plus tard, les coques de brique abritent le prolonge vers le lobby, soit une rivée de nouvelles salles de travaux peuvent commencer, lobby et le foyer ajoutés. Il y a pièce symétrique flanquée de spectacle et de cinéma, dont le les trois paliers de gouverne- fort à parier qu'en plus des colonnes. Il se dirige ensuite Grand Théâtre de Québec, aux ment ayant non seulement ac- courts délais de réalisation et vers le foyer oval, aux dimen- technologies qui correspon- quiescé à ce projet, mais aussi du contexte économique, l'in- sions impressionnantes, orné dent beaucoup mieux à l'évo- décidé d'y contribuer en ar- térêt de Lamb pour les inté- d'un escalier monumental et lution des goûts du grand pu- gent sonnant, soit une somme rieurs a c o n s i d é r a b l e m e n t de loggias. Du foyer, on accède blic et les réaménagements ur- cumulative qui représente à ce influencé ce p a r t i pris. directement à la salle ou, par bains importants qui transfor- jour quelque cinq millions de D'ailleurs, l'aménagement des l'escalier, à la promenade qui ment radicalement la physio- dollars. espaces intérieurs prouve hors mène au balcon. La salle se nomie de la place d'Youville de tout doute cette affection révèle alors dans toute sa splen- entraînent le déclin du théâtre Q U E LA FÊTE particulière de l'architecte. deur. En 1930, l'Auditorium du Capitol, qui cesse ses activi- COMMENCE! Tel un parcours initiati- devient Capitol, cinéma, théâ- tés en 1982. Ainsi, après presque dix que, le nouvel aménagement, tre ou restaurant, à la conve- Bien que l'ensemble, si- années d'abandon, durant les- de l'entrée à la salle de specta- nance de chacun. tué dans l'arrondissement his- quelles des vandales de tous cle, permet une progression C'est aussi durant les an- torique de Québec répertorié genres s'en donnèrent à cœur sensible vers une apothéose es- nées 30 que la place d'Youville sur la liste du patrimoine mon- joie, l'illustre édifice s'apprê- 48 CONTINUITÉ NUMÉRO 55
tait à revivre. Et pour ce faire, avait pu être à l'époque, ne que l'on pouvait s'imaginer la langage architectural inhabi- les architectes Denis Saint- seraient-ce que les plaques beauté du lieu malgré la glace tuel. Nous ne voulions pas Louis et associés devaient sur- d'identification des anciens sur les planchers, les plâtres recréer des allures de musée monter un défi de taille, soit locataires de l'édifice à bureaux, dégarnis et ébréchés. La fonc- d'époque. Au contraire, il exécuter les travaux en moins la présence de l'orgue et de sa tion de théâtre avec toutes les s'agissait de recréer un envi- d'un an: «Les contraintes ma- soufflerie, la salle elle-même connotations qui en découlent, ronnement architectural évo- jeures que nous avons connues avec toute sa richesse. Et puis, les événements, l'attachement cateur de théâtralité. Il fallait relèvent essentiellement de il y avait aussi un peu de tris- du public, cela était également que la vieille personne puisse l'échéancier, car il a fallu exé- tesse, vu l'état de détéroration stimulant. Donc en lisant l'his- continuer à émouvoir et à cuter le projet en douze mois; il et d'abandon dans lequel se toire de ce théâtre, en considé- s'émouvoir en chansons dans fallait tout faire en même retrouvait l'édifice. Je le com- rant l'ensemble de son évolu- un cadre renouvelé.» temps: plans, devis et sur- pare un peu à une vieille per- tion, nous étions à même de Ce qui se traduit con- veillance progressive de la sonne ridée qui ne croit plus saisir que nous pouvions inter- crètement dans le parti archi- construction. Quotidienne- que la beauté de son intérieur venir de façon très dynamique, tectural adopté. La restaura- ment, on devait prévoir ce transcende toutes les cicatri- originale et sensible dans un tion des bâtiments existants qu'on allait faire le lendemain, ces et les rides. Ce qu'il y avait complexe où l'on pouvait respecte leurs caractéristiques et ce, jusqu'au parachèvement. d'inspirant dans le projet, c'est émouvoir et évoquer dans un architecturales évolutives tout C e qui veut dire plus de 300 feuilles de plans d'archi- tecture pendant douze mois, avec des annotations fréquen- tes pour signifier à l'entrepre- neur d'exécuter une partie des travaux et d'en réserverd'autres pour les détails d'exécution à venir.» Denis Saint-Louis révèle que l'aspect multifonctionnel du projet a également eu ses contraintes, car il comporte trois plans distincts en ce qui concerne le Code du bâtiment: « Il a fallu travailler deux codes applicables en tenant compte de la compartimentation des différents blocs fonctionnels du complexe et de leurs caracté- ristiques de construction.» Cela sans compter tout le t r a v a i l que r e p r é s e n t e l'intégration d'éléments con- temporains à l'ensemble exis- tant. Une question de pratique professionnelle, bien entendu, mais qui nécessite aussi une approche dynamique et sensi- ble à la restauration et au recyclage d'édifices historiques. Denis Saint-Louis nous la ré- sume ainsi: «Ce qui nous a gui- dés, c'est la fonction et le décor historique du lieu même. Lors- que le client nous a demandé si le projet nous intéressait, nous avons accepté parce que nous avons cru au potentiel excep- tionnel du lieu et à la formule d'exploitation qu'envisageait le client. Même s'il était aban- donné, le Capitol avait quel- que chose d'émouvant de par l'espèce de réminiscence pré- Le balcon. sente dans les traces de ce qu'il Photo: Jean-Marie Villeneuve NUMÉRO 55 CONTINUITÉ 4M
L'œuvre du temps. Photo: Jean-Marie Villeneuve. vivante que dans une période les 40 chambres étant insuffi- restreinte, tout comme la salle sant dans l'ancien édifice à de spectacle, où les représenta- bureaux, nous avons construit tions ne durent en général que des étages additionnels au-des- deux ou trois heures. En ame- sus du lobby et du foyer, tout en nant la fonction "hôtel" et prenant soin de bien les préser- "bistro", on générait une clien- ver en place. Ainsi, vu de la rue tèle et des activités qui allaient d'Auteuil, l'ensemble apparaît animer constamment le com- désormais comme une succes- plexe, avec tout le va-et-vient sion de façades sun rue, dotées qu'un hôtel et un bistro peu- d'un langage individuel, mais vent susciter. Par conséquent, cohérent.» on sentirait une présence régu- U n point intéressant à lière et une vie dans ce com- relever est l'aménagement de plexe. Il ne faut jamais oublier l'hôtel et du bistro, empreint que le théâtre se situe à l'ar- de théâtralité, suggérant le rière et que la façade monu- double jeu. Le client ou le visi- mentale sur le carré d'Youville teur, à la fois acteur et figurant, en les adaptant aux nouvelles exigences fonctionnelles ainsi qu'aux normes de contrôle cli- matique intérieur. L'enveloppe extérieure est également trai- tée selon le même principe. Quant aux espaces inté- rieurs, la salle de spectacle conserve en très grande partie l'allure de son décor des an- nées 30. Les adaptations scéni- ques, technologiques et norma- tives s'inscrivent discrètement dans ce cadre, sans toutefois être complètement occultées. L'ameublement et l'éclairage de la salle répondent aux be- soins techniques de la produc- tion actuelle. Le parterre s'or- ganise désormais en paliers meublés de banquettes et de tables pour permettre un ser- vice de restauration pendant les spectacles. Les espaces de l'ancien édifice à bureaux sont réamé- Une idée de l'ampleur des travaux nagés en hôtel particulier. au sein de ce complexe. Dans a toujours abrité des bureaux. dans la salle de spectacle. L'aménagement intérieur af- Le soir, on voulait que l'acti- Photo: Jean-Marie Villeneuve. ce cas, la réponse de l'archi- firme un caractère résolument tecte s'avère éclairante: «Pour- vité y soit constante, qu'il y ait contemporain quoique inspiré quoi un hôtel au lieu de bu- une espèce de fusion, une ri- par la théâtralité initiale du reaux? Parce que la fonction chesse d'occupation qui soit complexe. O n pourrait s'inter- "bureau" est une fonction aussi apportée par la fonction roger sur la présence de l'hôtel morte. C'est-à-dire qui n'est "hôtel". L'espace requis pour SO CONTINUITE NI 'MERl ) 55
accède à l'hôtel par l'ancienne valeur considéré, nous nous alléeconduisant à l'auditorium. sommes toutefois inspirés de Ce passage, converti en hall l'idée des architectes de l'épo- d'hôtel, est suggéré comme tel que, c'est-à-dire la progression et s'érige avec sa nouvelle fa- des couleurs plus pastel dans çade vitrée. Les murs latéraux les espaces où l'on rentre pour ducorridoretduvestibule con- aller vers des couleurs plus ri- tigusauhalld'hôtel etau bistro ches en direction de la salle, ont été ajourés. Lorsqu'on cir- comme unegradation,uncres- culedanscesespaces,ona l'im- c e n d o . N o u s avons d o n c pression d'être sur une scène changé complètement la pa- où se côtoient visuellement lette des couleurs pour rendre tous lesfigurants du complexe, la salle plus chaude, plus at- qu'ils soient clients de l'hôtel, trayante et plus intéressante. du bistro II teatro ou public du Cequenousavonsretenu, c'est théâtredéambulant danslecor- le concept du crescendo des ridor central contigu. Quant coloris. Quant au choix des aux chambres, situées au haut couleurs, on peut en faire va- d'un escalier monumental, el- rier la palette comme dans la les sont conçues comme de toile d'un peintre. Cette idée véritables loges où le décor et prévaut également pour le dé- les accessoires sont mis en cor. Lorsqu'on entre dans le scène, recréant une ambiance bâtiment, on arrive dans un qui allie lefaste à l'imaginaire. vestibule et un corridor volon- De plus, le parcours tairement moins ornés que le initiatique imaginépar Lamb a lobby. Plus on va vers la salle, également été repris par les ar- plus la richesse du décor chitectes responsables de la s'accroît, les espaces s'agran- ' restauration actuelle en ce qui dissent et deviennent plus a trait à la progression vers la monumentaux. La palette des salle.À partir d'études histori- couleurs s'enrichit selon la ques très fouillées et très bien même progression. Nous nous faites, l'équipe de concepteurs sommes donc inspirés du con- a pu en quelque sorte jouer cept initial et évolutif des avec leslieux, maistoujours en couleurs, mais nous avons Détail de la corniche. respectant leur esprit. «À titre exécuté la toile selon une pa- Photo:Jean-Marie Villeneuve. d'exemple, nous savions qu'en lette plus chaude et plus har- ce qui concerne lescouleurs, il monieuse.» eu préservation optimale des y avait plusieurs phases. Nous Et la restauration dans éléments structuraux, volu- enconnaissionslapolychromie tout cela? «Dans le cas de la métriques et décoratifs. Les évolutive. Nous ne voulions restauration, nous sommes contraintes de reproduction toutefois pas retourner à une quand même allésassezloin. Il sélective de composantes his- polychromie d'époque sur la faut comprendre que dans le toriques basée sur une docu- base de la documentation dis- casduThéâtre Capitole, beau- mentation d'époque n'ont pas ponible. La restauration des coup d'éléments avaient été réellement influencé le parti couleurs d'une époque est sou- détruits, pillés,vendus aux en- de la restauration, puisque les sieurs années, nous avons pu vent problématique d'un cer- chères et aujourd'hui introu- artisans concernés par les tra- procéder plus rapidement. Si taindegréd'incohérence entre vables.Maisnousavonspures- vaux lesplusdélicatsde restau- nous n'avions pas eu accès à la le décor et ses accessoires, à taurer la salle, notamment tous ration existent toujours. Puis- recherche historique, déjà fort moins d'une restauration ses plâtres, ses sorties de se- que nous n'avons paseu à faire bienpréparéepar le MAC, nous muséale d'époque. Comme ce cours, les espaces monumen- de recherches historiques, ce n'aurions pu atteindre la qua- n'était pas le parti de mise en taux avec leurs boiseries. Ilya qui peut parfois prendre plu- lité de ce qui a été livré.» NUMÉRO55 CONTINUITÉ 51
Cequinefaitpasducom- le cas du Théâtre Capitole, comprenait la manière dont elle valait mieux que le triste plexe un musée, bien au con- d'avoir eu en MM. Cloutier, nous abordions le tout, un as- spectacle qu'elle leur a offert traire, comme tient à le préci- Pilote et Rodrigue, des clients pect primordial de la réussite pendant prèsdedix ans. Grâce ser Denis Saint-Louis, qui cite qui étaient très ouverts à l'ap- du projet. Ilnous adonc confié auxtalentsdetrois générations particulièrement l'exemple de proche et au concept de la l'ensemble delaconception de d'architectes, et en particulier l'éclairage. «Nous avons théâtralité, ce qui est très rare. l'aménagement, depuis l'édi- des artisans de la réussite redessiné l'éclairage au com- À mon avis, c'est quasi excep- fice même jusqu'aux moindres d'aujourd'hui, M M . Denis plet,àl'exception dulustredans tionnel. Je ne pense pas que détailsdesescomposantes, tels Saint-Louis, Bernard S. Gagné le foyer, qui est le seul article nous puissions retrouver une que la décoration, l'ameuble- etJean-Gilles Lemieux, au dy- d'éclairage de reproduction. fusion d'intérêts aussi dynami- ment, l'éclairage, la signalisa- namisme desespromoteurs ac- Nous l'avons voulu là comme que entre les intentions d'un tion, etc.» tuels et à la compétence des pièce unique, comme œuvre promoteur et celles des archi- De fait, le résultat est ouvriers qui ont travaillé à sa d'art. Pour des raisons fonc- tectes. Lorsque nous leur par- spectaculaire et laréussite évi- réfection, leCapitole nouveau tionnelles, esthétiques et de lionsdu langage que nous vou- dente. Il suffit de s'offrir une retrouve enfin «pignon sur théâtralité, tout le reste de lionsutiliserpour le traitement visite des lieux pour immédia- place» et,nousl'espérons, pour l'éclairage a été traité, amé- des espaces, ils ont compris tement se sentir happé, enve- très longtemps. lioré et intégré. Il est contem- l'intention, nous ont même loppé par l'ambiance de théâ- porain.» challengeet largement appuyés tralité, fascinante et omnipré- Que le spectacle Selon les architectes, en ce sens. C'est ce qui nous a sente dans le complexe. commence! l'attitude du client a été un le plus stimulés dans ce projet, Depuis le 21 novembre, autrefacteur fondamental pour en dehors des ressources du les Québécois redécouvrent la revitalisation de ce projet. complexe architectural. En enfin le vrai visage de la place «Nousavonseulachance, dans plus d'être intéressé, le client d'Youville,et c'est heureux,car La couverture d'origine. Photo:Jean-Marie Villeneuve. 52 CONTINUITÉ NUMÉRO55
Vous pouvez aussi lire