LE CHANTIER DE RÉNOVATION - DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE DIJON 2001-2019 - Musées et patrimoine de Dijon

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LE CHANTIER DE RÉNOVATION - DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE DIJON 2001-2019 - Musées et patrimoine de Dijon
LE CHANTIER
DE
RÉNOVATION
DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE DIJON
2001-2019
LE CHANTIER DE RÉNOVATION - DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE DIJON 2001-2019 - Musées et patrimoine de Dijon
Installé au sein du Palais des Ducs et des États de Bourgogne en lien avec
    l’École de Dessin de Dijon qui s’y est établie au XVIIIe siècle, le musée des
    Beaux-arts ouvre au public en 1799. N’occupant qu’une partie de l’édifice, il
    s’étend au fil des années et occupe actuellement toute la partie orientale du
    palais.

    La nécessité d’une rénovation du musée est apparue au début des années
    2000, avec un diagnostic des conditions de conservation des collections
    élaboré dès 2001 et qui a pris la forme d’un projet muséologique détaillé.
    Le projet a ensuite été développé au cours des années 2000 et trouve son
    achèvement en 2019.

    1. LE PROJET                             L’idée est de proposer une
                                             adéquation des collections exposées
                                             avec l’époque de construction
    Les principes de l’étude                 de leur écrin. Pour chacune des
                                             époques, le circuit de visite se
    de programmation
                                             développe verticalement au sein
    (2005‑2007)                              d’un même bloc architectural. Les
    Le principe clé du projet de             visiteurs auront la possibilité soit de
    rénovation du musée des Beaux‑arts       visiter l’ensemble du parcours, soit
    est de dédier l’ensemble du site         de ne s’approprier qu’une partie du
    à la présentation de la collection       parcours, de manière chronologique
    permanente. Hormis l’accueil du          ou par étage.
    public et les locaux techniques et
    logistiques nécessaires, l’intégralité
    des bâtiments enserrant la Cour
    de Bar doit être dévolue à la
    présentation d’œuvres.

    A cet effet, le premier
    déménagement d’importance est
    celui de la trésorerie municipale,
    jusqu’alors abritée au nord et au
    sud de la cour de Bar, en 2005. Les
    bureaux du personnel du musée,
    les ateliers pédagogiques, la
    bibliothèque et la documentation
    ont été transférés au début de
    l’année 2009 à la Nef, ancienne
    Chambre de Commerce et
    d’Industrie, située non loin du
    musée, place du Théâtre. Les
    réserves présentes également dans
    le Palais ont aussi été déménagées
    l’année suivante.

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Du point de vue architectural,           la quasi-totalité des collections. La
la rénovation du musée des               construction du nouveau bâtiment
Beaux‑arts de Dijon obéit à plusieurs    s’est déroulée d’octobre 2008 à
impératifs : une modernisation           juillet 2010.
et remise aux normes des                 Situées à une quinzaine de minutes
bâtiments, des restaurations des         du centre-ville, ces réserves
parties anciennes mais aussi,            permettent d’accueillir les œuvres
dans le cadre de loi de 2005, une        décrochées des salles en chantier,
mise en accessibilité totale de          et déménagées des réserves
l’établissement. Pour répondre à         situées dans le palais. Au moment
cette obligation, des ascenseurs         de la réouverture, ces réserves
sont installés afin de desservir les     reprendront un fonctionnement
étages. L’ajout de l’ascenseur dans      normal, désengorgé.
l’aile Flémalle a été l’occasion d’une
construction contemporaine au            • Le chantier des collections
nord-ouest de la cour de Bar (le toit    Un chantier des collections a été mis
doré) qui permet de créer un espace      en place entre 2007 et 2014 afin de
de circulation verticale accessible      récoler, étudier et conditionner les
aux personnes à mobilité réduite et      œuvres et objets déplacés depuis
d’ajouter deux niveaux au revers de      les salles et réserves existantes
la salle des Gardes.                     jusqu’aux nouvelles réserves.
                                         Cela a été également l’occasion
La toiture de l’aile XIXe est            de déterminer quelles œuvres
sensiblement surélevée pour              nécessitaient d’être restaurées.
donner accès au troisième étage          Le chantier des collections a
de la tour de Bar et à une extension     été programmé par l’agence In
contemporaine. Trois escaliers sont      Extenso, qui a également formé le
modifiés et un créé ex nihilo.           personnel. Environ 3000 œuvres,
                                         dont 2 200 tableaux, ont ainsi
Enfin, pour la restauration des          été transférées depuis le musée
bâtiments anciens, l’élément majeur      jusqu’aux réserves.
est la restauration intérieure et
extérieure de la galerie Bellegarde,     • Les restaurations
construite au XVIIe siècle et
                                         La rénovation du musée est
considérablement remaniée depuis.
                                         également l’occasion de présenter
Les fenêtres de l’étage et les
                                         les œuvres sous un jour nouveau.
arcades du rez-de-chaussée ont
                                         Cette mise en valeur passe par la
été rouvertes, le sol en tomettes
                                         restauration des œuvres, toutes
et la voûte en bois reconstitués. La
                                         typologies confondues, depuis
rénovation générale des façades du
                                         plusieurs années.
musée donne à l’ensemble du palais
une nouvelle ampleur.
                                         Des œuvres emblématiques
                                         ont ainsi pu être restaurées soit
Les collections au cœur du               sur place au musée ou dans les
projet
                                         réserves (pour la phase 1, les deux
• Les nouvelles réserves                 retables de Champmol ont ainsi été
Le préalable au chantier de              restaurés sur place par une équipe
rénovation du musée a été la             interdisciplinaire ; pour la phase 2,
construction de nouvelles réserves       le plafond de Prud’hon est restauré
externalisées permettant d’accueillir    dans les réserves du musée des

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beaux-arts depuis septembre 2017),     Le chantier
    soit dans les ateliers du C2RMF
    ou de restaurateurs indépendants.      A l’issue d’un concours lancé en
    L’expertise, le matériel et les        2005, c’est le cabinet d’architectes
    technologies d’imagerie du C2RMf       Yves Lion qui a été choisi pour
    ont également permis de faire          mener la rénovation, à l’exception
    avancer la connaissance scientifique   des prestations relatives aux
    sur les œuvres restaurées.             travaux de restauration du clos
                                           et du couvert et des espaces
    A la réouverture du musée              protégés, qui sont assurées par
    au printemps 2019, ce seront           l’Architecte en chef des Monuments
    donc près de 1000 œuvres               Historiques. La délibération
    qui auront bénéficié soit d’une        municipale entérinant cette décision
    restauration fondamentale, soit        a été votée le 30 janvier 2006 et
    d’une restauration minimale,           marque l’engagement concret du
    toutes validées par la commission      grand programme de rénovation du
    interrégionale de restauration.        musée.
    Plus d’ 1 500 000 € ont ainsi été
    consacrés à ces opérations de          La maîtrise d’œuvre Yves Lion
    restauration, avec un financement      L’essence du projet des Ateliers Lion
    conséquent du FRAM.                    est l’ouverture du musée sur la
                                           ville. Celui-ci étant enserré dans
                                           une cour du palais, on propose au
                                           visiteur d’entrer depuis la rue. Ainsi,
                                           quatre percements historiques ou
                                           réhabilités sont mis en place depuis
                                           la rue Rameau, le square des Ducs,
                                           la place de la Sainte-Chapelle et la
                                           Cour d’honneur vers la cour de Bar.
                                           Certaines fenêtres, comme celles
                                           de la galerie Bellegarde ou celles
                                           du 3e étage ont été rouvertes pour
                                           offrir un panorama sur la ville
                                           depuis les salles d’exposition. Ce
                                           principe d’ouverture a été poussé
                                           au maximum, avec pour limite la
                                           nécessité d’obtenir aux murs une
                                           surface d’accrochage suffisante.

                                           Le projet des Ateliers Lion souhaite
                                           donner une place essentielle à la
                                           Cour de Bar, véritable agora du
                                           musée et place urbaine, qui devient
                                           un nœud de circulation piétonne.
                                           L’animation culturelle (concerts,
                                           performances, visites) associée à la
                                           présence d’un restaurant feront de
                                           cette place un véritable lieu de vie.
                                           Les cuisines ducales accueilleront
                                           dans un second temps un espace
                                           immersif proposant une découverte

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du patrimoine de Dijon, cet espace       La maîtrise d’œuvre
                                             proposant une grande place au            Monument Historique :
                                             numérique fera le lien avec le centre    Eric Pallot, architecte
                                             d’interprétation du territoire au sein   en chef des Monuments
                                             de la future Cité de la Gastronomie      historiques
                                             et du Vin.
                                                                                      Le Palais des Ducs et des États
                                                                                      étant classé Monument Historique
                                                                                      pour partie, on a confié Eric Pallot,
                                                                                      architecte en chef des Monuments
                                                                                      Historiques, une maîtrise d’œuvre
Toit doré
© Direction des Musées et du Patrimoine de                                            spécifique : la restauration des
Dijon, photo François Jay                                                             façades et des espaces historiques
                                                                                      du palais.

                                                                                      Le palais qui abrite le musée tel
                                                                                      qu’on le connaît aujourd’hui s’est
                                                                                      constitué entre 1370 et la fin du
                                                                                      XIXe siècle par l’accumulation de
                                                                                      constructions d’époques et de styles
                                                                                      différents. Le projet de rénovation
                                                                                      devait donc prendre en compte
                                                                                      cette richesse hétéroclite tout
                                                                                      en répondant à la commande de
                                                                                      modernisation.

                                                                                      Chaque élément historique a
                                                                                      ainsi été étudié afin d’en définir
                                                                                      sa restauration en l’état, sa
                                                                                      reconstitution ou sa modification.
                                                                                      C’est à l’issue de cette étude que
                                                                                      l’intervention contemporaine des
                                                                                      Ateliers Lion sur l’aile Flémalle a été
                                                                                      autorisée. Le toit doré, ce marqueur
                                                                                      architectural, matérialise ainsi
                                                                                      une nouvelle empreinte, celle du
                                                                                      XXIe siècle, sur un bâtiment dont les
                                                                                      styles et époques cohabitent depuis
                                                                                      des siècles.

                                                                                      Les planchers, boiseries et huisseries
                                                                                      historiques ont été déposés,
                                                                                      restaurés et seront remis en place.
                                                                                      Par exemple, la Salle des Statues
                                                                                      et le Salon Gaulin, emblématiques
                                                                                      du XVIIIe siècle, retrouveront leur
                                                                                      aspect d’origine, et leur remise
                                                                                      en couleur sera contrôlée par
                                                                                      l’architecte en chef des Monuments
                                                                                      Historiques.

                                                                                                                                5
LE CHANTIER DE RÉNOVATION - DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE DIJON 2001-2019 - Musées et patrimoine de Dijon
Les fouilles archéologiques              Les évolutions du projet
    et relevés INRAP
                                             A partir des intentions d’origine,
    Le chantier du musée des                 plusieurs possibilités de parcours
    Beaux‑arts a permis aux                  muséographiques et d’accès ont
    archéologues d’étudier les vestiges      été étudiées, jusqu’à privilégier
    de l’époque médiévale d’un               l’évidence d’un parcours qui sera
    palais peu connu. Le centre de           entièrement chronologique depuis
    castellologie de Bourgogne a ainsi       l’Antiquité jusqu’à nos jours. Ce
    fourni une main d’œuvre bénévole         qui va conduire à remodeler les
    pour ces travaux, qui ont permis de      accrochages et les scénographies du
    dessiner les plans du palais médiéval    parcours inauguré en 2013. Ainsi, par
    qui n’avaient jamais été dressés.        exemple, le sens de circulation dans
    Parmi les surprises du chantier,         la salle néogothique du 3e étage
    on peut citer la redécouverte de         sera inversé.
    latrines du XVe siècle, des symboles
    de constructeurs sur les pierres ou      Une autre évolution du projet a
    encore du passage qui permettait à       conduit à dégager tous les espaces
    Charles le Téméraire, en 1474, d’aller   du rez-de-chaussée afin d’en faire
    de sa garde-robe à son cabinet de        des lieux d’accueil du public et des
    travail. Tout au long du chantier,       services.
    l’INRAP intervient afin de faire des
    relevés sur les bâtis, charpentes,       L’entrée unique du musée se fait
    coffrages et décors anciens.             donc désormais au rez-de-chaussée
                                             de l’aile XIXe, par le passage entre
                                             la place de la Sainte-Chapelle et la
                                             Cour de Bar. Elle permet d’accéder
                                             à l’espace d’accueil, à la boutique et
                                             au début du parcours, matérialisé
                                             par le grand escalier d’honneur du
                                             XIXe siècle.

                                             Dans une volonté de maintenir des
                                             espaces d’expositions temporaires
                                             au sein du musée, les salles donnant
                                             sur la rue Rameau changent
                                             également de vocation et seront
                                             dévolues aux expositions. Cet
                                             espace représente environ 300m2.
                                             Il est accessible de plain-pied et
                                             ce indépendamment du parcours
                                             permanent.

                                             Les salles faisant l’angle rue
                                             Rameau/place de la Sainte‑Chapelle
                                             accueillent une actualité autour
                                             de l’art contemporain. Le
                                             rez‑de‑chaussée de la galerie
                                             Bellegarde, donnant sur le square
                                             des Ducs et la Cour de Bar, abrite
                                             toujours la Brasserie des Beaux-arts.

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LE CHANTIER DE RÉNOVATION - DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE DIJON 2001-2019 - Musées et patrimoine de Dijon
Les ateliers pédagogiques,               Le budget
externalisés à la Nef au même titre
que les bureaux ou la bibliothèque,      Le budget total du projet s’élève à
pourraient également revenir sur le      60 millions d’euros. Les financeurs
site du musée, cet aménagement est       sont : la Ville de Dijon, à hauteur
à l’étude.                               de 25.7M€, Dijon Métropole pour
                                         8.3 M€, l’État à hauteur de 16.6M€, la
Au final, le principe fondateur du       région Bourgogne-Franche-Comté
projet a été conservé : le musée         pour 8.4M€ et enfin l’entreprise
ouvert sur la ville est toujours         SUEZ, qui mécène ce projet à
d’actualité, les passages attirant le    hauteur de 0.8M€.
visiteur dans la Cour de Bar.

Étapes et calendrier
La volonté politique de maintenir
ouvert le musée pendant toute
la durée des travaux a orienté la
constitution d’un calendrier de
travaux par tranches.

La tranche 1, inaugurée en 2013
après des travaux entamés en 2011,
présente aujourd’hui le parcours
Moyen Âge/Renaissance. Cette
tranche de travaux a porté sur le
logis ducal, l’aile « Flémalle » et la
galerie Bellegarde.
La tranche 2 recoupe quant à
elle tout le reste du parcours et
du bâtiment : l’aile dite de l’École
de dessin et l’aile XIXe séparant
la Cour de Bar de la place de la
Sainte-Chapelle. Les travaux ont
été entamés début 2016, pour une
réouverture au public en 2019.

Construction des réserves :
2008‑2010
Tranche 1 : 2011-2013
Tranche 2 : 2015-2019
Livraison partielle des bâtiments
rénovés : à partir de l’été 2018
Fin des restaurations des œuvres :
été 2018
Début des accrochages et
installation des œuvres :
septembre 2018
Inauguration : printemps 2019

                                                                                  7
LE CHANTIER DE RÉNOVATION - DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE DIJON 2001-2019 - Musées et patrimoine de Dijon
2. LE PARCOURS                           collection XIXe est accueilli dans
                                             l’aile datant du XIXe siècle.
    MUSÉOGRA-                                Les outils : textes de
    PHIQUE                                   salles, cartels, tables
    Le parcours muséographique du            multimédia, Nomade,
    musée des Beaux-arts est double.
    D’une part, il permet d’appréhender
                                             dispositifs immersifs
    la collection : il est principalement    Tout au long du parcours,
    chronologique et articulé de             le visiteur se voit proposer
    manière thématique. Le parti pris        différents outils lui permettant
    original et scénographique réside        d’accéder à des contenus d’aide
    dans l’élaboration d’un parcours         à la visite. Le premier niveau
    qui mélange les techniques et            de ces outils est constitué par
    les disciplines artistiques afin de      les textes de séquences et de
    faire dialoguer tant peintures et        regroupements d’œuvres : ils
    sculptures qu’objets d’art, mobilier     permettent de contextualiser
    et vestiges archéologiques.              l’ensemble des collections
    D’autre part, le musée propose           présentées tant chronologiquement,
    un cheminement sur l’histoire du         géographiquement que
    palais par des stations qui mettent      stylistiquement.
    en évidence telle salle, boiserie ou
    architecture remarquables.               Le deuxième niveau d’outil
                                             est matérialisé par les cartels.
    Huit séquences permettent de             Simples ou augmentés (grâce à un
    mettre en valeur les grandes             dispositif numérique disponible sur
    périodes historiques à l’aide d’un       Smartphones ou sur le Nomade
    texte général contextualisant la         fourni par le musée) ils sont la carte
    géographie et la chronologie.            d’identité de l’objet et peuvent,
                                             selon les cas, apporter une clé
    Ces huit séquences sont :                de compréhension historique,
    L’Antiquité, source d’inspiration        iconographique ou stylistique. Une
    Le Moyen Âge en Europe                   mise en cohérence de ces contenus
    Le Moyen Âge en Bourgogne                est orchestrée conjointement par
    La Renaissance en Europe                 les services de médiation et de
    Le XVIIe siècle                          conservation.
    Le XVIIIe siècle
    Le XIXe siècle                           Des tables multimédias proposent
    Le XXe siècle en Europe et ailleurs      par séquence différents types de
                                             scénarios : mini-jeux mettant en
    Dans la mesure du possible,              scène les collections, créations
    l’adéquation entre les collections       artistiques numériques, contenus
    et les différentes époques des           interactifs explicitant un courant
    bâtiments a été conservée : les          ou une œuvre. Accessibles à tous,
    collections médiévales prennent          ces tables multimédias apportent
    place en partie dans le logis ducal et   également un contenu scientifique
    dans la Tour de Bar, les collections     complétant l’accrochage.
    du XVIIIe siècle occupent l’aile de
    l’École de Dessin construite au
    XVIIIe et presque l’ensemble de la

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LE CHANTIER DE RÉNOVATION - DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE DIJON 2001-2019 - Musées et patrimoine de Dijon
A la fois propos scientifique et          Un parcours
enrichissement du parcours, des
dispositifs immersifs occupent
                                          chronologique
certains espaces du musée. A l’heure      Au sein des huit séquences, 50 salles
des résultats rendus par la grande        se répartissent en différents
réflexion nationale sur le musée du       regroupements d’œuvres révélant
XXIe siècle et du label SmartCity         les grands jalons de l’histoire de l’art
accordé à la ville en 2017, Dijon a       européen ainsi que les spécificités d’un
souhaité mettre le numérique au           art bourguignon. Plus de 1500 œuvres,
cœur de l’expérience de visite. Ces       tous domaines confondus, sont donc
dispositifs multisensoriels dotent le     présentées dans les nouvelles salles du
musée des Beaux-arts de nouveaux          musée rénové.
outils de médiation interactifs et
inclusifs, ludiques et décalés, offrant   L’ensemble du travail autour de
un contenu renouvelé.                     l’accrochage et de la scénographie a
                                          bénéficié d’une assistance à maîtrise
Enfin, parce que la rénovation du         d’ouvrage, l’Atelier FL&co, qui a pu,
musée est aussi une rénovation du         en collaboration avec les architectes,
bâtiment, un parcours Palais est          aiguiller les équipes de régie et de
disponible sur le Nomade, en plus         conservation dans l’élaboration du
du parcours sur les collections : il      parcours.
permet d’accéder aux informations
liées à l’architecture et à l’histoire    L’Antiquité, source
de cette partie du Palais, depuis le      d’inspiration
temps des ducs à nos jours.
                                          L’enjeu de cette séquence est de
                                          proposer un aperçu des collections
Tous les dispositifs d’aide à la visite
                                          antiques du musée. Le visiteur peut
sont traduits en anglais (textes de
                                          y trouver l’exceptionnel ensemble
séquence, textes de regroupement
                                          égyptien des portraits du Fayoum, ces
d’œuvres, cartels) afin de permettre
                                          représentations funéraires égyptiennes
à un public touriste étranger
                                          d’époque romaine (I-IVe siècle
d’avoir accès aux même contenus.
                                          ap. J.C.) peintes sur un panneau
Le Nomade permet également la
                                          de bois maintenu sur la momie par
traduction dans d’autres langues
                                          des bandelettes de tissu. Les rituels
comme en allemand. C’est par
                                          funéraires sont également illustrés par
ailleurs un dispositif essentiel dans
                                          l’exposition d’un sarcophage, de vases
la politique d’accessibilité du musée
                                          canope, et d’amulettes.
puisqu’un contenu spécifique est
dédié aux sourds et malentendants.
                                          Pour évoquer la Grèce et la Rome
                                          antiques, des céramiques à figures
Pour épauler le musée des
                                          noires et figures rouges sont associées
Beaux‑arts dans ce travail deux
                                          à des urnes étrusques et des objets de
assistances à maîtrise d’ouvrage ont
                                          la vie quotidienne (bijoux, récipients,
été choisies : Malice Images pour
                                          statuettes). L’art de la parure fait
la partie portant spécifiquement
                                          l’objet d’une vitrine spécifique et
sur les outils de médiation et Les
                                          associe ces objets issus de différentes
Pistoleros pour la signalétique.
                                          cultures. Le propos sera renouvelé
                                          régulièrement par une rotation des
                                          œuvres et vestiges archéologiques
                                          issus des collections.

                                                                                     9
LE CHANTIER DE RÉNOVATION - DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE DIJON 2001-2019 - Musées et patrimoine de Dijon
Le Moyen Âge en Europe                     Le Moyen Âge en Bourgogne
     Cette séquence fait valoir le              En regard du Moyen Âge européen,
     renouveau artistique de la période         une séquence permet d’évoquer
     carolingienne au début de la               la spécificité du Moyen Âge en
     Renaissance avec les œuvres                Bourgogne, du point de vue
     d’artistes italiens, flamands              artistique mais aussi du point
     et suisses. Parmi les œuvres               de vue des modes de vie. La
     italiennes, il convient de citer le        peinture bourguignonne au XIVe
     Triptyque de Pietro Lorenzetti ou          et au XVe siècle est illustrée
     le Couronnement de la Vierge de            par la production de nombreux
     Zanobi Machiavelli.                        retables, par exemple le Diptyque
                                                de l’Annonciation tandis que la
     La très belle collection d’ivoires et      sculpture médiévale bourguignonne
     d’objets liturgiques vient dialoguer       est à l’honneur avec la salle des
     avec les tableaux et retables : calices,   Tombeaux, et ses pleurants, en point
     croix et pyxides.                          d’orgue du parcours.
     L’accrochage accorde une très
     grande place à la collection Dard,         Les retables de Champmol
     léguée au musée en 1916 et dont les        prennent place au sein de la
     panneaux primitifs suisses et rhénans      galerie Bellegarde rénovée lors
     constituent le joyau. Le public peut       de la Tranche 1, cet écrin sert une
     ainsi observer les panneaux réalisés       muséographie qui permet de
     par Konrad Witz L’Empereur Auguste         mieux apprécier leur décor et leur
     et la sibylle de Tibur ou encore ceux      monumentalité.
     réalisés par le peintre connu sous le      La vie quotidienne à l’époque des
     nom du Maître à l’Oeillet de Baden.        ducs est mise en scène à travers
                                                des ensembles d’objets évoquant
                                                les festins de cour ou encore la
                                                pratique musicale. Pour ces thèmes,
                                                des dépôts ont été sollicités auprès
                                                de musées européens et américains.
                                                L’héritage des commandes
                                                artistiques liées à la Chartreuse de
                                                Champmol fait l’objet d’une salle
                                                spécifique, tout comme les vestiges
                                                archéologiques qui y sont liés
                                                (pavements, sculptures).

                                                Ces salles dédiées au Moyen Âge
                                                reprennent en partie les contenus
                                                de la Tranche 1 mais la reprise de
                                                ces espaces s’avère nécessaire. Le
                                                parcours, tel que les visiteurs l’ont
                                                connu entre 2013 et 2018, sera donc
                                                modifié pour partie.

                                                Pietro Lorenzetti, La Vierge et l’Enfant entourés
                                                de quatre anges, deux saintes, saint Pierre et
                                                saint Jean-Baptiste, vers 1340
                                                © Direction des Musées et du Patrimoine de
                                                Dijon, photo François Jay

10
Salle des tombeaux
© Direction des Musées et du Patrimoine de
Dijon, photo François Jay

                                             11
La Renaissance en Europe                et richement décorés permettent
                                             d’illustrer l’art de la parure de
     La séquence consacre une belle
                                             plus en plus visible avec l’essor du
     partie de son propos à l’Italie
                                             portrait.
     renaissante mais aussi à la France du
     XVIe siècle à travers de nombreux
                                             On choisit pour le XVIe siècle en
     sujets religieux. La peinture du
                                             France les panneaux de retables
     XVIe siècle italien est notamment
                                             de Nicolas de Hoey, Claude de
     représentée par Georgio Vasari
                                             Bretagne et sa famille et Denise
     et son Saint Pierre marchant sur
                                             Barjot et ses filles, actuellement en
     les eaux, Jacopo Bassano et son
                                             cours de restauration au C2RMF.
     Martyr de Saint Sébastien ou encore
                                             On peut voir dans une vitrine une
     Véronèse avec son Moïse sauvé
                                             riche collection relative aux arts de
     de eaux. Les objets de la toilette
                                             la table.
     de cette époque, minutieusement
                                             La séquence s’achève sur le
                                             maniérisme en Europe fin XVIe, avec
                                             des œuvres de Saraceni et Léonard
                                             Bramer ou encore Dirk de Quade
                                             van Ravensteyn. Signalons dans
                                             cette salle la Dame à sa toilette
                                             par l’École de Fontainebleau, qui
                                             a bénéficié d’une restauration lui
                                             rendant ses coloris et révélant des
                                             éléments de sa composition. Les
                                             tableaux répondent à un ensemble
                                             d’objets raffinés venant des arts de
                                             la parure et de la table, ainsi qu’à un
                                             très bel ensemble d’émaux peints
                                             (Limoges, Colin Nouailler, famille
                                             Pénicaud).

                                             Ecole de Fontainebleau, Dame à sa toilette,
                                             XVIe siècle, (avant restauration)
                                             © Direction des Musées et du Patrimoine de
                                             Dijon, photo François Jay

12
compositions des artistes flamands
                                                                                       avant et après Rubens à travers des
                                                                                       tableaux aux sujets principalement
                                                                                       religieux et des portraits. Le Portrait
                                                                                       de gentilhomme de Franz Hals, très
                                                                                       raffiné, est entre autres confronté
                                                                                       aux têtes de vieille femme et de
                                                                                       vieil homme de Van de Venne.
                                                                                       Les scènes de genre, les natures
                                                                                       mortes et les paysages italianisants
                                                                                       complètent cet aperçu de la
                                                                                       production flamande.

                                                                                       Le XVIIe ne saurait être évoqué sans
                                                                                       mettre en avant les échanges et
                                                                                       ruptures entre l’Italie et la France :
                                                                                       la grande peinture décorative
                                                                                       française et l’atticisme parisien de
                                                                                       Sébastien Bourdon dialoguent avec
                                                                                       la peinture fine de dévotion de
                                                                                       Francesco Albani.

                                                                                       Coysevox, Lebrun ou Coypel sont
                                                                                       bien entendu ensuite réunis pour
                                                                                       célébrer le siècle de Louis XIV.

                                                                                       Le parcours muséographique
                                                                                       s’attache ici comme ailleurs à mettre
                                                                                       en avant l’art bourguignon de la
                                                                                       période, qui est donc représenté,
                                                                                       en peinture une nouvelle fois par
                                                                                       les productions de Jean Tassel
Georges de la Tour, Le Souffleur à la lampe,
vers 1640
                                               Le XVIIe siècle                         (L’Adoration des mages et le Portrait
© Direction des Musées et du Patrimoine de                                             de Catherine de Montholon) ou
Dijon, photo François Jay                      On met à l’honneur le caravagisme
                                                                                       Claude Lebault (Saint Luc peignant
                                               avec la Judith de Commodi ou
                                                                                       la Vierge). En sculpture, un éclairage
                                               encore la copie d’après Caravage
                                                                                       particulier est apporté à Jean
                                               attribuée à Finson représentant le
                                                                                       Dubois, né à Dijon, grâce à un
                                               Crucifiement de Saint André. Le
                                                                                       ensemble de terres cuites.
                                               caravagisme espagnol et français est
                                               évoqué à travers un Saint Jérôme
                                               anonyme et Le Souffleur à la Lampe
                                               de Georges de la Tour.
                                               Philippe Quantin (Triptyque de la
                                               Circoncision, Saint Bernard écrivant,
                                               les muses Urania et Polinia) et Jean
                                               Tassel représentent le caravagisme
                                               en Bourgogne.

                                               L’accrochage de la salle suivante
                                               permet de mettre en regard les

                                                                                                                                 13
Le XVIIIe siècle                         pause dans la chronologie est
                                              marquée par une salle thématique,
     La fin du règne de Louis XIV est
                                              organisée autour de la peinture
     l’occasion d’aborder l’art de cour et
                                              d’Histoire. Les compositions
     les commandes royales en France :
                                              de grand format du XVIIe et du
     peintures d’histoire, mythologies
                                              XVIIIe siècle, allant de Guido Reni
     et portraits constituent de grandes
                                              à Devosge en passant par
     fresques narratives. Le siège de Lille
                                              Suvée ou Rubens forment la
     par Van der Meulen illustre ainsi les
                                              « Grande Galerie » du musée des
     conquêtes du roi. Le visiteur peut
                                              Beaux-arts. Au milieu de cette
     admirer les peintures mythologiques
                                              grande salle, des vitrines présentent
     de Le Brun, Le banquet d’Enée,
                                              esquisses et petits formats.
     dépôt de la Bibliothèque Municipale,
     ou Louis de Boullogne et son
                                              La Salon Gaulin est l’occasion
     Jugement de Pâris. La peinture
                                              d’évoquer le mobilier Louis XVI
     religieuse n’est pas en reste avec
                                              et le début du néoclassicisme.
     Le Sacrifice de la fille de Jephté
                                              L’ambiance intimiste de cet espace
     de Coypel. Ces grandes fresques
                                              favorise la contemplation de scènes
     sont complétées par un très beau
                                              de genre et d’intérieur telles que La
     dépôt de Versailles : La Chute des
                                              cuisine bourgeoise par Lallemand ou
     anges rebelles de Le Brun. Une table
                                              Le Repos par Colson.
     dressée permet de mettre en avant
     mobilier, vaisselle et horlogerie sous
     la Régence.

     L’École de Dessin de Dijon créée en
     1767 a accueilli de nombreux artistes
     bourguignons dont certains ont
     poursuivi une carrière à Paris, puis
     à Rome. Une salle entière évoque
     donc les créations de ces artistes
     qui répondent au nom de Devosge,
     Naigeon, Prud’hon et Gagneraux,
     familiers des dijonnais. Le Salon
     Condé à cet égard retrouve son
     décor original avec les deux grandes
     batailles peintes par Gagneraux qui
     avaient été commandées en 1786
     par les États de Bourgogne.

     La Salle des Statues retrouve
     sa configuration d’origine, avec
     les envois de Rome des élèves
     sculpteurs de l’École : Petitot,
                                              Pierre-Paul Prud’hon, Plafond à la gloire du
     Bertrand et Rude entre autres.           prince de Condé, 1787, (avant restauration)
                                              © Direction des Musées et du Patrimoine de
     L’Allégorie à la gloire des princes      Dijon, photo François Jay
     de Condé peinte par Prud’hon pour
     le plafond de la salle y retrouve sa
     place, entièrement restaurée.

     Au sein du parcours, une petite

14
Le XIXe siècle                        La salle Sophie et François Rude
                                                                                    met en avant les productions
                                              Ce siècle saturé de « isme »
                                                                                    peintes et sculptées des deux
                                              (néoclassicisme, romantisme,
                                                                                    artistes : La Marseillaise, le bas-relief
                                              orientalisme, historicisme...) est
                                                                                    de l’Arc de Triomphe sera évoqué à
                                              l’objet d’un traitement thématique
                                                                                    travers différents moulages, études
                                              afin d’expliciter les nuances et
                                                                                    et réductions qui font le lien avec
                                              permanences entre les courants.
                                                                                    le Musée Rude qui présente un
                                              Une attention toute particulière
                                                                                    moulage de l’œuvre à l’échelle 1,
                                              est portée aux deux artistes
                                                                                    réalisé en 1938. Les portraits et
                                              bourguignons à travers les grandes
                                                                                    scènes intimistes dans lesquelles
                                              figures que sont Sophie et François
                                                                                    s’est spécialisée Sophie Rude
                                              Rude ou les peintres de paysages
                                                                                    occupent l’autre partie de la salle.
                                              locaux inspirés par l’École de
François Rude, Le Départ des Volontaires de   Barbizon.
1792, dit «La Marseillaise», 1830                                                   La première moitié du XIXe siècle a
© Direction des Musées et du Patrimoine de                                          vu s’opérer un renouvellement des
Dijon, photo François Jay
                                                                                    inspirations iconographiques par
                                                                                    l’introduction de thèmes littéraires
                                                                                    que les collections du musée de
                                                                                    Dijon peuvent présenter dans la
                                                                                    salle suivante : Don Quichotte à
                                                                                    cheval par Daumier, Louis Boulanger
                                                                                    illustrant Notre-Dame de Paris
                                                                                    ou Le Roi Lear. Les thèmes à
                                                                                    caractère mystique et allégorique
                                                                                    prennent également une nouvelle
                                                                                    ampleur, faisant place à une large
                                                                                    part d’introspection de la part
                                                                                    des artistes : Le Cantique des
                                                                                    Cantiques, un très grand format de
                                                                                    Gustave Moreau est ainsi en bonne
                                                                                    place.

                                                                                    Dans la salle Le Goût de l’Histoire, on
                                                                                    voit que le sculpteur François Rude
                                                                                    représente Louis XIII enfant,
                                                                                    tandis qu’Emmanuel Fremiet
                                                                                    se tourne vers Saint Michel et
                                                                                    Saint Georges dans leur dimension
                                                                                    de saints chevalier, tentant d’ancrer
                                                                                    leur tenue médiévale dans une
                                                                                    recherche historique. Le goût pour
                                                                                    l’histoire s’élargit à la période de la
                                                                                    Renaissance : Le Pérugin peignant
                                                                                    chez les moines de Pérouse
                                                                                    (Jacquand) et François Ier dans
                                                                                    l’atelier de Rosso (Fragonard) et
                                                                                    même à d’autres horizons comme
                                                                                    ceux du Nouveau Continent avec
                                                                                    La Première messe en Amérique de
                                                                                    Blanchard.

                                                                                                                                15
La salle suivante consacrée à                techniques de la sculpture.
                                                        l’académisme et à l’éclectisme
                                                        montre les œuvres d’artistes                 Après cette pause dans le parcours
                                                        comme Jean-Jacques Henner,                   chrono-thématique, la suite de la
                                                        William Bouguereau ou                        visite reprendra au 2e étage, avec
                                                        Horace Vernet. Jules Ziegler et              une salle consacrée à l’Orientalisme.
                                                        Mathurin Moreau sont les avatars             Eugène Delacroix en premier lieu,
                                                        bourguignons de ce courant avec Les          avec Le Sultan du Maroc recevant
                                                        Pasteurs de la Bible et La Fée des Fleurs.   le comte de Mornay côtoie Léon
                                                                                                     Bonnat, Félix Ziem et Guillaumet
                                                        Les thèmes réalistes et naturalistes         avec son grand format Femmes
                                                        sont évoqués ensuite par un                  du Douar à la rivière, restauré et
                                                        accrochage qui consacre les                  nouvellement encadré au C2RMF.
                                                        portraits du peintre dijonnais               En sculpture, la Jeune fille de
                                                        Félix Trutat, récemment restaurés            Bou-Saada d’Ernest Barrias ou
                                                        au C2RMF, et par les œuvres                  les dromadaires de Bouchard
                                                        d’artistes qui, dans le sillage de           dialoguent avec les tigres et lions de
                                                        Courbet et Millet, s’attachent à             Barye et Fremiet.
                                                        représenter le monde paysan. Les
                                                        différentes nuances de ces courants          Les paysages bourguignons
                                                        sont représentées par Legros pour            constituent l’ensemble de
                                                        la veine misérabiliste, par Cals et          l’accrochage de la salle suivante,
                                                        Bonvin pour le goût hollandisant.            avec des vues de Dijon, de la
                                                                                                     Côte d’Or, du Charolais et en
                                                        Une salle fait l’objet d’un accrochage       allant jusqu’au Jura. Les peintres
                                                        serré et tente de restituer l’ambiance       de la région tels Félix Ziem,
                                                        d’un atelier, lieu de création et de         Auguste Pointelin ou Jean-Jean
                                                        vie où se mêlent esquisses, études,          Cornu sont mis à l’honneur.
                                                        copies d’après les maîtres : Manet,
                                                        Tissot, Couture, Delacroix, Géricault,       En parallèle, dans la salle qui jouxte
                                                        Isabey seront présents... Des vitrines       celle des paysages bourguignons, on
                                                        permettent d’exposer les différentes         abordera la naissance du paysage

     Gustave Guillaumet, Les Femmes du Douar à la
     rivière, 1872
     Transfert de l’État à la Ville de Dijon : Paris,
     Centre National des arts plastiques
     © Musée des Beaux-Arts de Dijon, photo
     François Jay

16
moderne depuis les œuvres des           principalement en France mais aussi
                                                    peintres paysagistes de l’École         en Europe. On y voit Odilon Redon,
                                                    de Barbizon : Daubigny, Diaz            Manet ou encore Roll et Tissot, dont
                                                    de la Peña jusqu’aux débuts de          la fameuse Japonaise au bain.
                                                    l’impressionnisme.
                                                                                            La dernière salle de la séquence
                                                    L’impressionnisme et le pointillisme    XIXe siècle ouvre sur le XXe siècle
                                                    sont mis à l’honneur par l’exposition   en partant des œuvres symbolistes
                                                    du seul Monet que conserve le           (les figures féminines évanescentes
                                                    musée : Etretat, la porte d’Aval        d’Aman-Jean ou les portraits
                                                    auprès duquel des œuvres de             d’Eugène Carrière, les sculptures et
                                                    Boudin, Sisley, Cross prennent place.   le Lit des Heures de Jean Dampt)
                                                    Des demandes de dépôts au musée         et nabies (Maurice Denis, Vuillard)
                                                    d’Orsay sur cette thématique sont       pour aller vers l’Art Nouveau et les
                                                    actuellement en cours.                  créations d’Émile Gallé.

                                                    Une attention particulière est
                                                    portée à la figure humaine dans
                                                    la deuxième partie du XIXe siècle
Claude Monet, Etretat, la porte d’Aval, vers 1885   pour évoquer le foisonnement de
© Direction des Musées et du Patrimoine de
                                                    styles et d’écoles qui opèrent alors,
Dijon, photo François Jay

                                                                                                                                   17
Le XXe siècle en Europe et              Les années 1920 et 1930 sont
                                                      ailleurs                                illustrées par les œuvres de
                                                                                              l’expressionnisme français avec une
                                                      Faisant le lien avec les collections
                                                                                              belle sélection d’œuvres de Fautrier
                                                      du XIXe siècle et la sculpture
                                                                                              et Rouault. En sculpture, Gargallo et
                                                      animalière largement représentée
                                                                                              Matisse offrent leurs statuettes et
                                                      dans la séquence précédente,
                                                                                              portraits féminins (Têtes d’Henriette
                                                      la première salle du parcours
                                                                                              I, II et III, dépôt du MNAM).
                                                      consacré au XXe expose l’œuvre
                                                      de François Pompon, originaire de
                                                                                              Au sein de la salle suivante, on
                                                      Saulieu.
                                                                                              trouve des œuvres constituant
                                                                                              le courant moderniste, telles que
                                                      Largement composée d’œuvres de
                                                                                              Le Port de Torrès-Garcia. On
                                                      la donation Granville dont le musée
                                                                                              présente également des portraits
                                                      souhaite respecter l’esprit, le reste
                                                                                              par Raoul Dufy et également une
                                                      de la séquence rend hommage au
                                                                                              Fenêtre sur la mer. L’abstraction
                                                      collectionneur et à l’art français du
                                                                                              géométrisante est représentée par
                                                      XXe siècle où la nouvelle école de
                                                                                              Magnelli et Delaunay, entre autres.
                                                      Paris occupe une place dominante.
                                                                                              La deuxième guerre mondiale et
                                                      Une salle restitue virtuellement le
                                                                                              ses répercussions ont généré une
                                                      cheminement dans l’accrochage
                                                                                              iconographie abondante chez les
                                                      Granville de la donation, tandis
                                                                                              peintres français : on trouve ainsi
                                                      qu’une évocation des accrochages
                                                                                              des œuvres de Vieira da Silva,
                                                      « façon Granville » habille l’espace.
                                                                                              Tal-Coat ou Bertholle, chacune
                                                                                              interprétant différemment cet
                                                      Le début du siècle est marqué
                                                                                              événement traumatisant.
                                                      par une incise sur le cubisme et
                                                      l’art africain, avec des œuvres de
                                                                                              Vieira da Silva et Arpád Szenes,
                                                      Laurens (La Femme à la guitare),
                                                                                              couple d’artistes chers au cœur de
                                                      Juan Gris ou Marcoussis (Nature
                                                                                              Pierre Granville et dont le musée
                                                      morte au pichet). La céramique de
                                                                                              de Dijon possède une des plus
                                                      Picasso est mise en confrontation
                                                                                              grandes collections, exposent leurs
                                                      avec ses inspirations africaines
                                                                                              œuvres au sein d’une salle quasi-
                                                      provenant du Mali, du Bénin ou du
                                                                                              monographique : Urbi et Orbi,
                                                      Gabon.
                                                                                              L’Enfant cerf-volant, La Ville Dorée
                                                                                              ou encore L’Atelier à l’Harmonium.

                                                                                              Le deuxième étage de la
                                                                                              Tour de Bar consacre l’œuvre de
                                                                                              Charles Lapicque dont les peintures,
                                                                                              colorées et pleines d’allant,
                                                                                              séduisent toujours. Certaines d’entre
                                                                                              elles ont par ailleurs été choisies
                                                                                              pour être reproduites sur les bâches
                                                                                              des échafaudages du chantier de
                                                                                              rénovation. Signalons ici Diane et
                                                                                              Actéon et Le Coucher de soleil sur
                                                                                              les Doges.

     Louis Marcoussis, Nature morte au pichet, 1920                                           La nouvelle École de Paris est
     © Direction des Musées et du Patrimoine de
     Dijon, photo François Jay
                                                                                              représentée dans une très grande

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Vieira da Silva, Urbi et Orbi, 1972
© Direction des Musées et du Patrimoine de
Dijon, photo François Jay

                                             salle qui regroupera Pagava,
                                             Bertholle, De Staël, Manessier ou
                                             Poliakoff. La série des Footballeurs
                                             de De Staël, de petits formats,
                                             est ainsi confrontée aux grandes
                                             compositions de Poliakoff ou
                                             Manessier.

                                             Les collections du musée des
                                             Beaux‑arts de Dijon sont riches
                                             de quelques œuvres issues de
                                             l’art gestuel français et européen :
                                             Degottex (Trou du ciel), Messagier
                                             (Aube à bijoux), Riegl (Eclatement)
                                             côtoient Hantaï et Mathieu.

                                             L’ouverture sur le XXIe siècle permet
                                             d’inclure les productions d’artistes
                                             contemporains attachés à la ville, tels
                                             que Yan Pei Ming, généreux donateur
                                             du musée, et dont l’Autoportrait et Le
                                             Rêve occupent une belle place dans
                                             l’accrochage.

                                             L’ensemble de cette séquence est
                                             également complété par des dépôts
                                             consentis par le Musée National d’Art
                                             Moderne, le Musée d’Art Moderne
                                             de la Ville de Paris ou encore la
                                             Fondation Gandur en Suisse.

                                             Le parcours se termine au
                                             rez‑de‑chaussée sur des salles
                                             consacrées à l’art contemporain, qui
                                             offrent leurs fenêtres ouvertes sur
                                             la ville puisqu’elles donnent sur la
                                             rue Rameau.

                                             Comme indiqué précédemment,
                                             l’accrochage inaugural est ponctué
                                             de mises en dépôts ou de prêts de
                                             courte à longue durée provenant
                                             d’établissements nationaux et
                                             internationaux. Une rotation de
                                             cet accrochage est d’ores et déjà
                                             planifiée afin de faire vivre l’ensemble
                                             des collections dijonnaises.

                                             Yan Pei Ming, Autoportrait n°3, 2000
                                             © Direction des Musées et du Patrimoine de
                                             Dijon, photo François Jay

                                                                                          19
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