LE KOTEL APPARTIENT À TOUS LES JUIFS - Tenou'a

 
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LE KOTEL APPARTIENT À TOUS LES JUIFS - Tenou'a
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        GRATUIT AU N° 168 - ISSN 0293-8812

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                                                                                 APPARTIENT
                                                                             À TOUS LES JUIFS
                                 LE 26 JUIN 2017, LE PREMIER MINISTRE ISRAÉLIEN EST REVENU SUR SON ENGAGEMENT
                                 D’ÉTABLIR UN NOUVEL ESPACE DE PRIÈRE ÉGALITAIRE ET PLURALISTE AU MUR DES
                                 LAMENTATIONS. TENOU’A VOUS PROPOSE LES RÉACTIONS DE MICHAËL BAR-ZVI,
                                 JEAN-FRANÇOIS BENSAHEL, DANIELLE COHEN, ARIEL GOLDMANN, DELPHINE HORVILLEUR,
                                 FRANCIS KALIFAT, RICHARD PRASQUIER, REUVEN RIVLIN, LESLEY SACHS ET NATAN SHARANSKY
                                 “Tenou’a - Atelier de pensée(s) juive(s)” | Revue trimestrielle de l’Association Tenou’a | Supplément au numéro 168 | Dépôt légal : 29 juin 2017 | N° CPPAP : 0918 G 93165
                                 11 rue Gaston-de-Caillavet, 75015 Paris | Directrice de la rédaction : Delphine Horvilleur | Rédacteur en chef : Antoine Strobel-Dahan | Directeur de la publication : Francis Lentschner
                                 Directeur artistique : Élie Papiernik | Relecture : Sarah Rozenblum | Imprimé par COMPEDIT BEAUREGARD SA - 61600 La Ferté-Macé.

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LE KOTEL APPARTIENT À TOUS LES JUIFS - Tenou'a
FAUTE                                                               depuis deux ans et par ailleurs la conjoncture
                                                                                internationale n’a jamais été aussi favorable à

            POLITIQUE,
                                                                                Israël, en raison du changement d’administration
                                                                                aux États-Unis et du contexte géopolitique
                                                                                régional. Netanyahou a réussi créer des relations

            ERREUR
                                                                                de coopération économique avec les grands
                                                                                pays émergents comme l’Inde et la Chine. Il a
                                                                                récemment participé à une grande convention

            HISTORIQUE
                                                                                en Afrique orientale. Alors pourquoi revenir sur
                                                                                un compromis dont il avait été l’initiateur et
                                                                                que le président de l’Agence juive, membre du
                                                                                Likoud, Natan Sharansky avait réussi à négocier ?
             MICHAËL BAR-ZVI PHILOSOPHE
                                                                                Netanyahou, généralement habile tacticien dans
                                                                                les manœuvres politiciennes, s’est fourvoyé pour
                                                                             des raisons de survie politique. On a du mal à

                L
                        e jour de la date limite fixée par la Cour           croire qu’un Premier ministre de l’État du peuple
                        suprême pour l’application de la décision          juif soit prêt à briser l’unité du peuple juif, à travers
                        du gouvernement israélien de créer une zone        tous ses courants en Israël et en diaspora, pour rester
                de prières mixte près du Kotel, le Premier ministre        au pouvoir. Les réactions au sein du gouvernement
                Benjamin Netanyahou a décidé de suspendre les              et des représentants des courants du judaïsme n’ont
                travaux d’installation du lieu, qui soit dit en passant    pas tardé et il faut espérer qu’elles mèneront à un
                ne fait pas partie de l’esplanade en elle-même mais        changement de position.
                dépend de l’Autorité de l’archéologie. Depuis la
                création du nouveau cabinet israélien, les partis          La seconde question est d’ordre historique, car
                orthodoxes ne cessent de faire pression sur le Premier     contrairement à ce que certains hommes politiques
                ministre pour limiter les contours du statu quo,           veulent nous faire croire, il ne s’agit pas d’une crise
                devenu de plus en plus friable. Ils ont obtenu, sans       entre le gouvernement israélien et le mouvement
                trop de difficultés, des financements supplémentaires      libéral américain, mais d’une volonté de réécrire
                pour des réseaux d’écoles non-sionistes qui                l’histoire. Ce ne sont pas les partis orthodoxes qui
                n’enseignent pas les matières obligatoires du cursus       ont libéré le Kotel et la Vieille Ville de Jérusalem,
                scolaire. Ils viennent d’obtenir une modification de       mais des soldats de Tsahal, une armée dans laquelle
                la loi sur les conversions en Israël, y compris celles     nombre d’entre eux refusent de s’engager. C’est
                réalisées par des rabbins orthodoxes, non contrôlés        aux sacrifices de ces parachutistes que nous devons
                par le Rabbinat. Ils ont déposé des amendements sur        la liberté de prier sur les lieux où nos ancêtres
                la loi concernant les transports publics le shabbat.       érigèrent le Temple de Jérusalem. La capitale de
                Mais avant tout, ils cherchent à briser le consensus       l’État d’Israël est avant tout le siège des sites qui
                instauré par le mouvement sioniste qui consistait à        établissent au regard des nations la souveraineté
                rassembler, à dialoguer, plutôt qu’à séparer. L’unité,     du peuple juif sur la terre de ses ancêtres, qui
                même dans le débat ardent entre les communautés,           n’étaient ni des orthodoxes, ni des réformistes,
                du peuple d’Israël a toujours été l’élément fondateur      ni des laïques, mais des fils d’Israël, porteur d’un
                de la société israélienne et le ciment de sa démocratie.   patrimoine dont le socle principal est la loi. Israël,
                                                                           malgré les concessions faîtes aux orthodoxes par
                La première question que l’on se pose est d’ordre          Ben-Gourion dès son indépendance sur le statu quo
                politique. Pour quelle raison Netanyahou a-t-il pris       religieux, n’est pas un État « halakhique » mais un
                cette décision maintenant, à l’heure où le peuple          État juif et démocratique, qui par essence reconnaît
                juif célèbre les cinquante ans du retour sur ce lieu       la pluralité maximale des manières de vivre la
                symbolique pour chaque Juif, pratiquant ou non ?           judéité. Un gouvernement, un Premier ministre
                                                                           qui remettraient en cause ce principe perdraient
                La coalition gouvernementale n’est pas en danger,          toute légitimité morale, et aboliraient ainsi le sens
                les orthodoxes n’ont aucune intention de la                profond du sionisme, qui a redonné au peuple juif
                démanteler, car aucune autre constellation politique       une histoire dont l’épicentre est la centralité de
                ne leur apporterait les budgets dont ils bénéficient       Jérusalem, ville dont le cœur bat en chacun de nous.

       IV

TENOUA_168_SUPPLEMENT_V08.indd 4                                                                                                       29/06/2017 19:33
LE KOTEL APPARTIENT À TOUS LES JUIFS - Tenou'a
TENOUA_163_COUV_P1 V01.pdf   1   04/03/2016   13:21

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                                                                                                                                                                                            HEUREUX COMME DIEU EN FRANCE
                                                                                                                                                                                            ÉGALITÉ
                                                                                                                                                                                            LES JUIFS DANS LA RÉPUBLIQUE

                                                                                                                                  163
                                                                                                                                                                                            FRATERNITÉ
                                                                                                                                                                                            HOMMAGE À MARIANNE

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                                                                                    Collection Ma Préférence
                                                                                                                                  LETTRES À LA FRANCE
                                                                        Les bagues interchangeables                               N°163 – PRINTEMPS 2016 : AVEC NOTAMMENT ÉMILIE FRÈCHE, SALOMON MALKA, DOMINIQUE SCHNAPPER,
                                                                                                                                  JEAN-CHRISTOPHE ATTIAS, ANNETTE WIEVIORKA FRANÇOIS HEILBRONN, NOURITH, GÉRARD HADDAD,
                                                                                                                                  BRIGITTE STORA, MARC-ALAIN OUAKNIN, PATRICK CHASQUÈS, NOÉMIE BENCHIMOL, SERGE KLARSFELD,
                                                                                                                                  GEORGES BENSOUSSAN, JEAN-FRANÇOIS BENSAHEL, ROSIE PINHAS-DELPUECH, DOV ZERAH...

                                                                                                                                  ISSN 0293-8812                                                                           9€

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LE KOTEL APPARTIENT À TOUS LES JUIFS - Tenou'a
‫אבגדהוזחטיכלמנסעפצקרשת‬
                                        LETTRE À MA FRANCE JUIVE
                                        Chère France,                                  dans un rapport de filiation et de trans-
                                        Il ne se passe pas à un jour sans que je       mission. Ce n’est pas l’amour qui
                                        ne pense à toi, aux moments heureux            compte, de même que ce n’est pas le
                                        et malheureux de notre vie commune.            désamour qui désespère, car au cœur de
                                        Je n’y songe pas avec nostalgie, mais          la relation entre la France et Israël il y a
                                        avec la crainte que l’oubli ne finisse pas     autre chose de bien plus fort et bien
                                        effacer ce qui nous a liés si longtemps.       plus essentiel, c’est la notion d’élection.
                                        Les remous et les troubles de l’histoire       Deux peuples qui partagent l’idée
                                        peuvent-ils broyer en un tournemain le         d’une mission envers les autres peuples,
                                        passé qui a permis de bâtir les fonde-         différente bien sûr, mais qui ont ce sens
                                        ments spirituels d’une civilisation ? En       de l’honneur, que certains désigneront
                                        devenant sacrée la laïcité a-t-elle anéanti    comme le messianisme et d’autres
                                        la figure d’Israël, centrale dans la cul-      comme la chevalerie.
                                        ture et la littérature française ? Qui
                                        pourrait encore décrire les personnages        Mais dans une France où les héros sont
                                        bibliques de la Légende des siècles ?          des « people » issus du show-biz, du
                                                                                       sport ou de la mode que devient cet es-
                                                                                       prit ? La haine d’Israël n’est pas seule-
                                                                                       ment        l’antisémitisme     classique
                                                                                       dénonçant les tares juives, elle com-

     ISRAËL
                                                                                       mence par l’indifférence, par le relati-
                                                                                       visme où tout se vaut et où au fond rien

#                                                                                      n’a de valeur, même la souffrance. Le
                                                                                       multiculturalisme en voulant bâtir un
                                                                                       « vivre-ensemble » a abandonné des ter-
MICHAËL BAR-ZVI
Philosophe
                                                                                       ritoires, condamné des jeunes au radi-
Auteur notamment de Israël et la France, l’alliance égarée (Les Provinciales, 2014)    calisme et éloigné des familles
et de Pour une politique de la transmission, réflexions sur la question sioniste       décomposées. Drumont s’est trans-
(Les Provinciales, à paraître en avril 2016)                                           formé en humoriste et Céline en anti-
                                                                                       sioniste islamo-gauchiste pour rejeter
                                        La France du post-modernisme et du             les blasons d’une alliance spirituelle an-
                                        métissage a gommé le nom juif, qui en-         cienne qui permit pendant des siècles à
                                        richissait son patrimoine de Rachi à           Montaigne, Pascal, Racine, Bossuet,
                                        Proust ou des kabbalistes de Provence          Hugo, Péguy ou Claudel de créer la
                                        à Emmanuel Lévinas. Une France dé-             magnifique galerie juive de la culture
                                        christianisée et a fortiori déjudaïsée n’est   française. Sommes-nous revenus au
                                        pas seulement un pays qui renie ses ra-        temps où le rabbin de Paris Yehiel
                                        cines, mais une société qui déconstruit        quitta la France pour monter en Erets
                                        sa demeure actuelle et assombrit son           Israel après la destruction du Talmud au
                                        avenir. Il ne s’agit pas de prouver que        XIIIe siècle ou bien à celui du roi Louis
                                        des Juifs vivaient sur cette terre avant       XIV venu rendre hommage aux Juifs
                                        qu’elle ne devienne le royaume de              dans la synagogue de Metz ?
                                        France, en revanche il est important de
                                        comprendre pourquoi celui-ci choisit           C’est en France que le peuple juif, au
                                        les emblèmes de la dynastie du roi             lendemain de l’affaire Dreyfus, retrouva
                                        David comme symbole de sa souverai-            sa dignité nationale pour refonder un
                                        neté. Le peuple d’Israël est le modèle         État, et j’espère que la France puisera
                                        sur lequel la nation française s’est           dans le sionisme son retour en force
                                        constituée, et la fleur de lys ou le sacre     dans l’histoire pour y rétablir sa gloire.
                                        du roi par l’onction ne sont pas des
                                        actes anodins, ils trouvent leur source        « Que la France jouisse d’une paix du-
                                        dans la tradition juive. La France, fille      rable et conserve son rang glorieux au
                                        aînée de l’Église, est aussi juive en cela,    milieu des nations. Amen. »

                                                                                                                                      27
LE KOTEL APPARTIENT À TOUS LES JUIFS - Tenou'a
LE KOTEL APPARTIENT À TOUS LES JUIFS - Tenou'a
DANS LE TEXTE TORAH

                                           UN
                                           VERSET
                                           DOUZE
                                           LECTURES
                                           .‫ לעבדה ולשמרה‬,*‫עד‬-*‫; וינחהו בג‬/‫האד‬-‫ את‬,/‫ויקח יי אלהי‬
                                           L’ÉTERNEL-DIEU PRIT DONC L’HOMME ET L’ÉTABLIT DANS LE JARDIN
                                           D’ÉDEN POUR QU’IL LE TRAVAILLE ET LE SOIGNE. GENÈSE 2:15
                                           TENOU’A A DEMANDÉ À DOUZE PERSONNALITÉS DE NOUS DONNER LEUR LECTURE DE CE VERSET
                          © Lion Lichter

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LE KOTEL APPARTIENT À TOUS LES JUIFS - Tenou'a
DANS LE TEXTE TORAH
LISHMOR, « PROTÉGER » MAIS AUSSI « ESPÉRER »
Michaël Azoulay, Rabbin, Neuilly-sur-Seine
Face à ce qui est devenu un sentiment d’urgence de devoir agir pour la sauvegarde de notre
planète, si l’on postule que « le jardin d’Éden » et « l’homme » sont des métaphores de la Terre et de
l’humanité qu’elle porte, ce verset me sem-
ble induire deux idées-forces :
- La Bible plaçant l’Homme dès le début
en présence et en relation avec la nature,
l’évolution inexorable d’une humanité vers           ÉCOLO MA NON TROPPO
une urbanité dominante a profondément                Michaël Bar Zvi, Philosophe
et durablement affaibli sa sensibilité à la
préservation de l’écosystème. Les peuples            Ce verset de la Genèse est-il le fondement d’une écolo-
amérindiens ou africains, par exemple, peu-          gie juive ? Il questionne la relation de l’homme à la nature,
vent nous aider à réinvestir ce lien perdu           et en même temps nous montre que celle-ci n’a pas le sens
avec Mère Nature.                                    que lui donne la philosophie occidentale d’origine grecque.
- L’humanité a trop longtemps « cultivé »,           En hébreu, la nature est désignée par le terme teva, qui si-
ou plutôt surexploité son environnement,             gnifie planter. Autrement dit, dans le judaïsme, il n’y a pas
rempli et soumis la terre (Genèse 1:28), au          de nature avant l’action de l’homme, comme un objet qui
détriment de sa protection. Le temps est             serait là avec ses propres règles de fonctionnement, ses cy-
venu de changer de paradigme. Aux res-               cles et ses forces telluriques. Le verset évoque deux mitsvot
ponsables religieux d’apporter leur contri-          de caractère différent. La première qui consiste à cultiver
bution en évoquant plus souvent dans                 la terre, avec le terme avoda, le travail dans son sens noble,
leurs interventions auprès de leurs fidèles,         comme dans le culte de Dieu (avodat Hashem), et d’ailleurs
l’urgence vitale du développement dura-              le texte ne dit pas amal, qui signifie travail dans son ex-
ble. Dans la Bible, lishmor signifie aussi           pression de labeur. La seconde mitsva évoque la nécessité
« espérer » (cf. Genèse 37:11, où Jacob « at-        de conserver, c’est-à-dire de ne pas gaspiller les bienfaits de
tend » la réalisation des rêves prophétiques         la terre. Comment interpréter l’accouplement de ces deux
de son fils Joseph). Nous devons agir au-            injonctions, qui renvoie à d’autres versets, dans lesquels la
jourd’hui pour un futur que nous ne ver-             même dualité entre le bien et le mal existe ? L’homme est
rons peut-être pas, comme ce vieillard               capable de développer la terre, mais aussi d’en épuiser les
plantant des arbres qui donneront des                ressources. Interprétation écologique intéressante de ce ver-
fruits qu’il ne goûtera pas, évoqué par le           set, mais somme toute réductrice, car l’idée centrale est la
Talmud (cf. p. 27).                                  présence d’Adam, l’homme, qui n’est pas désigné ici
                                                     comme ish ou isha, mais bien comme un humain, établi
                                                     au Gan Eden par Dieu. Les philologues et les étymologistes
                                                     s’interrogent sur l’origine du nom adam pour savoir s’il
TRAVAILLER AVEC                                     vient de adama, la terre, ou bien de adom, rouge par réfé-
                                                     rence à dam, le sang. Dans les deux cas, il s’agit de com-
ET POUR LA TERRE                                     prendre que adam est au cœur du problème et non la terre,
Elliot Dorff, Rabbin,                                le sol ou la nature. Ce verset nous met en garde contre les
American Jewish University,                          risques d’une idolâtrie de la terre sous toutes ses formes,
Los Angeles                                          celle des écolos fondamentalistes et celle des fanatiques des
                                                     guerres saintes.
Dans la Genèse 1:28, Dieu bénit les deux
premiers êtres humains en leur disant :
« Croissez et multipliez ! Remplissez la
terre et soumettez-la ! Commandez aux poissons de la mer, aux oiseaux du ciel, à tous les animaux
qui se meuvent sur la terre ! ». Cela semble nous donner tout pouvoir et toute liberté sur la terre pour
en faire ce que bon nous semble, et il semble bien facile pour nous de diriger le monde. Puis dans le
chapitre suivant, en Genèse 2:15, on entend que les deux premiers humains doivent « travailler [la
terre] et la préserver ». Soudainement, notre relation à la terre n’est plus si libre ni si facile : nous
devons la travailler pour obtenir ce dont nous avons besoin, et nous devons, dans ce travail, prendre
des mesures pour la préserver. C’est bien cette dernière relation à la terre qui caractérise notre époque,
où nous sommes pleinement conscients que nous devons travailler avec et pour la terre afin de pouvoir
exister.                                                                              Traduit de l’anglais par ASD

                                                                                                                       11
LE KOTEL APPARTIENT À TOUS LES JUIFS - Tenou'a
ATELIER DE PENSÉE(S) JUIVES(S)
                                                            L’INTERPRÉTATION BIBLIQUE
                                                            EXERCICE HUMORISTIQUE
                                                            RIRE UNE ARME
                                                            CONTRE L’EXTRÉMISME
159

                                                            HUMOUR JUIF
                                                            L’ART DE L’AUTODÉRISION

  N°159 – PRINTEMPS 2015 : AVEC LES RABBINS ALEXIS BLUM, TOM COHEN, FRANÇOIS GARAÏ, ALAIN GOLDMANN,
  PHILIPPE HADDAD, DELPHINE HORVILLEUR, OLIVIER KAUFMANN ET MARC-ALAIN OUAKNIN ET, NOTAMMENT,
  ARMAND ABÉCASSIS, MICHAËL BAR-ZVI, JOËLLE BERNHEIM, FRÉDÉRIC ENCEL, GÉRARD HADDAD, JUL,
  MICHEL KICHKA, GÉRARD RABINOVITCH, SEFWOMAN, DANIEL SIBONY, BRIGITTE SION…
  ISSN 0293-8812                                                                               9€
LE KOTEL APPARTIENT À TOUS LES JUIFS - Tenou'a
HUMOUR JUIF ISRAËL
                                Comment faire rire un Israélien ?

  L’humour en Israël                MICHAËL BAR-ZVI, PHILOSOPHE

                              Qu’est-ce que l’humour israélien ?
                              Cette question en comprend en fait trois :
                              • L’humour israélien est-il une forme ou une
                              évolution de l’humour juif ?
                              • Comment la société israélienne a-t-elle in-
                              tégré les folklores, les histoires et les mots
                              d’esprit de plus de cent communautés juives
                              revenues sur leur terre ancestrale ? Quelle
                              trace a laissé ce long séjour au cœur de
                              nombreuses cultures ?
                              •Comment rire ou faire de l’humour lorsque
                              la guerre, le terrorisme et la mort sont le lot
                              quotidien d’un pays ?

D
                          ès les années quarante, l’humour israélien se ma-   Dès les années cinquante, l’humour israélien se
                          nifeste dans sa relation avec la guerre. Les ex-    décline sur trois registres : la critique politique, l’armée
                          ploits et ruses de guerre, dont certains            et l’intégration des nouveaux immigrants. La satire
                          ressemblent un peu aux aventures de Tartarin,       des hommes politiques a toujours fait recette en Israël.
                          appelés Tshisbatim sont racontés au coin du feu     Mais l’une des originalités de l’humour israélien est
                          et forgent l’imaginaire humoristique de la          sans aucun doute la présentation des diverses
                          Guerre d’Indépendance. Quoique la guerre fût        communautés montées en Israël sous des aspects
                          particulièrement meurtrière, dans la mémoire        renforçant violemment les stéréotypes. Les différentes
                          collective israélienne, les jeunes du Palmah, de    Alyot (vagues d’immigration) sont présentées dans un
la Hagana et de l’Irgoun apparaissent aussi comme de joyeux drilles, prêts    sketch classique des années cinquante où les
à de nombreuses plaisanteries ou canulars au soir de combats acharnés.        personnages parlent avec des accents très prononcés

                                                                                                                                         35
LE KOTEL APPARTIENT À TOUS LES JUIFS - Tenou'a
HUMOUR JUIF ISRAËL

                     et sont accueillis par les Olim de la vague précédente qui, déjà,
                     se considèrent comme des vétérans. L’exemple le plus célèbre est
                                                                                             HUMOUR NOIR,
                     sans doute le film culte d’Ephraïm Kishon Salah Shabati, joué           PARFOIS MORBIDE
                     par Haim Topol. Il raconte l’histoire des Maabarot, sorte de            Les années deux mille et la vague de terrorisme aveugle virent ap-
                     baraques provisoires destinées aux Olim des années cinquante, et        paraître un nouvel humour noir, parfois morbide sur les victimes
                     montre avec un humour grinçant la lutte des petits contre la            et les assassins. C’est sans doute une expression du vieux réflexe
                     bureaucratie. L’arme fatale y reste le ridicule et le comique de        de l’humour juif, utilisant la dérision comme dernier moyen de
                     situation bon enfant. Un des autres grands classiques du cinéma         défense contre le désespoir et l’angoisse. La satire politique et so-
                     israélien, écrit dans le même esprit par Kishon, est Le Policier        ciale en Israël n’épargne personne et elle se caractérise par une li-
                     Azoulay, joué par Shaike Ophir, critique ingénue de la police et        berté d’expression unique en son genre. Elle ne connaît ni limite,
                     des préjugés sur la communauté juive marocaine.                         ni tabou, ni autocensure. Les clips des campagnes électorales en
                                                                                             portent la marque. Les programmes satiriques ont fait florès ces
                     À la fin des années soixante, c’est le théâtre qui devient le révéla-   dernières années sur les chaînes israéliennes et ont à chaque fois
                     teur des grands talents de l’humour israélien, et notamment de          repoussé les limites du politiquement incorrect, qui caractérise
                     ses tendances cyniques. Le dramaturge Hanoch Levin commence             l’humour israélien. Le plus connu est Eretz Nehederet, « Un pays
                     à écrire une critique amère et sarcastique de la société israélienne    magnifique » qui, depuis sept ans, à un rythme quasi hebdoma-
                     sans épargner aucun sujet. Son premier grand succès, La reine de        daire, taille en pièces la classe politique israélienne. Autre pro-
                     la baignoire, raconte l’histoire d’une prostituée et, à travers elle,   gramme phare des dernières années, la série Avoda Aravit,
                     c’est toute la société qui est mise en cause. Il reste la figure de     « Travail arabe », écrite par l’écrivain arabe de langue hébraïque
                     proue de toute une génération d’écrivains influencés par Ionesco        Sayed Kashua qui s’attaque aux préjugés à l’égard de la minorité
                     et Beckett, utilisant le cynisme et la dérision. À la fin des années    arabe. La série culte des dernières années, Ramzor, revendue aux
                     soixante-dix, la première émission télévisée de satire politique        États-Unis, raconte les péripéties de trois trentenaires israéliens.
                     Nikoui Rosh, « Lavage de cerveau », reprit cette tendance d’hu-         Enfin, dernière en date du paysage audiovisuel israélien, Haye-
                     mour grinçant dans ses émissions.                                       hudim Baim, « Les juifs arrivent », reprend en douze épisodes les
                                                                                             principaux événements de l’histoire juive, en mettant en scène
                                                                                             ses principaux personnages, sous un jour souvent peu flatteur.
                     LE TRIO COMIQUE DEVENU                                                  Et, pourtant, personne en Israël n’y voit la moindre atteinte à la
                     SUJET UNIVERSITAIRE                                                     religion ou aux bonnes mœurs, car blasphémer, ici, ce serait re-
                     Ce registre n’est pas le domaine du trio comique le plus célèbre        noncer à rire de tout…
                     de l’histoire israélienne, HaGashash Hahiver, littéralement
                     « l’éclaireur pâle », qui occupa la scène israélienne pendant plus
                     de quarante ans, grâce à un humour populaire avec des textes al-
                     liant les jeux de mots au comique de situation, et même la chan-
                     sonnette. Un ton juste sur tous les plans, pas de critique politique
                     acerbe, pas de « sujets qui fâchent », pas de violence dans le pro-                  PENDANT LA GUERRE DE
                     pos, mais une galerie de personnages de toutes les couches de la
                     population. L’accent est mis sur le détail et certaines expressions                  KIPPOUR, 500 ÉGYPTIENS
                     de Gashashim sont entrées dans le langage courant, à tel point
                     qu’ils ont déjà fait l’objet de thèses universitaires de linguistique                ASSIÈGENT UN PETIT VILLAGE
                     et de sociologie. Le trio s’associa à Assi Dayan dans un film de-
                     venu l’un des canons des films comiques israéliens, Givat Halfon                     DÉFENDU PAR UNE VINGTAINE
                     eina ona – L’unité Halfon ne répond pas, qui met en scène l’expé-
                     rience, connue de tous, des périodes de réserve dans l’armée.
                                                                                                          D’ISRAÉLIENS AVEC SEULEMENT
                     Le développement de la télévision amena un humour d’une autre
                                                                                                          QUELQUES REVOLVERS. UN
                     facture, moins centré sur le texte et s’adressant à un public plus                   JOURNALISTE LEUR DEMANDE:
                     jeune. Le cas le plus célèbre est celui de l’émission ZeHouZe,
                     « C’est ainsi », dont les animateurs ont été sans aucun doute les                    - COMMENT ALLEZ-VOUS VOUS EN
                     vedettes de la Guerre du Golfe : pendant que le taux d’audience
                     était à son maximum, ils s’efforçaient de remonter le moral des                      SORTIR?
                     Israéliens. Plusieurs autres phénomènes ont vu le jour, à partir
                     de la télévision : les Guignols israéliens, Hartsoufim, exacte repro-                - DIEU NOUS AIDERA.
                     duction de ce que l’on connaît en France ; Hahamishia Hakame-
                     rit, « le quintette » dont l’humour était ciblé sur la satire
                                                                                                          - ET S’IL EST OCCUPÉ AILLEURS?
                     politico-sociale ; ou encore Rak B’Israel, « Seulement en Israël »,                  - DANS CE CAS, SEUL UN MIRACLE
                     animée par la fameuse Limor, caricature de la « cruche ». Mais la
                     mode israélienne en matière d’humour reste depuis les années                         POURRA NOUS SAUVER.
                     quatre-vingt-dix le stand-up, l’improvisation d’un humoriste qui
                     tance son public, notamment en stéréotypant les origines. Cet
                     humour ethnique choque parfois en diaspora mais est assez bien
                     vécu en Israël.

                     36
ATELIER DE PENSÉE(S) JUIVES(S)
                                                                                                                                QUATORZE SIÈCLES       JUIFS ET ARABES,
                                                                                                                                D'HISTOIRE             COMMENT RENOUER
                                                                                                                                JUDÉO-MUSULMANE        LE DIALOGUE?
                                                                        158

                                                                                                                                FRATERNITÉS ISRAÉLO-PALESTINIENNES
                                                                                                                                DES INITIATIVES MIXTES POUR AVANCER

                                                                                           Iàòîùé                                          ÷çöé
                                                                                           �������                                       �����
© Antoine Schneck 2014, courtesy of Galerie Berthet-Aittouares, Paris

                                                                          ISAAC & ISMAËL
                                                                          SE REPARLER ?
                                                                          N°158 - HIVER 2014-2015 : AVEC LES IMAMS MOHAMMED AZIZI, HASSEN CHALGHOUMI ET TAREQ OUBROU,
                                                                          LE PÈRE ÉMILE SHOUFANI, LES RABBINS PHILIPPE HADDAD, DELPHINE HORVILLEUR, MARC-ALAIN OUAKNIN
                                                                          ET MICHEL SERFATY, ET ÉGALEMENT ARMAND ABÉCASSIS, MALEK CHEBEL, BENJAMIN STORA,
                                                                          ABDENOUR BIDAR, MICHAËL BAR ZVI, RACHID BENZINE, BRIGITTE SION, JEAN-FRANÇOIS BENSAHEL...
                                                                          ISSN 0293-8812                                                                              9€
LIVRES ENTRETIEN
Les juifs et la France, une alliance du passé ?

“Quelque chose
  s’est brisé”
ENTRETIEN AVEC MICHAËL BAR-ZVI, PHILOSOPHE

     Lorsqu’il s’installe en Israël il y a quarante
     ans, le philosophe Michaël Bar-Zvi le fait
     sans se départir de son attachement à la
     France, et veut enrichir ses deux cultures.
     Aujourd’hui, il constate que les nouveaux
     immigrés français en Israël arrivent dans
     une situation de rupture avec leur pays
     d’origine.

     Dans « Israël et la France : L’alliance éga-
     rée », il décrit et explore cette alliance an-
     cienne sinon antique entre les juifs et la
     France, une alliance qui semble aujourd’hui
     appartenir au passé.
     Éditions les Provinciales, 2014, 15 ¤

                                                      59
LIVRES ENTRETIEN

                        POURQUOI AVEZ-VOUS VOULU ÉCRIRE CE LIVRE ?                                       Lorsque j’ai quitté la France pour faire
                                                                                                         mon alyah, je l’ai quittée avec un
                                                                                                         amour de la France et en apportant la
                                   culture française dans laquelle j’avais été élevé, dans l’idée qu’elle pourrait enrichir mon alyah et qu’il y
                                   avait entre ces deux nations une forme de fidélité et des racines spirituelles communes. Depuis quelque
                                   temps, je constate que les juifs qui font leur alyah sont en situation de rejet : à la fois eux-mêmes rejettent
                                   parfois la France, mais aussi se sentent rejetés. Quelque chose s’est brisé.

                        DANS VOTRE LIVRE, VOUS SEMBLEZ DIRE QUE LA                                     Lorsque la nation française se forge en
                        MYTHOLOGIE NATIONALE FRANÇAISE S’APPUIE SUR                                    tant que nation pour devenir ensuite
                                                                                                       le royaume de France, c’est à partir
                        L’HISTOIRE DES HÉBREUX, POUVEZ-VOUS NOUS
                                                                                                       d’un certain modèle, un modèle bi-
                        L’EXPLIQUER ?                                                                  blique au sens historique. Tous les pre-
                                                                                                       miers textes fondateurs de la France en
                                   tant que royaume, son unité nationale, s’appuient sur une conception juive, voire biblique, de la poli-
                                   tique ; ils s’inscrivent dans cette idée que la France a une mission par rapport à ses habitants mais aussi
                                   une mission universelle. La France s’est conçue en tant que nation dans la lignée des Rois d’Israël – les
                                   symboles mêmes de la royauté en France sont ceux du Roi David.

                        POURQUOI ALORS LA FRANCE A-T-ELLE ÉTÉ L’UN                                       L’antisémitisme est une forme de ba-
                        DES PARADIS DES THÉORICIENS DE                                                   lancier idéologique que l’on retrouve
                                                                                                         partout, qui change de forme et de
                        L’ANTISÉMITISME ?
                                                                                                         camp selon les époques mais survit
                                   toujours. C’est justement la nature de cette haine polymorphe qui s’appelle antisémitisme : aujourd’hui
                                   on déteste les juifs pour les raisons pour lesquelles on les tolérait auparavant et inversement. Plus pro-
                                   fondément, l’idée fondamentale du lien spirituel entre Israël et la France est la notion d’élection, parce
                                   que le peuple juif est un peuple élu, qui se sent investi d’une mission ; et le peuple français, lorsqu’il se
                                   considère comme nation, le fait justement à partir de cette idée d’élection. Une partie des théoriciens
                                   politiques refusait l’idée qu’il puisse y avoir deux peuples élus sur une même terre, ce qui a expliqué cer-
                                   taines persécutions. A contrario, d’autres penseurs affirment que c’est au nom de cette notion d’élection
                                   que le peuple juif doit être protégé en France.

                        LA FRANCE, POURTANT, AVEC LA RÉVOLUTION, NE                                    Le début de la rupture, de la sépara-
                        REFUSE-T-ELLE PAS AUX JUIFS LA LÉGITIMITÉ D’ÊTRE                               tion, effectivement, c’est la Révolution
                                                                                                       française : à partir du moment où la
                        UN PEUPLE ?
                                                                                                       France se place justement dans cette vi-
                                   sion universaliste et presque messianique, elle ne peut accepter l’idée des Juifs comme nation. Elle a
                                   donc offert aux Juifs une émancipation individuelle en niant leur nature de peuple. Quand on enlève
                                   au peuple juif sa nature de nation et de peuple, on le place en situation de rejet de son appartenance et
                                   on l’incite à l’assimilation individuelle. Le résultat en est quelque chose d’assez curieux dans le monde
                                   moderne : les Juifs sont encore là comme Juifs, l’antisémitisme également, sous de nouvelles formes et,
                                   pour ne plus parler de « peuple juif », on va inventer l’idée du « génie juif », un concept absurde que nul
                                   ne peut définir.

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LIVRES ENTRETIEN
            POURQUOI LA FRANCE EST-ELLE LE SEUL PAYS                                               La France se perd dans des idéologies
            OCCIDENTAL DANS LEQUEL L’ANTISÉMITISME                                                 dominantes qui l’amènent à perdre ses
                                                                                                   propres repères. Lorsque nous, Juifs,
            TROUVE NON SEULEMENT UNE EXPRESSION
                                                                                                   sommes attaqués, c’est toujours un ré-
            VERBALE VIRULENTE, MAIS ÉGALEMENT UNE                                                  vélateur. C’est, d’une certaine façon,
            EXPRESSION MEURTRIÈRE CES DERNIÈRES ANNÉES ?                                           un schéma qui se répète : la France est
                                                                                                   devenue un terrain privilégié pour
                              cette violence parce qu’elle ne respecte pas sa propre histoire. Notre pays a beaucoup de mal à gérer son
                              passé, notamment colonial, et ne se trouve plus en position de pouvoir réclamer une fidélité à son destin
                              – un destin dans lequel beaucoup ne se reconnaissent pas.
                              La possibilité pour les musulmans radicalisés de s’exprimer en France est imputable, d’abord, au vide
                              politique de notre pays : les politiques ont laissé vacant cet espace pour faire du spectacle ou de l’écono-
                              mie. Or les jeunes de banlieue sont attirés avant tout par la politique. L’islam fondamentaliste leur donne
                              l’impression d’avoir une action et une influence sur l’Histoire

            EXISTE-T-IL, SELON VOUS, UNE POSSIBILITÉ DE                                                 Il n’y a pas à cette heure de véritable
            DIALOGUE JUDÉO-MUSULMAN ?                                                                   dialogue : le dialogue judéo-chrétien se
                                                                                                        fonde sur le texte commun, mais nous
                              n’avons pas de texte commun avec les musulmans. Pour qu’existe un dialogue au-delà des simples rela-
                              tions d’amitié, il faudrait des textes sur lesquels des théologiens, des philosophes, des penseurs, réfléchi-
                              raient ensemble. Il existe certes des religieux et des intellectuels musulmans qui veulent trouver des
                              relations spirituelles et intellectuelles avec les juifs, mais ils n’ont pas trouvé, pour l’instant, le tronc com-
                              mun spirituel et philosophique qui permettrait ce dialogue.

                                                                                                                                                   EXPO VOIR
“Mehitza” - Ce que femme voit
MYRIAM TANGI AU MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE DU JUDAÏSME

EXPOSITION DU 19 JANVIER AU 26 JUILLET 2015
Dans « Ce que femme voit » dont les lecteurs de Tenou’a ont découvert un cliché dans le numéro 157, Myriam Tangi explore,
à travers une cinquantaine de photographies, la séparation opérée dans la synagogue entre l’espace réservé aux hommes et l’espace
réservé aux femmes, soit en hébreu la mehitsa (“division”). Avec un regard résolument subjectif, cet essai photographique retrace
                                                         l’expérience féminine au sein des différentes communautés du judaïsme
                                                         contemporain, et s’interroge plus largement sur les territoires masculin
                                                         et féminin dans le monde juif.

                                                           Traditionnellement reléguées derrière des voiles, des claustras, des parois
                                                           translucides, ou surplombant l’espace liturgique depuis un balcon situé
                                                           à l’étage, les femmes ont un accès indirect au rituel synagogal. Cette
                                                           distance contrainte, Myriam Tangi s’en empare, non pour dénoncer
                                                           une discrimination, mais pour construire une vision différenciée et un
                                                           projet artistique où se conjuguent ses recherches formelles et un récit
                                                           puisant aux sources du judaïsme.

© Myriam Tangi

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