Le s leil bruxellois Centre Régional d'Initiation à l'écologie - Ferme d'Uccle - tournesol-zonnebloem
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N° 129 - juillet - août - septembre 2017 1170 Bruxelles 17 P006857 Le s leil bruxellois Centre Régional d’Initiation à l’écologie - Ferme d’Uccle édité par l’asbl Tournesol-Zonnebloem vzw - Patrick Bulteel Chaussée de La Hulpe 199 - 1170 Bruxelles - Tél.: 02/675.37.30 - Fax: 02/660.53.38
édito Vous trouverez dans votre bulletin d’information, le résumé de vos prochaines activités. Pour différentes raisons, nous envisageons en 2018, de modifier profondément ce bulletin, de le faire passer à un bulletin au format électronique afin de le rendre plus interactif, plus à jour, … ce que nous permet pas une publication trimestrielle. Aujourd’hui, comme nous avons parfois beaucoup trop de demandes pour un atelier, il nous arrive régulièrement d’organiser un deuxième atelier, à une date qui vous conviendrait peut-être mieux, mais impossible à vous communiquer via un bulletin papier. Nous vous conseillons dès lors, si vous souhaitez être prévenu les premiers, de connaître les modifications en cours de trimestres, … de vous inscrire à notre newsletter. Dans l’attente de vous rencontrer lors de nos prochaines activités, nous vous souhaitons un bel et agréable été. Pour l’équipe d’animations, Patrick Direction : Patrick Bulteel • Rédaction : Luc Degraer, Danielle Blancke, Eline De Blander, Marc De Brouwer • Mise en page : Emilie Ronsmans • Photo de couverture: © Hugo Willocx Nature : Nature en ville.....................................................................3 Natuurblad : Ondier..........................................................................11 1001 plantes : le mélilot officinal.................................................14 Sommaire le carnet du naturaliste : les amphibiens - partie 2...............17 nouvelle diverse : la faune Bruxelloise.......................................21 Bestiaire de chez nous : le blaireau.............................................22 Environnement : Overshoot day 2017.......................................24 Ecoconsommation : T’as ton sac ?...............................................26 Nouvelle diverse : les abeilles de Bruxelles..............................28 Agenda vert et visite guidées.......................................................29 Contact Devenir membre La cotisation, valable pour un an, s’élève à: a.s.b.l. Tournesol-Zonnebloem - 9 € pour les membres individuels, Chaussée de La Hulpe 199 - 13€ pour les familles membres, 1170 Bruxelles - 25 € et plus pour les membres protecteurs et les www.tournesol-zonnebloem.be écoles membres. Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 17h Le montant peut être versé au compte Tél: 02 675 37 30 - Fax: 02 660 53 38 BE74 0682 0821 8207 de l’asbl avec comme info@tournesol-zonnebloem.be communication: cotisation + nom + n° de membre (voir étiquette).
nature Nature en ville, Quelle place ? Quelle perception ? Nature est un mot polysémique, ses sens sont non seulement multiples mais évoluent aussi avec le temps comme le reflètent les dictionnaires. Si, dans l’édition de 1983, le petit Larousse indiquait comme première définition de nature : réalité physique exis- tant indépendamment de l’homme (par opposition à culture), ce qui n’est pas trop éloignée de la vision des défenseurs de l’environnement, l’édition de 2015 donne une première définition bien différente de la nature, comme un ensemble de caractères, des propriétés qui définissent un être, une chose concrète ou abstraite. Il faut attein- dre la cinquième définition de cette même édition pour lire que c’est aussi tout ce qui existe dans l’univers hors de l’être humain et de son action ; le milieu physique où vit l’humanité. Le mot nature a aussi de nombreux autres gies, il y a de nombreuses combinaisons et sens, comme celui d’ensemble des caractè- de formes intermédiaires qui permettent à res fondamentaux propres à un être ou une chacun d’y trouver sa place... chose, utilisé au sens commun (il est d’une bonne nature) ou juridique (objets de tou- te nature), ou encore la composition et la Quel sens donne-t-on au mot « nature »… ? matière d’une chose (la nature d’un objet), etc. • Le citoyen lambda considère que la natu- re c’est tout ce qui est vert : les parcs, les Les définitions qui nous importent comme zoos, les prairies, bois et forêts, confondant protecteurs de la nature sont la première souvent nature et vivant. La nature c’est ce de 1983 (réalité physique existant indépen- qui vit, que ce soit façonné par l’homme ou damment de l’homme) et la cinquième de non. 2015 (tout de qui existe dans l’univers hors de l’être humain et de son action), mais si le dictionnaire se contorsionne à faire évoluer la définition du concept de nature, on ne s’étonnera pas que le sens du mot «nature» aie des aspects socio-culturels et varie for- tement d’un individu à l’autre. Aussi, dans le cadre de ces deux définitions, envisagerai-je, de façon caricaturale, les différentes perceptions que l’homme peut avoir de la nature. J’ai rassemblé quelques regards caractéristiques au travers d’une typologie subjective de la perception de la nature. Et comme souvent dans les typolo- 3
• Le consommateur, dans la société du même nom, ne voit dans la nature que ce qu’il peut exploiter, utiliser à ses propre fins. La nature est une ressource qui est à sa disposition et que l’homme peut consommer à sa guise, presque sans limite jusqu’à son épuisement total. Par ses achats guidés par la publicité, il participe inconsciemment à la destruction de la nature (agriculture intensive, défores- tation avec exportation des bois d’œuvre ou à des fins d’agriculture intensive, les prés pour bœufs ou les palmeraies pour l’huile de palme, par exemple). • Le sportif voit dans la nature un environ- nement vert qui lui offre des possibilités d’exercer ses qualités athlétiques de cou- reur, de grimpeur (dans les arbres, sur les falaises), de sauteur en parapente, de kaya- • Le chasseur se dit protecteur de la nature, kiste, etc. Il se rapproche du précédent par alors qu’il s’arroge le droit de vie et de mort une vision assez consumériste de la nature. sur la nature. Celle-ci lui sert de réservoir Deux exemples : la montagne défigurée par d’animaux auxquels il pourra ôter toute li- les sports de glisse, le golfeur pour lequel berté de vivre. Il prétend protéger la nature la nature doit se soumettre à la main de alors que son seul intérêt est de protéger l’homme pour embellir l’environnement de l’exercice de sa passion morbide. Il s’appro- son green. prie la nature lors de ses chasses qui excluent toute autre activité et gère la nature à sa fa- çon en favorisant la reproduction du gibier par nourrissage tout en éliminant ceux qu’il considère comme des prédateurs. • L’agriculteur conventionnel a une concep- tion ambiguë de la nature en mettant en opposition ce qui est naturel, comme les mauvaises herbes et les insectes nuisibles, et ce qui est cultivé, les terres qui produisent. Son attitude est essentiellement producti- viste, cultiver le sol est un mal nécessaire et la culture hors sol une facilité. Il a ainsi de nombreux points communs avec celle du consommateur. La nature est son gagne- pain. Heureusement d’autres agriculteurs, entre autres ceux qui cultivent en bio, ont une autre approche, tout comme les perma- culteurs qui au contraire préservent la terre et la biodiversité. 4
• L’architecte se rapproche du golfeur en • le citadin ne connaît souvent qu’une natu- considérant la nature comme devant être re domestiquée, jardinée, transformée, bien jardinée pour agrémenter les bâtiments ordonnée et rassurante. Elle lui apporte un qu’il conçoit sur sa table à dessin (ce qui est sentiment de quiétude et de bien-être. Il y sans doute une expression désuète à l’heure aime le calme et le chant des oiseaux, l’odeur des plans numériques). Il ne cherche que ra- des fleurs, le charme des paysages. rement à concilier habitat et biodiversité. • Le bobo aime la nature et voit dans celle-ci • L’urbaniste aménageur du territoire, voit la une source de plaisirs, de loisirs, d’inspiration, nature comme un élément qui agrémente de détente. La nature est un environnement les paysages et permet des perspectives vi- important pour lui, il considère qu’il faut la suelles. Pour lui, la nature est trop souvent protéger, mais sans qu’il ne soit pleinement synonyme de parcs, d’espaces verts, de pay- conscient de la réalité de sa complexité bio- sages, etc. logique. Il est tenté par un retour à la natu- re, entendant par là une prise de distance vis-à-vis du monde technologique, mais en revient souvent, surpris par une complexité qu’il ne percevait pas. • Le naturaliste considère la nature comme l’ensemble du réel ignorant les modifica- tions apportées par l’homme, elles-mêmes qualifiées d’artificielles. On peut aussi l’appe- ler plus simplement la « nature sauvage ». Les visions anthropocentriques des précé- dents s’opposent à celle du naturaliste. En ef- fet, le naturaliste est sans doute l’humain… le moins humain, dans la mesure où il es- saye de se détacher de ce regard centré sur lui-même pour adopter le point de vue, des divers autres êtres vivants faisant partie de l’environnement, de l’écosystème. Son ap- proche de la nature est donc écosystémique (un terme que les sciences humaines, psy- chologie et sociologie se sont appropriées). Son regard est exigeant car il est conscient qu’il défend une position ferme et tranchée, il ne fait que peu de concessions car chacune de celles-ci peut perturber l’écosystème et entrainer une diminution de la biodiversité. Il est souvent qualifié d’intégriste par ceux qui ont une vision différente de la nature, dans le seul but de stigmatiser son attitude tranchée et de le discréditer. Mais il assume cette étiquette car elle exprime le fait qu’il est au service de la Nature avant d’être au 5
service de l’homme et de sa société consu- L’homme a occulté la nature sauvage mériste. Et surtout il est conscient qu’il fait dans la ville partie de la nature et que la préserver est Au cours du dernier siècle, l’homme a pro- indispensable à sa survie. fondément transformé la ville en rendant in- visible la nature « sauvage » qu’il a domesti- Quelle place pour la nature en ville ? quée afin de la rendre rassurante, ordonnée Ces différents regards sur la nature m’ont et sécurisante. La nature lui faisait peur… en amené à réfléchir à la place de la nature en réalité il avait peur de lui-même ! La décou- ville. Comme la perception de la nature est verte des microbes et la peur des maladies plurielle, les politiques en faveur de la na- ont eu raison de la nature, dans une vision ture sont à l’image de la perception qu’en hygiéniste de celle-ci. ont les décideurs… Les herbes ont été qualifiées de « mauvai- Regarder la nature sans anthropocentrisme ses » dès lors qu’elles quittaient les prés. est difficile car cette approche fait partie Les herbicides, faciles à appliquer étaient là d’une éducation dispensée par une société pour les détruire. Les trottoirs et leurs dalla- productiviste et consumériste. Cette éduca- ges étaient ainsi rendus « propres ». Propres tion ne laisse d’ailleurs que peu de place à pour l’homme, mais impropres à la vie vé- l’ErE (éducation relative à l’environnement) gétale… de sorte que peu de citoyens ont une per- Les pelouses devaient être nettes, bien rases, ception correcte de ce qu’est la nature. d’une couleur régulière et uniforme suite à Pourtant, comprendre la nature pour elle- l’apport d’engrais et de l’utilisation de pesti- même est une nécessité si nous voulons la cides : herbicides, fongicides pour protéger protéger et la conserver. l’herbe des rouilles et autres champignons Dans l’écosystème urbain, force est de responsables des jaunisses. La chimie faisait constater que l’homme, pièce du puzzle, agit le bonheur d’un jardin bien ordonné. comme élément fortement perturbateur. L’homme est-il conscient qu’en provoquant la disparition d’autres espèces par son action directe sur la nature (prédation, destruction des milieux, fragmentation) ou indirectes (pollution, modification de la composition atmosphérique et conséquences climati- ques), il s’autodétruit, que s’il fait disparaître la nature qui lui est nécessaire, il disparaîtra avec elle ? 6
L’homme a pollué la nature de ses dé- transformés en égouts et enterrés. Le mou- chets vement hygiéniste a ainsi conduit au voute- Les déchets devaient être éloignés de la ment des ruisseaux alors que les raccorde- proximité de l’homme, cachés, brûlés ou en- ments des fosses septiques à ceux-ci se sont terrés dans des dépotoirs. Jusque dans les poursuivis jusque dans les années 1970 et années 1950 les déchets ménagers étaient qu’enfin la perception d’une action négative essentiellement minéraux - les cendrées des sur l’environnement voie le jour et soit sui- poêles en constituaient la plus grande part -, vie de la prise de conscience des réalités de ensuite ils se sont enrichis de matières plasti- l’écologie. ques, de détergents et de nombreuses autres substances produites par la pétrochimie, les L’homme a remplacé la nature sauvage rendant de plus en plus polluants. Avant la dans la ville par une nature artificielle création de l’agglomération bruxelloise en Le besoin de nature, symbole de nourri- 1971 et de ses services, chaque commune ture provenant de nos ancêtres chasseurs se chargeait de la récolte des immondices. cueilleurs ou des premiers cultivateurs est Les anciennes carrières, des vallons encais- enfui dans la mémoire instinctive du cerveau sés, ont servis de lieux de décharge. Ainsi à humain. Tant en ville qu’à la campagne, l’hu- Uccle la dernière décharge (le stet pour les main se sent mieux physiquement et psy- Bruxellois) longeait l’avenue Dolez au Kauw- chologiquement dans un cadre verdoyant berg, alors que la Commune se débarrassait et il recherche ce type d’environnement. de ses encombrants en remblayant une Dans l’espace urbain, la nature sauvage a carrière au plateau Avijl. Lors des démoli- fait place à une nature jardinée, artificielle, tions des bâtiments existants, l’usage était dominée et contrôlée par l’homme. La ville de laisser les décombres sur place de sorte est plantée d’arbres sélectionnés pour leur que peintures, riches en métaux lourds et résistance aux pollutions ou pour leur as- canalisations de plomb polluent encore nos pect esthétique ou pratiques, les rues et sous-sols. Il a fallu ainsi plusieurs années et les jardins sont décorés de plantes fleuries, le remplacement des terres contaminées principalement exotiques horticoles peu aux métaux lourds pour aménager les pota- utiles à notre faune sauvage. Les architec- gers du Keyenbempt le long de la chaussée tes paysagistes façonnent des jardins bien de Drogenbos. Ailleurs, on a préféré créer ordonnés qui ne laissent pas de place à la des bacs en hauteur pour y cultiver… nature sauvage et libre. Les eaux des ruisseaux ont servi à évacuer Pourtant, une flore spontanée riche de plus les déchets, non seulement ceux liés aux de deux cents espèces, peut coloniser les excrétions organiques humaines, mais aussi joints entre dalles, les bords de murs, les chimiques. Les ruisseaux et rivières devenus pieds d’arbres en voirie, les toitures, sans nauséabonds, vecteurs de maladies ont été compter les plantes des terrains vagues ou 7
de friches. La ville offre un refuge aux plan- Il doit revoir certains règlements commu- tes opportunistes, tout comme aux animaux naux d’urbanisme, par exemple ceux qui (voir le film Bruxelles Sauvage, faune capitale ne permettent pas toujours d’installer une qui traite de ce sujet). plante grimpante sur sa façade ou encou- Dans cette perception domestiquée de la rager l’intégration de cavité de nidification nature urbaine, même la forêt de Soignes pour les oiseaux (moineaux, martinets, etc.) n’échappe pas totalement à cette appro- et pour les chiroptères (chauve-souris) ac- priation humaine : la hêtraie cathédrale, crochés aux façades ou intégrés dans les plantée artificiellement au départ, est une toitures. projection mentale d’une nature ordonnée, imposante, quoique rassurante. Gardons L’homme doit prendre en compte les chan- nous de nous réfugier dans une attitude gements climatiques liés aux pollutions passéiste en feignant d’ignorer que la forêt gazeuses. Les modifications climatiques et est un être vivant qui nait, vit et meurt, un environnementales sont tellement rapides milieu qui évolue, se modifie et devra aussi qu’elle ne sont pas sans conséquence sur les s’adapter aux changements climatiques. facultés d’adaptations des espèces à l’évolu- tion de leur milieu (par exemple l’abondan- L’homme peut rendre sa place à la nature ce de nourriture survient avant le retour des sauvage dans la ville oiseaux migrateurs). Les études scientifiques L’homme peut limiter ses effets néfastes sur ont montré que plus la diversité des espèces la nature en ayant une approche de l’amé- est grande plus elles pourront s’adapter et nagement de la ville qui crée des conditions résister aux modifications climatiques. pour que la nature puisse s’y développer N’est-ce pas une évidence de bannir les pes- aux côtés des humains. Mais cela impose à ticides de la ville, ces poisons qui tuent di- l’homme d’être humble et d’être à l’écoute rectement et surtout indirectement… des autres êtres vivants et de repenser la ville et ses aménagements en laissant de De nombreuses espèces ont besoin d’eau la place à la nature indigène, partout ; dans pour accomplir leur cycle de reproduction : les cimetières, sur les trottoirs, en façade par exemple, le nombre de libellules et ba- des maisons, sur les bermes des voiries, les traciens est en lien étroit avec la qualité de squares et en réintégrant la visibilité de l’eau leur habitat, il est par conséquent indispen- dans l’espace public. sable d’associer un maillage bleu de qualité au maillage vert. 8
La lumière en ville, est également une sour- ce de pollution pour beaucoup d’espèces. L’éclairage doit être réfléchi pour limiter ses effets néfastes pour les insectes, les chirop- tères. Les insectes nocturnes dont de nom- breux papillons de nuit sont attirés par les lampadaires et ne peuvent plus quitter cette source de lumière. Le problème est qu’ils ne se nourrissent et ne se reproduisent plus, ce qui entraine leur diminution... Mais l’homme ne doit pas se laisser gagner par le greenwashing ou écoblanchiment ou verdissement de la ville. Les exemples bruxellois ne manquent malheureusement pas : • la promenade (dite) verte a de multiples facettes. Si elle se fait discrète et s’intègre parfois dans certains lieux, elle a aussi parfois des allures de route de campagne béton- née et a grignoté des zones vertes à haute valeur biologique. Des projets voudraient y associer des zones de loisir dans des milieux fragiles et sensibles à l’intrusion humaine, faisant passer l’humain avant la protection de la biodiversité ; • les belles toitures végétales sont certainement efficaces pour tamponner les pluies d’orage, mais constituent-elles des biotopes enrichissant pour la biodiversité ? Peut-être qu’à la longue, lorsque des plantes locales amenées par le vent et les oiseaux viennent enrichir la flore, ces pelouses sèches deviennent attirantes pour les insectes ; • les murs verticaux végétalisés sont à la mode. Ils demandent une irrigation régulière et technologiquement régulée. Mais ont-ils autant d’intérêt pour la faune qu’un mur envahi de lierre, une des plantes parmi les plus accueillantes et qui se passe de toute forme d’irrigation ? • une forme à la mode d’agriculture urbaine est la culture en bacs surélevés et irrigués, demandant un entretien presque quotidien. N’est-elle pas en contradiction avec les principes de la permaculture, une agriculture qui tente de s’intégrer à la nature ? 9
Les cours d’architecture ou d’aménagement du territoire ne devraient-ils pas intégrer la préservation de la biodiversité en évaluant l’impact de certains choix peu judicieux (es- pèces ornementales peu utiles à la faune sauvage indigène, préservation de la terre arable pour les cultures potagères urbaines en priorité, vergers de fruitiers ou fruitiers pour les arbres d’alignement, intégration dans l’architecture d’aménagements favo- rables à la nidification de certaines espèces d’oiseaux qui se raréfient, ne pas introduire des espèces invasives…) ? La plupart du temps, le choix des espèces végétales plan- tées se fait sur des critères esthétiques ou pratiques sans intégration à la vie sauvage indigène… Comment maintenir certaines espèces d’insectes, de papillons, etc. s’ils ne trouvent pas de plantes hôtes où pondre leurs œufs, même si comme l’ortie elles ne correspondent pas au gout esthétique hu- main. Conclusion La nature est indispensable à la survie de l’être humain : l’homme, au centre des éco- systèmes, ne dispose que d’une seule planète qu’il continue à appauvrir, à en modifier le climat et peut-être à la détruire, autrement dit l’homme risque de faire disparaître sa propre espèce en provoquant son extinction. Des apiculteurs français ont mis dans la bouche d’Einstein une fausse « vraie » citation qui a fait le tour du web : « si l’abeille disparaît, l’humanité en a pour quatre ans à vivre ». L’affirmation est pertinente même si l’authenticité de l’auteur est discutable. Fin 2015, j’entendais la personne interviewée au sujet du climat et la COP21 au JT conclu- re très justement : « Ce n’est pas la nature qui doit s’adapter à l’homme, c’est l’homme qui doit s’adapter à la nature ». Je la compléterais de la sorte : « Ce n’est pas la nature qui doit s’adapter à l’homme, c’est l’homme qui doit s’adapter à la nature, la respecter, la protéger, la favoriser, y compris aussi dans la ville.» Marc De Brouwer Secrétaire de l’asbl Entente Nationale pour la Protection de la Nature, fédération d’associations 10
natuurblad Ondier Het jaar 2016 was een uitstekend jaar voor steekmuggen en naaktslakken. Dat had- den we te danken aan de zeer natte en relatief frisse lente/zomermaanden. De over- last dat ze veroorzaakten was van die magnitude dat ik, als pacifistisch wezen, ze tijdelijk de oorlog heb verklaard. Achteraf bekeken heb ik mij als een moordzuchtige maniak gedragen. Om deze zomer wat vredelievender met deze wezens om te gaan, leer ik ze vandaag wat beter kennen. Een retrospectie mer muggenvrij maken. Sindsdien zijn mijn Hoe en wanneer een oorlog ontstaat, is muren wel zwart gespikkeld met muggen- meestal niet exact te zeggen. De slakke- lijkjes. Een stille herinnering aan het feit dat noorlog van 2016 had echter wel een duide- ik mij als een onmens heb gedragen tege- lijk beginpunt. Hoewel ze de helft van mijn nover dit (on)gedierte ! moestuin al hadden opgegeten, sloegen de stoppen bij mij pas door toen ze mijn enigs- Een dieptegesprek met een naaktslak te en met een 7-tal bloemknoppen geor- Slakken (Gastropoda) behoren tot de Stam namenteerde pompoenplant reduceerden van de weekdieren (Mollusca). Zoals de naam tot een 3 cm lang stompje. Mijn vier maand verklapt, hebben ze een week lichaam. Slak- oude baby... opgevreten! Als wraak ging ken zijn de enige weekdieren die ook ver- ik drie weken lang in alle vroegte naakts- tegenwoordigers hebben op het land. En lakken vangen. Eén deel van de populatie dat is niet zonder reden. Het leven van een vertoefde graag op de mierikswortelplant, zachte waterzak (= zo kan je het lichaam van het andere deel onder de worteldoek. Elke een naaktslak omschrijven) op het land lijkt dag evacueerde ik een 40-tal naaktslakken behoorlijk risicovol : van uitdroging tot een uit mijn moestuin. Ze werden levend aan de gemakkelijke snack voor een hongerig we- kippen gevoerd, verdronken of gevieren- zen. Het lijkt onwaarschijnlijk maar iedereen deeld. ‘s Nachts verplaatste ik mijn jachtge- die een moestuin heeft, weet dat deze die- bied naar de slaapkamer, waar ik als een ren zich goed hebben aangepast aan het le- ninja alle hoeken van mijn kamer afspeurde ven op land en eigenlijk best succesvol zijn naar muggen. Ik ging niet gaan slapen voo- (foto 1). raleer het muisstil in de kamer was. Muggen Een groot deel van deze aanpassingen zijn bleken een stuk lastiger te vinden dan slak- gedragsmatig: zo gaat de naaktslak vaak op ken. Zelfs als ik een moeilijk te vinden schuil- plaats ontdekte (bijvoorbeeld de achterkant Foto1: Een slak heeft zich tegoed gedaan aan een kool... van een poster of de onderkant van een boekenplank), bleken deze schuilplaatsen niet meer dan één keer te worden bezocht. Door mijn persistentie, de installatie van een muggengaas voor het raam en een gesloten deurbeleid kon ik op enkele weken mijn ka- 11
pad ‘s nachts wanneer het koeler en vochti- Als je het zo bekijkt, moet je toegeven dat ger is. Ook bij regen komen ze tevoorschijn. het wonderbaarlijke wezens zijn die het ver- Bij heel droog weer kan de naaktslak zich ver dienen met wat meer respect behandelt te ingraven om niet uit te drogen. Daarnaast worden. hebben ze ook fysiologische aanpassingen waardoor ze heel goed hun vocht kunnen Een kennismaking met de familie der vasthouden en grote uitdroging kunnen steekmuggen weerstaan. Arion die ik vaak aantref in de Er bestaan duizenden soorten muggen. De moestuin kan tot 60 à 66 % vochtverlies aan. muggen die bij ons al wel eens een vloek Limax zelfs tot 70 à 80 %. Dat zouden wij ontlokken, zijn de vrouwelijke leden van niet moeten proberen... Het vele slijm die ze de familie der steekmuggen of Culicidae. produceren, is ook een belangrijke aanpas- Jawel, enkel de volwassen vrouwtjes zijn sing tegen uitdroging en ook van belang bij verantwoordelijk voor het irritant gezoem de voortbeweging. Daarnaast helpt het na- en muggenbeten. Zij hebben ons eiwitrijk tuurlijk dat elke slak tot enkele honderden bloed namelijk nodig om hun eieren te on- eitjes kan leggen en ook nog eens herma- twikkelen. Je kan het ze dus moeilijk kwalijk frodiet is. Dit wil zeggen dat ze zowel man- nemen. Bij het steken worden er anti-stol- nelijke als vrouwelijke voortplantingsstruc- lingsmiddelen ingespoten die aanleiding turen hebben. Hoewel sommige soorten geven tot de bekende jeuk en muggenbul- zichzelf kunnen bevruchten gaan de mees- ten. De mannetjes wassen hun zes poten ten toch voor de uitwisseling van genen in onschuld, zij leven van nectar en andere en bevruchten ze bij de paring elkaar. De plantensappen. spermatozoa worden in een spermatheek (een inwendige zaadbank) bewaard tot ze Ook het gezoem dat je ‘s nachts wakker gebruikt worden. De spermatozoa zijn on- houdt, is afkomstig van de vrouwtjes. Om el- geveer 1 jaar houdbaar maar meestal wordt kaar in het donker terug te vinden, commu- er niet zo lang gewacht en worden de eerste niceren muggen door middel van geluid. De eitjes 15 dagen naar de paring gelegd. Dit vrouwtjes zoemen en de mannetjes vangen gebeurt vooral in de zomer en de herfst. Per dit geluid op met hun geveerde antennes. legsel worden er 20 à 50 eitjes in de grond Elke soort zoemt op een andere manier. Zo verstopt. Elke naaktslak kan meerdere leg- worden paringen tussen verschillende soor- sels afzetten tot enkele honderden eitjes ten vermeden. Vrouwtjesmuggen zoemen per jaar. Na enkele weken komen de eerste dus rond op zoek naar een partner. Ok, dat slakjes tevoorschijn. Gelukkig groeit niet is misschien niet zo netjes van hun: ‘Neem in elk eitje uit tot een vraatzuchtige naaktslak. het vervolg jullie eigen kamer, hé!’ Veel eitjes drogen uit of worden opgegeten of geparasiteerd. Slechts 5% overleeft en Na de paring en het bloedmaal kan het groeit uit tot een grote, glorieuze, slijmeri- vrouwtje tot enkele honderden eitjes afzet- ge naaktslak. De naaktslakken zijn ook een ten in het water. Dit hoeft geen grote vijver mooi voorbeeld van convergente evolutie. te zijn, een kleine, tijdelijke waterplas is vol- Het verliezen van de schelp is onafhankelijk doende. Uit elk eitje komt een larve die zijn gebeurt in verschillende Orden en Families hele leven in het water zal doorbrengen. De van slakken. Verder spelen ze ook een be- larve hangt juist onder het wateroppervlak langrijke rol in het ecosysteem als afvale- vast met zijn adembuis (siphon) waarlangs ters en zijn ze een belangrijke voedselbron de larve kan ademhalen. De larve filtert het voor heel wat dieren zoals kikkers, vogels... water en eet ronddrijvende algen en afval 12
(detritus) op. Na enige tijd vormt de larve jdragen aan de voedselketen. Hoera, voor een pop waaruit na enkele dagen de volwas- al het nieuwe leven dat wij ondersteunen! sen mug het water zal verlaten (foto 2). De Denk daar maar eens aan, de volgende keer muggenlarven en poppen vormen een be- dat je wordt gestoken... langrijke voedselbron voor heel wat andere dieren zoals insecten(larven), amfibieën en vissen. Dankzij de vrouwelijke steekmug- gen kunnen wij, zelfs voor onze dood, bi- Foto 2 : Mannelijke gewone steekmug (Culex pipiens) kruipt uit zijn pophuid op het wateroppervlak. Bron: www.soortenbank.nl, copywright: H. Bellmann Bronnen: - Guide des escargots et limaces d’Europe: identification et biologie de plus de 300 espèces. Kerney, M.P. Et Cameron, R.A.D. (1999). Delachaux et Niestlé. 370 pages. - How to be Sluggish. Burton, D.W., (1982). Tuatara: Volume 25, Issue 2. - Vijver, sloot en plas. Scheffer, M. & Cuppen, J. (2006). Tirion uitgevers. 237 pagina’s. 13
1001 plantes Le Mélilot officinal Trèfle jaune, trèfle des mouches ou trèfle des sorciers et le Mélilot blanc Les mélilots, que ce soit l’officinal aux fleurs jaunes, ou le blanc… aux fleurs blanches, abondent en cette saison aux abords des voies ferrées, des terrains vagues ou des ta- lus. Même si elles ne sont pas indigènes, ces deux espèces proches sont aujourd’hui présentes un peu partout en Belgique ! Toutes deux affectionnent particulièrement fleur, est typique de la famille des Fabacées, les situations pleinement ensoleillées et anciennement appelées Papilionacées ou supportent bien la sécheresse grâce à leurs Légumineuses. Composées de cinq pétales, racines très profondes. Vous les reconnaî- les fleurs sont particulièrement bien adap- trez facilement à leurs fines tiges rameuses tées pour profiter de la visite des insectes de près de 1 m de haut, leurs feuilles com- qu’elles attirent. Le pétale le plus grand, posées de trois folioles, rappelant celles des dirigé vers le haut, l’étendard, est destiné trèfles - le mélilot officinal est d’ailleurs aus- à signaler la fleur et attirer les abeilles et si connu sous le nom de trèfle jaune... - et autres insectes de passage en vue d’assurer leurs fines grappes de fleurs terminales. sa reproduction. Le parfum qu’elle diffuse Malgré leur taille relativement importante, et le nectar qu’elle produit y contribuent les mélilots ne sont pourtant pas des plan- largement aussi. Deux plus petits pétales tes vivaces, mais des bisannuelles. Tout leur dirigés latéralement, les ailes, permettent cycle de vie se déroule en moins de deux aux insectes de se poser le temps de boire ans : la première année, la graine germe et le précieux nectar disponible tout au fond ne produit que des feuilles. Après un repos de la fleur. Ce faisant, ceux-ci effectuent une hivernal, la plante reprend sa croissance et pression sur les deux derniers pétales situés se ramifie, avant de fleurir en été pour mou- en dessous, libérant alors les organes repro- rir en automne après avoir dispersé ses grai- ducteurs de la fleur, étamines et pistil, avant nes. Ainsi, vous trouverez des mélilots en de se voir entièrement aspergés de pollen. pleine floraison, du mois de juin au mois de Passant alors de fleur en fleur, ils distribuent septembre-octobre. Les petites fleurs qui le pollen au passage. Les pistils se transfor- ne mesurent que 5 à 6 mm chacune sont ri- ment en petites gousses contenant chacune ches en nectar. Elles dégagent un agréable une à deux graines. Ainsi, tout en se repro- parfum qui attire les abeilles et autres polli- duisant, le mélilot attire et nourrit tout un nisateurs (papillons, syrphes…) d’où le nom cortège d’insectes butineurs d’où le nom de de mélilot, issu du grec méli, miel et Lôtos, trèfle des mouches, autre nom vernaculaire lotier, Lotiers, autres plantes de la même fa- donné au mélilot officinal. mille, dont les fleurs, bien que plus grandes, Mais qui dit fabacée ou légumineuse, dit ont la même structure. Et de fait, en y regar- aussi plante fixatrice d’azote. Ainsi, le mé- dant de plus près, on constate que chaque lilot, s’avère également être un excellent 14
engrais vert. Son action bénéfi- que et restructurante sur le sol ne s’explique pas seulement par sa capacité à fixer l’azote, mais aussi par le fait que sa longue ra- cine décompacte les sols tassés tout en allant rechercher des élé- ments minéraux en profondeur, éléments qui sont restitués en surface au moment de la décom- position de la plante. De plus, la croissance rapide apporte aussi une grande quantité de matière organique pouvant être réincor- porée superficiellement au sol après avoir été fauchée. Attention ciers, témoignent du long passé médicinal toutefois, si vous le laissez fleurir, il est par- du mélilot officinal. Connu de longue date fois difficile de se débarrasser du mélilot car pour ses propriétés calmantes et sédatives, ses graines peuvent survivre plusieurs an- anti-inflammatoires et antispasmodiques, nées dans le sol avant de germer. il est toujours étudié et utilisé de nos jours Le terme officinalis, nom de l’espèce, ainsi comme tonique du système circulatoire vei- que le nom vernaculaire trèfle des sor- neux et lymphatique. Les autres mélilots 15
bénéficieraient des mêmes propriétés. gère a d’ailleurs été responsable, en France, Les mélilots sont aussi d’excellentes plan- d’une épidémie d’hémorragies spontanées tes comestibles qui parfument agréable- chez le bétail. Cette épidémie due au mau- ment crèmes, sorbets, sauces… Sachez que vais séchage du foin et donc du mélilot, est la coumarine, substance responsable de connue sous le nom de « maladie du foin l’agréable odeur de vanille qui se dégage de gâté ». la plante, se développe essentiellement lors Que ce soit pour ses propriétés mellifères, du séchage. Prudence toutefois : si le sécha- médicinales, ou culinaires, ou encore, pour ge amplifie fortement le parfum, sa qualité restructurer et enrichir un sol appauvri, n’hé- est primordiale ! En effet, en présence d’hu- sitez pas, moyennant quelques précautions, midité, des moisissures se développent sur à installer et utiliser le mélilot au jardin et la plante et transforment la coumarine en di- tester la recette ci-dessous ! coumarol, un puissant anticoagulant ! Dans les années 1920, le mélilot qui était utilisé comme plante fourra- Tuiles au mélilot - Faire fondre 50 g de beurre et laisser refroidir. - Mélanger deux blancs d’œufs avec 100g de sucre glace sans les monter en neige. - Ajouter le beurre fondu, 20 g de farine, 3 à 4 cuillères à soupe de fleurs (de préférence séchées) de mélilot et 50 g d’amandes effilées. - Disposer de petits tas sur une plaque de four recouverte d’un film de silicone ou d’un papier cuisson. - Faire cuire pendant une quinzaine de minutes dans un four préchauffé à 160°C. - Placer les tuiles encore chaudes sur un rouleau à pâtisserie ou sur bouteille afin de leur donner une forme bombée. Bibliographie : - Le petit Larousse des plantes qui guérissent - François Couplan - Larousse - Le régal Végétal, Plantes sauvages comestibles - François Couplan - Ed. Sang de la Terre - Guide des plantes sauvages comestibles et toxiques - François Couplan, Eva Styner - Ed. delachaux et niestlé - L’encyclopédie des plantes bio-indicatrices (vol. 1) - Gérard Ducerf - Ed. De Terran 16
Les amphibiens - 2 ème partie les Urodèles : tritons et salamandres Dans le bulletin précédent, nous avions entamé la découverte des amphibiens, ces étranges animaux sortis d’un autre âge, qui reviennent tous les printemps dans les mares et les étangs afin de se reproduire. Pour rappel, les amphibiens sont des animaux vertébrés qui ont quatre pattes et la peau nue. Cette fois-ci, nous allons nous intéresser au deuxième groupe présent chez nous : les urodèles. Souvenez-vous, les animaux de ce groupe, contrairement aux anou- res (les crapauds et les grenouilles), conservent leur queue à l’âge adulte. Il s’agit des tritons et des salamandres. Les tritons Les tritons se reconnaissent à leur corps long et mince comme celui d’un lézard, mais avec une queue aplatie qui leur permet de nager facilement en ondulant le corps. Chez nous, trois espèces de tritons sont relativement communes: il s’agit 17
du triton ponctué (ou triton vulgaire), du triton alpestre et du triton palmé. La dis- tinction entre ces espèces est relativement aisée en période de reproduction (au printemps). C’est en effet à cette période que les tritons revêtent leurs plus belles couleurs, surtout les mâles. A ce moment, il est également aisé de distinguer les mâ- les qui présentent une crête sur le dos, des femelles. C’est en observant les couleurs et les motifs du ventre et du cou que nous pouvons distinguer ces trois espèces. 2 1 3 1 Triton alpestre 2 Triton palmé 3 Triton ponctué Afin de charmer la femelle en vue de se reproduire, le mâle effectue dans l’eau une sorte de danse durant laquelle il va faire tournoyer sa queue dans tous les sens. Si la femelle accepte ses avances, elle sera fécondée et pourra pondre ses œufs. Elle les déposera un à un ou par petits groupes sur les tiges ou sur les feuilles des plantes aquatiques 1. Les larves, qui naissent sans pattes, se reconnaissent facilement aux trois branchies plumeuses qu’elles portent de part et d’autre de la tête 2. Après deux semaines, les pattes avant vont apparaître 3. Une dizaine de jours plus tard, se sera au tour des pattes arrières 4. La larve continuera de se développer pendant plus d’un mois, jusqu’à avoir atteint sa forme définitive. 1 2 3 < 4 5 18
Les tritons sont des animaux très voraces. Leurs repas se composent de petits crus- tacés, d’insectes, de mollusques, d’œufs et de têtards de grenouilles. Il arrive même qu’ils s’attaquent à d’autres tritons. Après la période de reproduction, ils retournent à terre et s’en vont en forêt ou dans un petit bois où ils pourront passer la mauvaise saison, cachés dans la litière ou à faible profondeur dans le sol. A terre, c’est surtout de petits insectes et de vers dont ils se nourrissent. Les salamandres La salamandre se reconnaît à son corps d’une vingtaine de centimètres, cou- vert d’une peau lisse, noire et jaune, qui renferme de nombreuses glandes à venin. Contrairement aux tritons, la queue de la salamandre est ronde. Ses doigts courts sont bien adaptés à la vie terrestre. En effet, la salamandre vit es- sentiellement en forêt. Elle est surtout active la nuit, et ses mouvements lents ne lui permettent d’attraper que des proies peu mobiles comme des vers de terre, des escargots ou des limaces. Il arrive qu’on la rencontre en plein jour après une bonne averse. Les salamandres s’accouplent hors de l’eau, et curieusement elles ne pondent pas d’œufs. En réalité, les œufs éclosent dans le ventre de la mère qui va donner nais- sance directement aux petites larves, on appelle cela l’ovoviviparité. Les adultes sont de très mauvais nageurs, et il arrive fréquemment que les femelles se noient en libérant les jeunes dans l’eau. Les larves, qui possèdent déjà leurs quatre pattes, sont quant à elles entièrement aquatiques. Après quelques mois, elles vont pouvoir se transformer en adultes et quitter les étangs ou la petite mare dans laquelle leur mère les a installés. Mais elles devront encore attendre trois ans avant de pouvoir à leur tour se reproduire. Malheureusement, chez nous, les amphibiens sont menacés et certains sont même en voie de disparition. Une des raisons principales est le manque de lieux pour la reproduction (lacs, étangs, mares). Et quand ces lieux existent, ils sont très souvent inhospitaliers ou sujets à la pollution. Une autre cause majeure de la disparition de ces animaux est le fait que souvent, les lieux de reproduction sont séparés des zones occupées pendant la mauvaise saison par des routes sur lesquelles la circulation est importante. C’est pourquoi le nombre de décès est fort élevé lors des migrations depuis les lieux d’hibernation vers les lieux de ponte. Ainsi, divers techniques ont été mises au point pour éviter ou du moins diminuer ce carnage. Par exemple, on a construit à certains endroits 19
stratégiques des petits tunnels appelés crapauducs, pour permettre aux amphi- biens de franchir la route sans risquer leur vie. Mais comme de tels aménagement coûtent fort cher, on fait le plus souvent appel à des volontaires pour aider les animaux : des petites barrières sont posées sur le bord des routes, les amphibiens sont récupérés dans des seaux et transportés à la main de l’autre côté. Depuis plusieurs années, les amphibiens connaissent un déclin dramatique dû à des maladies infectieuses causées par des champignons d’origine asiatique, Batrachochytrium salamandrivorans (Bsal) et Batrachochytrium dendrobatidis (Bd) et des ranavirus. Ces champignons provoquent une infection mortelle de la peau chez de nombreux amphibiens. Des populations entières ont assez vite diminué dans certaines régions et plus de 200 espèces ont ainsi déjà disparu à travers le monde ! Ces champignons ont malheureusement été observés en Belgique. Dès lors, il est facile de comprendre que les amphibiens sont protégés par la loi et qu’ainsi, à Bruxelles, il est strictement interdit de les tuer, de les prendre en vue de les élever, et même de les déranger, qu’il s’agisse d’œufs, de larves (têtards) ou d’adultes. Tachons donc plutôt de les respecter et de les protéger. Ils sont le reflet de la santé de notre environnement. 20
Nouvelle diverse Découvrez la faune bruxelloise avec de nouveaux dépliants d’identification La faune bruxelloise : on aime ce que l’on connaît ! Triton alpestre, Lérot, Belle-dame... Connaissez-vous réelle- ment la faune bruxelloise ? Apprenez à reconnaître les diffé- rentes espèces animales et observez-les dans la nature grâce à la nouvelle série de dépliants d’identification que Bruxelles Environnement a réalisés dans le cadre de l’année thématique ‘Nature en ville’. Les 3 premiers numéros de cette nouvelle série sont : - Amphibiens et reptiles - Mammifères - Papillons Partez à la découverte, seul, en famille ou entre amis, des tré- sors cachés du règne animal ! Observez et enregistrez Une fois que vous y avez pris goût, vous pouvez aller plus loin que la simple observation de la faune bruxelloise. Il vous est en effet possible d’enregistrer vos observations en ligne via www. herpetobru.be, www.atlasmammiferesbruxelles.be ou www.ob- servations.be. Vous aidez ainsi les associations de défense de la nature et les pouvoirs publics bruxellois dans leurs projets d’inventaires, ce qui permet de suivre les populations d’ani- maux, et de corriger, le cas échéant, les mesures de gestion appliquées dans les parcs et les bois. Commandez dès maintenant vos dépliants d’identifica- tion des espèces! Bruxellois curieux, guide nature... ? Commandez les versions papier de ces dépliants ou téléchargez-les. Munissez-vous de jumelles, de votre appareil photo, et c’est parti pour des découvertes palpitantes dans la nature bruxelloise ! Service Info Environnement : 02 775 75 75 ou info@environnement.brussels 21
Bestiaire de chez nous Le Blaireau de retour en forêt de Soignes à la demande de Bruxelles Environnement, de telles infrastructures avaient déjà été mi- ses en place en Forêt de Soignes par Infra- bel en 2012 au-dessus et sous la voie ferrée L161 dans le cadre du dédoublement de cette dernière. Aujourd’hui, toujours à la demande de Bruxelles Environnement, c’est Sibelga qui installe deux écobuses sous la chaussée de La Hulpe en accompagnement de l’enfouissement de nouvelles conduites de gaz. Le blaireau saisit par une caméra de surveillance de la faune sauvage © cc Bruxelles Environnement Défragmenter la forêt : un impératif pour protéger la faune Le nombre important d’animaux trouvés C’est une observation exceptionnelle car le morts sur nos routes montre à quel point blaireau n’avait plus été vu en Forêt de Soi- il est nécessaire de créer des passages sûrs gnes depuis 1993. L’image a été capturée entre les différentes parties de la Forêt de par une caméra de surveillance de la faune Soignes. sauvage installée dans la partie bruxelloise Les partenaires du projet Life+OZON pose- de la forêt. ront dans les mois à venir une clôture à fau- Depuis 2007, quatre dépouilles de blaireaux ne le long de l’E411 et du Ring 0 de manière avaient néanmoins été recensées, notam- à limiter les accidents routiers et à guider ment le long de l’E411 et du Ring 0, laissant les animaux sauvages vers le nouvel écoduc présager une future observation en forêt. qui enjambera prochainement le Ring 0 à La présence de ce blaireau en Forêt de Soi- hauteur de Groenendaal (voir l’article dans gnes arrive à point nommé pour les par- Le soleil bruxellois n°127). tenaires du projet Life+Ozon (voir Le soleil Le blaireau avait disparu de la Forêt de Soi- bruxellois n°127 de l’hiver 2017) qui collabo- gnes il y a une vingtaine d’années mais est rent activement à reconnecter écologique- aujourd’hui de retour parmi nous. Il imite ment les différentes parties de la Forêt de en cela le sanglier qui, en 2006, faisait son Soignes fragmentées par les grands axes étonnante réapparition (!) dans le massif de circulation (voie ferrée Bruxelles-Namur, après près d’un siècle d’absence. Bien pré- E411, Ring 0, etc.). Dans le cadre de ce pro- sent en Wallonie, le blaireau recolonise jet, plusieurs infrastructures de reconnexion aujourd’hui le plateau brabançon. L’espoir ont été ou sont en cours de construction de le voir s’installer durablement en Forêt parmi lesquelles un écoduc (pont pour la de Soignes en utilisant les infrastructures de faune sauvage) et plusieurs écobuses (tun- reconnexion n’est donc pas vain. Gageons nels à faune). qu’il copiera son congénère le renard qui a déjà bien compris l’utilité des écobuses. 22
Qui suis-je ? Bien reconnaissable à sa frimousse rayée et la nuit. C’est un omnivore typique qui se blanc et noir, le blaireau est un animal de la nourrit de vers de terre, champignons, fruits, famille des Mustélidés, comme le putois, la invertébrés et petits vertébrés divers. fouine et la belette. Son museau assez éffilé Les petits bois sont le domaine préféré de est un peu retroussé. Ses yeux sont petits. ce mammifère que certains surnomment le Court sur pattes, il peut atteindre de 60 à panda de nos forêts. 90 cm à l’âge adulte (du bout du museau à En hiver, il n’hiberne pas, contrairement à la la base de la queue) pour un poids de cinq croyance populaire, mais réduit fortement à six kilos. son activité. Plantigrade, il laisse une large empreinte avec la paume et les cinq doigts griffus bien marqués. Il est meilleur fouisseur que le re- nard. Dans son terrier complexe, la femelle met bas deux à cinq jeunes qui y demeu- reront environ deux mois. Cet animal entre- tient proprement son logis et aménage des latrines à l’extérieur. Parfois il partage son terrier avec le renard, ce qui a conduit à la réduction de ses effectifs lorsque ce dernier était gazé en vue d’éradiquer la rage. Il est actif essentiellement au crépuscule Un renard sort d’une écobuse © cc Bruxelles Environnement 23
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