Élections : Les résultats Les commissions municipales Vos nouveaux élus - n 112 - Ville de Sedan
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Sedan
bulletin municipal d’information
Mars / Avril
2014 n° 112
Élections :
Les résultats
Les commissions municipales
Vos nouveaux élus
Sommaire
Sedan
Mars / Avril 2014
Édito p. 3
Élections p. 4
Les résultats du second tour
Les commissions municipales
Le Conseil municipal
Travaux p. 8
Des chantiers s'ouvrent,
d'autres s'achèvent
Patrimoine p. 10
Château Fort : la réfection totale
des toitures est achevée
Musée municipal : en route
vers une véritable politique muséale
Rétrospective p. 12
Événement p. 14
Journée de la Femme
Histoire p. 15
Sedan affamé
Libre expression p. 19
Nouveaux commerces 20
p.
Directeur de la publication : Didier HERBILLON
Conception : Service Reprographie - Ville de SEDAN
Photos : Jean-Marie Charlot - Service Communication
S.Auguste / Armée de l’air
Impression : Imprimerie Soupault - Sedan
Dépôt légal : Juillet 2008 - 11 000 exemplaires
www.sedan.fr
ÉDITO
M
algré le contexte national que Pour cela je serai, durant ce mandat en-
l'on a observé durant les der- core, le Maire de tous les Sedanais et je
nières élections municipales, m'emploierai à ce que le «vivre ensemble»
vous avez été une large majorité de Seda- soit le guide de mon engagement pour
nais à m'avoir renouvelé votre confiance, Sedan. « Vivre ensemble » c'est se ras-
faisant fi, pour beaucoup d'entre vous, sembler au-delà de nos croyances, de nos
des étiquettes politiques. De fait, la cultures, de nos nationalités ou races,
liste que je vous ai présentée était une c'est se respecter les uns, les autres et
liste de rassemblement pour Sedan. Je faire en sorte que notre ville soit riche de
vous remercie donc très sincèrement et nos différences.
avec émotion de me permettre de pour-
suivre l'action engagée depuis 2008 pour C'est mon vœu le plus cher.
notre ville. Certes rien n'est facile par ces Merci encore
temps de grave crise économique mais
vous pouvez compter sur ma détermina-
tion à me tenir sur tous les fronts pour
que Sedan avance et se développe.
Didier HERBILLON
Maire de Sedan
1er Vice-Président de l'Agglomération
Charleville-Mézières / Sedan
SEDAN Magazine / mars - avril 2014 3
ÉLECTIONS
Élections municipales :
les résultats du second tour
(30 mars 2014)
2 918 voix 2 052 voix 714 voix
Répartition
des sièges au sein
du nouveau Conseil
municipal
51,32 % 36,09 % 12,56 %
Didier Bertrand Éric
HERBILLON BONHOMME SAMYN
SEDAN 2020 SEDAN EN MARCHE SEDAN BLEU MARINE
Taux de participation : 53,16 % (63,7 % en France)
SEDAN 2020
16 femmes et 17 hommes composent le nouveau Conseil Liste de gauche et de rassemblement
municipal : La loi du 6 juin 2000 a instauré la parité dans les communes de plus de 3 500 Didier HERBILLON 25
habitants. Elle a ensuite été renforcée par la loi du 31 janvier 2007 obligeant à une stricte
alternance dans la présentation des listes. Pour 2014, la parité s'impose désormais aux SEDAN EN MARCHE
communes de plus de 1 000 habitants ainsi qu'à l'élection des conseillers communautaires. Bertrand BONHOMME 6
Âge moyen du Conseil munipal : 55 ans SEDAN BLEU MARINE
Éric SAMYN 2
4 SEDAN Magazine / mars - avril 2014
ÉLECTIONS
Les commissions municipales
Commission Vice-Président Conseillers municipaux Composition
délégués
Administration générale Christian APOTHELOZ Sedan 2020 : Michel BERNARD, Philippe JACOB,
et démographie Rachelle LOUIS, Daniel MOULIS, Marie-Inès SILICANI
Police et sécurité Sedan en marche : Hervé GURY, Bertrand BONHOMME
Culture et communication Élisabeth HUSSON Sedan 2020 : Arlette CHARBONNIER, Anita CURE,
Vie associative Liliane PETIT, Arlette VALLEE, Linda ZOURANE
Sedan en marche : Hervé GURY, Margaret COGLIANI
Jeunesse et Sports Franck MARCOT
Marie-Inès SILICANI Sedan 2020 : Yannick DISCRIT, Jean-Claude JABLONSKI,
Michel BERNARD Daniel MOULIS
Sedan en marche : Odile BERTELOODT, Margaret COGLIANI
Urbanisme Rachelle LOUIS Sedan 2020 : Farid BESSADI, Arlette CHARBONNIER,
et patrimoine historique Marzia DE BONI , Karine DEFAUX,
Aménagement urbain Christelle DONNET-BRICHOT
Contrat urbain de cohésion sociale Sedan en marche : Hervé GURY, Jacques BORDE
Sedan Bleu marine : Amandine BLOMME
Solidarités et Affaires sociales
Monique HUCORNE Philippe JACOB Sedan 2020 : Anita CURE, Brice POTIER,
Marie-Inès SILICANI, Linda ZOURANE
Sedan en marche : Margaret COGLIANI, Sophie LECOCQ
Sedan Bleu marine : Amandine BLOMME
Emploi Jean-Claude CAILLAUD Sedan 2020 : Bernard GUIDEZ, Jean-Claude JABLONSKI,
et développement économique Yannick DISCRIT Liliane PETIT, Arlette VALLEE
Insertion socio-professionnelle Sedan en marche : Odile BERTELOODT, Sophie LECOCQ
Prévention et médiation Sedan Bleu marine : Éric SAMYN
Travaux et cadre de vie Francis MANSU Brice POTIER Sedan 2020 : Marzia DE BONI, Christian APOTHELOZ,
Développement durable Christelle DONNET-BRICHOT, Daniel MOULIS
et environnement Sedan en marche : Jacques BORDE, Bertrand BONHOMME
Sedan Bleu marine : Amandine BLOMME
Personnel Bernard GUIDEZ Sedan 2020 : Jean-Claude CAILLAUD, Marzia DE BONI,
Christelle DONNET-BRICHOT, Rachelle LOUIS,
Daniel MOULIS
Sedan en marche : Jacques BORDE, Sophie LECOCQ
Finances Franck MARCOT Sedan 2020 : Farid BESSADI, Yannick DISCRIT,
Monique HUCORNE, Élisabeth HUSSON,
Jean-Claude JABLONSKI
Sedan en marche : Odile BERTELOODT,
Bertrand BONHOMME
Sedan Bleu marine : Éric SAMYN
Le Conseil municipal lors de sa séance du 14 avril 2014 a mis en place les commissions chargées d’étudier les questions soumises au Conseil
municipal. La composition des dites commissions respecte le principe de la représentation proportionnelle de tous les groupes politiques,
Sedan Bleu marine n’ayant pas présenté de candidat dans un certain nombre de commissions.
SEDAN Magazine / mars - avril 2014 5
ÉLECTIONS
Didier HERBILLON
Maire
Conseil municipal :
vos 33 élus
Christian APOTHELOZ Élisabeth HUSSON
1er Adjoint 2ème Adjointe
Administration générale, démographie Culture, communication
sécurité et police et vie associative
Franck MARCOT Rachelle LOUIS Farid BESSADI Monique HUCORNE Francis MANSU
4ème Adjointe 5ème Adjoint
3 ème
Adjoint 6ème Adjointe 7ème Adjoint
Urbanisme réglementaire Aménagement urbain
Finances, jeunesse et sports Solidarités et affaires sociales Travaux
et patrimoine historique Contrat urbain de cohésion sociale
Marzia DE BONI Bernard GUIDEZ Michel BERNARD Jean-Claude CAILLAUD Yannick DISCRIT
8ème Adjointe Conseiller municipal délégué
9ème Adjoint Conseiller municipal délégué Conseiller municipal délégué
Environnement, cadre de vie Médiation, prévention
Ressources humaines Affaires scolaires Emploi, économie locale et formation
et développement durable et insertion socio-professionnelle
6 SEDAN Magazine / mars - avril 2014
ÉLECTIONS
Philippe JACOB Brice POTIER Marie-Inès SILICANI Arlette VALLÉE Arlette CHARBONNIER
Conseiller municipal délégué Conseiller municipal délégué Conseillère municipale déléguée
Conseillère municipale Conseillère municipale
Qualité de vie des Seniors Développement durable Jeunesse
Christelle
Daniel MOULIS Anita CURE Jean-Claude JABLONSKI Liliane PETIT
Conseiller municipal Conseillère municipale Conseiller municipal Conseillère municipale
DONNET-BRICHOT
Conseillère municipale
Karine DEFAUX Linda ZOURANE Jacques BORDE Margaret COGLIANI Bertrand BONHOMME
Conseillère municipale Conseillère municipale Conseiller municipal Conseillère municipale Conseiller municipal
Hervé GURY Odile BERTELOODT Sophie LECOCQ Éric SAMYN Amandine BLOMME
Conseiller municipal Conseillère municipale Conseillère municipale Conseiller municipal Conseillère municipale
SEDAN Magazine / mars - avril 2014 7
TRAVAUX
Des chantiers s’ouvrent,
d’autres s’achèvent
Les travaux, dans une ville
en perpétuelle transformation,
ne connaissent pas de trêve et
n’obéissent qu’à un calendrier :
l’impératif de leur réalisation.
Coup d’œil sur la programmation
des différents travaux
qui changeront le paysage urbain
des Sedanais en 2014.
Gare routière
Située rue de Strasbourg, la lés, un muret en pierre sera réa-
future gare routière aura pour lisé pour l’attente des enfants,
vocation d’accueillir les lignes une piste cyclable sera aména-
régulières du centre-ville ain- gée et le square situé quai de la
si que les lignes scolaires. Un Régente sera rénové. Les maté-
chantier d’ampleur dont le coup riaux utilisés (pavements avec
d’envoi donné le 15 janvier 2014 effet de vague) instaureront une
est appelé à modifier le paysage véritable liaison avec le quartier
urbain dans la continuité du pôle du Lac. Le chantier, dont la durée
culturel au quartier du Lac, via est estimée à trois mois, devrait
La future gare routière aura pour vocation d’accueillir les lignes régulières l'avenue Charles de Gaulle. Deux être achevé fin avril, en fonction
du centre-ville ainsi que les lignes scolaires. nouveaux abris bus seront instal- des conditions climatiques.
PAVE
La mise en œuvre du PAVE (plan En dehors des grands travaux,
de mise en accessibilité de la d’ores et déjà définis par la col-
voirie et des espaces publics) lectivité, PRU (programme de
résulte de la loi sur l'égalité des rénovation urbaine) et PNRQAD
droits et des chances, la partici- (programme national de requa-
pation et la citoyenneté des per- lification des quartiers anciens
sonnes handicapées, promulguée dégradés), la mise en accessibi-
le 11 février 2005. Elle répond lité des voiries sur le périmètre
aux dispositions susceptibles de défini sera priorisée.
rendre accessible aux personnes
handicapées l’ensemble des cir- En 2014 et 2015, l’accent sera
culations piétonnes et des zones mis sur les voies suivantes : ave-
de stationnement sur le territoire nues Margueritte, Philippoteaux
communal. La chaîne du dépla- et Stackler, rue Widet-Bizot,
cement accessible devient ainsi place d’Alsace-Lorraine, avenue
une réalité incontournable. Mais Léon Charpentier, rue Cadeau,
les contraintes topographique, place Nassau, rue du général
patrimoniale, dimensionnelle, Dubois, avenue des Martyrs de
voire économique obligent à des la Résistance, rue Thiers, rue
choix qui réduisent la mise en de Strasbourg et place de Torcy.
œuvre d’une accessibilité géné- Viendront ensuite les rues conti-
ralisée. Les travaux sont estimés guës à celles concernées par les La rue Thiers a déjà fait l'objet d'aménagements pour faciliter l'accessibilité
à 5 000 000 €. travaux du PRU et du PNRQAD. des personnes à mobilité réduite.
8 SEDAN Magazine / mars - avril 2014
TRAVAUX
Place Saint-Vincent Aménagements paysagers à Torcy
Le chantier a débuté le 20 jan- lisé par des chaînettes pavées et
vier et devrait s’achever en mai embelli par de nouvelles planta-
2014 en fonction des conditions tions. Rue Berlioz, pour éviter
climatiques. Les travaux, estimés le stationnement anarchique,
à 260 000 € TTC, consistent en du recul sera donné aux habita-
l'aménagement d’un chemine- tions, la partie du domaine public
ment piétonnier venant des rues en accotement sera entièrement
Degas et Fragonard et permet- traitée en espace arboré (espace
tant de rejoindre la rue Gaston public au droit de la Villa Debus-
Sauvage. Place Degas, le revête- sy). Du stationnement longitu-
ment central de la place sera to- dinal sera créé devant les habi-
talement repris. Place Fragonard, tations faisant face à la placette
le parking sera rénové, matéria- rue Berlioz.
La rénovation de la place Saint-Vincent est estimée à 600 000 € TTC.
Appelé à voir le jour dès la dé- ment à créer un nouvel aménage-
construction achevée des bâti- ment paysager. Celui-ci embellira
ments administratifs de l’hôpital, l’endroit pour les piétons de la
le projet de transformation de la passerelle Saint-Vincent mais sera
place Saint-Vincent vise à rationa- également utile aux résidents de
liser le stationnement mais égale- la Petite Venise.
Chantiers d’insertion
La Ville de Sedan porte quatre tures de la cage d’escalier (murs,
chantiers d’insertion : mobile, boiseries, rampe) et au rempla-
écoles, environnement et Hôtel cement des revêtements de sol.
de Ville. Le chantier de rénova- Les travaux sur l’éclairage seront
tion de la cage d'escalier de l'Hô- effectués par l’atelier électricité
tel de Ville a commencé dès le du centre technique municipal. La
20 janvier. Les travaux consistent durée prévisionnelle des travaux Dans le cadre de la rénovation urbaine, des travaux paysagers ont été
en une réfection totale des pein- est de trois mois. programmés à Torcy-Cités.
Esplanade du Lac
Les travaux, d'un montant total de 2 100 000 €, ont débuté en juin
2013. Située en prolongement de la future maison de quartier, elle
sera équipée d'une aire de jeux et garnie de butes paysagères pour
apporter un peu de relief dans le quartier. Un parking a été créé pour
le groupe scolaire. Cet espace sera avant tout destiné aux familles,
aux rencontres et à la promenade qui conduit vers le lac. La zone
aménagée sera finalisée pour le printemps 2014.
Le chantier de rénovation de la cage d'escalier de l'Hôtel de Ville devrait s'ache-
ver au printemps 2014. La future esplanade centrale du quartier du Lac se dessine progressivement.
SEDAN Magazine / mars - avril 2014 9
PATRIMOINE
Château fort : la réfection totale
des toitures en ardoise est achevée
Emblème internationalement reconnu du patrimoine et propriété inaliénable
des Sedanais, le château fort fait l’objet de soins incessants. En témoignent
ses toitures ayant toutes retrouvé le lustre et la noblesse de l’ardoise. Ou
encore l’entretien permanent du patrimoine des murailles qui fait appel à
la technique séculaire des compagnons tailleurs de pierres.
T Des travaux de
out le monde se souvient gion et la DRAC (Direction régio- travaux consistant à détecter et
encore de ce 14 juillet nale des affaires culturelles) pour à reprendre les poches d’affaisse-
2010 quand une tornade
soudaine dévastait les toitures
une réalisation sur trois exercices strict entretien ment des murailles avant qu’elles
(2012, 2013, 2014) de la façon ne s’étendent. Des travaux sous
du château fort. Le diagnostic suivante : assurances : 315 000, Un tel patrimoine, de par l’impor- maîtrise d’ouvrage commune
réalisé aussitôt après constatait DRAC : 274 000, Conseil régio- tance de ses volumes, nécessite Ville et architecte des bâtiments
que les deux toitures d’origine nal : 274 000, Ville de Sedan : un entretien constant. C’est pour- de France. Il est à noter que
en ardoise, non encore restau- 274 000. quoi des travaux dits de strict contrairement à d’autres, les
rées, avaient également subi des entretien se déroulent en conti-
Les travaux relatifs aux toitures pierres constituant les murailles
dégâts. La Ville profita de cette nu sur ce site classé Monument
de la galerie des Princes étaient du château fort de Sedan ne sont
opportunité de fait pour res- historique. 80 000 € sont consa-
terminés au 1 er janvier 2014. pas toutes calibrées sur le même
taurer l’ensemble des toitures crés annuellement à ce chapitre
dans une opération englobant Concernant le casernement Est modèle. L’entreprise Bâtiments
selon la répartition suivante :
la galerie des Princes, le caser- et après accord de la DRAC, les associés, agréée par les Monu-
DRAC : 30 000, Ville : 30 000,
nement Est puis le donjon. Une travaux ont commencé en février Conseil général : 20 000. Sur ces ments historiques, met en action
fois terminée, l'opération verra pour une durée de huit mois, pentes verticales à l’épreuve des des Compagnons du devoir tail-
la totalité des toits en ardoise sous contrôle de l’architecte des siècles, les chutes de pierres ne leurs de pierres afin de réparer
entièrement rénovée. Le coût Monuments historiques. Pour la sont pas rares. Après le bastion les murs selon des techniques
estimé de l’opération est de troisième phase, dédiée à la toi- Fourchu, le chantier de restau- identiques à celles employées
1 137 000 euros répartis de ture du donjon réalisée actuelle- ration s’est déplacé sur la Porte autrefois. Une charge constante
la façon suivante : galerie des ment en tôles d’acier, des études des Princes. Ce sera ensuite mais indispensable afin d’entre-
princes : 350 000, casernement sont entreprises pour en retrou- l’intérieur de la cour, près de la tenir le château fort et son patri-
Est : 284 000, donjon : 317 000, ver la forme originelle. Deux chapelle, en 2015. Il s’agit de moine. n
maîtrise d’œuvre : 111 000, di- esquisses de projet ont déjà été
vers et imprévus : 75 000. Le réalisées, la phase opérationnelle
montage financier sera complété devant démarrer à la fin de l’an-
à parts égales par la Ville, la Ré- née 2014.
Les travaux d'entretien annuels du château fort ont commencé en février pour une durée de huit mois.
10 SEDAN Magazine / mars - avril 2014PATRIMOINE
Musée municipal : en route vers
une véritable politique muséale
Avec un personnel alliant méthode
et efficacité, l’idée d’un musée Karine Loison a obtenu
le concours d’attaché
municipal enfin en phase avec de conservation lui
permettant de postuler
son temps et installé de façon à la mairie de Sedan
afin d’y poursuivre
pérenne à Sedan s’approche à le récolement des
collections et le projet
grands pas. Un travail scientifique, du musée.
rigoureux qui n’avait pas trouvé son
équivalent depuis…1884.
D
epuis huit mois, un gros grangé au fil des siècles une
travail a déjà été ac- multitude de témoignages
compli. Le récolement issus de la Principauté, des
des collections, noyau dur de guerres de 1870, 1914, 1940,
l’action, est un véritable travail des mémoires du textile et de
de fourmi demandant patience l’industrie drapière, des legs de
et méticulosité. Il s’agit de véri- particuliers (Monsieur Poma,
fier sur place et un à un, la pré- antiquaire), de Paul Bazelaire
sence des objets figurant à l’in- (célèbre violoncelliste né à Se-
ventaire, de les photographier, dan en 1886)...
de les répertorier, de vérifier le
bon état de leur conservation. « Nos collections sont très va-
Action décennale, le récole- riées », témoigne Karine Loi-
ment devrait être finalisé au son. « Cela va des Beaux-arts
cours de l'année 2014. A l’ar- aux accessoires militaires, des
rière plan de cette opération livres anciens aux objets de la
en profondeur, la création du vie domestique, de l’archéolo-
musée municipal en 1879 et gie issue des fouilles du châ-
son inauguration par Auguste teau aux dépôts lapidaires, des
Philippoteaux le 17 août 1884, échantillons de tissus de draps
dans le bâtiment des frères aux cahiers des élèves de l’école
Crussy situé alors place d’Al- de tissage...». Une richesse et
une diversité des collections
sace- Lorraine.
Le récolement est inscrit dans
dont le futur musée devra tirer
partie et à partir desquelles
Karine Loison
la Loi de 2002 des Musées des choix seront opérés. Quelle A 34 ans, cette jeune femme originaire de Lisieux dans le Cal-
de France, imposant ce type identité donner au musée de vados, a été nommée attachée de conservation et responsable
d’opération. Le musée muni- Sedan dont la consonance est du musée municipal en septembre 2013. Après avoir obtenu
cipal de Sedan enfin exhumé internationalement reconnue ? un DEUG d'Histoire-Géographie à Tours, elle s'est spécialisée en
d’un trop long oubli se profile Sera- t-elle locale, régionale, muséologie à l’Université de Haute-Alsace à Mulhouse. Titulaire
donc à l’horizon, la municipalité nationale ? Quel axe partena- d’un Master dans les métiers de la culture et du patrimoine
souhaitant l’implanter dans les rial privilégier ? Quelles acqui- option muséologie, elle a notamment travaillé en dernier lieu
locaux de l’ancien Tapis Point sitions réaliser ? Quel public à Péronne, à l’Historial de la Grande Guerre de 2003 à 2013.
de Sedan. Si le projet est bel et cibler ? Tel est le sens du projet
bien engagé pour aboutir dans scientifique et culturel qui sera
les cinq années qui viennent, il rédigé ultérieurement et qui ment à 2 270 items recensés tientera encore quelques mois
n’en reste pas moins vrai que le fera le point sur l’état des col- sur les 3 300 répertoriés sur les pour enfin renouer avec le fil et
parcours reste jalonné d’étapes lections actuelles en proposant listes d’inventaire. L’avènement le sens de son passé, et avec lui
perspectives et objectifs. du futur musée municipal est à les Sedanais, grands amateurs
obligatoires.
la fois lointain et proche. Mais d’histoire de leur cité. n
Le propre du patrimoine se- En attendant, les travaux de après 130 années d’existence
danais, riche d’une histoire récolement se poursuivent avec erratique aux yeux du grand
multiséculaire, est d’avoir en- minutie. On en est actuelle- public, le musée de Sedan pa-
SEDAN Magazine / mars - avril 2014 11RÉTROSPECTIVE EN IMAGES
Médaille d'honneur - 11 février Battle Break - 22 février
Près de 200 spectateurs et 80 danseurs ont participé à cette
12 e édition organisée par la MJC Calonne. Un rendez-vous
Élu depuis 1983, Jean-Claude intergénérationnel réunissant enfants, parents et 20 équipes venues
Closse s'est vu décerné la mé- de Paris, Amiens, Beauvais, Strasbourg, Metz, Troyes, Reims, Châlons,
daille d'honneur régionale, dé- Bruxelles, Zürich...
partementale et communale de
vermeil pour 30 ans de mandats
électifs locaux. Il a consacré sa
dernière délégation à l’adminis-
tration générale, la démographie,
la médiation et la prévention. Un
dévouement sans faille au service
des Sedanais et Sedanaises.
Carnaval de Sedan - 15 mars
Malgré une météo capricieuse, la 20e édition du carnaval de Sedan,
organisée par le comité du carnaval, a attiré des centaines de spec-
tateurs, ravis de voir défiler les chars des associations sedanaises et
des communes environnantes.
Polar - 26 mars
Armes du crime, portrait-robot, mots codés, empreintes, lettre
Bike and run - 16 mars
anonymes... La médiathèque Georges-Delaw a organisé plusieurs La 4e édition de ce challenge sportif - une épreuve de 13 km dans les
ateliers thématiques autour du polar. Les conclusions de l'enquête douves et autour du château fort de Sedan - a réuni des centaines
seront dévoilées par les jeunes détectives en herbe lors d'une rétros- d’adeptes, soit 32 équipes pour la course jeunes et 79 équipes pour
pective du 6 au 24 mai. la course adultes. Un événement organisé par Team Sedan Triathlon.
12 SEDAN Magazine / mars - avril 2014RÉTROSPECTIVE EN IMAGES
Escadron 3/3 Ardennes - 17 mars De Palmas - 4 avril
Originaire de l’île de la Réunion, De Palmas a connu un succès
phénoménal en 1994 avec l’indémodable “Sur la route”. Après la
sortie de son nouvel album en 2013, sa tournée entamée en 2014
rencontre un grand succès. La salle Marcillet affichait complet pour
son concert exceptionnel à Sedan.
La classe de CM2 de l'école Georges Ouvrard a participé pour la deu-
xième fois au concours national des Villes Marraines. Accompagnés de
Michel Bernard, conseiller municipal délégué aux affaires scolaires, ils
ont réalisé un reportage dont le mirage 2000D a été la vedette. L'esca-
dron de chasse 3/3 Ardennes, unité de combat de l’Armée de l'air fran-
çaise, est installé sur la base aérienne 133 Nancy-Ochey.
100 % bio - 3 avril
Pour la première fois à Sedan,
jeudi 3 avril dernier, un repas
100 % issu de l’agriculture bio-
logique locale a été proposé aux
550 élèves fréquentant le service
de restauration scolaire.A cette
occasion, les enfants ont été sen-
sibilisés à l’agriculture biologique
par une productrice locale et ont
pu déguster ses produits dans
leur assiette.
Main verte - 3 avril
Excursion à Saint-Quentin - 8 avril Les espaces paysagers aménagés à Torcy-Cités ayant été dégradés,
Le Pôle Seniors, service social de proximité destiné à répondre aux la Ville a associé les enfants du quartier afin qu'ils s’approprient ces
besoins des personnes âgées, organise régulièrement sorties, anima- plantations urbaines. Les élèves de l'école Bellevue, sous la houlette
tions et séjours. L'excursion à destination de Saint-Quentin a permis des agents des espaces verts, ont ainsi visité le jardin botanique et
de découvrir la Maison du textile, le village des métiers d'antan et le participeront prochainement à la plantation d'arbustes au sein de leur
musée Motobécane. établissement scolaire.
SEDAN Magazine / mars - avril 2014 13ÉVÉNEMENT
Journée de la Femme
Sandrine Fontaine, mère de famille et sapeur-pompier volontaire
L
Sandrine Fontaine est sapeur-pompier volontaire e parcours de Sandrine chez les sapeurs- encore du domaine de l’acceptable car ici il
depuis 19 ans. pompiers de Sedan est déjà une longue n’y a pas de brimades ». Il y a 40 ans, il n’y a
histoire. Depuis 19 ans, cette mère avait pas de femmes chez les soldats du feu.
de deux grands garçons à la vie de famille Aujourd’hui, il y en a huit, « en quelque sorte
épanouie s’adonne en parallèle à sa grande c’est nous qui avons ouvert la porte ». Cette
passion : porter aide et assistance à son histoire est également illustrative de ce qui,
prochain. « Être sapeur-pompier, cela ne se dans l’idéal, pourrait constituer un exemple.
commande pas. C’est quelque chose que l’on Présente un jour sur deux à la caserne, San-
a en soi. Mais le sentiment altruiste, sans la drine n’aurait pu réaliser ce parcours au ser-
technique, dans ce genre d’activité, ne sert vice des autres sans un homme, son mari.
pas à grand-chose si l’on ne sait pas trans-
« Il a accepté de partager les tâches, de me
mettre les connaissances », explique Sandrine.
seconder pour élever nos enfants. De même
C’est elle en effet qui dispense les cours de
toute ma famille ». Son mot de la fin est un
secours et d’assistance aux victimes chez les
appel militant mais un appel qui se ferait
sapeurs-pompiers, mais aussi auprès des ci-
« dans la joie de vivre ». Selon elle, l’évolu-
vils, des surveillants de baignade de Sedan et
des collégiens. Exercer dans ce milieu essen- tion de la condition de la femme est indisso-
tiellement masculin où elle a fini par s’impo- ciable de son droit à la liberté d’exister. « Il
ser lui inspire cette réflexion : « Dans cette est hors de question qu’elle s’interdise le droit
discipline, quand les hommes sont à 100 %, d’affirmer ses choix si on veut qu’un jour, le
les femmes doivent être à 200 % ». Sandrine clivage homme-femme disparaisse. Le métier
avoue avoir un caractère bien trempé encore de sapeur-pompier est une belle vitrine pour
affermi par la pratique du hand-ball lequel, à effacer ces différences et être à égalité avec
sa façon, est aussi un sport de combat. Cela les hommes ». Même si, pourrait-on ajouter,
lui a facilité la tâche. Pour se faire adopter, l’appellation sapeur-pompier reste encore du
elle a du prouver sa valeur mais « cela relève genre masculin. n
Comme chaque année, Sedan Magazine décline cet événement en mettant en avant des
parcours féminins. Histoire de mieux comprendre, peut-être, que le combat des femmes
pour l’égalité n’est pas encore totalement gagné, même s’il progresse dans ce sens.
Catherine Bouton, « une chef » toquée de son métier
L
e milieu de la cuisine, des toques et lycée Oehmichen de Châlons-en-Champagne.
des gourmets, évoque, pour ceux qui Dans l’incapacité de devenir titulaire (à cause
se mettent à table la réjouissance des de ses diplômes belges), elle quitte l’ensei-
sens et la convivialité. Mais derrière ces plai- gnement, fait de l’assistance technique pour
sirs se cache la réalité d’un métier pénible, des restaurants d’entreprises. Des soucis de
soumis à une discipline de fer. Une femme, santé récurrents la handicapent dans ce dur
pour s’insérer dans ce système quasi militaire métier qu’elle pense ne plus pouvoir exercer.
où le vocabulaire fait état de mots tels que C’est alors qu’elle choisit de relever le défi
escouade, brigade ou chef, doit s’apprêter à que lui propose Gilles Henry, propriétaire
un dur combat. En témoigne Catherine, Ar- de la Ferme du Landi. Reconnue travailleur
dennaise de 42 ans originaire de la Moncelle, handicapé, son médecin rechigne à lui déli-
mère de trois enfants, aujourd’hui aux four- vrer un certificat d’aptitude au travail. Mais
neaux de la Ferme du Landi. Une véritable elle insiste et obtient gain de cause. « J’étais
«combattante» des cuisines dont le parcours persuadée que ce métier, je ne le ferais plus.
montre de quelle détermination une femme Or, je suis fière du résultat. C’est la passion
est capable par amour de son métier. Après pour ma profession qui me sauve ». Pour elle,
une formation hôtelière en Belgique, on la la satisfaction peut consister en de petits
retrouve dans les cuisines de la commission riens lorsque, au sortir de table, les clients
européenne de 1991 à 1998 où elle s’entend lui soufflent : « Vous ferez nos compliments
répéter par un jeune chef de son âge « une au chef ...». Et Catherine de répondre : « Pas
femme n’a rien à faire dans une cuisine », de problème, le chef c’est moi ! » Dans les
propos assortis souvent de détails bien plus regards, elle lit souvent de l’étonnement
crus encore. Catherine ne se décourage pas. amusé, parfois même de l’admiration. Là
Elle revient dans les Ardennes, reprend le aussi, dans la dénomination et les habitudes,
Balard à Charleville qu’elle quitte en 2001 le chef de cuisine n’a pas encore son équiva-
Catherine Bouton est aujourd'hui
pour la cuisine centrale de Sedan, officie deux lent féminin. Pour Catherine cela ne saurait aux fourneaux de la Ferme du Landi.
ans au lycée Eiffel de Reims, puis trois ans au tarder. Elle est, de fait… une chef. n
14 SEDAN Magazine / mars - avril 2014S E D A N
Notre
Histoire
2014 - Centenaire de la Grande Guerre (1914-1918)
Sedan affamé par Gérald DARDART
L es Allemands occupent
Sedan le 25 août 1914,
la ville ne retrouvera sa
liberté qu’avec l’entrée de
l’Armée française le 17
novembre 1918. 51 mois
d’une longue occupation
particulièrement dure,
humiliante, exténuante.
La cité de Turenne fut
inondée d’un flot de
réquisitions multiples,
mesquines et quotidiennes.
La population s’en est
trouvée affamée.
Une avalanche 1915, la chasse aux chiens est ouverte. Avant le 5 juin Pianos
1915, tous les pigeons doivent être tués (autre mesure
de réquisitions de contre-espionnage !). Le 6 juin, le foin et le regain et machines à coudre
sont réquisitionnés. Le 22 juin, toutes les cerises Les machines à écrire sont « empruntées », début sep-
et de restrictions sont saisies. Le 27, les Allemands ont besoin de 14 tembre. Le 12 septembre, les écrémeuses des fermiers
Lors de leur arrivée, les Allemands vident les caves cloches. De nouvelles contributions de guerre : Sedan sont réquisitionnées, la production de produit laitier
de leurs vins et spiritueux, s’emparent de 10 otages est imposé à hauteur d’un million de marks (9 juillet va s’en trouver restreinte. Le 17 septembre, les poires
et exigent le premier versement de 200 000 francs en 1915). Le 12 août, les poules, poulets, chevaux, pou- et les pommes sont confisquées. Septembre 1915, il
or. Le 6 septembre 1914, les cartes géographiques - y lains, mulets et tout le matériel agricole doivent être est interdit de ramasser les fraises des haies et
compris scolaires, celles éditées par Vidal-Laplanche recensés. Le 15, les chevaux sont réquisitionnés, il en des bois, les framboises, les fruits des sorbiers. En
- sont enlevées. Le 10 septembre, l’occupant réquisi- restait 84 à Sedan. Le 25 août, la saisie des marchands septembre - octobre 1915, des réquisitions ridicules :
tionne machines-outils, cuirs, cotonnades, lainages… de meubles est ordonnée. Avant le 30 août 1915, tous 2 billes de billard, 1 faux col en celluloïd, 1 paire de
La délation entre Français, entre voisins, fait ses pre- les objets en cuivre, cuivre jaune, bronze et nickel gants…. Le 2 octobre, 30 000 mètres de draps sont
mières victimes. Le 27 septembre, dans le cadre de la doivent être déposés auprès de l’autorité occupante. emportés. Le total des pièces de draps qui prirent la
lutte contre les services de renseignement français, les route de l’Allemagne s’élève à plus de 42 000 (la pièce
objectifs des appareils photographiques sont enlevés mesure environ 65 mètres). Le 4 octobre, les appareils
aux professionnels. Le 5 octobre, 3 000 couvertures photographiques restants devront être déclarés. Le 7,
sont à tailler dans le drap des manufactures Klein et toutes les barattes et écrémeuses ont été saisies. De
Henrion. Trois jours plus tard, les ustensiles de cuisine nombreuses dénonciations sont à déplorer, durant
et casseroles sont pris. Le 20 octobre, ils procèdent à la octobre 1915. En novembre 1915, il n’y a plus de cuir
réquisition des matelas et du charbon. Le 28, les beaux pour confectionner les chaussures. Le 28, l’occupant
arbres des propriétés sont abattus et expédiés. Le commence à rassembler les métaux non ferreux,
même jour, les appareils téléphoniques sont démontés. plomb, nickel. À partir du 18 janvier 1916, de nom-
En novembre 1914, les jeunes poulains âgés de 5 à 6 breux meubles sont enlevés. Les notables qui consti-
AM de Sedan
mois sont emportés. Le 10 novembre, les Sedanais tuent les 220 otages réquisitionnent eux-mêmes les
doivent livrer 500 bicyclettes. Et leurs machines meubles dans les foyers modestes : ce qui provoque
à coudre. Les postes de TSF sont interdits. Le 17 mai des règlements de compte entre Sedanais après la
SEDAN Magazine / mars - avril 2014 15AM de Sedan
libération. Le 12 février 1916, les rails du tramway Charles est démonté et cassé. Le 3 octobre, c’est commencent, les malheureux et les imprévoyants vont
du Fond-de-Givonne sont retirés. Le 23 février, Sedan au tour de la 2e cloche. Le 13 octobre, les trois cloches souffrir. » Le 2 octobre 1914, les exportations de den-
doit fournir 23 machines à coudre. En avril 1916, les de l’église de Torcy sont enlevées. Le 15 octobre, les rées de la France occupée vers la Belgique sont pros-
lapins sont réquisitionnés ; d’abord les mâles puis les tuyaux des orgues de Saint-Charles sont démontés. Le crites. Le 6 octobre, les « fourneaux économiques »
femelles. Le 1er mai, les Allemands visitent les domi- 4 novembre, reprise très active de la saisie des cuivres. ouvrent grâce à l’activité d’un ancien adjoint, Pierre.
ciles pour trouver du cuivre. En janvier 1918, les indemnités de guerre atteignent la En octobre, « Il est difficile de se représenter les quantités
somme astronomique de 7 400 000 francs. Les 19-20 de viande qu’absorbent les Allemands. Leur grand
Les orties février 1918, les dernières cloches de Saint-Charles et régal est la viande hachée crue, menue comme de la
chair à saucisse. Les bouchers qui, sur leurs indications,
de Torcy sont enlevées. Avril-mai 1918, les matelas
intéressent l’occupant sont saisis pour récupérer la laine et le crin (ordon- confectionnent cette nourriture y ajoutent force sel et
nance du 24 août 1917). Le 17 juin 1918, 2 kilos poivre. Ils la leur servent dans des cornets de papier à
Le 25 juillet, une affiche allemande informe : « il n’est
d’orties sont à fournir par habitant de 12 à 60 ans. Le la manière des pommes frites. Les soldats l’ingurgitent
pas partout connu en France que les orties (non celles à
16 septembre, tous les papiers et cartons doivent être avec leurs doigts, en se promenant dans les rues (…) ». La
courtes tiges embranchées) contiennent un filament propre
livrés à l’occupant. À Sedan, les bons de réquisi- ville de Sedan n’est pas logée à la même enseigne
à la confection des tissus (…) L’administration militaire
allemande paiera pour 100 kg de ces tiges desséchées, tion dépassent le nombre de 52 000, pour 9 000 que Charleville, ainsi, le 20 octobre 1914, le Kaiser
dépourvues de feuilles et d’au moins 0,50 m de longueur habitants. Sedan semble avoir beaucoup plus pâti ne souhaitant pas cohabiter avec la misère alloue à la
la somme de 12,50 francs. » Le 26 juillet 1916, une per- du pillage allemand que Charleville, siège de la Commission municipale de Charleville une somme de
quisition est opérée à l’église de Torcy pour trouver un Maison impériale durant deux ans (septembre 3 000 marks à distribuer aux nécessiteux. Le Kaiser
poste de TSF. Le 21 août, les cordonniers doivent être 1914 - août 1916). fit de même le 2 janvier 1915 et le 27 janvier, lors
recensés. En septembre 1916, Henry Rouy évoque de son anniversaire. Le 23 octobre, les importations
belges et le colportage sont interdits. Les commerces
les « orgies d’affiches. » Le 12 octobre 1916, la ré-
quisition des cuivres débute ; le 4 novembre, nouvelle Le dépérissement de Sedan sont approvisionnés par les négociants du
Luxembourg, à des prix astronomiques (15 novembre
saisie des cuivres. Le 25 novembre 1916, les derniers
appareils photographiques et téléphones, les longues
physique 1914). Le 12 décembre, face à l’inflation, la Komman-
vues, les télescopes, les lorgnettes de théâtre doivent Dès le 10 septembre 14, le pain commence à man- dantur de Sedan bloque les prix. Du papier-monnaie
être portés à la Kommandantur. Le 28 novembre, l’in- quer. Le sucre est très rare. « Les moments difficiles est institué, il aura cours forcé (20 décembre 1914).
ventaire du linge de table et de lit doit être déposé à la
Kommandantur. Le 5 janvier 1917, les propriétaires de
poules (non réquisitionnées !) doivent porter à la Kom-
mandantur un œuf par poule ; puis après le 1er avril, 3
œufs pour deux poules. Le 8 mars 1917, il faut déclarer
tous les coffres-forts et s’acquitter d’une taxe de 25
francs (c’est une somme conséquente pour l’époque)
pour les chiens, avant le 1er avril. Le 5 mars, un état
des coffres-forts doit être déposé à la Kommandantur.
Le 24 avril, le rassemblement des métaux saisis, cuivre,
étain, nickel, alliages de ces métaux s’intensifie. Le 17
mai 1917, la rumeur se propage : l’occupant va voler
les cloches du Sedanais. Le 19 juillet, les cloches du
Dijonval et quatre cloches de l’église Saint-Charles de
Sedan sont enlevées. Le 15 août 1917, des adolescents
allemands – sorte de boy-scouts – débarquent à Sedan,
ils sont coiffés d’un béret militaire et ils sont moroses.
Ils vont prêter main forte pour les réquisitions. Le 8
septembre, les autorités allemandes incitent au ramas-
Coll. GDP.
sage des glands, marrons et faînes, en payant les récol- L’occupant sur la Place Turenne en février 1916.
teurs. Le 1er octobre, le bourdon de l’église Saint-
16 SEDAN Magazine / mars - avril 2014Coll. GDP.
Carte postée en mars 1916
Le 23 décembre 1914, une délégation américaine vient d’autres, la famine règne. L’enfant
estimer les besoins d’approvisionnement de la popula- de six semaines reçoit sa ration de
tion. Le 15 janvier 1915, de gros écarts de prix, à moins 150 g de lard, de saindoux ou de
de 5 kilomètres : la viande de bœuf se paie 0,55 francs café, comme l’ouvrier qui accom-
P.
re - Fonds GD
le demi-kilo à Givonne et 1,50 francs à Sedan. Le mois plit douze heures de travail dans
de janvier 1915 s’avère être particulièrement rigou- les champs. » (Rigobert Faÿ, voir
reux à Sedan (- 8°), la farine de blé est introuvable nos sources bibliographiques)
à Sedan. Les Américains apportent leur secours aux Le 20 septembre, la fabrication
Coll. particuliè
populations de la vallée de la Meuse (rattachée à la Bel- du beurre est très sévèrement
gique), mais ils ne viennent pas aider les Sedanais. En contrôlée. Le 16 octobre,
janvier 1915, du pain noir fait à base de farine de seigle la viande de cheval est hors de prix.
mélangée à du sarrasin remplace le pain blanc. Le 19 Beaucoup de boucheries sont fermées. Les Allemands
mars, le beurre est introuvable à Sedan. La ration prennent le lait et laissent le « petit lait » aux ci- il n’y en a plus à Sedan. » Le 17 avril, « à Charleville, les
quotidienne de pain est de 250 grammes par personne. vils (3 décembre 1915). Le 13 janvier 1916, à Sedan, habitants n’ont pas cessé de manger mouton, veau et bœuf
le comité hispano-américain apporte 350 grammes à des prix raisonnables. Nous n’en savons plus le goût
Beurre et viande fraîche de morue salée par personne. Le 24 février 1916, à
Sedan, du saindoux est donné aux écoliers pour agré-
depuis dix-huit mois. Le cheval – Dieu sait quelles rosses
nous mangeons ! – se vend plus cher ici que le bœuf là-
introuvables menter leurs tartines. Les 7-8 avril 1916, « Notre ami
Préalle est allé à Charleville et nous a rapporté combien
bas. » (RF) Les exactions et lynchages commis par des
Le 2 mai, l’embonpoint de certains Sedanais a disparu, civils locaux sur les prisonniers et blessés allemands en
est différente la vie des habitants de cette région, comparée
ils ont les « joues caves, les épaules en saillie, les août 1914 seraient à l’origine de ce régime de rigueur à
à la nôtre. Sinon que, comme ici, les moyens d’existence y
yeux agrandis et profonds. » En juin 1915, les cafés l’encontre des Sedanais. Et puis, la Commission muni-
sont d’un prix élevé, on peut y trouver ce que l’on désire.
sont ouverts à Charleville, mais fermés à Sedan. Depuis cipale et le Conseil des notables ne seraient pas assez
Le marché a lieu, chaque semaine, comme en temps
14, la population sedanaise n’a pas eu de viande de ordinaire. Les communes rurales sont donc en rapport convaincants auprès des autorités occupantes, par rap-
boucherie, alors que dans les villages, il y a un arrivage constant avec la ville, au point de vue commercial et agri- port aux démarches entreprises par leurs collègues de
par semaine. Fin juin, l’occupant accorde 650 kilos cole. C’est le point essentiel. On y mange même des petits la Commission municipale de Charleville. Le 7 mai, il
de viande, par jour, pour toute la population. Sur gâteaux ! Les cafés sont ouverts jusqu’à neuf heures du est interdit aux soldats allemands de vendre quoi que
quinze jours, les bouchers ouvrent une fois leur bou- soir. On sait qu’ils sont fermés et nous devons être rentrés ce soit aux civils. Le 31 mai, la ration de viande est
tique de 4 à 7 heures du matin. Le 5 juillet, débute la à huit heures. » (RF) « Il y a des hommes à Charleville, réduite à 125 grammes par personne.
récolte des feuilles de frênes pour produire la frênette
en remplacement de la bière et du vin, disparus. Les
maraîchers du Fond-de-Givonne sont accusés de s’enri-
chir sur le dos des Sedanais affamés (9 juillet 1915).
Le 18 juillet, les laitiers ne peuvent entrer en ville ; le
manque de lait nuit à la santé des petits enfants.
À Sedan, le 27 juillet 1915, les monnaies allemandes,
françaises et belges ne peuvent plus être utilisées, les
habitants ne doivent régler leurs achats qu’au moyen
des bons de Ville ayant cours forcé. Les 2-3 août
1915, « Tout est triste ici et paraît sans vie. À Charleville,
au contraire, l’animation, sans être normale comme au
temps de paix, règne partout. On ne voit pas de magasins
vides comme ici. Ils sont bien approvisionnés, particuliè-
rement ceux de l’alimentation. Rien ne manque. Sedan a
l’aspect d’une ville abandonnée. » (RF) Le 1er septembre,
« les rations de pain sont très mal réparties. Les enfants en
Coll. GDP.
bas âge reçoivent la même ration que les adultes. Il en ré- Les habitants, pour se chauffer, vont chercher du bois dans la forêt. Le Fond-de-Givonne, hiver 1916.
sulte que dans certaines familles, il y a abondance, et dans
SEDAN Magazine / mars - avril 2014 17SEDAN
La “Gazette des Ardennes”, journal allemand, est diffusée à 175 000 exemplaires à la fin du conflit,
dans les territoires francophones occupés.
évolution démographique
durant la Grande Guerre
1912 : 16 060 habitants
1914 : 19 516 habitants
Octobre 1915 : 10 095 habitants
Le pain KK Novembre 1915 : 10 060 habitants
Février 1916 : 9 788 habitants
Les 3-4 juin 1916, la farine fournie par les États-Unis - 22° à Sedan (jusqu’au 17 février). Le 21 février, le
1er janvier 1918 : 9 255 habitants
a fermenté dans les sacs. « L’Amérique nous envoie ses découragement de la population est grand. Dur hiver,
fonds de magasin. » Le 18 juin, aux notables de Sedan, rareté des vivres, travail forcé… expliquent l’anéan- Juillet 1918 : 9 000 habitants
il est demandé « la garantie de 400 000 francs pour le tissement moral des civils. L’expression « Il n’y a
Comité hispano-américain qui nous ravitaille. Indivi- plus rien » devient lancinante. Le Fond-de-Givonne ne La population baisse essentiellement à cause du
duellement, nous achetons et payons les denrées de ravi- peut plus nourrir Sedan. Le 22 avril 1917, le ravitaille- départ, par trains, des indigents vers la France libre,
taillement qui nous sont distribuées, mais le Comité amé- ment s’améliore à Sedan : chacun reçoit 200 grammes via la Suisse.
ricain ne veut pas d’argent pour l’instant. Le règlement d’excellent beurre de Hollande et 500 grammes de veau
ne se fera qu’à la paix. » (RF) En juillet 1916, Sedan de la même provenance. Le 15 juin 1917, le niveau de Sources
manque d’eau du fait de la vétusté de ses installations ; résistance morale baisse de plus en plus dans la popula- Archives municipales de Sedan – en mairie – série H.
la source se trouve à Haybes (près de La Moncelle). tion civile, surtout à cause du travail forcé des femmes.
Bibliographie succincte
Août 1916, la farine est moisie ; la consomma- Autour du 14 juillet 1917, les femmes à la campagne
tion de pain est donc dangereuse. Le fameux pain sont exténuées, la nourriture est plus rare qu’en ville. Ouvrages anciens
KK ! Le 3 août, « la vie est toujours plus facile à En septembre 1917, de nombreux cas de dysenteries : Jules Baudson ou « Carolo », Le pillage des œuvres d’art
Charleville qu’à Sedan. » En août 1916, les récoltes 17 adolescents français décèdent. En février 1918, un dans les Ardennes par les Allemands, imprimerie du Petit
de pommes de terre et de blé sont très mauvaises. En grand dépérissement physique des enfants est constaté. Ardennais, Charleville, 36 p., 1921.
novembre 1916, le comité hispano-américain apporte Fin février 1918, est notée une forte inflation des pro- Rigobert Faÿ (cité et indiqué dans notre texte par « RF »),
des vêtements pour les civils. Le comité devient ensuite duits alimentaires, la livre de beurre est vendue 25 Sedan prison sans barreaux, transcription par J.-M. et G.
francs. Le 6 juillet 1918, les récoltes seront mauvaises Rolet, 451 p., 1997.
« hispano-hollandais » lors de l’entrée en guerre des
États-Unis. Le 23 janvier 1917, pour la première fois du fait de la sécheresse ; « la véritable famine vient ? » se Docteur A. Lapierre, Les Allemands à Sedan, 1914-1918,
demande-t-on alors dans les foyers sedanais. À partir édité par Émile Ruben, Charleville, 1920.
à Sedan, est organisée une distribution de viande salée
de bœuf à raison de 250 grammes par personne. Cela du 30 septembre 1918, l’eau doit être bouillie pour Monde illustré (Le), 22 août 1922, tome VIII, « Les Ar-
éviter les cas de dysenterie. dennes – 1918-1922 ».
fait longtemps que la viande - même celle de che-
val - ne fait plus partie des menus. Fin janvier - dé- Les enfants nés durant cette période souffrirent Henry Rouy, Sedan durant la guerre de 1914-1918, 2
volumes, 335 p., 146 p., Paris, 1919.
but février, le thermomètre marque en moyenne -12°C. toute leur vie des carences subies : rachitisme,
Le 10 février, la Meuse est gelée. Le lendemain, il fait malformations, handicaps. Philippe Stéphani, Sedan sous la domination allemande,
1914-1918, Grasset, 238 p., 1919.
Maurice Wiette et Jean Brégui, « À Sedan pendant l’occupa-
tion 1914-1918. Souvenirs inédits de résistants sedanais »,
Annales sedanaises, n°32, 1957.
Études récentes
Marc Blancpain, La vie quotidienne dans la France du
Nord sous les occupations (1814-1944), éditions Ha-
chette, coll. Littérature générale, 413 p., 1983.
Gérald Dardart, voir ses articles publiés dans Sedan maga-
zine :
N°56, « Les Uhlans à Sedan – Août 1914. »
N°82, « Les Brassards rouges, prisonniers civils et déportés
à Sedan (1914-1918). »
N°101, « Le général Gouraud, libérateur de Sedan en no-
vembre 1918. »
John Horne et Alan Kramer, 1914 : les atrocités alle-
mandes, éditions Tallandier, Paris, 640 p., 2001.
Philippe Nivet, La France occupée 1914-1918, éditions
Armand-Colin, Paris, 480 p., 2011.
Gérard Ponsinet, Guerre aux civils – guerre des civils
dans les Ardennes envahies de 1914 à 1918, éditions
Coll. GDP.
L’Harmattan, 270 p., 2013.
Roger Szymanski, Les Ardennes, terre de France oubliée,
en 1914-1918, imprimerie L’Ardennais, 527 p., 1984.
Transport de blessés en gare d’Olly (carte postée le 4 octobre 1914).
Un témoignage ? un document ?
Confiez-le à Gérald Dardart - Tél. : 03 24 53 60 31 - G.D.P., B.P. n°13
08160 Nouvion-sur-Meuse - Mobile : 06 07 16 51 63 - Fax : 03 24 53 91 78
SEDAN Notre Histoire - Supplément SEDAN Magazine
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