LES DETECTEURS DE POSITONS : CAMØRA PET - CAMØRA PET-SPECT

 
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B. BENDRIEM

                       LES DETECTEURS DE POSITONS :
                        Caméra PET - Caméra PET-SPECT
                                              B. BENDRIEM
                             Service Hospitalier Frédéric Joliot, CEA - Orsay -

1. Introduction                                                  d’émetteurs de positons. Puis, nous expliquerons les prin-
                                                                 cipes de la détection en coïncidence et discuterons des
L’intérêt des émetteurs de positons en médecine nucléaire        caractéristiques des différents systèmes de détection de
est connu depuis plusieurs années. Les émetteurs de po-          positons.
sitons sont soit des nucléides qui existent dans la plupart
des molécules biologiques (11C, 13N, 15O) soit des halogè-
nes (18F, 76Br) qui peuvent facilement être incorporés aux       2. Principes de l’imagerie PET
molécules sans altérer leurs propriétés biologiques. Le
fluorodéoxyglucose (FDG), marqué au 18F pour la pre-             L’imagerie de la distribution d’un émetteur de positons est
mière fois à la fin des années 70 (Brookhaven National           rendue possible par l’application combinée des principes
Laboratory), permet l’étude de la consommation de glu-           de la tomographie d’émission (en particulier de la recons-
cose (1). A la même époque, les premières caméras à posi-        truction d’images) et des principes de détection en coïnci-
tons (caméras PET) utilisables dans un environnement cli-        dence des émetteurs de positons.
nique ont été construites (2). Ces premiers systèmes utili-
saient l’iodure de Sodium (NaI) comme scintillateur, dans        La théorie mathématique de la reconstruction d’images à
la mesure où celui-ci était largement utilisé dans les camé-     partir de projections a été développée à la fin des années
ras à scintillation (où γ-caméras) (3). Plus tard d’autres       soixante, par Cormack (9), plusieurs années après l’intro-
scintillateurs furent étudiés et utilisés, en particulier le     duction par Kuhl des principes de l’acquisition
germanate de bismuth (BGO)(4), le fluorure de césium (CsF)       tomographique (10). La reconstruction d’un volume (3D) à
(5) ou le fluorure de baryum (BaF2) (6). Ces derniers cris-      partir d’une série complète (au sens du traitement du si-
taux ont équipé les caméras PET, utilisant l’information         gnal) de projections bi-dimentionnelles est bien maîtrisée
temps de vol, développées par le CEA/LETI.                       de nos jours et programmée de façon efficace sur ordina-
                                                                 teur. La distribution 3D d’un radiotraceur dans le corps
Le FDG est le traceur le plus utilisé en PET. Ses avantages      humain est obtenue par la reconstruction d’une série de
sont nombreux et bien décrits dans la littérature. Son utili-    coupes tomographiques jointives à partir des "vues pla-
sation est restée limitée, pendant des années, aux seuls         naires" (2D) mesurées autour du patient. En théorie, ces
centres équipés de caméra PET et de cyclotron capable de         vues correspondent aux projections (au sens mathémati-
produire du 18F. Ces dernières années, la mise en oeuvre         que du terme) de la fonction décrivant la distribution du
d’une logistique de production et de distribution de ce          traceur dans une coupe d’organe.
traceur par des centres spécialisés a permis de généraliser
son utilisation à des instituts équipés seulement de ca-         Les émetteurs de positons sont caractérisés par un excès
méra à positons. Plus récemment l’imagerie du 18FDG sur          de charge positive dans leurs noyaux. Ils se désintègrent
des γ-caméras conventionnelles a été proposée. L’intérêt         vers un état stable par une transformation d’un proton en
est de pouvoir utiliser, sur un même système d’imagerie          un neutron qui conduit à l’émission d’un neutrino et d’un
nucléaire, des traceurs d’énergie comprise entre 70              positon. Celui-ci est de masse égale à celle d’un électron
kiloélectronvolts (keV) (photons issus du thallium-201) et       mais de charge opposée. Une fois émis, le positon par-
511 keV (photons issus de l’annihilation des positons par        court quelques millimètres dans les tissus durant lesquels
interaction avec des électrons). Cette possibilité, déjà en-     il perd toute (ou presque) son énergie cinétique. Quand le
visagée par Muehllehner (7), nécessite des aménagements          positon est pratiquement au repos, il interagit avec un élec-
spécifiques de l’instrumentation (8).                            tron du milieu, suivant une réaction d’annihilation au cours
                                                                 de laquelle la masse des deux particules se transforme en
Dans cet article, nous parlerons des principes de l’image-       deux photons de 511 keV (appelés photons d’annihila-
rie PET qui consiste à mesurer et visualiser la distribution     tion), émis simultanément suivant des directions oppo-

                                                                34                        Revue de l'ACOMEN, 1998, vol.4, n°1
Les détecteurs de positons : caméra PET - caméra PET-SPECT
sées (Figure 1). Cette propriété peut être exploitée pour          L’inconvénient majeur de ce mode de détection est lié à
localiser la direction d’émission des photons d’annihila-          l’enregistrement de coïncidences fortuites (photons issus
tion sans recours à un collimateur (3).                            de sources de positons différentes arrivant en même temps
                                                                   sur les détecteurs). Le taux de coïncidences fortuites dé-
 Simple photon γ émis        2 photons de 511 keV émis             pend linéairement de la fenêtre temporelle d’acquisition et
                             (issus de l’annihilation d’un ß+)     croît comme le carré de la radioactivité présente dans le
                                                                   champ de vue du système de détection. Il introduit, au
                                                                   niveau de l’acquisition des données, un niveau de bruit
                                                                   qui doit être pris en compte. Dans certain cas, ce niveau
                                                                   peut être du même ordre que celui du signal utile (comme
                          **
émetteur γ                  *               émetteur ß+
                                                                   nous le verrons par la suite).

                                                                   Outre les coïncidences fortuites, les principales sources
                                                                   de bruit proviennent de l’enregistrement de coïncidences
                         - FIGURE 1 -                              diffusées (Figure 3). Dans ce cas un ou les deux photons
Différence entre émetteur de positons et émetteur simple photon
                                                                   d’annihilation changent de direction après une ou plu-
                                                                   sieurs interactions Compton dans le corps humain et la
En PET, une mesure élémentaire (ou enregistrement d’un             mesure correspondante véhicule une information spatiale
événement) correspond à la détection en coïncidence des            incorrecte. L’ensemble de ces phénomènes de diffusion,
photons d’annihilation. Le principe de ce mode de détec-           auquel s’ajoute les phénomènes d’absorption totale des
tion est le suivant : un circuit de coïncidence, qui relie         photons dans les tissus contribue à l’atténuation des pho-
deux détecteurs en vis-à-vis, n’autorise l’enregistrement          tons à l’intérieur du corps. Une particularité de l’émission
d’un événement que si les deux photons sont détectés               des photons d’annihilation et de la détection en coïnci-
dans un intervalle de temps (fenêtre de coïncidence) d’en-         dences est due au fait que pour chaque ligne de mesure
viron 10 à 20 ns, donc pratiquement en même temps. Ainsi           élémentaire, l’atténuation (considérée comme le rapport
seules les sources de positons situées entre les deux dé-          entre le nombre de paires de photons s’échappant du corps
tecteurs peuvent contribuer au comptage. Le volume élé-            suivant la direction de mesure et le nombre de paires de
mentaire (assimilé à une ligne) défini par les deux détec-         photons émis suivant cette même direction) est indépen-
teurs détermine la direction de l’émission γ. La forme de          dante de la position de la source sur la ligne de mesure. La
collimation ainsi constituée est appelée collimation élec-         correction est alors possible par la mesure directe de cette
tronique. De plus, elle permet, si l’on dispose d’un ensem-        atténuation (connue sous le nom de mesure de transmis-
ble de détecteurs entourant totalement le patient, de me-          sion) à l’aide de sources externes de radioactivité. Il faut
surer toutes les projections en même temps (Figure 2).             noter que ce dernier point différencie bien la mise en oeuvre
Chaque projection est construite à partir de l’ensemble            de la quantification en tomographie par émission de posi-
des mesures élémentaires qui correspondent aux paires de           tons (PET) et en tomographie par émission de simples pho-
photons émis suivant une même direction de l’espace. En            tons (SPECT) où le phénomène d’atténuation est plus com-
PET, la mesure est donc plus cohérente qu’en SPECT (to-            plexe à prendre en compte (l’atténuation est dans ce cas
mographie par émission simple photon ou γ-caméra tour-             fonction de la profondeur des sources dans le corps). En
nante), vis-à-vis de la variation de distribution des tra-         PET, la plupart des systèmes modernes intègrent les cor-
ceurs au cours du temps.                                           rections de diffusés, d’atténuation et de fortuits. Par ailleurs
                                                                   l’absence de collimateur élimine les problèmes de varia-
 Couronnes de détecteurs individuels                               tion de sensibilité et de résolution avec la distance source
                                                                   collimateur.

                                           Collimation
                                                                                             fortuit
                   ** *                    électronique

                                      Organisation des données
                                           en projections                                   * **
                                                                                             diffusé
                         - FIGURE 2 -
 Principe de la détection en coïncidence et de la Tomographie
                   par Emission de Positons                            - FIGURE 3 - Coïncidences fortuites et diffusées en PET

Revue de l'ACOMEN, 1998, vol.4, n°1                               35
B. BENDRIEM
Plus récemment, la collimation électronique a été exploitée             3. Détection des photons d’annihilation.
pour permettre l’acquisition des données suivant un an-
gle solide de détection plus important. Dans ce mode d’ac-              Le système de détection le plus utilisé est constitué d’un
quisition connu sous le nom de mode "d’acquisition 3D",                 ou plusieurs cristaux scintillateurs couplés à un ou plu-
les "vues planaires" non parallèles à l’axe du tomographe               sieurs tubes photomultiplicateurs (PMT). Tout photon
sont mesurées en même temps que les "vues planaires"                    entrant dans la chaîne de détection est analysé individuel-
habituelles (Figure 4). Ceci permet d’accroître l’angle so-             lement. Il échange soit une partie de son énergie (par un
lide de détection et donc d’augmenter la sensibilité pour               ou plusieurs effets Compton) soit toute son énergie (par
une même activité injectée au prix, cependant, d’une aug-               effet photoélectrique en première interaction ou après un
mentation de diffusés et de fortuits. Le gain global (une               ou plusieurs effets Compton) avec les électrons du cristal.
fois retranché les sources de bruit) reste positif et ce mode           Ces derniers vont exciter d’autres électrons du réseau cris-
d’acquisition a été récemment développé sur les caméras à               tallin et générer des mécanismes de scintillation. L’énergie
positons (11) et sur les γ-caméras conventionnelles comme               lumineuse ainsi créée, proportionnelle à l’énergie déposée
l’avait envisagé Anger dans les années 60 (3).                          dans le cristal, va alors être dirigée vers la cathode du
                                                                        PMT à l’aide d’un guide de lumière. Une impulsion électri-
Couronnes de détecteurs                  Couronnes de détecteurs        que, dont l’intégrale est proportionnelle à l’énergie lumi-
                             septa inter-plan                           neuse, apparaîtra au niveau de l’anode du PMT et sera
                                                                        traitée par une électronique d’acquisition adaptée: mise en
                                                                        forme, discrimination en temps et en énergie, etc.

                                                                        Les performances du système de détection dépendent du
                          lignes de mesure                              choix du cristal scintillateur. Le Tableau I décrit les caracté-
                                                                        ristiques des principaux scintillateurs utilisés en PET :
    Vue transaxiale                              Vue axiale             - Un coefficient d’atténuation linéaire élevé, couplé à une
                                                                        photo-fraction élevé (probabilité que la première interac-
                              A                                         tion dans le cristal soit un effet photoélectrique) permet
                                                                        une bonne efficacité et influe sur le volume de matériau
Couronnes de détecteurs                  Couronnes de détecteurs        nécessaire.

                                                                        - Un rendement de scintillation élevé (nombre de photons
                                                                        lumineux émis par photon incident) permet une bonne ré-
                                                                        solution en énergie (nécessaire pour rejeter les photons
                                                                        ayant diffusé dans les corps humain) et/ou une bonne
                                                                        localisation (de type Anger) dans un cristal de grande di-
                          lignes de mesure
                                                                        mension.
    Vue transaxiale                              Vue axiale
                                                                        - Une faible constante de décroissance (i.e. l’émission d’un
                              B                                         grand nombre de photons lumineux par unité de temps)
                                                                        permet une bonne résolution temporelle du système de
                         - FIGURE 4 -                                   détection et diminue le temps mort relatif à la scintillation.
                A. Mode d’acquisition 2D en PET                         Il faut noter qu’une bonne résolution temporelle peut per-
                B. Mode d’acquisition 3D en PET                         mettre la mesure du temps de vol (mesure de la différence

                            - TABLEAU 1 - Caractéristiques des principaux scintillateurs utilisés en PET

     Scintillateur           Densité            Atténuation linéaire        Photo-fraction      Constante de          Rendement
                                                      (cm-1)                                    décroissance       lumineux (relatif)
                                     3
                             (g/cm )                                             (%)               (nsec)

          NaI                  3,7                     0,34                      18                 230                  100
         BGO                   7,1                     0,95                      42                 300                   22
         CsF                   4,6                     0,43                      20                 2,5                    6
         BaF2                  4,9                     0,45                      19               0,8-630                5-21
         GSO                   6,7                     0,70                      26                  60                   20
         LSO                   7,4                     0,86                      33                  40                   75
         YSO                   4,5                     0,39                                          70                  118
         YAP                   5,5                     0,45                      4,4                 30                   52

                                                                       36                         Revue de l'ACOMEN, 1998, vol.4, n°1
Les détecteurs de positons : caméra PET - caméra PET-SPECT
de temps d’arrivée des deux photons d’annihilation sur           cations en PET sont potentielles (s’il peut être fabriqué à
les deux détecteurs en coïncidence) et donc une informa-         des coûts raisonnables). Les applications en SPECT sont
tion sur la position de la source émettrice de positons sur      cependant limitées par une radioactivité naturelle du luté-
la ligne de mesure. Une résolution temporelle de 500 ps          tium.
permet de localiser la source sur la ligne de mesure avec
une précision de 7.5 cm. Cette information peut alors être
exploitée au niveau de l’algorithme de reconstruction d’ima-     4. Caméra PET, caméra PET-SPECT
ges. Une résolution moins bonne est toujours intéressante
car elle permet de réduire la fenêtre temporelle d’acquisi-      Différentes configurations de systèmes ont été dévelop-
tion à quelques ns et donc de rejeter plus de coïncidences       pées ou sont en cours de développement. Les caractéristi-
fortuites.                                                       ques qui les différencient concernent :
                                                                 · la géométrie de détection,
Les pertes de comptage à l’acquisition sont fonction du          · le type de matériaux utilisé,
taux de simples photons arrivant sur la surface utile du         · la nature (forme, dimension), le nombre de détecteurs (y
scintillateur et du temps mort, τ, du système de détection.      compris le nombre de PMTs),
Ce dernier dépend de la constante de scintillation et du         · le nombre de coupes tomographiques,
design de l’électronique (12). Si le compteur est de type        · le champs de vue transaxial et axial,
"paralysable" le comptage simples photons observé                · les méthodes de corrections disponibles.
(Nobs) en fonction du taux de comptage réel, Nréel, est
égal à:                                                          D’autres considérations concernent l’environnement in-
                                                                 formatique (reconstruction et analyse d’images) qui ne sera
               Nobs = Nréel.exp(-Nréel.τ)                        pas abordé ici.

Un moyen de minimiser ces pertes de comptage consiste à          Les matériaux les plus utilisés sont le BGO et le NaI. Le
parcelliser la surface de détection soit par un découpage        BGO est utilisé sous forme de "blocs détecteurs". Ceux-ci
virtuel électronique, soit par l’utilisation d’une mosaïque      ont été présentés en 1986 (16) et permettent le couplage
de petits cristaux.                                              efficace entre une matrice de petit cristaux élémentaires, de
                                                                 quelques mm de dimension, et un petit réseau de 4 PMTs.
L’analyse du Tableau I montre que le scintillateur rassem-       Ils ont été conçus pour :
blant les meilleurs performances pour chaque caractéristi-       · augmenter la résolution spatiale intrinsèque des détec-
que n’existe pas encore. Le germanate de bismuth (BGO)           teurs (17),
est actuellement le plus utilisé du fait de sa bonne effica-     · faciliter la construction de systèmes multi-coupes.
cité de détection. L’iodure de sodium (NaI) est également
utilisé du fait de son bon rendement lumineux. Le fluorure        La plupart des caméras à positons à "haute performance"
de Baryum (BaF2) a été utilisé sur les caméras temps de vol      (voir ci-dessous) utilisent ce principe de détection
construites par le CEA/LETI du fait de sa composante ra-         (18,19,20). L’ensemble des détecteurs est organisé en an-
pide de scintillation.                                           neau complet couvrant environ 15 cm dans la direction
                                                                 axiale et produisant simultanément entre 35 et 63 coupes.
Le rapport entre les taux mesurés de simples photons et de       Tous ces systèmes disposent de septa interplans
coïncidences varie comme l’inverse de l’efficacité. L’utili-     retractables et peuvent donc fonctionner en mode d’ac-
sation de cristaux épais permet d’accroître cette efficacité.    quisition 2D ou 3D.
Cependant, plus le cristal est épais, plus la probabilité
d’interactions multiples (plusieurs interactions Compton         Un système moins coûteux à "moyenne performance" a
suivi ou non d’un effet photoélectrique) dans le cristal est     été développé (21,22). Il utilise moins de blocs et ceux-ci
importante (13). Il est néanmoins possible d’améliorer l’ef-     sont organisés en anneau partiel tournant autour du pa-
ficacité de détection en acceptant les photons n’ayant subi      tient. Parallèlement un autre système de performance et
qu’une seule diffusion Compton dans le cristal. Pour cela,       coût équivalents a été développé pour les applications
deux fenêtres de discrimination en énergie doivent être          corps entier (23,24). Il utilise des larges cristaux en NaI de
utilisées, une centrée sur le pic photoélectrique, l’autre       2,5 cm d’épaisseur. La version commerciale permet un
adéquatement positionnée sur le "plateau Compton" (7,14).        échantillonnage continu (coupes de 2 mm d’épaisseur)
                                                                 couvrant un champs de vue axial de 25 cm. Ces deux sys-
Actuellement l’oxyorthosilicate de lutétium (LSO) (15) est       tèmes, qui contrairement aux autres ne disposent pas de
en cours de développement car il présente une bonne effi-        septa, ont pleinement exploité les modes d’acquisition 3D
cacité de détection, un bon rendement lumineux et une            et les développements algorithmiques de reconstruction
constante de décroissance relativement rapide. Les appli-        d’image (qui ne sont pas couverts dans cet article).

Revue de l'ACOMEN, 1998, vol.4, n°1                             37
B. BENDRIEM
Plus récemment, les caméras SPECT conventionnelles pro-            est complexe à définir dans la mesure où il dépend de la
posent en option la possibilité de détection en coïnciden-         géométrie des sources et du milieu atténuant (donc de la
ces (caméra CDET, Figure 5) (25). Pour cela des cristaux           taille et de la corpulence des patients). Les facteurs fixes
de NaI plus épais (entre 1,2 et 1,9 cm) que ceux couram-           qui la composent sont l’angle solide de détection (qui en
ment utilisés pour l’imagerie au thallium ou au technétium         mode d’acquisition 3D est directement lié à la surface de
sont mis à disposition (26). Le but est d’offrir la possibilité    détection) et l’efficacité intrinsèque du détecteur. La sen-
d’utiliser une large gamme de radiotraceur sur un même             sibilité est de l’ordre de 0,5 à 1 % pour les caméras PET 3D
système. Dans ce domaine, de nouvelles innovations vont            "haute performance" (contre 0,1 % pour les caméra PET
être concrétisées dans les années à venir. Des détecteurs          2D et 0,01 % pour les caméras SPECT avec collimateur).
hybrides (YSO-LSO (27) et plus récemment NaI-LSO) sont             Elle est évaluée pour une géométrie fixe : un cylindre de
actuellement conçus pour essayer d’optimiser les perfor-           20cm de diamètre et de 20cm de long. Elle s’exprime en cps
mances d’acquisition dans les deux modes SPECT et PET.             /(Bq/ml). Les cps (coups par seconde) représentent le nom-
                                                                   bre de coïncidences mesurées par unité de temps une fois
                                                                   retranché le nombre de coïncidences fortuites et diffusées.

                                                                   Le taux de comptage est de loin le paramètre le plus com-
                                                                   plexe à évaluer. La mesure se fait en utilisant le même cylin-
                                                                   dre que précédemment. Le taux de comptage de coïnciden-
                                                                   ces vraies et fortuites est mesuré en fonction de l’activité

                             ** *                                  dans le champs de vue. Pour évaluer la qualité d’image, le
                                                                   NECR (Noise equivalent count rate) a été défini comme
                                                                   suit :

                                                                                                                       NECR = T2/(T+S+k.R)

                                                                   T est le taux de coïncidences vraies (trues)
                                                                   S est le taux de coïncidences diffusées (scatter)
                      - FIGURE 5 -                                 R est le taux de coïncidences fortuites (random)
                  Principe du CDET :
                                                                   k = 1 ou 2 suivant le mode de correction des fortuits.
SPECT en mode de détection en coïncidence (sans collimateur)

                                                                   Il représente le taux de comptage équivalent d’un système
Les principales performances des systèmes de détection
                                                                   où fortuits et diffusés seraient complètement éliminés à
de positons sont (28) :
                                                                   l’acquisition (30). Il équivaut au rapport signal à bruit dé-
· la résolution spatiale,
                                                                   fini au moment de l’acquisition des données mais n’intè-
· la sensibilité,
                                                                   gre pas les amplifications de bruit dues à la reconstruction
· le taux de comptage (qui ne peut être dissocié du taux
                                                                   (31). La Figure 6 montre l’exemple d’une courbe NECR
d’acquisition de bruit dû aux fortuits et aux diffusés).
                                                                   mesurée sur une ECAT EXACT HR+ (CEA Orsay). Elle
                                                                   permet de bien connaître le mode de fonctionnement opti-
La résolution spatiale décrit la capacité du système à sépa-
                                                                   mal du système et montre qu’au delà d’une concentration
rer deux sources voisines. Elle dépend de la résolution
                                                                   de 30 kBq/ml dans le cylindre de mesure, les pertes de
intrinsèque du détecteur et des filtres de reconstruction
                                                                   comptage et le taux de fortuits entraînent une dégradation
utilisés. Elle renseigne sur les capacités du système à
                                                                   de la qualité d’image. Ces limites pourraient être dépas-
restituer les contrastes de petits objets (29). Elle s’exprime
                                                                   sées grâce à l’utilisation de scintillateurs plus rapides.
en général par la largeur totale à mi hauteur (LTMH) de la
fonction de réponse impulsionnelle (FRI ou PSF pour Point
Spread Function). Cependant, la connaissance globale de                                          600
                                                                       taux de comptage (kcps)

la FRI et de sa transformée de Fourier est bien plus riche                                       500

d’information. En particulier les queues de distribution de
                                                                                                 400
                                                                                                                                             taux de comptage (vraies + diffusées)
                                                                                                 300
                                                                                                                                             taux de comptage (fortuites)
la FRI sont souvent responsables de pertes de contrastes                                         200                                         NECR
plus importantes que ceux prévus par la seule connais-                                           100
sance de la LTMH. La résolution spatiale est de l’ordre de                                        0

4 à 6 millimètres pour les caméras PET ou PET-SPECT mo-                                                0         20         40         60

                                                                                                           concentration radioactive
dernes.                                                                                                            (kBq/ml)

La sensibilité informe sur le nombre de photons détectés
                                                                                                          - FIGURE 6 - Taux de comptage et NECR
par rapport aux nombres de photons émis. Ce paramètre
                                                                                                       mesuré sur une ECAT EXACT HR+ (CEA, Orsay)

                                                                  38                                                              Revue de l'ACOMEN, 1998, vol.4, n°1
Les détecteurs de positons : caméra PET - caméra PET-SPECT
Taux de comptage et sensibilité (qui n’est autre que la              tante, donc une capacité de détection et de quantification
pente à l’origine de la courbe NECR) sont déterminants               plus fiable, ou par la possibilité de temps d’examen plus
compte tenu de la nature statistique de l’émission et de la          court. Le Tableau II indique des ordres de grandeurs des
détection de sources radioactives. En effet ces phénomè-             performances des différents systèmes de détection décrits
nes se produisent aléatoirement et peuvent être décrits              précédemment. Ces performances sont particulièrement
par des lois statistiques de Poisson. La qualité d’image en          critiques pour les examens corps entier, une procédure fon-
terme de rapport signal à bruit est alors directement liée au        damentale en oncologie nucléaire. En effet ces examens
nombre de photons mesurés, donc à la valeur du NECR                  sont aujourd’hui effectués pas à pas et nécessitent un
intégrée durant la période d’acquisition (32). Un gain de            temps d’acquisition parfois long pour examiner le corps de
sensibilité se traduit donc par une précision plus impor-            la tête aux pieds.

                                                       - TABLEAU II -
                Performances comparées (ordre de grandeur estimé) des différents systèmes de détection de positons
                                    pour un cylindre de 20 cm de diamètre, 20 cm de long.

                                 Sensibilité          Taux de comptage              NECR maximum            Concentration radioactive
                                 (relative)         coïncidences maximum             (index qualité)               maximale
                                                            (kcps)                       (kcps)                    (kBq/ml)

    CDET (SPECT en                    1                      20-40                         1-5                          1-10
      coïncidence)

      PET moyenne                     3-5                   100-150                       30-50                        10-20
       performance

  PET haute performance            20-30                    500-600                      100-150                       20-40

5. Conclusion et perspectives                                        7. Bibliographie

Les principes de l’imagerie PET et les caractéristiques des          1. Reivich M., Kuhl D., Wolf A. et al. The Fluorodeoxyglucose
                                                                     Method for the Measurement of Local Cerebral Glucose Utilization
différents systèmes de détection ont été revus. La tomo-
                                                                     in Man. Circ. Res 1979 ; 44: 127-137.
graphie corps entier pose encore un certain nombre de
                                                                     2. Ter-Pogossian M.M., Phelps M.E., Hoffman E.J. et al. A posi-
problème de stratégie d’acquisition (optimisation des                tron-emission transaxial tomograph for nuclear imaging (PETT).
temps d’acquisition, mise en place d’une stratégie utilisa-          Radiology 1975 ; 114 : 89-98.
ble de mesure de transmission pour la correction d’atté-             3. Anger H.O., Localization of brain tumors with the positron
                                                                     scintillation camera.J. Nuc. Med. 1963 ; 4 : 326-330.
nuation, correction de diffusé). De plus, les systèmes fonc-
                                                                     4. Cho Z.H., Faruhki M.R. Bismuth germanath as a potential scin-
tionnant en mode 3D (sans septa) sont plus sensibles à               tillation detector in positron cameras. J. of Nuc. Med. 1977 ; 18 :
l’influence des sources radioactives externes au champs              840-844.
de vue. Des études systématiques qui évaluent l’influence            5. Allemand R., Gresset C., Vacher J. Potential advantages of a
                                                                     cesium fluoride scintillator for a time of flight positron camera. J.
1) des performances des instruments, 2) des stratégies
                                                                     Nuc. Med. 1980 ; 21 : 153-155.
d’acquisition, 3) des méthodes de reconstruction et de               6. Laval M., Moszynski M., Allemand R et al. Barium fluoride -
quantification d’images (33), sur l’efficacité clinique en           Inorganic scintillator for subnanosecond timing. Nucl. Inst. And
oncologie sont nécessaires. Elles devraient générer de               Meth 1983 ; 206 : 169-176.
                                                                     7. Mehllehner G. Positron camera with extended counting rate
nouvelles idées et permettre la conception de caméras plus
                                                                     capability. J. of Nuc. Med. 1975 ; 16 : 653-657.
performantes.                                                        8. Bendriem B., Tararine M. Imagerie des émetteurs de positons (g
                                                                     de 511 keV) en coïncidences sur gamma caméra double tête con-
                                                                     ventionnelle. Revue de l’ACOMEN 1996 2 : 210-216.
                                                                     9. Cormack A.M. Reconstruction of dentities from their projec-
6. Remerciements                                                     tions with application in radiological physics. Phys. Med. Biol.
                                                                     1973 ; 18(2) : 195-207.
L’auteur tient tout particulièrement à remercier                     10. Kuhl D.E., Edwards R.Q. Image separation radioisotope scanning.
                                                                     Radiology 1963 ; 80 : 653-661.
O. de Dreuille, D. Brasse, V. Brulon, O. Lamer et P. Merceron
                                                                     11. Townsend D.W., Spinks T.J., Jones T. et al. Three-dimensional
pour leur coopération.                                               reconstruction of PET data form a multi-ring camera. IEEE Trans.
                                                                     on Nucl. Sci. 1989 ; 36 : 1056-1065.
                                                                     12. Muehllehner G., Buchin P., Dudek J.H. Performance parameters
                                                                     of a positron imaging camera. IEEE Trans. on Nucl. Sci. 1976 ;
                                                                     23 :528-537.

Revue de l'ACOMEN, 1998, vol.4, n°1                             39
B. BENDRIEM
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                                                                  ______

                                                                         40                            Revue de l'ACOMEN, 1998, vol.4, n°1
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