LES ORIENTATIONS DE L'OMS SUR LES ACTIVITÉS INTÉGRÉES DE GESTION DES ANTIMICROBIENS

 
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LES ORIENTATIONS
DE L’OMS SUR LES
ACTIVITÉS INTÉGRÉES
DE GESTION DES
ANTIMICROBIENS
LES ORIENTATIONS
DE L’OMS SUR LES
ACTIVITÉS INTÉGRÉES
DE GESTION DES
ANTIMICROBIENS
Les orientations de l’OMS sur les activités intégrées de gestion des antimicrobiens [WHO policy guidance on integrated antimicrobial
stewardship activities]
ISBN 978-92-4-003044-2 (version électronique)
ISBN 978-92-4-003045-9 (version imprimée)

© Organisation mondiale de la Santé 2021
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Citation suggérée. Les orientations de l’OMS sur les activités intégrées de gestion des antimicrobiens [WHO policy guidance on
integrated antimicrobial stewardship activities]. Genève : Organisation mondiale de la Santé ; 2021. Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO.
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Sommaire
Remerciements                                                                                                                     iv

1. Contexte général                                                                                                                1

2. Objectifs des orientations                                                                                                     2

3. Public cible de ces orientations                                                                                               2

4. Principe des activités intégrées du bon usage des antimicrobiens                                                               2

5. Programme d’activités intégrées de bon usage des antimicrobiens                                                                3
    5.1. 	Établir et organiser des mécanismes nationaux de coordination pour le bon usage
           des antimicrobiens et élaborer des directives                                                                          4
    5.2. Assurer l’accès aux antimicrobiens et garantir leur réglementation                                                       6
    5.3. Améliorer la sensibilisation, l’éducation et la formation                                                                9
    5.4. Renforcer les services d’eau, d’assainissement et d’hygiène ainsi que la lutte anti-infectieuse                          11
    5.5. Surveiller, suivre et évaluer                                                                                           13

6. Considération pour la mise en œuvre                                                                                           16

Références bibliographiques                                                                                                      19

Annexe : Outils d’évaluation périodique pour les établissements de santé
et au niveau national                                                                                                            22

   Liste des abréviations
   ANR         Autorité nationale de réglementation                         IPC       Lutte anti-infectieuse
   AWaRe       Access, Watch, Reserve                                       LME       Liste des médicaments essentiels de l’OMS
   CAM         Consommation d’antimicrobiens                                SSP       Soins de santé primaires
   CSU         Couverture sanitaire universelle                             UAM       Utilisation des antimicrobiens
   DCI         Dénomination commune internationale                          WASH      Eau, assainissement et hygiène
   GLASS       Système mondial de surveillance de la résistance
               aux antimicrobiens

Les orientations de l’OMS sur les activités intégrées de gestion des antimicrobiens                                               iii
Remerciements
Les orientations de l’OMS sur les activités intégrées de gestion des antimicrobiens dans le secteur de la santé humaine
ont été écrites par Onyema Ajuebor, Benedetta Allegranzi, Jorge Raul Matheu Alvarez, Diane Ashiru-Oredope, Alessandro
Cassini, Giorgio Cometti, Carmem Lucia Pessoa Da Silva, Deirdre Dimancesco, Sergey Eremin, Siobhan Caitlin Fitzpatrick,
Verica Ivanovska, Thomas Joseph, Kate Olive Medlicott, Lorenzo Moja, Arno Muller, Sarah Paulin, Hiiti Baran Sillo, Kavita
Trivedi and Evelyn Wesangula sous la supervision de Haileyesus Getahun.

Participants à la consultation d’experts pour examiner le projet des orientations de l’OMS sur les activités intégrées de
gestion des antimicrobiens dans le secteur de la santé humaine, les 2 et 3 décembre 2020, ZOOM, qui ont contribué
à la révision du présent document, y compris ceux ayant communiqué leurs commentaires par écrit sur une version
ultérieure

Oladipo Aboderin (hôpital universitaire Obafemi Awolowo, Nigéria), Seif Al-Abri (Ministère de la santé, Oman), Jameela
Al-Salman (Complexe médical Salmaniya, Bahreïn), Zina Alhalasah (Ministère de la santé, Jordanie), Yewande Alimi (CDC
d’Afrique, Éthiopie), Celia Alpuche Aranda (Institut national de la santé publique, Mexique), Ndoye Babacar (Réseau africain
de lutte contre les infections (ICAN), Sénégal), Luis Bavestrello (Comité antimicrobien, Société chilienne de maladies
infectieuses, Chili), Margarita Villafane Britos (Ministère de la santé, Paraguay), Kwame Ohene Buabeng (Ministère de la
santé, Ghana), Vanessa Carter (Programme sud-africain du bon usage des antibiotiques (SAASP), Afrique du Sud), Sujith
Chandy (ReAct, Inde), Gemma Chery (Ministère de la santé, Sainte-Lucie), Francesca Chiara (Wellcome Trust, Royaume-
Uni), Mathew Chow (Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine (IFMSA), Danemark), Pem Chuki
(Hôpital national de référence Jigme Dorji Wangchuck, Bhoutan), Jemima Clarke (Fleming Fund, Ministère de la santé
et de l’aide sociale, Royaume-Uni), Alexandre Costa (UNICEF, États-Unis), Ephrem Engidawork (Collège des sciences de
la santé d’Addis Ababa, Éthiopie), Sabiha Essack (Université de Kwazulu Natal, Afrique du Sud), Cecilia Ferreyra (FIND,
Suisse), Lyalya Gabbasova (Ministère de la santé, Russie), Debbie Goff (Centre médical Wexner de l’université d’État
de l’Ohio, États-Unis), Claire Gordon (Mott MacDonald, Royaume-Uni), Emily Heil (Centre médical de l’université du
Maryland, États-Unis), Moska Hellamand (Access to Medicine Foundation, Pays-Bas), Mohan Joshi (MTaPS, États-Unis),
Baktygul Kambaralieva (Bureau gouvernemental de la République kirghize, Kirghizstan), Dalel Kamoun (Ministère de la
santé, Tunisie), Otridah Kapona (Institut national de santé publique de Zambie, Zambie), Tomislav Kostyanev (COMBACTE
LAB-Net, Belgique), Ndinda Kusu (MTaPS, Kenya), Jose Pablo Diaz Madriz (Clinical Biblica, Costa Rica), Gustavo Marin
(Centres collaborateurs de l’OPS/OMS, Argentine), Lama Masaadeh (Ministère de la santé, Jordanie), Tapfumanei Mashe
(Laboratoire national de microbiologie de référence, Zimbabwe), Caline Mattar (Association médicale mondiale, États-
Unis), Marc Mendelson (Université de Cape Town, Afrique du Sud), Janet Midega (Wellcome Trust, Royaume-Uni), Neda
Milevska-Kostova (Studiorum, Royaume-Uni), Yara Mohsen (Centre médical international, Égypte), Nyambura Muroki
(Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine (IFMSA), Danemark), Winnie Nambatya (Université
Makerere, Ouganda), Seamus O’Brien (GARDP, Suisse), Norio Ohmagari (Centre national pour la santé et la médecine
dans le monde, Japon), Vera Vlahovic Palcevski (Hôpital universitaire de Rijeka, Croatie), Marie-Cécile Ploy (Université
de Limoges, France), Todd Pollack (The Partnership for Health Advancement in Vietnam, Viet Nam), Celine Pulcini
(Ministère de la santé, France), Rodolfo Quiros (Plate-forme ProAnet pour le bon usage des antimicrobiens, Bolivie),
Victoria Rutter (Association des pharmaciens du Commonwealth (CPA), Royaume-Uni), Mounerou Salou (Ministère de
la santé du Togo, Togo), Enrique Castro Sanchez (School of Health Sciences City, Université de London Northampton
Square, Royaume-Uni), Nancy Virginia Sandoval (Université Rafael Landivar, Guatemala), Jeroen Schouten (Société
européenne de microbiologie clinique et de maladies infectieuses (ESCMID), Pays-Bas), Makeda Semret (Centre de santé
de l’université McGill, Canada), Michael Sharland (St George’s, Université de Londres, Royaume-Uni), Jasmin Shepherd
(Ministère de la santé, Royaume-Uni), Robert Skov (ICARS Statens Serum Institut, Danemark), Ingrid Smith (Hôpital
universitaire Haukeland, Norvège), Maria Souza (UNICEF, États-Unis), Arjun Srinivasan (Centers for Disease Control
and Prevention, États-Unis), Gunilla Skoog Stahlgren (Santé publique de Suède, Suède), Rebecca Sugden (Wellcome
Trust, Royaume-Uni), Emmanuel Tanui (Ministère de la santé, Kenya), Jennifer Wenjing Tao (Santé publique de Suède,
Sweden), Samiha Toumi (Direction de la pharmacie et du médicament, Tunisie), Kavita Trivedi (Trivedi Consults, États-
Unis), Natalie Vestin (Center for Infectious Disease Research and Policy Antimicrobial Stewardship Project, Université du
Minnesota, États-Unis), Sophie Walsh (Département de la santé et de l’aide sociale, Ministère de la santé, Royaume-Uni),
Karim Wanga (Pharmacy and Poisons Board, Ministère de la santé, Kenya), Niniola Williams (Dr Ameyo Stella Adadevoh
(DRASA) Health Trust, Nigéria), Yonghong Xiao (Laboratoire d’État principal pour le diagnostic et le traitement des
maladies infectieuses, École de Médecine de l’université Zhejiang, Chine), Marcus Zervos (Henry Ford Health System,
États-Unis).

iv                                                Les orientations de l’OMS sur les activités intégrées de gestion des antimicrobiens
Personnel de l’OMS
Onyema Ajuebor (Siège), Benedetta Allegranzi (Siège), Adi AL-Nuseirat (Bureau régional de la Méditerranée orientale),
Alessandro Cassini (Siège), Amy Collins (Siège), Deirdre Dimancesco (Siège), Sergey Eremin (Siège), Walter Fuller
(Bureau régional de l’Afrique), Terence Fusire (Bureau régional de l’Asie du Sud-Est), Laetitia Gahimbare (Bureau
régional de l’Afrique), Engy Hamed (Bureau régional de la Méditerranée orientale), Omotayo Hamzat (Bureau de
pays du Nigéria), Maha Talaat Ismail (Bureau régional de la Méditerranée orientale), Verica Ivanovska (Siège), Manish
Kakkar (Bureau régional de l’Asie du Sud-Est), Ketevan Kandelaki (Bureau régional de l’Europe), Stanley Midzi (Bureau
de pays du Zimbabwe), Diriba Mosissa (Siège), Takeshi Nishijima (Bureau régional du Pacifique occidental), Pilar
Ramon Pardo (Organisation panaméricaine de la santé), Sarah Paulin (Siège), Asaeli Raikabakaba (Bureau régional du
Pacifique occidental), Edgard Rojas (Organisation panaméricaine de la santé), Roderick Salenga (Bureau de pays de
la Papouasie–Nouvelle-Guinée), German Esparza Sanchez (Organisation panaméricaine de la santé), Hiiti Baran Sillo
(Siège), Ute Soenksen (Bureau régional de l’Europe), Klara Tisocki (Bureau régional de l’Asie du Sud-Est), Danilo Lo Fo
Wong (Bureau régional de l’Europe), Ali Ahmed Yahaya (Bureau régional de l’Afrique), Bassim Zayed (Bureau régional
de la Méditerranée orientale).

Les contributions supplémentaires à ce document ont été fournies par Elizabeth Beech (NHS England et NHS
Improvement, Royaume-Uni), Colin Brown (Public Health England, Royaume-Uni), Mandy Chesworth (Département
de la santé et de l’aide sociale, Royaume-Uni), Kieran Hand (NHS England et NHS Improvement, Royaume-Uni), Philip
Howard (hôpitaux universitaires du NHS Trust de Leeds, Royaume-Uni), Nicholas Reid (Public Health Wales, Royaume-
Uni) et Jacqueline Sneddon (Healthcare Improvement Scotland, Royaume-Uni).

Outils d’évaluation périodique pour les établissements de santé et au niveau national
Le document Outils d’évaluation périodique pour les établissements de santé et au niveau national a été rédigé par
Diane Ashiru-Oredope, OMS, Thomas Joseph, OMS, Sarah Paulin, OMS, Ingrid Smith, OMS, Kavita Trivedi, OMS et Evelyn
Wesangula, OMS, sous la supervision de Haileyesus Getahun, directeur du département de coordination et partenariat
au niveau mondial pour la résistance aux antimicrobiens, à l’OMS.

L’outil d’évaluation des établissements de santé a fait l’objet d’un essai pilote à Fidji, au Ghana, en Jordanie et en Tunisie.
George Hedidor (Bureau de pays du Ghana), Asaeli Raikabakaba (Bureau régional du Pacifique occidental) et Sarah
Tolba (Bureau régional de la Méditerranée orientale) ont apporté leur contribution pour la phase d’essai de l’outil. Pour
cet outil, des contributions supplémentaires ont également été reçues de Jose Luis Castro (Organisation panaméricaine
de la santé), Walter Fuller (Bureau régional de l’Afrique), Terence Fusire (Bureau régional de l’Asie du Sud-Est), Engy
Hamed (Bureau régional de la Méditerranée orientale), Ketevan Kandelaki (Bureau régional de l’Europe), Takeshi
Nishijima (Bureau régional du Pacifique occidental), Pilar Ramon Pardo (Organisation panaméricaine de la santé) et
Bassim Zayed (bureau régional de la Méditerranée orientale).

L’élaboration de ces orientations et des outils d’évaluation a été rendue possible par le soutien financier des gouvernements
norvégiens et allemands et grâce aux fonds propres de l’OMS.

Les orientations de l’OMS sur les activités intégrées de gestion des antimicrobiens                                         v
1. Contexte général
L’accès universel à des antimicrobiens abordables et de bonne qualité est un élément essentiel de la couverture
sanitaire universelle (CSU). Les antimicrobiens comprennent les médicaments antibiotiques, antiviraux, antifongiques
et antiparasitaires utilisés pour prévenir et traiter les infections chez l’homme, l’animal et les végétaux. L’accès à des
antimicrobiens abordables et de bonne qualité pour combattre les maladies contagieuses est un vrai défi dans de
nombreux endroits, ce qui affecte la qualité des soins.

En revanche, l’utilisation inappropriée d’agents antimicrobiens chez l’homme, l’animal ou dans l’environnement est l’un
des principaux vecteurs de la résistance aux antimicrobiens (RAM) (1). La RAM survient lorsque les bactéries, les virus,
les champignons et les parasites évoluent avec le temps et ne répondent plus aux médicaments, ce qui rend les infections
plus difficiles à traiter et augmente le risque de propagation, de maladies graves et de décès. La RAM rend également
plus risquée la pratique de gestes médicaux vitaux et entraîne de vastes conséquences sociétales et économiques qui
menacent la réalisation de la CSU et les objectifs de développement durable. La pandémie de maladie à coronavirus 2019
(COVID-19) a confirmé le défi que représentait la RAM.

La lutte contre la RAM requiert un ensemble global d’interventions. Une étude réalisée par l’Organisation de coopération
et de développement économiques (OCDE) suggère que des mesures anti-infectieuses simples comme la vaccination, la
promotion du lavage des mains et un meilleur respect des règles d’hygiène dans les établissements de santé réduisent
de plus de moitié le risque de décès et diminue le fardeau de la RAM sur la santé. De même, la mise en œuvre intégrée
de politiques visant à promouvoir le respect des règles d’hygiène à l’hôpital, le bon usage des antimicrobiens, l’utilisation
de tests diagnostiques pour différencier les infections bactériennes des infections virales et les campagnes médiatiques
pourraient réduire significativement le fardeau des infections résistantes aux médicaments et sauver 1,6 million de
vies d’ici 2050 dans les 33 pays inclus dans l’analyse (2). Cette étude estime également que l’investissement dans ces
politiques pourrait s’amortir de lui-même en un an et permettre d’économiser jusqu’à 4,8 milliards de dollars des États-
Unis par an.

L’optimisation de l’utilisation des médicaments antimicrobiens pour la santé humaine, animale et végétale constitue une
pierre angulaire du Plan d’action mondial contre la résistance aux antimicrobiens (3).

L’OMS définit le bon usage des antimicrobiens comme un ensemble cohérent d’actions intégrées visant à promouvoir
une utilisation responsable et appropriée des antimicrobiens afin d’améliorer les résultats du traitement des patients
sur l’ensemble de la chaîne de soins. L’utilisation responsable et appropriée des antimicrobiens inclut leur prescription
uniquement lorsque c’est nécessaire et la sélection d’un schéma thérapeutique, d’une posologie, d’une voie
d’administration et d’une durée de traitement optimaux après un diagnostic approprié et optimisé. Ces actions sont
complétées par un accès à des antimicrobiens abordables et de bonne qualité et par des interventions pour éviter les
infections nosocomiales et celles acquises dans la collectivité, notamment la mise en œuvre des composantes clés de la
lutte anti-infectieuse, l’amélioration des services liés à l’eau, l’assainissement et l’hygiène (WASH) et l’optimisation de la
couverture vaccinale (4-6).

Le treizième programme général de travail de l’OMS (treizième PGT) a identifié la RAM comme une priorité
particulièrement pertinente dans le cadre de ses objectifs du Triple milliard pour atteindre la CSU, résoudre les urgences
sanitaires et promouvoir une meilleure santé des populations (7). L’OMS a élaboré des outils pour appuyer les activités
de bon usage des antimicrobiens au niveau des établissements de santé dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ;
ces outils ont permis d’accélérer la mise en œuvre des activités au niveau national ainsi que dans les établissements de
santé et en pratique clinique (8). Néanmoins, la mise en œuvre efficace des activités de bon usage des antimicrobiens
dans les établissements de santé nécessite une approche globale, qui dépasse les établissements, au niveau national, en
matière de politique et de programmes.

Les orientations de l’OMS sur les activités intégrées de gestion des antimicrobiens                                         1
2. Objectifs des orientations
Les états membres ont demandé à l’OMS d’élaborer des orientations sur la manière de faciliter la mise en œuvre des
activités de bon usage des antimicrobiens au niveau national dans une approche intégrée et programmatique. Ces
orientations répondent à cette demande et sont ancrées dans les principes directeurs de la santé publique, appliqués
à la santé humaine. Elles visent à fournir un ensemble de recommandations pragmatiques, s’appuyant sur des preuves
scientifiques, pour mener des activités complètes et intégrées de bon usage des antimicrobiens sous l’égide d’une unité
centrale de coordination au niveau national, de comités directeurs ou de coordination du bon usage des antimicrobiens
au niveau national ou de toute autre autorité nationale équivalente. Ces orientations complètent le Plan d’action
mondial, la boîte à outils pratiques de l’OMS pour les programmes de promotion du bon usage des antimicrobiens dans
les établissements de santé des pays à revenu faible ou intermédiaire ainsi que les autres orientations de l’OMS dans le
cadre de la surveillance, de la lutte anti-infectieuse et des services de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène.

3. Public cible de ces orientations
Ces orientations visent principalement les décideurs nationaux au sein des ministères de la Santé, les organes nationaux
de coordination de la RAM, comme les comités directeurs ou de coordination de la RAM au niveau national ou de toute
autre autorité nationale équivalente qui sont responsables de l’élaboration, de la mise en œuvre et du suivi des plans
d’action, des politiques et des normes visant à réduire la RAM dans le secteur de la santé humaine au niveau national. Les
autorités et décideurs au niveau infranational, les experts techniques ainsi que les parties prenantes qui soutiennent de
tels programmes à tous les niveaux font également partie du public cible de ces orientations. Les points abordés dans
ses orientations ont des répercussions importantes et sont particulièrement pertinents pour la direction stratégique et
les activités liées à la santé humaine d’autres secteurs ou ministères, comme ceux qui travaillent sur la qualité des soins
pour la santé humaine, dans le secteur de l’eau de l’assainissement et de l’hygiène, de la lutte anti-infectieuse, pour la
santé animale et végétale et pour l’environnement.

4. Principe des activités intégrées du bon
usage des antimicrobiens
Les orientations encouragent une approche intégrée pour préserver les antimicrobiens et cherchent à mettre en œuvre,
de manière synergique et efficace, des interventions globales entre les principaux domaines de la santé humaine, à tous
les niveaux.

Les principes directeurs sont les suivants :

          Prendre suffisamment en compte le contexte national et local et la structure du système de santé pour mettre
          en œuvre les activités de bon usage des antimicrobiens.

          Veiller à mettre en œuvre en priorité les activités qui sont susceptibles d’être les plus bénéfiques en fonction
          de l’évaluation des besoins du pays et des établissements de santé.

          Renforcer et utiliser les plates-formes, ressources et mécanismes de coordination existants, aux niveaux
          national et infranational, pour mettre en place des activités intégrées de bon usage des antimicrobiens.

          S’assurer de la force de l’efficacité des liens et synergies entre les secteurs concernés et les disciplines liées à la
          RAM, notamment les programmes nationaux de prévention de l’infection et des maladies infectieuses comme
          le VIH, la tuberculose et le paludisme, la santé sexuelle et reproductive, la santé de la mère, du nouveau-né, de
          l’enfant et de l’adolescent, ainsi qu’avec le programme relatif à la couverture sanitaire universelle, à tous les
          niveaux.

2                                                   Les orientations de l’OMS sur les activités intégrées de gestion des antimicrobiens
5. Programme d’activités intégrées de bon
usage des antimicrobiens
La mise en œuvre d’interventions et d’activités intégrées de bon usage des antimicrobiens nécessite une approche
programmatique ancrée dans les principes de santé publique. Les 12 interventions et activités suivantes, organisées en
cinq piliers, représentent le programme clé qu’il faut envisager pour commencer à mettre en œuvre des activités globales
et intégrées de bon usage des antimicrobiens (Tableau 1). La lutte anti-infectieuse et le programme eau, assainissement
et hygiène sont des activités complémentaires, nécessaires pour aborder de manière efficace la question de la RAM.

TABLEAU 1.
Activités intégrées du bon usage des antimicrobiens

 PILIER 1:
 Établir et organiser des mécanismes nationaux de coordination pour le bon usage des antimicrobiens et élaborer des
 directives

 1.   Établir et préserver un mécanisme national de coordination pour le bon usage des antimicrobiens qui soit
      fonctionnel aux niveaux national, infranational et au niveau du district.

 2.   Élaborer des directives nationales de traitement et de bon usage, des normes et des outils pour les mettre en œuvre.

 PILIER 2:
 Assurer l’accès aux antimicrobiens et garantir leur réglementation

 3.   Améliorer l’accès à des antimicrobiens essentiels, de qualité, sûrs, efficaces et abordables.

 4. Réguler les mécanismes sociaux incitatifs et les politiques de rémunération susceptibles de promouvoir des
    comportements responsables de prescriptions et de dispensations des antimicrobiens.

 5.   Prendre des mesures juridiques et réglementaires pour une utilisation et une élimination appropriées et
      responsables des antimicrobiens.

 PILIER 3:
 Améliorer la sensibilisation, l’éducation et la formation

 6. Mieux sensibiliser et engager à modifier les comportements d’utilisation des antimicrobiens.

 7.   Renforcer les capacités des agents de santé grâce à des programmes d’éducation et de formation personnalisés
      selon les rôles et fonctions de ces personnels.

 PILIER 4:
 Renforcer les services de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène ainsi que la lutte anti-infectieuse

 8. Améliorer les services de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène dans les établissements de santé et dans les
    communautés.

 9. Mettre en œuvre les composantes clés de la lutte anti-infectieuse dans les établissements de santé.

 PILIER 5:
 Surveiller, suivre et évaluer

 10. Surveiller l’utilisation et la consommation d’antimicrobiens.

 11. Surveiller la RAM.

 12. Suivre et évaluer les activités de bon usage des antimicrobiens.

Les orientations de l’OMS sur les activités intégrées de gestion des antimicrobiens                                     3
5.1.
Établir et organiser des mécanismes nationaux de coordination pour le bon usage des
antimicrobiens et élaborer des directives
5.1.1. Établir et préserver un mécanisme national de coordination pour le bon usage des antimicrobiens, qui
soit fonctionnel aux niveaux national, infranational et au niveau du district
Contexte : La mise en œuvre de plans d’action nationaux pour lutter contre la RAM, notamment les activités intégrées de
bon usage des antimicrobiens, nécessite d’établir un partenariat avec les parties prenantes dans le secteur de la santé et
dans les autres secteurs, y compris les organisations privées à but lucratif et les organisations de la société civile comme
les associations professionnelles. La coordination est essentielle pour établir et maintenir un environnement favorable
afin d’intensifier la mise en œuvre des activités intégrées de bon usage des antimicrobiens. Ces activités doivent être
coordonnées par une unité centrale de coordination au niveau national, ou son équivalent, au sein du ministère de la
Santé ou de toute autre agence nationale identifiée, pourvue d’un financement suffisant et durable, bénéficiant de
ressources humaines compétentes techniquement et de mécanismes de redevabilité. La forme et la structure d’une telle
unité dépendent du contexte national et de l’organisation du système de santé et elle pourrait être intégrée dans des
mécanismes de coordination de la lutte contre la RAM déjà existants et fonctionnels au niveau national. L’expérience d’autres
programmes de santé publique, comme la lutte contre la tuberculose, contre le VIH/sida ou comme la santé maternelle et
infantile, montre qu’il est possible de mettre en place des mécanismes de coordination efficaces et correctement financés
qui fonctionnent à tous les niveaux, intégrant toutes les parties prenantes, y compris les organisations de la société civile,
les associations professionnelles, le secteur privé, les patients et les communautés ; ces mécanismes permettent de
renforcer l’appropriation, la redevabilité, d’approfondir l’engagement et d’amplifier l’action (9).

      Actions et éléments à considérer :

          Établir et maintenir une unité centrale de coordination nationale, au sein du ministère de la Santé ou de toute
          autre agence nationale identifiée, pourvue de son propre financement, suffisant et durable, bénéficiant de
          ressources humaines compétentes techniquement et de mécanismes de redevabilité, qui soit fonctionnelle à
          tous les niveaux administratifs afin de coordonner la conception, la mise en œuvre et le suivi des activités
          intégrées de bon usage des antimicrobiens.

          L’unité centrale de coordination nationale doit établir un mécanisme spécifique de coordination au niveau
          national pour les activités intégrées de bon usage des antimicrobiens, accueillant différents membres, y
          compris des représentants des programmes nationaux et des départements concernés, le secteur privé à but
          lucratif, les associations professionnelles, les organisations non gouvernementales (ONG), les autorités
          réglementaires, les universités et les chercheurs, des représentants qui travaillent auprès d’associations
          communautaires et de patients et des représentants d’autres secteurs et mécanismes nationaux concernés
          de l’approche « Une seule santé ».

          Faciliter la mise en place et le fonctionnement du mécanisme national de coordination du bon usage des
          antimicrobiens, au niveau infranational et au niveau des districts, en fonction du contexte local et des besoins.

          Le mandat de l’unité centrale de coordination nationale, au sein du ministère de la Santé ou de toute autre
          agence nationale identifiée, peut inclure les points suivants :

          i.   Fournir l’impulsion stratégique et programmatique pour des activités liées à l’optimisation de l’usage des
               antimicrobiens dans le cadre du plan d’action national de lutte contre la RAM, notamment l’élaboration de
               plans de mise en œuvre du bon usage des antimicrobiens, en conformité avec les plans d’action nationaux,
               avec des objectifs et des indicateurs bien définis.

          ii. Fournir des orientations sur l’analyse des lacunes et l’établissement des priorités afin d’aider à définir un
              point de départ en fonction des capacités et ressources disponibles.

          iii. Favoriser l’intégration des activités de bon usage des antimicrobiens aux différents niveaux du secteur
               de la santé, y compris les niveaux national, infranational, le niveau des districts, des établissements et des
               communautés.

          iv. Coordonner l’élaboration et la diffusion des lignes directrices pour optimiser le diagnostic et le traitement
              des maladies infectieuses, les outils d’aide à la prise de décision clinique, les modes opératoires normalisés
              et les outils nécessaires à la mise en œuvre.

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v. Faciliter la révision des recommandations pour la prise en charge des maladies infectieuses, y compris les
              maladies tropicales négligées, afin d’intégrer les activités de bon usage des antimicrobiens s’appuyant
              sur la surveillance et les autres données générées en collaboration avec les comités des médicaments et
              traitements ou leurs équivalents lorsque c’est possible.

           vi. Mobiliser les ressources destinées aux activités de bon usage des antimicrobiens, notamment en les
               intégrant dans les plans et budgets nationaux du secteur de la santé, à tous les niveaux.

           vii. Créer des synergies et intégrer les activités de bon usage des antimicrobiens dans les programmes de
                santé publique comme les activités de lutte contre la tuberculose, le VIH, le paludisme, pour instaurer
                une couverture sanitaire universelle, pour les soins de santé primaires (SSP), les urgences sanitaires, l’eau
                l’assainissement et l’hygiène et la lutte anti-infectieuse.

           viii. Faciliter la coopération et les mécanismes entre les parties prenantes du secteur public, non gouvernemental
                 et privé à but lucratif de la santé, afin de soutenir l’adoption des activités de bon usage des antimicrobiens
                 et les recommandations stratégiques.

           ix. Soutenir la recherche sur la mise en œuvre, la gestion des connaissances et mettre en place des plates-
               formes d’apprentissage et des bases de données factuelles pour adapter au contexte local les bonnes
               pratiques et expériences de mises en œuvre réussies des activités de bon usage des antimicrobiens.

           x. Intégrer le bon usage des antimicrobiens dans les programmes pertinents de formation initiale et continue
              pour tous les professionnels de santé.

           xi. Élaborer et mettre en place un cadre de suivi et d’évaluation et des objectifs nationaux pour les activités
               de bon usage des antimicrobiens s’appuyant sur des indicateurs, des directives et des outils validés aux
               niveaux national et international (10).

5.1.2. Élaborer des directives nationales de traitement et de bon usage ainsi que des normes et outils pour les
mettre en œuvre
Contexte : Pour améliorer le résultat des traitements chez les patients dans le continuum de soins, il est essentiel
de poser un diagnostic exact des maladies infectieuses et de les traiter par les agents thérapeutiques appropriés,
grâce à l’existence de capacités diagnostiques pour détecter rapidement et de manière fiable les agents pathogènes
spécifiques et leurs sensibilités aux antimicrobiens. Les directives thérapeutiques nationales pour les infections et les
maladies infectieuses doivent s’appuyer sur des bases factuelles et des lignes directrices locales et mondiales, incluant le
diagnostic, la sélection du schéma thérapeutique optimal, la posologie, la durée du traitement et la voie d’administration
; elles sont des éléments essentiels des activités de bon usage des antimicrobiens. La montée en puissance des activités
intégrées de bon usage sera facilitée par des directives opérationnelles, des modes opératoires normalisés et des outils
de mise en œuvre, au niveau national, s’appuyant sur des politiques et directives, élaborées sur des bases factuelles,
recommandées aux niveaux national et international. L’obtention d’un diagnostic approprié et optimisé, comprenant
des tests microbiologiques précis et effectués en temps utile, aidera à réduire l’usage inapproprié des antimicrobiens et
à améliorer le résultat des traitements chez les patients. Les principes énoncés dans la liste des médicaments essentiels
de l’OMS, dans la classification Access, Watch, Reserve (AWaRe) et dans le guide de l’OMS (11) sur l’utilisation des
antibiotiques contre les infections bactériennes courantes, y compris la pharmacorésistance, peuvent être utilisés pour
éclairer l’élaboration des directives nationales. L’objectif global de ces efforts doit être de réduire l’utilisation inutile
des antimicrobiens, y compris l’utilisation inappropriée des antibiotiques du groupe Watch et du groupe Reserve (les
antibiotiques les plus essentiels pour la médecine humaine qui présentent un risque élevé de résistance), et d’accroître
l’utilisation des antibiotiques du groupe Access lorsque c’est approprié.

Les orientations de l’OMS sur les activités intégrées de gestion des antimicrobiens                                           5
Actions et éléments à considérer :

          Élaborer, ou adapter et suivre, la mise en œuvre de méthodes diagnostiques normalisées et des directives
          thérapeutiques de santé publique pour les infections et les maladies infectieuses, en fonction de l’épidémiologie
          locale et des schémas de résistance et à la lumière des principes des directives validées au niveau international
          ou de l’évaluation rigoureuse des bases factuelles, en collaboration avec les associations professionnelles et
          les autres parties prenantes du pays, notamment celles responsables de l’approbation des directives.

          Promouvoir et coordonner l’accès à des tests diagnostiques microbiologiques, appropriés et abordables, afin
          de faciliter un diagnostic correct et optimisé, lorsque c’est nécessaire, pour guider les décisions thérapeutiques
          et améliorer les soins et résultats des patients.

          Concevoir des normes et des modes opératoires normalisés, faciles, évolutifs, durables et adaptés au contexte
          pour les activités de bon usage des antimicrobiens destinés aux établissements de soins de santé (hôpitaux
          et SSP) et aux environnements communautaires (agents de santé communautaires), avec des concepts
          intégrés d’amélioration continue de la qualité (7).

          Incorporer des concepts d’amélioration continue de la qualité dans les activités de bon usage des
          antimicrobiens afin de s’assurer que les interventions et activités sont durables.

          Mettre en place des structures et systèmes pour un maillage et un engagement efficaces des différents
          départements afin de soutenir les activités intégrées de bon usage des antimicrobiens.

          Faciliter l’élaboration et l’utilisation de plates-formes électroniques et d’applications pour intégrer les
          directives de bon usage des antimicrobiens, les normes et les outils de mise en œuvre ainsi que les autres
          informations pertinentes et pour partager les expériences, les bonnes pratiques et les informations sur la
          mise en œuvre des activités de bon usage des antimicrobiens.

          Mettre en place des mécanismes et des activités pour la diffusion des directives, des normes et des outils de
          mise en œuvre des activités de bon usage des antimicrobiens.

5.2.
Assurer l’accès aux antimicrobiens et garantir leur réglementation
5.2.1. Améliorer l’accès à des antimicrobiens essentiels, de qualité, sûrs, efficaces et abordables
Contexte : L’accès équitable et abordable à des médicaments antimicrobiens sûrs, efficaces, et de qualité, et leur
utilisation appropriée s’ancrent dans l’objectif de la couverture sanitaire universelle (12). Dans certaines parties du monde,
le nombre de décès dus à l’absence d’accès aux antimicrobiens est supérieur à celui causé par les infections résistantes
aux médicaments. La LME et la classification AWaRe (13) offrent un cadre de sélection pour élaborer les LME nationales,
ou les mettre à jour, et pour mettre en place des efforts pertinents afin de renforcer les chaînes d’approvisionnement, le
financement et les mécanismes de remboursement des médicaments ainsi que les systèmes de gestion des informations
pharmaceutiques, au niveau national, afin d’assurer la disponibilité de médicaments antimicrobiens abordables et
culturellement acceptables à tous les niveaux de la chaîne de soins. Les directives thérapeutiques et diagnostiques
nationales pour les infections et les maladies infectieuses, ainsi que les données microbiologiques aux niveaux national,
infranational et au niveau des districts (lorsqu’elles existent), peuvent également aider à hiérarchiser les médicaments
antimicrobiens qui doivent être accessibles et abordables. Les pénuries ou l’indisponibilité du traitement de première
intention entraînent souvent un mésusage d’antibiotiques à large spectre ou d’autres antimicrobiens, ce qui contribue à
l’expansion de la RAM. La lutte contre les produits médicaux de qualité inférieure ou contrefaits est un élément important
pour garantir l’accès à des antimicrobiens de qualité.

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Actions et éléments à considérer :

           Intégrer la LME de l’OMS (lorsque cela est possible) et le système AWaRe dans les LME et livrets thérapeutiques
           nationaux et dans les directives thérapeutiques nationales et celles des établissements de soins pour orienter
           les actions de bon usage des antimicrobiens.

           S’assurer que les directives thérapeutiques et les livrets thérapeutiques sont en lien avec la mise à jour de la LME
           nationale, lorsque cela est possible.

           Mettre en place une prévision efficace de la demande en antimicrobiens (antibiotiques, antifongiques, antiviraux
           et antiparasitaires) aux niveaux national et infranational en fonction de l’épidémiologie locale et des priorités de
           santé publique.

           Mettre en place une chaîne d’approvisionnement et un système d’information pharmaceutique solides, capables
           de signaler à l’avance les pénuries et ruptures de stock possibles de médicaments antimicrobiens afin de pouvoir
           réagir rapidement.

           Tirer parti des mécanismes d’approvisionnement groupés pour assurer la fourniture de médicaments de qualité,
           avec une prédictibilité de la demande pour les fabricants, et promouvoir les pratiques d’approvisionnement
           durables.

           Simplifier le processus, les exigences et les coûts d’homologation des médicaments au niveau national pour les
           antimicrobiens associés à des mesures intégrées de bon usage des antimicrobiens et des mécanismes
           d’assurance qualité.

           Encourager les agences de réglementation à publier la source des principes actifs des médicaments
           antimicrobiens homologués, par souci de transparence, et permettre aux pays d’élaborer des solutions pour
           maintenir un approvisionnement prévisible et atténuer les conséquences des pénuries de médicaments.

           S’assurer que les activités intégrées de bon usage des antimicrobiens sont priorisées au sein des structures et
           mécanismes existants, comme les comités de pharmaciens ou les comités pharmaceutiques et thérapeutiques,
           au niveau national ainsi qu’au niveau des établissements.

           S’assurer que les agents antimicrobiens nécessaires, en fonction des priorités de santé publique, du contexte
           épidémiologique et des schémas de résistance, sont disponibles et abordables, tant dans le secteur public que
           privé, grâce à des politiques, mesures et mécanismes de réglementation appropriés.

           Élaborer des politiques, mesures et mécanismes sur des bases factuelles afin d’accroître l’accès à des traitements
           alternatifs, à de nouveaux médicaments antimicrobiens et à des médicaments repositionnés, y compris pour les
           patients qui n’en ont pas les moyens.

           Renforcer la gestion nationale de l’approvisionnement et de la chaîne logistique pour des antimicrobiens
           efficaces et de qualité, y compris les nouveaux antibiotiques.

5.2.2. Réguler les mécanismes sociaux incitatifs et les politiques de rémunération susceptibles de promouvoir
des comportements responsables de prescriptions et de dispensations des antimicrobiens
Contexte : Le comportement des agents de santé en matière de prescription et dispensation des antimicrobiens peut
parfois être déterminé ou influencé par des facteurs systémiques qui peuvent être hors de leur influence immédiate.
Cela peut aller de la manière dont les agents de santé sont rémunérés à la promotion des produits antimicrobiens par
les laboratoires pharmaceutiques. Il est nécessaire de mettre en place des mécanismes au niveau des institutions et des
établissements afin de réduire la quantité d’antimicrobiens prescrite, dispensée ou administrée de manière inappropriée.
Les initiatives de paiement en fonction des performances ont montré leur efficacité à réduire la prescription d’antibiotiques
à large spectre par les agents de santé (14, 15). Cependant, ces initiatives ne sont pas des solutions miracles et elles
peuvent être potentiellement nocives lorsque les motivations ne sont pas convenables (16, 17).

Les orientations de l’OMS sur les activités intégrées de gestion des antimicrobiens                                           7
Actions et éléments à considérer :

          Comprendre les principes de changement comportemental des agents de santé et les intégrer aux politiques
          pour réfléchir à une solution optimale pour les processus diagnostiques, la prescription, la dispensation et
          l’administration d’antimicrobiens dans le cadre des activités intégrées de bon usage des antimicrobiens au
          niveau national et dans les plans nationaux de lutte contre la RAM.

          Instaurer des politiques et mesures d’incitation pour prendre en compte les facteurs sociaux et économiques
          qui entraînent la prescription et l’utilisation inappropriées des antimicrobiens dans le cadre de plans nationaux
          de lutte contre la RAM et de modes opératoires normalisés.

          Renforcer les réglementations nationales qui incitent à prescrire les antimicrobiens à l’aide de la dénomination
          commune internationale (18) (noms génériques) pour atténuer l’influence indue du marketing sur les
          prescripteurs.

          Encourager et autoriser les personnes de référence, les institutions et les établissements à mettre en œuvre
          des mesures ou avantages innovants (selon le contexte local) pour réduire le diagnostic inapproprié de
          maladies infectieuses ainsi que la prescription, la dispensation, l’administration et l’utilisation inappropriées
          d’antimicrobiens.

          Reconnaître les références individuelles et institutionnelles, leur confier des responsabilités et stimuler les
          activités appropriées de bon usage.

5.2.3. Prendre des mesures juridiques et réglementaires pour une utilisation et une élimination appropriées et
responsables des antimicrobiens
Contexte : Il est essentiel d’imposer des instruments juridiques et réglementaires, des cadres et des supervisions à
chaque étape du cycle de vie des antimicrobiens pour assurer des activités efficaces de bon usage des antimicrobiens.
Le cycle de vie des antimicrobiens comprend : la recherche et le développement, la production, l’homologation et la
mise sur le marché, la sélection, l’approvisionnement et la fourniture, la prescription, la dispensation et l’administration,
l’utilisation responsable et appropriée, la surveillance post-commercialisation et l’élimination par l’utilisateur final ou
le fabricant. Le processus de mise en œuvre des activités intégrées de bon usage des antimicrobiens doit inclure une
analyse complète des besoins en systèmes juridiques et réglementaires. Les disparités entre les instruments juridiques
et réglementaires existants et les cadres doivent être identifiées et résolues. De nouvelles réglementations doivent être
élaborées et appliquées. Ces étapes requièrent la mise en place d’un environnement favorable grâce à la concertation des
parties prenantes, impliquées dans le développement, la production, le marketing, la prescription, la vente et l’utilisation
des antimicrobiens, notamment dans les secteurs de la santé humaine, animale et végétale, afin d’harmoniser les règles
et réglementations pour préserver les antimicrobiens importants pour la santé humaine. Une supervision réglementaire
adéquate requiert des mécanismes d’application par les autorités nationales de réglementation (ANR) et un partenariat
fort avec les autres parties prenantes.

      Actions et éléments à considérer :

          Élaborer et adopter des systèmes réglementaires efficaces pour superviser le développement, la production,
          le marketing, l’importation, l’approvisionnement, la prescription, la dispensation, l’administration et
          l’élimination d’antimicrobiens de qualité.

          Adopter et appliquer des règlements pour restreindre la vente libre et sur Internet ou en ligne d’antibiotiques
          et autres antimicrobiens pour un usage systémique, sans prescription d’un prestataire de santé qualifié.

          Adopter et appliquer des règlements pour promouvoir des exigences réglementaires applicables aux
          prescripteurs et dispensateurs d’agents antimicrobiens ainsi qu’à leurs annonceurs.

          Établir et mettre en œuvre des systèmes de surveillance post-commercialisation et de pharmacovigilance,
          solides et efficaces, pour assurer la disponibilité d’antimicrobiens sûrs et de qualité.

          Établir des mécanismes réglementaires et assurer leur mise en œuvre à travers les ANR pour endiguer la
          vente et la distribution de médicaments de qualité inférieure ou contrefaits en étroite concertation avec les
          sociétés et associations professionnelles.

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