Guide à l'attention des administrations visant à clarifier les mesures agricoles prises au titre de la directive cadre sur l'eau et à les rendre ...
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COMMISSION EUROPÉENNE DIRECTION GÉNÉRALE ENVIRONNEMENT Direction D - Eau, substances chimiques et biotechnologie ENV.D.1 - Eau Guide à l’attention des administrations visant à clarifier les mesures agricoles prises au titre de la directive cadre sur l’eau et à les rendre transparentes au niveau des exploitations Le présent guide est élaboré dans le cadre d’un programme de collaboration auxquels participent les partenaires de la stratégie commune de mise en œuvre de la directive cadre sur l’eau (SCMO). Il contient les résultats de la discussion qui s’est tenue lors de l’atelier organisé à Bruxelles, le 6 avril 2011, autour du thème «Des mesures claires pour les agriculteurs», ainsi que les observations et exemples communiqués par les partenaires et le GCS. Ce guide a été préparé avec le soutien de l’Institut écologique de Berlin. Le présent guide a été approuvé par les directeurs de l’eau réunis à Budapest, le 26 mai 2011. 1
Table des matières 1. Raison d’être d’un guide visant à clarifier les mesures agricoles prises au titre de la directive cadre sur l’eau et à les rendre transparentes au niveau des exploitations ................................................................................................ 4 2. Examen sous l’angle de l’État membre: les approches administratives nationales ........................................................................................................... 8 3. Examen sous l’angle de l’autorité de gestion de bassin hydrographique: approches administratives contribuant à rendre les mesures opérationnelles................................................................................................. 15 4. Examen sous l’angle de l’exploitation: des mesures claires s’imposent pour protéger les masses d’eau .............................................................................. 30 2
Liste des abréviations MAE Mesures agroenvironnementales PAC Politique agricole commune SCMO Stratégie commune de mise en œuvre de la directive cadre sur l’eau ZREP Zones réservées à l’eau potable BCAE Bonnes conditions agricoles et environnementales BPE Bon potentiel écologique BEE Bon état écologique BE Bon état EM État membre DN Directive «Nitrates» ZVN Zone vulnérable aux nitrates PDM Programme de mesures DHG District hydrographique PGDH Plan de gestion de district hydrographique PDR Programme de développement rural RBH Réseau de bassins hydrographiques RDR Règlement de développement rural EGS Exigences réglementaires en matière de gestion DCE Directive cadre sur l’eau 3
1. Raison d’être d’un guide visant à clarifier les mesures agricoles prises au titre de la directive cadre sur l’eau et à les rendre transparentes au niveau des exploitations La directive cadre sur l’eau (DCE) est entrée en vigueur le 22 décembre 2000, établissant de ce fait un cadre d’action communautaire dans le domaine de la politique de l’eau afin d’empêcher toute autre dégradation de la qualité des eaux de tous types et d’en protéger et améliorer l’état. L’opérationnalisation des actions de l’Union contribue à la réalisation des objectifs environnementaux en appliquant les mesures nécessaires pour prévenir la dégradation et protéger, améliorer et restaurer la qualité des eaux afin que l’objectif ultime d’atteindre un «bon état» pour toutes les eaux de l’Union d’ici 2015 se réalise. À titre exceptionnel et conformément aux dispositions de la directive cadre sur l’eau, il se peut que cette limite soit repoussée jusqu’en 2021 ou 2027, mais des mesures adaptées devront être mises en place à partir de 2012. L’agriculture continue d’exercer une très forte pression sur les eaux de surface et les eaux souterraines dans la plupart des régions européennes 1 . Elle a été identifiée comme étant une source majeure de pollution et de captage excessif d’eau et est en partie responsable de la dégradation des habitats. En dehors de cela, l’agriculture joue aussi un rôle positif dans la fourniture de biens publics, dont la qualité environnementale. Elle offre notamment beaucoup de possibilités de résolution des problèmes liés à la protection de l’eau et a déjà contribué à cet objectif de manière significative. En vertu de la directive cadre sur l’eau, les États membres (EM) sont tenus d’identifier les masses d’eau qui ne répondent pas encore au critère de bon état, les raisons pour lesquelles il n’est pas satisfait à ce critère et les mesures nécessaires pour que ces masses d’eau atteignent le bon état d’ici 2015 au plus tard. Les plans de gestion de district hydrographique (PGDH), qui devaient être établis pour 2009, et les programmes de mesures (PDM) connexes constituent des outils centraux dans ce processus. En mai 2011, vingt États avaient adopté leur plan de gestion de district hydrographique. Comme indiqué à l’article 11, paragraphe 3, de la DCE, le PDM doit comprendre à la fois des mesures obligatoires et des mesures volontaires. Ces mesures sont en outre subdivisées en mesures de base et mesures complémentaires. Les mesures de base y sont décrites comme étant des exigences minimales à respecter et incluent des mesures requises pour l’application de la législation pertinente de l’UE (par exemple, la directive «Nitrates»), des mesures de contrôle du captage excessif d’eaux de surface et d’eaux souterraines et des mesures de contrôle des pratiques influençant les rejets à la source et les rejets diffus de polluants, ainsi que des mesures visant l’application du principe de la récupération des coûts. En plus de ces mesures de base, pour autant que cela soit nécessaire pour atteindre les objectifs de la DCE, les États membres ont identifié des «mesures complémentaires» 1 http://ec.europa.eu/environment/water/quantity/pdf/summary050510.pdf 4
dont la définition est laissée à leur appréciation conformément à l’article 11, paragraphe 4, de la DCE. Ces mesures complémentaires peuvent également être obligatoires par nature. Après l’adoption des PGDH, le défi que doivent à présent relever les États membres et les autorités de gestion des bassins hydrographiques consiste à rendre les mesures qui ont été définies dans les PDM opérationnelles avant la fin 2012 comme le prévoit l’article 11, paragraphe 7, de la DCE. Pour que les mesures agricoles contenues dans les PDM puissent s’appliquer au niveau de l’exploitation, il est au préalable essentiel que les mesures à adopter soient claires et transparentes pour les agriculteurs. Cela suppose que ces derniers sachent avec précision ce qu’ils doivent faire pour protéger les ressources en eau et s’ils doivent procéder aux adaptations nécessaires dans leurs pratiques agricoles ou sont encouragés à le faire. Les mesures et autres exigences doivent être rendues aussi concrètes et spécifiques que nécessaire. De même, la nécessité d’assurer un suivi administratif adéquat de l’application de la DCE suppose d’identifier clairement les mesures à prendre au niveau de l’exploitation au titre de la DCE. La directive précise que l’organisme chargé de l’application des règles doit être l’autorité compétente pour la DCE qui a été désignée au moment de la planification. Si la responsabilité principale de l’autorité compétente réside au niveau du district hydrographique, un bon suivi administratif, couvrant tous les niveaux, requiert la participation d’autres administrations, agences et parties prenantes. L’existence en Europe d’une tradition de longue date dans la gestion de l’eau et une certaine connaissance de la politique de l’eau dans l’UE présentent des avantages pour l’accomplissement des tâches susmentionnées. Les administrations des eaux, par exemple, sont des entités bien établies qui disposent d’une longue expérience dans la gestion des eaux. Par ailleurs, plusieurs mesures importantes adoptées au titre de la DCE sont déjà en place, notamment des mesures obligatoires. Dans le contexte de la transposition en droit national de la DCE, qui devait avoir lieu en 2003, les États membres ont élaboré d’autres dispositions administratives qui couvrent de nombreux aspects importants pour l’agriculture tels que le captage d’eau, le rejet des eaux usées, les contrôles de la pollution diffuse ou la modification physique des masses d’eau. Les nombreux autres efforts et études menés dans le passé contribuent également à atteindre l’objectif consistant à rendre les mesures agricoles adoptées au titre de la DCE claires et transparentes au niveau de l’exploitation. À titre d’exemple, le CCR et le Réseau de bassins hydrographiques (RBH) ont déjà identifié de manière très complète les mesures agricoles pouvant être prises au titre de la DCE. La DG ENV l’a fait également au moyen d’une étude qu’elle a pilotée. Toutes ces informations ont été regroupées dans un catalogue de mesures (CADM) 2 . Le Réseau de bassins hydrographiques précise actuellement aussi les principales mesures du CADM dans le cadre de son nouveau mandat (2010-2012). 2 http://rbn-water-agri.jrc.ec.europa.eu/ 5
Étant donné que la planification nationale est souvent pilotée par l’UE, il est admis que la coordination entre les secteurs et les directions qui peuvent exercer une influence sur les pressions exercées sur les masses d’eau par l’agriculture est également importante au niveau de l’UE. Une plus grande harmonisation de la DCE avec d’autres politiques clés de l’UE serait bénéfique et pourrait tirer profit d’une plus grande uniformisation de la planification nationale des États membres. De même, il apparaît tout aussi nécessaire de poursuivre le développement des questions transversales et les synergies entre différents instruments de la politique de l’UE dans le domaine de l’eau, un travail qui a déjà démarré dans le cadre de la stratégie commune de mise en œuvre (SCMO) de la directive cadre sur l’eau. Objectif du guide Le présent guide a pour but d’aider les autorités nationales et les autorités de gestion des bassins hydrographiques à rendre opérationnelles les mesures agricoles contenues dans les PDM. Il identifiera et examinera en particulier les principes, méthodes et outils administratifs nécessaires à la mise en œuvre des mesures au niveau de l’exploitation, ainsi que les différents outils de communication et d’aide à la décision qui contribuent à fournir aux agriculteurs des informations claires et transparentes et à offrir un suivi aux autorités compétentes chargées de la DCE. L’accent est mis sur les mesures agricoles connexes des PDM, mais plusieurs des points abordés peuvent également s’appliquer à d’autres types de mesure également. Le présent guide n’aborde toutefois pas en détail les aspects techniques de l’application de diverses mesures. Un guide en tant que boîte à outils Il est important de souligner que la diversité des structures agricoles, des dispositions institutionnelles, des conditions environnementales et des sources de pression environnementale sur les eaux dans les régions européennes est si complexe qu’elle requiert une approche flexible. Une approche unique applicable en toutes circonstances n’existe pas. Afin d’offrir un soutien efficace aux agriculteurs, il y a lieu de se souvenir que des approches individuelles peuvent néanmoins apparaître indispensables pour différentes régions et différentes exploitations. Le présent guide se veut être un recueil de méthodes et d’outils spécifiques que les autorités pourront adapter à leurs conditions individuelles. Les éléments spécifiques qui influenceront le choix des méthodes et outils appropriés englobent de nombreux paramètres différents qui vont du type de pression sur l’environnement qu’il convient de combattre jusqu’au niveau de connaissance informatique de l’exploitant. Une combinaison des différentes méthodes et des divers outils ainsi qu’une approche taillée sur mesure sur le plan de la dimension environnementale, économique et sociale seront nécessaires pour parvenir à relever les défis rencontrés dans les bassins hydrographiques. Les trois chapitres suivants seront consacrés au développement des méthodes et mesures à prendre qui s’imposent respectivement au niveau national, au niveau du bassin hydrographique et au niveau de l’exploitation, étant entendu qu’un certain chevauchement 6
peut exister entre les différents niveaux et que les responsabilités des autorités varient d’un État membre à l’autre. 7
2. Examen sous l’angle de l’État membre: les approches administratives nationales Bien que, dans les États membres, le district hydrographique (DH) soit souvent le premier niveau auquel s’opère la planification au titre de la DCE, il apparaît aussi essentiel d’adopter des outils administratifs nationaux et infranationaux afin de rendre les PDM opérationnels au niveau de l’exploitation. Les règles juridiques nationales ou fédérales, les mesures d’encouragement économiques et les instruments d’information fixent des contraintes générales, mais facilitent également la mise en œuvre des PDM. Celle-ci, de même que la réalisation des objectifs arrêtés par la DCE, requiert un engagement à l’échelle nationale non seulement au sein des administrations des eaux, mais aussi dans les administrations d’autres secteurs, dont l’agriculture. Par le biais d’un contrôle approfondi, les États membres doivent également surveiller si les objectifs sont sur le point de se réaliser ou non. Un tel contrôle englobe l’examen des causes de l’éventuel échec et l’établissement des mesures complémentaires nécessaires. Le premier rapport intérimaire décrivant les progrès réalisés dans la mise en œuvre des PDM planifiés doit être soumis dans les trois ans à compter de la publication de chaque PGDH. Comme indiqué précédemment, les PDM doivent être opérationnels à cette même date également. Il est donc recommandé de discuter, d’identifier et de convenir des grandes décisions politiques et approches administratives nationales à prendre après l’adoption des PGDH. Ce chapitre présente plusieurs principes qui peuvent faciliter l’opérationnalisation des mesures agricoles au niveau de l’exploitation grâce à la planification nationale. Amélioration de la coopération entre les administrations nationales concernées et avec les parties prenantes (planification, budget et contrôle) Il incombe aux États membres de sélectionner et de concevoir les instruments de niveau national tels que les programmes de développement rural et d’autres spécifications des conditionnalités. Les États membres arrêtent donc un ensemble de mesures qui sont disponibles au niveau du DH afin de faire face aux pressions exercées par l’agriculture. Pour veiller à ce que tous les secteurs administratifs pertinents tiennent compte de la mise en œuvre de la DCE et à ce que les synergies entre différents objectifs se réalisent, il est indispensable qu’une coopération étroite s’établisse entre les autorités de planification des eaux et d’autres secteurs. Le secteur agricole est l’un des principaux, mais pas l’unique, secteurs associés à cette planification intégrée. L’expérience montre qu’une approche transsectorielle et intégrée de la planification, de la conception et de la sélection de mesures se révèle plus efficace et efficiente. Le processus de préparation des PGDH a permis d’identifier les administrations et parties prenantes qu’il convient d’associer à la future mise en œuvre des PDM et constitue une base solide pour l’élaboration d’autres travaux. Des dispositions administratives appropriées ont 8
déjà été prises, y compris pour les districts hydrographiques internationaux, et l’examen de l’impact environnemental de l’activité humaine, l’analyse économique de l’utilisation de l’eau et le processus de consultation organisés dans le cadre des PGDH ont permis de déterminer les secteurs à associer. Cet effort conjoint de planification est souvent rentable non seulement en ce qui concerne le financement, mais aussi sur le plan de la réalisation d’objectifs environnementaux multiples. Un dispositif de financement orienté vers un objectif précis et associant toutes les autorités concernées permet souvent d’économiser des ressources et peut même constituer une condition préliminaire à la mise à disposition de fonds adéquats (sur le plan du montant global) ou à l’exploitation optimale des avantages offerts par les fonds existants pour les objectifs fixés et les mesures développées dans les PGDH. Il permet en outre d’éviter un double financement. Outre la planification conjointe, une évaluation des possibilités et des lacunes des approches administratives existantes dans les différents secteurs (en particulier dans ceux de l’agriculture et de l’eau), par exemple des mesures légales, économiques et informatives, est recommandée. Cette évaluation est nécessaire pour déterminer dans quelle mesure les approches administratives existantes sont aptes à réaliser les objectifs fixés par la DCE et de quelle manière les approches administratives existantes pourraient et devraient être améliorées. Les instruments pertinents à évaluer sont ceux qui peuvent avoir un effet positif ou négatif direct ou indirect sur l’état de l’eau. Tout comme pour l’amélioration de la coopération, les PGDH existants offrent une solide base pour évaluer ce que les approches administratives en place permettent de réaliser et ce qu’il y a lieu de développer encore afin de répondre aux objectifs. En fonction du niveau de détail de la préparation des PGDH, une évaluation plus approfondie des informations pertinentes peut s’avérer nécessaire, de même, par exemple, que l’amélioration des recueils et résumés des PGDH au niveau national. Lorsque les possibilités et les lacunes des approches administratives existantes ont été examinées, il apparaît nécessaire de trouver un accord commun sur la façon de traiter les principaux domaines à développer qui ont été identifiés tels que le financement de la mise en œuvre des PGDH. L’association de toutes les parties prenantes concernées (agriculteurs, ONG, consommateurs d’eau, entreprises) dans les discussions visant à déterminer comment parvenir aux objectifs de bon état écologique et autres, par exemple la protection de l’eau potable (imposée par la DCE), doit se poursuivre à tous les échelons territoriaux, du niveau national jusqu’au niveau de l’exploitation. Ceci inclut également une participation transparente des parties prenantes dans la planification plus détaillée de l’opérationnalisation des PDM. Tout en se concentrant sur les mesures agricoles, il est extrêmement important d’engager et de maintenir un bon niveau de relation et d’échange avec les organisations et les syndicats des agriculteurs. Exemple de meilleure pratique: engager les administrations nationales et les parties prenantes (Finlande) La décision qu’a prise le gouvernement finlandais, en décembre 2009, d’adopter des PGDH exigeait qu’un programme national de mise en œuvre plus spécifique soit établi dans le cadre d’une collaboration pour la fin 2010. L’un des objectifs de ce programme de mise en 9
œuvre des PGDH était d’engager toutes les administrations nationales et les parties prenantes pertinentes dont la contribution et le financement sont requis dans la mise en œuvre des PDM. Le contenu du programme national de mise en œuvre se résume comme suit: • une synthèse par secteur des mesures et des instruments politiques, notamment du financement, requis pour répondre aux objectifs de la DCE; • des instruments financiers et politiques et d’autres conditions préliminaires en vue de la mise en œuvre des mesures identifiées; • la définition des rôles et responsabilités des différents organismes (administrations, instituts de recherche et opérateurs privés, dont les agriculteurs); • un calendrier d’exécution des mesures (au niveau général) avec fixation de priorités; • le contrôle du programme de mise en œuvre. En février 2011, le gouvernement a approuvé, par voie de résolution, l’adoption du programme de mise en œuvre des PGDH pour la période de 2010-2015 incluant, par exemple, des principes d’action ciblés à l’échelle nationale qui s’imposent dans différents secteurs pour satisfaire aux objectifs de la DCE. Cette résolution n’aurait pas pu être adoptée en l’absence d’un dialogue entre les divers secteurs gouvernementaux et les parties prenantes. Dans le secteur agricole, le dialogue a inclus des négociations s’étendant jusqu’au niveau des hauts responsables et des experts avec les ministères pertinents, le syndicat central des agriculteurs et des représentants des administrations régionales pertinentes. Les principaux instruments identifiés sont l’octroi de fonds, le développement d’instruments législatifs et politiques divers et les activités R&D. Sur la base du programme national de mise en œuvre, les administrations régionales viennent à présent de lancer des processus régionaux de collaboration portant sur la mise en œuvre des mesures. Actions stratégiques potentielles à prendre au niveau national Développer des règles et stratégies nationales de mise en œuvre L’un des grands principes de la DCE est la fixation d’objectifs écologiques communs applicables par défaut à l’environnement tout en laissant aux États membres une grande marge de manœuvre pour leur réalisation. Outre la planification à l’échelle du district hydrographique (DH), il est souvent nécessaire de convenir et développer des règles et priorités au niveau national afin de faciliter la mise en œuvre des PDM. Cela est extrêmement important pour les pressions qui ont été identifiées en tant que «pression clé» au niveau national et qui sont transsectorielles par nature. Les éléments suivants sont à prendre en considération lors de l’élaboration de telles règles et stratégies: • évaluation des possibilités offertes par les approches administratives existantes et des lacunes qu’elles contiennent, par exemple des instruments juridiques, économiques et informationnels; 10
• recherche et mise en œuvre de synergies entre les secteurs, y compris en interaction avec les règlements de l’UE; • établissement/adoption d’un plan de mise en œuvre incluant les zones de captage prioritaires (France, Écosse) ou l’agriculture en tant que secteur prioritaire, le cas échéant; • nécessité de garantir la coopération entre le niveau national et le niveau régional/local. À titre d’exemple, les responsabilités et compétences en matière de planification de l’utilisation des terres relèvent souvent du niveau régional/local, mais la coordination nationale peut aussi s’avérer nécessaire compte tenu de l’influence importante exercée par la planification de l’utilisation du sol sur plusieurs mesures agricoles; • recherche et développement d’autres possibilités de financement. Les autorités compétentes au niveau national peuvent améliorer la mise en œuvre des mesures appropriées en recherchant des synergies entre les différents instruments d’aide d’État. Il peut en outre être utile et possible d’améliorer le développement de nouvelles structures de financement au niveau national telles que le partenariat public-privé; • des partenariats public-privé ont été appliqués avec succès dans plusieurs pays. Bien qu’ils soient rarement mis en œuvre au niveau national, ces partenariats peuvent être encouragés par des actions de niveau national. En France, l’exemple de la coopération entre une entreprise privée dans le domaine de l’eau et des exploitants de la région des Vosges illustre bien les possibilités d’initiative à l’échelon local. En l’espèce, la coopération entre différentes parties prenantes a conduit à la création de mesures d’encouragement financières pour amener les agriculteurs à abandonner l’agriculture intensive, contribuant ainsi à protéger les ressources en eau 3 . Faire plein usage des mesures de protection de l’eau proposées par l’actuelle PAC La politique agricole commune (PAC) influence considérablement les pratiques agricoles et met à disposition l’un des outils les plus pertinents pour réduire les effets néfastes de l’agriculture sur les eaux européennes. La PAC contribue de plus en plus à la protection des eaux et il incombe à présent en particulier aux agriculteurs de respecter la conditionnalité qui contient diverses dispositions en rapport avec l’eau. Il reste néanmoins toujours nécessaire et possible d’analyser plusieurs dispositions et règles associées à la PAC non seulement au niveau national, mais aussi en coopération avec le secteur agricole et le secteur chargé de la gestion de l’eau afin de déterminer si elles peuvent être mieux dirigées de façon à atténuer les effets négatifs de l’agriculture sur les eaux européennes. Les États membres individuels disposent toujours d’une certaine latitude 3 Perrot-Maître, D. (2006), The Vittel payments for ecosystem services: a “perfect” PES case?, International Institute for Environment and Development, Londres, Royaume-Uni 11
dans l’adoption des dispositions du premier pilier et en particulier l’adoption de programmes de développement rural. La liste ci-dessous fournit quelques exemples de la façon dont la PAC actuelle pourrait être utilisée pour mieux contribuer à la réalisation des objectifs de la DCE: • redéfinition des exigences BCAE (sur la base d’un cadre commun de normes) afin de répondre aux objectifs de la DCE, • soutien de types spécifiques d’agriculture qui sont importants pour la protection ou l’amélioration de l’environnement (article 68 du règlement (CE) no 73/2009 du Conseil), • utilisation de toutes les possibilités offertes par les mesures agroenvironnementales au titre de l’article 39 du règlement de développement rural (RDR), • application de l’article 38 du RDR qui propose une aide aux agriculteurs afin de compenser les désavantages des mesures obligatoires résultant de la mise en œuvre de la DCE; • application d’autres mesures pertinentes relevant des axes 1, 2 et 3 des programmes de développement rural telles qu’elles sont identifiées et décrites dans le rapport final sur les liens entre la DCE et l’agriculture au niveau de l’UE («WFD and Agriculture Linkages at the EU Level») 4 . Avantages et inconvénients des approches ascendantes et descendantes de la planification et de la mise en œuvre En ce qui concerne les différentes approches de la planification et de la mise en œuvre, une distinction peut être établie entre l’approche ascendante (du niveau local vers le niveau national) et l’approche descendante (du niveau national vers le niveau local). L’expérience acquise par les États membres montre que les deux approches peuvent se révéler utiles, par exemple, dans l’engagement des administrations et des parties pertinentes. Les paragraphes suivants et le tableau 1 font ressortir les différences et les points à prendre en considération lors de la planification de ces approches. L’approche ascendante associe les parties prenantes directement au processus de planification d’une mesure. Ceci profite au groupe cible, qui est constitué en l’espèce des agriculteurs, qui obtiennent ainsi la possibilité de se familiariser avec la question ainsi que d’acquérir des connaissances et de s’approprier la mesure à un stade précoce. Ceci peut améliorer la mise en œuvre puisque les mesures tiennent compte des besoins locaux et visent l’adoption d’actions concrètes et pratiques. 4 Dworak, T., Berlund, M., Liesbet, V. et coll. (2009), WFD and Agriculture Linkages at the EU Level, Summary report on an in-depth assessment of RD-programmes 2007-2013 as regards water management, rapport final. Consulté sur: http://ecologic.eu/download/projekte/1900- 1949/1937/final_report.pdf 12
L’approche descendante peut présenter l’avantage d’offrir une meilleure vue d’ensemble sur les objectifs généraux de la DCE et donc de permettre l’adoption d’une méthodologie plus précise. Aux niveaux national et régional en particulier, l’approche descendante permet d’établir des mesures plus uniformes qui facilitent la mise en œuvre et le contrôle. Cette approche convient donc bien pour des mesures qui sont applicables largement. En outre, l’approche descendante n’exige pas forcément autant de ressources administratives et autres au niveau local. Enfin, une combinaison d’approches ascendantes et descendantes peut souvent se révéler la plus efficace pour le développement et l’élaboration à l’échelon local de mesures de protection des eaux. Tandis qu’une approche ascendante sera requise pour impliquer et engager les agriculteurs et sélectionner les mesures qui ont le plus de probabilité d’être mises en œuvre, une planification et une prioritisation descendantes seront plus que probablement nécessaires pour garantir la réalisation des objectifs de la DCE. Les avantages et les inconvénients des approches discutées ci-dessus sont présentés en résumé dans le tableau 1. Tableau 1: avantages et inconvénients des approches ascendantes et descendantes de la planification et de la mise en œuvre Approche ascendante Approche descendante Avantages • Plus grande probabilité de • Potentiel d’une meilleure participation active approche méthodologique (masses d’eau fortement • Renforcement de la base de modifiées, bon potentiel soutien parmi les agriculteurs écologique, analyse de rentabilité, analyses de la • Situation locale plus aisément prise disproportionnalité) en compte • Maintien d’une plus grande • Possibilités d’adoption de clarté sur le niveau mesures/actions plus concrètes d’ambition • Meilleure prise en compte de la • Uniformité des mesures volonté des agriculteurs de participer/mettre en pratique leur • Conditions de concurrence esprit d’entreprise équitables pour tous les agriculteurs dans un État • Simplification et réduction de la membre charge administrative à long terme • Possibilité de cibler le niveau régional ou le niveau hydrographique Inconvénients • Risque de perdre de vue le niveau • Plus grande difficulté à élevé d’ambition et le vaste champ faire participer la 13
d’application de la DCE population • Primauté de la recherche d’un • Plus grande difficulté de compromis avec les acteurs locaux prise en compte de la sur la réalisation des objectifs de la situation locale DCE • Mesures trop abstraites, ce • Difficulté de tenir compte des qui nuit à la possibilité de concepts arrêtés dans la DCE rendre les PDM (MEFM, définition du BPE, analyse opérationnels de rentabilité, analyses de la disproportionnalité) • Approche trop détaillée pour obtenir une vue d’ensemble claire • Risque d’engagement faible de la part des agriculteurs si les approches sont volontaires. Comme indiqué précédemment, plusieurs conditions et exigences doivent être remplies pour garantir l’existence d’un bon processus conjoint et intégré de planification. Il n’existe pas de solution polyvalente unique. Chaque bassin hydrographique est différent et a ses propres caractéristiques environnementales, pratiques agricoles et mesures existantes de protection de l’eau. Il convient également de tenir compte de la situation économique et sociale des exploitations si l’on veut couvrir tous les aspects des mesures en place et éviter tout impact négatif sur les revenus des agriculteurs. La transparence, l’esprit d’ouverture et la coopération sont également requis pour l’élaboration mutuelle de mesures et l’établissement d’un train de mesures pouvant satisfaire les exigences individuelles et offrir un financement fiable. Il est d’ores et déjà établi que la participation des parties prenantes est un aspect très important pour pouvoir appliquer les PDM avec succès. La participation de la population peut être assurée en faisant connaître, par exemple, le diagnostic de l’état des ressources aquatiques, en donnant aux parties prenantes la possibilité de s’exprimer, en encourageant les approches contractuelles complétant les mesures obligatoires et en développant une évaluation économique réaliste de l’impact des mesures. L’établissement d’alliances coopératives dirigées par des conseillers engagés regroupant les agriculteurs, l’administration et d’autres parties prenantes au niveau local a porté ses fruits. L’un des défis est que les approches les plus efficaces et nécessaires sur le plan des résultats environnementaux pour atteindre les objectifs de la DCE ne sont pas toujours très appréciées par l’ensemble des parties prenantes et qu’une certaine résistance peut se manifester envers les mesures complémentaires. Cela ne doit toutefois pas signifier que les mesures les plus efficaces ne sont pas adoptées, mais au contraire que ce travail doit avoir lieu pour garantir une bonne compréhension de la façon de mettre ces mesures en œuvre. 14
3. Examen sous l’angle de l’autorité de gestion de bassin hydrographique: approches administratives contribuant à rendre les mesures opérationnelles Le premier cycle de la DCE et la mise en œuvre des PDM harmoniseront et renforceront la mise en œuvre des mesures agricoles connexes qui se concentrent sur la protection de l’eau. Le présent guide est fondé sur les expériences vécues et les approches de mise en œuvre de la DCE adoptées par plusieurs autorités de gestion de bassin hydrographique de l’UE. Les expériences individuelles pertinentes en dehors de la mise en œuvre de la DCE sont également partagées. Plusieurs méthodes ont été étendues avec succès jusqu’au niveau des agriculteurs et contribuent de ce fait à la réalisation de l’objectif d’opérationnalisation des PDM. Trois activités principales sont examinées ici sous l’angle de l’autorité de gestion de bassin hydrographique: la planification de l’opérationnalisation des mesures agricoles des PDM, la sélection du bon mécanisme de financement et les activités de contrôle. Planification de l’opérationnalisation des mesures agricoles des PDM Dans certains PGDH, les mesures agricoles ont été détaillées dans une certaine mesure: elles précisent, par exemple, déjà très clairement les mesures de gestion du sol sous leur PDM (par exemple, zones tampons, marais, cultures de couverture, conversion de terres arables en terres de pâture) et certaines vont jusqu’à indiquer le niveau d’adoption requis. Dans d’autres, par contre, le PDM reste un document stratégique et ne contient pas toutes les informations permettant de déterminer ce qui doit être fait pour l’application des mesures spécifiques au niveau de l’exploitation. Il se limite à citer les mécanismes généraux de fourniture (par exemple, les mesures principales) et requiert des spécifications supplémentaires concernant, par exemple, les actions et calendriers d’exécution spécifiques requis pour rendre les mesures opérationnelles conformément à l’article 11, paragraphe 7, de la DCE. Ceci peut inclure des actions sectorielles plus détaillées, des projets spécifiques, des documents de planification, des règles ou règlements, etc. À cet égard, la DCE ne diffère pas des autres directives environnementales (par exemple, la directive «Oiseaux» et la directive «Habitats» sur lesquelles se fonde le réseau Natura 2000). Exemple de meilleure pratique: convention «Plateforme sur l’eau» dans le bassin hydrographique Rhin-Meuse (est de la France) La convention a été signée en avril 2011 entre l’autorité en charge de la DCE, l’Agence de l’eau, les autorités locales et les représentants des agriculteurs. Ce document complète le PDM et précise les objectifs à atteindre par le secteur agricole ainsi que les moyens permettant d’y parvenir en liaison avec la stratégie nationale sur l’environnement (qui a été adoptée dans le cadre du processus national de consultation du «Grenelle de l’environnement»). 15
Ce document contient des mesures qui ciblent également les zones où le bon état de l’eau est menacé par l’agriculture, par exemple les captages prioritaires pour l’alimentation en eau potable. Ces mesures sont, entre autres, la conversion en prairies permanentes, la reconversion dans l’agriculture biologique (20 % de la SAE en France en 2020), l’établissement ambitieux des BCAE sur des bandes tampons, l’introduction de cultures à faible niveau d’apport d’intrants, l’utilisation d’alternatives aux pesticides (désherbage mécanique, lutte contre les parasites par des moyens biologiques), la réduction de 50 % des pesticides avant 2018 («Écophyto 2018»), la mise en œuvre des PDR en fonction de l’état de l’eau, l’application de mesures d’utilisation du sol telles que l’échange de terres entre agriculteurs ou le rachat de terres par les autorités locales. La convention expire fin 2012 et un comité auquel participent tous les partenaires en garantit la mise en œuvre adéquate. Pour que les PDM puissent être rendus opérationnels, il est indispensable de fixer très clairement les objectifs et les exigences à respecter. Il est nécessaire de déterminer la ligne de base (c’est-à-dire les mesures de base telles que celles que l’on retrouve dans la directive «Nitrates», les exigences BCAE et les autres exigences légales) et de préciser les mesures additionnelles qui contribueront à la réalisation des objectifs. De telles exigences ont été élaborées dans les PGDH, mais il peut apparaître nécessaire de les approfondir en fonction de l’approche choisie dans la préparation des plans. L’opérationnalisation des PDM passe par une collaboration et la contribution des parties prenantes afin de déterminer des solutions efficaces compte tenu de l’ampleur du phénomène. Il est essentiel que les autorités compétentes responsables de la DCE continuent de pleinement profiter des groupes de parties prenantes qui ont été créés lors de la préparation des PGDH. L’une des coopérations les plus précieuses requises au niveau régional est celle qui s’établit entre les autorités compétentes responsables de la DCE et les autorités agricoles régionales. Cette coopération est de la plus haute importance pour rendre les mesures de la DCE opérationnelles au niveau de l’exploitation, ainsi que pour assurer le contrôle de ces mesures. Dans certains cas, il peut apparaître nécessaire de développer d’autres structures régionales et locales. Dans les régions méditerranéennes, par exemple, les réseaux d’irrigation sont aujourd’hui souvent gérés de manière collective (par exemple, par le biais d’associations syndicales de propriétaires ou de sociétés de développement régional). Cette approche collective permet de mieux gérer l’eau et d’organiser le partage de l’eau en période de pénurie. Tout en rendant les PDM opérationnels, il est recommandé de tirer pleinement parti des types de structures collectives existantes dans lesquelles les agriculteurs sont également impliqués. Exemple de meilleure pratique: «Agri-Mieux» (France) Les accords de coopération dans le cadre du programme «Agri-Mieux» (le successeur de «Ferti-mieux») en France visent à améliorer la qualité de l’eau et à protéger les eaux sans générer de pertes de revenus pour les agriculteurs. Le programme a été lancé par l’Association nationale de développement agricole en coopération avec des organisations gouvernementales et agricoles telles que le ministère de l’agriculture et le ministère de l’écologie, les chambres agricoles et les sociétés de distribution d’eau. 16
Les accords portent essentiellement sur la communication et l’assistance technique et se composent de programmes volontaires, non contraignants, qui n’impliquent aucune compensation. En adoptant le label Agri-Mieux, les agriculteurs s’engagent notamment à modifier leurs habitudes de consommation d’engrais. Les mesures encourageant les agriculteurs à participer consistent en l’octroi d’un label à des groupes d’agriculteurs dans une région qui s’engage à prendre une action volontaire pour protéger les ressources en eau. Les activités ont permis de réduire jusqu’à 40 % des taux d’engrais se retrouvant dans l’eau après l’application des mesures. Ces programmes ont encouragé avec succès une meilleure intégration de l’agriculture dans les politiques locales de l’eau. Ils ont initié une coopération entre les acteurs agricoles et les parties prenantes du secteur de l’eau jusqu’à la phase de labellisation et pendant celle-ci. Plusieurs mesures telles que l’épandage à grande échelle de fumier et le compostage du fumier ont été appliquées avec succès. La solide implication des agriculteurs et la communication efficace entre les organisations agricoles, l’administration et les experts en eau ont permis de trouver de nouveaux moyens de maintenir et même d’améliorer la qualité de l’eau sans perte de revenus pour les agriculteurs. La formation et l’information sur le fonctionnement et les réussites des programmes «Agri-Mieux» sont assurées par voie de transmission entre agriculteurs par le biais de «fermes transfert» qui diffusent la meilleure pratique et organisent quatre journées portes ouvertes et de formation par an 5 . Inclure le ciblage de mesures au niveau du sous-bassin/niveau régional Le niveau régional ou du district hydrographique est le premier échelon de la hiérarchie de planification du cadre national visant à rendre les PDM opérationnels au niveau de l’exploitation. Afin de mieux préciser et cibler les mesures, de nombreux districts hydrographiques établissent à présent des plans opérationnels qui fixent des mesures à l’échelon du sous-district ou encore du captage ou de la masse d’eau. Tel est notamment le cas en Allemagne et en Écosse. Cette dernière, par exemple, planifie et applique des mesures à la fois à l’échelon national et au niveau des captages prioritaires comme l’illustre l’exemple ci-dessous. Les mesures peuvent être ciblées, par priorité, à l’échelon régional ou au niveau du sous- bassin (ou d’une autre unité hydrologique plus petite adéquate) en fonction de leur efficacité potentielle pour la zone concernée sur le plan des objectifs desservis et du type d’agriculture qui domine dans la région. Des objectifs multiples ou les avantages fournis par la mesure peuvent servir de critères pour garantir l’établissement de synergies avec d’autres objectifs environnementaux. Les systèmes d’information géographique et autres outils d’analyse assistés par ordinateur sont apparus très utiles pour hiérarchiser et cibler les mesures le plus efficacement possible. La planification à l’échelon local (par exemple, en rédigeant une ligne directrice en fonction des demandes locales ou des plans au niveau de l’exploitation détaillant les mesures 5 http://www.cra-lorraine.fr/fichiers/plaquette-agrimieux.pdf 17
individuelles à prendre) soutient davantage encore l’application et l’adoption de mesures. La planification à l’échelon local peut nécessiter beaucoup de ressources, mais elle permet d’améliorer l’efficacité sans compromettre la qualité ou la compréhension des informations, par exemple en regroupant les exploitations sur la base de leurs caractéristiques agricoles ou par unité administrative et/ou sous-bassin. L’adoption d’une approche régionale ou par sous-bassin fondée sur des caractéristiques environnementales est importante pour améliorer l’applicabilité et le réalisme des mesures en fonction des différents états écologiques rencontrés dans l’UE. Elle permet également de se concentrer sur la caractéristique de la pratique agricole. Ainsi, les mesures applicables dans les zones d’élevage intensif différeraient de celles qui s’appliquent dans les régions dominées par les cultures arables. Une meilleure identification des sources de pollution peut s’avérer nécessaire aussi pour cibler des mesures à l’échelon régional ou au niveau du sous-bassin. Une bonne connaissance de la principale source de l’eutrophisation, par exemple, permettra de sélectionner judicieusement les mesures qui s’imposent pour en contrer les effets négatifs. Dans ce cas d’espèce, il est important de se concentrer sur le sous-bassin ou l’échelon régional/local, car la pollution peut trouver son origine dans une zone très limitée et la concentration de l’application des mesures sur la source principale permettra d’enregistrer des résultats efficaces à moindre effort (des cartes de risque d’érosion et un index P peuvent, par exemple, être utilisés pour évaluer les zones où le risque de charge en phosphore est accru). Enfin, comme l’a montré l’exemple de la Basse-Saxe en Allemagne, il peut être utile de développer un train de mesures disponibles tout en laissant le choix des mesures à l’appréciation de l’échelon régional ou du sous-bassin. Une approche souple permet d’adapter les mesures appliquées et adoptées par les agriculteurs aux besoins spécifiques de leur activité. Une approche un peu similaire a été adoptée en Finlande où une série complète de mesures soutenues par des primes a été introduite au niveau national. La planification est ensuite affinée à l’échelon régional ou au niveau du bassin hydrographique pour un meilleur ciblage, par exemple, sur des zones tampons plus larges et sur les marais. La planification à l’échelon régional ou au niveau du bassin hydrographique sert de point de départ pour une planification plus détaillé à l’échelon local et enfin au niveau de l’exploitation. Exemple de meilleure pratique: gérer la pollution diffuse en Écosse 6 L’approche adoptée par l’Écosse pour gérer la pollution diffuse peut servir d’exemple pratique de la combinaison d’une approche nationale et du ciblage par sous-bassin, ainsi 6 L’Écosse a publié un complément à son PGDH intitulé «The Rural Diffuse Pollution Plan for Scotland» qui décrit cette activité en détail: http://www.sepa.org.uk/water/river_basin_planning/diffuse_pollution_mag.aspx. Vous trouverez de plus amples informations sur la pollution diffuse et les zones de captage prioritaires à l’adresse: http://www.sepa.org.uk/water/river_basin_planning/dp_priority_catchments.aspx. 18
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