Éliminer le handicap du pied bot : Une stratégie mondiale
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Table des matières Propos du président de la Global Clubfoot Initiative 3 Synthèse 4 Introduction 5 Problème 5 Solution 5 Résultats 6 Progrès mondiaux collectifs 6 Global Clubfoot Initiative (GCI) (Initiative mondiale pour le traitement du pied bot) 7 Éradiquer le handicap du pied bot : Une stratégie mondiale 8 Vision 8 But 8 Objectifs (d’ici 2030) __9 Contexte mondial __9 Modèle de mise en œuvre 11 Un modèle éprouvé pour un programme national de traitement du pied bot 11 Stratégie de mise en œuvre 18 Introduction 18 Pays ciblés 18 Approche de mise en œuvre 19 Chronologie 20 Transposition à l’échelle mondiale 21 Transposer à l’échelle mondiale 21 Outils partagés, innovation et recherche 23 Plaidoyer 26 Budget 27 Gouvernance 30 Valeurs de surveillance et de gouvernance 30 Évaluation de risques 31 Références 32 Annexe 1 : Pied bot et méthode de Ponseti 33 Annexe 2 :Tour d’horizon de la Global Clubfoot Initiative 34 Annexe 3 : Contrôle et évaluation 35 Annexe 4 : Identification de pays cibles 37 Annexe 5 : Budget de la stratégie mondiale 40 2
Propos du président de la Global Clubfoot Initiative Environ 174 000 enfants (1 sur 800) dans le monde naissent avec un pied bot chaque année. Le pied bot est une malformation congénitale caractérisée par un ou deux pieds tournés vers l’intérieur et vers le bas ; à défaut de traitement, cette malformation peut conduire à un handicap permanent. Les enfants nés dans des pays à haut revenu suivent peu après leur naissance un traitement correctif et la grande majorité d’entre eux ne sont pas affectés par le fait d’être né avec cette difformité. En revanche, la plupart des enfants nés avec un pied bot dans des pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI) sont confrontés à un tout autre avenir. Moins de 15 % de ces enfants nés aujourd’hui auront accès à un traitement. Les autres verront leur vie gravement affectée par ce handicap (à savoir, douleurs permanentes, mobilité limitée et opportunités réduites en matière d’éducation, d’emploi et de relations). Cette réalité n’est pas irréversible. Si nous ignorons comment prévenir la formation pied bot, nous savons toutefois comment traiter cette difformité (ce qui revient à moins de 400 $ par enfant). Par la mise au point et le soutien de programmes nationaux de traitement du pied bot, ainsi que par le renforcement des systèmes de santé en vue d’intégrer le traitement du pied bot aux prestations générales, notre Stratégie mondiale de traitement du pied bot décrit les raisons et les modalités de notre initiative d’éradication des handicaps évitables provoqués par la malformation du pied bot. Les victimes du pied bot et leurs parents avec lesquels nous échangeons régulièrement sont probablement les mieux placés pour en parler. À peine quelques mois avant le lancement de cette stratégie, un parent d’un enfant atteint du pied bot en Indonésie nous a écrit : «Bon nombre de [pays] plus peuplés ont un besoin urgent d’organisations ou de services proposant un traitement du pied bot. Les patients atteints du pied bot [doivent] être mieux informés sur cette difformité et [nécessitent] davantage de centres médicaux à même de traiter cette malformation. Cela soulève des préoccupations pour nous en tant que parents et communautés qui sommes dans la même situation. J’espère que l’initiative du pied bot élargira sa portée mondiale». Nous invitons toutes autres personnes à nous rejoindre dans la concrétisation de notre ambition d’un monde où chaque enfant atteint du pied bot pourrait marcher et courir sans handicap. D’ici 2030, nous souhaitons qu’au moins 70 % des enfants nés avec un pied bot dans les PRFI aient accès au traitement qui leur permettra de marcher et de courir librement durant le reste de leur vie. Professeur Chris Lavy Président de la Global Clubfoot Initiative (GCI) Professeur de chirurgie orthopédique et tropicale, Université d’Oxford et chirurgien orthopédiste consultant 3
Synthèse Plus de 90 % des enfants ayant un pied bot sont nés dans des pays dont l’accès au traitement est inexistant ou quasi inexistant. Plus d’un million d’enfants ne peuvent marcher convenablement en raison d’un pied bot non traité. Le pied bot est l’une des principales causes de handicap physique dans le monde. Le point positif est qu’il peut être traité de manière efficace et à moindre coût grâce à la méthode de Ponseti à effraction minimale, le traitement de référence du pied bot qui convient parfaitement aux environnements à faibles ressources. Tout pied bot non traité est un problème que nous pouvons résoudre. L’Initiative Globale Clubfoot (GCI), un regroupement d’organisations non gouvernementales (ONG) travaillant sur la question du pied bot dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI), a élaboré un plan global pour traiter la question du pied bot à l’échelle mondiale. Sur la base de données probantes et des enseignements tirés d’une décennie d’expérience, cet avant-projet implique de collaborer auprès de partenaires locaux et de ministères de la Santé en vue d’élaborer et de promouvoir des programmes nationaux de traitement du pied de bot dans 105 PRFI au cours des 14 prochaines années. L’objectif principal consiste à accroître le taux de couverture du traitement du pied bot en le faisant passer de moins de 15 % à plus de 70 % dans les PRFI cibles d’ici 2030. À l’aide d’un modèle éprouvé de partenariat public-privé et de partage des coûts, notre plan s’appuie sur des outils et des technologies facilitant la transposition à plus grande échelle et décrit les modalités d’évaluation et de surveillance de la qualité du traitement et des programmes pour garantir l’amélioration continue de la délivrance du traitement. Ainsi, des programmes nationaux sont élaborés, l’efficacité des programmes est optimisée et les enfants bénéficient de soins exhaustifs de grande qualité. Comptant un investissement total de 160 millions $, il sera possible de traiter plus de 1,2 million d’enfants, en dégageant 154 milliards de dollars de revenus complémentaires tout au long de leur vie active et en donnant la capacité à chaque pays de gérer à tout moment les malformations de type pied bot d’ici 2030. Les fruits de notre collaboration nous permettraient de bâtir un monde dans lequel chaque enfant né avec un pied bot serait à même de marcher et de courir sans handicap. 4
Introduction Problème Le pied bot (ou varus équin) est une malformation congénitale qui touche un enfant sur 800 né dans le monde (1) et qui est caractérisée par des pieds tournés vers l’intérieur et vers le haut, ce qui pose des difficultés pour la marche. On estime que 174 000 enfants naissent avec un pied bot chaque année. Le handicap du pied bot a été pratiquement éradiqué dans les pays à revenu élevé grâce à un traitement efficace. Ceci dit, 90 % des enfants nés avec un pied bot (environ 158 000 enfants par an) vivent dans des PRFI (2) où l’accès à un traitement approprié est soit limité, soit inexistant. Selon des données d’enquête de 2015, la Global Clubfoot Initiative (GCI) a constaté qu’environ 13 % des enfants nés avec un pied bot dans des PRFI ont actuellement accès à un traitement (2). En conséquence, nous estimons qu’au moins 80 % des enfants nés chaque année ne bénéficient pas d’un traitement approprié. Plus d’un million d’enfants vivent actuellement avec un handicap provoqué par un pied bot non traité ou mal traité, ce qui en fait l’une des principales causes d’incapacité physique dans le monde. Pour les personnes présentant un pied bot non soigné, la marche peut être douloureuse et rudement difficile. Les personnes vivant avec un handicap dans les pays à faible revenu courent un plus grand risque de discrimination, d’abus physique et sexuel, de négligence, d’analphabétisme et d’inégalité dans quasiment tous les aspects de la société (3,4). Le handicap du pied bot constitue également une charge économique pour les familles et les sociétés en raison de la perte d’opportunités en matière d’éducation et d’emploi (5). Ceci étant, il ne doit pas nécessairement en être ainsi. Un traitement efficace du pied bot est relativement facile et peu coûteux. Des athlètes de renommée mondiale tels que Steven Gerrard, Mia Hamm et Kristi Yamaguchi, tous nés avec un pied bot, ont pu mener une carrière extraordinaire grâce à un traitement efficace suivi dès leur plus jeune âge. Tout pied bot non traité est un problème présentant une solution sans équivoque. Solution Le pied bot peut être traité selon une approche mini-invasive : la méthode de Ponseti (voir annexe 1 pour obtenir une description complète), est reconnue comme traitement de référence du pied bot et est approuvée par des associations médicales telles que l’American Academy of Orthopaedic Surgeons (6,7). Le traitement consiste en la pose de plâtres en série pendant 5 à 8 semaines, une intervention chirurgicale mineure ambulatoire (ténotomie du tendon d’Achille) et une attelle d’abduction du pied à porter pendant 4 à 5 ans afin de maintenir la correction et de réduire le risque de rechute. 5
La méthode de Ponseti est rentable et s’est révélée efficace dans 98 % des cas (8) dès lors qu’elle était convenablement mise en œuvre. Compte tenu du processus relativement simple, le traitement est bien adapté aux milieux à faibles ressources. Il a pour l’heure été démontré d’une part que le traitement est plus efficace s’il est débuté dès l’enfance et, dans l’idéal, avant l’âge de 2 ans, et d’autre part, que la manipulation et la pose de plâtre peuvent également réduire la déformation et limiter la mesure de l’intervention chirurgicale chez des enfants plus âgés (9). La méthode de Ponseti permet de résoudre le problème du pied bot de manière rentable à l’échelle mondiale. Résultats Des pieds corrigés peuvent effectuer les mêmes mouvements, présentent les mêmes fonctions et la même apparence que des pieds non affectés, et ce, sans douleur. Le traitement transforme pour toujours la vie d’un enfant né avec un pied bot, ce qui lui donne l’occasion de participer pleinement à la vie de sa famille et de sa communauté, d’aller à l’école et, à terme, d’obtenir un emploi gratifiant. Outre le fait de transformer la qualité de vie, nous estimons que le traitement libère 120 000 $ de gains recouvrés pendant la vie de l’enfant (autrement dit, il en résulte une valeur actualisée nette de 13 000 $ par enfant traité). Le coût du traitement s’élève actuellement à 331 $ par enfant (10, 11). Progrès mondiaux collectifs Au cours de la dernière décennie, des progrès considérables ont été réalisés quant à la mise sur pied de programmes nationaux visant à faire suivre un traitement efficace selon la méthode de Ponseti dans des PRFI. Les ONG, travaillant en étroite collaboration avec les ministères de la Santé, ont augmenté l’accès au traitement grâce à des partenariats conclus auprès de professionnels de santé locaux en vue de renforcer les capacités au sein des structures de santé existantes des PRFI. Ces programmes s’appuient sur des principes de santé publique pour maximiser l’accessibilité et l’adoption du traitement, posant ainsi les bases d’une transposition à l'échelle mondiale. En 2009, ces organisations se sont regroupées pour former la Global Clubfoot Initiative. 6
Global Clubfoot Initiative (GCI) GCI est un consortium d’organisations (annexe 2) jouissant d’une expertise technique et organisationnelle en matière de prise en charge du pied bot à l’aide de la méthode Ponseti, ainsi que d’une expérience dans la conception de programmes nationaux de traitement du pied bot dans des PRFI. GCI entend devenir une plateforme inclusive qui: dispense des formations, fournit des ressources de gestion et diffuse des bonnes pratiques en matière de prise en charge du pied bot crée des liens et encourage la collaboration entre organisations afin de coordonner des activités et de faciliter la transposition à plus grande échelle recueille et partage des informations sur la prise en charge du pied bot. Avec l’appui et les encouragements de la classe dirigeante, la GCI a défini pour principal axe stratégique pour l’avenir la consolidation d’efforts collaboratifs et coordonnés pour mettre fin aux handicaps provoqués par les pieds bots non traités. Les enquêtes menées par la GCI indiquent qu’en 2015, 13 % des enfants des pays à revenu faible et intermédiaire avaient accès au traitement, contre moins de 1 % en 2005. En 2015, plus de 24 000 nouveaux enfants ont été inscrits à un programme de traitement dans 54 PRFI et les membres de la GCI ont à ce jour soutenu le traitement de plus de 120 000 enfants depuis 2005. (Annexe 3). Carte : taux de couverture dans des pays cibles à compter de 2015 Certains pays (notamment la Chine, l’Égypte, le Nigeria, le Pakistan et la Thaïlande) ont indiqué qu’il y avait une autre activité dans leur pays non évaluée par cette enquête. Cette carte, reposant sur des données de programmes autodéclarées, illustre le taux de couverture dans tous les pays cibles en 2015. Plus de 80 % des enfants qui devraient naître avec un pied bot dans 7
des pays à revenu faible ou intermédiaire résident dans les 54 pays ayant un niveau de couverture déclaré. Non content d’un programme d’étude récemment mis en place pour les environnements à faibles ressources, des options d’appareils orthopédiques peu coûteuses et des outils mobiles sur mesure pour le recueil et l’analyse de renseignements liés au traitement des patients en vue de faciliter le suivi et l’évaluation de la qualité des programmes et des traitements, on observe un vaste consensus sur le fait que ce modèle et cette stratégie de mise en œuvre peuvent mettre fin au handicap provoqué par le pied bot d’ici 2030. La GCI est ouverte à l’adhésion de toute organisation soutenant le traitement des enfants présentant un pied bot et nous saluons la collaboration mise en œuvre pour atteindre les objectifs de cette stratégie. Éradiquer le handicap du pied bot : Une stratégie mondiale Bien que de grands progrès aient été réalisés au cours de la dernière décennie, il est temps de les transposer à l’échelle mondiale. Nous sommes convaincus qu’une nouvelle initiative audacieuse nous attend pour que tous les enfants nés avec un pied bot aient la possibilité d’avoir accès à un traitement efficace pour prévenir tout handicap. Cette stratégie mondiale vise non seulement à traiter le pied bot, mais également à mettre en place des structures pour garantir le traitement à l’avenir. Cette stratégie renforcera les systèmes de santé et s’articulera autour d’autres programmes de santé mondiaux tout en les soutenant. Nous avons l’intime conviction qu’à l’avenir, les bases posées dans le cadre de cette stratégie serviront à faire face à d’autres problèmes de l’enfance donnant lieu à un handicap. Ce plan s’appuie sur un modèle de renforcement des capacités ayant fait ses preuves, des partenariats public-privé, une vaste analyse de données pour stimuler la prise de décision, la collaboration entre les parties prenantes et les ONG nationales et internationales, ainsi que le recours aux technologies pour réduire les coûts et améliorer les résultats. Vision Un monde où tout enfant né avec un pied bot pourrait marcher et courir sans handicap But D’ici 2030, tous les enfants nés avec un pied bot seront en mesure d’accéder à un traitement efficace et de grande qualité. 8
Objectifs (d’ici 2030) 100 % des PRFI cibles disposent d’un programme national de traitement des pieds bots proposant des soins complets aux pieds bots Au moins 70 % des enfants nés avec un pied bot disposent d’un accès au traitement de Ponseti dans des PRFI cibles 100 % des programmes nationaux de traitement du pied de bot satisfont au moins 70 % des indicateurs de qualité de traitement du pied bot à l’échelle mondiale 100 % des programmes nationaux de traitement du pied de bot satisfont au moins 70 % des indicateurs de durabilité du programme de traitement du pied bot à l’échelle mondiale Le graphique ci-dessous illustre la tendance haussière à concrétiser en termes de nombre d’enfants commençant un traitement chaque année afin que nos objectifs soient atteints d’ici 2030. Si les progrès se poursuivent au rythme actuel, à peine 36 000 enfants de moins d’un an seront traités chaque année d’ici 2030 . Dans le cadre de cette stratégie mondiale, nous entendons plus que tripler ces chiffres d’ici 2030. Nombre d’enfants commençant un traitement selon la 120 000 méthode de Ponseti (0 à 1 an) 100 000 80 000 60 000 40 000 20 000 0 Historique Tendance actuelle Avec investissement dans plan mondial Contexte mondial Cette stratégie visant à éradiquer le handicap du pied bot cadre parfaitement avec les autres priorités et objectifs de santé mondiale, notamment : Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées pour « permettre un niveau maximal de capacités, d’indépendance et de participation » Objectifs des Nations Unies en matière de développement durable numéros 1,3,4,8, 10 et 17 Réadaptation 2030 : appel à l’action de l’Organisation mondiale de la Santé visant à « renforcer la prestation de services de rééducation dans les systèmes de santé 9
La Commission Lancet sur la chirurgie mondiale 2030 appelant à « l’accès universel à des soins chirurgicaux sûrs et abordables» 10
Modèle de mise en œuvre Un modèle éprouvé pour un programme national de traitement du pied bot Notre objectif consiste à ce que chaque PRFI dispose d’un programme national de traitement du pied bot. Parmi les organisations expérimentées travaillant dans ce domaine, on observe un vaste consensus sur les éléments essentiels nécessaires pour prodiguer des soins de qualité, ainsi que sur la meilleure approche de mise en œuvre d’un programme national. Ce modèle, exposé en détail ci-dessous, correspond à ce que nous cherchons à établir dans chaque PRFI cible dans le cadre de l’initiative Éradiquer le handicap du pied bot : Une stratégie mondiale. Afin d’offrir des soins complets pour traiter la difformité du pied bot et d’obtenir des résultats positifs pour les enfants nés avec un tel handicap, le programme national doit prévoir les étapes suivantes pour chaque enfant : Un enfant né avec un pied bot est sensibilisé au fait que le pied bot est une Sensibilisation condition physique traitable Identification et Un enfant né avec le pied bot est convenablement identifié en tant que tel référence et référé aux fins de traitement, dans l’idéal dès les premiers mois de sa vie Établissement de santé Le bébé et sa famille ont accès à un centre médical dédié au traitement du et accès pied bot dédiés au traitement du pied bot Capacités, formations et L’enfant bénéficie d’un traitement approprié pratiqué par des cliniciens ressources formés à la méthode de Ponseti et des fournitures sont mises à disposition pour le traitement Les pieds de l’enfant sont manipulés et plâtrés selon les protocoles de Plâtres Ponseti pendant 4 à 8 semaines Ténotomie Une ténotomie du tendon d’Achille est réalisée par un professionnel de santé formé Attelle d’abduction du Une FAB est adaptée et utilisée de manière systématique au fur et à mesure pied que l’enfant grandit (FAB) Adhésion L’enfant adhère à la pose d’attelle et aux consultations de suivi pendant 4 à 5 ans Outre le fait de fournir des soins complets de qualité au niveau du centre médical, un programme national fiable prévoit les aspects suivants : Assurer une coordination centralisée Une approche coordonnée de manière centralisée met en place des services planifiés et efficaces, y compris des phases de formation, de plaidoyer, de sensibilisation, de monitoring, d’évaluation, d’achats et de distribution. Un coordinateur de programme local assure la coordination des formations, gère les achats et 11
les stocks de fournitures et d’attelles, met en place des systèmes d’identification et d’orientation médicale, exploite des données et des rapports quantitatifs et qualitatifs afin d’identifier et de résoudre des problèmes de sous-performance du programme. Le coordinateur s’efforce de plaider en faveur d’un changement de politique et d’une participation accrue du ministère de la Santé ou de tout ministère équivalent (ci-après abrégé MdlS). Souvent, un Directeur médical, habituellement un chirurgien orthopédique de premier plan, est désigné pour assurer des activités de suivi clinique et exercer des pressions en vue d’obtenir des changements sur le plan politique, au besoin. Dans des pays particulièrement vastes comme l’Inde, ces activités sont organisées au niveau régional et étatique. Atteindre unecouverture national Plusieurs stratégies simultanées sont exploitées pour renforcer le taux de couverture1 d’un pays donné, notamment la sensibilisation à la malformation du pied bot, la hausse des connaissances sur la disponibilité et l’efficacité du traitement, la mise en place de voies d’orientation et d’un réseau de centres médicaux pour maximiser l’accessibilité. Un coordinateur de programme élabore et gère le programme aux côtés des partenaires de mise en œuvre (dans la plupart des cas, un partenariat public-privé). La constitution d’un réseau de centres médicaux s’effectue généralement par la mise en place initiale de centres médicaux dédiés au traitement du pied bot dans des services d’orthopédie ou de rééducation des hôpitaux publics des grandes villes. Au départ, les centres médicaux sont souvent ouverts un jour par semaine, ce qui offre une certaine efficacité et permet aux familles de se rencontrer et de se soutenir mutuellement. Au fur et à mesure de la mise en place des processus d’identification et d’orientation médicale, ainsi que de la progression de la sensibilisation au fait que le pied bot est handicap que l’on peut soigner, les capacités de traitement sont accrues par l’ouverture de centres médicaux dans de nouveaux sites afin de faciliter l’accès et par l’ajout de jours d’ouverture dans des zones à forte demande La planification de la répartition des centres médicaux vise à équilibrer le besoin de disposer de suffisamment de cas pour que les cliniciens entretiennent leur capacité à prodiguer le traitement tout en veillant à optimiser les coûts et le temps de déplacement pour les patients. Il est vivement recommandé que chaque centre médical inscrive au programme un minimum de 2 nouveaux enfants chaque mois (soit, 24 enfants par an). 12
Accroître le taux de couverture via un programme national : Bangladesh Le Bangladesh, un pays à faible revenu recensant environ 4 000 cas de pied bot par an, a lancé un programme national pour traiter cette malformation avec le soutien de Walk for Life en 2009. Cette année-là, le MdlS ne disposait d’aucune enveloppe budgétaire pour le traitement du pied bot, alors que les chirurgiens orthopédistes faisaient état de longues listes d’attente comportant un très grand nombre d’enfants à pied bot non traité. Depuis lors, 19 500 enfants ont bénéficié d’un traitement selon la méthode de Ponseti et le taux de couverture a bondi à plus de 70 % des cas estimés. 95 % des enfants sont inscrits à un programme de traitement de moins d’un an et les chirurgiens du pays indiquent que les cas d’enfants plus âgés nécessitant une intervention chirurgicale pour un pied bot se font rares (14-16). Les stratégies ayant contribué à l’atteinte de ces résultats sont les suivantes : Travailler en partenariat avec le ministère de la Santé dès l’inauguration du programme par celui-ci en 2009 Fournir des services médicaux dans des hôpitaux publics sous la surveillance de chirurgiens employés par le ministère de la Santé et soutien apporté par Walk for Life en termes de personnel de santé, ainsi que de fabrication et de distribution de fournitures de traitement et d’appareils orthopédiques Renforcement de la sensibilisation au sein de 13 000 centres médicaux communautaires, promoteurs issus des médias et de parents de patients Surmonter les obstacles à l’accès en implantant des centres médicaux de sorte que très peu de familles aient à parcourir plus de 60 km pour se faire soigner La réussite du programme a été récompensée par le programme de traitement du pied bot du Bangladesh qui a remporté le « BMJ Healthcare Award d’Asie du Sud 2016 - Excellence dans la prestation de soins primaires » en 2016. 1 Letaux de couverture se définit comme « le pourcentage d’enfants qui devraient naître avec un pied bot pour une année donnée et commençant à suivre le traitement selon la méthode de Ponseti au cours de la même année. » Ces taux sont calculés à partir de données démographiques de la Banque mondiale, d’un taux global de prévalence à la naissance du pied bot de 1,24/1 000 naissance et de données du programme sur le nombre d’enfants commençant le traitement. (12,13) 13
Soutenir des soins de qualité du pied bot Un programme national de soutien au traitement du pied bot aide les centres médicaux à dispenser des soins de qualité, en veillant à la mise à disposition de ressources humaines appropriées, par le soutien de la formation et du perfectionnement, la disponibilité des fournitures, notamment les attelles pour pied bot, l’adhésion et les consultations de suivi des patients, ainsi que l’évaluation et le monitoring (M&E) des patients. Les paramètres de qualité d’un programme de traitement du pied bot sont présentés à l’annexe 3. Ressources humaines : chaque centre médical doit disposer d’un minimum de deux praticiens formés à la méthode de Ponseti et de la disponibilité de routine d’un clinicien qui effectuera la ténotomie. Bien que cela varie, dans de nombreux pays, les professionnels de rééducation assurent le traitement du pied bot sous la surveillance d’un chirurgien orthopédiste. Le chirurgien effectuera également des ténotomies et pourra opérer des cas complexes ne pouvant être complètement corrigés à l’aide du traitement selon la méthode de Ponseti. En outre, les centres médicaux doivent disposer de parents éducateurs ou d’assistants médicaux qui pourront contribuer à la formation des familles et apporter un soutien de suivi critique tout au long du traitement en vue d’aider les familles à adhérer au traitement, en particulier pendant la phase d’entretien ou de pose d’attelle plus difficile de la méthode Ponseti alors que le risque de décrochage se veut plus grand. Ces éducateurs/assistants pourront également apporter un soutien en matière de tâches administratives ou de saisie de données. Formations : le personnel médical doit avoir Un centre médical type dédié au traitement du pied bot accès à la formation, au perfectionnement et bénéficier d’un programme de mentorat Un centre médical dédié au traitement du pied bot continu, avec un certain soutien pour les est généralement nécessaire pour effectuer des questions techniques et de gestion. La traitements dans une zone desservie de 1 à 2 millions de personnes. Un seul centre médical, formation en administration, en ouvert un jour par semaine, traite entre 25 et établissement de rapports, recueil et analyse 50 nouveaux patients chaque année et propose des de données, ainsi qu’en termes de consultations de suivi aux enfants sous appareillage. responsabilité financière sont également des Un réseau typique de centres médicaux facettes importantes de tout programme dédiés au traitement du pied bot national. À plus long terme, des formations en fabrication d’appareils orthopédiques à Un réseau de centres médicaux dédiés au traitement faible coût, comme l’attelle de Steenbeek, du pied bot peut regrouper plus de 10 centres créent des emplois au niveau local et médicaux afin d’offrir un taux de couverture soutiennent une méthode de traitement national. Le nombre de centres médicaux durable. nécessaires est fixé en fonction de la densité de population, du taux de natalité et de la facilité d’accès aux centres médicaux. 14
Disponibilité des consommables (y compris les attelles) : Au fil des années, on s’attend à ce que la capacité d’approvisionnement en consommables suffisantes et la gestion des chaînes logistiques soient intégrées à la planification sanitaire nationale ; cela permettra de réaliser des économies d’échelle. Les attelles constituent un élément essentiel de la qualité des soins pour faire en sorte que la malformation du pied bot ne se reproduise pas après toute correction initiale. Il existe à présent plusieurs possibilités d’appareillage abordables utilisées par des membres de la GCI dans des PRFI (voir p. 20). Monitoring et évaluation : les membres de la GCI se sont entendus sur un ensemble de paramètres pour évaluer la qualité et la durabilité des centres médicaux, ainsi que des programmes nationaux de traitement du pied bot (annexe 3). Chaque centre médical doit être en mesure d’enregistrer et d’analyser des données de patients pour soutenir l’amélioration du service et les soins aux patients. Le programme national regroupe des données au niveau du centre médical aux fins d’évaluation des performances, d’assurance qualité et de soutien de l’amélioration continue de la qualité. Celles-ci comprennent des évaluations de qualité du traitement (comme les taux de ténotomie, le nombre de plâtres) ainsi que des indicateurs de programme (tels que % d’enfants inscrits de moins de 2 ans et % de décrochage pendant le traitement). En outre, des travaux sont à l’étude pour mettre en place une évaluation de l'état de santé déclarée directement par le patient (PROM) pour pied bot afin de mesurer l’impact du traitement sur la qualité de vie d’un enfant ; cette évaluation est susceptible de couvrir des domaines tels que le pourcentage d’enfants ayant atteint le pied plantigrade, la capacité à porter une chaussure normale, la satisfaction des parents et l’absence de douleur. La GCI a recueilli des données auprès de prestataires de traitement pour pied bot dans des PRFI depuis 2007. Au fil des années, le nombre et la qualité des données soumises se sont améliorés, mais le recueil de données reste un défi de taille. Les programmes nationaux de traitement du pied bot doivent soutenir la coordination de données sur les pieds bots et la conception de meilleurs outils pour le recueil et l’analyse de données. 15
Planification pour une pérennité Les programmes nationaux jouent un rôle clé pour garantir l'intégration du traitement du pied bot aux systèmes nationaux de santé, ainsi que la mise en place de structures pour assurer la pérennité des services à l’avenir (il s’agit d’un objectif fondamental de la Stratégie mondiale). Actuellement, les programmes nationaux consistent généralement en des partenariats public-privé entre le MdlS, des ONG locales et internationales et des partenaires de mise en œuvre, ainsi que des groupes de parents. La plupart des programmes ont été mis sur pied dans des hôpitaux publics, le gouvernement local ou le MdlS contribuant au temps de travail des professionnels de santé, aux espaces pour centres médicaux et parfois aux fournitures de traitement (couvrant souvent 50 % du coût des soins du pied bot). Le MdlS et les ONG locales et internationales collaborent souvent pour apporter un soutien aux volets du programme que le gouvernement n’a peut-être pas encore la capacité de fournir, entre autres le soutien pour appareils orthopédiques, la coordination, l’administration, la gestion de la qualité, la logistique, la formation des agents de santé, le renforcement de la sensibilisation et la prise en charge des patients et des familles. Le soutien approuvé dans le cadre de la Stratégie mondiale permet de consacrer du temps et des ressources au programme national du traitement du pied bot dans des structures nationales de soins de santé et de protection sociale. Au fur et à mesure de l’évolution d’un programme, des partenariats avec le MdlS seront capitaux pour la réussite d’une telle stratégie. On s’attend à ce que le MdlS assume le déploiement de base du programme de traitement du pied bot ; parallèlement à la hausse des capacités du gouvernement local au fil des années en raison du renforcement des systèmes nécessaires pour fournir chaque volet du traitement et du programme national de traitement du pied bot, les ONG sont supposées jouer un rôle moins important. 16
Un partenariat public-privé pour le traitement du pied bot : Inde Depuis sa création, l’objectif du programme de traitement du pied bot CURE International India Trust (CIIT) a consisté à offrir aux plus démunis un traitement de qualité selon la méthode de Ponseti. Ce programme fait essentiellement intervenir des établissements financés et gérés par l'état dans lesquels le grand public a librement accès aux soins. Le tableau ci-dessous illustre les fonctions et responsabilités publiques et privées à l’œuvre pour concrétiser l’ambition partagée avec l’Inde visant à éradiquer le handicap du pied bot. Cela illustre en quoi l'état et une ONG partagent les frais de réduction de la dépendance vis-à-vis du soutien extérieur et d’augmentation de la probabilité d’une parfaite intégration au système de santé publique : Gouvernement d’état CURE India Charger des médecins dédiés pour Désigner des responsables de chaque centre médical de la programmes et des fourniture d’un traitement de coordinateurs pour travailler qualité selon la méthode de Ponseti avec le gouvernement de l’état Assurer la disponibilité de concerné. matériel de traitement de qualité Distribuer à titre gracieux une (fournitures de pâtres et de attelle d’abduction à chaque ténotomie) enfant Mettre à disposition des espaces Établir et gérer des lignes pour centres médicaux aux fins de d’assistance (24 h/ 24, 7 j/7) traitement, de formation des dédiées à la malformation du pied parents, et de stockage d’appareils bot à l’échelle étatique orthopédiques / de dossiers Désigner des conseillers pour Intégrer l’identification et informer les parents, tenir des l’orientation médicale des cas dans dossiers médicaux et veiller à les initiatives actuelles des équipes l’adhésion et aux consultations de de dépistage et de sensibilisation de suivi. santé communautaire Tenir des dossiers médicaux pour chaque enfant 17
Le déploiement de ce modèle de partenariat a débouché sur la signature d’un protocole d’accord entre 28 des 29 gouvernements d’états et CURE International India Trust, et l’inscription de plus de 35 000 enfants à ce jour à un programme de traitement (17). Des informations plus détaillées sur notre méthode d’évaluation des progrès vers la pérennité figurent à l’annexe 3. Les indicateurs que nous avons choisis pour évaluer la durabilité sont ceux traduisant que la mise en place des structures garantit la pérennité du programme national à long terme. Stratégie de mise en œuvre Introduction Les organisations membres de la GCI ont défini ensemble une approche permettant de concevoir et de soutenir des programmes nationaux pour le traitement du pied bot dans les pays les plus démunis. Cela nécessitera la collaboration de multiples parties prenantes, dont des gouvernements, organisations de personnes handicapées, ONG locales et internationales, organismes professionnels et collectifs de parents. Nous estimons que ces activités nécessiteront un investissement de 159 M $ (soit une moyenne de 11 M $ par an sur 14 ans) de soutien en outre des contributions publiques actuelles, plus une hausse de 36 M $ en termes de dépenses publiques locales sur 14 ans. Pays cibles Plus de 90 % des enfants ayant un pied bot sont nés dans 105 pays à revenu intermédiaire, tranche supérieure, à revenu intermédiaire, tranche inférieure et à revenu faible, selon la définition de la Banque mondiale. Ces 105 « pays cibles » sont ceux dans lesquels le besoin est le plus grand et où le plus grand nombre d’enfants peut être atteint, dénombrant plus de 50 cas de pied bot par an. Pour obtenir de plus amples renseignements sur le processus de sélection et la liste des pays, voir l’annexe 4 18
Approche de mise en œuvre La Stratégie mondiale offrira deux approches différentes pour bâtir des programmes nationaux forts basés sur la classification des revenus de la Banque mondiale : Approche 1 dans des pays à revenu intermédiaire, tranche supérieure et approche 2 pour des pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure et à revenu faible (5). Pays à revenu intermédiaire, tranche Pays à revenu intermédiaire, tranche supérieure inférieure et à faible revenu (37 pays prioritaires, 26 % des cas) (68 pays prioritaires, 64 % des cas) But : travailler avec des gouvernements pour But : mettre en place des régions « pilotes » constituer nationales affichant des programmes des financements collaboratifs initiaux de efficaces de traitement du pied bot programmes nationaux Plan : concevoir des programmes traitant Plan : concevoir des programmes traitant 15 % des cas 70 % des cas annuels d’ici la 5e année annuels d’ici la 5e année Sortie : Au bout de 5 ans, le ministère de la Sortie : Au bout de 7 ans, le ministère de la Santé assume plus de 90 % Santé assume progressivement des coûts du programme et augmente le un certain nombre de coûts ; le soutien des taux de couverture à 70 % des cas annuels ONG s’estompera, sans pour autant disparaître complètement. Les pays présentant des niveaux de richesse supérieurs ont la capacité de soutenir leur propre programme de traitement du pied bot. La Stratégie mondiale propose d’élaborer et de soutenir un programme pilote pour prouver le concept sur 5 ans. La période de cinq ans sera l’occasion de former un groupe de professionnels à la méthode de Ponseti, de constituer une base factuelle pouvant servir à démontrer l’impact et à justifier tout changement de politique, et d’exhorter le ministère de la Santé à déclarer son adoption (voir le tableau ci-dessus). Les pays présentant des niveaux de richesse inférieurs nécessitent de plus longues périodes d’aide pour financer des programmes de traitement du pied bot. Dans ces pays, nous proposons de renforcer les capacités du territoire de sorte à atteindre 70 % des cas estimés au bout de 5 ans. Au fur et à mesure de l’intégration du programme dans le système de santé publique, le ministère de la Santé (ou, dans certains cas, les bénéficiaires, dès lors qu’il est abordable pour eux de payer les consommables de traitement) absorbera progressivement une plus grande partie des coûts au point qu’il sera possible de gérer à terme le programme à l’aide d’un soutien externe minimal (environ 3 M $ / année dans le monde). Dans des pays exploitant des systèmes de santé plus fragiles, un soutien externe 19
permanent au-delà de la durée de la Stratégie mondiale peut s’avérer nécessaire. (Ces deux approches ont été mises au point avec le concours d’experts de santé publique, de chirurgiens orthopédiques, d’économistes de la santé et d’épidémiologistes en vue d’estimer le coût total de résolution du problème mondial du pied bot non traité. Bien qu’elles apportent une solution utile pour comprendre la question à grande échelle, les parties prenantes locales devront élaborer un plan détaillé pour chaque pays afin de déterminer précisément le type de soutien externe nécessaire et les bailleurs de fonds, ainsi qu’un délai d’exécution réaliste pour l’élaboration d’un programme national complet). Chronologie Pour atteindre l’objectif d’un taux de couverture de traitement de 70 % dans les PRFI d’ici 2030, les capacités du programme doivent être décuplées jusqu’à ce qu’environ 109 000 enfants soient traités chaque année (5). Au cours des cinq premières années, l’accent sera mis sur la hausse du nombre de pays actifs (environ 10 par an), jusqu’à ce que tous les « pays cibles » soient atteints. Les neuf dernières années seront axées sur l’augmentation du taux de couverture dans l’ensemble des 105 pays. Ce plan augmente le taux de couverture mondiale jusqu’à ce que 90 % des enfants aient accès à un traitement approprié. Nombre de traitements prévus 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026 2027 2028 2029 2030 Pays à revenu faible et intermédiaire traités par PRIF traités par des acteurs privés des ONG / un état Pays à revenu élevé Non traités 20
Mise à l’échelle mondiale Transposer à l’échelle mondiale Afin d’atteindre efficacement et durablement un taux de couverture mondial, les 105 pays cibles seront priorisés en fonction des critères suivants : Nombre d’enfants avec pied bot n’ayant pas accès au traitement (avec priorité aux plus grands nombres) Niveau de revenu du pays (une priorité plus élevée étant accordée à revenu plus faible) Niveau d’engagement des parties prenantes régionales en matière de santé Présence d’un partenaire local solide Stabilité politique de ce pays Disponibilité de financements pour ce pays Ce processus sera évolutif et itératif pour s’assurer que les objectifs sont atteints et que des progrès sont évalués continuellement. La liste des pays cibles et les progrès vers la transposition à l’échelle mondiale seront révisés chaque année par la GCI. Le processus de déploiement au sein des pays variera en fonction des niveaux de couverture actuels et de l’existence ou non d’un programme national. Certains pays ne disposent actuellement d’aucun service de traitement du pied bot ou présentent de très faibles niveaux de couverture ou d’implication. D’autres pays ont bien défini le cadre d’un programme national, mais ont toujours des progrès à réaliser quant à la hausse du taux de couverture, de la qualité ou de la durabilité. La transposition à l’échelle mondiale comprend généralement les étapes suivantes dans chaque pays : Financement sécurisé Intérêt actif ou implication de parties prenantes nationales Un « partenaire de mise en œuvre » (généralement une ONG ayant une empreinte nationale ou régionale avec une expérience dans la prestation de services de santé, de rééducation ou aux handicapés) identifié et disponible Au besoin, une période d’« amorçage national » pour identifier des partenaires potentiels du programme et nouer des relations avec le gouvernement local, des partenaires locaux et un partenaire de mise en œuvre ; l’amorçage national peut inclure l’ouverture d’un centre de traitement Ponseti pilote de petite envergure relevant d’un établissement de soins majeur Planification et action conjointes des partenaires nationaux pour la mise en œuvre du programme national Le plaidoyer, la sensibilisation, ainsi l’amélioration de l’identification et de l'orientation médicale font croître la demande de services de traitement Ponseti À mesure que la demande augmente, on observer une hausse de la fourniture de services de traitement Ponseti coordonnés et mis en place par l’intermédiaire du coordonnateur national du 21
programme, y compris le développement de la fabrication d’attelles ou de chaînes logistiques fiables pour la fourniture externe d’attelles Garantie de durabilité et de qualité intégrée à la planification nationale d’emblée Renforcement du programme national « Ground up » : Bénin En 2012, un groupe de professionnels de santé à Cotonou, au Bénin, a contacté CURE Clubfoot pour solliciter une formation à la méthode de Ponseti. La formation a été dispensée au Togo, pays voisin, et un centre médical a été ouvert. Au fil des années, de petits financements ont été apportés par le biais du programme Togo Clubfoot aux fins de formation, de logistique, d’achats, de sensibilisation et de conseils aux parents. En 2017, le centre médical fonctionnait à l’évidence parfaitement bien et reposait sur des bases solides pour envisager une certaine expansion. Le physiothérapeute en chef du centre médical est devenu un expert du changement et a engagé des discussions avec le ministère de la Santé et d’autres partenaires potentiels, en défendant avec succès la méthode de Ponseti et un programme national en faisant la démonstration des bienfaits de ce premier centre médical. La transposition à plus grande échelle, de concert avec le ministère de la Santé et d’autres intervenants, est désormais en cours de mise en œuvre. Facteurs clés de réussite : • Développement organique piloté depuis le pays avec un soutien externe apporté en fonction du besoin identifié et du soutien demandé • En commençant par un seul centre médical pour instaurer la crédibilité et l’efficacité de la méthode de Ponseti ; tirer parti d’un centre d’excellence à utiliser en tant qu’exemple pour le MdlS et pour de futures formations ; évaluer les domaines spécifiques de besoin de soutien • Un expert du changement local pour plaider auprès du ministère de la Santé et d’autres institutions a contribué à : convaincre d’autres parties prenantes des avantages et des besoins ; fournir des exemples concrets locaux du handicap et du traitement correspondant, ainsi qu’à identifier les principales parties prenantes à impliquer dans la prochaine étape • Impliquer un pays voisin dans les premières étapes pour le soutien, la résolution des problèmes et le mentorat. En 2016, Mercy Ships apporté un soutien complémentaire par le mentorat du personnel de santé au centre médical, la sensibilisation et les initiatives visant à redorer le blason des activités du centre médical en matière de pied bot. 22
Vous pouvez aussi lire