Littérature française - Éric Fottorino Maylis de Kerangal Boualem Sansal

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Littérature française - Éric Fottorino Maylis de Kerangal Boualem Sansal
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                                  Littérature française
                                  Éric Fottorino
                                  Maylis de Kerangal
                                  Boualem Sansal

                                  Littérature étrangère
                                  Roberto Saviano
                                  Zadie Smith

La Pléiade
Jean d’Ormesson
Franz Kafka
Lais du Moyen Âge

Connaissance
Alexandre Jollien
Gilles Kepel

Quarto
Albert Cohen
Série Noire
Jo Nesbø

           524
  Bulletin n°
  août-septembre-octobre 2018
Littérature française - Éric Fottorino Maylis de Kerangal Boualem Sansal
Les grandes questions d’actualité
       et de société vues par les dessinateurs
             de presse du monde entier

            Préface de
Christiane Taubira
 Hors série grand format
      144 pages • 19,50 €
         Parution octobre
        En partenariat avec
       Amnesty International
                                         Gallimard
                                         Les droits d’auteur de ces livres sont reversés à Cartooning for Peace
                                                  pour soutenir les dessinateurs de presse menacés.

            Parutions septembre
     Petits formats • 116 pages • 10 €
                                                                                                           Couvertures provisoires

                    Le sexe à la Une
         Préface de Maryse Wolinski

     Les inégalités dans la balance
          Préface de Thomas Piketty
Littérature française - Éric Fottorino Maylis de Kerangal Boualem Sansal
Bulletin n° 524 août-septembre-octobre 2018
                                                                              Rendez-vous sur www.gallimard.fr

     LITTÉRATURE FRANÇAISE                                                        LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE
COLLECTION BLANCHE                                                       4   DU MONDE ENTIER                                            26
Meryem Alaoui, Anton Beraber, Christian Bobin,                                Kader Abdolah, Alonso Cueto, György Dragomán, Lisa Halliday,
Jean Clair, Laurence Cossé, Louise de Coligny-Châtillon,                      Stefan Hertmans, Bodo Kirchhoff, Eskhol Nevo,
Benoît Duteurtre, Éric Fottorino, Paul Greveillac,                            Roberto Saviano, Zadie Smith
Jean Hatzfeld, Emmelene Landon, Franck Maubert,
                                                                              ARCADES30
Michel Onfray, Mona Ozouf, Hervé Prudon, Dominique Rolin,
                                                                              Jorge Luis Borges
Andrea Salajova, Boualem Sansal
  ENTRETIENS                                                                  JOËLLE LOSFELD                                             31
                                                                              Roddy Doyle, Lisa McInerney
Éric Fottorino                                                           5
Boualem Sansal                                                           7
                                                                                  POLICIER
L’INFINI14                                                                   SÉRIE NOIRE                                                32
Mathieu David, Michaël Ferrier                                                Antoine Chainas, Mons Kallentoft & Markus Lutteman,
                                                                              Jo NesbØ
L’ARBALÈTE15
Michèle Audin, Carole Fives
L’ARPENTEUR16
                                                                                  CONNAISSANCE
Clémentine Haenel                                                             BIBLIOTHÈQUE ILLUSTRÉE DES HISTOIRES                       34
                                                                              Thomas Gaehtgens
CONTINENTS NOIRS                                                        16
Aminata Aidara                                                                HORS SÉRIE CONNAISSANCE                                    34
                                                                              Jérémie Gallon, Alexandre Jollien, Gilles Kepel, Manon Pignot
SYGNE (NOUVELLE COLLECTION)17
                                                                              et Yann Potin, Amos Oz, Emmanuel Pierrat
Fabrice Caro, Marion Muller-Colard
                                                                                ENTRETIEN
VERTICALES18
François Begaudeau, Maylis de Kerangal,
                                                                              Gilles Kepel                                                39
Gabrielle Wittkop                                                             LA SUITE DES TEMPS                                         35
                                                                              François Dosse
JOËLLE LOSFELD                                                          20
Denis Soula                                                                   NRF BIOGRAPHIES                                            36
LE SENTIMENT GÉOGRAPHIQUE                                               20   Molière par Georges Forestier
Marianne Rötig                                                                L’ESPRIT DE LA CITÉ                                        36
                                                                              Marcel Gauchet
HAUTE ENFANCE                                                           20
Gilles Paris                                                                  NRF ESSAIS                                                40
                                                                              Thomas W. Laqueur, Dominique Schnapper
QUARTO21
Albert Cohen                                                                  TEL40
                                                                              René Descartes
L’IMAGINAIRE22
Hector Bianciotti, René Depestre, Arthur Rimbaud,                             LE DÉBAT                                                   41
Nathalie Sarraute                                                             Nathalie Heinich, Luuk van Middelaar
HORS SÉRIE LITTÉRATURE                                                  23   CONNAISSANCE DE L’INCONSCIENT                              42
Nathacha Appanah, DOA                                                         Jean-Claude Lavie, Patrick Merot
                                                                              ART ET ARTISTES                                            42
     LA PLÉIADE                                                              Philippe Duboÿ
Jean d’Ormesson, Kafka, Lais du Moyen Âge                               24
                                                                                  REVUES
                                                                              LA NRF / Le débat / Les Temps Modernes                     43

                                                                                 FOLIO
                                                                              Folio / Poésie Gallimard                                   44

Photos des auteurs pages 5, 7 et 39 : Francesca Mantovani © Gallimard.
Littérature française - Éric Fottorino Maylis de Kerangal Boualem Sansal
LITTÉRATURE FRANÇAISE
     r   r
re i e

                   Meryem Alaoui
         o ma
  m

    p    n

                   La vérité sort de la bouche du cheval
                         Dès que mon mari est parti, je lui ai dit que je resterai à Casablanca
                   pour faire des ménages. Pas que j’étais une vulgaire bonne, non. Mouy

                                                                                                                                              photo D. R.
                   n’aurait jamais avalé que sa fille nettoie la crasse des gens en se faisant
                   traiter comme une esclave. Pour Mouy, je fais du nettoyage propre. Pas
                   de serpillère, pas de balai. J’ai une machine, je m’assois dessus et c’est            Meryem Alaoui est née et a grandi
                   comme ça que le nettoyage se fait. Un travail de société, quoi. J’ai vu               à Casablanca. Elle vit aujourd’hui
                                                                                                         à New York. La vérité sort de la
                   ça dans un film. Et je lui ai dit qu’à côté — pour dépanner — je fais du              bouche du cheval est son premier
                   commerce de contrebande, avec des produits qu’on me ramène du Nord                    roman.
                   et que je revends ici. C’est ce que j’ai dit. Et c’est passé.
                                                                                      ”
                   Jmiaa, prostituée de Casablanca, vit seule avec sa fille. Femme au fort caractère
                   et à l’esprit vif, elle n’a pas la langue dans sa poche pour décrire son amoureux
                   Chaiba, brute épaisse et sans parole, ou Halima, sa comparse dépressive qui lit
                   le Coran entre deux clients, ou encore Mouy, sa mère à la moralité implacable
                   qui semble tout ignorer de l’activité de sa fille... Sa vie bascule quand elle ren-
                   contre Chadlia, dite « Bouche-de-Cheval », qui veut réaliser son premier film sur
                   la vie d’un quartier populaire de Casa et cherche des actrices. Très vite, Chadlia
                   est séduite par la personnalité détonante de Jmiaa. Mais celle-ci n’est pas facile
                   à manier : bien qu’elle soit totalement inexpérimentée, rien ne l’impressionne
                   et elle a un avis sur tout...
                   Jmiaa nous offre une peinture haute en couleur de la vie quotidienne dans un
                   Maroc populaire où chacun fait face aux difficultés à force de vitalité et de
                   débrouillardise.
                   PARUTION AOÛT • PREMIER ROMAN • 9782072777929 • 272 PAGES • 21 €

     r   r
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         o ma

                   Anton Beraber
  m

    p    n

                   La Grande Idée

                                                                                                                                              photo F. Mantovani © Gallimard
                         L’éclairage électrique prenait le pas sur le jour, commençait de
                   creuser les visages. Gagné par l’idée que quelque chose allait se dire,
                   quelque chose d’inédit, d’inespéré, qui soixante ans plus tard explique-
                   rait tout, j’ai rallumé le magnétophone, appelé l’homme. J’ai demandé
                   si lui, il regrettait d’avoir admiré Kaloyannis.                                      Anton Beraber est né en 1987.
                   Lentement, comme s’il émergeait d’un rêve, il s’est retourné.                         Il vit au Caire. La Grande Idée
                                                                                                         est son premier roman.
                   Il a levé les yeux vers moi.
                   Il pleurait.
                   Il partit en suivant le rivage, les chaussures à la main, et je restai là, sous
                   le monument aux morts, la bande enregistrant le cauchemar silencieux
                   des soldats de bronze et ce vieux fond de mer vivante qui gangrène
                   toujours, dans ce pays, les enregistrements.
                                                                         ”
                   Son nom parcourt le livre comme une incantation, et pourtant Saul Kaloyannis
                   reste une énigme. Qui était-il, cet homme aux yeux emplis de ténèbres : un
                   idéaliste, un traître, ou le dernier des héros ?
                   Dans les années 70, un étudiant part à la recherche de ce survivant d’une guerre
                   perdue un demi-siècle auparavant. Les témoins qu’il retrouve, tous des laissés-
                   pour-compte de l’Histoire, se succèdent pour retracer le destin de Kaloyan-
                   nis, son voyage sans retour des confins de l’Orient à la baie de New York. En
                   ces temps où les régimes répriment l’extraordinaire, la légende galopante du
                   contestataire embrase déserts, îles des Cyclades, forêts de sauges géantes, villes
                   sous les vagues...
                   Ce roman d’aventures déployant un imaginaire infini est porté par une écriture
                   magnifique, ample, visionnaire, qui dans son fleuve obstiné allie le trivial et le
                   précieux, le réalisme et la poésie.
                   PARUTION AOÛT • PREMIER ROMAN • 9782072791901 • 576 PAGES • 22 €

         4
ENTRETIEN

Éric Fottorino
Dix-sept ans

                             Tout se passait dans son regard.       Il ne va pas trouver, ou il ne veut pas ?
                       Le regard de Lina. J’en connaissais          Il a peur de découvrir une réalité douloureuse ou
                       les nuances, les reflets, les défaites.      décevante. Il faudra qu’un témoin comme Betty Legrand
                       Je lisais son trouble à sa façon de          croise sa route pour comprendre que sa mère l’a vraiment
                       plisser les paupières. Une ombre             aimé, comme toute jeune maman qui a un enfant.
                       passait dans ses yeux, une ombre
                       dure qui fanait son visage. Elle était       Ce personnage et quelques autres vont donner au
                       là mais elle était loin. Je ne compre-       narrateur des clés inattendues…
                       nais pas ces sautes d’humeur, ces            Tous sont des instruments du destin qui vont lui ouvrir
                       sautes d’amour. La petite fille était        les yeux, perturber sa conscience, l’interpeller sur ses ori-
                       invisible à mes yeux. Elle crevait           gines juives. Il réalise qu’il a été privé d’un père, et aussi
                       les tiens. Chaque jour j’étais là, et        d’une religion, tout au moins d’une culture.
   chaque jour confirmait son absence. J’étais ton garçon,
                                                        ”
   je n’étais que ça, mais j’avais pris toute la place.             Le symbole du boomerang traverse le livre…
                                                                    L’important dans ce boomerang, c’est celui qui le lance,
                                                                    que le narrateur va découvrir presque aussi proche qu’un
   S’agit-il d’un récit autobiographique ou d’un roman ?            frère. Ce boomerang, aussi, correspond à mon idée du
   C’est une fiction, et j’y tiens. Depuis trente ans que j’écris   temps : non pas une flèche, mais un élément circulaire.
   des livres qui résonnent avec ma propre vie, j’ai toujours       On est amené à revivre certaines événements, et à mieux
   eu à cœur de mettre à distance les matériaux vrais. Je n’ai      les comprendre en les revivant.
   pas connu ma mère quand elle avait dix-sept ans, donc,
   d’une certaine manière, j’ai tout inventé. Mais c’est peut-      Le deuxième voyage à Nice, en compagnie de sa mère,
   être encore plus vrai que le vrai.                               semble presque onirique…
                                                                    Justement, c’est un voyage dans le temps, où passent
   Le roman débute par la révélation d’un secret                    des paysages, des souvenirs, à travers les regards qu’ils
   de famille. Cette pièce manquante vient-elle                     portent l’un sur l’autre. Elle souffre d’une affection
   parachever le puzzle ou tout remettre en question ?              visuelle qui lui fait voir tout en double. Ce dédoublement
   Lorsque ce secret a surgi, le roman était terminé depuis         fait qu’elle a simultanément le sentiment d’être avec son
   plus d’un an. Soudain, cette révélation d’un chaînon             fils et de vivre ce qu’elle aurait aimé vivre avec Moshé, le
   manquant éclairait tout ce que je sentais d’impalpable, de       père naturel caché de ce fils.
   mystérieux, parfois d’inquiétant dans ma relation avec
   ma mère. Effectivement, cela m’a obligé à reconstruire le        Est-ce un livre de réconciliation qui met un terme à
   roman en reconsidérant la réalité.                               trente ans de questionnement ?
                                                                    Je suis devenu écrivain parce que je ne savais pas qui
   Le narrateur va mener l’enquête à Nice, à la fois sa             j’étais. Avec certains de mes livres, j’ai cru avoir comblé ce
   ville natale et une ville inconnue…                              gouffre du vertige identitaire. Mais ma mère n’apparais-
   Lui qui a grandi et vécu dans l’ombre, l’ombre des secrets       sait jamais de face. Là, j’ai voulu qu’elle soit l’héroïne, une
   et les ombres de Bordeaux, découvre cette ville dont il ne       héroïne solaire. Je pense aussi à Kundera, qui dit en subs-
   sait rien comme une ville de lumière. Mais cette jeune           tance qu’un roman n’a pas réponse à tout, mais question
   femme qui a été si peu sa mère n’y a laissé aucune trace.        à tout. L’écriture de Dix-sept ans a provoqué une foule de
   Il se perd dans cette ville parce qu’il sent qu’il ne va pas     questions. Donneront-elles naissance à des livres ? Je ne
   trouver ce qu’il cherche.                                        sais pas, mais elles sont là, à attendre leurs réponses.

   Du même auteur en Folio
                                                                    Journaliste et romancier, Éric Fottorino est né en 1960. Il a notamment publié
                                                                    Korsakov, L’homme qui m’aimait tout bas, Questions à mon père, Chevrotine,
                                                                    Trois jours avec Norman Jail.

                                                                    PARUTION SEPTEMBRE • ROMAN • 9782070141128 • 272 PAGES • 20,50 €
                                                                    DERNIÈRE PARUTION : TROIS JOURS AVEC NORMAN JAIL • FOLIO N°6389
                                                                    • 224 PAGES • 6,60 €
   9782070458189   9782070459360   9782070465729    9782072720147

                                                                                                                                                     5
LITTÉRATURE FRANÇAISE

          Laurence Cossé
          Nuit sur la neige

                                                                                                                                              photo F. Mantovani © Gallimard
               Nous montions entre les sapins, des flocons plein les yeux, dans le
          froid, l’humidité, le silence. Pour la première fois de ma vie, je compre-
          nais ce que veut dire mettre un pied devant l’autre en n’ayant que cela
          en tête. Sans le bruit du torrent, je ne suis pas sûr que j’aurais distingué
          les gorges.                                                                                 Laurence Cossé est l’auteure
          J’avais les cils couverts de givre lorsque le grand gars dit Nous voilà, et                 de romans, dont Le coin du voile,
                                                                                                      La femme du premier ministre, Au Bon
          je vis confusément apparaître, de part et d’autre du chemin, un toit bas
                                                                                                      Roman, de nouvelles, de pièces pour
          recouvert de neige, un autre, un abreuvoir, une grange, enfin ce qui sem-                   le théâtre et la radio. Elle a obtenu
          blait un vieux village. Cela sentait l’étable à plein nez.
                                                                                ”                     en 2015 le Grand Prix de Littérature
                                                                                                      de l’Académie française pour
                                                                                                      l’ensemble de son œuvre.
          Septembre 1935. Robin sort de l’adolescence. Il est né après la mort de son
          père, comme de nombreux enfants de sa génération, venus au monde pendant
          la Grande Guerre. La vie politique est alors particulièrement violente, mais, à
          dix-huit ans, qui n’accorde pas plus d’importance à ses tourments intimes qu’à
          l’actualité collective ? En la personne d’un de ses camarades de classe prépara-
          toire, Robin découvre que l’amitié est un des noms de l’amour, autrement dit de
          l’inquiétude. Conrad est la séduction même et l’énigme incarnée.
          En avril 1936, alors que la tension politique est à son comble, tous les deux vont
          skier dans un vieux et pauvre village de Haute Tarentaise du nom de Val-d’Isère,
          dont quelques visionnaires imaginent qu’il pourrait devenir une grande station
          de ski alpin. Les six jours qu’ils y passent marqueront Robin à vie : son existence
          entière va être éblouie par une jeune fille.
          PARUTION AOÛT •ROMAN • 9782072801273 • 144 PAGES • 13,50 €
          DERNIÈRE PARUTION : LA GRANDE ARCHE • FOLIO N° 6343 • PRIX DU LIVRE D’ARCHITECTURE 2016 •
          PRIX FRANÇOIS-MAURIAC 2016 • 400 PAGES • 7,80 €

          Jean Hatzfeld
          Deux mètres dix

                                                                                                                                              photo F. Mantovani © Gallimard
               Quand elles longèrent une des rives du lac Issyk Kul, la lumière
          accentua le jaune de la bande de sable qui sertit les eaux bleues.
          À une bifurcation, Tatyana hésita, tourna en direction de Balakchy et
          s’arrêta devant un ancien potager bouffé par les mauvaises herbes
          accolé à un entrepôt. Elle observa le bâtiment à l’abandon : verrières                      Jean Hatzfeld est l’auteur de
          brisées, carcasses de voitures squattées par des poules.                                    romans et récits récompensés
                                                                                                      par plusieurs prix littéraires dont
            — Voilà notre centre d’entraînement.[…] On l’appelait l’Institut péda-                    le Médicis en 2007.
          gogique du sport. C’est là qu’on a travaillé votre Fosbury, en cachette,
          comme des comploteuses anarchistes. À l’époque soviétique, tout ce qui
          venait d’Amérique devait rester clandestin.
            — Mon Dieu, si Fosbury apprenait que des filles communistes
          s’échinaient à l’imiter dans un hangar…
                                                             ”
          Histoire de quatre sportifs de très haut niveau, entre les jeux Olympiques de 1980
          et aujourd’hui : deux champions haltérophiles, un Américain et un Kirghize ;
          deux sauteuses en hauteur exceptionnelles, une Américaine et une Kirghize.
          Leurs rivalités sont mêlées d’admiration et d’incompréhension réciproques.
          Des années plus tard, une profonde amitié naîtra entre les deux femmes.
          Jean Hatzfeld ne se contente pas de raconter l’univers sportif et ses rapports
          avec l’époque (guerre froide, répression politique et vie quotidienne dans le
          bloc soviétique...). Il porte une attention très aiguë aux gestes des champions
          jusqu’à les rendre poétiques et captivants, montrant les corps délivrés de la
          pesanteur, les peignant dans la puissance héroïque de leur musculature, telles
          des créatures fabuleuses.
          Quatre destins qui se croisent, quatre portraits inoubliables.
          PARUTION AOÛT • ROMAN • 9782072799914 • 208 PAGES • 18,50 €
          DERNIÈRE PARUTION : UN PAPA DE SANG • FOLIO N° 6352 • 304 PAGES • 7,80 €

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ENTRETIEN

Boualem Sansal
Le train d’Erlingen
ou La métamorphose de Dieu

                              Le lecteur jugera en fonction           près, les déconstruire et chercher dans les interstices des
                        de ce qu’il voit autour de lui. Au            explications plus vraies. La raison n’a pas disparu, il faut
                        bout, il tirera de ce récit l’une ou          bien la chercher.
                        l’autre morale : la première est que
                        le monde est un, il s’y déroule la            En écrivant « Nulle odeur n’est plus mortifère que celle
                        même éternelle histoire, la quête             de l’argent et de l’encens réunis », qui visez-vous ?
                        du bonheur qui jette les gens sur             Je vise davantage des milieux que des pays. Je pointe ces
                        les routes de la vie où les attend            oligarchies sectaires détentrices d’un pouvoir absolu
                        plus souvent le malheur que la féli-          obtenu par la manipulation de l’argent et de la religion.
                        cité ; l’autre leçon est que l’Histoire       Elles sont en Amérique et dans le Golfe mais pas seule-
                        ne sait rien de l’avenir et qu’il peut        ment, la sainte alliance gagne du terrain.
                        arriver n’importe quoi, les mêmes
   ingrédients ne font pas forcément la même soupe, un                Vous évoquez un mystérieux « Livre des trois
   train peut en cacher un autre et il n’est pas prouvé, loin         imposteurs : Moïse, Jésus, Mahomet ». Peut-on
   de là, que Dieu est le meilleur secours.
                                               ”                      voir là une condamnation des monothéismes, qui
                                                                      seraient par essence vecteurs de fanatisme ?
   Le train d’Erlingen ou La métamorphose de Dieu, pour-              Les religions sont des épines dans la conscience de
   quoi ce double titre ?                                             l’homme. Leur bilan historique n’est guère reluisant.
   Le choix d’un titre est difficile. J’étais parti sur le titre La   Il est temps de changer d’angle de vue, et de se mon-
   métamorphose de Dieu. C’était grandiloquent, ça me gênait.         trer très méfiants à leur égard, elles sont terriblement
   Puis j’ai opté pour Le train d’Erlingen. Trop prosaïque, ça        malignes. L’homme doit accomplir son destin et non
   me gênait aussi. Ensemble, ça marchait bien. Le fait que           celui des dieux.
   ça renvoie à l’Allemagne par le nom Erlingen et à la Shoah
   par le train, posait quelque part la question de Dieu et de        Vous convoquez au fil des pages de nombreux écri-
   sa responsabilité. Ça résume bien le livre.                        vains, mais vous placez Thoreau au-dessus de tous.
                                                                      Pensez-vous qu’il nous indique une voie pour sortir
   Vous définissez le roman comme une « chronique                     de l’impasse ?
   sur les temps qui courent ». Qu’entendez-vous par                  Thoreau est un champion de l’écologie de la vie. Notre
   cette formule ?                                                    temps dramatiquement perclus d’addictions a un besoin
   Rien de nouveau sous le soleil. Nous vivons les mêmes              urgent de ce genre de héros. Je milite pour qu’on le redé-
   événements qui ont conduit aux grandes migrations du               couvre. Michel Onfray lui a consacré un livre et Philippe
   passé, à la montée des fascismes, aux guerres mondiales,           Djian un site, c’est bien.
   aux folies religieuses, aux grandes défaites morales. Le
   roman en fait la recension.                                        Peut-on lire le roman comme un avertissement
                                                                      sévère à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre,
   Vous renvoyez dos à dos les fanatiques et les « mau-               acceptent la soumission ?
   viettes » de la « mondialisation matérialiste heu-                 Il faut avertir les gens avant qu’ils tombent dans la sou-
   reuse ». Est-ce aussi simple ?                                     mission. Après, c’est trop tard. Le roman appelle de même
   Mon idée n’est pas d’ignorer les choses parce que je ne            à combattre les vendeurs de soumission et les idiots
   les comprends pas. Je veux au contraire y regarder de              utiles qui les encouragent par leurs sourires obséquieux.

   Du même auteur en Folio
                                                                      Né en 1949, Boualem Sansal vit à Boumerdès, près d’Alger. Il a récemment
                                                                      publié aux Éditions Gallimard Rue Darwin (2011), Gouverner au nom d’Allah
                                                                      (2013), 2084. La fin du monde, Grand Prix du Roman de l’Académie française
                                                                      (2015). En 2013, Boualem Sansal a reçu le Grand Prix de la Francophonie de
                                                                      l’Académie française.

                                                                      PARUTION AOÛT • ROMAN • 9782072798399 • 256 PAGES • 20 €
                                                                      DERNIÈRE PARUTION : 2084 LA FIN DU MONDE • GRAND PRIX DU ROMAN
                                                                      DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE 2015 • FOLIO N° 6281 • 336 PAGES • 7,80 €
   9782072697005   9782070450503    9782070396993    9782072713989

                                                                                                                                                   7
LITTÉRATURE FRANÇAISE

          Paul Greveillac
          Maîtres et esclaves

                                                                                                                                      phot F. Mantovani © Gallimard
               À quatre pattes, Kewei tournait sur lui-même comme un serpent
          qui se mord la queue. On avait disposé, à portée de sa main aux ongles
          noirs, de menus objets, qu’il saisissait sans y prêter attention, qu’on
          l’encourageait ou le dissuadait à grands cris de conserver. Car de l’objet
          qu’il choisirait découlerait sa vocation. Son avenir. Le bonheur ou bien             Paul Greveillac est né en 1981.
          l’opprobre. Et Xi Yan avait interdit à son mari tout ustensile se rappor-            Après un premier roman
                                                                                               sur la censure littéraire et
          tant, de près ou de loin, à la peinture. […]                                         cinématographique dans l’URSS
          Mais Kewei, au grand dam de tous, ne choisit finalement aucun des                    post-stalinienne (Prix Roger-
          objets qui lui étaient proposés. Il remarqua, non loin, un court morceau             Nimier), puis le récit-portrait
          de bois. Et de ce stylet improvisé, il commença à tracer des traits, à gri-          d’un compositeur soviétique en

                                                            ”
                                                                                               délicatesse avec le régime (Prix
          bouiller des formes dans la terre battue…                                            Pelléas-Radio Classique), il retrace
                                                                                               ici le destin vibrant d’un artiste
          Kewei naît en 1950 dans une famille de paysans au pied de l’Himalaya, dans           chinois.
          la vaste campagne chinoise. Au marché de Ya’an, sur les sentes ombragées du
          Sichuan, aux champs et même à l’école, Kewei, en dépit des suppliques de sa
          mère, dessine du matin au soir. La collectivisation des terres bat son plein et la
          famine décime bientôt le village.
          Repéré par un garde rouge, Kewei échappe au travail agricole et à la rééduca-
          tion permanente. Sa vie bascule. Il part étudier aux Beaux-Arts de Pékin, lais-
          sant derrière lui sa mère, sa toute jeune épouse, leur fils et un village dont les
          traditions ancestrales sont en train de disparaître sous les coups de boutoir de
          la Révolution.
          Dans la grande ville, Kewei côtoie les maîtres de la nouvelle Chine, obtient la
          carte du Parti. Devenu peintre du régime, son ascension ne connaît plus de
          limite. Mais l’Histoire va bientôt le rattraper.
          PARUTION AOÛT • ROMAN • 9782072797248 • 464 PAGES • 22 €
          DERNIÈRE PARUTION : CADENCE SECRÈTE • 176 PAGES • 16,50 €

          Louise de Coligny-Châtillon
          dite Lou
          Lettres à Guillaume Apollinaire
          On connaissait une dizaine de lettres de Lou à Guillaume Apollinaire. Grâce          Louise de Coligny-Châtillon
          à une découverte récente dans les archives du poète, c’est désormais près de         (1881-1963) a été l’une des
                                                                                               premières aviatrices françaises.
          cinquante nouvelles lettres qui sont accessibles.                                    Objet de l’amour fou de Guillaume
          Lou, amante volage d’Apollinaire, assume sans culpabilité libertinage et liberté     Apollinaire de fin septembre 1914
          d’expression mais ne reste pourtant pas indifférente aux silences de Guillaume.      à mi-février 1915, elle lui inspira
          Le poète apparaît alors moins comme le jouet d’une maîtresse frivole que             les Poèmes à Lou. Les dernières
                                                                                               lettres connues datent de janvier
          comme celui qui a choisi de vivre discrètement une nouvelle aventure avec            1916.
          Madeleine Pagès, sa fiancée d’Oran.
          Aussi, l’image de Lou comme celle du poète d’« Ombre de mon amour » se
          voient enrichies et sensiblement modifiées par ces lettres, qui appellent une
          relecture des Lettres à Lou dont blancs et silences sont enfin comblés.
          PARUTION OCTOBRE • CORRESPONDANCE • 9782072818738 • SOUS PRESSE

8
Christian Bobin
                                                          La nuit du cœur
photo C. Hélie © Gallimard

                                                               J’ai perdu ma vie et c’est une profonde satisfaction. Si vous vivez,
                                                          vous perdez. Il n’y a pas moyen de faire autrement. J’ai adoré un visage
                                                          de terre cuite que la mort a brisé. J’ai lu des livres sortis des presses du
                                                          paradis. Les livres sont comme la vie : ils s’éloignent après nous avoir
                    Poète, romancier et essayiste,        parlé. De leur passage demeure une couleur, la déclaration de guerre
                    Christian Bobin est né en 1951.       d’un rire, l’intelligence d’un silence, un détail. Ce détail se referme sur
                                                                                    ”
                    Il vit dans un village de Saône-et-
                    Loire et se consacre à l’écriture.
                                                          le tout et le protège.
                    Le Très-Bas, prix des Deux-Magots
                    1992, lui vaudra un large succès.     Tout commence à Conques dans cet hôtel donnant sur l’abbatiale du xie siècle
                    Aujourd’hui l’auteur d’une œuvre      où l’auteur passe une nuit. Il la regarde comme personne et voit ce que, aveu-
                    importante, il a publié récemment
                    Les ruines du ciel, Un assassin
                                                          glés par le souci de nous-mêmes et du temps, nous ne voyons pas. Tout ce
                    blanc comme neige, La grande vie,     que ses yeux touchent devient humain – vitraux bien sûr, mais aussi pavés,
                    Noireclaire.                          nuages, verre de vin. C’est la totalité de la vie qui est embrassée à partir d’un
                                                          seul point de rayonnement. De retour dans sa forêt près du Creusot, le poète
                                                          recense dans sa solitude toutes les merveilles « rapportées » : des rêves, des
                                                          visions, mais aussi le désir d’un grand et beau livre comme une lettre d’amour,
                                                          La nuit du cœur.
                                                          C’est ainsi, fragment après fragment, que s’écrit au présent, sous les yeux du
                                                          lecteur, cette lettre dévorée par la beauté de la création comme une fugue de
                                                          Jean-Sébastien Bach.
                                                          PARUTION OCTOBRE • 9782072742187 • SOUS PRESSE
                                                          DERNIÈRE PARUTION : NOIRECLAIRE • FOLIO N° 6498 • 144 PAGES • 6 €

                                                          Jean Clair
                                                          de l’Académie française
                                                          Terre natale
photo C. Hélie © Gallimard

                                                          Contes du crépuscule

                                                          Ces « Carnets du crépuscule » succèdent à La part de l’ange (2016), Les der-
                                                          niers jours (2013), Dialogue avec les morts (2011) dans la « Blanche », et aussi à
                    Historien d’art, Jean Clair a été     Lait noir de l’aube (2007) et Journal atrabilaire (2006) parus dans la collection
                                                                                                                                                    Couverture provisoire
                    conservateur du musée Picasso         « L’un et l’autre ».
                    à Paris jusqu’en 2005 et membre
                    de l’Académie française depuis
                                                          Jean Clair continue ainsi son œuvre de diariste en se penchant d’abord sur lui-
                    2008. Il est l’auteur de très         même. « J’habite un corps qui m’est si étranger que je ne sais plus comment en
                    nombreuses études et essais sur       sortir — ni comment y rentrer. »
                    l’art contemporain en général et      Il évoque à nouveau son enfance en Mayenne, ses parents dont il dresse des
                    Picasso en particulier.
                                                          portraits émouvants, presque déchirants, la campagne des années quarante
                                                          et cinquante qui a disparu comme les haies qui la scandaient, revenant ainsi à
                                                          des thèmes dont ses lecteurs sont familiers.
                                                          Souvenirs et réflexions s’égrènent le long de séquences aux titres mystérieux
                                                          et évocateurs comme « L’intrus », « La vitre », « Les papillons », « Le suaire »,
                                                          « La Terre », « Personne »… dans des pages souvent éblouissantes, sur le corps
                                                          vieilli, les absences, les insomnies, l’Italie, le souvenir des femmes aimées.
                                                          Jean Clair a un don étonnant pour faire ressentir le tactile, la peau, les pay-
                                                          sages, et aussi les réactions et émerveillements de l’enfant qu’il fut et que nous,
                                                          lecteurs, fûmes.
                                                          PARUTION OCTOBRE • 9782072818882 • SOUS PRESSE
                                                          DERNIÈRE PARUTION : LA PART DE L’ANGE • COLLECTION BLANCHE • 416 PAGES • 26 €

                                                                                                                                                9
LITTÉRATURE FRANÇAISE

          Benoît Duteurtre
          En marche !

                                                                                                                                                photo F. Mantovani © Gallimard
               À 28 ans, Thomas faisait partie du bataillon de nouveaux élus déci-
          dés à transformer le pays. Porté par l’ardeur des missionnaires, il désirait
          se rendre dans les usines et dans les quartiers populaires pour expli-
          quer les nécessaires évolutions. […] Rien ne le faisait souffrir comme
          ces regards hostiles d’irréductibles adversaires qui dédaignaient ses                        Journaliste, producteur de radio et
          élans parce qu’il était jeune et puissant, tandis qu’eux-mêmes étaient                       écrivain, Benoît Duteurtre est né
                                                                                                       à Sainte-Adresse en 1960. Il vit et
          pauvres et anonymes. […] Quant à cette « mondialisation » qui effrayait                      travaille à Paris. Il a récemment
          tout le monde, ne permettait-elle pas à chacun d’acheter un complet                          publié Le voyage en France,
          Zara, d’avoir son téléphone, son ordinateur et de voyager en avion ? Il y                    Service clientèle, La petite fille et
          avait mille raisons de se révolter, mais pas au point d’oublier les progrès                  la cigarette, Les pieds dans l’eau,
                                                                                                       L’été 76, L’ordinateur du paradis et
          accomplis. L’important était de se prendre par la main et de travailler                      Livre pour adultes.
          « tous ensemble ».
                                 ”
          Thomas, jeune député curieux et constructif, entreprend un voyage d’études
          en Rugénie. Réformé sous la houlette de l’économiste Stepan Gloss, ce pays
          est devenu la vitrine du meilleur des mondes possibles entre services privati-
          sés, cités sans voitures et championnats de la Diversité. Une valise à roulettes
          en guise de bâton de pèlerin, Thomas s’enchante puis s’étonne devant les
          contradictions de ce décor idéal : où la pollution des villes est rejetée dans
          les banlieues ; où la campagne n’est plus qu’un décor vendu à la découpe ;
          où les vieux Rugènes et leurs habitudes s’opposent aux hipsters épris de tri
          sélectif… Un clin d’œil à Voltaire et à Orwell inspire cette fable de plus en plus
          grinçante : quand la déréglementation de l’économie va de pair avec l’hyper-
          réglementation des libertés individuelles, et quand la guerre s’invite dans le jeu
          de la communication.
          Après La petite fille et la cigarette et L’ordinateur du paradis, Benoît Duteurtre
          réussit le pari de nous faire rire de notre époque.
          PARUTION OCTOBRE • 9782072705076 • 224 PAGES • 18,50 €
          DERNIÈRE PARUTION : LIVRE POUR ADULTES • FOLIO N° 6466 • 272 PAGES • 7,25 €

          Emmelene Landon
          Marie-Galante
                                                                                                                                                photo F. Mantovani © Gallimard
          Marie-Galante, c’est l’histoire de deux personnes sur une île, de deux voyages,
          et d’une année qui s’écoule entre les deux. C’est un livre d’amour écrit au présent,
          dans le présent vif et aigu d’un échange continuel.
          Le premier voyage à Marie-Galante a lieu en 2016. Paul et Emmie aiment les îles,
          leur géographie, leur solitude, et poursuivre là pour l’un, la lecture et l’écoute, pour     Née en Australie en 1963,
          l’autre, la peinture et l’écrit. Ils décident de revenir l’année suivante, exactement au     ancienne élève de L’École des
                                                                                                       Beaux-Arts de Paris, Emmelene
          même endroit. Dans une continuation. Dans le bonheur du dernier amour.                       Landon vit et travaille à Paris
          L’année entre ces deux voyages est retranscrite à travers leurs dialogues. Les               depuis 1981. Écrivain, peintre,
          joies, les contrariétés, les activités, leur plaisir à se retrouver, se réveiller le matin   traductrice et vidéaste, elle a
          ensemble, à parler de cinéma, de peinture, d’édition, de musique, dans un flux               réalisé des films et publié six livres
                                                                                                       parmi lesquels Le Tour du monde
          ininterrompu de pensées et de désir.                                                         en porte-conteneurs, La Tache
          Avec le deuxième voyage, nous retrouvons le premier. Et si Marie-Galante était               aveugle et La baie de la Rencontre.
          une Utopie, une sorte de Youkali, comme dans l’opéra Marie-Galante de Kurt                   Emmelene Landon est écrivain
          Weill ? Mais il n’y a pas de Youkali.                                                        de Marine.
          Le livre s’arrête au seuil.
          PARUTION OCTOBRE • RÉCIT • 9782072821028 • 96 PAGES • 10,50 €
          DERNIÈRE PARUTION : LA BAIE DE LA RENCONTRE • COLLECTION BLANCHE • 224 PAGES • 18 €

10
Franck Maubert
                                                                  L’eau qui passe
photo F. Mantovani © Gallimard

                                                                       Certains jours de chaleur, à la vue des herbes brûlées sous le soleil,
                                                                  ou dans les arbres dépouillés du cœur de l’hiver, dans les eaux scel-
                                                                  lées, je sens monter en moi quelque chose de déchirant, un sentiment
                                                                  de solitude. Alors, il peut m’arriver de parler aux poissons privés de
                           Franck Maubert, né en 1955,            parole. Je ne quitterai donc pas cette enfance, cette grande maison de
                           vit à Paris et en Touraine. Il est     l’enfance. Comme autrefois, je pourrais danser sous le cerisier. Juste
                           l’auteur de romans et d’essais sur
                           l’art, dont Le Dernier modèle, prix
                                                                  précipiter le temps. Attendre. Attendre comme j’attendais Irmina ren-
                           Renaudot essai 2012, traduits en       trer du Paraclet. Attendre comme j’attendrai longtemps un père qui
                           plusieurs langues.                     n’est jamais venu. Attendre comme j’attendais la visite de ma mère.
                                                                  PARUTION OCTOBRE • RÉCIT • 9782072786563 • 144 PAGES • 13 €
                                                                                                                                                    ”

                                                                  Michel Onfray
photo Jean-Luc Bertini © Flammarion

                                                                  La pensée qui prend feu
                                                                  Artaud le Tarahumara

                                                                  Comme il l’avait fait précédemment avec Gauguin et Segalen aux Marquises,
                                                                  Michel Onfray a suivi les traces d’Artaud au pays des Tarahumaras. En 1936, Artaud
                                                                  cherche au Mexique un remède à l’inéluctable décadence de l’Occident et de
                           Né en 1959, Michel Onfray est          l’Orient civilisés, en même temps qu’à ses propres tourments. Pourquoi cet esprit
                           docteur en philosophie. Après          libre et souffrant s’intéresse-t-il au Popol-Vuh à une époque où seul Le Capital et
                           avoir enseigné vingt ans dans un
                           lycée technique, il démissionne
                                                                  Freud captivent l’intelligentsia ? Artaud, qui rêve de trouver dans les rites préco-
                           de l’Éducation nationale en 2002       lombiens un moyen de rédemption, rentrera chez lui les mains vides et le cœur
                           pour créer l’université populaire de   brûlé au spectacle d’une civilisation anéantie par la chrétienté et la modernité.
                           Caen. Il est l’auteur de plus d’une    Quatre-vingts ans plus tard, Michel Onfray découvre à son tour ce qui reste des
                           centaine d’ouvrages traduits dans
                           une trentaine de pays.
                                                                  Tarahumaras et de leurs rites : un peuple acculturé, détruit par la tuberculose et
                                                                  l’électricité, vidé de sa mémoire, promis à la disparition — comme tant d’autres
                                                                  peuples « premiers » décimés par les conquêtes coloniales et religieuses.
                                                                  On retrouve ici la méthode de pensée de Michel Onfray, et sa ligne directrice :
                                                                  marcher sur les pas des grands réfractaires, dans les lieux de leurs visions fonda-
                                                                  mentales et prolonger leur réflexion sur la décadence et la mort des civilisations.
                                                                  PARUTION OCTOBRE • 9782072821073 • SOUS PRESSE

                                                                  La stricte observance
                                                                  Avec Rancé à la Trappe

                                                                  L’abbé de Rancé a vécu un deuil marquant : celui de sa maîtresse, la duchesse
                                                                  de Montbazon, grande libertine morte à l’âge de quarante-cinq ans. Bien des
                                                                  légendes courent autour de cet épisode, rapportées par Chateaubriand et par
                                                                  les chroniqueurs de la Trappe. Ce qui est certain, c’est que l’abbé a rompu bru-
                                                                  talement avec ses pratiques hédonistes, s’est dépouillé de tous ses biens et
                                                                  a refondé l’ordre des Trappistes sur une règle d’une dureté inouïe.
                                                                  Michel Onfray, séjournant à l’abbaye de la Trappe, interroge l’étrange relation
                                                                  à la mort et à Dieu qui motive, encore aujourd’hui, le retrait du monde et l’ex-
                                                                  trême sévérité de la discipline que s’imposent les moines trappistes.
                                                                  Ce texte, d’une vitalité impressionnante, amène également Michel Onfray à
                                                                  évoquer ses propres deuils, celui de son père et celui de sa compagne, compa-
                                                                  rant les effets de la perte sur sa vie d’athée convaincu et sur celle d’un croyant
                                                                  forcené comme Rancé.
                                                                  PARUTION OCTOBRE • 9782072821127 • SOUS PRESSE
                                                                  DERNIÈRES PARUTIONS : NAGER AVEC LES PIRANHAS. CARNET GUYANAIS •
                                                                  COLLECTION BLANCHE • 96 PAGES • 12 €
                                                                  LE DÉSIR ULTRAMARIN. LES MARQUISES APRÈS LES MARQUISES • COLLECTION BLANCHE
                                                                  • 128 PAGES • 13 €

                                                                                                                                                         11
LITTÉRATURE FRANÇAISE

          Mona Ozouf
          L’autre George

                                                                                                                                       photo C. Hélie © Gallimard
          À la rencontre de George Eliot

          « Ce livre raconte une rencontre, annoncée, tout au long de la vie, par divers
          signes énigmatiques. Le plus explicite m’est venu de mon professeur de
          troisième, Renée Guilloux. À ses élèves adolescentes elle recommandait
          chaleureusement la fréquentation d’une romancière anglaise, George Eliot,             Agrégée de philosophie, directrice
          et de ses héroïnes.                                                                   de recherches au CNRS, Mona
                                                                                                Ozouf a consacré une bonne
          J’ai mis longtemps à transformer ce conseil en livre. Celui-ci n’est pas une bio-     part de ses recherches à l’école
          graphie. Mais une promenade dans la forêt des romans, en compagnie d’une              publique en France et à la
          femme supérieurement intelligente, assez brave aussi pour affronter, dans             Révolution française. Elle s’est
          la société victorienne, l’ostracisme social que lui vaut sa liberté de mœurs          intéressée aussi à la littérature,
                                                                                                notamment dans ses rapports
          et d’esprit. En gardant, présente à la mémoire, celle qui avait emprunté des          avec l’histoire. Mona Ozouf a
          chemins parallèles : une George encore, Sand, à laquelle Eliot vouait une             reçu le prix de la BNF 2014 pour
          affection passionnée.                                                                 l’ensemble de son œuvre.
          Ce voyage buissonnier m’a réservé la surprise de retrouver les questions qui
          font toujours le vif de nos débats du jour : que dit la morale dans un monde
          déserté par l’intervention divine ? Comment, entre appartenances et liberté,
          se construit une identité ? Et peut-on, quand on est une femme, à la fois
          revendiquer l’égalité et chérir la dissemblance ?
          Ce sont de grandes interrogations. La merveille est qu’en cheminant avec
          l’autre George, elles n’ont plus rien d’intimidant. Elles portent des noms, elles
          ont des visages. Elles font entendre des voix, et celles-ci, toutes discordantes
          qu’elles puissent être, aident à mieux déchiffrer la vie. »
                                                                                     M. O

          PARUTION OCTOBRE • 9782072802027 • SOUS PRESSE
          DERNIÈRE PARUTION : DE RÉVOLUTION EN RÉPUBLIQUE . LES CHEMINS DE LA FRANCE •
          QUARTO • 1376 PAGES • 33 €.

          Hervé Prudon
          Devant la mort
          Hervé Prudon est mort en 2017 d’un cancer annoncé. Les deux derniers mois             Écrivain, journaliste et scénariste.
          de sa vie, il les a consacrés à écrire des poèmes qui témoignent avec lucidité de     Hervé Prudon (1950-2017)
                                                                                                est l’auteur d’une vingtaine
          son dernier combat : revendication de la solitude, détachement, conscience de         de romans, notamment des
          la mort qui vient, souci de celle qui reste seule. Ils dessinent au-delà de la mort   romans policiers. Il a reçu le prix
          la personnalité d’un homme radical, porteur d’une douleur existentielle qu’il         Louis Guilloux 1995 pour Nadine
          cherchait à conjurer.                                                                 Mouque (Série Noire).
          Écrits dans l’urgence, ces textes brefs et nerveux acquièrent un supplément de
          vigueur, de force et d’acuité. En dépit des circonstances, des traits d’humour
          viennent tempérer la sèche gravitée du propos, loin de tout cynisme, de tout
          pathos. Ce court testament est à la fois une leçon de stoïcisme et un morceau
          de tendresse humaine à vif.
          PARUTION OCTOBRE • POÉSIE • 9782072819841 • SOUS PRESSE
          DERNIÈRE PARUTION : LA LANGUE CHIENNE • SÉRIE NOIRE • 352 PAGES • 16,75 €

12
Dominique Rolin
                                                            Lettres à Philippe Sollers
photo J. Sassier © Gallimard

                                                            1958-1980
                                                                 Je pense à toi avec un émerveillement qui fait comme un point
                                                            brillant à chaque minute. Nous avons réussi un coup double éton-
                                                            nant : amour-écriture. En réalité, nous nous aimécrivons, ou bien nous
                      Dominique Rolin (1913-2012)
                      est l’auteure de près de quarante     nous écrivaimons. Le renversement peut se faire en toute occasion. Ta
                      ouvrages, principalement des          main-moi, ma main-toi, ton stylo sur mon feuillet-corps, mon stylo sur
                      romans parus aux Éditions Denoël      ton cahier-corps. Interchangeabilité prodigieuse, rieuse, fantastique
                      et aux Éditions Gallimard. Elle a     de tous nos envers et nos endroits mélangés. Chance unique. Aucun
                                                                                                 ”
                      reçu le prix Femina en 1952 pour
                      Le Souffle. Elle a été juré du prix   exemple comparable au nôtre.
                      Femina et du prix Roger-Nimier et                                    Dominique Rolin, lettre du 13 juillet 1976
                      membre de l’Académie royale de
                      langue et de littérature françaises   Quand ils se rencontrent le 28 octobre 1958, elle a quarante-cinq ans, lui,
                      de Belgique, où elle a succédé à
                      Marguerite Yourcenar.                 vingt-deux. Il est l’auteur d’un récit et d’un roman célébrés par Mauriac et
                                                            Aragon, elle a publié en 1942 son premier roman salué par Cocteau et Max
                                                            Jacob. L’attirance est immédiate et réciproque. Tout va très vite. Cette
                                                            différence d’âge, impensable, semble-t-il à l’époque, scelle entre les amants un
                                                            pacte de clandestinité. Ils ne se montreront jamais ensemble ; personne ne se
                                                            doutera de la nature et de la force de leur relation.
                                                            Dans ce deuxième volume, l’envers du premier qui présente les lettres
                                                            de Philippe Sollers, nous donnons près du quart des 892 lettres écrites par
                                                            Dominique Rolin à Philippe Sollers entre 1958 et 1980. C’est le caractère roma-
                                                            nesque de cette passion hors du commun qui a guidé notre choix. Nous avons
                                                            tout simplement voulu raconter une grande histoire d’amour épistolaire.
                                                            PARUTION OCTOBRE • CORRESPONDANCE • 9782072795428 • SOUS PRESSE
                                                            DERNIÈRES PARUTIONS : PLAISIRS • FOLIO N° 4008 • 288 PAGES • 8,30 €
                                                            PHILIPPE SOLLERS, LETTRES À DOMINIQUE ROLIN • BLANCHE • 400 PAGES • 21 €

                                                            Andrea Salajova
                                                            En montant plus haut
                      Née en 1974, Andrea Salajova          Ce roman nous transporte en 1955 dans la Tchécoslovaquie communiste.
                      vit et travaille à Paris. Passée de   Jolanna, une résistante slovaque dont le régime se méfie, se voit confier la déli-
                      l’écriture cinématographique à la
                      littérature, son premier roman,
                                                            cate mission de mettre au pas un village de montagne rétif à la collectivisation
                      Eastern, est paru en 2015 aux         des terres. On lui adjoint un de ses vieux amis dans la résistance au nazisme, un
                      Éditions Gallimard.                   Tzigane aussi suspect qu’elle aux yeux du régime communiste. Réussiront-ils à
                                                            convaincre le village ou, dans le cas contraire, à sortir vivants du piège tendu par
                                                            les commissaires politiques lancés à leur trousse ?
                                                            Axée autour du personnage central de Jolanna, femme de caractère, intègre et
                                                            indomptable, pour laquelle le lecteur ne peut que prendre fait et cause, l’his-
                                                            toire est passionnante, le portrait de femme saisissant et le climat politique de
                                                            cette période remarquablement rendu.
                                                            PARUTION OCTOBRE • ROMAN • 9782072801839 • SOUS PRESSE
                                                            DERNIÈRE PARUTION : EASTERN • COLLECTION BLANCHE • 240 PAGES • 17,90 €

                                                                                                                                                   13
LITTÉRATURE FRANÇAISE

L’INFINI

           Michaël Ferrier
           François, portrait d’un absent

                                                                                                                                             photo F. Mantovani © Gallimard
               Ça arrive comme une vague.
           Cette nuit-là, j’ai compris ce qu’était une voix blanche. La voix de
           Jérôme était blanche.
           Maintenant, les souvenirs affluent. Ça arrive comme une vague.
                                                                                                        Michaël Ferrier vit à Tokyo où
           La voix est blanche et la chambre est noire. La maison est endormie                          il enseigne la littérature. Il est
                                                                                                        l’auteur de plusieurs essais
           dans le froid de décembre. L’hiver de Tokyo est toujours sec et froid : il                   et romans, dont Tokyo : Petits
           ne te protègera pas. Le téléphone sonne. La mort surgit souvent ainsi,                       portraits de l’aube, Sympathie pour
           en pleine nuit. C’est un hurlement, ou un appel. L’écran lumineux m’in-                      le fantôme, Fukushima : Récit d’un
           dique que c’est Jérôme et que l’appel vient de Paris, mais la voix au bout                   désastre et Mémoires d’outre-mer,
                                                                                                        parus dans la collection « L’Infini ».
           du fil semble n’appartenir à personne et n’être reliée à rien. Elle est
           étrange, cette voix, elle n’est pas tout à fait calme, elle garde son calme,
           ce qui n’est pas la même chose. Elle est aux prises avec quelque chose
           d’immense et de profond — quelque chose comme une lame de fond.
                                                                                                  ”
           Une voix blanche, surgie au milieu de la nuit, annonce à Michaël Ferrier la mort
           de son ami François et de sa fille Bahia. Dans la dévastation, la parole reprend
           et les souvenirs reviennent : comment deux solitudes, jeunes, se rencontrent,
           s’écoutent et se répondent ; les années d’études, d’internat ; la passion du
           cinéma, de la radio : la mémoire se déploie et compose peu à peu une chronique
           de l’amitié, un tombeau à l’ami perdu.
           Entre France et Japon, Michaël Ferrier redonne vie aux fantômes, aux absents,
           aux disparus. Il confère aux choses et aux êtres une sombre beauté, celle de la
           passion de l’amitié.
           PARUTION AOÛT • L’INFINI • 9782072801426 • 256 PAGES • 20 €
           DERNIÈRE PARUTION : MÉMOIRES D’OUTRE-MER • L’INFINI • PRIX FRANZ-HESSEL • 352 PAGES • 21 €

           Mathieu David
           Barcelone brûle
                “ D’après toi, pourquoi Barcelone est une ville libertaire ? ” me
           demande Edgar. Cette ville a une énergie folle, dis-je, un feu anime ses

                                                                                                                                             photo D.R.
           rues baignées de soleil. Elle a l’expérience des rébellions. Les femmes
           sont à l’aise, le regard fier. Le climat est favorable. La jeunesse s’y
           réjouit… Barcelone, grande enchanteresse !                                                   Mathieu David est né au Québec.
           Port ouvert sur la Méditerranée, elle a brûlé plusieurs fois au cours de                     Il a atterri à Paris en 2002. Après

                                                      ”
                                                                                                        quelques semaines passées
           ses 2 000 ans, elle brûlera encore…                                                          à la Sorbonne, il fait le pari de
                                                                                                        l’aventure. Il vit actuellement
           Ces chroniques sont l’œuvre d’un voyageur qui habita à Barcelone au début                    à Florence en Italie. Barcelone brûle
           du xxie siècle. Un jeu de chapitres où des expériences vécues alternent avec des             est son premier livre.
           tableaux de la ville ardente. On y trouvera un relevé condensé de l’histoire de
           la cité, un portrait de Picasso adolescent crayon en main, une vision d’avant-
           guerre de Georges Bataille, des réflexions sur la révolution de Simone Weil,
           le déploiement anarchiste en 1936 et ses suites pratiques, leurs homonymes
           d’aujourd’hui dans le feu de la répression, le coup d’œil d’Orwell, une église
           moderniste, ainsi qu’une promenade avec Jean Genet dans les bas-fonds disparus
           du Barrio Chino. En contrepoint, je raconte ma découverte de Barcelone en 2003,
           au soleil d’une ruelle pavée d’Africaines alors que je débutais un long voyage ;
           puis mon retour plus durable en 2007, plongé dans une ville en fête. S’y joignent
           des lectures, quelques amis et des filles florissant mon style de vie barcelonais.
                                                                                              M. D.
           PARUTION OCTOBRE • CHRONIQUES • 13 ILLUSTRATIONS • 9782072786938 • SOUS PRESSE

 14
L’ARBALÈTE

                                                             Carole Fives
                                                             Tenir jusqu’à l’aube
photo F. Mantovani © Gallimard

                                                                  Puis ç’avait été la colère, pourquoi le père de l’enfant ne restituait-il
                                                             pas les clés d’un logement dont il ne payait plus le loyer depuis des
                                                             mois ? Se croyait-il encore chez lui ? Pensait-il qu’on pouvait entrer et
                                                             surtout sortir d’ici comme dans un moulin ? Que rien ne pouvait chan-
                       Carole Fives est l’auteure            ger en son absence, qu’ils n’avaient pas une vie eux aussi ? […]
                       de plusieurs romans et d’un recueil   Il fallait régler cette histoire de clés, car après tout, les clés apparte-
                       de nouvelles. Tenir jusqu’à l’aube
                       est son quatrième roman.
                                                             naient à ceux qui les utilisaient, comme les enfants appartenaient à
                                                             ceux qui s’en occupaient, et depuis tout ce temps, elle pouvait elle aussi
                                                             décider quelque chose. […]
                                                             Elle avait encore ce pouvoir-là, celui de choisir que sa clé à lui désormais
                                                             n’ouvrirait plus aucune porte.
                                                                                                   ”
                                                             Une jeune mère célibataire s’occupe de son fils de deux ans. Sans crèche, sans
                                                             famille à proximité, sans budget pour une baby-sitter, ils vivent une relation
                                                             fusionnelle. Pour échapper à l’étouffement, la mère s’autorise à fuguer certaines
                                                             nuits. À quelques mètres de l’appartement d’abord, puis toujours un peu plus
                                                             loin, toujours un peu plus tard, à la poursuite d’un semblant de légèreté.
                                                             Comme la chèvre de Monsieur Seguin, elle tire sur la corde, mais pour combien
                                                             de temps encore ?
                                                             PARUTION AOÛT • ROMAN • L’ARBALÈTE GALLIMARD •9782072797392 •192 PAGES • 17 €
                                                             DERNIÈRE PARUTION : UNE FEMME AU TÉLÉPHONE •FOLIO N° 6450 •112 PAGES • 6 €

                                                             Michèle Audin
                                                             Oublier Clémence
photo F. Mantovani © Gallimard

                                                             « Clémence Janet est née le 2 septembre 1879 à Tournus (Saône et Loire).
                                                             Sa mère était couturière et son père tailleur de pierres. Elle était ouvrière en
                                                             soie. Elle s’est mariée le 27 février 1897 à Lyon (5e arrondissement) et a donné
                                                             naissance à deux enfants, Antoine (29 août 1897 – 14 septembre 1897) et Louis
                       Michèle Audin est                     (13 février 1900 – 23 juin 1977). Elle est morte à Lyon (2e arrondissement) le
                       mathématicienne et écrivain.          15 janvier 1901. »
                       Elle a publié dans la collection
                       « l’Arbalète » Une vie brève (2013)
                       Cent vingt et un jours (2014),        Ces cinq phrases sont les traces laissées dans l’état civil par une ouvrière morte
                       Mademoiselle Haas (2016),             à l’âge de vingt et un ans au début du vingtième siècle.
                       Comme une rivière bleue (2017).       Michèle Audin s’arrête sur chacun des mots de ce court texte et tente de lui
                                                             faire dire ce qu’il peut lui apprendre du temps, du travail, des lieux, des amis,
                                                             de la vie de cette femme, ignorée, oubliée comme des millions d’invisibles de
                                                             son espèce.
                                                             À chaque mot, elle consacre une page, souvent très courte. Les renseigne-
                                                             ments infimes qu’elle a recueillis permettront-ils de ne pas oublier Clémence ?
                                                             PARUTION OCTOBRE • RÉCIT • 9782072821172 • 72 PAGES • 10 €
                                                             DERNIÈRES PARUTIONS : COMME UNE RIVIÈRE BLEUE • L’ARBALÈTE/GALLIMARD • 400 PAGES • 23,50 €
                                                             UNE VIE BRÈVE • FOLIO N° 6048 • 192 PAGES • 7,25 €

                                                                                                                                                          15
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