Liu Bolin Hiding in the City - DDOOSSSSIIEERR DDEE PPRREESSSSEE - Ville de Bayonne
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Direction de la communication, du dialogue citoyen et de l’attractivité territoriale 05 59 46 60 40 communication@bayonne.fr Le 18 juin 2018 DOSSIER DE PRESSE Liu Bolin Hiding in the City Au DIDAM, du 29 juin au 16 septembre 2018 Temps fort de l’été à BAYONNE LA CHINE À l’HONNEUR Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
La Ville de Bayonne et la Galerie Paris-Beijing présentent la programmation estivale de deux lieux incontournables cet été à Bayonne : Liu Bolin au DIDAM, du 29 juin au 16 septembre 2018, pour une exposition inédite dans la région, et un cycle cinéma chinois à l’Atalante. Liu Bolin Liu Bolin se rend invisible pour se faire remarquer. Il crée des œuvres mêlant photographie, body art, art optique et sculpture vivante. Cet homme-caméléon pose pendant des heures devant un mur, un paysage ou un monument pour arriver à se fondre dans le décor avec l’aide de ses peintres-assistants sans aucun trucage numérique. À la fin du processus de camouflage, il fige la performance grâce à la photographie. Ses photographies sont ludiques mais dotées d’une forte charge symbolique, interrogeant la politique et la censure, la tradition et la culture chinoise, la société de consommation et l’environnement, la liberté de la presse… Caché devant un drapeau, il nous montre comment l’individu se perd dans une identité collective. Noyé dans le rayon d’un supermarché devant des canettes de boissons importées, il dénonce et nous questionne sur les dérives de notre époque. À travers la présentation d’un patrimoine culturel propre à l’artiste (patrimoine architectural devant la Muraille de Chine, mémoire collective d’une famille devant les lanternes rouges traditionnelles, création ancestrale des motifs de céramique chinoise), c’est un universalisme contemporain que Liu Bolin met en question. Dans une sélection d’une trentaine de photographies abordant les thèmes qui lui sont chers, il interroge du regard le visiteur : comment censurons-nous ou défendons-nous ce patrimoine séculaire ? Sommes-nous en train de basculer avec violence dans une société de surconsommation entraînant des dérives multiples, culturelles comme environnementales ? Dans la démultiplication des débats et des prises de position par réseaux sociaux interposés, la parole du citoyen comme celle de l’artiste peut-elle encore être libre ? Dans une démarche issue du Pop-Art et de l’Expressionisme, s’inscrivant à la suite d’une peinture occidentale figurative -Liu Bolin est un fervent admirateur de Picasso, Modigliani, Warhol ou encore Bacon-, la photographie de Liu Bolin porte à son apogée l’art du camouflage, rendant l’artiste extrêmement présent dans son invisibilité. Par là-même, elle incite le spectateur à porter son attention sur des problématiques contemporaines et mondiales dont le photographe souhaite que nous gardions une vive conscience. Proposant plus d’une centaine d’expositions par an dans le monde entier, Liu Bolin a connu en quelques années une ascension extraordinaire dans le milieu de l’art contemporain mondial. Représenté par la Galerie Paris-Beijing en France, il a proposé une exposition remarquée à la Maison Européenne de la Photographie en 2017 et réalisé une performance photographique en partenariat avec la Surfrider Foundation et le réseau scolaire local l’an dernier à Biarritz. Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
Liu Bolin / Hiding in the City – Marine Litter 01 - Surfrider (Courtesy Galerie Paris-Beijing) Ouverte au public pendant deux mois et demi, cette exposition proposera un programme de médiation tous publics élaboré par l’équipe du DIDAM en partenariat avec l’École Supérieure d’Art Pays Basque, le Cinéma l’Atalante, Surfrider Foundation et l’association L’Enfance de l’Art. La Galerie Paris-Beijing assurera plusieurs visites commentées pendant la durée de l’exposition. Une médiation en direction des scolaires sera également assurée avant les congés d’été et sur la période de rentrée. L’exposition s’achèvera le 16 septembre sur le week-end des Journées européennes du Patrimoine permettant ainsi une ouverture en nocturne ainsi que l’organisation d’une soirée spécifique en collaboration avec le cinéma l’Atalante avant la clôture. DIDAM, espace d’art contemporain 6, quai de Lesseps - Bayonne 05 59 42 98 96 / didam@bayonne.fr Ouvert au public du mardi au dimanche de 13h à 19h (jours fériés inclus), entrée libre. Fermeture exceptionnelle du jeudi 26 au lundi 30 juillet, pendant les Fêtes de Bayonne. Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
SOMMAIRE 1. LE PROJET 2. AUTOUR DE L’EXPOSITION 3. POUR EN SAVOIR PLUS 4. L’ART CONTEMPORAIN CHINOIS 5. OUVRAGES, FILMS ET DOCUMENTAIRES 6. LIU BOLIN, BIOGRAPHIE Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
« L’humanité est engagée dans un processus de développement que l’on qualifie de progrès. Or finalement, tous les problèmes actuels de la société sont la conséquence de cette évolution. Il y a là un lien de cause à effet et une contradiction dont il me semble nécessaire de prendre conscience : plus on se développe, plus il y a un impact sur notre développement et plus, en réalité, celui-ci se dégrade. Les symptômes ne sont pas circonscrits à la Chine, ils sont communs au monde entier. » LIU BOLIN 1. LE PROJET Nombreux sont ceux dont la principale préoccupation est de se rendre plus visibles pour se faire remarquer, dans le monde des hommes comme celui des animaux ou des plantes. Les plus beaux exemples naturels donnent vie à des couleurs étonnantes, des chants inattendus, des postures et gestuelles sensibles ou effrayantes. L’homme évolue quant à lui dans une société du paraître, « liké » ou critiqué sur les réseaux sociaux, dans une connexion médiatique toujours plus développée, noyant parfois l’individu pour le réduire à un produit de son époque. Revient alors en contrepoint l’adage bien connu, « pour vivre heureux, vivons cachés ». Par lassitude d’un monde trop visible, dans une volonté de repli sur soi ou par stratégie sociale pour arriver à quelques fins, les techniques de dissimulation sont pléthore dans la nature comme dans la vie sociale. N’étant pas caméléon, l’homme peut alors porter des masques aux multiples visages, tenir des discours changeants ou prendre des positions réversibles. Quel que soit l’objectif, le camouflage fait partie du mode de fonctionnement de l’être humain depuis la nuit des temps : dans les milieux de courtisans, sur les terrains de guerre, dans les costumes portés sur les scènes de théâtre ou celles de la vie. Au paroxysme de cette démarche, le rêve d’invisibilité poursuivi par les scientifiques et souvent imaginé dans les créations artistiques, au cinéma notamment où les vaisseaux spatiaux de Star Trek traversent en un clin d’œil l’immensité spatiale et où le jeune Harry Potter débusque ses ennemis caché sous une cape d’invisibilité. Sculpteur, performeur et photographe, l’artiste Liu Bolin, surnommé « l’homme invisible », a décidé quant à lui de se fondre dans son environnement : « Certains diront que je disparais dans le paysage ; je dirais pour ma part que c’est l’environnement qui s’empare de moi ». Liu Bolin naît en 1973 à Binzhou, dans la province du Shandong, à l’est de la Chine. Il étudie à l’Académie des Beaux-Arts du Shandong avant d’obtenir son diplôme à Pékin en 2001. Il vit et travaille à Pékin. Le 16 novembre 2005, le BIAC (Beijing International Art Camp - Suo Jia Cun), village d'artistes dans lequel il vit, est détruit dans le cadre de la préparation de Pékin aux Jeux Olympiques. Indigné par cette expropriation, Liu Bolin prend sa première photographie, autoportrait immobile et recouvert de peinture, se confondant avec les décombres de son atelier. Commence alors un important travail de protestation silencieuse qui donnera lieu à sa première série Hiding in the City (Se cacher dans la Ville). Depuis, il crée des œuvres mêlant photographie, body art, art optique et sculpture vivante. Cet homme-caméléon pose pendant des heures devant un mur, un paysage ou un monument pour arriver à se fondre dans le décor avec l’aide de ses peintres-assistants sans aucun trucage numérique. À la fin du processus de camouflage, il fige la performance grâce à la photographie. Liu Bolin a connu en près de dix ans une ascension extraordinaire dans le milieu de l’art contemporain et plus d’une centaine d’expositions lui sont actuellement consacrées chaque année dans le monde entier. Représenté par la Galerie Paris-Beijing en France, il a ainsi fait l’objet d’une exposition remarquée à la Maison Européenne de la Photographie en 2017 et réalisé une performance photographique en partenariat avec Surfrider Foundation Europe et le réseau scolaire local l’an dernier à Biarritz. La force de sa renommée et de son réseau Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
artistique permet d’attendre de l’exposition proposée au DIDAM une fréquentation exceptionnelle sur la période estivale. La Ville de Bayonne l’accueille pour une exposition inédite dans la région présentant une trentaine d’images grand format interrogeant la tradition et la culture chinoise, la politique et la censure, la société de consommation et la liberté de la presse. Rappelant les démarches du Pop Art et de l’Expressionisme et se revendiquant d’une peinture occidentale figurative - Liu Bolin est un fervent admirateur de Picasso, Modigliani, Warhol ou encore Bacon-, la photographie de Liu Bolin porte à son apogée l’art du camouflage, rendant l’artiste extrêmement présent dans son invisibilité. Par là-même, elle incite le spectateur à porter son attention sur des problématiques contemporaines et mondiales dont le photographe souhaite que nous gardions une vive conscience. galerieparisbeijing.com/fr/artiste/liu-bolin/ Flore DEGOUL, responsable de la galerie PARIS-BEIJING : flore@galerieparisbeijing.com Liu Bolin, Hiding in the City, Forest - Courtesy Liu Bolin/Galerie Paris-Beijing Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
Liu Bolin, Hiding in the City, Balloons - Courtesy Liu Bolin/Galerie Paris-Beijing LiuBolin, Hiding in the City, Dragon Serie - 9 photographies - Courtesy Liu Bolin/Galerie Paris-Beijing Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
2. AUTOUR DE L’EXPOSITION DIDAM, espace d’art contemporain Ville de Bayonne 6, quai de Lesseps / 64 100 Bayonne Entrée libre et gratuite Renseignements : 05 59 42 98 96 - didam@bayonne.fr SAMEDI 30 JUIN DIDAM & ATALANTE 11h : inauguration de l’exposition en présence de Flore Degoul, responsable de la Galerie Paris-Beijing. Vente d’ouvrages par la librairie Elkar. 18h30: projection du film « Ai Wei Wei : Never Sorry » d’Alyson Klayman (USA, 2012 – 1h31). Ai Weiwei, artiste dissident de l’ère numérique, inspire l’opinion publique internationale et brouille les frontières entre art et politique. Ce film est le portrait d’un artiste engagé qui affronte sans relâche l’Etat chinois et nous rappelle de manière essentielle notre besoin de liberté individuelle, politique et artistique. Renseignements et retrait des billets : Cinéma l’Atalante, 7 rue Denis Etcheverry. 05 59 55 76 63 / atalante-cinema.org JUILLET, AOÛT, SEPTEMBRE CINÉMA L’ATALANTE Cycle cinéma chinois proposé pendant tout l’été dans le cadre de l’exposition : du 20/06 au 03/07 : Have a nice day, de Liu Jian du 27/06 au 03/07 : Les anges portent du blanc, de Vivian Qu du 27/06 au 10/07 : Les Petits Canards en papier, 3 courts métrages d’animation des Studios Shanghai réalisés par Yu Zheguang (à partir de 3 ans) du 8/08 au 21/08 : Une pluie sans fin, de Dong Yue Jeudi 30/08 à 20h30 : Bitter Flowers, de Oliviers Meys, projection unique en présence du réalisateur. Renseignements : Cinéma l’Atalante, 7 rue Denis-Etcheverry - 05 59 55 76 63 / atalante-cinema.org Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
LUNDIS 9 ET 16 JUILLET DIDAM 14h30-17h - Caméléons ! Expérimentez la pratique de Liu Bolin à l’occasion d’ateliers camouflage et prises de vue devant les œuvres du photographe. Animation proposée par l’association L’Enfance de l’Art, en partenariat avec Surfrider Foundation Europe. À partir de 10 ans, enfants accompagnés. De 14h30 à 17h, ouvert à tous, venez en famille ! Inscription obligatoire au 05 59 01 95 86 (16 places par atelier). DU MARDI 10 AU VENDREDI 13 JUILLET DIDAM 9h30-12h Ne faire plus qu’un avec le paysage – Atelier de l’École Supérieure d’Art Pays Basque. Intervenante Anne-Laure Garicoix. Dessin, peinture et photocollage. Cet atelier a pour but de questionner le rapport que l'on entretient au paysage et comment celui-ci influe sur nos états d'âmes. Objectifs : S'approprier les enjeux de l'exposition de Liu Bolin S'emparer du paysage Expériences de la couleur et du graphisme Varier les échelles Utilisation du photomontage Contenu : Le premier temps de cet atelier sera un temps de regard posé sur l'exposition (commentaires, analyses, ressentis, projections) pour s'approprier un langage faisant lien avec les notions de camouflage, de disparition, de révélation ou encore d'absorption du paysage. Suite à cela nous irons choisir des lieux autour du DIDAM pour se photographier, ces photographies serviront ensuite de supports pour développer des travaux. Le deuxième temps consistera à utiliser toutes les notions interprétées pendant la visite de l'exposition et d'imaginer avec cette banque de mots des propositions graphiques et picturales. Nous travaillerons à l'aide d'images supports directement ou indirectement en lien avec les photographies de Liu Bolin. Nous utiliserons la forme ludique en mélangeant la photo avec des gestes picturaux et graphiques, nous questionnerons aussi le motif comme ornement qui se répète et qui s'inscrit dans ce que donne à voir un paysage. Les différents paysages dessinés et peints seront des traces émotives, des tracés dans lesquels nous nous inscrirons le temps de quelques jours. De 7 à 12 ans, durée : 2h30. Stage payant (45 € pour les habitants de la Communauté d’Agglomération Pays Basque, 48 € pour les personnes résidant hors CaPB), dans la limite des places disponibles (10 participants par atelier). Renseignements et inscription : Ecole Supérieure d’Art Pays Basque 05 59 59 48 41. Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
JEUDIS 16 ET 30 AOÛT DIDAM 18h : visites commentées - Flore Degoul, responsable de la Galerie Paris-Beijing, vous présente le parcours de Liu Bolin et répond à toutes vos questions sur l’exposition ! SAMEDI 18 AOÛT DIDAM 20h : visite commentée de l’exposition par Flore Degoul, Galerie Paris-Beijing. 21h30 : projection en plein-air du film The Grandmaster de Wong Kar-Wai (Chine, 2009 – 2h03). Chine, 1936. Ip Man, maître légendaire de Wing Chun (un des divers styles de kung- fu) et futur mentor de Bruce Lee, mène une vie prospère à Foshan où il partage son temps entre sa famille et les arts-martiaux. C’est à ce moment que le Grand maître Baosen, à la tête de l’Ordre des Arts Martiaux Chinois, cherche son successeur… Séance gratuite offerte par la Ville dans le cadre de la programmation estivale Paseo. En cas d’intempéries, repli au Cinéma l’Atalante - 7, rue Denis Etcheverry. VENDREDI 14, SAMEDI 15 ET DIMANCHE 16 SEPTEMBRE DIDAM / ATALANTE WEEK-END DE CLÔTURE - 35ème édition des Journées européennes du Patrimoine : L’art du partage. - vendredi 14 septembre 18h-19h / DIDAM : visite commentée de l’exposition par Flore Degoul, responsable de la Galerie Paris-Beijing. Ouverture de l’exposition jusqu’à 20h30. 20h / ATALANTE : Clôture du cycle de cinéma chinois / Évènement Wang Bing Avant-première du film Les âmes mortes (Chine, France, Suisse - 2018 - 8h26 en VO - Réalisé par Wang Bing) en présence du cinéaste. Festival de Cannes 2018. Dans la province du Gansu, les ossements d’innombrables prisonniers morts de faim il y a plus de soixante ans gisent dans le désert de Gobi. Qualifiés « d’ultra- droitiers » lors la campagne politique de 1957, ils sont morts dans les camps de rééducation de Jiabiangou et de Mingshui. Le film part à la rencontre des survivants. Projection en 2 parties : vendredi 14/09 à 20h et samedi 15/09 à 11h. Entrée payante. Renseignements et retrait des billets : Cinéma l’Atalante, 7 rue Denis Etcheverry 05 59 55 76 63 / atalante-cinema.org - samedi 15 septembre 11h / ATALANTE : Les âmes mortes, deuxième partie. Rencontre avec Wang Bing à l’issue de la projection à 15h30. 17h30 / DIDAM : De l’art du camouflage, conférence de Jean-Yves Roques, association L’Enfance de l’Art. Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
« La conférence débute par une présentation du succès international de Liu Bolin à travers ce qu’en dit la presse. Puis nous observerons son savoir-faire, en nous demandant s’il est le seul à pratiquer ce type d’art. Nous découvrons ensuite les circonstances de son 1er camouflage performé, sa formation de sculpteur auprès des maîtres et artistes chinois qui l’ont influencé. Ce sera l’occasion de rencontrer la scène artistique d’avant garde qui a émergé en Chine à la fin des années 1980. Notre perception des œuvres de la série « Hiding in the city » des années 2006-2011 en sera clairement approfondie. Un voyage dans l’histoire de l’art nous dévoile ensuite les origines du camouflage dans l’art : du monde primitif au trompe l’oeil, de la Renaissance au Surréalisme, en passant par le Pop Art et les performances contemporaines, sans oublier la dimension spirituelle visible au XVIIe chez le peintre Shi Tao. C’est dans le contexte de la guerre mondiale que nous retrouverons alors le camouflage moderne et ses motifs. Nous finirons par interroger les œuvres les plus récentes de Liu Bolin, dans leur dimension plastique et philosophique, pour en saisir la poétique en lien au marché international. » Jean-Yves Roques, poète, historien de l’art, pédagogue, réalise des cycles de conférences publiques sous le titre « ATTENTION A LA PEINTURE » depuis 2011. - dimanche 16 septembre Dernier jour pour profiter de l’exposition : 18h-22h, soirée de clôture / DIDAM : conférence sur le projet Riverine Input concernant la protection du littoral fluvial et présentation du protocole de Sciences Participatives par Surfrider Foundation Europe, suivie d’un apéro Zéro déchet. https://www.surfrider.eu/missions-environnement-education/proteger-oceans-mers- pollution/dechets-aquatiques/riverine-input/ POUR LES PLUS JEUNES Visites commentées et ateliers gratuits à destination des établissements scolaires, centres de loisirs et associations. Tous les lundis matin & après-midi et du mardi au vendredi matin, du 29 juin au 3 août 2018. Atelier Caméléons ! : réservé aux centres de loisirs, lundis 9 et 16 juillet, de 9h30 à 12h (détails atelier p.8). RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS : DIDAM médiation 05 59 01 95 86 stagiaire.didam@bayonne.fr Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
3. POUR EN SAVOIR PLUS SE RENDRE INVISIBLE POUR SE FAIRE REMARQUER De l’invisible dans l’histoire des arts Trompe-l’œil et camouflage : Le camouflage est bien connu des animaux qui utilisent la technique du mimétisme pour chasser, se fondre dans leur environnement et survivre. Les hommes quant à eux ont maîtrisé la pratique du camouflage très tôt pour devenir une menace invisible ou bien se protéger. A la Préhistoire, on utilise des peaux de bêtes pour chasser et approcher les proies plus facilement. Par la suite, les vêtements s’adaptent également pour passer inaperçus au milieu de la nature. Soldat utilisant la technique du camouflage, SPC GERALD JAMES A la guerre en revanche, les soldats utilisaient pendant longtemps des couleurs vives pour impressionner les ennemis mais avec le développement des armes à feu, ces vêtements devenaient des cibles. C’est lors de la Première Guerre Mondiale que les soldats adoptent des tenues moins voyantes. On invente également des techniques, telles que l’embrouillé, qui permettent de camoufler des armes, des hommes et des véhicules. Les artistes cubistes sont sollicités pour par exemple peindre l’illusion de vagues sur les coques des bateaux ou encore camoufler des canons. Zeuxis. Artistes de la section de camouflage, Jean Courboulin, Paris, Musée de l’Armée. En Art, la pratique est connue depuis des millénaires. Les artistes ont très vite appris à tromper l’œil humain. On raconte en effet que dans la Grèce Antique, le peintre Zeuxis peint un jour des grains de raisins si réalistes que des oiseaux vinrent les becqueter. Un de ses collègues, Parrhasius Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
était persuadé qu’il pouvait le surpasser. Aussi, il présenta un tableau et Zeuxis demanda à ce qu’on tire le rideau qui le cachait pour enfin le révéler. Mais ce rideau n’était que tromperie, la vraie peinture de Parrhasius. Zeuxis s’avoua vaincu par l’illusion. Il avait réussi à tromper des oiseaux mais Parrhasius, lui, pouvait tromper l’œil d’un artiste. Ici, l’illusion est un jeu où l’observateur peut s’amuser à dénicher la supercherie. Pourtant, les illusions d’optiques et autres trompe-l’œil ont aussi été un moyen pour les artistes de perfectionner leur technique picturale. Cette prouesse technique nécessite en effet une maîtrise de la couleur, la lumière, les proportions, le relief, la perspective… S’inspirant du travail de perspective de la peinture romaine antique, les peintres italiens de la Renaissance ont beaucoup travaillé sur la représentation de la profondeur. Les murs des palais devenaient les supports de merveilleux décors qui donnaient l’impression d’entrer dans un jardin. Le plafond pouvait se transformer en un puit de lumière vers le ciel où des petits anges nous observaient. Une porte pouvait s’ouvrir là où il n’y en avait pas. En dissimulant entièrement les murs et les angles de la pièce, les peintres créaient des illusions semblables à la 3D. Le trompe-l’œil peut aussi être un moyen de donner une impression de luxe à moindre coût. On peut ainsi imiter les matières les plus riches comme le marbre en le peignant sur des simples panneaux de bois, ou remplir une pièce de statues qui n’étaient que des peintures sur les murs. Ces décors rappellent alors les plateaux de cinéma où les effets spéciaux nous émerveillent tout en sachant que rien n’est réel. Fresque représentant une porte, Cubiculum, Villa des Mystères, Ier siècle av. J.C., Pompéi, Italie. Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
Andrea Mantegna, Oculus du plafond de la chambre des époux, 1473 – 1474, Mantoue Palazzo Ducale. L’observateur est alors très important. C’est lorsqu’elle est découverte que l’illusion fonctionne réellement. Si personne ne s’en rendait compte, elle n’aurait pas grand intérêt. Les illusions les plus connues, les anamorphoses, comptent sur le point de vue de l’observateur. Selon l’endroit où l’on se tient, on ne voit pas la même chose, et le véritable dessin se révèle lorsqu’on se place exactement à l’endroit où l’artiste a voulu nous placer. Par exemple, le collectif Truly Design a réalisé en Italie une fresque éparpillée que l’on ne peut distinguer que par fragments. Une bouche, un œil, un serpent… On ne reconnaît la déesse Méduse que lorsqu’on se déplace dans la pièce et lorsque les dessins s’alignent. L’observateur doit observer et participer à l’œuvre pour trouver l’angle qui permet de reconnaître le personnage. L’illusion permet aux artistes de glisser un sens caché dans leurs œuvres. Il dissimule une réalité pour en révéler une autre plus personnelle, plus fantastique, et avec bien des secrets que seul l’observateur attentif peut révéler. Méduse, Truly Urban Artists, 2011, Turin, Italie. Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
Sens cachés, doubles-messages et dissimulations iconographiques : Destinés à éviter la censure, à se venger d’un mécène peu amène, à créer du mystère, à cacher ce que le peintre ne souhaite plus montrer ou à simplement rendre la lecture plus ludique pour le spectateur, les sens cachés et doubles-messages et palimpsestes ne manquent pas dans l’histoire de l’art. Début 2014, un lapin en bronze est découvert dans l’oreille de la nouvelle statue érigée en l’honneur de Nelson Mandela à Pretoria. Les autorités sud- africaines ne goûtent guère cette vengeance des sculpteurs Andre Prinsloo et Ruhan Janse van Vuuren vexés des conditions de travail imposées. Leur plaisanterie a en effet un sens caché : en afrikaans, langue sud-africaine originaire du Néerlandais, le mot « lapin » signifie également « hâte ». Cette anecdote est loin d’être inédite dans l’histoire des arts, certains des plus grands artistes s’étant livrés avec talent à des facéties de cet ordre. Dès la Renaissance, Michel-Ange est considéré comme un maître en la matière : le bras de sa statue de Laurent de Médicis à la Basilique San Lorenzo de Florence repose discrètement sur une tirelire : ce détail, qui passe facilement inaperçu car la cassette est à moitié dissimulée par un masque monstrueux, est une allusion voilée à la richesse indécente de la famille Médicis. Selon les propres dires de l’artiste, l’allégorie de la nuit dans le même mausolée, exprime son désir de dormir jusqu’à la fin de la tyrannie des Médicis. Titien, contemporain du précédent, savait également se prêter à ce jeu du double- message : le collectionneur Jacopo Strada était connu pour sa cupidité. Titien l’immortalise dans un portrait où Strada serre un peu fort la statuette qu’il tient dans sa main et plusieurs pièces de monnaie figurent dans cette toile. En 2015, Pascal Cotte, ingénieur français et fondateur de la société Lumière Technology, révèle à la BBC que Léonard de Vinci a peint deux premières versions de La Dame à l'hermine avant d'arriver à une troisième version, celle que nous connaissons. À chaque fois, Léonard De Vinci a peint une nouvelle couche par-dessus la couche précédente. Le scientifique a travaillé trois ans sur l'œuvre peinte entre 1489 et 1490 avec une toute nouvelle méthode appelée couche d’amplification (LAM) pour découvrir ce secret. Sur la première version, la Dame n'avait pas d'hermine dans les bras. Elle aurait été ajoutée pour symboliser l'histoire d'amour secrète entre Cecilia Gallerani et Ludovico Sforza, duc de Milan et mécène de Léonard De Vinci et surnommé « l'hermine blanche ». Le Bacchus signé par Le Caravage à la fin du 17e siècle, a été récemment analysé par réflectographie infrarouge permettant de visualiser des couches de carbone cachées par des pigments de peinture sans abîmer un tableau. Dans le reflet du pichet de vin du personnage, Le Caravage s'est Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
amusé à dessiner un autoportrait. Le secret a été découvert en 1922 suite au nettoyage du tableau par un restaurateur. Depuis, l'image s'était assombrie et le portrait était devenue invisible. Il a fallu attendre que la technique progresse pour redécouvrir le clin d’œil du peintre italien. Depuis 1968, on savait qu'un mystérieux portrait se cachait derrière Le vieil homme en costume militaire de Rembrandt, une œuvre peinte par l'artiste vers 1630 et conservée au Getty Museum (États-Unis). Mais l'image en noir et blanc peu détaillée et obtenue via l'analyse par rayons X restait énigmatique. Grâce à la mise en œuvre d'une nouvelle méthode de spectroscopie, les chercheurs dévoilent pour la première fois le profil en couleur d'un jeune homme vêtu d'une cape vert olive qui pourrait, lui aussi, avoir été peint par le maître flamand. D'après Anne Woollet, conservatrice au Getty Museum, le portrait est probablement lui aussi l'œuvre de Rembrandt. À l'époque, il n'était pas rare que des supports (canevas ou panneaux de bois comme c'est le cas ici) soient réutilisés plusieurs fois par les grands maîtres dans un souci d'économie ; on parle de palimpseste pour désigner de pareilles œuvres. Enfin, pour analyser La chambre bleue de Pablo Picasso, les scientifiques ont également passé le tableau aux rayons infrarouges afin de ne pas abîmer la peinture. Dans la chambre de cette jeune femme en train de se laver, ils découvrent un homme barbu portant nœud papillon apparaissant sous la première couche de peinture. En 1990, grâce aux rayons X, on avait déjà détecté un flou étrange sous la surface de la peinture. Mais c'est seulement en 2014 que Patricia Favero, conservatrice à la Phillips Collection, a partagé une image définitive de l'œuvre cachée de Picasso. D'autres scientifiques espèrent prochainement recréer une image digitale parfaitement colorisée de l'œuvre finale, personnage inclus, grâce à la technique de la spectroscopie de fluorescence. Liu Bolin, Desiree Palmen et Cayetano Ferrer, l’art du camouflage : Tout comme son invisibilité est parfaitement recherchée, rarement totale et très souvent décelable, les messages transmis par Liu Bolin ne sont pas cachés. Au contraire, par la présence-même du personnage de l’artiste au cœur du décor sciemment choisi, ils donnent à voir ce qui est montré du doigt, interrogé ou dénoncé. À l’inverse des anecdotes citées précédemment, le photographe ouvre clairement le débat sur les questions de censure, de consommation, d’agriculture intensive, de culture de masse, de solidarité sociale ou de préservation patrimoniale tout en effaçant peu ou prou sa personne de l’image. Montrer tout en ne se montrant pas ou presque, suggérer sans rien affirmer, induire et provoquer le débat. Une démarche qu’il partage avec la photographe Desiree Palmen, artiste Néerlandaise née en 1963, pratiquant également l’art du camouflage et s’interrogeant sur la possibilité ou pas d’échapper à tous les systèmes de surveillances qui nous entourent. Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
Desiree Palmen repère tout d’abord des lieux sous surveillance, elle les photographie puis les reproduit par transfert sur vêtements. Ce n’est qu’une fois qu’elle estime que sa copie vestimentaire du lieu est parfaite qu’elle met en scène son art du camouflage et le photographie. Entre camouflage, trompe l’œil humain et performance, le travail de cette artiste est surprenant et déconcertant selon les situations. Véritable questionnement sur le monde de la surveillance, quels moyens aujourd’hui avons-nous d’échapper à tous ces yeux qui nous regardent ? Elle photographie les lieux qui l'intéressent, souvent forts de signification dans le but de dénoncer une société de plus en plus anonyme où la disparition sociale et physique de certains d'entre nous peut être effrayante. Elle utilise Photoshop pour reconstituer une image qui sera imprimée sur une combinaison et qui donnera lors de la performance l'illusion d'une continuité visuelle entre le décor et le corps. Pour certains de ses projets, elle peint directement d'après observation à la peinture acrylique sur une combinaison en coton. Desiree Palmen considère son art comme une façon d'attirer l'attention sur l'augmentation des systèmes de caméras de surveillance et sur le spectre de Big Brother induisant un besoin de disparaître. En miroir, elle pointe du doigt un autre problème de société, l’oubli presque quotidien des sans-abris qui font partie du décor et perdent progressivement leur identité au profit de l'anonymat. Cette artiste engagée se photographie à Rotterdam, à Jérusalem ou à Berlin, s’appropriant les problèmes de société propres à chacun de ces territoires dans une technique extrêmement précise. http://www.desireepalmen.nl/ Desiree Palmen Desiree Palmen, Interior Camouflage / Bookcase 2004 Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
Pour Cayetano Ferrer, cacher devient le meilleur moyen de nous pousser à regarder. Cet artiste dissimule des objets comme ce carton dans la rue. Il photographie tout d’abord l’endroit où il souhaite le placer puis imprime cette photographie sur un autocollant qu’il colle sur le carton. Celui-ci s’estompe magiquement. Le spectateur en aperçoit les contours, il doit scruter l’endroit pour découvrir l’objet. Cayetano Ferrer ré-enchante des lieux auxquels on ne prête normalement pas attention. C’est en nous forçant à regarder qu’il nous surprend. Cayetano Ferrer, Série Western Imports, 2007-2008, Chicago, Etats-Unis. Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
4. L’ART CONTEMPORAIN CHINOIS En 1949, la République Populaire de Chine est proclamée. L’art est alors intimement lié au pouvoir politique, les artistes n’ayant que le réalisme socialiste pour s’exprimer. La fin de la Révolution culturelle et la mort de Mao ont permis le développement de nombreux groupes d’avant-garde. Ce mouvement débute dès la fin des années 1970 avec le groupe les Étoiles dans lequel l’on retrouve de grands noms de l’art contemporain chinois (Huang Rui, Ai WeiWei, etc). En 1989, l’exposition China/Avant-garde constitue le sommet de cette période de liberté qui s’estompera quelques mois plus tard à la suite des événements de Tian’anmen. La même année, on retrouve Huang Yong Ping, Gu Dexin et Yang Jiechang à l’exposition Magiciens de la terre au Centre Georges Pompidou. Cet événement marque un tournant dans la vision de l’art non-occidental en France, c’est la première fois que des artistes chinois sont exposés en Occident. Ce sera le début d’une présence ininterrompue sur la scène artistique mondiale, renforcée notamment par l’exil de nombreux artistes chinois, ce qui crée une véritable diaspora chinoise. Dans les années 1990, l’art en Chine se cache, devient plus underground mais garde une grande force. Cette vitalité transparaît notamment à Pékin dans le quartier East Village qui est investi par de nombreux artistes. Ils y installent leurs ateliers, organisent des performances et des expositions. Aujourd’hui l’art chinois s’est mondialisé. Il est devenu une force dynamique et influente dans un monde de l’art globalisé. Pendant cinq ans, la Chine a ravi aux États-Unis la place de numéro 1 sur le marché de l’art. De nombreux musées s’ouvrent en Chine et les ventes d’artistes chinois atteignent des sommets. Source : BNF. « L’art confondant du camouflage – LIU BOLIN / DESIREE PALMEN, interview parallèle de deux virtuoses. » Pauline de La Boulaye, journaliste, historienne et commissaire d’expositions. À première vue, [leurs] images se ressemblent. Elles ont pourtant été réalisées à des milliers de kilomètres par deux artistes singuliers : Liu Bolin (37 ans) vit à Pékin et Desiree Palmen (47 ans) vit à Rotterdam. Tous deux ont suivi des études de sculpture. C'est leur seul point commun. Liu et Desiree sont les deux principales figures d'une mouvance émergente : l'art du camouflage. Un mouvement sans frontières géographiques qui apparaît çà et là en Europe comme en Asie. Un mode d'expression sans étiquettes. Sculpture, peinture, performance, photographie, art de la rue, art engagé ? Cet art caméléon est infini et nous allons voir à quel point les images de ce portfolio sont différentes. Les entretiens ont été traduits en chinois et en anglais puis retraduits en français. Quelques apports nécessaires ont été ajoutés entre-crochets, en restant autant que possible dans le respect des propos des artistes. Comment vous est venue l'idée de vous cacher dans vos photographies ? Liu Bolin : À Pékin, le 16 novembre 2005, le BIAC - Beijing International Art Camp - Suo Jia Cun, village d'artistes, a été démoli par le gouvernement. Les artistes ont été contraints de quitter leurs studios (une centaine), des expositions ont été fermées. Ceci a eu un impact direct sur mon travail. (Auparavant) m'étant orienté vers le travail social, j'avais découvert son côté obscur, l'absence de liens sociaux et personne pour se soucier de votre destin. Je me suis longtemps senti comme un extra-terrestre pour la société. (J'ai donc décidé que) ma subversion se ferait au cœur de la société, par l'attachement (fusionnel). Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
Desiree Palmen : Il s'agit moins de se cacher que de se replier sur soi-même. Le camouflage est efficace pour attirer l'attention des gens. J'utilise cette attention de différentes manières. En 2006, pour souligner l'absence de vie privée face à la propagation des caméras de vidéo surveillance dans les espaces publics. En 2004, pour ajouter une information qui serait, sinon, cachée, comme le livre que quelqu'un est en train de lire. En 2009 pour (montrer l'invisible) dans mon travail sur les réserves du Musée d'Ethnologie : des objets exotiques semblent prendre possession d'un membre du personnel chargé de leur conservation et littéralement s'animer à travers lui. Quand avez-vous commencé ? LB : À Pékin, le 18 novembre 2005. DP : J'ai commencé à m'intéresser au concept d'adaptation en 1995 : dans deux muséums d'histoire naturelle, j'avais amalgamé des objets et histoires personnels avec des objets scientifiques. Puis, j'ai fabriqué des costumes : celui qui les portait se confondait avec des objets. En 1999, j'ai fait mon premier vêtement de camouflage pour échapper au regard d'une caméra de surveillance qui était équipée d'un immense écran, dans un bureau de poste. Je ne tenais pas à me voir à chaque fois que j'allais acheter des timbres. Connaissiez-vous le travail de l'un et de l'autre ? LB : Non DP : La première fois que j'ai entendu parler du travail de Liu Bolin, c'était en 2008. Qu'est-ce qui vous différencie selon vous ? LB : Mon travail trace une mémoire du processus de développement de la Chine. Il ne s'agit pas d'une simple technique. DP : Dans le travail de Bolin, le corps humain est debout et droit la plupart du temps. Le visage est peint. De plus, je crois qu'il vise la perfection (technique). Pour moi, le concept de chaque œuvre est plus important. Comment procédez-vous pour transformer les vêtements ou le corps et obtenir une telle illusion d'optique ? LB : J'utilise de la peinture acrylique et du maquillage. Je suis comme un tireur d'élite : le corps, le visage et les mains peints de la même couleur que l'arrière-plan. DP : J'utilise des vêtements (parfois confectionnés par moi-même) et de la peinture résistante à l'eau. Je travaille sur place avec un appareil numérique et un figurant, mais je peins les costumes dans mon studio. Ensuite, je retourne sur les lieux avec un appareil argentique (parfois une caméra vidéo) pour la prise de vue. J'ai souvent (recours à) l'aide d'un photographe professionnel. Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
Est-ce que vous retouchez les images sur ordinateur ? LB : Seulement pour les erreurs exceptionnelles. 95 % du travail se fait lors de la prise de vue. DP : Non, les photographies sont faites de manière argentique et les tirages sont directement imprimés à partir des négatifs. Qui figure dans les photos ? LB : Dans la plupart des images, je suis seul. Mais il peut y avoir d'autres personnes, comme des ouvriers licenciés par exemple. DP : Je préfère travailler avec des figurants, mais parfois c'est moi. Pourquoi travaillez-vous principalement dans votre pays et dans l'espace public ? LB : Je suis chinois, donc je suis d'avantage en mesure de montrer la Chine. Le développement de la Chine est ma seule réalité. J'ai aussi fait des prises de vue ailleurs dans le monde, à propos de la civilisation humaine et des bouleversements écologiques. DP : La Hollande est le pays où je vis. C'est donc l'environnement naturel dans lequel je trouve mon inspiration. J'ai fait une résidence d'artiste de 2 mois en Israël. À Jérusalem, j'ai retrouvé, cette confiance exacerbée dans la vidéosurveillance qui caractérise notre société occidentale. Je m'intéresse aux espaces publics et à leurs règles cachées. À Rotterdam, j'ai fait une série sur les gens qui dorment ou s'embrassent sur les bancs publics. À l'époque, il était interdit de dormir dans les espaces publics à Rotterdam. Mais je m'intéresse aussi au regard contrôleur d'autrui ainsi qu'à certains aspects du self-control. Ces scènes ne se déroulent pas nécessairement dans l'espace public. Que voulez-vous dire de la relation entre le corps et son environnement ? LB : Comme à la guerre, mon corps et mon visage sont maquillés pour mieux me protéger de l'ennemi, en me cachant autant que possible. L'environnement affecte l'individu. Il occupe progressivement le corps et l'esprit. Mon travail symbolise cette digestion, cette acceptation passive. Mais je souhaite aussi exprimer la dissolution. Dans notre société, les corps sont en train de disparaître lentement. Le développement de l'humanité va faire beaucoup de mal au corps humain, et c'est ce que mon travail raconte. DP : Mon visage était peint pour mon premier travail de camouflage au bureau de poste. Puis j'ai rejeté cela car j'ai réalisé à quel point le visage détermine une image. Dans mes images, le corps cherche à disparaître tout en étant (paradoxalement) mis en évidence. Pensez-vous qu'il y ait un art du camouflage? Connaissez-vous d'autres artistes de cette tendance ? LB : Je sais que d'autres artistes ont ce genre de démarche, mais il y a beaucoup d'artistes qui font des choses similaires, et plus d'un. Je souhaite que mes œuvres aient cette qualité supplémentaire de transmettre un message sur la société. DP : Il me semble qu'il s'agit de bien plus qu'une tendance. Dans notre société où le contrôle sécuritaire a de plus en plus d'impact sur les vies individuelles, les gens réalisent qu'il faudrait commencer à protéger la vie privée. J'ai été récemment confrontée à d'autres Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
artistes utilisant le camouflage. En 2008, lors d'une exposition itinérante en Espagne intitulée CAMUFLAJE. Sans oublier la publication de DPM Disruptive Pattern Material par Hardy Blechman en 2004 : un livre encyclopédique sur le camouflage artistique mais aussi naturel ou militaire. « Tromper l’ennemi – L’invention du camouflage moderne en 1914-1918 » par Cécile Coutin, conservateur en chef à la Bibliothèque nationale de France. « En août 1914, les soldats français partirent au combat dans des tenues voyantes – pantalon rouge, capote bleue – qui en firent des cibles faciles. Inadaptées à la guerre moderne, elles provoquèrent une hécatombe. Contre toute attente, ce sont des artistes, et non des ingénieurs militaires, qui trouveront des solutions et jetteront les bases d’une nouvelle arme : le camouflage. Le bouleversement est considérable : il ne s’agit plus de faire peur avec un uniforme impressionnant mais de disparaître grâce à une tenue qui se fond dans le paysage. La guerre de position, qui maintient les troupes face à face, est pour beaucoup dans cette évolution : pour ne pas être repéré par l’ennemi, et survivre, il faut être invisible. Officiellement créée le 4 août 1915, la section de camouflage de l’armée française regroupe des artistes de tous horizons, particulièrement des décorateurs de théâtre rompus aux effets de trompe-l’œil, et des peintres cubistes aptes à la déformation de la réalité. Elle emploie des milliers d’hommes et de femmes. Son organisation et ses techniques inspirent celles des autres armées belligérantes qui les développent avec leur génie propre. Grâce à plus de 300 documents rares ou inédits, Tromper l’ennemi fait revivre cette histoire étonnante et méconnue, celles de ces artistes français qui inventèrent le camouflage moderne et révolutionnèrent l’art de la guerre. » Cécile Coutin est conservateur en chef à la Bibliothèque nationale de France, département des Arts du spectacle, où, depuis 1990, elle est responsable du fonds de maquettes de décors et costumes. Auparavant, elle a été conservateur du Musée d’Histoire contemporaine (BDIC, Université de Paris) pendant 18 ans. Elle est l’auteur d’une thèse de doctorat en histoire de l’art sur le peintre et dessinateur Jean-Louis Forain, l’un des fondateurs de la section de camouflage, et de plusieurs articles, brochures et conférences sur le camouflage en 1914-1918. pour en savoir plus : Tromper l’ennemi – L’invention du camouflage moderne en 1914- 1918, par Cécile Coutin. Éditions Pierre de Taillac, coédition Ministère de la Défense, 2015. Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
5. OUVRAGES, FILMS ET DOCUMENTAIRES Bibliographie Liu Bolin, art chinois et camouflage - Liu Bolin, par Philippe Dagen. Éditions de La Martinière, 2015. - Liu Bolin : caché dans la ville, Éditions Thirciuir, 2012. - Liu Bolin, de Janet Batet, Galerie Paris-Beijing, 2013. - Peinture et pouvoir en Chine, 1979-2009 : une histoire culturelle, par Emmanuel Lincot. Paris, Éditions You feng, 2010. Spécialiste de la Chine, Emmanuel Lincot nous propose une analyse de la société chinoise à travers ses artistes et étudie les liens qu’entretiennent le pouvoir politique et les arts visuels. - Fragmented reality : contemporary art in 21st-century China, par Lü Peng. Milano: Charta, 2012. Lü Peng se concentre sur l’art en Chine entre 2000 et 2010. Il documente les bouleversements de ce début de siècle à la fois économiques, politiques et culturels. - DPM-Disruptive Pattern Material : an Encyclopedia of Camouflage, Hardy Blechman & Alex Newman, en 2004. Un livre encyclopédique sur le camouflage artistique, naturel et militaire. - Tromper l’ennemi. L’invention du camouflage moderne en 1914-1918, par Cécile Coutin. Éditions Pierre de Taillac, coédition Ministère de la Défense, 2015. L’art de la dissimulation en 14-18 ou comment des artistes français ont changé la manière de faire la guerre. Articles - Les Nouveaux récits de l’art contemporain chinois, par Peggy Wang, traduction Phoebe Clarke. Critique d’art [En ligne], 44 | Printemps/Été 2015 : http://journals.openedition.org/critiquedart/17107 ; DOI : 10.4000/critiquedart.17107 - Cubisme et camouflage, un mythe de l’histoire de l’art, par Patrice Peccatte, 14 avril 2015 : https://dejavu.hypotheses.org/2220 Romans - Les Visages, de Jesse Kellerman. Éditions Sonatine, 2009. La plus grande œuvre d'art jamais créée dort dans les cartons d'un appartement miteux. Ethan Muller, un galeriste new-yorkais, décide aussitôt d'exposer ces étranges tableaux, qui mêlent à un décor torturé, d'innocents visages d'enfants. - Da Vinci Code, de Dan Brown. Éditions JC. Lttès, 2004. Enfermé dans la Grande Galerie du Louvre, Jacques Saunière n'a plus que quelques instants à vivre. Blessé mortellement, le conservateur en chef va emporter son secret Attachée de presse : Claire Jomier - 05 59 46 63 01 - c.jomier@bayonne.fr
Vous pouvez aussi lire