Livre cuisine : s'organiser et bien manger grâce à Stéphanie de Turckheim - Reforme.net
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Publié le 18 novembre 2021(Mise à jour le 18/11) Par Rédaction Réforme Livre cuisine : s’organiser et bien manger grâce à Stéphanie de Turckheim La cheffe protestante Stéphanie de Turckheim vient de publier un nouveau livre de cuisine pour aider à organiser les menus de la semaine, remplis de belles idées originales et faciles à reproduire. Pendant le confinement 2020, la cheffe protestante Stéphanie de Turckheim avait donné quelques judicieux conseils aux lecteurs et lectrices de Réforme. Elle avait notamment évoqué ce qu’on appelle le « batch cooking ». Cet anglicisme désigne une organisation visant à préparer en quelques heures tous les repas pour la semaine, grâce à l’optimisation de certains ingrédients qui servent pour plusieurs plats. Ainsi, chaque soir, le repas est presque prêt, il suffit d’assembler les éléments déjà mis de côté. Des nouvelles idées de menus Stéphanie de Turckheim vient de publier un nouvel ouvrage, En 2 h je cuisine pour toute la semaine. Elle y présente quatre menus complets classés par saison.
Variés, originaux et surtout très bons, les repas exigent tout de même d’avoir un peu de temps pour faire les courses, découper les légumes, hâcher les herbes, précuire ou cuire, préparer les sauces, etc. Difficile de réussir à tout boucler en deux heures, mais le résultat vaut l’investissement ! Les plats sont délicieux et faciles à cuisiner. Quatre-vingt recettes pour varier les plaisirs visuels et gustatifs, et surtout ne pas avoir à se poser la question : « Qu’est ce qu’on mange ce soir ? » Stéphanie de Turckheim vous suggère cette semaine : cocotte de moules au chorizo, flamiche picarde, chili sin carne, risotto de crozets aux poireaux et parmesan, quesadilla au fromage et chicorée rouge. Miam-miam ! Stéphanie de Turckheim, En 2h je cuisine pour toute la semaine, Hachette, 2021, 256 p., 24,95 €. Cuisine : deux recettes de plats salés, par Stéphanie de Turckheim Deux recettes de gâteaux par Stéphanie de Turckheim Publié le 30 juillet 2020(Mise à jour le 31/07) Par Cathy Gerig
Podcast : bienvenue au club sandwichs Déjeuner de 70% des Français, le sandwich sera probablement aussi à votre menu sur la route de vos vacances. Six millions et demi de sandwichs sont consommés par jour en France, soit 76 par seconde. Au déjeuner, sa côte ne diminue pas. Comme le rappelle la chaîne de podcasts Culture Miam, “le sandwich, c’est deux morceaux de pain et des possibilités infinies entre les deux”. Dans cet épisode, il est question des origines du sandwich, de son parcours et de quelques-unes de ses adaptations. L’association pain-viande sous une forme assez pratique pour être mangée en faisant autre chose daterait du XVIIIème siècle. Elle aurait été inventée en Angleterre. Il se raconte même que tout serait partie de l’addiction au jeu d’un diplomate. Il traverse la Manche vers 1830 Le sandwich aurait débarqué en France et aux États-Unis vers 1830. Adopté par la bonne société, il finit par se populariser pour devenir le casse-croûte des ouvriers. Dans les années 1920, l’avènement de la baguette facilite davantage l’expansion du jambon-beurre, qui reste le chouchou des Français. Mais le casse- croûte prend un nouveau virage dans les années 1980, lorsqu’il fait son entrée dans les rayons des supermarchés. Et vous, vous le préférez comment votre sandwich ? Dans une baguette, entre deux tranches de pain de mie (une autre invention britannique). Riche en anecdotes, ce podcast vous fera découvrir l’histoire du pain. Culture Miam, Petites et grandes histoires de sandwichs. Durée: 14 mn.
Publié le 25 juin 2020(Mise à jour le 25/06) Par Cathy Gerig Podcast: À Poêle met à nu le chef Adrien Cachot Le finaliste de l’édition 2020 de Top Chef se dévoile dans le podcast de gastronomie. Il y est question de l’école, des galères financières des débuts, de partage, de ce qui l’inspire… Adrien Cachot n’est pas du genre à tourner autour du pot. “Je n’ai pas eu une grande carrière scolaire”, lâche-t-il tout de go au micro de Julie Gerbet. Il aurait même été un brin réfractaire à la discipline, une sorte de comble pour celui qui est désormais chef. Même si, comme il le dit lui-même, il se sent davantage cuisinier que chef. Curieux, il retrouve également dans la cuisine la notion de partage. Plutôt homme de l’ombre, il a fallu aller le chercher pour qu’il participe à Top Chef. “Pour moi, c’est une belle expérience”, résume celui qui a profité de cette aventure pour s’ouvrir un peu plus. De se jauger par rapport aux autres, aussi. Respect Pas du genre à s’enflammer, il explique que s’il n’a pas sauté au plafond lors de
ses victoires, c’est tout simplement parce que pour un cuisinier, réussir un plat c’est la base du métier et pas un exploit. Et puis, c’est aussi une question de respect vis-à-vis de ces concurrents dont certains sont devenus des amis. Il revient aussi sur ses débuts difficiles, quand il était ados, et rêvait de rejoindre les copains sur le terrain de foot ou devant un mur de graff. Mais aujourd’hui, il est formel: il se passionne pour la cuisine et le côté grande famille qui peut régner dans ce secteur. Le clinquant, c’est moins son truc. Il n’empêche qu’il est fier de son parcours marqué par la loyauté. Une vraie valeur, comme l’humilité qui ressort de cet entretien. À Poêle Adrien Cachot. Durée: 44 mn. Lire également La cuisine est-elle un art ? Publié le 14 mai 2020(Mise à jour le 19/05) Par Massimo Prandi
Documentaires: revivez l’épopée des ouvriers Avec Le Temps des ouvriers, vous plongerez dans trois siècles d’histoire. Et Recettes pour un monde meilleur vous expliquera comment mieux vous nourrir en respectant l’environnement. L’épopée des ouvriers sur Arte Quatre épisodes de soixante minutes chacun. C’est la durée que ce documentaire consacre aux ouvriers. Ils sont enchâssés dans les lieux de l’usine: barricades, chaîne de montage et destruction du contre-pouvoir. Ils se sont battus pendant trois siècles pour défendre leur classe sociale. On doit cette formidable épopée à un documentariste d’exception, le Tchèque Stan Neumann. L’histoire n’y est pas traitée selon une chronologie linéaire, une succession d’images commentées par des mots. La passion, l’esthétique ne sont pas négligées. Les protagonistes sont les ouvriers, présentés tels des travailleurs pensants, capables d’appréhender la longue trajectoire de leur classe. Ils sont confrontés aux “penseurs” de profession: des historiens du mouvement ouvrier, des philosophes et des politistes. Quel est le sens de tout cela? Stan Neumann le résume par cette formule: “L’évidence avec laquelle passé et présent se font échoe. Hier comme aujourd’hui et vice-versa. Le Temps des ouvriers, documentaire de Stan Neumann en quatre épisodes, arte.tv
Publié le 9 mai 2020(Mise à jour le 9/05) Par Laure Salamon Deux recettes de gâteaux par Stéphanie de Turckheim Après avoir donné quelques conseils pour cuisiner pendant le confinement, Stéphanie de Turckheim partage deux recettes sucrées, faciles à réaliser. Banana bread aux raisins blonds Pour 1 gâteau Préparation : 10 min Cuisson : 35 à 40 min Matériel : moule à cake, grille, papier sulfurisé Ingrédients 3 bananes extra mûres
10 cl d’huile de pépins de raisin 200 g de sucre ou de cassonade 2 œufs 110 g de raisins blonds 225 g de farine 1 sachet de levure chimique 1 pincée de bicarbonate 1 pincée de sel Préchauffez le four à 180 °C (th. 6). Écrasez les bananes dans un bol et versez 4 cuil. à soupe d’eau. Dans un saladier, versez l’huile de pépins de raisin, le sucre et mélangez bien. Incorporez les œufs l’un après l’autre puis ajoutez les bananes, les raisins blonds, la farine, la levure, le bicarbonate et le sel. Mélangez bien après chaque ajout. Chemisez le moule à cake de papier sulfurisé et versez la préparation. Enfournez pour 35 à 40 min : piquez avec un couteau pour vérifier la cuisson. Démoulez et laissez refroidir sur une grille. Variantes : Ajoutez 1 pincée de cannelle et/ou faites mariner les raisins dans du rhum. Gâteau chocolat-orange, trois ingrédients Pour 4 personnes Préparation : 10 minutes Cuisson : 30 minutes
Voilà un gâteau mousseux parfait pour un dessert du dimanche midi. Dégustez-le tel quel ou accompagnez-le d’une salade de fruits frais. Ingrédients 180 gr de chocolat noir et 20 gr pour les copeaux 3 œufs 1 cuillère à café de zestes d’orange + une cuillère à café pour la décoration matériel : un moule rond de 15 cm de diamètre et un économe Faites fondre le chocolat au bain-marie. Séparez les blancs des jaunes d’oeufs. Ajoutez les jaunes dans le chocolat en fouettant bien. Ajoutez les zestes d’orange. Montez les blancs en neige ferme et incorporez-les délicatement au chocolat. Préchauffez le four à 180 °C (th. 6). Versez la préparation dans le moule chemisé, c’est-à-dire beurré et recouvert d’une fine pellicule de farine. Enfournez pour 30 min. Laissez refroidir et faites des copeaux de chocolat à l’aide d’un économe. Parsemez le gâteau de copeaux de chocolat et de zestes d’orange. Cette recette est tirée d’un livre de Stéphanie de Turckheim, intitulé La pâtisserie en trois ingrédients, édité chez Hachette. Des recettes faciles, avec peu d’ingrédients. C’est parfait pour se lancer en pâtisserie! Retrouvez son site : www.stephaniedeturckheim.fr
Publié le 20 avril 2020(Mise à jour le 20/04) Par Laure Salamon Cuisine : 10 conseils de Stéphanie de Turckheim pour varier les menus Comment faire la cuisine en ces temps de confinement ? Quand on habite seul ? Avec des enfants ? Comment varier les plaisirs ? Stéphanie de Turckheim partage quelques conseils. Qui a dit que “protestant” ne rimait pas avec “gourmand” ? Il y a un peu plus d’un an, Réforme avait rencontré Stéphanie de Turckheim, l’auteure de livres de cuisine, bien utiles au quotidien. En ces temps de confinement, elle livre ses conseils pour bien manger et surtout varier les plaisirs avec peu de moyens. Voilà ce qu’elle nous dit. 1/ Cuisiner équilibré Pendant le confinement, j’essaye de cuisiner de manière équilibrée. Comme j’ai trois ados, j’alterne la viande, le poisson et les œufs car ils ont un très grand appétit.
Un repas équilibré signifie des crudités (souvent une salade), de la viande, du poisson ou des œufs avec une portion de légumes et une portion de céréales puis un dessert, yaourt ou compote. Autre proposition : une grande salade de riz ou de pâtes avec protéines et légumes. Le soir, je prépare souvent des veloutés ou des soupes avec des tartines de fromages frais mais aussi des pâtes avec du pesto ou simplement de l’huile d’olive et un peu de parmesan râpé, des risottos ou des lentilles. 2/ Ne rien gaspiller Je recycle tout dans les légumes. Avec le vert du fenouil, j’ai cuisiné un velouté. Si on a trop de pain, on peut faire un pudding à l’ancienne. Avec les carottes, vous mangez des carottes râpées et avec les épluchures, des chips. Et j’utilise les fanes pour faire un pesto. Je n’ai rien jeté et en plus j’ai innové. 3/ Planifier les repas à la manière du “batch cooking” Acheter un aliment en plus grande quantité que d’habitude permet de préparer plusieurs plats. Par exemple, vous cuisinez la farce avec un coulis de tomates, de l’ail et des herbes. Vous pouvez en utiliser une autre partie pour agrémenter des pâtes, le lendemain farcir des légumes, et le troisième jour élaborer des boulettes (densifier avec un œuf et un peu de miette de pain). Changer le goût avec une autre herbe. Cette manière d’optimiser la cuisine s’appelle le “batch cooking” (La cuisine par lot est une nouvelle tendance qui consiste à préparer pendant quelques heures le dimanche tous les repas de la semaine, en répartissant les mêmes ingrédients dans des plats différents, ndlr). Pour les personnes seules, faites vos courses et mettez-vous en cuisine en arrivant chez vous. Préparez tout pour toute la semaine: soupes, cocotte, poêlée, pesto, vinaigrette, épluchage des fruits et des légumes. Mettez les aliments dans des boîtes, pots ou sachets. Gardez au frais ou congelez. Ainsi vous aurez des bons petits plats pour tous les jours de la semaine et sans vous mettre en cuisine. Pour les fruits, il est aussi possible de couper une banane en plusieurs morceaux et de la congeler. Le jour où vous voulez un dessert frais, vous sortez ces bananes, vous les mixez avec un yaourt, en ajoutant du sirop d’érable, et vous avez un super
dessert glacé. 4/ Mettre du croquant partout Les légumes sautés se marient avec des pâtes, du riz… C’est toujours sympa d’ajouter des fruits secs torréfiés ou des graines (noix, amandes, graines de courges, tournesol…). Ils apportent du croquant et beaucoup de vitamines. 5/ Impliquer les enfants Profitez du confinement pour cuisiner avec vos enfants. Ils aiment malaxer la pâte pour faire des cookies par exemple. Profitez-en pour leur apprendre à couper des légumes, à éplucher une pomme, découper des concombres… En expliquant les saisons, l’origine des légumes. L’avantage, c’est qu’en cuisinant, ils sont concentrés et prêts à discuter de beaucoup de sujets. 6/ Innover en cuisine Si vous n’avez plus de pâte feuilletée, vous pouvez aussi réaliser une quiche sans pâte : comme un flan salé. Cuisinez vos préparations directement dans les légumes, les courgettes, les aubergines, les tomates ou les pommes de terre. Sinon faire une pâte salée n’est pas très compliqué : aplatissez au rouleau à pâtisserie des tranches de pain de mie et mettez-les dans le fond d’un plat. Réalisez vos fonds de tartes salées au chou fleur. Détaillez le chou fleur en fleurettes. Lavez-les et mettez-les dans le mixeur. Mixez en semoule fine, versez dans un saladier, ajoutez 1 cuil. à s. de moutarde forte, 1 gros œuf ou 2 petits, 1 yaourt et des herbes. Mélangez bien, tassez dans le fond du moule et versez votre garniture. Enfournez. 7/ Remplacer la farine Pas de panique. Il existe des recettes de gâteaux sans farine. J’ai publié un livre de recettes de pâtisserie avec seulement trois ingrédients. (La pâtisserie en trois ingrédients, Hachette cuisine, 19,95€). Cette pénurie de farine est étonnante mais c’est positif. Les gens redécouvrent le bonheur de cuisiner leur pain, leur pâte à
tarte, des gâteaux… Ce sont des choses simples à cuisiner mais pour gagner du temps, certains préfèrent acheter tout prêt. Et puis cuisiner des gâteaux, c’est apporter un peu de bonheur et de gaité dans les journées de confinement. Si vous ne trouvez plus de farine, amusez-vous à écraser des petits beurres au rouleau à pâtisserie dans un sac congélation et ajoutez un morceau de beurre frais. Mélangez et tassez bien dans un plat à tarte, ajoutez des fruits et faites cuire. Pour une tarte salée, faites de même avec des biscuits apéro. Remplacez la farine dans les gâteaux par de la poudre de noisettes ou de la poudre d’amandes. 8/ Varier en diversifiant les herbes fraîches Utilisez dans vos plats de l’estragon, de l’aneth, de la menthe, de la ciboulette, de la coriandre, du cerfeuil, du persil… mais aussi des oignons rouges, de l’ail ou des échalotes. C’est simple et efficace car cela apporte beaucoup de saveur, de fraîcheur et de peps. 9/ Épicer ses plats Ajoutez du curry, du gingembre, du ras-el-hanout, du curcuma, du paprika, du cumin… C’est bon pour la santé et agréable de voyager un peu surtout en ce moment. Des légumes façon tajine, des curry de poulet, des boulettes de bœuf au cumin. 10/ Redécouvrir les légumineuses Ce sont les pois chiches, lentilles rouges, roses ou vertes, les haricots tarbais, les fèves, mais aussi les céréales, orge, blé complet, sarrasin, riz brun… C’est délicieux, bourré de bons nutriments et simple à cuisiner. Stéphanie de Turckheim Son site : www.stephaniedeturckheim.fr
Quelques ouvrages de l’auteure En 2h je cuisine pour toute la semaine spécial débutants, Hachette cuisine, 9,95€ En 2h je cuisine pas cher pour toute la semaine, Hachette pratique, 24,95€ Etudiants : Recettes gourmandes testées dans une kitchenette, Hachette pratique, 9,95€ Comment vit-elle le confinement ? ” Je sors 1 fois par semaine pour aller chez le boucher, le poissonnier et le boulanger. Je me fais livrer le reste, céréales, sauces, crème, farine, …, produits ménagers…. et un panier de légumes frais tous les samedis. Avec ma famille, nous avons la chance d’avoir un appartement qui nous permet d’avoir chacun son espace. Nous avons gardé un bon rythme de travail. Tous les matins de la semaine, nous nous levons à 7h, prenons le petit-déjeuner ensemble et ensuite à 8h tout le monde se met au travail. Nous nous retrouvons le midi et le soir pour les temps de repas collectifs. Ce sont des moments vraiment plaisants. Nous prenons le temps avec mes trois fils de 19 et 20 ans de discuter et d’échanger. Tous les sujets sont abordés. C’est agréable.”
Publié le 11 avril 2020(Mise à jour le 6/04) Par Cathy Gerig Pâques: des recettes à préparer en famille Voici dix recettes pour Pâques faciles et rigolotes à préparer avec vos enfants, même les tout-petits. Tous en cuisine, enfilez vos tabliers et à vos recettes ! Pâques sera certes confinée, mais pas déprimée. Si Pâques célèbre la Résurrection du Christ, la fête chrétienne a toujours été associée à des recettes spécifiques, comme un ragoût de foie d’agneau haché et de légumes verts en Grèce ou des gâteaux au fromage en Ukraine. Cette année, Pâques sera forcément un peu différente, à cause du confinement imposé dans le but d’endiguer la propagation du coronavirus. Mais voici dix recettes vraiment simples que vous pourrez réaliser en famille. Une façon de partager un moment sympathique tous ensemble et d’émoustiller vos papilles. La journaliste culinaire Fanny Rezvanpour a compilé des recettes composées, pour la plupart, d’ingrédients de base (farine, sucre, lait…) que vous avez certainement déjà dans vos placards. Et pour ne pas passer à côté d’un petit plaisir simple, vous pourrez vider les œufs délicatement pour les décorer ensuite. Mais revenons à nos moutons ! Certaines recettes pourraient retenir plus particulièrement l’attention des parents d’enfants qui n’aiment pas les légumes. Par exemple, le gâteau aux carottes devrait réhabiliter le légume-racine sans même provoquer le moindre “beurk”. D’autres, comme le lapin gourmand ou les œufs mimosa poussins vous donneront des idées de présentations amusantes auxquelles vous n’aviez pas forcément pensé. Et puis parce que Pâques, il est
impensable de ne pas vous proposer une recette avec du chocolat. Ça vous dirait de faire vos propres nids de Pâques ? Recette faciles à cuisiner en famille Publié le 20 février 2019(Mise à jour le 20/02) Par Louis Fraysse Stéphanie de Turckheim, la cuisine comme credo Cette passionnée de cuisine a publié plusieurs livres de recettes. Ma grand-mère, qui connaissait ses classiques, me l’a rappelé plus d’une fois : « Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger. » Un sage conseil, sans doute. En voici un autre : mieux vaut ne pas feuilleter Plats veggie du monde, le livre de recettes de Stéphanie de Turckheim, le ventre vide. Spanakopita et sauce au concombre, gratin auvergnat, dahl de lentilles roses au curry… Il y en a pour tous les goûts et les envies, de l’Europe à l’Asie. Quand elle accueille dans son bel appartement du quartier du Marais, à Paris, Stéphanie de Turckheim fait d’abord visiter sa cuisine, où elle passe une bonne
partie de ses journées. La pièce est lumineuse, les étagères sont garnies de livres et de bocaux. Une quiche dorée repose au-dessus du four pendant qu’à l’intérieur un gâteau cuit. « Il ne faudra pas que j’oublie de le sortir tout à l’heure », annonce-t-elle avant de s’asseoir. Il est des endroits plus inhospitaliers. Enfance alsacienne Stéphanie de Turckheim est née en Alsace, il y a presque cinquante ans. De son enfance, passée dans une propriété de famille qui comporte une abbaye du XIe siècle, elle garde un souvenir vivace. « Avec mon frère cadet, nous avons grandi dans un milieu privilégié, au milieu de la nature. J’étais un peu sauvage, j’adorais jouer dehors. Nous vivions entourés de personnes préoccupées déjà par les questions écologiques, notamment ma tante, Solange Fernex, l’une des premières femmes politiques écolo, dans les années 1970. Il y avait un vrai sens des saisons ; le passage du temps était jalonné des fêtes familiales et religieuses, tout au long de l’année. » Nombreux, les souvenirs sont aussi ceux de saveurs particulières. Chaque Noël, à minuit, sa grand-mère paternelle, très attachée aux traditions, autorise les enfants à boire un verre de vin chaud, dont le parfum se mêle à celui du christollen, ce gâteau de Noël à la pâte d’amandes. La jeune Stéphanie poursuit sa scolarité à Strasbourg, au lycée protestant Lucie- Berger, puis, après des études de commerce et d’histoire de l’art, part un an pour le Québec avec son ami. De retour en France, le couple se marie et s’installe à Paris. Stéphanie de Turckheim travaille alors au Jardin d’Acclimatation, un parc de loisirs aux portes de la capitale. Un premier garçon naît, suivi, l’année suivante, de jumeaux. Dans sa vie, c’est un tournant. « C’était une période vraiment épuisante, je ne faisais rien d’autre que de m’occuper de mes enfants, sourit-elle. Un jour, pour divertir mon aîné, j’ai décidé de donner des cours de cuisine à des enfants du quartier. Cela s’est très bien passé et tout le monde m’a poussé à écrire un livre de recettes. C’est comme ça que j’ai publié, avec Aimée Langrée, Petits plats gourmands pour mamans débordées [Tana, 2005]. » À sa surprise, le livre connaît un franc succès. Il sera le premier d’une longue liste : Le régime crétois, La crème de la crème, Mes cocottes qui mijotent, qui mijotent, Les nouveaux gâteaux du dimanche… autant d’ouvrages qui témoignent de ses envies du moment ou des tendances culinaires de l’époque.
Mais d’ailleurs, comment diable cela se construit, un livre de recettes ? Tout commence par un tour au marché, celui du quartier populaire de Belleville de préférence. Une seule exigence dans ce travail de création : ne cuisiner que des fruits et des légumes de saison. « J’achète tout ce que j’aime, je dépose tout sur ma table puis je m’assieds et je regarde. Puis, selon les formes, les odeurs et les goûts, je tente des associations en fonction d’un thème que moi ou mon éditeur avons fixé… C’est quelque chose d’instinctif, avec une bonne part d’imagination. Les livres de cuisine, pour moi, sont comme des romans, j’adore les feuilleter, les lire et les relire. » Pour être validées, les recettes doivent avoir été cuisinées par une autre personne. Un styliste se charge ensuite de présenter le plat sous son jour le plus flatteur, de le photographier et de le mettre en page. Aujourd’hui, la vie professionnelle de Stéphanie de Turckheim tourne tout entière autour de la cuisine. Elle travaille aussi comme conseillère en création culinaire pour des marques de l’agroalimentaire et donne toujours des cours de cuisine. Plus qu’un métier, c’est une passion. Une passion dont les origines remontent à l’enfance. Entre ici en scène son autre grand-mère, heureuse propriétaire d’une grande cuisinière à bois, en Haute-Marne. « Mon amour de la cuisine, je le tiens de ma grand-mère maternelle. Elle adorait cuisiner, elle était minutieuse et s’occupait avec amour de son potager. Sa cuisine était simple et traditionnelle, elle préparait des gougères, des blanquettes de veau, des aspics de pommes, des visitandines, ces petits gâteaux aux amandes… Je pourrais en parler des heures, c’était vraiment divin ! » Divin ? La polysémie du mot n’est sans doute pas innocente. Luther lui-même, on l’ignore trop souvent, était loin d’être hostile aux plaisirs de la table. Stéphanie de Turckheim s’est rapprochée il y a peu du protestantisme, dans lequel elle avait grandi. Elle confie son « coup de cœur » pour la pasteure de l’église des Billettes, Béatrice Hollard-Beau, avec laquelle elle organise, une fois par mois, un déjeuner pour les personnes du quartier « en précarité de vie ». Elle participe également au projet d’épicerie solidaire mis en place par la paroisse et à l’accompagnement d’une quinzaine de personnes en début de précarité. L’objectif est de les aider à trouver un toit, un travail, bref, un minimum de stabilité dans des parcours de vie parfois houleux. « J’ai eu envie de retrouver mes racines protestantes et l’église des Billettes a su m’accueillir, j’y redécouvre des valeurs qui me parlent. De nature, je ne cesse de me poser des questions sur tout, je suis en perpétuel doute.
Je me demande ce que je pourrais apporter, comment donner du sens aux choses… Les actions menées par la paroisse sont une manière concrète d’agir. » Une question de générations Stéphanie de Turckheim s’interrompt. La sonnerie du four vient de retentir. Quelques instants plus tard, une bonne odeur de gâteau se répand dans l’appartement. On remarque qu’il fut beaucoup question de grands-mères, lors de cet entretien. La transmission de l’amour de la cuisine ne passerait-elle pas par les parents ? « Les femmes de la génération de mes parents ont peut-être voulu s’émanciper de la cuisine et de ses contraintes, ont été grisées par l’arrivée des surgelés et des plats préparés. » La cuisine, depuis plusieurs années, a de nouveau la cote. On ne compte plus les émissions télévisées où des candidats venus de la France entière doivent, sous le regard sévère mais juste de grands chefs étoilés, concocter en un temps record un plat gastronomique à base de choux de Bruxelles. Un retour en grâce qui réjouit Stéphanie de Turckheim, consciente néanmoins qu’il reste beaucoup de chemin à parcourir, entre malbouffe et aliments transformés. Pour les prochaines vacances scolaires, l’auteure culinaire a prévu de se rendre en Alsace avec ses enfants. Une habitude, presque une tradition. « L’Alsace, mes enfants y sont très attachés. Nous y allons souvent, c’est l’occasion de retrouver des amis, et j’aime m’y ressourcer. C’est très rassurant de voir que le temps passe et qu’en cet endroit tout reste à peu près identique. Et puis il y a cette chaleur, cette convivialité, on aime se retrouver autour d’un bon plat, tout simplement. » Manger pour vivre, d’accord, mais manger sain et surtout manger bien. À noter Le site de Stéphanie de Turckheim : stephaniedeturckheim.fr Plats veggie du monde Stéphanie de Turckheim, Hachette, 2018, 25,90 €.
Publié le 18 septembre 2018(Mise à jour le 12/09) Par Gwenaël Cadoret Comment lutter contre le gaspillage alimentaire ? Comment lutter contre le gaspillage alimentaire ? Les initiatives pour rendre plus vertueuse la filière, de la fourche à la fourchette, se multiplient. Et si pour la rentrée, on prenait la résolution de moins jeter ? Du producteur au consommateur, la nourriture gaspillée en France permettrait de nourrir chaque année… près de 20 millions de personnes. C’est plus que tous les chiffres de la pauvreté ! De quoi interpeller le sociologue de l’alimentation Éric Birlouez. « On gaspille ce à quoi on attribue peu de valeur. Or l’alimentation a progressivement perdu sa valeur symbolique, sacrée, sociale, économique. » Il semble de plus en plus facile de jeter un aliment, alors que le prix bas est la norme. Pour combattre ce fléau, la loi Garot a vu le jour en 2016. Elle contraint les grandes surfaces à limiter le gaspillage. Mais cela ne suffit pas à infléchir les chiffres. Associations et entreprises de l’économie solidaire multiplient donc les projets pour « sauver des aliments de la poubelle ».
Gisements inexploités C’est d’ailleurs le slogan de « Too Good to Go ». Depuis deux ans, cette start-up parisienne propose une appli smartphone où les commerçants de bouche (boulangers, restaurants, bouchers…) proposent leurs invendus du jour, sous la forme de paniers surprise, d’une valeur de 2 et 4 euros. Un bon plan pour les étudiants et les foyers modestes. On commande sur l’appli, puis on récupère le panier dans le commerce. Le projet est un succès : il s’est déployé dans toutes les grandes et moyennes villes françaises, réunissant 4 000 commerçants et 500 000 clients actifs. 11 000 paniers sont échangés par jour, ce qui a déjà permis de « sauver » 1 000 tonnes d’invendus. « L’idée première reste de lutter contre le gaspillage de produits périssables, assure l’équipe du projet. Pour le commerçant, le prix du panier est symbolique. C’est un geste engagé pour sensibiliser le consommateur. » D’autres se spécialisent dans les « gisements inexploités ». C’est le cas du Chaînon manquant, association présente à Lyon et en région parisienne. Pour « faire le lien entre ceux qui ont trop et ceux qui ont besoin », la structure s’est tournée vers l’événementiel. « Nous avons commencé en 2014 à Roland-Garros, raconte Valérie de Margerie, la présidente. En deux semaines, nous avions récolté 15 000 repas ! Désormais, nous récupérons les produits du Parc des Princes, du Stade de France, de l’Accor Arena… » Et encore, pour des questions d’hygiène, les bénévoles ne peuvent emporter les restes des buffets… Autre « gisement » identifié par le Chaînon manquant : les restaurants d’entreprise. « Nous récupérons les stocks en chambre froide et les plats cuisinés qui restent côté cuisine. » Une fois dans leurs camions frigorifiques, les produits sont acheminés le jour même à 60 associations, et sont préparés, puis distribués au déjeuner ou au dîner. Au total, cela représente 150 000 repas par an et 10 000 bénéficiaires. « La loi Garot a eu un effet booster, salue Valérie de Margerie. Toute la filière alimentaire a commencé à se préoccuper du sujet. » Le projet pourrait s’étendre l’an prochain à Bordeaux. Mais pour aller plus loin contre le gaspillage, la responsable juge qu’il faudra agir « en aval », et toucher les particuliers.
Les cantines scolaires aussi C’est justement l’objectif de Frigo Magic. Cette appli, imaginée par un ancien restaurateur, propose des recettes de cuisine à partir de ce que l’on a dans son frigo. « C’est un bon moyen de ne pas laisser pourrir le brocoli ou la courgette dans le bac à légumes », sourit son concepteur, Christophe Boisselier. Il a élaboré 2 500 recettes, et un algorithme les adapte aux ingrédients de chacun. « Toutes les recettes sont faciles et prennent moins de 30 minutes, promet-il. Frigo Magic permet concrètement de moins gaspiller. » 100 000 personnes utilisent ce service gratuit (financé par la publicité). Pour toucher les mentalités, l’équipe organise également des « pique-niques anti-gaspi » gratuits, comme ce samedi 15 septembre à Rennes. Derrière ces projets, le sociologue Éric Birlouez voit « l’émergence d’un mouvement. De plus en plus de personnes sont sensibles à ces solutions techniques pour récupérer et distribuer, recycler, vendre avant de jeter. Des consommateurs sont prêts à payer un peu plus cher pour des produits plus éthiques. » Mais pour changer les choses en profondeur, il assure que la réponse devra être « culturelle ». « Travailler sur l’état d’esprit, les représentations, redonner de la valeur dans les consciences. » Il prend ainsi l’exemple des (rares) cantines scolaires où les enfants visitent les cuisines et rencontrent régulièrement les cuisiniers. « Ce sont celles où l’on jette le moins ! Quand les enfants comprennent qui prépare leur nourriture, ils font un effort. Redonner une dimension humaine à l’aliment, créer du lien, c’est la meilleure prévention contre le gaspillage. » Repères 10 millions de tonnes de denrées sont détruites chaque année en France, dont un tiers par les consommateurs. Dans le monde, un tiers de la production alimentaire est ainsi perdu. Chaque Français gaspille en moyenne 25 kilos de nourriture par an, dont 7 kilos
de produits encore emballés. 6 millions de Français sont en situation d’insécurité alimentaire. Publié le 18 décembre 2017(Mise à jour le 18/12) Par Frédérick Casadesus La cuisine est-elle un art ? A l’approche des fêtes, Réforme s’interroge sur ce qui constitue l’art culinaire et la gastronomie, sur la façon dont les chefs conçoivent leurs recettes. Alors que les fêtes approchent, épiceries fines et restaurants trois étoiles affichent d’étincelantes gourmandises. On peut réfléchir à la place de ce secteur d’activité dans notre économie ou s’indigner d’une débauche de luxe alors que tant de gens souffrent de la faim. Mais il est aussi permis de rêver, tant il est vrai que l’agencement de quatre brins de ciboulette et de six œufs n’a pas toujours de rapport avec les exportations françaises, ne coûte pas très cher et peut procurer bien du plaisir. La notion même de cuisine se situe dans le choix des possibles, un aménagement de saveurs et d’ingrédients qui vont susciter l’émotion. S’agit-il pour autant d’un art ? Beaucoup le pensent, mais n’osent l’affirmer, comme si la prééminence
d’une technique et d’un savoir-faire devait définitivement ranger la gastronomie du côté de l’artisanat. La naissance des chefs Alors que les Grecs désignaient les plus hautes occupations humaines sous le nom de techniques, les hommes du Moyen Âge séparaient les arts libéraux, liés au langage, à la science, des arts mécaniques, activités manuelles pour la plupart. « Depuis toujours, on se demande comment considérer la cuisine, admet Patrick Rambourg, historien des pratiques alimentaires et culinaires. Au XVIIe siècle, en France, on a beaucoup réfléchi à la hiérarchie des arts et réaffirmé la séparation des activités ayant une dimension spirituelle de celles qui avaient un caractère matériel ; dans ce cadre, la gastronomie se trouvait entre deux feux. » La cuisine était assimilée à la musique, dont la vocation de divertissement diminuait parfois le rayonnement. Tandis que les peintres et les gens de lettres jouissaient d’un certain prestige et d’une relative autonomie, cuisiniers et musiciens se trouvaient relégués au rang de serviteurs. La reconnaissance d’un art culinaire est indissociable de l’émergence de la figure de l’artiste. En ce domaine aussi, l’esprit des Lumière fut décisif. « Le cuisinier François Marin eut l’idée de faire écrire la préface de son ouvrage Le don de Comus ou les délices de la table, en 1739, par deux pères jésuites, relate Patrick Rambourg. Il bénéficia d’une légitimation symbolique de son talent. » Régulièrement réédité, l’ouvrage permit de changer la représentation de la cuisine. La qualité des cours et grandes maisons princières était évaluée à l’aune des repas comme des concerts qu’elles pouvaient organiser. Dans ce contexte, un nom surgit, celui de Marie Antoine, dit Antonin, Carême – au patronyme prédestiné… Nombre d’experts considèrent qu’il fut le Mozart de la cuisine, celui qui fit admettre sa personnalité de créateur et fit sortir son métier du champ de la domesticité. Travaillant d’abord auprès de Talleyrand, le bonhomme devint la vedette de son temps, au point de mériter, le premier, le titre de « chef » – on disait de lui qu’il était le roi des chefs et le chef des rois. Pâtissier à qui l’on prête l’invention du mille-feuille, il réhabilita le goût puissant des viandes et promut le traitement de sauces plus légères. « Le XIXe siècle a projeté l’art culinaire au premier plan, estime l’écrivain Henri Pigaillem. On l’a considéré comme essentiel au prestige des représentations sociales, le mélange des saveurs
se trouvant étroitement associé au spectacle du dressage des plats. » La figure d’Auguste Escoffier (1846-1935) couronne cette évolution. Simplifiant les audaces de Carême, il inventa la notion de menu, établit le droit canon des grandes recettes. Ainsi la façon d’accommoder la nourriture est-elle devenue l’une des grandes références dans notre imaginaire. Pourtant, la cuisine demeure la mal-aimée des classifications. Même la bande dessinée la supplante à ce jeu-là. « Parmi les cuisiniers eux-mêmes, le débat n’est pas fermé, remarque Alain1, responsable des viandes au sein d’un restaurant trois étoiles. Bertrand Grébaut, le chef qui a créé Septime, à Paris, dit toujours qu’il est un artisan, notamment parce que sa carte est renouvelée régulièrement, que ses plats peuvent être imités, reproduits par d’autres. Mais d’un autre côté, lorsqu’un cuisinier trouve une idée, il change le cours des choses, provoque un engouement général que l’on peut comparer à un mouvement artistique. » Ainsi les critiques Henri Gault et Chritian Millau n’auraient pas pu rassembler différents chefs sous le vocable de « Nouvelle cuisine » si Paul Bocuse, Michel Guérard et Roger Vergé n’avaient conçu, au début des années soixante-dix, des recettes inédites. « Quand j’ai commencé mon apprentissage, je croyais qu’après cinq ou six ans, j’allais ouvrir mon établissement, révèle Brigitte1, jeune apprentie qui s’occupe des poissons dans un établissement de prestige. Mais je me suis vite rendu compte que si l’on a l’ambition de produire une cuisine de qualité, il faut avoir quelque chose à dire et donc se forger un style. N’est-ce pas le propre d’un art que d’exiger pareille ambition ? » L’investissement principal d’un chef est affectif. C’est sa personnalité qu’il met en jeu. « La cuisine est un sacrifice, admet Alain. Il faut se surpasser pour étonner, ce qui engendre une pression considérable sur celle ou celui qui porte la responsabilité d’une équipe. » Un certain nombre de chefs n’y ont pas résisté. De François Vatel à Benoît Violier en passant par Bernard Loiseau, la liste est longue des cuisiniers qui ont mis fin à leurs jours. « On ne peut pas comparer les époques et les destins, reconnaît Patrick Rambourg. Mais l’exercice du métier de cuisinier suppose une sensibilité particulière. Il faut associer la quête constante de la perfection technique à l’émotivité. Cela peut creuser des failles profondes. »
On objectera que tout le monde n’est pas un grand chef et que la cuisine bien souvent se résume à des pratiques de nécessité. Mais quand il s’agit d’inventer quelque repas de fête ou de famille, le processus d’imitation n’est jamais loin. Les chefs inspirent les cuisiniers amateurs grâce à leurs livres de recettes. « Les premiers documents de ce genre, mésopotamiens, datent de 1 700 ans avant Jésus-Christ, explique Patrick Rambourg. Ils permettent évidemment de transmettre une forme artistique à la postérité. » Ces ouvrages ne constituent cependant qu’une petite partie du travail : la façon de procéder manque aux néophytes. « Certains grands chefs ne donnent pas la totalité de leurs recettes par crainte d’être pillés, révèle en souriant Brigitte. Mais la plupart d’entre eux savent bien que leur travail ne sera pas reproduit de la même manière et trouvent dans la publication d’un livre le moyen de laisser une empreinte. » Fourneau piano Au fil de cette enquête, le parallèle entre la cuisine et la musique n’a cessé de se confirmer. Ce n’est pas seulement lié à des circonstances historiques ou bien au goût des experts pour les métaphores. Si nombre de compositeurs se sont passionnés pour la gastronomie – Giacomo Rossini, devenu riche et célèbre, a choisi de consacrer une partie de son temps à l’agencement de plats –, c’est parce qu’il existe un lien très fort entre ces deux formes d’expression. La conception d’un mets ressemble à s’y méprendre à l’écriture d’une œuvre musicale. Un compositeur écrit son œuvre à sa table de travail, tout comme le maître de cuisine imagine de nouvelles recettes à son bureau. L’un et l’autre vérifient ensuite la justesse de leurs intuitions devant leur instrument. « Si l’on donne au fourneau le surnom de piano, ce n’est pas par hasard, souligne Patrick Rambourg. En jouant des variétés de cuisson, le cuisinier semble interpréter des gammes. De la même manière, en mélangeant les saveurs, il accompagne le plat comme le compositeur illustre une mélodie par des harmonies qui lui sont propres. » Un mélomane reconnaît la musique de Beethoven ou Ravel en quelques mesures, un gastronome un plat de Pierre Gagnaire en deux bouchées. « Par ses recherches de saveurs nouvelles, ce chef peut être considéré comme le plus artiste des cuisiniers contemporains », note Alain.
Seul bémol : quand la musique demeure immatérielle et nous invite aux plus hautes méditations spirituelles, la cuisine demeure associée à la trivialité de la terre ainsi qu’à des fonctions naturelles que les hommes répugnent à évoquer. Cela ne doit pas faire oublier que l’art de bien manger peut élever l’esprit. « Quand vous faites la cuisine, ne regardez pas les choses ordinaires d’un regard ordinaire », conseillait l’un des plus grands penseurs du Japon, Dôgen (1200-1253). N’est-ce pas un bon chemin pour appréhender les fêtes ? À lire Histoire de la cuisine et de la gastronomie françaises Patrick Rambourg Tempus, 384 p., 9,5 €. L’histoire à la casserole Henri Pigaillem Folio, 459 p., 8,30 €. Instructions au cuisinier zen Dôgen Folio Sagesses, 85 p., 3,50 €.
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