Lutte contre la violence au sein du couple - Protocole d'intervention à l'usage des professionnel-le-s du canton de Fribourg - Etat de Fribourg
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Violence au sein du couple 1 Lutte contre la violence au sein du couple Protocole d’intervention à l’usage des professionnel-le-s du canton de Fribourg Bureau de l’égalité hommes-femmes et de la famille BEF Büro für die Gleichstellung von Frau und Mann und für Familienfragen GFB Commission contre la violence au sein du couple et ses impacts sur la famille Kommission gegen Gewalt in Paarbeziehungen
2 Violence au sein du couple Violence au sein du couple 3 Adresses utiles Fribourg — Urgences Aide aux victimes Aide aux enfants Aide aux migrant-e-s Police Tél. 117 Centre de consultation LAVI Hôpital fribourgeois Hotline de pédiatrie CCSI Centre de Contact Suisse(sse)s– — pour enfants et hommes — Immigré(e)s / SOS Racisme ≥ Plainte peut être déposée auprès — Tél. 0900 26 80 01 (24h/24h) — de chaque poste de police Pérolles 18, CP 29 www.admin.fr.ch/dsas Rue des Alpes 11 www.ccsi-sos-racisme.ch ≥ La victime de violence peut demander que 1705 Fribourg lavi-ohg@fr.ch ≥ Intervention de crise 1700 Fribourg ccsi.sos_racisme@bluewin.ch la déposition soit prise par une personne Tél. 026 305 15 80 Tél. 026 424 21 25 de même sexe ≥ Consultations dans le domaine de l’aide Aide aux enfants ≥ Service de consultation juridique et sociale aux enfants et hommes victimes d’infraction (questions concernant les autorisations de séjour) Urgences Centre LAVI pour enfants et adolescents — Ambulance Tél. 144 Aide aux victimes Pérolles 18 A, CP 29 www.admin.fr.ch/dsas Aide aux migrant-e-s — 1705 Fribourg lavi-ohg@fr.ch Permanence médicale pour le canton de Fribourg Service de l’action sociale Tél. 026 305 15 80 Caritas Suisse Fribourg Tél. 026 350 11 40 Coordination LAVI — — Rue de Morat 8 www.caritas.ch Rte des Cliniques 17 www.fr.ch/sasoc Aide aux enfants 1700 Fribourg Aide aux victimes 1701 Fribourg Tél. 026 305 29 92 Service de l’enfance et de la jeunesse Service d’interprètes : Tél. 026 425 81 00 Solidarité Femmes — Service de consultations juridiques Caritas-EPER : Centre LAVI pour femmes Pérolles 24, CP 29 Tél. 026 425 81 02 — Aide aux auteur-e-s de violence 1705 Fribourg CP 1400 www.sf-lavi.ch Tél. 026 305 15 30 1700 Fribourg info@sf-lavi.ch Association EX-pression Services médicaux Tél. 026 322 22 02 — ≥ Aide, conseils et consultations sociales Route de la Vignettaz 48 www.ex-pression.ch Hôpital fribourgeois, site de Fribourg ≥ Hébergement pour les femmes et 1700 Fribourg — leurs enfants dans un lieu protégé Tél. 0848 08 08 08 (Fr. 0.04/min.) Aide aux migrant-e-s Service des Urgences ≥ Soutien et accompagnement psycho-social, Tél. 026 426 71 11 informations juridiques ≥ Soutien et accompagnement pour auteur-e Fri-Santé ≥ Consultations ambulatoires de violence physique, psychique, sexuelle ou — ≥ Permanence médicale et de soutien 24h/24 ≥ Informations et accompagnement selon matérielle qui souhaite changer de comportement Pérolles 30 frisante@bluewin.ch ≥ Etablissement d’un certificat médical les prescriptions de la LAVI 1700 Fribourg (entre autre pour des démarches juridiques) ≥ Consultations par téléphone et interventions Tél. 026 341 03 30 ≥ Des constats médicaux peuvent y être obtenus en situation de crise jour et nuit Aide aux enfants (en vue d’un éventuel dépôt de plainte) ≥ Aide, conseils et consultations sociales ≥ Sur demande, le contrôle gynécologique peut être Service cantonal de pédopsychiatrie (SPP) effectué par une femme (médecin, gynécologue) — Chemin des Mazots 2 www.admin.fr.ch/dsas 1701 Fribourg Spp-kjpd@fr.ch Services médicaux Tél. 026 305 30 50 Service psycho-social Fribourg ≥ Intervention de crise (heures de bureau) — Av. Général-Guisan 56 1700 Fribourg Tél. 026 460 10 10
4 Violence au sein du couple Violence au sein du couple 5 Adresses utiles Fribourg Adresses utiles Suisse Préface — — — Services médicaux Violence dans le couple En 2004, l’Etat a lancé un signal très fort Nous espérons aussi à travers le présent manuel — en faisant de la violence au sein du couple un délit sensibiliser divers milieux professionnels à cette Centre de soins en santé mentale ≥ Informations, réponses et forum poursuivi d’office. Cette volonté étatique d’agir ou- thématique et ainsi en améliorer le dépistage et par — de discussion sur la violence dans le couple : vertement sur une question jusqu’alors confinée à conséquent la prise en charge. Rue de la Condémine 60 www.violencequefaire.ch la sphère intime et relevant de la vie privée de cha- 1630 Bulle ≥ Service national de lutte contre la violence : cun-e découle d’une prise de conscience collective Bon nombre de victimes qui racontent leur trajec- Tél. 026 305 63 13 www.against-violence.ch plus large. Dans cette même logique, des instances toire témoignent qu’elles espéraient que la question ≥ Site internet des Solidarités Femmes, maisons comme l’ONU, l’OMS ou encore le Conseil de l’Europe de la violence au sein du couple leur soit posée di- d’accueil pour les femmes maltraitées et leurs ont tiré la sonnette d’alarme sur une problématique rectement par un-e professionnel-le, qu’il s’agisse du Services sociaux enfants : www.solidarite-femmes.ch dont l’ampleur inquiète à juste titre les pouvoirs pu- médecin de famille ou de l’assistant-e social-e par blics. En effet, selon certaines études, une femme sur exemple. Services sociaux régionaux 5 est victime de violence physique ou sexuelle dans — Migration le cadre d’une relation. Suivant les espaces sociaux et Dans un premier temps, le présent protocole pro- La liste des services sociaux régionaux est — les contextes concernés, ce chiffre peut même aug- pose une explication générale des mécanismes à disponible auprès du Service de l’action sociale ≥ Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) : menter dramatiquement. Les conséquences directes l’œuvre dans les cas de violence au sein du couple www.sem.admin.ch de cette violence dépassent largement le domaine afin d’affiner la compréhension de ce phénomène et Tél. 026 305 29 92 www.fr.ch/sasoc ≥ Service Social International (SSI) : privé et précarisent des familles entières, rejaillissant de l’aborder avec certaines notions-clés. Le cycle de Interventions socio-juridiques, en Suisse sur la société dans son ensemble. En tenant compte la violence y est expliqué entre autres, ainsi que ses et à l’étranger de la haute prévalence de ce phénomène dans la conséquences. Tribunaux Service de consultation juridique droit suisse population, il est impératif d’agir et de multiplier les — et international, droit des étrangers, publications, messages et les lieux de prévention ainsi que le dé- Ensuite, nous proposons aux professionnel-le-s un Tribunal de la Sarine : Tél. 026 305 62 00 conseil individualisé pour les particuliers, pistage des personnes directement concernées. protocole d’action DOTIP dont l’acronyme renvoie Tribunal de la Broye : Tél. 026 663 91 00 services sociaux et autorités : www.ssiss.ch aux actions suivantes : Dépister, Offrir un message Tribunal de la Glâne : Tél. 026 305 94 60 Toutefois, la particularité de la relation qui unit la clair de soutien, Traiter, Informer et Protéger. Il s’agit Tribunal de la Gruyère : Tél. 026 305 64 44 victime et son agresseur-e, souvent au-delà d’une de fournir des conseils pratiques de prise en charge Tribunal du Lac : Tél. 026 305 90 90 séparation de corps, complexifie la prise en charge. de la problématique et d’orientation des personnes Tribunal de la Veveyse : Tél. 026 305 94 40 En effet, il s’agit d’un lien affectif, voire familial, dont concernées au sein du réseau. Cette partie comporte l’articulation avec la violence n’est jamais simple tant aussi des références juridiques actualisées et un ≥ La justice de paix de votre région : pour la victime que pour l’auteur-e. De nombreux fac- descriptif des différents acteurs/actrices de terrain www.fr.ch/pj teurs entrent en jeu : présence d’enfants, permis de qui interviennent dans le domaine (police, justice, (pour la protection de l’enfant et de l’adulte) séjour, situation socio-économique, dépendances, milieux de la santé, institutions sociales, etc.). ≥ Le Ministère public état de santé général, etc. Dans la plupart des cas, 026 305 39 39 la résolution de la violence passe par du déni, des La troisième partie traite de thèmes plus spécifiques www.fr.ch/mp aller-retour, ou encore des rechutes. Le tabou qui en- en lien avec la violence au sein du couple à savoir : (pour une plainte pénale) toure encore ce type d’agression, la honte sociale qui les enfants victimes de la violence des parents, la mi- l’accompagne et le lieu où elle se déroule – princi- gration en lien avec le droit de séjour et finalement palement au domicile des victimes, le soir, la nuit ou le stalking (harcèlement obsessionnel). Elle permet Divers les week-ends – compliquent toute approche. Cette d’approfondir certains sujets selon les nécessités de ambivalence et ce paradoxe peuvent parfois dérou- la personne qui consulte le document. Autodéfense pour femmes ter les professionnel-le-s qui y sont confrontés. et jeunes filles Le DOTIP, protocole de dépistage, soutien et orien- — C’est pourquoi nous souhaitons proposer un outil de tation à destination des professionnel-le-s du canton Tél. 079 646 85 45 www.pallas.ch admin@pallas.ch travail factuel à chaque professionnel-le qui devrait de Fribourg souhaite renforcer la lutte contre la vio- faire face à des situations de violence au sein du lence au sein du couple et sensibiliser tous les mi- couple dans l’exercice de ses fonctions. lieux concernés de près ou de loin par la thématique. Cet outil se veut accessible, simple d’utilisation et factuel pour en renforcer l’efficacité.
6 Violence au sein du couple Violence au sein du couple 7 Table des matières — I Qu’est-ce que la violence II Protocole d'intervention Pages 16 - 17 III Thèmes spécifiques Page 35 IV Etudes récentes, publications au sein du couple ? Page 9 et matériel d'informations Page 47 D Dépister la violence au sein du couple 18 1. Les enfants et la violence Qu’est-ce que la violence Pourquoi dépister 18 au sein du couple 36 au sein du couple ? 10 Comment dépister 18 2. Violence au sein du couple Les différentes formes de violence 11 O Offrir un message clair de soutien 20 et migration 40 L’intervention auprès des auteur-e-s Le cycle de la violence au sein du couple 12 de violence 22 3. Droit de séjour en cas de séparation Les différents modèles de prise en charge et / ou divorce 42 Les facteurs de la violence des auteur-e-s de violence 23 au sein du couple 14 4. Harcèlement obsessionnel (Stalking) 44 T Traiter la situation 24 Les conséquences pour les victimes 45 Les conséquences de la violence 14 Intervention policière / protection légale 45 I Informer 26 Pistes d’intervention 46 Obligation de dénoncer ? 26 Principales violences constitutives d’une infraction 27 P Protéger et prévenir la récidive 32
Violence au sein du couple 9 I Qu’est-ce que la violence au sein du couple ? — Quand le rose devient noir. Les femmes étant les principales victimes de la violence au sein du couple c’est à elles que l’on fera prioritairement référence dans ce guide. Toutefois, il pourra également être utile dans les cas d’hommes violentés par leur partenaire.
10 Violence au sein du couple Violence au sein du couple 11 Qu’est-ce que la violence au sein du couple ? Les différentes formes de violence — — On parle de violence au sein du couple dès lors Pour assurer une prise en charge adéquate des vic- La violence verbale et psychologique La violence sexuelle qu’une personne exerce ou menace d’exercer une times et de leur entourage, il est important pour les vise la confiance en soi, l’identité personnelle et vise à dominer la personne dans ce qu’elle a de plus violence physique, psychique ou sexuelle à l’en- professionnel-le-s de prendre conscience de la com- la force de vie. Elle s’exerce notamment par les intime. Elle comprend notamment les actes suivants : contre de son ou sa partenaire, dans le cadre d’une plexité du phénomène, et de faire la distinction entre comportements suivants : relation de couple, marié ou non, hétéro- ou ho- deux schémas de violence, à savoir : ≥≥ contrainte à des contacts ou pratiques sexuelles mosexuelle. La violence exercée durant et après ≥≥ mépris, humiliation (au moyen de chantage, harcèlement, intimida- une rupture (violence liée à la rupture / harcèlement ≥≥ le recours spontané à la violence pour gérer les ≥≥ rabaissement, dénigrement, insultes tions, etc.) obsessionnel) en fait également partie. conflits : le couple fonctionne dans une dynamique ≥≥ harcèlement ≥≥ viol conjugal (ou tentative) de violence, les deux partenaires peuvent y faire ≥≥ sarcasmes ≥≥ viol « réparateur » / relation sexuelle non désirée La violence au sein du couple est un phénomène recours dans le cadre d’une dispute (violence sy- ≥≥ cris, hurlements (par exemple après une dispute) complexe, enraciné dans l’interaction de nombreux métrique). ≥≥ remarques racistes ≥≥ astreinte à des pratiques sexuelles avec des tiers facteurs individuels, sociaux, culturels, économiques ≥≥ le comportement de violence et de contrôle coer- ≥≥ ordres imposés brutalement et politiques. Elle est composée de divers schémas citif systématique : il s’agit habituellement d’une ≥≥ chantage La violence économique et formes de violence. relation de domination et de contrôle dans la- ≥≥ menace au suicide touche aux activités économiques et s’exerce quelle la violence sert à maintenir la domination ≥≥ scènes de jalousie excessive notamment par les comportements suivants : Il s’agit toutefois d’une violence spécifique, dont cer- sur l’autre personne (violence complémentaire ou ≥≥ silence, refus de communiquer taines caractéristiques permettent de la différencier violence punition). ≥≥ instauration d’un climat de peur (proférer des me- ≥≥ interdiction de travailler d’autres actes de violence 1 : naces, casser des objets, menacer avec une arme, ≥≥ travail forcé La différence fondamentale réside dans le rapport maltraiter des animaux, etc.) ≥≥ saisie du salaire ≥≥ L’auteur-e et la victime sont liés par un lien émo- de force entre les personnes impliquées. ≥≥ contrôle et domination ≥≥ détention par un-e seul partenaire du pouvoir de tionnel, qui subsiste souvent aussi après une sépa- ≥≥ volonté d’isoler l’autre socialement et profession- décision concernant les ressources financières ration ou un divorce. nellement, de restreindre sa liberté ≥≥ refus de contribuer selon ses ressources aux ≥≥ Les actes de violence se déroulent majoritaire- ≥≥ destruction d’effets personnels besoins du ménage ment dans l’espace privé, à la maison. Autrement ≥≥ refus de participer à des activités familiales dit dans un endroit normalement synonyme de (non-action) Les violences verbale et psychologique précèdent et sécurité et de protection. accompagnent pratiquement toujours les violences ≥≥ Il y a atteinte à l’intégrité corporelle et / ou psy- La violence physique physique et sexuelle. Une personne peut toutefois chique de la victime, lorsque l’auteur-e exerce ou affirme la domination de l’agresseur-e et peut être victime d’une forme de violence, indépendam- menace d’exercer une violence physique, sexuelle prendre la forme de : ment d’une autre. Ces différentes formes de violence ou psychique. se conjuguent au fil du temps en une escalade de plus ≥≥ En général, la violence au sein du couple est exer- ≥≥ gifles et empoignades en plus dangereuse : plus les violences sont graves et cée sur une longue durée, composée d’actes ré- ≥≥ coups et blessures répétées, plus le risque d’homicide augmente. pétitifs, et son intensité augmente avec le temps. ≥≥ action de pousser et secouer ≥≥ Elle ne résulte pas d’une perte de contrôle mais ≥≥ brûlures Il arrive que la violence conjugale ne se déclare pas constitue, au contraire, un moyen choisi pour do- ≥≥ morsures avant le moment de la séparation, mais dans tous miner l’autre personne et affirmer son pouvoir sur ≥≥ fractures les cas, elle persiste souvent après la fin de la vie elle. La personne agressée éprouve un sentiment ≥≥ étranglements commune. de contrainte et de danger. L’auteur-e de violence ≥≥ séquestration conjugale profite souvent d’un rapport de force ≥≥ homicide (ou tentative) asymétrique. Le risque de violence est moindre lorsque les couples vivent une relation égalitaire. 1 in « Feuille d’information 1 : Définition, formes et personnes touchées » BFEG, 2015.
12 Violence au sein du couple Violence au sein du couple 13 Le cycle de la violence au sein du couple — Les recherches et les expériences du terrain ont mis tale – sans compter les lésions corporelles – ont de de montée de la tension s’installe de nouveau insi- qu’une femme reste dans une relation marquée par la en évidence une dynamique propre à la violence lourdes répercussions sur le plan psychique. Cer- dieusement. Pour un motif ou un autre, une nouvelle violence 2. En voici une liste non exhaustive : dans les relations de couple. La connaissance et la taines victimes se retrouvent dans un état de choc escalade se produit, et le cycle se reproduit. La spi- prise en compte de cette dynamique, appelée égale- qui peut durer plusieurs jours. Si la police est appelée rale de la violence recommence, avec des phases de ≥≥ L’amour qu’elles éprouvent pour leur partenaire ment « spirale de la violence », représente une base à ce moment-là, la victime peut se montrer agressive, plus en plus rapprochées et des agressions de plus ≥≥ La peur des représailles / l’usage de menaces. indispensable pour un travail efficace de consul- apathique ou faire des déclarations contradictoires. en plus graves. ≥≥ L’absence et la méconnaissance des ressources tation et d’intervention de la part des profession- d’aide et de la loi nel-le-s confrontés à ce genre de situations. 3. Phase de rationalisation ou de rejet Spirale de la violence ≥≥ Une dépendance économique de la responsabilité ≥≥ Une dépendance affective 1. Phase de montée de la tension ≥≥ Un manque de soutien de la part Durant cette phase, l’auteur-e de violence cherche à accu de la famille et de l’entourage m Cette phase est caractérisée par des paroles dé- minimiser ses actes, ainsi que les conséquences de ul ≥≥ L’espoir constant que le ou la partenaire valorisantes, des humiliations et des insultes. L’au- sa violence. Il ou elle rejette sa propre responsabi- es va changer at nc ces ion teur-e réagit à ce qui s’éveille intérieurement dans lité sur les autres, et recherche les causes de cette len ≥≥ La peur de perdre son droit de séjour ex viole cus un contexte relationnel précis. Il ou elle évite une violence dans des causes externes (stress, fatigue, ≥≥ La santé des tensio vio chômage, etc.). Il ou elle peut également invoquer le es confrontation pénible avec des émotions et des sen- sations intolérables, tente de reconstruire une sécu- comportement de son ou sa partenaire pour justifier La majorité des victimes de violence au sein du rité subjective par un sentiment de non maîtrise et un son débordement. Les victimes en viennent à dou- ne e couple ont besoin d’aide pour parvenir à mettre un mi lu l de ns besoin de contrôle. Souvent, la victime est consciente ter d’elles-mêmes, se culpabilisent et finissent par- terme à la spirale de la violence. de la situation, et tente de prévenir les violences, en fois par penser que ce sont elles qui doivent changer consacrant toute son attention à la personne violente pour que cesse la violence. Cette prise de respon- Comment les victimes arrivent-elle à mettre et en refoulant ses propres besoins et peurs pour sabilité de la violence du ou de la partenaire sur soi un terme à la spirale de la violence ? tenter d’éviter les situations de conflits. Mais cela contribue à perpétuer la spirale de la violence. ne suffit pas à contrôler les agissements violents de L’aide de professionnel-le-s s’avère souvent néces- C’est souvent au terme d’un long cheminement, mar- l’auteur-e. L’accumulation d’insatisfactions et de ten- 4. Lune de miel saire pour parvenir à rompre ce cycle de la violence. qué par l’ambivalence, que les victimes parviennent sions servent de prétextes ou de justification à l’ex- Au niveau des victimes, il est important d’interve- à briser le cycle de la violence au sein du couple, plosion de violence. Le moment de crise passé, la personne violente ex- nir avant la phase de lune de miel. Du côté des au- voire à quitter définitivement le/la conjoint-e violent. prime des regrets, promet de ne pas recommencer, a teur-e-s, une prise en charge par des profession- Avant le départ définitif, les victimes hésitent entre 2. Explosion de la violence peur de perdre son ou sa partenaire et fait tout pour nel-le-s aura le plus de chances de succès entre les partir et rester : elles partent pour voir si elles peuvent se faire pardonner. Elle a honte, se sent impuissante, phases 3 (rationalisation) et 4 (lune de miel). survivre en dehors de la relation puis reviennent pour L’auteur-e éprouve de la rage, un sentiment d’injus- et aimerait effacer ce qui s’est passé. Elle promet de voir si cette relation peut changer, si leur partenaire tice, la sensation que tout lui échappe, l’acte de vio- changer de comportement. La victime reprend alors La violence dans le couple peut devenir plus fré- tient ses promesses de changement. lence devient une tentative extrême de regagner le espoir, voulant croire aux promesses. Elle minimise à quente et s’aggraver avec le temps. Il est dès lors im- contrôle face à son désarroi intérieur en s’autorisant son tour la violence, sans avoir conscience que cette portant et nécessaire d’intervenir et d’apporter une Une femme victime de violence au sein du couple à dépasser les limites du respect d’autrui. L’auteur-e situation conduit à une destruction de plus en plus aide à un stade précoce. La connaissance et la prise peut par exemple se séparer plusieurs fois de son finit par exploser, pour se décharger ou pour régler grave de son identité et de sa santé, tout en renfor- en compte de la thématique spécifique de la vio- conjoint avant de le quitter définitivement. les conflits à son avantage. Alors que la violence était çant le sentiment d’impunité du ou de la partenaire. lence au sein du couple, en particulier de la spirale Les principales raisons qui peuvent motiver une mesurée pendant la première phase, il ou elle est de la violence, est indispensable pour une interven- femme à quitter définitivement son partenaire usant alors capable de tout : hurlements, insultes, menaces, Cette période représente par ailleurs une grande tion professionnelle adaptée et efficace. de violence sont : intimidations, gifles, coups, etc. La victime se sent confusion pour les enfants témoins de violence au piégée, terrifiée, impuissante. Durant cette phase, sein du couple parental. Durant cette phase de lune Pourquoi les victimes restent-elles ? ≥≥ la connaissance du réseau d’aide pour elle et ses les victimes réagissent de manière différente : elles de miel, les parents leur renvoient un nouveau signal, enfants peuvent fuir ou se retirer, se défendre activement alors qu’auparavant, les enfants avaient ressenti de la Les victimes qui sont prises dans le cycle de la vio- ≥≥ la prise de conscience de l’impact de la violence (violence réactionnelle) ou subir les mauvais traite- peur. Ils se retrouvent démunis, ne pouvant plus faire lence au sein du couple ressentent de la peur, de la au sein du couple sur ses enfants / le désir de pro- ments. confiance à leur ressenti. honte, de la culpabilité, des doutes et de l’impuis- téger ses enfants sance. En plus, des convictions religieuses, des va- ≥≥ l’atteinte d’un niveau de violence dépassant son Au cours de ces périodes, les victimes sont sou- La période de lune de miel est une période de répit, leurs personnelles ou culturelles qui empêchent les seuil critique de tolérance (le seuil différant d’une vent en proie à des angoisses de mort. La violence durant laquelle certaines personnes recherchent de victimes de quitter leur partenaire, des études ont personne à l’autre). subie, la perte de tout contrôle et l’impuissance to- l’aide. Si aucune démarche n’est entreprise, la phase par exemple révélé plusieurs facteurs qui expliquent 2 1.Heise, L. et Garcia-Moreno, C. (2002). La violence exercée par des partenaires intimes. Dans E.G. Krug, L.L. Dahlberg, J.A. Mercy, A. Zwi et R. Lozano-Ascencio (Eds.), Rapport mondial sur la violence et la santé (pp. 97-135). Genève : Organisation mondiale de la Santé.
14 Violence au sein du couple Violence au sein du couple 15 Les facteurs de la violence au sein du couple — Les origines de la violence au sein du couple doivent Facteurs relationnels et familiaux tion de violence au sein du couple, avec des risques Conséquences pour la société être recherchées à la fois dans l’individu, la famille, importants d’emprise et d’atteinte à l’intégrité psy- la communauté et la société. C’est la conjugaison de ≥≥ pouvoir inégalement réparti dans le couple chique de la personne. La violence dans les relations de couple a de nom- différents facteurs qui explique la violence et non ≥≥ comportement systématique de domination breuses conséquences pour les personnes touchées, une cause unique et invariable. Le risque de vio- et de contrôle Une étude de la maternité Triemli Inselhof à Zurich 3 a mais elle engendre également des coûts importants lence est directement proportionnel au nombre de ≥≥ passé familial empreint de violence relevé que les femmes ayant subi des violences ont pour la société dans son ensemble. facteurs qui vont coexister dans un couple donné. ≥≥ dépendance affective pouvant aboutir significativement plus de problèmes de santé que les Il n’est en aucun cas lié à un milieu socio-culturel. à une volonté de possession femmes qui ne sont pas touchées par la violence. La Aux coûts directs occasionnés par la violence au sein ≥≥ faible capacité de communication, violence mine la confiance en soi, détruit le bien-être du couple - tels que les coûts de justice, des inter- Modèle écologique pour comprendre refus de la négociation et dégrade la santé. Elle entraîne des troubles phy- ventions policières, les coûts sanitaires, de l’assis- le phénomène de la violence siques et psychiques tels que stress, anxiété, dépres- tance financière (p. ex. aide sociale), de la recherche Source : OMS (2002, 10) ; Heise (1998, 265) Facteurs individuels sion, insomnies, maux de tête, de ventre ou de dos, d’appartement pour les victimes et les auteur-e-s, fatigue chronique, symptômes de stress post-trau- des consultations pour les victimes et les auteur-e-s, ≥≥ expériences de violence vécues dans matique. du travail social, ou encore des mesures de protec- l’enfance (victime ou témoin) tion de la jeunesse – s’ajoutent des coûts indirects. ≥≥ construction fragile de l’identité et blessures Conséquences sociales et financières Ceux-ci sont notamment composés de l’absence au Sociétale narcissiques travail en raison de maladie, l’incapacité de travail Communautaire ≥≥ troubles psychologiques ou de la personnalité Aux problèmes de santé s’ajoutent souvent des pro- durable ou le chômage (coûts incombant aussi bien à Relationnelle ≥≥ comportement antisocial et délinquance hors blèmes sociaux, comme la stigmatisation et l’isole- l’employeur qu’à l’employé-e), ou encore l’incapacité du couple ment social qui en découlent. Les victimes de vio- à remplir les tâches domestiques. Individuelle ≥≥ volonté de domination lence au sein du couple éprouvent un sentiment de ≥≥ stress, stratégies de gestion du stress culpabilité et ont honte des actes de violence subis. Une étude suisse montre 4 que la majeure partie des ≥≥ abus d’alcool, de médicaments et/ou toxicomanie. Les femmes qui se séparent de leur partenaire violent coûts de la violence dans les relations de couple se retrouvent souvent en difficulté financière. Les iné- concernent la police et la justice (49 millions de francs), galités qui subsistent entre femmes et hommes dans les pertes de productivité (40 millions de francs) et les Facteurs au niveau de la société Les conséquences la vie professionnelle sont telles que beaucoup de femmes ne sont financièrement pas indépendantes offres de soutien (37 millions de francs). de la violence après une séparation ou un divorce si bien qu’elles Outre ces coûts tangibles annuels, il faut prendre en ≥≥ vision stéréotypée du rôle des deux sexes ≥≥ inégalités entre femmes et hommes aux — doivent recourir à l’aide sociale. compte des coûts encourus tout au long de la vie qui s’élèvent à près de 2 milliards de francs, imputables niveaux social, économique et sexuel Conséquences pour les enfants à la perte de qualité de vie due aux souffrances, Les conséquences de la violence au sein du couple ≥≥ tolérance de la violence dans les relations aux douleurs et à la peur consécutives à la violence sont nombreuses, dépassent la sphère individuelle de couple et banalisation de la violence Les enfants ne sont jamais épargnés par la vio- (coûts intangibles). et affectent à la fois les personnes touchées et la so- ≥≥ attitude passive face à la violence comme lence qui règne dans leur famille. Qu’ils en soient les ciété dans son ensemble. Il s’agit d’un problème de moyen de résolution des conflits témoins directs ou indirects, ils souffrent, sont fragili- Sur le long terme, la violence au sein du couple a des politique sociale et d’égalité qui a de graves réper- ≥≥ héritage de systèmes d’éducation répressive, sés et peuvent présenter des troubles tels que senti- répercussions sur la vulnérabilité de la société à la cussions en termes de santé et de sécurité publique. autoritaire et / ou sexiste. ments d’insécurité, angoisse, culpabilité, troubles du violence. En effet, l’exposition à la violence au sein sommeil ou de l’alimentation, difficultés d’apprentis- du couple génère chez les enfants qui y sont confron- Conséquences pour les personnes touchées Facteurs au niveau de la communauté sage ou relationnelles. tés un risque important de répétition intergénéra- Conséquences sur la santé tionnelle des comportements violents. ≥≥ isolement ou faible insertion sociale Souvent, ils voudraient pouvoir intervenir et se Si les violences physiques et sexuelles graves sont ≥≥ manque de soutien social ; pauvreté et exclusion chargent d’un rôle protecteur trop lourd pour leur clairement perçues comme des atteintes à l’inté- ≥≥ milieu social tolérant la violence âge. Ils sont animés de sentiments contradictoires grité des victimes et peuvent, dans les situations ≥≥ croyances religieuses (facteur de risque aggra- et ne peuvent dénoncer la violence subie par l’un de extrêmes, conduire à un danger de mort, les autres vant pour les victimes, mais moindre pour les au- leur parent et se retrouvent pris dans des conflits de formes de violence sont plus subtiles, moins faciles à teur-e-s) loyauté. identifier, à détecter et à prouver. C’est la répétition de faits apparemment anodins quand ils sont pris isolément qui engendre une situa- 3 Büro für die Gleichstellung von Frau und Mann der Stadt Zürich und Maternité Inselhof Triemli Zürich (éd.). Frauen, Gesundheit und Gewalt im sozialen Nahraum – Repräsentativbefragung bei Patientinnen der Maternité 4 Inselhof Triemli. Klinik für Geburtshilfe und Gynäkologie. Berne. 2004. Coûts de la violence dans les relations de couple, BFEG, 2013.
16 Violence au sein du couple Violence au sein du couple 17 II Protocole d’intervention — Dans le cadre de votre activité professionnelle, vous pouvez être confronté-e non seulement à la victime de violence 1 2 au sein du couple, mais aussi à l’auteur-e de celle-ci, ou encore à l’ensemble de la famille. de la famille. D O L’acronyme DOTIP fait référence aux cinq étapes à respecter lors d’une intervention auprès d’une victime ou d’un-e Dépister la violence au sein du couple Offrir un message de soutien auteur-e de violence au sein du couple : Pensez à la violence : l’OMS recommande La violence au sein du couple est inacceptable. un dépistage systématique. La plupart des actes de violence sont des délits punissables par la loi. Toute personne peut exercer et subir de la violence, sans distinction de culture, classe sociale ou Toute victime a des droits. La responsabilité éducation. des actes de violence appartient uniquement à leur auteur-e. La honte et la peur font que bien des victimes et des auteur-e-s ne parlent pas spontanément Les personnes concernées ne sont pas seules, de la violence subie ou agie. vous pouvez offrir une aide face à ce problème. 3 4 5 T I P Traiter la situation Informer chaque protagoniste Protéger et prévenir la récidive de ses droits et devoirs, ainsi Effectuez la prise en charge : que des ressources du réseau Les victimes ont besoin d’aide pour évaluer ne pas intervenir, c’est cautionner la violence ! le danger et envisager des scénarios de protection. Expliquez les droits et devoirs en termes clairs. Subir la violence n’est pas un destin. Vous n’êtes pas isolé-e, travaillez en réseau Rappelez les devoirs de protection envers avec l’ensemble des partenaires. les enfants actuels et à naître. Expliquez qu’il Protéger, soutenir et accompagner les victimes existe des personnes / ressources spécialisées est un long processus, difficile mais possible. La violence au sein du couple est un problème qui peuvent venir en aide aux personnes victimes de société, de santé et de sécurité publique. et aux personnes auteur-e-s. Les enfants exposés aux violences sont considé- rés comme des victimes et ont besoin d’un soutien Consignez les informations et observations en votre spécifique. possession dans le dossier. Faites établir un constat médical pour la personne victime. Les personnes auteur-e-s ont aussi besoin de soutien pour changer. Leur processus nécessite aussi du temps et un investissement conséquent.
18 Violence au sein du couple Violence au sein du couple 19 Dépister la violence au sein du couple — 2. Oser questionner Vos doutes subsistent alors qu’aucune violence n’est déclarée Je n’y pense pas, parce que… La probabilité de violence augmente avec le nombre de signaux d’alerte présents. Lorsque plusieurs Vous pouvez toujours faire part de votre inquiétude, « ça n’arrive pas chez les médecins et les avocats » d’entre eux sont détectés, il est nécessaire d’abor- donner quelques informations et adresses utiles – « il a l’air si gentil » der progressivement le sujet. On peut demander, par notamment la Carte d’urgence 6, le dépliant de So- « les hommes usant de violence sont tous des alcooliques » exemple : lidarité Femmes, la brochure LAVI, ou le dépliant « si elle était battue, elle le dirait » d’EX-pression, et assurer la personne de votre dis- ≥≥ Parfois, lorsque des personnes rencontrent des ponibilité (ou de celle d’un service spécialisé) si elle difficultés comme les vôtres, on se rend compte souhaite aborder ce thème plus tard. qu’elles ont des problèmes à la maison 5. Est-ce votre cas ? Même si la personne ne répond pas sur le mo- Pourquoi dépister 1. Détecter les signaux d’alerte ≥≥ Comment décririez-vous la relation avec votre ment, il est important de lui donner un message qui — partenaire ? Comment ça se passe quand vous condamne clairement les actes de violence : elle ≥≥ Plaintes vagues : « J’ai des problèmes à la maison » n’êtes pas d’accord sur un sujet, quand vous vous comprendra que sa souffrance peut être entendue et Les études disponibles montrent que la grande majo- et symptômes chroniques sans cause physique disputez ? qu’elle sera soutenue lorsqu’elle sera prête à deman- rité des personnes ne parlent pas spontanément des apparente ≥≥ Vous êtes-vous déjà senti-e en danger sous votre der de l’aide. violences qu’elles subissent ou agissent. Si certaines ≥≥ Blessures anciennes, répétées ou qui ne corres- propre toit, avez-vous parfois peur de ce que votre souhaitent et attendent avec espoir d’être question- pondent pas à l’explication donnée : « Je suis tom- partenaire pourrait dire ou faire ? nées, d’autres tentent de cacher la violence, par peur, bée dans les escaliers » ≥≥ Nous savons que la violence touche de nom- honte et désespoir. ≥≥ Traumatisme physique subi pendant la grossesse breuses personnes et qu’elle a des conséquences Conservez une trace de vos soupçons de vio- ≥≥ Manque de confiance et d’estime de soi, annula- directes sur la santé et le bien-être. Avez-vous déjà lence dans votre dossier. Le dépistage constitue le seul moyen de détecter tion de soi : « Je ne sais pas si c’est important, ce été maltraité-e ? Par qui ? les situations passées sous silence, et l’occasion n’est pas si grave » ≥≥ Avez-vous déjà été humilié-e ou giflé-e (ou insul- Ne vous découragez pas, parlez à d’autres d’énoncer clairement que la violence est inaccep- ≥≥ Culpabilité, honte, dépréciation de soi : « C’est de té-e, dénigré-e, bousculé-e, frappé-e, menacé-e, professionnel-le-s des situations à risque. Ne table. ma faute » etc.) ? Par qui ? restez pas seul-e avec votre sentiment d’im- ≥≥ Troubles émotionnels : stress, apathie, angoisse, ≥≥ Est-ce que votre partenaire essaie de vous contrô- puissance ! confusion, dépression, hyperexcitation ou déta- ler, de vous empêcher de sortir, de voir votre fa- Comment dépister chement, pensées suicidaires mille ou vos ami-e-s, de chercher un travail ? — ≥≥ Problèmes psychosomatiques : migraines, maux ≥≥ Vous emportez-vous parfois contre votre par- de ventre ou de dos, problèmes gynécologiques, tenaire ? Pensez-vous qu’elle / il se sente agres- Pour être efficace, le dépistage doit se faire de fa- troubles du sommeil ou de l’alimentation, fatigue sé-e dans ces moments ? Cela se répète-t-il ? çon délicate, non menaçante et en toute confidentia- chronique, etc. Vue la prévalence élevée de la violence au Avez-vous déjà demandé de l’aide pour cette dif- lité (hors de la présence du ou de la partenaire). Les ≥≥ Manifestations de peur (sursauts aux bruits, em- sein du couple, il serait judicieux que les pro- ficulté ? Savez-vous qu’il existe différentes formes personnes ayant de la peine à s’exprimer en français barras) fessionnel-le-s de divers horizons l’intègrent de soutien pour les personnes confrontées à ce devraient pouvoir bénéficier d’un service d’interpré- ≥≥ Symptômes de stress post-traumatique à leur réflexion. Très souvent, les victimes ré- type de difficulté ? tariat n’appartenant pas à leur famille ou entourage. ≥≥ Impuissance et résignation : « Personne ne peut agissent positivement aux questions de dé- rien faire » pistage de la violence. Parfois, elles espèrent De nombreuses personnes ne reconnaissent pas la ≥≥ Partenaire excessivement attentif-ive qui cherche même que les spécialistes les encouragent violence subie et ne se perçoivent donc pas comme à garder le contrôle ou qui se montre dénigrant-e, à en parler. Il est donc essentiel, en cas de des victimes de violence (déni, banalisation, minimi- voire agressif-ive soupçons, de poser la question et d’aborder sation). Un phénomène similaire se passe pour une ≥≥ Isolement social la thématique 7. majorité des personnes auteures. Toutefois, elles ≥≥ Toute forme de dépendance (financière, affective, sont souvent prêtes à parler de leur souffrance si aux médicaments, etc.) elles sentent qu’elles seront écoutées, crues et res- pectées. 6 La Carte d’urgence peut être commandée auprès du Bureau de l’égalité et de la famille et existe en plusieurs langues, tél. 026 / 305 23 86 ou courriel : 5 bef@fr.ch Dr. Marie-Claude Hofner, Nataly Viens Python, Violence et Maltraitance 7 envers les adultes, Protocole de dépistage et d’intervention, Unité de Service bernois de lutte contre la violence domestique, Identifier, Prévention, Institut universitaire de médecine sociale et préventive, documenter et traiter la violence domestique. Guide pratique destiné aux Lausanne, 2002. professionnel(le)s de la santé, Berne, 2017.
20 Violence au sein du couple Violence au sein du couple 21 Offrir un message clair de soutien — Les professionnel-le-s sont, pour leur part, respon- Une consultation spécifique de couple qui théma- sables : tise spécialement la dynamique victime/auteur-e, Je trouve que ce n’est pas si grave, parce que… qui centre le dialogue sur les conséquences dom- ≥≥ d’affirmer clairement que chacun-e porte la res- mageables de la violence sur l’ensemble de la fa- « Les hommes sont naturellement violents, surtout dans cette culture » ponsabilité de ses actes de violence et donc aussi mille et qui présente des pistes pour sortir des rôles « Il l’a agressée parce qu’elle l’avait poussé à bout » celle de les faire cesser. Si la personne n’arrive pas de victime et d’auteur-e, peut aider les partenaires « Pour se battre, il faut être deux ; la femme est aussi responsable que l’homme » à mettre un terme à ses comportements violents concernés. Dans le cadre de ce conseil conjugal, une par elle-même, des services spécialisés peuvent victime de violence peut aussi trouver la ressource lui venir en aide ; nécessaire pour aborder la thématique de la sépa- ≥≥ de soutenir toute personne violentée en l’encoura- ration. geant à se responsabiliser pour sa propre sécurité Lorsqu’une personne confrontée à la violence parle Qui est responsable de quoi ? plutôt que pour le comportement de l’autre ; de ce qu’elle vit, il importe de prendre au sérieux la ≥≥ de rendre attentifs les deux parents au fait qu’ils violence, sans la minimiser, la justifier ou la banali- La responsabilité de chaque acte de violence, psy- sont responsables d’assurer la sécurité de leurs Séances de médiation 9 ser, ou au contraire la dramatiser excessivement, et chologique, physique ou sexuelle, incombe à la per- enfants. — de rappeler que la loi l’interdit. Refuser de prendre sonne qui l’exerce, quelles que soient les raisons in- position par rapport à la violence revient à la cau- voquées. Ce n’est pas l’attitude de l’autre qui rend une Il est dangereux, La dynamique et le processus destructeur de tionner, et à se placer de fait du côté de la personne personne violente, c’est ce qui réagit à l’intérieur de la violence au sein du couple sont bien sou- usant de la violence. l’auteur-e et qui lui appartient. Les comportements lorsque la violence est encore active, de chercher vent ignorés par les intervenant-e-s, ce qui de l’autre ne peuvent en aucun cas être considérés à préserver l’unité familiale avant tout. Un travail de les amènent à recommander trop rapidement Principes d’intervention et attitudes à favoriser comme la cause de la violence, ils agissent tout au couple, s’il est souhaité par les deux partenaires, doit une discussion commune, un échange basé envers la victime plus comme éléments déclencheurs ou révélateurs. prioritairement viser l’arrêt de la violence et la sécu- sur la réconciliation et la médiation ou encore rité de la personne victime. une thérapie de couple. La violence au sein du En adoptant les principes d’intervention suivants, Lorsque l’auteur-e invoque ces faits comme justifi- couple consiste en un abus de pouvoir, où la nous aidons la personne victime à se confier et à sol- catifs de sa violence, il ou elle tente de se soustraire Si la personne présente des troubles psychiques im- partie la plus forte profite de la position de fai- liciter une aide : à sa responsabilité. Une personne peut toujours portants (angoisse, propos incohérents, pensées sui- blesse de la victime et accroît l’impuissance choisir de quitter un lieu plutôt que de laisser libre cidaires, etc.), il est nécessaire de la diriger vers un de cette dernière. Proposer une conciliation ≥≥ Créer une atmosphère propice à l’établissement cours à sa violence. service psychiatrique approprié (cf. Adresses utiles). dans une telle situation revient à nier ce rap- d’une relation de confiance : ne pas parler entre port de force et part de l’idée qu’auteur-e et deux portes, prendre le temps d’écouter, etc. Par ailleurs, la violence étant interdite par la loi, la victime ont tous deux une responsabilité vis- ≥≥ Accueillir la souffrance avec bienveillance et personne usant de violence considère que sa propre Le conseil conjugal spécifique dans le contexte de à-vis des actes de violence exercés. De cette respect, sans juger les comportements de la loi est au-dessus de la loi commune et a donc besoin la violence 8 manière, celle-ci risque d’être minimisée et personne. d’être rappelée à l’ordre. La violence n’est jamais ex- les responsabilités mélangées à tort. Ce n’est ≥≥ Recevoir les paroles et émotions comme elles cusable. Le conseil conjugal au sens traditionnel du terme ne que lorsque la personne usant de violence a viennent (pleurs, colère, angoisse, logorrhée ver- s’avère pas judicieux lorsqu’il est question de vio- accepté son unique responsabilité et l’a com- bale, dissociation – la personne semble ne rien Quant à la personne victime, si elle n’est pas respon- lence au sein du couple, notamment lorsque la vio- prise qu’un travail de couple peut éventuelle- ressentir –, etc.) en se rappelant qu’un état de choc sable de la violence exercée par son partenaire, elle lence est encore agie ou lorsque les actes de vio- ment, et sous réserve de certaines conditions est normal après une agression. est par contre responsable d’assurer sa propre sécu- lence sont récents. Il est pourtant fréquent que des spécifiques, être entrepris. ≥≥ Définir les responsabilités. rité et celle de ses enfants, ou de demander de l’aide victimes de violence ne veuillent et/ou ne puissent ≥≥ Condamner les actes de violence plutôt que leur si elle n’est pas en mesure de se protéger par elle- pas se séparer de leur partenaire usant de violence, auteur-e. même, ce qui est fréquemment le cas (notamment du ou aient besoin de plusieurs années pour faire le ≥≥ Comprendre les problèmes psychiques des vic- fait de la peur suscitée par les menaces, et de la dif- deuil de cette relation. Dans ce cas particulier, un times comme la conséquence des violences plu- ficulté à prendre soin de soi générée par la violence). conseil conjugal peut s’avérer constructif pour les tôt que leur origine. partenaires qui veulent rester ensemble malgré le ≥≥ Comprendre les difficultés rencontrées par la per- problème de violence, à condition toutefois que l’au- sonne auteure comme des facteurs de risque du teur-e reconnaisse un problème de violence et soit recours à la violence, mais pas comme l’explica- prêt à s’investir pour le faire disparaitre. tion de celle-ci. 8 À Fribourg, l'Office familial qui propose conseil conjugal, thérapie de couple et médiation familiale peut vous renseigner sur les indications et contre-indications d'un suivi de couple dans ce type de situations et vous orienter adéquatement, du fait de leur connaissance de la problématique 9 de la violence au sein du couple. www.officefamilial.ch 026 322 10 14 Idem note de bas de page numéro 8
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