MÉDIATION ÉCOLES - Halles Saint Géry

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MÉDIATION ÉCOLES - Halles Saint Géry
MÉDIATION
 ÉCOLES
« La mémoire peut être un obstacle à
l’histoire et par là même à la recherche
d’une vérité historique, objectif certes
 controversé, mais toujours valable, de
   toute opération historiographique »

					               Paul Ricoeur
POURQUOI
    CETTE
    EXPOSITION ?

D     ans le cadre de la saison des Halles Saint-Géry 2018
intitulée De l’Autre et de l’Ailleurs et dans le cycle dédié
aux figures féminines historiques, les HSG présentent, en
collaboration avec l’Institut Royal du Patrimoine Artistique
(IRPA), le parcours atypique d’une photographe allemande -
Paula Deetjen. Elle a participé à la constitution d’un inventaire
photographique de l’art et de l’architecture de la Belgique
occupée suite à la demande du Kunstschutz, une organisation
de protections des oeuvres d’art mise en place par l’occupant
allemand.

Cette exposition a pu être réalisée grâce au soutien de Bruxelles Urbanisme et Patrimoine de la
Région de Bruxelles-Capitale et du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans le cadre
   de l’Appel à projets relatif au décret portant sur la transmission de la Mémoire – du Conseil
  de la transmission de la Mémoire - du plan d’action « Commémorer 14-18 » . L’exposition fait
également partie du projet Horta Inside Out, organisé à l’initiative de l’agence de communication
 du tourisme de la Région de Bruxelles-Capitale visit.brussels et du Centre international pour la
                                ville, l’architecture et le paysage CIVA.
THÉMATIQUE DE                       C       ette exposition se penche sur
                                       la problématique du patrimoine
 L’EXPOSITION                          artistique belge durant
                                       l’occupation, sur la place et le rôle
des historiens de l’art allemands, ainsi que sur les rapports entre la
Belgique et l’Allemagne.
L’exposition relate l’histoire atypique de l’une d’entre eux : la photographe
allemande Paula Deetjen*. Elle séjourna en Belgique de 1917 à 1918
afin d’y réaliser des photographies du patrimoine belge. Parmi celles-ci,
de très nombreuses dédiées à des édifices contemporains de style Art
nouveau.
                                          ART NOUVEAU
                                         Ce mouvement artistique nait à la
                                       fin du XIXème siècle et au début du
                                      XXème siècle. Les formes des arbres,
                                         des fleurs, des animaux, servent
                                       d’inspiration aux artistes pour créer
                                        des édifices aux ornementations et
                                                courbes naturelles.

             REMISE EN CONTEXTE
D      urant les dix-huit derniers mois de la Première Guerre mondiale,
l’occupant allemand a œuvré à un inventaire photographique du
patrimoine belge tel qu’élaboré à l’initiative de Paul Clemen*, chef du
Kunstschutz allemand. Pour ce faire, le professeur allemand d’histoire de
l’art fait appel aux meilleurs photographes de son pays. Paula Deetjen
reçoit, elle aussi, durant l’été 1917, une invitation de Paul Clemen. Entre
octobre 1917 et novembre 1918, elle réalise pour lui des centaines de
clichés du patrimoine belge. Ce travail l’amène dans plusieurs villes
belges, dont Bruxelles.
POURQUOI PAULA
DEETJEN ?

   P    aula Deetjen s’intéresse tout particulièrement à l’art et à
   l’architecture contemporains, en particulier l’Art nouveau.
   À Bruxelles, Paula Deetjen réalise des dizaines de clichés
   des principaux immeubles de Victor Horta* et du Palais
   Stoclet de Joseph Hoffmann*, notamment sous l’impulsion
   de son neveu Karl Ernst Osthaus*. Les photos du Palais
   Stoclet ne se limitent de surcroît pas à l’extérieur, elles
   portent également sur l’intérieur et sur les nombreux objets de
   l’ancienne collection d’art d’Adolphe Stoclet*.

     Fig. 1 Paula Deetjen, Le vestibule
     de l’hôtel Edmond van Eetvelde
     à Bruxelles, 1917-1918. Gélatino-
     bromure d’argent sur verre, 13x18
     cm, Bildarchiv Foto Marburg,
     numéro de négatif fm618041
Les photographies de Paula Deetjen témoignent
d’une sensibilité particulière pour l’art de la
photographie. Grâce à des angles soigneusement
choisis, elle parvient à restituer de manière
surprenante les sujets qu’elle photographie.
L’œuvre de Paula Deetjen se caractérise
également par une approche créative des éléments
dans les environs directs de sa prise de vue,
comme des piliers et des arbres. Elle les
place devant son objectif de telle sorte qu’ils enrichissent le plan et
contribuent à une composition singulière de l’image. Ce faisant, elle va
bien au-delà de la simple documentation des nombreux monuments
belges et bruxellois et ajoute une dimension poétique à ses images.

                            L   ’intérêt de Paula Deetjen pour l’Art
                            nouveau bruxellois lui a été transmis par
SES                         son neveu Karl Ernst Osthaus, influent
                            mécène et collectionneur d’art allemand
INFLUENCES                  et cheville ouvrière de l’Hagener Impuls:
                            par le biais de divers projets culturels, Karl
                            Ernst Osthaus souhaitait insuffler une
                            nouvelle vie à l’art et à la culture de sa ville
                            natale, Hagen.

Un de ces projets portait sur la constitution d’une collection
photographique. Les photographies sont alors utilisées pour des
expositions et des conférences. Karl Ernst Osthaus espère ainsi éveiller
l’intérêt du grand public à ses conceptions esthétiques. Les clichés
servent également de source d’inspiration aux artistes contemporains
afin de hisser leur travail à un niveau plus élevé. Lorsque Paula Deetjen
se rend en Belgique durant l’automne 1917, Karl Ernst Osthaus l’invite
à prendre des clichés au profit de sa collection photographique. C’est à
cette initiative que nous devons aujourd’hui les remarquables photos d’Art
nouveau que Paula Deetjen a réalisé à Bruxelles en 1917 et en 1918.
LE PORTRAIT
                                  DE
                      PAULA DEETJEN

>> 27 septembre 1879        Naissance de Paula Deetjen en
                            Allemagne, à Hagen sous le nom de
 Paula Springmann. Aînée de trois enfants, elle grandit au sein
 d’une famille très aisée. Après son mariage avec le médecin
 allemand Hermann Deetjen, elle adopte, conformément à la
 coutume allemande, son nom de famille et son titre de médecin et
 se fait appeler « Frau Dr. Paula Deetjen ».

             Le couple déménage à Heidelberg, où Hermann
>> 1908      Deetjen est nommé chercheur dans une institution
             universitaire spécialisée dans la recherche sur le
             cancer. Durant cette période, Paula Deetjen se lance
             dans la photographie, en étroite collaboration avec
             son neveu Karl Ernst Osthaus, un éminent mécène
             de l’avant-garde européenne.

             Son mari est mobilisé et part à la guerre.
>> 1914

                        Hermann Deetjen meurt durant des
>> 27 mars 1915         combats en Lorraine (FR).
Suite à l’invitation de Paul Clemen, directeur du Kunstschutz,
  dans les territoires occupés par l’Allemagne, Paula Deetjen
  entreprend divers voyages en Belgique pendant les deux
  dernières années de la Première Guerre mondiale. Elle y
  réalisera des prises de vue dans le cadre de l’inventaire
  photographique allemand du patrimoine artistique belge. À la fin
  de la guerre, Paula Deetjen retourne à Hagen.

                          Décès de Karl Ernst Osthaus. Paula
>> 1921                   entame une collaboration similaire avec
                          l’artiste et collectionneur néerlandais
                          Wijnand Otto Jan Nieuwenkamp*.

                          Paula Deetjen retourne définitivement
>> 1928                   à Heidelberg, où elle fait construire une
                          villa par Ernst Trommler, un ancien
                          collaborateur de Henry Van de Velde*.
                          Elle change complètement de vie et ouvre
                          dans les jardins de la villa une entreprise
                          de floriculture spécialisée dans les fleurs
                          exotiques.

                          Elle décède à la suite d’un accident de
>> 1er décembre 1949      la route, alors qu’elle se rendait à une
                          exposition sur Picasso dans la ville
                          Mannheim toute proche.
Fig. 2 La porte de la maison ‘L’éléphant’ à Hal. La
numérisation à très haute définition du négatif et
le traitement du scan (inversion négatif-positif et
optimisation du cliché dans le respect de l’image) ont
fait apparaître le reflet de la photographe Paula Deetjen
en train d’opérer. Son assistant-opérateur, en tenue
militaire, surveille le matériel à ses pieds.
© KIK-IRPA, Bruxelles, 1917-1918, A009336
Fig. 3 Paula Deetjen, Grand magasin
                                          « Grand Bazar Anspach » à Bruxelles,
                                          1917-1918. Gélatino-bromure d’argent
                                          sur verre, 13x18 cm, Bildarchiv Foto
                                          Marburg, numéro de négatif fm618047

Fig. 4 Paula Deetjen, Photo d’intérieur
du palais Stoclet à Bruxelles, 1917.
Gélatino-bromure d’argent sur verre,
18x24 cm, Bildarchiv Foto Marburg,
numéro de négatif fm606450
LES
 KUNSTSCHUTZ
       Quel rôle ont joué les Kunstschutz?
C    e projet d’exposition permet de revisiter la guerre 14-18 sous
un angle iconoclaste. L’objectif étant de sonder un pan de l’histoire
de la Grande Guerre qui soulève de nombreuses questions – qui est
celui de la « Kunstschutz » (à laquelle Paula Deetjen fut employée),
de la constitution par l’occupant de fonds de photographies d’arts et
d’architecture en Belgique.

Sous la pression du Gouvernement général impérial allemand en
Belgique - Das Kaiserliche Deutsche Generalgouvernement Belgien - le
travail des historiens de l’art, architectes et photographes allemands eut
pour intention de soutenir la propagande allemande. Dès septembre
1914, des historiens d’art et des conservateurs sont chargés de la
protection des monuments et des œuvres d’art en Belgique et en France
notamment. Les résultats de cette activité ainsi que de plusieurs projets
de recherche serviront à la propagande culturelle.

Certains monuments belges ont alors été sélectionnés afin d’illustrer les
liens culturels et historiques communs de la Belgique et de l’Allemagne.
A travers cela, les allemands essaient de se profiler tel un « bon »
occupant, appréciant le patrimoine artistique belge qu’ils veulent
conserver pour le futur.

En outre, les Allemands veillent à la qualité de leurs prises de vues.
Les plus grands experts allemands de la photographie d’œuvres d’arts
réalisent cet inventaire. Certaines photographies sont exceptionnelles,
d’un point de vue technique et esthétique. Parfois, les photographes vont
plus loin en essayant de saisir, à travers leurs photographies, une
ambiance. Cette dernière parvient à être captée par le
décor ou la vie qui se déroule autour du bâtiment ou l’œuvre
d’art. La photo de l’œuvre devient elle-même une œuvre
également.
L’incendie de la bibliothèque de l’Université de Louvain du 25 au 28
août 1914, commis par les troupes allemandes et le bombardement
de nombreux monuments historiques suscitèrent un émoi dans le
monde entier. Ces événements contribuèrent à déclencher une
guerre des esprits et une guerre de propagande sans précédent.
Une commission - Kunstschutz - fut mise en oeuvre suite au non-
respect des conventions internationales de La Haye sur les lois et les
coutumes de la guerre sur terre qui avaient intégré, en 1899 et 1907,
le principe de la protection des biens culturels. Cette unité avait pour
mission de protéger le patrimoine culturel et de restaurer l’image
de l’armée allemande ternie par les destructions.

La question du patrimoine artistique et architecturale pendant
l’occupation, celle de la place et du rôle des historiens d’art comme
celle des rapports conflictuels et ambigus entre la Belgique et
l’Allemagne est ainsi le fil conducteur de ce projet d’exposition.

La question de ce qui est « préservé - conservé – valorisé » n’est
 jamais neutre ! Qui préserve, qui exploite, pourquoi tel enjeux
      plutôt qu’un autre – qui a autorité, qui ne l’a pas… »
CHRISTINA
                                                  KOTT

L    a collection des clichés allemands appartenant
à l’Institut Royal du Patrimoine Artistique (IRPA)
et réalisés pendant l’occupation a été révélé en
2006 par Christina Kott, historienne à l’Université
Panthéon-Assas de Paris. Elle est l’auteure

d’un ouvrage sur ce sujet Préserver l’art de l’ennemi ?
Le patrimoine artistique en Belgique et en France occupées,
1914-1918. Au sein de cet écrit, elle se penche sur les questions
complexes que le patrimoine belge constituait pour l’occupant.

L’existence du Kunstschutz et ses activités soulèvent de nombreuses
questions de nos jours, dont celle de la motivation de sa création.
Pourquoi, en effet, l’Allemagne créée-t-elle une telle organisation pour
la préservation du patrimoine dans divers pays occupés, alors qu’en
Allemagne même, la protection du patrimoine historique et artistique
ne jouait pas un rôle prédominant ? Doit-on assimiler le Kunstschutz
à un écran de fumée vis-à-vis du monde extérieur, donc simplement à
de la propagande culturelle ? Ou sa création s’adresse-t-elle plutôt à
une petite élite culturelle et scientifique souhaitant, par la mise en place
du Kunstschutz, faire traverser la guerre à un réseau professionnel
international d’avant la guerre afin d’être mieux préparé aux conditions
d’une société d’après-guerre ?
L’INVENTAIRE PHOTOGRAPHIQUE :
 LES CLICHÉS ALLEMANDS DE L’IRPA
C    ette exposition est l’occasion d’évoquer l’inventaire photographiques
élaboré par l’IRPA, regroupant les clichés pris sous l’angle de l’Occupant
et auquel Paula Deetjen a contribué à travers ses réalisations
photographiques.

 Qu’est-ce que l’IRPA ?
L    ’institut royal du Patrimoine Artistique, créé en 1948, fait partie des
dix établissements scientifiques relevant des compétences du Secrétaire
de l’État de la Politique scientifique. Il se consacre à l’inventaire, l’étude
scientifique, la conservation et la valorisation des biens artistiques et
culturels du pays.

Trois départements associent historiens de l’art, photographes,
chimistes, physiciens et conservateurs-restaurateurs. La confrontation
de leurs observations donne la possibilité de rassembler des données
de référence et d’étudier les oeuvres sous des angles divers : leur
composition, leur évolution, le vieillissement des matériaux et les moyens
d’y remédier. Tout traitement de restauration se basera sur cette pré-
étude approfondie.
L’Institut met également une impressionnante infothèque à la disposition
du public. Centre de documentation sur le patrimoine artistique de toute
la Belgique, il regroupe une photothèque qui compte un peu plus d’un
million de photographies et une bibliothèque spécialisée en histoire de
l’art, ainsi que le fonds documentaire du Centre des Primitifs flamands.
En outre, les publications, l’inventaire photographique et
l’organisation de cours, congrès et séminaires
reflètent le rôle que joue l’IRPA dans la valorisation du
patrimoine et la diffusion d’outils pour les chercheurs et
pour le grand public.
L’Institut abrite ainsi, en un seul endroit, des
laboratoires, des ateliers de conservation-restauration,
des ateliers photographiques et une infothèque
ouverte au public.
Combien de photographies ont
été réalisées et comment l’IRPA
en est-il devenu le propriétaire ?

P     lus de 10 000 prises de vue d'églises belges, de
béguinages, de châteaux, d'hôtels de maître, de monuments
publics, d'intérieurs et de chefs-d'œuvre ont été réalisés en
dix-huit mois, jusqu’à l’Armistice de novembre 1918. Avant
la fin de la guerre, les négatifs, sur plaques de verre, sont
emportés en Allemagne. L’Etat belge parvient à acheter la
collection complète quelques années plus tard et sera confiée
aux Musées royaux d’Art et d’Histoire. En 1948 une nouvelle
institution indépendante émane des Musées royaux d’Art
et d’Histoire : l’Institut Royal du Patrimoine Artistique
(IRPA) de Bruxelles, devenant ainsi détentrice de la collection.
Depuis lors, les « clichés allemands » sont gérés,
conservés et valorisés par l'IRPA à Bruxelles.

  Les clichés allemands
  à l’heure actuelle
D     ans le cadre de la commémoration de la Première
Guerre Mondiale, un vaste projet de recherche a débuté,
grâce au soutien de la Loterie nationale, et a confirmé le
très haut potentiel de cette collection. Christina Kott les a
présenté dans la publication de sa thèse Préserver l’art de
l’ennemi ? Le patrimoine artistique en Belgique et en France
occupées, 1914-1918. A cette occasion, tous les négatifs ont
pu être numérisée.
Identification des principaux
photographes

S   uite aux recherches menées en Belgique et en Allemagne, les
principaux photographes suivants ont été identifiés :

                             Professeur à l’université de Marburg et
 >> Richard Hamann           fondateur de sa prestigieuse photothèque
     (1879-1961)             (Bildarchiv Foto Marburg).

 >> Franz Stoedtner          Fondateur en 1895 de l’institut pour la
                             Projection scientifique, ayant pour but
     (1870-1946)             de fournir des photographies et des
                             diapositives pour les conférences et
                             publications.

                             Veuve d’un médecin mort à Verdun en
 >> Paula Deetjen            1915 et photographe officielle du Musée
     (1879-1949)             Folkwang fondé par son cousin Karl Ernst
                             Osthaus (1874-1921) à Hagen.

                             Photographe munichoix.
 >> Hanns Holdt
     (1887-1944)
Fig. 5 Jacques Dubroeucq (1505-
1584), Statue de la Charité, église
Sainte-Waudru à Mons. Au moment
de la mise au point, le photographe a
certainement vu dans le verre dépoli
de l’appareil que l’assistant qui venait de
placer la toile de fond à l’aide d’une échelle
restait dans le champ. Mais comme la toile
de fond n’est pas suffisamment ample, un
recadrage sera de toute façon nécessaire.
 © KIK-IRPA, Bruxelles 1917-1918, A008255.
Quels sont les apports de
ces clichés allemands ?

L   es clichés allemands constituent une source d’informations pour
les historiens de l’art et documentent le patrimoine artistique belge.
La qualité technique des clichés allemands, aujourd’hui révélée par la
numérisation à haute définition, est inestimable.

   Certains clichés ‘animés’ sont d’une richesse inouïe grâce aux
   détails qu’ils recèlent. Immortalisant des instants de vie durant
   la Grande Guerre, ils permettent de mieux comprendre la vie
   en Belgique sous l’Occupation : vie quotidienne, vie militaire,
   histoire du costume et de l’uniforme, moyens de transport…
A      u-delà de leur valeur documentaire et esthétique, et
de leur importance historique et sociologique, les clichés
allemands sont d’une richesse iconographique inépuisable.
Ils se révèlent très utiles pour l’étude du patrimoine
artistique en Belgique et inspirants pour sa gestion
aujourd’hui. Car à travers les décennies, les monuments
historiques et les objets d’art ont souvent été l’objet de
destructions, de disparitions, de modifications structurelles,
de campagnes de restauration ou de modernisation.
L’inventaire photographique de 1917-1918 nous permet
de documenter et d’étudier cette évolution historique du
patrimoine culturel. Une sélection de 500 monuments
historiques et d’objets d’art belges photographiés par les
allemands ont été rephotographiés en tenant compte
de la position exacte du photographe et de la spécificité
technique des images. Il en résulte une confrontation
instructive entre la photo originale de 1917-1918 et son
équivalent cent ans plus tard.
LES FIGURES HISTORIQUES
                 Historien de l’art né en 1866 à Sommerfeld -
 >> Paul         actuellement une partie du Leipzig - en Allemagne, et
 Clemen          décédé le 8 juillet 1947 à Bad Endorf en Allemagne.
                 Il a protégé le patrimoine allemand et est reconnu
                 pour avoir créé un important inventaire des
                 monuments historiques en Rhénanie, en Allemagne.

                 Collectionneur d’art et mécène né en 1874 en
 >> Karl Ernst   Allemagne, à Hagen, et décédé à Merano, en Italie,
 Osthaus         en 1921.

                 Architecte né en 1861 à Gand, en Belgique et décédé
 >> Victor       à Bruxelles, en Belgique. Chef de file du mouvement
    Horta        Art nouveau, il étudia à l’Académie royal des Beaux-
                 Arts de Bruxelles.

                 Architecte avant-gardiste né en 1870 à Pirnitz, en
 >> Joseph       République-Tchèque et décédé en 1956 à Vienne, en
 Hoffmann        Autriche. Il étudia à l’Académie des Beaux-Arts de
                 Vienne, et, à travers ses oeuvres, il se situe entre le
                 mouvement Art nouveau et l’Art déco.

                 Amateur d’art, ce financier est né en Belgique en
 >> Adolphe      1871 et décédé en Belgique en 1949. Il est reconnu
 Stoclet         pour être le commanditaire du Palais Stoclet.

                 Artiste autodidacte exerçant de multiples activités,
 >> Wijnand      né en 1874 au Pays-Bas, à Amsterdam et décédé
 Otto Jan        à Fiesole, en Italie, en 1950. Il fut sculpteur,
                 lithographe, peintre, dessinateur, graveur, écrivain,
 Nieuwenkamp     ethnologue, architecte, et collectionneur d’art .

                 Un des fondateurs du mouvement Art nouveau, au
 >> Henry Van    côté de Victor Horta, né à Anvers, en Belgique, en
 de Velde        1863 et décédé en 1957 à Oberägeri en Suisse. Il
                 étudia à l’Académie royal des Beaux-Arts d’Anvers
                 et devint décorateur d’intérieur, peintre, architecte et
                 enseignant.
RESSOURCES

>> Extrait du texte de Christophe Bardin, « Christina KOTT,
Préserver l’art de l’ennemi ? Le patrimoine artistique en Belgique
et en France occupées, 1914-1918 »

O      utre ses grandes qualités (rigueur scientifique et clarté du propos
entre autres), ce livre fait sens sur deux points d’égale importance. D’une
part, il comble un manque sur un aspect singulier de la première guerre
mondiale. En éclairant la posture et le travail des historiens d’art associés
à cette aventure, l’auteur fait le constat d’un « oubli » dans la recherche,
alors même que « d’autres groupes sociaux ou milieux intellectuels
ont fait l’objet d’études, comme les artistes et écrivains avant-gardistes
internationaux, les intellectuels et les philosophes français, ainsi que les
universitaires, les écrivains, les professeurs de théologie et les évêques
allemands » (p. 31). D’autre part, cette étude propose une histoire de
l’histoire de l’art, propre à mieux cerner la discipline et ses enjeux.

Comme le rappelle l’auteur, le Kunstschutz fut établi sur tous les fronts
(France, Belgique, Italie, Bulgarie, Roumanie et Pologne), mais l’ouvrage
ne prend en compte qu’une relation tripartie : l’Allemagne face à la
Belgique et à la France. […] Les relations Allemagne/Belgique diffèrent
de celles entre l’Allemagne et la France. Si la situation militaire joue un
rôle important [...] c’est avant tout la perception qui change en fonction
du passé et des contentieux existants : « En Belgique le projet politique
tend vers la fusion des deux cultures en privilégiant les caractéristiques
communes, il est construit en France sur les différences, l’adversité et
la concurrence qui trouvent leur expression « dans de nombreux conflits
qui échelonnent l’histoire des relations entre les deux cultures » (p. 210).
Ainsi découvrons-nous, à partir de ces exemples, comment se mettent en
place deux constructions et deux approches du Kunstschutz.
Une question transversale domine le livre, celle de la difficulté
d’appréhender l’action du Kunstschutz. Dès l’introduction, Christina
Kott explique les visions opposées des différents protagonistes
: « Alors qu’en Allemagne persiste l’image de l’officier d’art
(Kunstoffizier) ou expert artistique (Kunstsachverständig er) [...]
c’est aujourd’hui encore l’image du militaire allemand, voleur et
pilleur qui prédomine en France et en Belgique » (pp. 17-18).
L’auteur expose largement tous les paradoxes et contradictions
ainsi que les difficultés inhérentes d’une telle recherche : la
distribution géographique complexe du corpus, répartie entre trois
pays et au moins deux langues, une fiabilité des sources à vérifier,
entre véritable argument scientifique et outil de propagande et
enfin une étude qui s’inscrit dans plusieurs domaines (militaire,
politique, historique, artistique et scientifique).
Pour approfondir...

                Références bibliographiques
KOTT, Christina, Préserver l’art de l’ennemi ? Le patrimoine artistique en Belgique et
en France occupées, 1914-1918, Bruxelles, P. Lang, coll., 2006

KOTT, Christina. Le «Kunstschutz» en 1939-1945 : une pierre dans la façade de
l’Allemagne national-socialiste ?, Archive ouverte en Sciences de l’Homme et de
la Société [en ligne]. (2014), Disponible sur : https://halshs.archives-ouvertes.fr/
halshs-00950868

KOTT, Christina, Préserver l’art de l’ennemi ? Le patrimoine artistique en Belgique et
en France occupées, 1914-1918, Beck Shop [en ligne]. (2006), Disponible sur : http://
www.beck-shop.de/fachbuch/vorwort/9789052013329_Intro_006.pdf

KOTT, Christina, Le «Kunstschutz» en 1939-1945 : une pierre dans la façade de
l’Allemagne national-socialiste ?, Isidore [en ligne]. (2011), Disponible sur : https://www.
rechercheisidore.fr/search/resource/?uri=10670/1.zelp6l

KOTT, Christina, Protéger, confisquer, déplacer : le service allemand de préservation
des oeuvres d’art (Kunstschutz) en Belgique et en France occupées pendant la
Première Guerre mondiale, 1914-1924, Theses [en ligne]. Disponible sur : http://www.
theses.fr/2002EHES0112

LAUTERBACH, Iris, Der Central Collecting Point in München. Kunstschutz, Restitution,
Neubeginn, Zentralinstitut für Kunstgeschichte [en ligne]. (2015). Disponible sur : http://
www.zikg.eu/publikationen/schriftenreihen/veroeffentlichungen-zi/lauterbach_ccp

KOCKARTZ, Andy, »Kunstschutz» oder «Die deutschen Negative», Flandern info
[en ligne]. (2017), Disponible sur : http://deredactie.be/cm/vrtnieuws.deutsch/I.
WK/1.3003774

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(1946), Disponible sur : https://www.obs-traffic.museum/%E2%80%9Ckunstschutz-
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ANQUINET, Emma, CLAES, Marie-Christine, JANSSEN, Robrecht, KOTT, Christina,
LEBRUN, Maud, Les clichés allemands de l’IRPA [en ligne], Disponible sur : http://
www.belspo.be/belspo/ScienceConnection/022/Cliches%20FR%20eSC.pdf

Les clichés allemands, Institut Royal du Patrimoine Artistique, Balat [en ligne].
Disponible sur : http://balat.kikirpa.be/tools/14-18/indexfr.php
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