Made in the UK Martin Winckler - L'Inconvénient - Érudit
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Document généré le 22 oct. 2021 03:19 L'Inconvénient Made in the UK Martin Winckler L’amitié au temps de Facebook Numéro 64, printemps 2016 URI : https://id.erudit.org/iderudit/82370ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) L'Inconvénient ISSN 1492-1197 (imprimé) 2369-2359 (numérique) Découvrir la revue Citer ce compte rendu Winckler, M. (2016). Compte rendu de [Made in the UK]. L'Inconvénient, (64), 49–53. Tous droits réservés © L’inconvénient, 2016 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/
Séries télé Made in the UK Martin Winckler À la fin des années 90, je me rap- tivement de très grande qualité et fas- souvent très noir ; la critique sociale et pelle avoir lu dans un magazine cinent à juste titre les spectateurs, les l’intérêt pour l’Histoire sont omnipré- de télévision américain que, critiques et les scénaristes d’Amérique sents. aux yeux de Hollywood, la meilleure du Nord. Alors que la télévision des États- télévision était conçue… en Grande- Certains lecteurs de cette rubrique Unis se plaît souvent à exploiter des for- Bretagne. Si je me souviens bien, celui ont probablement vu – ou regardent ac- mules, à les reproduire et à les multiplier qui parlait était un des producteurs tuellement – Downton Abbey et Broad- (savez-vous combien de séries inspirées montants de l’heure – Steven Bochco church. D’autres ont dévoré les trois par les superhéros sont en diffusion au (La loi de Los Angeles, NYPD Blue) ou premières saisons de l’époustouflante moment où j’écris ? Une douzaine !), la David E. Kelley (Ally McBeal, The Prac- Sherlock, dont le Christmas Special a télévision du Royaume-Uni tente sans tice), ou peut-être même John Wells été diffusé le 1er janvier 2016. D’autres cesse de faire du neuf avec du vieux, (ER, The West Wing). À ce moment- encore sont des spectateurs de Doctor y compris à travers les genres les plus là, en France, Internet était balbutiant Who, créée en 1963 et redevenue, depuis éculés qui soient : la reconstitution et on n’avait accès, par une poignée de sa renaissance en 2005, une des séries historique et l’histoire criminelle. Sans chaînes du câble, qu’à un nombre limité les plus populaires au monde… Au hésiter à mêler les deux. Voici trois de séries – le plus souvent américaines. moment où j’écris ces lignes, une expé- exemples à l’appui. Les chaînes françaises n’étaient pas très rience narrative audacieuse intitulée ouvertes aux productions télévisées Dickensian est en cours de diffusion à la The Hour d’ailleurs et celles qu’elles achetaient BBC : il s’agit d’une fresque-feuilleton étaient mal diffusées. (Il y a moins de en vingt épisodes de trente minutes, se Abi Morgan est auteure de pièces dix ans encore, en France, The West Wing déroulant dans le Londres de l’ère victo- de théâtre (elle en a une douzaine à et Les Soprano étaient diffusées après rienne, et dont les personnages, tous is- son actif ) et scénariste au cinéma. On minuit ; quant aux séries québécoises sus d’une dizaine de romans de Charles lui doit en particulier La Dame de fer Fortier et Minuit, le soir, elles étaient Dickens, se croisent pour la première (2011), qu’interprétait Meryl Streep, le proposées… en version doublée !) fois dans une histoire commune. On très audacieux Shame (2011) de Steve Dans ces conditions, il m’était pourrait multiplier les exemples. S’il McQueen avec Michael Fassbender et extrêmement difficile de comprendre fallait trouver une explication simple à Carey Mulligan et, tout récemment, Les pourquoi les scénaristes américains la diversité et au culot de la télévision suffragettes (2015). Elle a également si- considéraient la télévision britannique britannique, je hasarderais celle-ci : ses gné le scénario de Sex Traffic (2004), un comme la meilleure au monde : je n’y artisans, ayant Shakespeare pour mo- téléfilm anglo-canadien en deux parties avais pas accès. dèle, n’ont pas grand-chose à prouver et qui remporta quatre récompenses lors Vingt ans plus tard, grâce à la mul- sont prêts à tout essayer. Et ils le font. de la remise des prix Gemini. Tout ré- tiplication des chaînes câblées, au DVD Les productions britanniques se cemment, Netflix a diffusé la première et aux fournisseurs de contenu en ligne distinguent nettement des productions saison de son excellente série noire, comme Netflix, Amazon et d’autres, américaines sur trois points au moins : River. force est de constater que les fictions elles ne reculent devant aucun sujet ; Sa production précédente, The télévisées du Royaume-Uni sont effec- l’humour y est constant – même s’il est Hour (BBC, 2011-2012), décrit les L’INCONVÉNIENT • no 64, printemps 2016 49
The Hour ambitions et les difficultés des maîtres le contrôle du canal de Suez. Les jour- l’émission est menacée de censure, voire d’œuvre d’un magazine d’actualités fic- nalistes du magazine aspirent à infor- de suppression pure et simple, si elle tif (mais plausible) diffusé par la BBC mer leur public des positions – et des aborde ouvertement les sujets interdits en 1956. À l’évocation historique, la décisions – du gouvernement britan- par le pouvoir. série allie critique politique et critique nique quant à ces deux événements. Et La deuxième saison n’est pas moins sociale, et elle procède à une analyse fine c’est dans ce contexte que Freddie Lyon engagée, puisqu’elle établit des liens d’un média encore dans son enfance. Au enquête sur les morts suspectes, rappro- entre une affaire de mœurs, la corrup- centre de l’émission, on trouve un trio chées et peut-être liées d’un professeur tion des services de police et l’attribu- constitué d’Isabel Rowley (Romola d’université et de la fille d’un membre tion frauduleuse d’un marché gouver- Garai), jeune productrice en charge du de la Chambre des lords. nemental en rapport avec la politique magazine ; de son ami Freddie Lyon La première saison de The Hour est à nucléaire du Royaume-Uni. Rien que (Ben Whishaw), journaliste d’enquête la fois une enquête criminelle et un film ça ! engagé et obstiné ; et de Hector Mad- d’espionnage : Freddie, Isabel et leurs The Hour est une série d’autant plus den (Dominic West, naguère interprète collègues enquêtent sur plusieurs fronts remarquable que la richesse de son pro- principal de The Wire), présentateur- malgré les recommandations du Home pos, l’épaisseur et l’intelligence des rela- vedette de l’émission. Office, lequel ne tient pas à ce qu’on dé- tions entre les personnages principaux, La série, qui compte deux saisons couvre les liens des deux victimes avec et son sens du suspense n’ont d’égale de six épisodes dont les événements se le KGB… et l’existence d’une taupe que son économie de moyens. La se- suivent à quelques mois d’intervalle, soviétique au sein même de la BBC. La conde saison s’achève de manière assez frappe d’abord par la reconstitution série nous donne aussi une leçon d’his- tragique (la vérité éclate, mais l’un des soignée de l’époque : les décors et les toire contemporaine en évoquant de personnages le paie chèrement) et ouvre costumes sont aussi étudiés que ceux manière consciencieuse l’atmosphère de sur une suite qu’Abi Morgan avait pla- de Mad Men, avec lesquels ils rivalisent, ces années-là en Grande-Bretagne, avec nifiée. Malheureusement, la BBC a dé- même. La mise en scène plus intimiste les discours de propagande néocolonia- cidé de ne pas poursuivre la production. et, surtout, le contenu narratif leur liste et les films de « prévention » en cas Restent ces douze épisodes qui consti- donnent une épaisseur, une texture que d’attaque nucléaire. Il s’agit également tuent un bijou de reconstitution, visuel- n’avait pas toujours la production de d’une satire sociale et politique, grâce au lement superbe et à la narration réglée Matthew Weiner. Car les personnages personnage de Madden, qui incarne à comme une horloge. Et le sentiment de la série sont préoccupés par quelque l’écran la rigueur et l’élégance d’un jour- qu’on éprouve après en avoir terminé le chose de beaucoup plus sombre que naliste intègre alors que sa vie privée visionnement est le même que celui qui ce qui animait l’agence de publicité de n’est qu’une suite de mensonges, de tra- nous habite après la lecture d’un grand Don Draper. Au moment où débute hisons et de compromis destinés à ser- roman : on se sent frustré à l’idée de ne The Hour, la guerre froide fait rage : vir sa carrière. Enfin, The Hour proclame plus retrouver ces personnages, mais tandis que l’URSS envahit la Hongrie, son engagement lorsque, dans la meil- aussi très reconnaissant envers les au- Nasser nargue l’Angleterre en prenant leure tradition du film de journalisme, teurs de nous avoir parlé d’une époque 50 L’INCONVÉNIENT • no 64, printemps 2016
où tout a commencé pour les quatre hé- roïnes, et de remettre en service les ma- chines de décryptage qu’elles utilisaient pour préparer le débarquement allié ! Sous ses dehors de mystère dans la veine des romans d’Agatha Christie, The Bletchley Circle présente une critique de la société britannique des années cinquante : quand les anciennes de Bletchley se réunissent pour la première fois afin d’étudier le cheminement des crimes d’un assassin en série, elles doivent le faire sous le couvert d’un « club de lecture » – puisqu’elles ne peuvent pas évoquer leur activité pas- sée. Quand, dans la seconde saison, elles tentent d’innocenter une de leurs collègues condamnée à mort, on ne les prend pas au sérieux. Et lorsqu’elles tentent de convaincre les autorités de The Bletchley Circle mettre fin à un trafic d’êtres humains, on ne les croit pas. Le message est clair : et d’événements aussi passionnants que aussi à sa dimension de critique sociale lorsque les hommes étaient au combat, méconnus. centrée sur le statut des femmes. Les les femmes pouvaient mettre au service quatre amies évoluent dans des milieux du pays leurs qualités intellectuelles et The Bletchley Circle très différents. Susan (Anna Maxwell leur aptitude à travailler ensemble. Une Martin) a épousé son fiancé de guerre ; fois la guerre finie, il n’y a plus de place Au nord-ouest de Londres, dans elle ne travaille pas et s’occupe de leurs pour celles qui ont servi la nation. Elles le Buckinghamshire, le domaine de deux enfants ; Millie (Rachael Stirling) doivent retourner à la vie quotidienne Bletchley Park abrite le National Mu- est un esprit indépendant, elle a fait et à un certain anonymat, et ne peuvent seum of Computing (Musée national le tour du monde avant de retourner prétendre à la même considération qu’en de l’informatique) britannique. C’est là à Londres ; Lucy (Sophie Rundle), la temps de guerre. Au fil de leurs trois en- qu’opérait, pendant la Seconde Guerre plus jeune, est mariée à un homme vio- quêtes (sept épisodes répartis sur deux mondiale, le principal service de dé- lent qui la maltraite ; Jean ( Julie Gra- saisons), ces quatre personnages (et une cryptage du Royaume-Uni. The Bletchley ham), la plus âgée, supervisait l’équipe autre ancienne des services secrets, qui Circle commence par une séquence si- de Bletchley Park, et elle travaille apparaît au début de la deuxième sai- tuée en 1944, montrant un quatuor de désormais comme bibliothécaire. Tout son) nous parlent donc, de manière très femmes travaillant ensemble au déchif- devrait les séparer, mais leur intérêt directe, du sort et du statut des femmes frage de messages cryptés allemands, commun pour la justice les rapproche dans un monde qui les voit de nouveau mais la série ne s’attarde pas sur cette irrésistiblement. Et les crimes sur les- comme des citoyennes de second ordre. période. Elle nous transporte vite dans quels elles enquêtent ont toujours des Dans une veine plus « légère » que l’Angleterre du début des années cin- femmes pour victimes ou comme boucs The Hour, The Bletchley Circle est une très quante. Rendues à la vie civile, Susan, émissaires. En même temps qu’elles bonne série mêlant suspense, histoire Millie, Lucy et Jean se sont perdues de mettent en commun leurs ressources et critique sociale. Que demander de vue, après s’être engagées à ne jamais ré- et leurs capacités respectives pour plus ? véler leur appartenance passée aux ser- résoudre des crimes impunis – ou que vices secrets. La survenue d’un chapelet la police considère comme insolubles – Call the Midwife de crimes, dans lequel il leur semble dé- elles s’apportent mutuellement aide et celer une progression logique similaire soutien. Située à la même époque (la fin des à celle des messages cryptés d’autrefois, Solidement écrite par Guy Burt, années cinquante) que les deux séries les incite à renouer et à mener leurs romancier et coscénariste de nom- précédentes, Call the Midwife a lancé propres enquêtes. breuses séries de télévision (en particu- sa cinquième saison à la BBC en jan- The Bletchley Circle est donc à la fois lier Les Borgia et La fureur dans le sang), vier 2016, et la sixième a déjà été com- une série d’époque et une série d’énigme. très bien interprétée et magnifiquement mandée par la chaîne publique, car son Son charme particulier tient bien sûr au mise en scène, la série se paie également succès est colossal : à chaque épisode, soin accordé aux décors, aux costumes le luxe, à l’occasion d’une des enquêtes, on compte de onze à douze millions de et au parler des années cinquante, mais de nous emmener à Bletchley Park, là téléspectateurs (un million de plus que L’INCONVÉNIENT • no 64, printemps 2016 51
Et ce dénuement marque dura- blement la vie de tous les personnages rencontrés : Conchita, une mère de famille nombreuse d’origine espagnole, qui accouche brusquement après un traumatisme crânien ; Mary, une jeune Irlandaise qui s’est prostituée pour sur- vivre en arrivant à Londres et à qui on retire son enfant à la naissance ; Joe, le vétéran vivant seul avec ses ulcères de jambe dans un immeuble voué à la démolition ; Shirley, dont le bébé dispa- raît peu de temps après qu’elle a accou- ché ; Mrs Jenkins, une vieille femme sans identité, cloîtrée dans un taudis innommable et qui hurle dès qu’on la touche ; Peggy, la femme de ménage de Nonnatus House, dont le frère meurt lentement d’un cancer… Après avoir « bouffé » des centaines d’épisodes de séries médicales, d’Ur- gences à The Knick en passant par Dr House, Scrubs et les méconnues Chicago Hope et St. Elsewhere, je pensais sincère- ment avoir tout vu dans ce domaine. En découvrant Call the Midwife, j’ai com- pris qu’il n’en était rien. Cette belle série est une œuvre d’une profonde huma- nité, audacieuse, résolument féministe et, il faut le dire, extrêmement culottée. Call The Midwife Avant de la regarder, je n’avais jamais vu la grossesse et l’accouchement trai- tés à l’écran d’une manière aussi crue et Downton Abbey). Mais alors que The petite congrégation vivent quatre reli- réaliste et, simultanément, aussi respec- Hour et The Bletchley Circle sont des fic- gieuses par ailleurs soignantes pro- tueuse. tions inspirées de situations ou de faits fessionnelles, et trois sages-femmes : Au fil des épisodes, Jenny et ses réels, Call the Midwife est l’adaptation l’énergique Trixie (Helen George), la collègues nous font découvrir que les des mémoires d’une authentique sage- discrète Cynthia (Bryony Hannah) et femmes modestes de cette époque de- femme, Jennifer Worth, qui commença la pétulante Chummy (Miranda Hart, vaient souvent mettre leurs enfants au sa carrière en 1957. Nourrie par cette épatante), véritable force de la nature. monde dans les pires conditions – dans autobiographie, la scénariste et drama- Jenny Lee, pour qui Londres est déjà un les toilettes communes d’un immeuble, turge Heidi Thomas a créé une série monde nouveau, s’intègre à l’équipe et se dans la cabine exiguë d’un cargo –, étonnante dont les allures de « série trouve vite devant des réalités humaines quand ce n’étaient pas des adolescentes d’époque » ne masquent jamais le carac- dont elle ignorait l’existence. ayant caché leur grossesse qui étaient tère subversif. Comme le rappelle en permanence contraintes à accoucher seules, dans un Nous ne sommes plus ici dans le le monceau de gravats empilés à l’entrée coin sombre, sur une feuille de papier milieu de la télévision ou dans la société de Nonnatus House, les personnages journal. Et s’il ne s’agissait que des bourgeoise, mais à Poplar, dans l’East vivent et travaillent dans un quar- accouchements ! Un jour, Jenny Lee End, le quartier le plus défavorisé de tier qui, plus de dix ans après la fin du découvre, en ouvrant une porte, une Londres. Et il n’est pas question d’es- conflit mondial, n’a pas encore bénéfi- situation familiale qu’elle n’aurait jamais pionnage, de complots ou de crimes cié d’une reconstruction ou d’efforts de osé soupçonner. Un autre jour, sœur à élucider, mais de la vie quotidienne réhabilitation. Chaque épisode dépeint Julienne ( Jenny Agutter) lui décrit la d’une poignée de sages-femmes et d’in- la rencontre entre les soignantes et des vie dans les workhouses, ces horribles firmières et de la population dont elles femmes, des hommes, des couples, des établissements dans lesquels, en Angle- s’occupent. familles de Poplar dont la vie et l’état de terre et au pays de Galles, jusqu’en 1948, En 1957, Jenny Lee ( Jessica Raine) santé sont intimement liés aux années des femmes pauvres et leurs enfants arrive à Nonnatus House. Dans cette de guerre et à la pauvreté endémique. de tous âges étaient internés dans des 52 L’INCONVÉNIENT • no 64, printemps 2016
conditions innommables et nourris en conditions plus précaires les unes que les comédiennes admirables, tournée dans échange d’un travail pénible, et au prix autres, on les voit aussi vivre leur propre des décors vivants, dotée d’une cinéma- d’impitoyables séparations. Au fil de la vie, qu’il s’agisse des mésaventures de tographie superbe mais jamais « esthé- série, nous suivons le travail des sages- sœur Monica Joan ( Judy Parfitt), dont tisante », cette série n’est pas une simple femmes auprès des femmes battues, de l’excentricité est peut-être (ou peut-être « série médicale en costumes ». Il s’agit celles que leur père prostitue, de celles pas) le signe d’une démence sénile, ou plutôt d’une remarquable entreprise qui meurent en couches alors que rien de l’irrésistible idylle entre Chummy et d’histoire populaire et d’un authentique ne le laissait présager… le constable Noakes (Ben Caplan). Et manifeste féministe. g Et pourtant, en dépit de cette triste pendant ce temps, à l’arrière-plan, une énumération, Call the Midwife n’est pas relation secrète et interdite se noue, par du tout une série sinistre ou désespé- petites touches, entre l’une des pension- THE HOUR BBC, 2011-2012. Les deux saisons sont dis- rante. C’est une fiction extrêmement naires de Nonnatus House et le docteur ponibles en DVD et sur Netflix. délicate, et souvent aussi drôle que poi- Turner (Stephen McGann), le généra- gnante. Avec intelligence, Heidi Tho- liste veuf de Poplar… THE BLETCHLEY CIRCLE mas et ses coscénaristes réussissent à Riche de toutes ces histoires, Call Présentée à ITV en 2012-2013. Les deux sai- équilibrer rire et gravité. Et tandis que the Midwife est, vous l’aurez compris, sons sont disponibles en DVD et sur Netflix. La version française a été diffusée par ARTV Jenny la débutante découvre la cruauté l’une des plus belles séries qu’on puisse en 2014, sous le titre Enquêtes codées. de la vie, son séjour à Nonnatus House voir aujourd’hui. Peut-être parce qu’elle est constamment égayé par les joutes n’est pas peuplée de personnages ima- CALL THE MIDWIFE verbales auxquelles se livrent Chummy ginaires aux prises avec des situations À BBC depuis 2012 ; SOS sages-femmes à et sœur Evangelina (Pam Ferris), et par énigmatiques, mais par des figures qui Télé-Québec, depuis 2013. Les saisons 1 à 4 sont disponibles en DVD et en Blu-ray ; les les multiples « combines » organisées nous ressemblent, et parce qu’elle décrit saisons 1 à 3 sont sur Netflix. par Fred (Cliff Parisi), l’homme à tout de manière crue, mais toujours avec faire du couvent. modestie et subtilité, ce qui fait la bru- Si l’on suit les soignantes lorsqu’elles talité, l’absurdité et aussi, parfois, les vont accoucher des femmes dans des bonheurs de l’existence. Servie par des livres de poche Montréal Le conte est aussi d’Honoré une femme Beaugrand porté à l’écran 9,95 $ 5,95 $ L’INCONVÉNIENT • no 64, printemps 201653 groupefides.com
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