New Frontier IV Fastes et fragments. Aux origines de la nature morte américaine.

La page est créée Jean-Marc Charrier
 
CONTINUER À LIRE
New Frontier IV Fastes et fragments. Aux origines de la nature morte américaine.
Dossier de presse

Exposition-dossier

Du 5 février au 27 avril 2015
Aile Denon, 1er étage, salle 32

New Frontier IV
Fastes et fragments.
Aux origines de la nature morte
américaine.

Contact presse
Marion Benaiteau
marion.benaiteau@louvre.fr
01 40 20 67 10 / 06 88 42 52 62

                                  1
New Frontier IV Fastes et fragments. Aux origines de la nature morte américaine.
New Frontier IV
Communiqué de presse                                           Fastes et fragments.
Exposition-dossier                                        Aux origines de la nature morte
5 février - 27 avril 2015
Aile Denon, 1er étage, salle 32
                                                                    américaine
                                                      Dernier épisode du partenariat New Frontier qui lie le musée du
                                                      Louvre, le High Museum of Art, le Crystal Bridges Museum of
                                                      American Art et la Terra Foundation for American Art,
                                                      l’exposition « Fastes et fragments. Aux origines de la nature
                                                      morte américaine » se penche sur l’essor de la nature morte aux
                                                      Etats-Unis au XIXe siècle. À la suite des expositions consacrées
                                                      au paysage, à la peinture de genre et au portrait, New Frontier
                                                      IV permet à nouveau d’enrichir le dialogue autour de la
                                                      peinture américaine.
                                                      Rassemblant dix œuvres issues des collections des quatre
                                                      institutions partenaires, cette dernière édition illustre, comme
                                                      les précédentes, la façon dont les peintres américains, tels
                                                      Raphaelle Peale, Martin Johnson Heade ou William Michael
                                                      Harnett, ont adapté les modèles européens à leur époque et à
                                                      leur pays, participant ainsi à l’émergence d’une voix nationale.

                                                      En dépit d’une tradition vieille de plusieurs siècles en Europe, la
                                                      nature morte émerge tardivement aux États-Unis. C’est au cours du
John Haberle, Small Change [Petite monnaie], 1887     XIXe siècle, grâce à de profondes mutations politiques,
Bentonville, Crystal Bridges Museum of American Art   économiques et sociales, que le genre gagne en popularité. Un
© Crystal Bridges Museum of American Art              nouveau type de commanditaires apparaît, désireux de représenter
Cette exposition-dossier s’inscrit
                                                      leur fortune à travers certains objets symboliques. Raphaelle Peale,
dans le cadre d’une collaboration
                                                      le premier, s’illustre par une production austère et efficace où les
pluriannuelle entre le Crystal Bridges                produits cultivés en terre d’Amérique se trouvent mis en valeur.
Museum of American Art, le High                       La nature morte américaine s’inspire longtemps des codes
Museum of Art, Atlanta, et la Terra                   stylistiques européens. Avec l’évolution du rapport au luxe, les
Foundation for American Art. Elle                     compositions s’enrichissent et les sujets se diversifient. Après la
est rendue possible grâce à leur                      guerre de Sécession cependant, la nature morte américaine revient à
généreux soutien.                                     des sujets plus nationaux et le symbolisme intervient pour affirmer
                                                      certaines valeurs morales spécifiques ou critiquer le matérialisme
Informations pratiques
                                                      prégnant dans la société américaine à l’époque, comme dans Small
                                                      Change de John Haberle.
Horaires
Tous les jours, sauf le mardi, de 9h à 17h30,
les mercredi et vendredi jusqu’à 21h30.               Présentée au Louvre à partir du 5 février 2015, l’exposition-dossier
Tarifs
                                                      « New Frontier IV. Fastes et fragments. Aux origines de la nature morte
Accès avec le billet d’entrée du musée : 12€          américaine » rejoindra ensuite le Crystal Bridges Museum of
Accès libre pour les moins de 18 ans, les             American Art à Bentonville, Arkansas (16 mai - 14 septembre 2015)
moins de 26 ans résidents de l’U.E., les              puis le High Museum of Art à Atlanta, Géorgie (26 septembre 2015
enseignants titulaires du pass éducation, les
demandeurs d’emploi et les bénéficiaires des          - 31 janvier 2016).
minima sociaux, les visiteurs handicapés et
leur accompagnateur, les titulaires des cartes        Commissaires de l’exposition : Guillaume Faroult, conservateur en
Amis du Louvre.
                                                      chef au département des Peintures du musée du Louvre et Stephanie
Renseignements                                        Mayer Heydt, conservateur de l’Art américain sous le parrainage de
Tél. 01 40 20 53 17 - www.louvre.fr
                                                      Margaret et Terry Stent, High Museum of Art, Atlanta.

Direction des Relations extérieures                                  Contact presse
Anne-Laure Béatrix, directrice                                       Marion Benaiteau
Adel Ziane, sous-directeur de la communication                       marion.benaiteau@louvre.fr
Sophie Grange, chef du service presse                                Tél. : 01 40 20 67 10 / 06 88 42 52 62
                                                                                                                                2
New Frontier IV Fastes et fragments. Aux origines de la nature morte américaine.
L’émergence de la nature morte américaine
                                                          Genre peu valorisé selon les hiérarchies académiques européennes,
                                                          la nature morte a connu des débuts assez confidentiels aux Etats-
                                                          Unis. Les peintres du Nouveau monde lui préfèrent le portrait ou le
                                                          paysage, qui suscitent davantage l’intérêt des commanditaires,
                                                          comme l’ont montré les précédentes expositions.
                                                          Au tout début du XIXe siècle, le développement de l’économie
                                                          américaine permet l’émergence d’une nouvelle catégorie
                                                          d’acheteurs, amateurs de représentations d’objets évoquant leur vie
                                                          quotidienne et leur succès. Vers 1813, Raphaelle Peale peint Corn
Raphaelle Peale, Corn and Cantaloupe [Maïs et             and Cantaloupe : empruntant à l’Europe les codes traditionnels de la
cantaloup], vers 1813, Bentonville, Crystal Bridges       nature morte, il les adapte à son public pour partager sa vision de
Museum of American Art © Crystal Bridges Museum
of American Art                                           l’abondance américaine. Melon cantaloup, patate douce et maïs
                                                          évoquent les grandes plantations, en particulier celle du premier
                                                          propriétaire du tableau, le Dr Benjamin Lee, dans le Maryland.

                                                          Le naturalisme du milieu du siècle
                                                          Si la nature morte est d’abord accueillie avec hésitation, elle
                                                          s’épanouit pleinement vers le milieu du siècle. Les sujets deviennent
                                                          plus luxueux : aux fruits et légumes viennent s’ajouter fleurs et
                                                          gibier, reflétant l’évolution des goûts liée à l’accroissement de la
                                                          richesse et de la production industrielle.
                                                          Avec l’émergence de collectionneurs fortunés et curieux des natures
                                                          mortes hollandaises du siècle d’or, des artistes comme Martin
                                                          Johnson Heade (1819-1904) se font une spécialité de peintures
                                                          particulièrement élaborées au symbolisme subtil. Still Life with
                                                          Apple Blossoms in a Nautilus Shell, peint en 1870, est un habile
                                                          pastiche de la peinture nordique ou des vases de fleurs d’Abraham
                                                          Mignon, dont une œuvre est présentée dans l’exposition. La
                                                          virtuosité des drapés, la délicatesse des fleurs évoquent un contexte
                                                          de séduction qui inaugure sans doute un nouveau rapport au luxe et à
                                                          la sociabilité dans la société américaine.
Martin Johnson Heade, Still Life with Apple
Blossoms in a Nautilus Shell [Nature morte aux            Trompe-l’œil et symbole
fleurs de pommier dans une coquille de nautile],
huile sur toile, 1870, Daniel J. Terra, Art Acquisition   La guerre de Sécession provoque une rupture. Les peintres de
Endowment Fund, 1999.7 © Terra Foundation for             natures mortes, tel William Harnett (1848-1892), de nouveau
American Art.
                                                          focalisés sur des objets spécifiquement américains, se font une
                                                          spécialité dans le trompe-l’œil aux résonnances volontiers
                                                          symboliques parfois subversives. Véritable spécificité de la nature
                                                          morte américaine de la seconde moitié du XIXe siècle, l’usage du
                                                          trompe-l'œil fait écho à l’émergence d’un goût populaire pour les
                                                          peintures dites de « bric-à-brac », les collections éclectiques et les
                                                          objets exotiques. S’inscrivant dans la longue tradition de
                                                          l’illusionnisme visuel, le trompe-l'œil est aussi une mise en cause des
                                                          valeurs matérialistes de la société et de la corruption de la classe
                                                          politique. Ainsi, Small Change de John Haberle met en exergue le
                                                          rapport à l’argent dans l’Amérique au plus fort de son essor
                                                          économique : désacralisée, la monnaie sert à maintenir un petit
William Michael Harnett, Still Life with Bust of Dante    autoportrait qui semble placé là comme un défi aux autorités. Le
[Nature morte au buste de Dante], 1883, High Museum       spectateur est invité à être le complice de l’illusion, mais aussi, guidé
of Art, 64.27 © High Museum of Art
                                                          par l’artiste, à en déchiffrer le code.

 Catalogue de l’exposition
 New Frontier IV. Fastes et fragments.
 Aux origines de la nature morte
 américaine, sous la direction de                         A l’auditorium du Louvre
 Stephanie Mayer Heydt, Editions
                                                          Présentation de l’exposition
 Marquand. 68 p., environ 10 €.
 Également disponible en anglais.                         mercredi 4 février 2015 à 12h30
                                                          par Stephanie Mayer Heydt, conservateur au High Museum of Art, Atlanta.
                                                                                                                                      3
New Frontier IV Fastes et fragments. Aux origines de la nature morte américaine.
Histoire de la collaboration entre les partenaires

En 2003, la Terra Foundation a soutenu une conférence majeure sur l'art américain au Louvre intitulée « Art
américain : identités d’une nation ». En 2006, le Louvre et la Terra Foundation ont collaboré sur deux projets
importants : ils ont présenté la première exposition d'art américain au Louvre, dans laquelle le monumental
Gallery of the Louvre (1831-33) de Samuel F.B. Morse provenant de la collection de la Terra Foundation était
présenté dans le Salon Carré. Ils ont également créé avec la Henry Luce Foundation la base de données
Lafayette, qui constitue un inventaire complet des œuvres d'art américain dans les collections françaises.
(http://musee.louvre.fr/bases/lafayette/?lng=1)

De 2006 à 2009, le Louvre et le High ont présenté conjointement une série d’expositions thématiques dans le
cadre du projet « Louvre-Atlanta » ainsi que des publications et des travaux scientifiques. La Terra Foundation a
également prêté son Gallery of the Louvre dans le cadre de la collaboration Louvre-High ; le tableau a été
présenté au High Museum au cours de l'exposition « Kings as Collectors » en 2006.

Depuis 2012, les quatre institutions présentent chaque année une exposition dans le cadre du partenariat « New
Frontier : l’art américain entre au Louvre », en vue d’initier le public à une meilleure connaissance de l’art des
États-Unis à ses origines (de la fin du XVIIIe siècle jusque dans la seconde moitié du siècle suivant).

Les partenaires
Crystal Bridges Museum of American Art
Le Crystal Bridges Museum of American Art explore l'histoire de l'Amérique au
travers d’une collection d'œuvres illustrant le patrimoine américain et sa richesse
artistique. Fondé en 2005 par la Walton Family Foundation, le musée a ouvert le 11
novembre 2011. Il tient son nom d'une source voisine et du pont incorporé par l'architecte Moshe Safdie lors de
la conception du bâtiment. Une série d’édifices rassemblés autour de deux bassins alimentés par cette source
abrite les collections permanentes et les expositions, les espaces de réunions et d'étude ainsi qu’un vaste hall
d’accueil serti de verre. La communication harmonieuse entre l'art et la nature s’opère grâce au bâtiment lui-
même et aux sentiers jalonnés de sculptures qui relient le parc de plus de 48 hectares au centre-ville de
Bentonville, Arkansas. La collection permanente réunit cinq siècles de peintures, sculptures et dessins
américains de l'époque coloniale à nos jours.
www.crystalbridges.org

High Museum of Art
Le High Museum of Art (Atlanta, Géorgie) est le principal musée du Sud-Est des
Etats-Unis. Avec une collection permanente de plus de 14 000 œuvres, le High
abrite une vaste collection d'art américain et d’art décoratif des XIX e et XXe
siècles ; un fonds important de peinture européenne ; une collection d'art afro-américain en pleine expansion et
un ensemble prometteur d'art moderne et contemporain, de photographies, d’art populaire et d'art africain. Le
High a également pour vocation de soutenir la création et de collectionner les œuvres d’artistes du Sud.
www.high.org

Terra Foundation for American Art
Fondée en 1978, la Terra Foundation for American Art a pour mission d’encourager
l’étude, la compréhension et l'appréciation des arts visuels des États-Unis. Avec une
collection exceptionnelle d'art américain de l'époque coloniale à 1945, un vaste programme d'aide financière et
un personnel spécialisé basé à Chicago et à Paris, c'est l'une des plus importantes fondations d'art américain.
Elle consacre environ 12 millions de dollars chaque année pour soutenir les expositions, les projets et la
recherche sur l’art dans le monde entier.
www.terraamericanart.org

                                                                                                                     4
New Frontier IV Fastes et fragments. Aux origines de la nature morte américaine.
Préface du catalogue

Comme les trois précédentes expositions de la série de « New Frontier », « Fastes et fragments. Aux origines
de la nature morte américaine » se penche sur l’émergence d’une voix nationale dans l’art américain. Au
cours de ce partenariat de plusieurs années, notre collaboration aura permis d’organiser quatre expositions
consacrées à l’évolution de genres qui ont occupé une place fondamentale dans le panorama artistique des
États-Unis : le paysage, les scènes de genre, le portrait et la nature morte. Cette série est l’aboutissement
d’une coopération mûrement pensée entre conservateurs américains et français, qui ont réuni des œuvres de
premier plan provenant de nos quatre fonds institutionnels à Atlanta, Bentonville, Chicago et Paris. Il n’est
guère surprenant que cette mise en commun de nos richesses ait suscité de nouvelles rencontres avec l’art
américain des siècles passés.

Cette dernière édition de la série se concentre sur l’un des genres les plus accessibles et pourtant l’un des plus
oubliés, la nature morte, capable de rendre hommage aux objets de la vie quotidienne. Dans leur simplicité
même, ces objets peuvent en effet être investis de significations propres à une culture ou, au contraire, de
portée universelle. Depuis le XVIIe siècle, l’Europe élaborait un langage visuel commun autour de la pratique
de la nature morte. Dans l’Amérique du début du XIXe siècle, les artistes adaptent les formats traditionnels du
genre à leurs nouvelles conditions de vie. Cette exposition en donne des exemples, depuis les arrangements
austères de l’un des premiers praticiens de la nature morte jusqu’aux inventions en trompe-l’œil des peintres
de l’Âge d’or, qui s’appuient sur les solides précédents des traditions hollandaise et française. Dans son essai,
Stephanie Mayer Heydt décrit les points de rencontre entre la nature morte américaine et la nature morte
européenne, mais aussi le moment où elle prend son indépendance. Avec ses collègues, Peter John Brownlee,
Guillaume Faroult et Manuela Well-Off-Man, elle replace ces œuvres d’une étonnante diversité dans leur
contexte historique et culturel. Certes, cette exposition conclut la série « New Frontier », mais celle-ci a
suscité un tel intérêt pour les échanges transculturels qu’il y a lieu de penser que ces rencontres auront des
suites.

Rod Bigelow, directeur exécutif
Crystal Bridges Museum of American Art, Bentonville

Elizabeth Glassmann, présidente et directrice générale
Terra Foundation for American Art, Chicago et Paris

Jean-Luc Martinez, président-directeur
Musée du Louvre, Paris

Michael E. Shapiro, directeur sous le parrainage de Nancy et Holcombe T. Green, Jr.
High Museum of Art, Atlanta

Ce texte est extrait de la publication New Frontier. Fastes et fragments. A l’origine de la nature morte américaine, sous la direction
de Stephanie Mayer Heydt, Editions Marquand.                                                                                             5
New Frontier IV Fastes et fragments. Aux origines de la nature morte américaine.
Les œuvres exposées

Abraham Mignon (Francfort, 1640 – Utrecht,          William Michael Harnett (Américain, 1848–1892)
1679)                                               Still Life with Bust of Dante [Nature morte au buste de
Fleurs dans une carafe de cristal placée sur un     Dante]
piédestal en pierre, avec une libellule             1883
Huile sur toile, H. 88 ; l. 68 cm. Signé en bas à   Huile sur bois, H. 26 ; l. 35,1 cm
gauche : A. Mignon Fe                               High Museum of Art, Atlanta
Musée du Louvre, Paris
                                                    De Scott Evans (Américain, 1847 – 1898)
Jean-Siméon Chardin (Paris, 1699 – Paris, 1779)     Daisies [Pâquerettes]
Pipes et vase à boire, dit aussi La Tabagie         Vers 1885
Vers 1737                                           Huile sur toile, H. 50,2 x 45,4 x 4,4 cm encadré
Huile sur toile, H. 32 ; l. 42 cm                   Crystal Bridges Museum of American Art, Bentonville
Musée du Louvre, Paris
                                                    John Haberle (Américain, 1845 – 1933)
Raphaelle Peale (Américain, 1774–1825)              Small Change [Petite monnaie]
Corn and Cantaloupe [Maïs et cantaloup]             1887
Vers 1813                                           Huile sur toile, H. 23,5 ; l. 18,4 cm
Huile sur bois, H. 36,8 ; l. 49,5 cm. Avec le       Crystal Bridges Museum of American Art, Bentonville
cadre : H. 51,8 ; l. 64,5 ; ep. 5,4 cm
Crystal Bridges Museum of American Art,             George Cope (Américain, 1855 – 1929)
Bentonville                                         A Pair of Spectacles [Paire de lunettes]
                                                    1897
Joseph Biays Ord (Américain, 1805 – 1865)           Huile sur panneau préparé, H. 50,2; l. 45,1 cm encadré
Still Life with Shells [Nature morte aux            High Museum of Art, Atlanta
coquillages]
Vers 1840
Huile sur toile, H. 46 ; l. 61 cm
High Museum of Art, Atlanta

William Sidney Mount (Américain, 1807–1868)
Fruit Piece : Apples on Tin Cups [Pommes sur
des pichets en étain]
1864
Huile sur carton enduit, H. 16,5 ; l. 23 cm. Avec
le cadre : H. 32,7 ; l. 38,9 cm
Terra Foundation for American Art

Martin Johnson Heade (Américain, 1819 – 1904)
Still Life with Apple Blossoms in a Nautilus
Shell [Nature morte aux fleurs de pommier
dans une coquille de nautile]
1870
Huile sur toile, H. 53,3 ; l. 43,2 cm. Avec le
cadre : H. 84,1 ; l. 73,7 ; ep. 10,2 cm
Terra Foundation for American Art

                                                                                                              6
New Frontier IV Fastes et fragments. Aux origines de la nature morte américaine.
Regards sur quelques œuvres

Raphaelle Peale (1774–1825)
Corn and Cantaloupe [Maïs et cantaloup]
Vers 1813, huile sur bois

                                                                             Fils aîné du peintre américain Charles Willson
                                                                             Peale, Raphaelle Peale commence sa carrière
                                                                             comme portraitiste, mais il s’oriente bientôt vers
                                                                             la nature morte […]. À l’instar de son oncle
                                                                             James Peale, Raphaelle va chercher à revaloriser
                                                                             la place de la nature morte dans la hiérarchie
                                                                             artistique traditionnelle, à développer le genre en
                                                                             Amérique et à faire de Philadelphie le centre de
                                                                             sa pratique.
                                                                             S’appuyant sur ses connaissances en horticulture
                                                                             et sur sa capacité à dépeindre avec précision les
                                                                             spécimens botaniques, Peale rend ici hommage
                                                                             aux récoltes de l’été. Au centre de Corn and
                                                                             Cantaloupe, la diagonale que dessine l’épi de
                                                                             maïs oriente le regard en travers de l’image et
Raphaelle Peale, Corn and Cantaloupe [Maïs et cantaloup], vers 1813, Crystal crée un lien entre les divers éléments […]. La
Bridges Museum of American Art, Bentonville © Crystal Bridges Museum of      composition alimentaire s’enrichit avec la surface
American Art. Photography by Dwight Primiano
                                                                             succulente d’un melon fraîchement coupé. Cette
 variété de melon brodé, qui porte le nom de « Anne Arundel », était cultivée dans la région d’Annapolis, lieu
 de naissance de l’artiste dans le Maryland. Peale en dépeint avec précision la chair appétissante et invite le
 spectateur à se laisser tenter. Contrastant avec ce fruit sensuel par la taille, la texture et la couleur, une patate
 douce et un concombre complètent l’alignement de plantes cultivées […].
 […] La présence ici d’une patate douce et de maïs a peut-être un lien avec l’histoire de cette œuvre. Son
 premier propriétaire, en effet, le Dr Benjamin Lee, était médecin et propriétaire de la plantation de Oak Hill,
 dans le comté de Prince George, dans le Maryland, et il est possible que Peale lui ait donné ce tableau en
 paiement d’un traitement médical lors d’un séjour dans le Maryland, car ces deux légumes de base étaient
 spécifiquement cultivés dans la plantation du médecin. […] Considéré comme le premier « naturemortiste »
 professionnel du pays, Peale a lancé une tradition américaine de la nature morte qui sera poursuivie par des
 peintres comme William Michael Harnett et John Peto.
Aaron W. Jones, Responsable du Centre d’interprétation, Crystal Bridges Museum of American Art,
Bentonville

William Sidney Mount (1807–1868)
Fruit Piece : Apples on Tin Cups
[Pommes sur des pichets en étain]
1864, huile sur carton enduit

Dans cette œuvre de dimensions modestes, William
Sidney Mount présente un arrangement faussement
simple de deux pommes typiques posées sur un
« piédestal » formé par deux pichets en étain retournés
et richement patinés.
[…] Au milieu du XIXe siècle, la pomme était le fruit le
plus cultivé aux États-Unis et l’un des aliments de base
des Américains. Parmi les nombreuses associations
liées à la pomme, la plus forte pour Mount et pour son              William Sidney Mount, Fruit Piece: Apples on Tin Cups [Pommes
public a été, durant la guerre civile qui a divisé le pays,         sur des pichets en étain], 1864, huile sur carton enduit, Terra
sa capacité à incarner le sentiment patriotique. La                 Foundation for American Art, Daniel J. Terra Collection, 1999.100
                                                                    © Terra Foundation for American Art.
pomme était donc à la fois un symbole et une source de
                                                                                                                                        7
New Frontier IV Fastes et fragments. Aux origines de la nature morte américaine.
nourriture, comme l’illustre la coutume chez les enfants du Nord d’offrir des pommes aux soldats de l’Union
[…]. Mount était déjà connu comme peintre de scènes de genre quand il écrit dans son journal, en 1862, que la
nature morte est « une façon très ingénieuse de raconter une histoire ». Les natures mortes, en effet, véhiculent
une signification par le symbolisme des objets représentés et par les évocations que crée leur juxtaposition.
[…] Durant la guerre civile, cette capacité de la nature morte à raconter une histoire lui a permis d’exprimer
une position personnelle sur le conflit sans s’aliéner un public saturé d’images partisanes et de récits de guerre
horribles.
Dans Fruit Piece : Apples on Tin Cups, la peau rouge et luisante de la pomme de devant porte l’empreinte d’un
ongle, référence subtile à un pays meurtri par la guerre. Les surfaces ternies et usées des pichets qui servent de
support aux fruits évoquent la fonction utilitaire de ces ustensiles militaires, mais aussi ce que subissent les
soldats qui s’en servent et qui, peut-être, ne rentreront pas chez eux. Riche de tout un éventail de significations
symboliques allant de l’idée de nourriture à celle d’absence, Fruit Piece : Apples on Tin Cups exprime
sereinement la conviction de Mount, à savoir que la nature morte est capable de transmettre un sens d’une
manière poignante et néanmoins acceptable par une nation confrontée à une guerre civile.
Eleanore Neumann, Associée de la Collection, Terra Foundation for American Art, Chicago

Martin Johnson Heade (1819 – 1904)
Still Life with Apple Blossoms in a Nautilus Shell [Nature
morte aux fleurs de pommier dans une coquille de nautile]
1870, huile sur toile

Peintre itinérant de portraits, de paysages et de sujets marins, Martin
Johnson Heade commence à s’intéresser aux natures mortes florales
au début des années 1860. Ses premiers essais dans le genre,
relativement simples, se réduisent à de petits arrangements de fleurs
posés sur une table ou disposés dans des vases et autres contenants.
Cependant, son intérêt pour la flore va se renforcer à la suite de deux
voyages qu’il fait en Amérique du Sud […]. Développant ses talents,
il va devenir « un illustrateur précis et élégant de sujets d’histoire
naturelle », peignant les délicates images de colibris, d’orchidées et
de fleurs de la Passion qui composent sa célèbre série des Gems of
Brazil (1864, Crystal Bridges Museum of American Art).
Quand Heade peint Still Life with Apple Blossoms in a Nautilus Shell,
en 1870, ses compositions de table ont évolué en complexité et en Martin Johnson Heade, Still Life with Apple
raffinement : désormais, elles comportent tout un éventail de variétés Blossoms in a Nautilus Shell [Nature morte aux
florales et une constellation de plus en plus riche d’objets naturels ou fleurs  de pommier dans une coquille de nautile],
                                                                          huile sur toile, 1870, Daniel J. Terra, Art Acquisition
créés par l’homme [...]. Bien que surtout connu peut-être pour ses Endowment Fund, 1999.7 © Terra Foundation for
images de la flore tropicale, Heade affectionnait les roses mais aussi American Art.
les fleurs de pommier, dont il a peint quelque vingt-cinq interprétations
en plus de vingt ans. Rendues avec la précision des illustrations botaniques, ces fleurs de pommier parlent
aussi le langage des fleurs, faisant allusion à la « promesse d’une abondance de fruits délicieux » mais aussi à
la tentation d’Ève […].
Still Life with Apple Blossoms in a Nautilus Shell réunit la beauté de la nature et la beauté matérielle des biens
de ce monde. Les fleurs, bien qu’ayant des connotations symboliques et qu’étant placées au centre de la
composition sur fond d’un mur recouvert d’un treillage, ne sont pas seules à être porteuses de significations.
On remarquera aussi la coquille de nautile – référence à Vénus, la fille de Neptune –, le coffret à bijoux
partiellement recouvert par un lourd rideau en velours, le chapelet en perles terminé par une croix qui retombe
sur le bord de la coupe ornementée, l’éventail légèrement ouvert, orné d’un gland qui pend et occupe une
position précaire près du bord arrondi de la table, et, enfin, le gant à festons, négligemment repoussé sur le
côté. À une époque où la production est de plus en plus mécanisée et la consommation de plus en plus
ostentatoire, ces objets luxueux occupent une grande place dans la signification codée du tableau et donnent à
son espace illusionniste une dimension très nettement féminine.
Peter John Brownlee, Conservateur adjoint, Terra Foundation for American Art, Chicago

                                                                                                                                    8
New Frontier IV Fastes et fragments. Aux origines de la nature morte américaine.
John Haberle (1845 – 1933)
Small Change [Petite monnaie]
1887, huile sur toile

                                                    John Haberle était un maître du trompe-l'œil, notamment lorsqu’il
                                                    s’agissait de représenter la monnaie américaine. Ses images étaient
                                                    si convaincantes que les services secrets l’ont obligé à mettre fin à
                                                    ces imitations et qu’un journaliste a été jusqu’à l’accuser de
                                                    contrefaçon intentionnelle. Cette attention qu’on lui accordait lui
                                                    donna envie, à partir de 1887 environ, de se spécialiser dans la
                                                    peinture de billets de banque et de pièces de monnaie.
                                                    […] Dans Small Change, on distingue, sur fond d’une planche en
                                                    bois foncé, une pièce en cuivre de un cent portant un symbole de la
                                                    justice, une pièce en argent de trois cents, un billet de dix cents
                                                    avec le portrait du secrétaire au Trésor William M. Meredith, et un
                                                    billet déchiré de vingt-cinq cents à l’effigie de George Washington,
                                                    rapiécé à l’aide d’un timbre-poste […].
                                                    Dans le titre de cette toile, Haberle veut opposer la « petite
                                                    monnaie » (et le peu qu’elle représente) à l’immensité des réserves
                                                    – qui faisait alors polémique – entreposées dans les chambres fortes
                                                    du gouvernement des États-Unis. En anglais, « change » permet
                                                    également un jeu de mots avec les changements intervenus au cours
                                                    de l’histoire américaine. L’argent représenté par Haberle couvre
John Haberle, Small Change [Petite monnaie], 1887,   une période allant de 1785 à 1876, c’est-à-dire englobant la fin de
Crystal Bridges Museum of American Art, Bentonville  la période révolutionnaire, la dépression qui a suivi la panique de
© Crystal Bridges Museum of American Art.
Photography by Amon Carter Museum of American Art
                                                     1873, et le début de l’Âge doré. […] De plus, l’aspect et l’état des
                                                     billets sont marqués par le temps et l’usage. De ce point de vue, le
 papier-monnaie râpé et froissé de Haberle se situe dans la tradition des « vanités » des maîtres baroques
 hollandais et flamands, qui rappellent le caractère éphémère des choses matérielles et la brièveté de la vie.
 Haberle a soigneusement modelé son sujet, imitant de façon convaincante, par exemple, le relief des bords
 déchirés et écornés des billets. Ayant une formation de graveur, il a sculpté dans la peinture noire les traits fins
 de leurs motifs, reproduisant avec précision les surfaces délicatement incisées des plaques de métal qui ont
 servi à les imprimer. Dans ses compositions, il inclut souvent des allusions personnelles humoristiques,
 comme ici dans la signature « gravée » au moyen d’une figure en bâtons qui est une caricature de lui-même. Il
 « signe » également cette œuvre en y ajoutant son portrait en ferrotypie. Ces deux « signatures »
 personnalisées expriment la fierté de l’artiste et ajoutent à la complexité de cette œuvre.
Manuela Well-Off-Man, Conservatrice, Crystal Bridges Museum of American Art, Bentonville

Ces textes sont extraits de la publication New Frontier. Fastes et fragments. A l’origine de la nature morte américaine, sous la   9
direction de Stephanie Mayer Heydt, Editions Marquand.
New Frontier IV Fastes et fragments. Aux origines de la nature morte américaine.
Visuels de l’exposition
New Frontier IV: Fastes et fragments.
Aux origines de la nature morte américaine
Du 5 février au 27 avril 2015 - Aile Denon, 1er étage, salle 32
Les visuels sont libres de droit avant et pendant l’exposition. Ils peuvent être utilisés uniquement dans le cadre de la promotion de
l’exposition. Merci de mentionner le crédit photographique et de nous envoyer l’article une fois publié : Musée du Louvre,
Direction des relations extérieures, Sous-direction Communication, 75058 Paris cedex 01 ou marion.benaiteau@louvre.fr.

                                                                2. Raphaelle Peale, Corn and Cantaloupe [Maïs et cantaloup],
                                                                vers 1813, Bentonville, Crystal Bridges Museum of American Art
                                                                © Crystal Bridges Museum of American Art. Photography by
                                                                Dwight Primiano
1. John Haberle, Small Change [Petite monnaie],
1887, huile sur toile, Bentonville, Crystal Bridges
Museum of American Art © Crystal Bridges
Museum of American Art Photography by Amon
Carter Museum of American Art

 3. William Sidney Mount, Fruit Piece: Apples
 on Tin Cups [Pommes sur des pichets en étain],
 1864, huile sur carton enduit, Terra Foundation
 for American Art, Daniel J. Terra Collection,
 1999.100 © Terra Foundation for American Art.
                                                                                                                                        10
4. Joseph Biays Ord, Still Life with Shells [Nature
                                                          morte aux coquillages], vers 1840, huile sur toile, High
                                                          Museum of Art, 2013.8 © High Museum of Art

5. Martin Johnson Heade, Still Life with Apple Blossoms
in a Nautilus Shell [Nature morte aux fleurs de
pommier dans une coquille de nautile], huile sur toile,
Terra Foundation for American Art, Daniel J. Terra, Art
Acquisition Endowment Fund, 1999.7
© Terra Foundation for American Art.

                                                              6. William Michael Harnett, Still Life with Bust
                                                              of Dante [Nature morte au buste de Dante],
                                                              1883, huile sur bois, High Museum of Art,
                                                              64.27 © High Museum of Art.
                                                                                                                 11
8. George Cope, A Pair of Spectacles
                                                                          [Paire de lunettes], 1897, huile sur
7. De Scott Evans, Daisies [Pâquerettes], vers 1885,                      panneau préparé, High Museum of
huile sur toile, Bentonville, Crystal Bridges Museum of                   Art, 2005.216 © High Museum of
American Art © Crystal Bridges Museum of American                         Art. Photo Mike Jensen
Art. Photo Dwight Primiano

                                                          10. Jean-Siméon Chardin, Pipes et vase à boire, dit aussi
                                                          La Tabagie, vers 1737, huile sur toile, Paris, musée du Louvre
                                                          © Musée du Louvre, dist. RMN / Angèle Dequier
9. Abraham Mignon, Fleurs dans une carafe de cristal
placée sur un piédestal en pierre, avec une libellule,
huile sur toile, Paris, musée du Louvre © RMN-Grand
Palais (Musée du Louvre) / Franck Raux
                                                                                                                           12
Vous pouvez aussi lire