Mais quel contexte? Art contextuel dans le contexte de l'art parallèle - Érudit
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Document generated on 07/12/2022 6:14 a.m. Inter Art actuel Art et contexte Mais quel contexte? Art contextuel dans le contexte de l’art parallèle Nelo Vilar Number 93, Spring 2006 URI: https://id.erudit.org/iderudit/45763ac See table of contents Publisher(s) Les Éditions Intervention ISSN 0825-8708 (print) 1923-2764 (digital) Explore this journal Cite this article Vilar, N. (2006). Mais quel contexte? Art contextuel dans le contexte de l’art parallèle. Inter, (93), 26–31. Tous droits réservés © Les Éditions Intervention, 2006 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/
> > > L'ART ET LE CONTEXTE > >> LE CONTEXTE ET L'ART CRITICA D'ART EN UN MON GLOBAL CRITICA D'ART I ESFERA PÛBLICA EN UN CONTEXT "POSTHISTÔRIC" I GLOBAL CRITICA DE ARTE EN UN MUNDO GLOBAL CRITICA DE ARTE Y ESFERA PÛBLICA EN UN CONTEXTO "POSHISTÔRICO" Y GLOBAL ART CRITICS IN A GLOBAL WORLD ART CRITICISM WITHIN THE PUBLIC SPHERE IN A "POSTHISTORICAL" GLOBAL CONTEXT Encuentros sobre critica de arte, Barcelona, 2005. Mais, quel contexte ? Art contextuel dans le contexte de l'art parallèle NELO VILAR L'art sans légitimité institué, économiquement dominant, vieilli socialement, qui provoque une dynamique de con- La théorie critique des 25 dernières années est extrêmement pessimiste. trecoup vers l'art et la vie « bourgeoise » et qui fait avancer les positions ; ainsi, on crée la En général, elle nous conduit à une impasse posthistorique où l'art et réalité. Ce serait le mécanisme sociologique qui régirait l'art moderne, où s'établiraient les « rè- la culture, hyperinstitutionnalisés, banalisés, spectacularisés, offrent gles de l'art »". peu d'attraits symboliques et encore moins politiques, idéologiques, etc. Les derniers textes de Jan Swidzinski' et le livre de Paul Ardenne 2 Une d u a l i t é a u s s i p o u r l'art c o n t e x t u e l : sur l'art contextuel m'ont semblé également pessimistes. Il y a 25 ans les sales a r t i s t e s a l t e r n a t i f s v e r s u s les p r o p r e s a r t i s t e s i n s t i t u t i o n n e l s déjà, Bruce Barber affirmait ceci : Parce que l'art hyperinstitutionnalisé, bourgeois - qui s'assied sur la platitude et sur la for- La négation de la transcendance est l'obstacle principal rencontré par les malisation de l'imaginaire qui nous arrache des parcelles de vie - nous ennuie, nous défendons producteurs de performance et, par extension, les critigues et les historiens, un art « alternatif » ou « parallèle ». Nous l'appelons ainsi précisément pour le situer dans le lors du développement conscient d'une fonction de la performance. Afin de champ bourdieuen, dans l'enceinte de la postmodernité qui semblait hors-jeu. Proposer un art dépasser un « essentialisme » moderne, il est peut-être nécessaire d'affir- « alternatif » ou « parallèle » suppose de le situer en-dehors ou contre l'institution de l'art. mer de manière critique, ou au moins de tenir compte des prémisses du mo- C'est pour cela que nous autogérons sans argent public nos propres événements, éditons nos dernisme. Il me semble gue la performance est maintenant une aberration. Avant qu'elle s'intègre, comme le narcissisme, dans le marché des relations revues, catalogues, livres et tout type d'édition ; nous promouvons nos propres espaces de dis- humaines, nous devons acguérir une plus grande compréhension de ses cussion, avec lesquels nous contribuons à créer des identités collectives et des discours critiques outils spécifiques3. que nous construisons à la manière de l'« intellectuel collectif » que défendait Antonio Gramsci Mais c'est vrai que l'art, comme institution sociale, a perdu sa légi- (et qu'a repris Pierre Bourdieu à propos d'une « internationale des intellectuels »). timité, comme une bonne partie des institutions qui négocient le pou- L'art parallèle (faisons abstraction des guillemets) est un espace de liberté (et pour cela éthi- voir dans nos sociétés (selon le philosophe Agustin Garcia Calvo, la que, politique) hors de la formalisation institutionnelle. Dans l'éventail d'artistes qui se situent fonction de l'État est la « gestion de la mort ») : les institutions politi- dans l'alternative plutôt que dans l'art institutionnel, se rencontrent de jeunes artistes et des ques et culturelles, les partis politiques, les milieux de la communica- vétérans qui développent leur travail dans la rue, faisant des performances ou des signes sau- tion... Le discrédit, entre le scepticisme et une attitude ouvertement vages, ouvrant des espaces indépendants avec leur propre argent, refusant l'aide publique ou hostile, est la norme, laquelle convertit la démocratie représentative privée, ne demandant pas de bourses et ne se trouvant pas dans les galeries d'art. Des artistes en une grande fraude, un piège qui se rétroalimente moyennant un à temps partiel (si l'on peut parler ainsi de ceux qui tentent encore de fondre art et vie et de très coûteux système spectaculaire. libérer le temps de travail), ne prétendant pas en vivre, refusant la professionnalisation de l'art. Cependant, la perte de légitimité de l'art actuel n'est pas une situa- C'est dans ce milieu passionnant que je travaille depuis 15 ans. tion nouvelle qui doit nous surprendre : avec ce même discrédit se L'alternative est alors un espace où l'utopie est encore possible parce que l'utopie résiste à trouve le mécanisme qui depuis la moitié du XIXe siècle fait avancer les entrer dans le musée, qu'il s'agisse d'art politique, relationnel ou contextuel... En reprenant champs artistique, littéraire, scientifique, philosophique, etc., c'est-à- l'espace utopique, on récupère des parcelles de légitimité perdue et des aspects symboliques dire les « champs de production culturelle », selon la terminologie de presque oubliés. On accède, par exemple, à des mouvements sociaux transformateurs qui sont Pierre Bourdieu. C'est le manque de légitimité de l'art « bourgeois », des cadres symboliques de référence pour former un répertoire symbolique propre, lequel 26
configure des identités émergentes, une production de réalité. L'art d'action, dit alternatif ou parallèle, s'est trouvé souvent en compro- mis politique, par exemple lors d'événements organisés par des grou- pes écologistes, des citoyens, des squatters, etc., dans diverses programmations ou encore comme art contextuel. Les rencontres et festivals de performance et d'art parallèle sont des espaces de rencontres symbolique, politique et affective produits en contexte réel, comme rencontres d'artistes. Il existe une complicité (elle est encore à la fois politique, symbolique et affective) avec le mouve- ment social et entre les mêmes artistes, ce qui produit une énergie positive, une expérience réelle. Lorsque la performance est proposée BARCELONA ART R£ PORT 2001 r depuis un espace institutionnel, rien de cela n'arrive. Voyons un exem- ple : en octobre 2003, le Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia (MNCARS), à Madrid (Espagne), présentait le festival No lo liâmes per- formance. Son commissaire, Paco Barragân, expliquait dans le catalo- gue la « nouveauté » de la performance actuelle par rapport à la performance « classique » des années soixante-dix. Un texte délirant qui mériterait une analyse détaillée 5 . Les artistes invités provenaient pour la plupart de galeries d'art, avec un pourcentage élevé issu des grandes métropoles. La présence de la performance dans un musée con- servateur comme le MNCARS pourrait suggérer que l'art d'action ait Affiche d'un événement organisé par la Diputacion de Zaragoza, 2006. finalement (re)trouvé sa consécration comme genre institutionnel sans complexes et qu'il s'est intégré dans le marché de l'art. Cependant, No lo liâmes performance n'était pas représentatif de tout ce qui se fait en performance. Étonnant, par exemple, de ne trouver aucune mention des réseaux de la performance et de la périphérie qui lui sont propres. D'un point de vue quantitatif, la plupart des performances qui se font dans l'actualité ne participent pas aux canaux artistiques institutionnels. Parmi les 37 artistes qui participèrent à No lo liâmes performance, il n'y avait que sept Espagnols, dont un seulement vivant en territoire espagnol, et aucun des sept n'avait participé à des réseaux locaux d'art action. Vingt artistes vivaient hors de leur pays d'origine et seulement sept résidaient dans leur ville natale (six d'entre eux dans des capitales). Treize performeurs venaient des États-Unis dont neuf de New York : tous étaient « emigrants » ! Comme anecdote, notons que Perry Bard, le seul artiste québécois présenté dans l'événement, vit aussi à New York. Mais le plus étonnant, c'est l'objectualisation à laquelle était sou- mise la performance, quoique c'était précisément à la dématérialisa- tion qu'historiquement on lui conférait son caractère utopique : l'attitude face à la fabrication d'engins (l'objet artistique), l'autonomie par rapport au marché et à l'institution. Finalement, il n'est venu que neuf artistes pendant les 12 jours de l'événement ; 29 artistes ont envoyé leurs vidéos (63 œuvres). Les invités parvenaient à peine à se croiser à l'aéroport. Voilà qui illustre bien la différence entre le travail des artistes alter- natifs et celui des performeurs des institutions, même s'ils travaillent avec le même « médium ». Chez les premiers, on rencontre encore des objectifs sociaux, des dynamiques collectives qui incluent la discussion et l'autocritique du milieu ; les rencontres ont une finalité « ajoutée » par l'échange. Pour beaucoup d'artistes de l'art action (performances, manœuvres, art contextuel...), il est difficile de croire que nous nous trouvons dans le même processus que ces lustrés « professionnels » sortis des galeries d'art et présents dans des publications couleur sur papier couché. flalisMej f sssnaMS sràsssi • a v a f r é t é e n i ssesseoe ClRLRF IDENSITRT MRNRESR (35 Logo de l'événement contre la // Biennal de Valencia, intitulée La ville imaginée et dédiée à l'art public, 2003. Logo de l'événement Idensitat, célébré dans la ville de Calaf, l'une des plus âgées de l'État espagnol, 2005. INTER, ART ACTUEL 93 27
> > > L'ART ET LE CONTEXTE > >> LE CONTEXTE ET L'ART On pourrait donner d'autres exemples similaires dans l'enceinte lectures éthiques distinctes et des esthétiques aurait une fonction politique, une régéné- même de l'art contextuel comme la seconde édition de l'oubliable selon sa situation dans le champ. Et je crois que ration éthique et un renouvellement esthéti- Biennale de Valence (2003) qui avait comme thème « La ville idéale » cette nuance est absente dans les textes que indiscutable. Ce point de vue sociologique et où une bonne partie des travaux se situèrent sur la rue. Si « ce sont toutefois lucides de Jan Swidzinski et l'estimable met en crise la vision finaliste de l'histoire et leurs regardeurs qui font leurs tableaux », comme disait Duchamp, une manuel de Paul Ardenne, ce qui signifie de l'art qui s'est affirmée depuis la philosophie œuvre changera selon le lieu où elle se rencontre, mais aussi par son « contextualiser» l'art contextuel comme genre. hégélienne et qui reste hégémonique chez les contexte institutionnel. Il s'agissait d'une biennale d'art public, théo- À propos de l'art contextuel, l'art parallèle intellectuels organiques des dernières décen- riquement contextuel, organisée par des institutions d'extrême droite semble se dédoubler. D'un côté, il prend nies. L'art contextuel ne peut pas se séparer dont la gestion se caractérisait précisément par la spéculation sauvage position par rapport au système artistique de l'investigation proprement artistique, au sur cette ville et par la destruction accélérée de son espace public. Pour institutionnel, se situant explicitement, pro- risque de se faire convertir par une série de cette « vitrine », on sacrifia le budget public pour l'art et la culture de grammatiquement, au-dehors ou contre l'ins- grimaces populistes. plusieurs années ; il n'est pas difficile d'y déceler une fonction propa- t i t u t i o n d'art. Cela suppose l'affirmation Même si, pour quelques-uns d'entre nous, gandiste et médiatique où l'on voit, au delà du cynisme et de la spécu- d'une autonomie, dans le sens entendu par il s'agit d'une mauvaise pièce ou d'un mauvais lation, un goût douteux pour la décoration. Bourdieu, lorsque l'art actuel est récupéré par artiste alternatif, cela ne cessera pas d'être Alors, pour l'art contextuel, comme le raconte Paul Ardenne, il les institutions et le marché, c'est-à-dire qu'il une mauvaise pièce ou un mauvais artiste. En faudrait demander aux artistes « alternatifs », qui s'entretiennent dans s'est décanté vers l'hétéronomie du discours jugeant l'art parallèle, il faut prendre en con- la marge du système artistique institutionnel, s'ils croient faire la même culturel néolibéral. D'autre part, l'art paral- sidération quelques questions fondamentales chose que les artistes sortis des galeries et dorlotés par les institutions. lèle, par son compromis idéologique de base, au delà de la qualité formelle d'un travail ou Par rapport à un projet d'art contextuel, il y aura des lectures est un espace propice pour l'art contextuel, de la lucidité d'un auteur. En premier lieu, la distinctes, tout dépendant si elles se situent dans une position de mais aussi par son pari pour la périphérie face position dans le champ les resitue politique- dominance (celle de l'art institutionnel, présenté dans les musées, les au centralisme des institutions (très évident ment et historiquement. On ne peut dès lors biennales, etc.) ou de dominé. Mais revenons à la pensée de Bourdieu. dans les événements décrits) qui le situe plus pas parler ici de la fin de l'art ou d'art « après Les genres ne se groupent que relativement dans les pôles du champ favorablement face à un « contexte réel ». la fin de l'art », comme chez Arthur C. Danto 7 , (bourgeois/avant-gardiste) : longtemps, le théâtre fut le genre le plus mais d'une nouvelle temporalité non attachée populaire et le plus rentable, mais la poésie cumulait la majorité du L'art d a n s son c o n t e x t e s o c i a l à l'antérieure. Une nouvelle temporalité qu'il capital symbolique, donc plus de prestige. On pourrait dire la même et institutionnel faut contextualiser avec le moment historique chose maintenant du soupçonné prestige de la manœuvre, de l'art Il serait dangereux de s'installer dans l'ingé- que nous vivons (même si l'Histoire aussi se contextuel ou de l'art activiste par rapport à d'autres genres plus nuité et de penser que l'art alternatif est suffi- voulait morte). « formalistes ». Malgré tout, la structure dualiste du champ (avant- sant avec sa position idéologique polarisée La « destruction des valeurs », qui semblait gardiste/bourgeois) ne se soutient plus sur l'opposition entre les genres dans le champ artistique. La critique idéolo- angoisser la génération antérieure, mérite mais sur ses extrêmes : naturalistes contre symbolistes, constructivistes gique, qui contemple l'art comme symptôme une nuance. D'abord, les valeurs qui se fou- contre expressionnistes, etc. (désormais on pourrait être limité à insti- simple, semble obvier l'intérêt esthétique de droient ne sont pas des valeurs neutres « uni- tutionnel/alternatif I). Les avant-gardes ont été des espaces où s'unis- l'œuvre comme « symbole »6. Il peut sembler verselles » mais, tel qu'on l'a souvent dit dans saient des musiciens, des poètes, des dramaturges ou des artistes que le temps s'est arrêté pour cet art remar- les dernières décades, celles d'une classe so- plastiques. Actuellement, plus que jamais il semble impossible de se ginalisé. Ainsi, dans les festivals de perfor- ciale, d'une race, d'un genre, d'une situation limiter à un seul genre, si novateur qu'il soit, sans tenir compte des mance, nous nous rencontrons avec un géographique concrète, etc. Ce qui surgit de récurrent déjà vu où le genre de performance, cette crise (qui n'est pas une simple crise d'un à chaque fois plus corseté, semble perdre de système philosophique, mais d'un système sur son audace. C'est précisément la perception divers fronts politiques : les classes sociales, les de certains dans l'impasse des réseaux de l'art luttes coloniales, les mouvements de femmes, d'action dans les années quatre-vingt qui a l'environnement, la paix, la reconnaissance porté le collectif Inter/Le Lieu à proposer le des gays et des lesbiennes, des minorités ra- concept (« régénérateur » pour Arnaud ciales, des animaux, etc.), c'est un changement Labelle-Rojoux) de manœuvre (qui suppose de à l'échelle de la civilisation, à mon avis, sans renforcer son aspect contextuel, interactif, face précédents historiques. à l'autisme narcissiste de la performance). Un Félix Guattari a expliqué génialement le même processus de diversification s'est observé pourquoi du changement. Dans Les trois éco- dans l'État espagnol au début des années logies", il expose un projet « écosophique » : un quatre-vingt-dix pour une génération popu- projet « esthétique » défini par des processus leuse de jeunes désinformés qui ont repris avec continus de resingularisation. Les trois écolo- enthousiasme les vieux genres qui étaient liés gies qu'il nomme dans le titre sont la bio- à l'art « alternatif ». L'aspect collectif de ce diversité, que l'on connaît, l'écologie sociale, genre le portera à son autocritique et rapide- qui permet la reconnaissance de la diversité des ment à l'apparition de discours esthétique et collectifs et des communautés (de « nations », politique plus élaborés. La tension idéologique parmi lesquelles il inclut l'artistique [I] et où entre les praticiens des styles artistiques, davan- l'on peut reconnaître les réseaux esthétiques- tage relatifs à une position par rapport à l'ins- idéologiques-affectifs de l'art d'action avec les- t i t u t i o n d'art (par exemple, les artistes de quels il a été proche), et l'écologie mentale l'action vs les artistes activistes plus intéressés avec laquelle on se libère des désirs, des fan- à expliciter leur discours politique qu'à affirmer tasmes, etc. Ce grand projet esthétique que re- leur autonomie par rapport à une institution connaît Guattari n'a pas de précédents avec paradoxalement disposée à les accueillir, réé- l'Histoire, cette histoire basée sur l'impéria- ditant une fois encore les conflits entre les pra- lisme et les relations qui aplatissaient quelques tiquants de l'« art par l'art » et les artistes soupçons de différence. Si François Lyotard 9 réalistes, comme on l'a vu depuis le XIXe siècle), parle de la fin des « grands récits » comme de montrerait que nous sommes loin de surpasser la fin des grandes idéologies, il n'en demeure la dynamique de tension qu'est le champ artis- pas moins certain que la tâche qui se présente tique, et que celui-ci propose des positions nous resitue historiquement dans un projet critiques, utopiques... De cette façon, la créa- émancipateur d'une meilleure richesse que tion de nouvelles positions dans le champ celle de ces grands récits totalitaires. Affiche de l'événement Madrid Abierto, organisé par la banque CajaMadrid, 2006.
La crise des valeurs répond aussi à l'apparition de ce que nous nom- A r t actuel et a c t i o n collective I mons les nouveaux mouvements sociaux (NMS) : écologistes, féministes, On doit considérer l'art parallèle comme un produit de sa compréhension en tant qu'espace pacifistes, squatters, etc. Nous assistons à un changement de civilisa- collectif. Deux outils sociologiques permettraient une meilleure compréhension du phénomène tion auquel l'art ne pourra malheureusement pas rester étranger. Loin à la lumière de l'action collective : d'un côté, la théorie des champs de production culturelle de se stabiliser, les conflits de la globalisation des marchés vont attiser de Pierre Bourdieu et, de l'autre, celle de l'action collective par laquelle s'analyserait l'art et rendre extrêmes les positions : le non de la France et de la Hollande parallèle avec les outils critiques développés par l'étude des mouvements sociaux. à une constitution européenne de caractère ultralibéral de même que Du point de vue des champs autonomes de production culturelle de Bourdieu, à la base de la dérive militaire des États-Unis démontrent que l'Histoire est bien loin ce « mouvement », une myriade d'artistes (parfois très jeunes) occupent les positions de domi- d'être finie, qu'il existe des forces qui résistent et qui sont capables de nés dans le champ artistique, repoussant activement l'institution de l'art et la société bour- créer la réalité, tout comme les projets impérialistes agressifs. Dans ce geoise qui se trouvent derrière cette structure spectaculaire qu'est l'Art et la Culture. On ne contexte, pourra-t-on parler réellement d'un art posthistorique ? peut pas s'attendre à ce que tous les travaux aient un intérêt esthétique. Cependant, Bourdieu C'est depuis ce « contexte » qu'il faut analyser l'art actuel : chez les dit : « [0]n ne conçoit pas l'apparition et le développement d'une avant-garde artistique et artistes qui refusent le système artistique bourgeois pour se situer dans littéraire au cours du XIXe siècle sans le public que lui assure la bohème littéraire et artistique un espace nomade, de déterritorialisation de l'art, de ses genres artisti- concentrée à Paris et qui, quoique trop démunie pour acheter, justifie le développement d'ins- ques. On initie une nouvelle phase où pour la première fois sont incluses tances de diffusion et de consécration spécifiques, propres à procurer aux novateurs, fût-ce à tant la question de la liberté, de la diversité que celle de la redistribu- travers la polémique ou le scandale, une forme de patronage symbolique". » tion de la richesse. Comment situer l'art dans ce contexte ? Et en parlant Les qualités de la bohème et sa fonction par rapport aux positions dominées (traditionnel- de déterritorialisation, je ne peux m'empêcher d'opposer ce concept lement dénommées « avant-gardistes ») restent valides presque deux siècles après de son deleuzien, propre à l'idéologie nomade, à celui de délocalisation, simi- apparition. D'une part, la bohème (nous l'appellerons ainsi aussi pour l'art parallèle), c'est le laire mais étranger. On doit associer le concept de délocalisation aux ar- milieu et le marché où peut se développer une attitude alternative au sens propre de l'institu- tistes « professionnels » présents dans l'événement de performances tion de l'art ; d'autre part, c'est un sujet révolutionnaire, de la bohème historique jusqu'au institutionnel No lo liâmes performance, où plus de quatre-vingt pour concept de jeunesse d'Isidore Isou (qui anticipe Herbert Marcuse et les autres), finalement, puis- cent des artistes étaient de l'extérieur et plus de la moitié hors de leur que les artistes définissent leur projet esthétique en fonction de l'art qui leur est contempo- pays d'origine. Apothéose de l'immigration économique, dans ce cas rain, comme position relative dans le champ artistique, le milieu collectif fonctionnant comme animé et célébré, sans restrictions frontières. un intellectuel collectif, tel que décrit ci-dessus. Comme le dit Jean-François Chevrier : « la structure institutionnelle de l'art moderne n'est pas révolutionnaire. C'est libéral. Dans le meilleur des cas, libéral dans les deux sens de la parole et, dans le pire, dans son sens purement économique ». Chevrier considère que la culture artis- tique est nécessaire pour donner l'apparence d'utopie à une société constituée en « association libre de consommateurs » : « C'est la raison pour laquelle tant d'artistes circulent aujourd'hui avec autant de faci- lité dans les lieux de l'art et des médias en proposant des postures transgressées, comme des diversions nécessaires à l'établissement d'une norme indicible. » Seulement, lorsque s'exprime cette norme, dit Chevrier, il réapparaîtra peut-être une nouvelle « "intolérance ré- volutionnaire" qui accepte de restreindre son action et propose des objets énigmatiques, étrangers aux normes productives »10. L'attitude bigote de l'avant-gardiste consacré, désabusé de tout, insistant sur un certain narcissisme new age, est loin d'être neutre : derrière lui se cache le modèle « pluraliste » d'une société qui ne résout pas les ques- tions de l'hégémonie ou du domaine du libéralisme. Face à cela, je considère nécessaire une attitude de confrontation, d'« intolérance révolutionnaire qui accepte de restreindre son action » (sa profes- Affiche de l'atelier de Brian Holmes Cartografia y resistencia: poder y alterridad en el sistema- sionnalisation), un retour au clan, à la petite échelle : le communau- mundo, Sala Parpallô, Diputacio de Valencia, 2005. tarisme de gauche propre à une tradition libertaire - qui est à la base de l'art alternatif. Comprendre le caractère politique, idéologiquement Illustrons la position de Baudelaire par rapport à la bohème artistique de son temps, telle fixé de cette attitude libérale, apparemment neutre, est fondamental que décrite par Bourdieu : Baudelaire, un critique lucide des ambiances tant bohémiennes que pour le renouvellement des arts et des politiques réactionnaires en bourgeoises, est pleinement conscient des limitations de la bohème. vigueur dans nos sociétés. Il ne renie jamais ce qu'il a acguis à l'occasion de son passage dans les régions les plus déshéritées du monde littéraire, donc les plus favorables à une perception critigue et globale, désenchantée et complexe, traversée de contradictions et de paradoxes, de ce monde lui-même et de tout l'ordre social; le dénuement et la misère, bien gu'ils menacent à tout moment son intégrité mentale, lui apparaissent comme le seul lieu possible de la liberté et le seul principe légitime d'une inspiration inséparable d'une insurrection. Ce n'est pas dans les salons ou dans la correspondance, comme Flaubert, gui suit là une tradition aristocratigue, gu'il mène son combat, mais au sein de ce monde de ^jj;x?Jirj>iiD i w ù i u m « déclassés », comme dit Hippolyte Babou, qui forme l'armée hétéroclite de la révolution culturelle. À travers lui, c'est toute la bohème, méprisée, stigmatisée (jusgue dans la tradition du socialisme autoritaire, prompte à y reconnaître la figure interlope du Lumpenprolétariat), et l'« artiste maudit » qui se trouvent réhabilités (on le voit dans la lettre à sa mère du 20décembre 1855 où il oppose « l'admirable faculté poétigue, la netteté d'idées et la puissance d'espérance qui constituent [son] capital », c'est-à-dire le capital spécifique, garanti par un champ littéraire autonome, au « capital éphémère gui lui manque pour s'installer de manière à travailler en paix loin d'une sacrée charogne de propriétaire »12. Ce même goût pour les espaces de liberté, qu'offre le milieu du jeune art parallèle capable du reste d'anarchiser les espaces et comportements, a été exprimé avec fréquence par des ar- tistes « majeurs » de l'art alternatif, ce qui n'est pas un obstacle pour en reconnaître les caren- ces. Même sans être un art contextuel explicitement, son concours provocant avec la réalité doit être pris en considération. Et par sous-entendu, le milieu parallèle est aussi un lieu pour les chefs-d'œuvre, pour les postures transgressives vivantes et de grands risques qui actualisent la tension entre art et vie, qui inventent en outre des formes de vie, au delà des genres et des disciplines. INTER, ART ACTUEL 93 29
> > > L'ART ET LE CONTEXTE > LE CONTEXTE ET L'ART A r t a c t u e l e t a c t i o n c o l l e c t i v e II La deuxième mise au point sociologique par rapport à l'art parallèle, qui lui confère un caractère contextuel au delà des genres artis- f A I . l t S [il 1 A II \ tiques, est ce qui s'occupe de l'action collec- [Il IMA '• J tive dans la direction des études sur les NMS. Au delà des homologies qui font coïncider les mouvements sociaux et artistiques, il faut trai- ter la « nouveauté » et aborder l'art parallèle comme un milieu avec des genres distincts, y compris l'art contextuel. Le politologue Alberto Melucci a fait quel- ques considérations d'intérêt extraordinaire à ce sujet, en tentant d'élucider la nouveauté des nominations NMS' 3 . Pour parler de la nouveauté des mouvements actuels, il faut prendre en compte s'il existe des conflits anta- gonistes de nature systémique (contre les sys- tèmes sociaux ou artistiques) ou si au contraire on ne peut parler que de phénomènes de mar- ginalité sociale, de comportement collectif ou de rajustement du marché politique. Pour Melucci, les demandes de participation dans un système n'expriment pas nécessairement un antagonisme, quoique parfois ces requê- tes puissent être violentes. La demande de par- t i c i p a t i o n q u ' e x p r i m e n t les associations d'artistes plastiques ou les galeries indépen- dantes, par exemple, ne présente aucun anta- gonisme : l'objectif est d'être présent dans des espaces institutionnels ou d ' o b t e n i r des moyens publics pour faire une gestion cultu- relle et artistique privée qui souvent n'a pas de composantes critiques et encore moins autocritiques. Ce manque d'antagonisme a parfois provoqué des conflits et des scissions dans des groupes d'artistes. En 1998, par exem- ple, il arriva dans l'État espagnol, au sein de la Red Arte (réseau de l'art), une tentative de coordination des galeries indépendantes et des groupes d'artistes. Un conflit apparut en- tre les grandes galeries subventionnées et professionnalisées, avec des espaces et des programmations, et les petits collectifs pro- ches de l'art d'action, avec un positionnement idéologique davantage radical. Les « espaces indépendants » importants semblaient plus in- téressés par l'institutionnalisation et la survie économique que par les questions critiques que réclamaient les membres « fondamenta- listes ». La question de la distinction des « espaces de conflits » est extrêmement importante. Elle se réfère à la question de la sphère publique : « un milieu démocratique où les individus sont identifiés comme des citoyens et participent à la vie politique » u . Le discrédit, au sujet de la sphère publique démocratique et institu- tionnelle dans nos sociétés, l'a fait éclater et, à ce moment, on ne peut plus parler de condi- tions sociales stables ; les femmes, les minori- tés ethniques, les lesbiennes et les gays, les discours postcoloniaux, etc., empêchent l'exis- tence d'une politique de libération unitaire telle qu'elle existait dans la modernité. Tout cela fait partie d'un processus d'émancipation (« écosophique ») moyennant la resingula- risation qui se perd cependant dans l'enceinte institutionnelle, où se produit la fiction d'une sphère publique démocratique et unitaire en 30
même temps que se neutralise tout conflit. L'institutionnalisation de Melucci insiste sur le fait qu'il est nécessaire l'art politique et activiste désarticule l'antagonisme des NMS de la de se poser la question de l'action collective même manière que Bourdieu signale l'opposition qui se produit dans à partir du processus par lequel sa significa- le champ artistique entre avant-garde et avant-garde consacrée. L'art tion se construit dans l'interaction sociale. parallèle participe de cette resingularisation en commençant par se dé- Cette interaction dépend de ce champ de pos- faire de cet espace fictif de liberté institutionnelle. sibilités et de constrictions que les acteurs ob- Poser la question des conflits antagonistes est nécessaire pour com- servent et utilisent. prendre la nouveauté des mouvements sociaux et artistiques actuels. C'est pour cette raison que l'on a insisté ici Chercher les similitudes ou les différences avec les mouvements compa- sur les réseaux personnels, à « l'échelle hu- rables du passé (le féminisme actuel versus la suffragette ou encore, dans maine », à l'action de l'art alternatif. Face à le milieu artistique, la performance actuelle versus la « classique » des l'art activiste, qui centre son action dans la années soixante-dix) est, pour Alberto Melucci, un débat inutile. La com- visibilité de la protestation, l'art parallèle res- paraison entre des formes d'action situées dans des contextes histori- semble plus aux autres formes d'activisme ques distants, confrontant des données empiriques, porte à une identitaire basées sur l'interaction à petite confusion épistémologique importante ; il s'agirait bien plus d'élucider échelle, comme il se pratique, par exemple, en l'équivalence entre les significations des uns et des autres et le lieu qu'ils bonne partie par le mouvement féministe. occupent dans le système de relations sociales. Considérer les phénomè- Pour parler de « nouveauté » dans l'art con- nes collectifs dans leur totalité empêcherait de capter leur signification : temporain, il faut chercher dans quels espa- ces collectifs, non visibles, se produisent les Nous devons inspecter les différentes orientations qui contiennent (de conflit ou non, de solidarité ou d'atomisation), les niveaux distincts de la société codes culturels nouveaux. Cela nous permet- qui sont embrassés par son action (des manières de production, des trait de comprendre les espaces de liberté où systèmes politiques, des modes de vie) et les périodes historiques qui se faire des travaux visuels, d'art contextuel ou trouvent condensées en ce phénomène particulier. [...] Nous avons à non, authentiquement émancipateurs. considérer l'action collective comme résultat et non comme point de départ. La tâche de l'analyste précisément consiste à expliquer comment ce résultat se construit collectivement, comment il s'entretient et comment il pourrait Et p o u r f i n i r changer avec le temps15. Si l'art contextuel occupe un lieu détaché Pour comprendre la nouveauté d'un mouvement, il faut se deman- dans le « répertoire d'actions » du milieu al- der s'il y a eu un changement dans le contexte systémique et si ce mou- ternatif ou parallèle, les préoccupations po- vement révèle des conflits avec le système qui ne sont pas reliés avec litiques-contextuelles exprimées par ce milieu ceux du capitalisme industriel et des classes, et ce, lorsque cette ques- se manifestent sous de multiples formes. En tion n'est pas posée en dehors du discours analytique, les dimensions plus des actions et des manœuvres nettement spécifiquement sociales et culturelles de l'action ayant été si impor- contextuelles' 8 , l'auteur de ce texte, par tantes pour les mouvements issus des années soixante. exemple, a développé une multitude de per- De là découlent les aspects mesurables de l'action collective. Melucci formances lors d'événements locaux et inter- souligne l'importance dans les nouveaux mouvements sociaux de tout nationaux, incluant des actions secrètes qui ce qui se réfère à la production de codes culturels : ne devaient pas être connues au delà du pu- blic direct. Les unes et les autres ont été pen- L'élaboration de significations alternatives sur le comportement individuel sées à partir de la considération du contexte et collectif constitue l'activité principale des réseaux submergés du mouvement, en outre de la condition pour gue son action soit visible. De dans un sens majeur embrassé par l'épigra- fait, lorsqu'un mouvement s'affronte publiquement avec les appareils phe art contextuel. politiques dans des questions concrètes, il le fait au nom de codes culturels L'art parallèle réagit au contexte institu- nouveaux créés dans un plan d'action occulte qui est assez moins bruyant et davantage difficile de mesurer16. tionnel de l'art et il reconduit son action pour démontrer son utopie éthique-esthétique, La logique d'un système est non seulement de la chercher dans des renouvelant le conflit antagoniste avec le structures ou des formes visibles de pouvoir, mais elle se rencontre aussi, système artistique et social. Il le fait moyen- pour Melucci, dans les milieux les plus simples de la vie sociale, où a nant un exercice de récupération à l'échelle lieu l'interaction des acteurs et où se définissent les possibilités et humaine, tissant des réseaux et proposant des constrictions de leur action. Malgré cette dispersion, qui handicape l'ap- situations. Face au soupçon sur lequel nous préhension du « système » comme une unité, la question sur les con- pourrions être taxés de corporatisme, il con- flits antagoniques de caractère systémique doit être maintenue : viendrait de rappeler les dernières paroles de Une question de singulière importance théorigue est de pouvoir penser à Pierre Bourdieu dans Les règles de l ' a r t : une logique dominante qui nécessairement se manifeste dans une forme « Mais il lui appartiendra de montrer, pour les globale et omni embrassante, mais gui se distribue à travers diverses aires fins au service desquelles elle mettra les du système et gui produit une grande variété de lieux et d'acteurs du conflit. moyens, durement conquis, de son autono- Cette sorte de log-igue peut difficilement s'identifier dans le comportement « fonctionnel » des grands appareils de pouvoir, mais dans l'interaction mie, qu'il s'agit d'un corporatisme de l'univer- guotidienne comme nous ont enseigné les ethnométhodologues". sel' 9 . » • NOTES >1« Les choses comme elles vont », dans le dossier « Art contextuel ». Inter, art actuel, no68, automne 1997, et L'art et son contexte. Au fait, qu'est-ce l'art ?, Québec, Inter Éditeur, 2005. >2 Un art contextuel. Création artistique en milieu urbain, en situation, d'intervention, de participation, Paris, Flammarion, 2002. > 3 Cité dans Bruce Barber, « Notes toward an Adeguate Interventionist Practice », Inter, art actuel, n°47, printemps 1990, p. 44. > 4 Pierre Bourdieu, Les règles de l'art. Genèse et structure du champ littéraire, Paris, Du Seuil, 1998. > 5 Voir [www.caac.es/descargas/hoj_perfOO.rtf]. >6Rainer Rochlitz, Subvention et subversion. Art contemporain et argumentation esthétique, Paris, Gallimard, 1994. > 7 Arthur C.Danto, After the End of Art, New Jersey, Princeton University Press, 1997. > 8 Félix Guattari, Les trois écologies, Paris. Galilée, 1989. > 9 François Lyotard, La condition postmoderne, Paris, Du Minuit, 1979. >10Jean-François Chevrier, « Conversacion con Juan V. Aliaga y José Miguel G. Cortés », dans Juan V. Aliaga, José Miguel G. Cortés et Maria de Corral (eds.), Micropoliticas, Castellé, EACC, 2003, p.343. >11Bourdieu, op.cit., p.413. >12/d., ibid., p.115. >13Voir Alberto Melucci, « iOué hay de nuevo en los'nuevos movimientos sociales'? », dans Enrigue Larana et Joseph Gusfield (eds.), Los Nuevos Movimientos Sociales. De la ideologia a la identidad, Madrid, CIS, 1994. >14 Rosalyn Deutsche, « Agorafobia », dans Paloma Blanco, Jésus Carrillo, Jordi Claramonte et Marcelo Expésito (eds.), Modos de hacer. Arte critico, estera pûblica y acciôn directa, Universidad de Salamanca, 2001, p.330. > 15 Melucci, op. cit., p. 125. >16/d., Ibld., p.125. >17/ 18Racontées dans « Art et vie vs art mort. Art et vie dans un contexte esthétisé », Inter, art actuel, n°85, automne 2003. p. 34. > 19 Bourdieu, op. cit., p. 558. INTER. ART ACTUEL 93 | 3-1
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