GUIDE D'INSPIRATION pour les villes et communes belges - Smart Cities
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1. LES SMART CITIES : ENTRE RÊVE ET RÉALITÉ. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 2. GRANDES TENDANCES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 3. POURQUOI PARLE-T-ON DE « SMART CITIES » ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 4. UN MOT SUR LES NORMES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 5. LA POLITIQUE EN MATIÈRE DE SMART CITIES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 6. 4 THÈMES CLÉS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 1. Smart Energy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 2. Smart Mobility. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 3. Smart Building, Living & Working Environment. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 4. Smart Digital Communication & Infrastructure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 7. 13 RECOMMANDATIONS AUX VILLES ET COMMUNES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 8. NOS PARTENAIRES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 9. SOURCES CONSULTÉES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 2 3
Cher lecteur, De plus en plus de personnes choisissent de vivre en ville. Cette tendance engendre de nouveaux défis en matière de mobilité, de fourniture d’énergie, de qualité de l’air, de soins aux personnes âgées, etc. Afin de continuer à garantir la viabilité de leurs systèmes, les villes et communes n’auront d’autre choix que de s’organiser encore mieux à l’avenir : elles devront devenir « plus intelligentes ». Depuis 2011, l’Agoria Smart Cities Community vient en aide aux villes et communes en leur proposant des exemples de bonnes pratiques tirés de l’industrie technologique. À l’heure actuelle, déjà plus de 400 parties prenantes (entreprises, autorités publiques et centres de connaissances) sont réunies autour de la table pour mettre sur pied le projet Smart Cities. Leur ambition ? Transformer notre environnement urbain en un espace durable où il est agréable de vivre, de travailler et de séjourner grâce à des solutions technologiques innovantes. LES SMART CITIES : UN VASTE CONCEPT L’UIT-T, un organe de concertation international en matière de télécommunications, définit une Smart City comme suit : « Une ville intelligente et durable est une ville novatrice qui utilise les technologies de l’information et de la communica- tion (TIC) et d’autres moyens pour améliorer la qualité de vie, l’efficacité de la gestion urbaine et des services urbains ainsi que la compétitivité, tout en respectant les besoins des générations actuelles et futures dans les domaines économique, social et de l’environnement. » 4 thèmes clés En tant que fédération de l’industrie technologique, Agoria analyse de près quatre thèmes concrets : 1. Smart Energy 2. Smart Mobility 3. Smart Building, Living & Working Environment 4. Smart Digital Communication & Infrastructure Pour chacun de ces domaines, nous pouvons vraiment faire la différence en travaillant main dans la main avec les villes et communes belges. 4 5
Une approche holistique Une chose est certaine : on ne peut rendre une ville « plus intelligente » que si l’on dépasse les frontières séparant les domaines politiques. Mais il importe également que les différents acteurs collaborent : la ville et la Région, les entreprises, les centres de connaissances, les bailleurs de fonds, et – last but not least – le citoyen. Car n’oublions pas que l’amélioration du confort et de la qualité de vie de la population est au centre des préoccupations. Il est temps d’agir Cela fait déjà quelques années que différentes villes européennes tâchent de devenir des Smart Cities. La conjonction d’une vision à long terme, d’un large soutien politique et de plans concrets de mise en œuvre commence petit à petit à porter ses fruits. Bien que notre pays dispose d’une industrie de premier plan, le concept de Smart Cities n’en est encore qu’à ses balbutiements. Si nous voulons faire rayonner nos villes et communes à l’échelle internationale, nous devons donc de toute urgence mettre en AGORIA SMART CITIES COMMUNITY place des actions concrètes et adaptables. 103 Ce guide a pour ambition de vous aider et de vous inspirer. Pour ce faire, nous allons nous appuyer sur des cas pratiques issus de Belgique et de l’étranger. Nous allons d’abord observer les grandes tendances actuelles à la lumière de notre contexte urbain belge. Ensuite, nous allons approfondir nos quatre thèmes clés (Smart Energy, Smart Mobility, Smart Building, Living & Working Environment et Smart Digital Communication & Infrastructure) et vous présenter des modèles d’entreprise et des solutions autorités régionales et technologiques. Pour terminer, nous vous fournirons une série de recommandations concrètes. locales 292 Considérez ce guide d’inspiration comme un point de départ et consultez régulièrement le site www.agoria.be/smartcities. Sur cette plateforme numérique Smart Cities, vous trouverez encore plus de cas pratiques et d’explications détaillées. En effet, les développements technologiques et les exemples évoluent à toute vitesse. 13 entreprises Bonne lecture ! Ingrid Reynaert Peter Van Den Heede Emanuel Marreel Philippe Dubernard fédérations, centres Business Group Leader Marketing & BD Manager, Business Development & Business Analytics, IoT, Smarter de connaissances et Smart Cities, Agoria Smart Grids CEU Region & City Account Management, Cities & BeNeLux Leader, IBM partis politiques Benelux, ABB - Président du Siemens - Vice-président du - Vice-président du Comité Comité Smart Cities d’Agoria Comité Smart Cities d’Agoria Smart Cities d’Agoria 6 7
01 LES SMART CITIES : ENTRE RÊVE ET RÉALITÉ Chercher à devenir un endroit où il fait bon vivre, habiter et travailler : ce n’est pas l’apanage des métropoles, comme en témoignent de nombreux projets de petite taille menés dans nos villes et communes. C’est d’ailleurs ainsi que le projet courtraisien Shop&Go a remporté en 2014 le Smart City Award d’Agoria. Des projets pilotes de petite ampleur… Notre pays fait partie des régions les plus Pourquoi les initiatives belges actuelles de Smart Cities sont-elles d’assez petite taille ? urbanisées au monde. C’est donc au sein Les raisons sont multiples : un manque de vision (à long terme), une approche cloisonnée, même des villes que commence la quête de le faible impact des pouvoirs locaux sur le développement de la ville, des restrictions solutions pour les grands défis socioécono- budgétaires... Sans oublier que la préoccupation première de nombreuses villes et communes belges reste encore d’optimiser et de numériser leurs processus internes. miques et écologiques de notre époque : le réchauffement climatique, le vieillissement de Résultat, on continue de privilégier les initiatives à petite échelle : ces fameux « quick wins » qui donnent des résultats visibles au sein de la même législature. Mais si nous la population, la concurrence mondiale, la nu- voulons passer à la vitesse supérieure, nous devons absolument adopter une approche mérisation... Certes, les villes et communes intégrée et holistique s’inscrivant dans une vision à long terme. belges apportent déjà leur contribution. Mais un énorme potentiel reste inexploité. ... aux réalisations modulables Une Smart City en phase de développement se trouve confrontée à deux types de mouvements : « bottom-up » et « top-down ». Les initiatives « bottom-up » voient le jour à travers la participation de la population. Les nombreuses applications locales en sont un bel exemple. Ce sont toutes des initiatives intéressantes, mais qui s’avèrent insuffisantes pour transformer une ville ou une commune en un environnement intelligent. Car pour y parvenir, il faut aussi adapter et moderniser l’infrastructure. Ceci va de pair avec les décisions « top-down » qui s’inscrivent dans une vision à long terme. À l’heure actuelle, on dénombre encore trop peu d’exemples de réalisations à grande échelle au niveau d’un quartier ou d’une ville. Par rapport aux meilleurs élèves de la classe européenne (Copenhague, Barcelone, Helsinki et Vienne), nous sommes donc encore fort à la traîne. Songez par exemple au raccordement de plusieurs milliers d’habitations à des réseaux de chauffage. Ou à l’installation de feux de signalisation intelligents qui optimisent le flux de trafic en ville tout en respectant les usagers faibles. 8 9
Changer sa façon de penser et d’agir Défis concrets Le rôle du citoyen Une Smart City est visionnaire, numérique, ouverte COLLABORER INTELLIGEMMENT PROPRIÉTAIRE OU LOCATAIRE ? Comment une solution technologique peut-elle offrir une et collaborative. Elle place ses habitants au centre de réponse à un besoin spécifique et être mise en œuvre pour Seules 19 des 589 communes belges comptent plus de Les villes et communes sont actuellement confrontées à ses préoccupations. Pour atteindre cet objectif, il est accroître le confort du citoyen ? Tel est le point de départ des 75.000 habitants (en 2015). Sur le plan organisationnel et un choix cornélien : développer elles-mêmes leur propre indispensable d’adopter une vision aussi bien transsectorielle Smart Cities. En tant qu’utilisateur final, le citoyen a un rôle budgétaire, il n’est donc pas tenable de désigner un coor- infrastructure, en acheter une et la gérer, ou louer des que politiquement transversale, et de fonctionner de manière clé à jouer. La réussite du projet dépend donc de son degré dinateur Smart Cities séparé, de développer une plateforme services. De cette décision dépendent divers facteurs tels intégrée. d’implication. numérique ou de créer un réseau énergétique intelligent dans que la flexibilité, le contrôle, la capacité et le coût du projet. chaque commune. Différentes régions ont dès lors pris des Mettre au point des solutions intelligentes requiert en effet mesures pour créer des clusters. C’est ainsi que le sud et le toute une série d’expertises : en matière d’infrastructure, centre de la Flandre occidentale, tout comme le Pajottenland FINANCEMENT d’énergie, de mobilité, de TIC et de planification. Les et la Campine, ont signé un pacte régional. Le rôle d’Agoria différentes parties prenantes (entreprises, investisseurs, Différentes options sont envisageables en matière de Agoria ne veut pas se contenter d’établir un dialogue administrations communales, centres de connaissances et financement pour répondre aussi bien aux besoins de entre les villes, les décideurs politiques et l’industrie citoyens) doivent se mettre ensemble en quête des solutions l’administration qu’à ceux des partenaires concernés. DES STRUCTURES COMPLEXES technologique. Nous voulons leur proposer une les mieux à même de répondre à leurs besoins. Notons toutefois qu’il n’existe pas de recette miracle pour plateforme permettant de réaliser un exercice stratégique Chaque projet de Smart Cities a besoin de s’appuyer sur tous les projets Smart Cities. La formule de financement et leur fournir des informations et des conseils aussi bien Les villes qui déploient avec succès des projets urbains un modèle commercial et financier. Cela a des répercussions doit en effet tenir compte : sur les tendances que sur les solutions technologiques. intelligents disposent généralement d’une cellule ou d’un sur les parties concernées et dépend de l’environnement. département Smart Cities stratégique qui définit une vision / de la nature du projet ; L’administration, les partenaires industriels et les institutions / de la capacité d’endettement du client ; Nous ambitionnons de devenir le « single point of à long terme, surveille la bonne application des mesures financières sont dès lors soumis à rude épreuve. D’autant / du coût de l’étude préliminaire ; access » des villes et communes pour tout ce qui et assure la coordination de l’ensemble. En outre, dans plus que l’on crée des structures pour lesquelles aucune des / du rôle que joueront les autorités et leur partenaire. relève de l’industrie technologique. Nos membres notre contexte belge, le succès du déploiement dépendra parties prenantes ne jouit d’une longue expérience. disposent en effet de connaissances approfondies au fortement du degré d’autonomie dont jouissent nos niveau international dans ce domaine. Non seulement autorités locales et de l’équilibre entre l’infrastructure sur le plan technologique, mais aussi en matière de privée et publique. financement et de modèles d’entreprise. En résumé, Agoria est la seule fédération qui englobe l’ensemble de la chaîne de valeur technologique. Notre ambition est dès lors d’agir comme facilitateur et d’aider nos villes et communes à mettre en place rapidement et avec succès des projets de Smart Cities. 10 11
02 GRANDES TENDANCES 1. Urbanisation Actuellement, plus de la moitié de la population mondiale habite en ville. D’ici 2050, cette proportion passera à 70 %. Chez nous, 98 % de la population est déjà considérée comme urbaine. Il faut dire que nous figurons dans le top 10 des régions les plus urbanisées au monde. À quoi doit ressembler la ville du futur ? Pour répondre à cette question, il nous faut CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE tout d’abord identifier les défis sociaux d’au- D’après les nouvelles prévisions démographiques, à l’horizon 2060, la Belgique devrait compter 13,1 millions d’habitants et 5,9 millions de ménages. Cela représente 1,9 million jourd’hui et de demain. Plusieurs grandes d’habitants et 1,1 million de ménages de plus qu’en 2014. La Région de Bruxelles- tendances se dessinent de manière globale : Capitale table sur une croissance démographique de 26,2 % d’ici 2060, contre 20 % en Région wallonne. La Région flamande devrait pour sa part enregistrer une progression de 14 % de sa population. l’urbanisation, la mondialisation, le vieillisse- Des villes comme Alost, Anvers, Asse, Grimbergen, Hal, Hasselt, Malines, Lokeren, Vilvorde, Gand, ment de la population, le changement clima- Zaventem et Saint-Nicolas peuvent s’attendre à une croissance démographique de 5 à 10 % d’ici 2024. tique et la numérisation. Ces évolutions nous De nombreuses villes et communes wallonnes sont également en pleine expansion : d’après les prévisions, la population d’Estaimpuis, d’Habay, d’Orp-Jauche, de Jurbise, d’Enghien et d’Arlon devrait augmenter touchent de près. Elles ont un impact direct de 20 à 26 % d’ici 2026. Il est nécessaire de s’organiser autrement pour que cela reste viable. sur notre environnement. DENSIFICATION Cette poussée démographique ac- centuera davantage la densité de population. On prévoit en effet que 20 % de personnes de plus de- vront vivre sur la même superficie. Précisons toutefois qu’on distingue de grandes disparités au niveau ré- gional. La densité de population en Flandre est ainsi deux fois plus éle- vée qu’en Wallonie. Source : SPF Économie 12 13
MOBILITÉ 2. Mondialisation Qui dit plus d’habitants, dit plus de pression sur la mobilité Dans le top 10 des villes européennes présentant le plus Les dimensions sociales et spatiales du développement urbain ainsi que le renouvellement urbain jouent un rôle majeur dans le urbaine. D’après les estimations de la Commission d’embouteillages, on retrouve 3 villes belges : Bruxelles (à la déploiement d’une Smart City. La croissance urbaine dépend surtout de la structure économique (spécialisation versus diversité) et européenne, les embouteillages coûtent chaque année 2e place), Anvers (4e place) et Gand (10e place). du niveau d’instruction des habitants. Par conséquent, les autorités devront prêter attention au développement de communautés 100 milliards d’euros à l’UE. Il est donc plus que jamais dans des quartiers défavorisés, au niveau de participation et d’implication dans les projets, à la cohésion sociale, à l’aménagement nécessaire de disposer de transports publics efficaces et stratégique du territoire, à l’esprit d’initiative ainsi qu’au rôle de la migration et des zones de transit dans la rénovation urbaine. de façons de gérer correctement le trafic. Classement Nbre d’heures perdues Chaque ville ou commune a sa propre identité. Et le besoin de cohésion se fait de plus en plus ressentir. Des solutions technologiques Zone métropolitaine La Belgique reste le pays où les conducteurs (automobiles) en 2014 dans la circulation (2014) intelligentes peuvent booster la cohésion sociale et aider à construire une identité urbaine. Le jeu de ville « ZWERM » est un brillant perdent le plus de temps dans les embouteillages. C’est 1 Londres (zone de navettes) 96 exemple d’une telle application. Il a permis à la ville de Gand d’être nominée pour l’Agoria Smart City Award 2014. ce que révèle l’analyse annuelle « Traffic Scorecard » de 2 Bruxelles 74 l’INRIX, une entreprise américaine leader international dans les informations en temps réel sur le trafic. L’an dernier, nous 3 Cologne 65 3. Changements démographiques avons perdu en moyenne 51 heures dans les files. 4 Anvers 64 Le nombre de personnes âgées devrait doubler à l’échelle mondiale d’ici 2050. Notre planète comptera alors 2 milliards de 5 Stuttgart 64 personnes de plus de 60 ans. Près de 392 millions de personnes auront même plus de 80 ans. Face à ces changements Classement Nbre moyen d’heures démographiques, les villes doivent à nouveau réfléchir à la viabilité, à l’accessibilité et à la disponibilité des soins de santé. Des Pays européen en 2014 perdues par an (2014) 6 Karlsruhe 63 technologies intelligentes pourraient ainsi aider les seniors à rester plus longtemps chez eux en toute indépendance. 1 Belgique 51 7 Milan 57 2 Pays-Bas 41 8 Düsseldorf 53 Le vieillissement de la population belge se poursuivra, l’âge moyen passant de 41 ans en 2014 à 44 ans en 2060. Toujours à 3 Allemagne 39 9 Utrecht 53 l’horizon 2060, la part des 15-64 ans dans la population totale baissera de 65 % en 2014 à 59 %, tandis que les plus de 65 ans 4 Luxembourg 34 représenteront 25 %, contre 18 % en 2014. En d’autres termes, le coefficient de dépendance des seniors augmente, tandis que 5 Royaume-Uni 30 10 Gand 52 le nombre de personnes actives par personne âgée diminue. Source : INRIX 2014 Source : INRIX 2014 Belgique 2000 2014 2030 2060 QUALITÉ DE L’AIR Concentrations annuelles moyennes de dioxyde d’azote (NO2) en 2013: Population totale 10 239,1 11 150,5 11 944,6 13 093,8 (en milliers d’habitants) En juin 2015, la Commission européenne a traduit la Belgique 0 - 14 (%) 17,6 17 16,9 16,9 devant la Cour de justice de l’Union européenne pour son 15 - 64 (%) 65,6 65,1 60,7 58,6 niveau continuellement élevé de concentration de particules fines. Ces particules représentent un risque grave pour la 65+ (%) 16,8 17,9 22,4 24,6 santé publique puisqu’elles provoquent des problèmes 85+ (%) 1,8 2,5 3,0 5,8 respiratoires, le cancer du poumon et des décès prématurés. Âge moyen 39,6 41,2 42,7 43,7 Des études ont révélé par exemple que la mauvaise qualité de Dépendance des seniors 25,5 27,5 36,9 42,0 l’air faisait chaque année plus de victimes que les accidents de (+65 ans) / (15-64 ans) la route. Les principales causes du problème ? La circulation Nombre d’actifs par senior 3,9 3,6 2,7 2,4 (15-64 ans) / (+65 ans) automobile, l’industrie et le chauffage des habitations. Source : SPF Économie Source : Bureau fédéral du Plan Source : VITO 14 15
4. Changement climatique ÎLOTS DE CHALEUR URBAINS Le changement climatique est une conséquence directe de la hausse croissante des concentrations de gaz à effet de serre dans En ville, la température est généralement plus élevée que dans les zones rurales. Lors de vagues de chaleur, les citadins sont donc notre atmosphère. On prédit ainsi un accroissement de 30 % des concentrations d’ozone d’ici 2030. C’est à proximité des axes beaucoup plus exposés au stress thermique. Cette situation entraîne davantage de décès, surtout chez les personnes âgées et routiers très fréquentés et dans les centres-villes que cette hausse sera la plus importante. L’origine de ce phénomène est la les enfants. réduction de la couche d’ozone. Cela fait relativement peu de temps que l’on prête attention aux « îlots de chaleur urbains » dans notre pays. Les causes de ce Au cours de ce siècle, nous pouvons aussi nous attendre à une élévation du niveau de la mer de 18 à 59 cm, à une hausse phénomène ? Une réduction de la végétation (et donc moins de refroidissement naturel par évaporation), l’emprisonnement des moyenne des températures de l’ordre de 1,1 à 6,4 °C à l’échelle mondiale et à des changements en termes de précipitations. Tout rayons du soleil entre les bâtiments, l’échange thermique limité entre la ville et l’atmosphère, l’importante inertie thermique des cela se traduira par des inondations, de la sécheresse et une propagation de maladies. matériaux et la chaleur générée par les installations de chauffage et de refroidissement ainsi que par la circulation. On constate un lien manifeste entre la densité de population et l’effet d’îlot de chaleur urbain au niveau du sol. Dans les villes, on EFFETS VISIBLES observe ainsi une augmentation de 4 à 5 °C des températures. On prévoit une hausse supplémentaire de 2 à 4 °C d’ici 2030. Ces changements climatiques sont-ils déjà perceptibles à l’heure actuelle dans notre pays ? Et que nous réserve l’avenir ? Bien qu’il soit tout à fait normal d’observer d’importantes fluctuations naturelles, les effets du changement climatique sont déjà L’effet « îlot de chaleur urbain » à Anvers – Écarts de température moyens entre la ville et la campagne environnante, à minuit : clairement visibles. Par exemple, la température annuelle moyenne enregistrée dans notre pays est déjà 2,4 degrés Celsius plus élevée que durant la période préindustrielle, la vitesse moyenne du vent à l’intérieur des terres a baissé de 10 à 15 % au cours des Été 2013 Été 2030 50 dernières années et le niveau moyen de la mer à Ostende était déjà 11,5 cm plus haut en 2013 que dans les années 1950. La Convention des Maires Bien qu’elles occupent à peine 2 % de la surface de la Terre, les villes sont responsables des trois-quarts de la consommation d’énergie mondiale. Elles génèrent en outre 80 % des émissions de CO2 et 70 % des déchets. Dans notre pays, 41 % de la consommation d’énergie totale est imputable aux habitations résidentielles. Bref, les villes portent une très grande part de responsabilité. L’existence de la Convention des Maires prouve qu’elles en sont conscientes. Plusieurs villes européennes s’engagent en effet à réduire de 20 % leurs émissions de CO2 d’ici 2020. Dans notre pays, 253 villes et communes ont signé cette convention. 114 d’entre elles (soit 45 %) ont même déposé un Plan d’action en faveur de l’énergie durable et 32 de ces signataires (soit 13 % du nombre total de villes et communes) ont transmis des rapports de suivi des Plans d’action. Source : VITO 16 17
5. Numérisation Les technologies de l’information et de la communication sont en pleine expansion. L’infrastructure numérique – qu’elle soit par câble, sans fil ou par satellite – se déploie à toute vitesse. Et c’est indispensable, car on estime que d’ici 2020, pas moins de 50 milliards d’appareils communiqueront entre eux de manière autonome via l’ « internet des objets » (IdO). Signalons qu’à l’heure actuelle, un ménage européen moyen possède déjà 5 appareils connectés. Cet internet des objets est appelé à se transformer en un « internet de l’expérience » où les appareils, les infrastructures et les citoyens créeront eux-mêmes des données. Rien que ces deux dernières années, la quantité totale de données échangées à l’échelle mondiale a doublé. Ces flux massifs de données provenant d’appareils, de capteurs et de réseaux sociaux donneront naissance à une foule de services intelligents. Une grande source de données relativement nouvelle est l’homme lui-même : nous pouvons en effet mesurer presque tout ce qui nous concerne. Toutes ces données peuvent être stockées, analysées et traitées partout dans le monde, dans le cloud. D’après les prévisions, d’ici 2025, plus de 60 % du stockage de données informatiques s’effectuera dans le cloud. LE BELGE ET SON EMPREINTE NUMÉRIQUE 52% 73% 80% des consommateurs (de plus de 15 ans) ont effectué des des Belges sont actifs achats en ligne en 2015 sur les réseaux sociaux des ménages disposent d’une 68% connexion à l’internet haut débit 50% des Belges utilisent Internet au quotidien 54% des Belges possèdent un smartphone des Belges surfent sur Internet (Source : Proximus) via des appareils mobiles 18 19
03 POURQUOI PARLE-T-ON DE « SMART CITIES » ? Classements de Smart Cities À travers le monde, l’ambition de nombreuses villes est de figurer dans un classement de Smart Cities. Leurs réalisations en termes de viabilité, d’écologisation et de mobilité sont d’une grande importance pour augmenter leurs chances de reconnaissance. La norme internationale ISO/DIS 37120 se compose de 17 indicateurs permettant de cartographier les processus urbains et la qualité de vie des habitants et, ce faisant, de comparer les villes au niveau Au fil des ans, le concept de « Smart Cities » s’est de plus en plus imposé dans international. Barcelone, Londres et Paris caracolent en tête du top 10 européen établi en 2015 par la British le marketing des villes au point de devenir incontournable. Mais qu’est-ce Standard Institution (BSI). Juniper Research a même élu Barcelone « Global Smart City 2015 ». que cela signifie exactement ? Des dizaines de scientifiques se sont penchés LE CLASSEMENT 2015 DES SMART CITIES Voici ce que cela donne pour les 20 plus sur le concept. Le fil rouge dans toutes les définitions fournies ? grandes villes et communes : SELON AGORIA Une technologie intelligente. Pour la troisième fois, Agoria a établi un classement des Les applications numériques intelligentes font intrinsèquement partie du concept des Smart villes et communes belges qui s’organisent intelligemment. Classement Commune Score 1 Hasselt 85 Cities. Il faut dire que la technologie est un instrument puissant permettant de mettre au point Ce classement est établi sur la base de données 2 Namur 69 un écosystème urbain à la fois innovant, durable et inclusif. publiques et selon 5 critères : 3 Louvain 68 4 Malines 66 / INNOVANT 1. L’environnement : le nombre moyen de kilos de 5 Genk 63 Utiliser le plus efficacement possible les technologies innovantes et tous les autres moyens déchets ménagers non triés par habitant 6 Courtrai 60 7 Liège 57 disponibles afin d’amener la qualité de vie, les processus et les services à un niveau supérieur, (kg/habitant) (2013). 8 Seraing 57 de stimuler la créativité et l’esprit d’entreprise, et d’accroître la compétitivité. 2. L’énergie : la consommation moyenne d’énergie 9 Roulers 57 résidentielle par habitant (MWh/habitant) (2012). / DURABLE 10 Saint-Nicolas 57 3. Les bâtiments : le nombre de permis de rénovation 11 Gand 56 Répondre au mieux aux besoins des générations actuelles et futures, utiliser les ressources résidentielle délivrés par 1 000 habitants (2014). 12 Mons 50 naturelles de manière responsable et tenir compte des aspects économiques, sociaux et 13 Alost 49 4. Les TIC : le nombre d’entreprises numériques par environnementaux. 14 Bruges 48 1 000 habitants (2014). 15 Tournai 45 / INCLUSIF 5. La qualité de l’air : la concentration de PM2,5, de 16 Charleroi 37 Tisser des liens entre différents groupes d’habitants, aussi bien entre eux qu’avec leur PM10, d’O3 et de NO2 exprimée en nanogrammes 17 Bruxelles (Région) 37 environnement. En agissant de la sorte, les citoyens deviennent coresponsables du projet et par mètre cube (2013). 18 Ostende 36 un écosystème prêt à affronter l’avenir se met en place. 19 Anvers 32 20 La Louvière 31 Nous analysions également dans quelle mesure La définition ultime d’une ville intelligente ? Les experts ne parviennent pas à se mettre d’accord. nos villes et communes ambitionnent de devenir Par contre, ils sont au diapason pour ce qui est de définir l’objectif des Smart Cities : améliorer la « intelligentes ». Pour ce faire, nous avons examiné qualité de vie des citadins et le confort des visiteurs. Une Smart City doit avant tout être un lieu les accords de gouvernement 2013-2019 à l’aune de agréable où les citoyens prennent plaisir à vivre, à travailler et à passer leur temps libre. 41 critères différents (2014). 20 21
04 UN MOT SUR LES NORMES Plusieurs commissions de normalisation européennes et internationales ont déjà fourni des définitions et établi une liste de critères à respecter pour qu’une ville soit reconnue comme une Smart City. Cependant, il reste encore fort à faire en matière de normalisation et de standardisation technique. Voici un aperçu des principales commissions de normalisation : / Le groupe de coordination CEN-CENELEC-ETSI « Smart and Sustainable Cities and Communities » Si l’on veut dépasser le stade expérimental et (SSCC-CG) déployer les solutions à grande échelle, il est / Le comité technique 268 « Aménagement durable » de l’ISO (ISO/TC 268) / Le groupe consultatif stratégique « Smart Cities » de l’ISO (SAG S_cities) indispensable de s’appuyer sur des normes / L’IEC Systems Evaluation Group on Smart Cities (IEC/SEG1) techniques largement reconnues et accep- / Le groupe de travail « Villes intelligentes » de l’ISO/IEC JTC1 (JTC1/SG1) tées. Agoria joue ainsi un rôle actif au sein des / Le groupe spécialisé dans les villes intelligentes et durables de l’UIT-T (Groupe FG-SSC) / Le groupe de développement des Smart Cities de la British Standard Institution (BSI) différentes commissions de normalisation. / Autres comités techniques de normalisation ISO : l’ISO/TC 59 « Terminologie et harmonisation des langues », l’ISO/TC 207 « Management environnemental » et l’ISO/TC 292 « Sécurité et résilience ». 22 23
05 LA POLITIQUE EN MATIÈRE DE 1. Europe SMART CITIES En octobre 2015, les États membres européens sont parvenus à un accord sur les objectifs climatiques et énergétiques à l’horizon 2030 : réduire au moins de 40 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, produire de l’énergie à partir de minimum 27 % de sources d’énergie renouvelables et améliorer d’au moins 27 % l’efficacité énergétique. Plusieurs initiatives politiques en matière de LE PLAN « SET » Smart Cities ont vu le jour au niveau européen Le plan stratégique pour les technologies énergétiques (SET) est le pilier technologique et au sein de nos trois Régions. Les compé- de la politique énergétique et environnementale de l’UE. Impossible en effet de réaliser les tences au niveau fédéral sont par contre as- objectifs de l’UE en matière d’environnement et d’énergie sans déployer des technologies sez limitées. énergétiques plus efficaces. Le plan SET établit un calendrier d’actions à long terme pour la recherche, la démonstration et l’innovation, sans oublier de définir des étapes concrètes à atteindre pour les années à venir. La programmation et la planification stratégiques jouent un rôle clé en la matière. La Commission européenne a publié un nouveau plan SET le 15 septembre 2015. L’EIP-SCC En 2012, la Commission européenne a également donné le coup d’envoi du partenariat d’innovation européen (PIE) pour des villes et communautés intelligentes (EIP-SCC en anglais). Son ambition est d’accélérer le déploiement de solutions industrielles intégrées pour les Smart Cities. Le PIE a approuvé son plan de mise en œuvre stratégique (SIP) en octobre 2013. La première version du plan opérationnel a été publiée en 2014. HORIZON 2020 Le plan SET et l’EIP-SCC ont été traduits en actions concrètes au sein du programme de recherche européen « Horizon 2020 ». Le nouveau thème « Villes intelligentes et durables » a été repris au sein de la partie intitulée « Activités transversales » du programme de travail 2016-2017. 24 25
2. Belgique PLAN DU NUMÉRIQUE (WALLONIE) NOTE DE POLITIQUE « AFFAIRES INTÉRIEURES ET DÉCLARATION DE POLITIQUE GÉNÉRALE DU DIGITAL BELGIUM Présenté par le Conseil du numérique au Gouvernement POLITIQUE DES VILLES 2014-2019 » – FLANDRE GOUVERNEMENT DE LA RÉGION DE BRUXELLES- Au niveau fédéral, la politique Smart Cities se limite au plan wallon le 18/09/2015 : Mener une politique des villes innovante est l’un des objectifs CAPITALE - 2014-2019 d’action « Digital Belgium » et à une compétence résiduelle stratégiques figurant dans la Note de politique « Affaires en matière de coordination de la mobilité et de la politique Les Smart Cities font partie des objectifs définis dans la dé- « Faire de la Wallonie un territoire connecté et intelligent, où intérieures et Politique des villes 2014-2019 » de la Région des grandes villes. claration de politique générale 2014-2019 du gouvernement les entreprises technologiques sont des leaders reconnus flamande : bruxellois. La responsabilité de son déploiement incombe au au niveau mondial et les moteurs d’une mutation industrielle En avril 2015, le ministre de l’Agenda numérique a présenté secrétaire d’État en charge de l’informatique et de la numéri- réussie et où l’innovation numérique est soutenue au service « Le point de départ est l’attention transversale portée aux le plan d’action « Digital Belgium ». Celui-ci donne la sation aux niveaux régional et communal. de la qualité de l’éducation, de l’ouverture des services villes dans l’accord de gouvernement et les défis à effets vision numérique à long terme de notre pays et la traduit publics et du bien-être des citoyens. » de levier présents dans les villes. Il peut s’agir des défis en objectifs clairs pour renforcer la position de la Belgique Le site web http://smartcity.brussels/ a été lancé au majeurs suivants : veiller à une distribution durable et dans le domaine du numérique. lendemain du Brussels Smart City Summit de juin 2015. Le gouvernement wallon place les Smart Cities parmi ses à une logistique urbaine intelligente, mettre au point une Un Smart City Coordinator a également été désigné en priorités en citant le bien-être des citoyens comme l’un de infrastructure multifonctionnelle, développer des réseaux En dépit d’un transfert important de moyens financiers de octobre 2015. Il agira au sein du CIRB (Centre d’informatique ses objectifs. Le plan couvre 5 thèmes, les Smart Cities de communication et de transport performants et efficaces, la politique fédérale des grandes villes vers les Régions, il a pour la Région bruxelloise). Notons que le CIRB avait déjà relevant du « Territoire connecté et intelligent ». élaborer des solutions énergétiques novatrices pour la été décidé de conserver également les grandes villes comme développé une stratégie Smart Cities dans son Livre blanc ville, créer une ville verte adaptée aux besoins des familles domaine d’action au niveau fédéral. 2014-2019 « Smartcity.brussels ». Celui-ci s’articule autour et à l’environnement, soutenir la nouvelle économie et de 4 défis majeurs pour le développement de la ville-Région : PLAN DE LA VILLE EN WALLONIE l’économie circulaire, renforcer la politique de logement la connexion, la durabilité, l’ouverture et la sécurité. urbain et assurer une densification intelligente, réduire la Le 12 novembre, le gouvernement wallon a entériné sa stra- pauvreté et le handicap social, renforcer l’intégration, etc. » tégie pour une politique régionale de la ville : « Adopté par le gouvernement wallon le 12 novembre 2015, il prévoit notamment la mise en place de plans de dévelop- pement urbain (PDU) qui constitueront des projets de déve- loppement à long terme, ainsi qu’un ensemble coordonné d’actions de développement, d’aménagement et de réamé- nagement à réaliser dans les 6 ans. Outre un volet consa- cré à l’attractivité et un autre au « vivre ensemble » (c.-à-d. la cohésion sociale), ces PDU devront comprendre un volet dédié à l’intelligence territoriale numérique et technologique. » 26 27
06 4 THÈMES CLÉS 28 29
Une plus grande marge de manœuvre Gestion de l’énergie grâce aux SMART ENERGY pour l’innovation nouvelles technologies L’externalisation des infrastructures énergétiques, l’absence Pour éviter de tels scénarios à l’avenir et offrir les opportuni- d’une vision ou d’une feuille de route, l’absence d’un cadre tés nécessaires à l’innovation, la ville et les citoyens doivent légal et le manque de moyens financiers font que les projets d’urgence renforcer leur prise sur l’approvisionnement énergétiques des villes et communes belges souffrent d’un énergétique, sans pour autant mettre de côté le savoir-faire manque d’ambition. Or, pour assurer notre compétitivité et l’expérience des entreprises d’utilité publique. Le défi dans le futur, nous devons d’urgence lancer des projets au consiste donc à trouver un équilibre entre les compétences L’ÉNERGIE DANS LA VILLE DE DEMAIN : niveau de la ville ou des quartiers. des autorités municipales et des habitants, d’une part, et les interventions efficaces au niveau régional, d’autre part. UN ÉQUILIBRE PRÉCAIRE Malheureusement, de nombreuses entreprises d’utilité publique prennent uniquement l’aspect économique en La ville offre de nombreuses possibilités de produire, stocker considération et postposent dès lors le renouvellement du et utiliser l’énergie plus efficacement. Il est préférable de QU’EST-CE QUE LA « SMART ENERGY » ? réseau d’énergie. Pour beaucoup de nouvelles technologies, régler ces aspects au niveau local pour faire correspondre au Le concept d’ « énergie intelligente » se rapporte aux différents flux d’utilité publique qui les revenus à court terme ne couvrent en effet pas les maximum la demande et l’offre et relier les divers flux entre entrent dans une ville et en sortent : électricité, gaz, hydrogène, eau, déchets… La gestion investissements. C’est la raison pour laquelle la plupart des eux. Une gestion intelligente des déchets pourra par exemple cahiers des charges prévoient encore un éclairage classique assurer une alimentation optimale du réseau de chaleur, ou la intelligente de ces flux résulte en une consommation optimale des matières premières et plutôt qu’un éclairage LED, par exemple. Pourtant, ce type batterie d’une voiture électrique pourra soutenir localement de l’énergie. Comment ? En les reliant à des systèmes de gestion intelligents, intégrés d’éclairage offre de nombreuses opportunités de rendre les le réseau. et connectés. quartiers énergétiquement plus efficaces, plus agréables et plus sûrs. Accélération de l’évolution technologique Pour assurer la viabilité de nos villes, un approvisionnement continu et garanti en énergie est un prére- Les exemples de projets européens réussis ne manquent De plus, le cadre régulatoire et les limitations dans l’auto- quis absolu. La demande croissante de la part d’une population urbaine toujours plus nombreuse se matisation du réseau basse tension font que les panneaux pas. Au Danemark, par exemple, pas moins de 63 % des bâtiments sont reliés à un réseau de chaleur. En Belgique, heurte toutefois à la rareté des ressources naturelles et aux limites que présente l’approvisionnement solaires sur les toits des entreprises ne peuvent pas être Roulers fait figure de pionnière dans le domaine des réseaux exploités de façon optimale. Par exemple, les participants en énergie. Comment les villes et communes belges de demain vont-elles appréhender l’approvision- de chaleur. Des villes comme Anvers et Ostende effectuent connectés de peuvent pas vendre et acheter de l’électricité nement en énergie ? Et quels défis doivent-elles surmonter aujourd’hui pour y arriver ? entre eux et courent le risque que leur installation ne puisse également des démarches en vue d’installer un réseau « district heating and cooling ». injecter qu’une partie de sa production dans le réseau. Bref, Il y a quelques décennies, les villes étaient elles-mêmes Mais il y a aussi des inconvénients. Avec la décentralisation du au sein de ce cadre étriqué, l’innovation a souvent peine à se Les initiatives visant à mettre en place des réseaux de responsables de leur approvisionnement énergétique. Peu à marché de l’énergie et l’impact des énergies renouvelables, développer, si bien que nous risquons d’être à la traîne par distribution d’électricité intelligents, que ce soit à petite ou peu, cette responsabilité a été transférée vers les entreprises ce modèle est aujourd’hui fortement remis en question. rapport à nos pays voisins. grande échelle, ne constituent donc plus des exceptions d’utilité publique. Celles-ci offrent en effet d’importants Pensons notamment à l’automne 2014, quand il s’est avéré en Europe. Les villes d’Helsinki (Finlande), Issy-les- avantages, tant sur le plan financier qu’en matière d’évolutivité que le port de Gand se trouvait en pleine zone de délestage. Moulineaux et Carros (France), Gorinchem (Pays-Bas) et et d’expertise. C’est pourquoi il est de plus en plus nécessaire que les villes Loen (Norvège), par exemple, encouragent leurs citoyens exercent une plus grande influence. et entreprises à pratiquer la gestion active de l’énergie. 30 31
EXEMPLE 1 EXEMPLE 2 L’ANALYSE THERMOGRAPHIQUE : NICE (FRANCE) : LA PRIORISATION DES MESURES D’ÉCONOMIE D’ÉNERGIE DU SMART GRID À LA SMART CITY En rénovant d’anciens bâtiments, les villes peuvent économiser beaucoup d’énergie. Hélas, les Le Nice Grid français est le premier démonstrateur européen de « quartier solaire intelligent » déployé restrictions budgétaires les contraignent à fixer des priorités. Les analyses thermographiques peuvent à grande échelle. En reliant l’infrastructure de production d’énergie solaire aux technologies de l’in- s’avérer utiles à cet égard. formation, il définit les lignes de force d’un nouveau modèle énergétique urbain. Ces analyses consistent à prendre des photos thermiques Extrait de la carte thermographique de la ville de Louvain : Système intelligent pilote aériennes de la ville pour y détecter et répertorier les pertes thermiques. Cela permet de repérer rapidement et de façon La zone pilote se situe à Carros, dans la région des Alpes-Maritimes, dans le sud-est de la France. 250 habitations, diverses en- claire les bâtiments qui génèrent les pertes les plus impor- treprises, ainsi que des panneaux solaires et systèmes de stockage sont connectés au réseau, pour une puissance de plusieurs tantes, en raison, notamment, d’une isolation insuffisante. Il mégawatts. Pas moins de 2.500 personnes participent activement au projet pilote. est ainsi possible de déterminer quels travaux de rénovation exerceront le plus grand impact. Objectifs / Tester l’exploitation d’un réseau de distribution électrique avec La consommation d’énergie une forte production d’électricité cartographiée photovoltaïque et le stockage d’énergie ; En mettant les cartes à disposition en ligne, les analyses / tester une zone de consommation peuvent en outre sensibiliser les citoyens au problème. Dans autonome, isolée par moment du des villes comme Anvers, Gand et Bruxelles, où cet outil Source : EUROSENSE (copyright ville de Louvain) réseau principal et dotée de ses est déjà utilisé, cela s’avère efficace. La ville de Gand, par propres moyens de production exemple, a vu les demandes de subsides pour des isolations (îlotage) ; de toiture augmenter de 10 à 20 % après la présentation de / donner à l’utilisateur un rôle actif dans la carte thermographique. Le site internet présentant la carte d’Anvers a enregistré 80.000 visites en 2 mois. Le « guichet la gestion de son électricité : pro- thermique » de Genk comptabilise déjà 1.000 visiteurs. Et à duction, consommation et stockage ; / tester des modèles économiques Furnes et Ostende, les citoyens se montrent également très Source : projet Nice Grid intéressés par des informations individuelles sur l’isolation liés au concept de Smart Grid. des toits et les subsides y afférents. 32 33
EXEMPLE 3 EXEMPLE 4 KALASATAMA (FINLANDE) : TRÈVES (ALLEMAGNE) : DE LA SENSIBILISATION AUX ÉCONOMIES DE L’IMPORTATION À L’EXPORTATION D’ÉNERGIE Dans le nouveau quartier Kalasatama, dans la capitale finlandaise Helsinki, les habitants peuvent La région de la ville allemande de Trèves importe de l’énergie depuis de nombreuses années pour suivre et adapter en temps réel leur consommation d’énergie et d’eau grâce à des systèmes satisfaire aux besoins énergétiques de ses 245.100 habitants. En 2010, un plan a été défini pour intelligents de gestion des bâtiments. inverser cette tendance : la région ambitionne d’atteindre un taux de 100 % d’énergie renouvelable d’ici 2050, en alliant économies d’énergie et efficacité énergétique accrue. C’est en 2013 que la ville d’Helsinki a lancé le projet « Smart Kalasatama », un système énergétique intelligent qui comprend un réseau intelligent, des bâtiments intelligents, une infrastructure pour voitures électriques et un dispositif de stockage d’énergie. Récemment, un réseau de collecte de déchets sous vide a été ajouté au système, lequel utilise les déchets pour alimenter le La ville crée actuellement un réseau énergétique réseau thermique. virtuel intégrant la mobilité électrique. Ainsi, Trèves produit déjà 72 % d’énergie durable. L’énergie renouvelable est commercialisée pour 15 % d’économies le rechargement des véhicules électriques. Aussi Trèves fait-elle partie du « Global 100% Grâce aux systèmes intelligents de gestion Renewable Energy Cities and Regions Network ». des bâtiments, les 2.000 habitants du quartier économisent déjà 15 % sur leur consommation d’eau et d’électricité. De plus, une automatisation intelligente fait en sorte que la demande et l’offre sont parfaitement synchronisées. Machines à laver et autres appareils électroménagers adaptent par exemple automatiquement leur consommation à la situation du réseau. À terme, Kalasatama deviendra la référence pour toute ville souhaitant mener une politique Source : Renewable Energy in the German 100% RE region Trier. énergétique responsable. D’ici 2030, ce quartier comptera 20.000 habitants et le projet créera quelque 10.000 emplois. Source : City of Helsinki, projet Kalasatama 34 35
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