Modèles de prospection monétaire (search theory) et recherche économique appliquée
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Modèles de prospection monétaire (search theory) et recherche économique appliquée Marlene Amstad, Direction de la recherche, Banque nationale suisse, Zurich et Aleksander Berentsen, Université Bâle Les auteurs expriment leur reconnaissance à Aline Chabloz, Samuel Reynard, Enzo Rossi et Marcel Savioz pour leurs commentaires et suggestions. BNS 76 Bulletin trimestriel 4/2002
Introduction 1 Modèle de prospection monétaire La Banque nationale suisse (BNS) a accueilli «Au commencement, l’homme vivait dans une le colloque d’économie monétaire «BNS-Banque de économie de troc; en raison de la division du travail, Réserve fédérale de Cleveland» durant l’été 2002. Ces la monnaie est apparue.» Nombre d’économistes se dernières années est apparue une nouvelle approche satisfont de cette brève justification de l’usage de la de la théorie monétaire: les modèles de prospection monnaie. Par contraste, les modèles de prospection monétaire (Search Theory). En peu de temps, cette monétaire remontent à la genèse de la monnaie; ils approche s’est établie comme un courant important s’efforcent de ne pas considérer la monnaie simple- de la théorie monétaire. Toutefois, elle n’a jusqu’à ment comme un phénomène qui va de soi (en l’in- maintenant guère exercé d’influence sur les modèles cluant, par exemple, dans la fonction d’utilité), mais empiriques dont se sert la politique monétaire. C’est de fonder son existence sur le plan microéconomique pourquoi les organisateurs David Altig (Banque de la comme réaction aux frictions constatées en matière Réserve Fédérale de Cleveland), Alexander Berentsen d’information. Neil Wallace, un des pionniers de (Université de Bâle) et Thomas Jordan (BNS) ont axé cette approche, a décrit les modèles de prospection les discussions sur l’interface entre les modèles de monétaire comme des laboratoires. Les économistes prospection monétaire et la recherche économique de cette orientation peuvent être comparés à des bio- appliquée. logistes. Ils contrôlent les conditions qui règnent Le présent aperçu est structuré de la manière dans leur laboratoire. Ils s’intéressent aux agents suivante: il débute par une brève description des économiques et à leurs rapports avec la monnaie. objectifs et des problèmes liés à ces modèles, et se Ils examinent quand la monnaie est utilisée pour poursuit par une présentation des articles présentés échanger des biens, et déterminent les frictions qui lors du colloque. entravent l’échange monétaire ou l’empêchent même complètement. Leur objectif consiste à élaborer de nouvelles connaissances fondamentales. En revanche, on peut comparer les macroéconomistes monétaires et les dirigeants de banques centrales aux médecins des urgences. Ces derniers sont «sur le terrain» et doivent prendre des décisions monétaires sans pou- voir connaître tous les tenants et aboutissants d’une question. Généralement, les recherches en labora- toire restent un peu mystérieuses. C’est pour cela que nous allons tout d’abord présenter les fondements des modèles de prospection monétaire. 1.1 Les fondements des modèles de prospection monétaire Les modèles de prospection monétaire sont un secteur de recherche relativement récent. Cette nou- velle approche traite des conditions d’introduction et de disparition d’une monnaie. Cette dernière a trois fonctions. Elle constitue un moyen d’échange, elle sert d’unité de compte et de moyen de préservation de la valeur. Ces deux dernières fonctions peuvent être insérées de manière relativement simple dans un modèle. Par contre, la modélisation de la fonction de transaction relève du défi. Karl Brunner et Alan Meltzer avaient déjà constaté: «One of the oldest unresolved problems of monetary theory is to explain 1 Citation de Nagatani (1978, p. 1). BNS 77 Bulletin trimestriel 4/2002
the use and holding of money.»1 La difficulté de cuts) utilisées dans la macroéconomie traditionnelle, modéliser l’utilité de la monnaie provient du fait que à savoir la manière simplifiée de modéliser la mon- celle-ci n’est pas un bien habituel. L’utilité des biens naie dans les modèles macroéconomiques classiques. découle directement de leur consommation. Or, l’uti- Il faut notamment se demander à quel point ces sim- lité de la détention de monnaie n’apparaît qu’indirec- plifications faussent les résultats des recherches tement puisque cette dernière sert uniquement à empiriques. La thèse principale de l’approche suivie acheter des biens de consommation. Un modèle dans par les modèles de prospection monétaire est que lequel la monnaie a une place appropriée doit donc la structure microéconomique de l’économie – plus comporter une théorie microéconomique de l’échange. particulièrement du secteur financier – et le type de L’emploi d’un moyen de paiement signifie que frictions en matière d’information influent sur le les participants acceptent le même bien comme mon- mécanisme de transmission et, partant, sur l’effica- naie. Pour ce faire, certaines conditions doivent ré- cité des mesures monétaires. Les études figurant gner, conditions qui sont négligées par la plupart des ci-après montrent notamment que les effets de la modèles macroéconomiques de type walrasien. Ces politique monétaire dépendent du fait que les obliga- derniers présument que les biens et services s’échan- tions soient acceptées ou non comme moyen de paie- gent uniquement contre de l’argent (modèles de ment. Ces études suggèrent aussi que la réduction du «cash-in-advance»)2 ou que la monnaie a une fonction bien-être due à l’inflation est beaucoup plus impor- d’utilité directe (modèles de «money in the utility tante si l’on tient compte des impacts micro- function»). Ces modèles ne permettent pas d’étudier économiques. la possibilité d’une perte de confiance en une mon- Dans une série d’articles précurseurs et à partir naie (crise monétaire) ni des conséquences qui en de nombreux travaux antérieurs, Kyotaki et Wright découlent pour l’échange, l’apparition ou la dispari- (1989, 1991, 1993) ont élaboré les lignes directrices tion de monnaies parallèles. Ils ne sont également de l’approche suivie par les modèles de prospection d’aucune aide pour déterminer les conditions d’un monétaire. Dans ces modèles, des participants lancement réussi d’une nouvelle monnaie telle que hétérogènes à l’échange se rencontrent par hasard. Il l’euro. Les modèles de prospection monétaire tentent s’ensuit le problème classique de l’impossibilité de combler ces lacunes de la théorie traditionnelle. d’échanger en raison de l’absence de double coïnci- Le premier objectif, de la théorie monétaire et dence des désirs (double-coincidence of wants). L’ap- en particulier des modèles de prospection monétaire, proche de la prospection monétaire suggère qu’un est de déceler les frictions qui font de la monnaie un moyen d’échange généralement accepté peut résou- élément essentiel. La monnaie est nécessaire lors- dre ce problème et permet d’accroître le bien-être en qu’elle permet des allocations qui ne seraient pas réduisant les coûts de recherche d’une transaction possibles en son absence, les restrictions à la parti- réussie. Les éléments fondamentaux des modèles de cipation des agents économiques étant alors en- l’approche de prospection monétaire sont les pro- freintes.3 Dans une économie walrasienne exempte de priétés des biens échangés, ainsi que le nombre frictions, il n’y a pas de problèmes d’information; tout d’agents, leur espérance de vie et leurs interactions, agent peut, à tout moment, conclure des contrats l’intensité de leurs recherches, leur niveau de spécia- avec les autres et en imposer l’exécution. Dans une lisation. Les éléments peut-être les plus importants telle économie, la monnaie n’est pas essentielle. Le sont les anticipations endogènes des agents écono- vendeur remet la marchandise demandée sans exiger miques, décisives pour l’acceptation d’un moyen de d’argent. En raison des informations parfaites, ce paiement, et le type de frictions en matière d’infor- dernier est certain que l’acheteur est d’accord et en mation qui rendent l’échange difficile. mesure (contrats imposables) de lui procurer ulté- rieurement le bien souhaité. Dans une telle économie absente de frictions, toute allocation des biens qui remplit les conditions de participation des agents économiques peut également s’effectuer sans moyens de paiement. Seule l’apparition de frictions rend la monnaie indispensable. Le deuxième objectif des modèles de prospec- tion monétaire consiste à examiner dans quelle mesure on peut admettre les simplifications (short 2 Les modèles «cash-in-advan- 3 Une restriction à la partici- ce» font une distinction spatiale pation implique notamment et temporelle entre le marché qu’aucun agent économique ne des biens et le marché monétaire. peut être forcé d’accepter un De plus, ils supposent implicite- échange et que, partant, toute ment que l’argent est nécessaire transaction est volontaire. au marché des biens. BNS 78 Bulletin trimestriel 4/2002
1.2 Apport du fondement microécono- 1.3 Interface entre les modèles de mique à la recherche monétaire prospection monétaire et la théo- En comprenant les conditions dans lesquelles rie monétaire macroéconomique l’échange monétaire a lieu, nous acquérons une meil- classique leure compréhension du mode de fonctionnement et des lacunes d’un système monétaire. L’utilité d’un L’approche suivie par les modèles de prospec- fondement microéconomique a deux aspects princi- tion monétaire et celle de la théorie monétaire paux: macroéconomique conventionnelle se complètent. On (a) Dans la théorie monétaire traditionnelle, la mon- verra comment se développeront leurs rapports à naie est simplement introduite comme argument l’avenir. L’approche de prospection monétaire opère dans la fonction d’utilité ou de la production. La de bas en haut (bottom-up). Elle se penche sur les monnaie est utile par définition. Si l’on disposait relations microéconomiques et le mode de fonc- toutefois d’une information parfaite, la monnaie tionnement du système monétaire. Elle ne part pas serait superflue.4 Un modèle (walrasien) à échan- de marchés fonctionnant sans frictions (walrasiens), ges sans frictions qui recourt à la monnaie n’est mais traite explicitement des diverses frictions en donc pas cohérent. Le fondement microéconomi- matière d’information que connaît la vie économique. que permet d’éviter de telles inconsistances.5 Les comportements individuels sont essentiels. In- (b) Une théorie monétaire étayée par la microécono- versement, la macroéconomie monétaire procède de mie est, de surcroît, à même de procurer une vue haut en bas (top-down). Elle se concentre sur la approfondie sur des questions économiques fon- simulation et la prévision de données agrégées, l’uti- damentales. Parmi celles-ci figurent les problè- lité de la monnaie étant postulée par définition. Or, mes suivants: quels effets exercent les chocs si les deux approches ont un même objet d’étude, monétaires sur les divers secteurs économiques? à savoir l’économie monétaire, leur perspectives dif- Quels agents économiques – tels que les entre- fèrent. Alors que les modèles de prospection prises/ménages ou les agents économiques monétaire recherchent les raisons de l’existence de riches/pauvres – supportent les coûts de l’infla- systèmes monétaires, les macroéconomistes tradi- tion? Comment les structures microéconomiques tionnels ont pour objectif d’émettre des recomman- du secteur financier (mécanismes de transmis- dations de politique économique. Les résultats de ces sion) influent-elles sur l’efficacité de la politique deux approches ne sont pas indépendants l’un de monétaire (rôle de la monnaie interne et de l’autre. L’efficacité de la politique économique dé- la monnaie externe par exemple6)? Pourquoi les pend notamment du développement et du mode de nouveaux moyens de paiements numériques fonctionnement du système monétaire. Pour sa part, (paiements électroniques, etc.) se sont-ils si mal celui-ci influe sur les mesures de politique écono- imposés? Comment introduit-on une nouvelle mique. monnaie avec succès? Quelles sont les conséquen- ces économiques d’une monnaie commune ou de la dollarisation telle qu’elle existe dans quelques pays d’Amérique latine? 4 En cas d’information parfaite, fondé en 1934, la plus grande 6 La monnaie interne est celle les demandeurs, les offreurs et les organisation de troc de Suisse. qui, bénéficiant d’une garantie, termes de l’échange sont connus. peut être échangée contre un Le détour par la monnaie est ainsi 5 Voir Wallace (2001). autre bien (billets de banque avec superflu et un pur système de troc couverture-or par exemple). La remplacerait le système monétai- monnaie externe est celle qui ne re. Une information parfaite sur bénéficie pas d’une telle garantie les marchés locaux permet la mise (billets de banque suisses depuis en place d’associations locales de l’abandon de la couverture-or, troc, tel le cercle économique WIR par exemple). BNS 79 Bulletin trimestriel 4/2002
2 Articles présentés lors du colloque 2.1 Contributions des modèles de prospection monétaire Cette section présente quelques-uns des arti- cles discutés lors du colloque7. Toutefois, ceux-ci ne Le nombre de modèles monétaires fondés sur la sont pas résumés complètement, les abstracts étant microéconomie est déjà élevé et augmente constam- disponibles sur le site www.moneyworkshop.ch. La ment. En raison de cette multiplicité, il faut établir un présente section entend plutôt donner un aperçu de schéma pour comparer les différents modèles et les quelques thèmes actuels de la recherche économique évaluer. Dans «General Features of Monetary Models monétaire. and their Significance», Neil Wallace élabore un cadre Nous nous pencherons tout d’abord sur les permettant de déterminer quels sont les modèles fon- contributions des modèles de prospection monétaire. dés «sur des bases microéconomiques solides». Selon On peut comprendre ces modèles comme une justifi- lui, les modèles doivent remplir deux conditions pour cation du fondement microéconomique de la théorie pouvoir être considérés comme «solides». Première- monétaire et comme une discussion explicite sur les ment, la manière dont les agents (acheteurs et ven- frictions en matière d’information8. Un tel fondement deurs de biens) utilisent la monnaie doit être modé- microéconomique lisée de manière explicite. Deuxièmement, la monnaie – évite les incohérences et permet de jeter un regard doit avoir une fonction essentielle, de sorte que approfondi sur la politique monétaire (Wallace), certaines allocations de biens ne peuvent avoir lieu – explique quand une bonne monnaie en chasse une sans «fiat money». Les modèles de «cash-in-advance» moins bonne et réciproquement (Camera, Craig, et ceux qui utilisent comme arguments la détention Waller), réelle de monnaie dans la fonction de production ou – permet d’examiner l’efficacité de mesures de poli- d’utilité ne satisfont pas à la première condition. Les tique monétaire soit lorsque seule la «fiat money»9 modèles qui décrivent une des nombreuses autres est acceptée comme moyen d’échange ou quand voies visant à échanger des biens sans monnaie ne des obligations le sont également (Shi), remplissent pas la seconde. Si seuls les modèles qui – permet le développement d’un cadre pour les remplissent ces deux conditions sont considérés modèles microéconomiques de prospection moné- comme «solides», c’est parce qu’ils aident à éviter des taire qui soit également approprié à des fins inconsistances implicites. De plus, ils ouvrent de nou- d’analyse politique (Lagos et Whright). velles perspectives. Dans un modèle monétaire dans Les contributions qui se rangent dans la catégorie de lequel la monnaie est nécessaire, il ne peut notam- la macroéconomie monétaire traditionnelle se rap- ment pas y avoir de marchés de crédit parfaits, puisque portent aux thèmes suivants: des informations parfaites et exhaustives en seraient – Effets d’une estimation imprécise de la production la condition. Dans un modèle prenant en compte la potentielle sur la politique monétaire (Jordan, monnaie, l’imperfection des marchés de crédit, obser- Kugler, Lenz, Savioz) vable dans la réalité, doit ainsi être modélisée. Il – Inflation et inégalité (Albanesi) faut remarquer qu’en cas de manque de transparence – Interprétation de divers types de chocs dans (monitoring), la politique fiscale devient malaisée, un modèle d’équilibre général (Altig, Christiano, l’encaissement des impôts étant rendu considérable- Eichenbaum, Linde) ment plus difficile. En conséquence, les propriétés qui – Cours des actions et politique monétaire (Carl- font que la monnaie existe déterminent aussi le mode strom, Fuerst) de fonctionnement des marchés de crédit et les possi- – Pourquoi une union monétaire a-t-elle du succès bilités de prendre des mesures de politique économi- alors qu’une autre n’en a pas? (Chari, Kehoe) que. Les modèles microéconomiques fondés sur des bases microéconomiques solides se classent sur la base de trois propriétés: (a) L’ampleur et le type d’incertitude idiosyncratique. Les modèles de prospection monétaire examinent souvent des situations dans lesquelles les agents disposent de quantités de monnaie et de biens dif- férentes. Cette inégalité entre les agents écono- miques provient de leurs possibilités de négoce 7 Cette section se base sur les 9 La «fiat money» est un moyen versions encore provisoires de ces de paiement sans valeur intrin- articles. sèque et dépourvu de couverture. 8 Pour un aperçu général des arguments en faveur du fonde- ment microéconomique, voir Wal- lace (2001). BNS 80 Bulletin trimestriel 4/2002
diverses qui s’expliquent par diverses formes d’in- rieur, ce qui occasionne une perte de consommation certitudes. Ces dernières sont modélisées comme pour l’acheteur. Selon l’importance de cette perte, une rencontre accidentelle des agents ou comme celui-ci est incité à utiliser tout d’abord la (bonne) des chocs au niveau des préférences. monnaie la moins risquée. Si ce modèle est relative- (b) Le degré de «monitoring». Celui-ci dépend de la ment abstrait, il montre néanmoins dans quelle me- possibilité ou non d’observer les actions passées sure et dans quel laps de temps le dollar s’impose dans et, partant, du fait que ces dernières peuvent être les pays en développement. Ces estimations chiffrées considérées ou non comme connues de manière suggèrent également que la vitesse de circulation de générale. Le degré du «monitoring» détermine le la monnaie locale ne diminue que si le risque qui en degré de frictions présentes sur les marchés de dépend augmente considérablement ou si les marchés crédit. Sans monitoring, personne n’octroierait de subissent des frictions croissantes. crédit, alors que la monnaie ne serait pas néces- Outre les monnaies étrangères et locales, les saire si le monitoring était parfait. Du fait que papiers valeurs issus par l’Etat entrent parfois en la monnaie et le crédit sont observables dans la concurrence comme moyens d’échange. Dans «Nomi- réalité, un modèle «solide» doit comprendre un nal Bonds and Interest Rates in Search Economy», «monitoring» cohérent et «moyen». Shouyong Shi examine le rôle d’emprunts publics por- (c) L’ampleur du groupe de négoce, tel un négoce par teurs d’intérêts exempts de risques. Ces obligations ne couple ou centralisé. Cette propriété détermine la sont pas considérées comme équivalentes à de la multiplicité des résultats de négoce possibles. monnaie dans la théorie monétaire traditionnelle. La concurrence entre les monnaies fait l’objet de Cette dernière part de l’idée que seule la «fiat money» l’article suivant. Pour comprendre la genèse de la est acceptée comme moyen de paiement sur le marché monnaie, il faut expliquer ce qui se passe lorsque deux des biens. Cette supposition ne pose pas de problèmes biens peuvent obtenir le statut de monnaie. C’est le tant que l’efficacité des mesures de politique moné- niveau des frais de détention de la monnaie qui per- taire n’en dépend pas. Pour examiner cette question, met de distinguer une bonne monnaie d’une moins Shi présente deux modèles dans lesquels la «fiat bonne. Le risque de dévalorisation de la première est money» est en équilibre avec des emprunts publics inférieur à celui de la deuxième. L’hypothèse d’une porteurs d’intérêts exempts de risques. Dans le pre- détention rationnelle de monnaie n’est pas contestée. mier modèle, des obligations arrivées à échéance sont Conformément à cette hypothèse, les participants au utilisées comme parfait substitut à la monnaie. Un tel marché s’efforcent de se débarrasser de la monnaie la modèle se caractérise par une continuité d’équilibres. plus faible. Comme tous le tentent, celle-ci est davan- Dans le second modèle, aucune obligation arrivée à tage en circulation. En revanche, on garde la bonne maturité ne circule sur le marché des biens et il y a monnaie pour la consommation future. Selon la loi de seulement un équilibre stationnaire. Dans ce second Gresham, la monnaie la plus faible chasserait ainsi la modèle, il n’y a également pas de restrictions em- bonne. Cette affirmation contredit l’observation selon pêchant que des obligations arrivées à maturité circu- laquelle, dans les pays en développement, il circule lent comme moyens de paiement sur le marché des davantage de dollars que de faible monnaie locale. biens de façon similaire à la monnaie. De plus, des Hayek (1976) a alors émis l’hypothèse opposée selon obligations porteuses d’intérêts qui viennent d’être laquelle la bonne monnaie chasserait la plus faible. émises sont négociées, dans les deux modèles en Dans leur article intitulé «Gresham’s Law versus équilibre, avec un abattement égal à l’intérêt. Currency Competition», Gabriele Camera, Ben Craig Shi examine les effets de diverses mesures de et Chris Waller tentent d’expliquer cette contradic- politique monétaire. Des différences particulièrement tion. Pour ce faire, ils construisent un modèle de pros- fortes apparaissent en cas d’opérations d’open mar- pection monétaire pour un pays dans lequel circulent ket. Dans le premier modèle, une augmentation per- deux monnaies auxquelles sont attachés des risques manente des ventes d’obligations accroît l’inflation. différents. Les auteurs examinent dans quelles condi- La production réelle ou la consommation ne change tions la loi de Gresham ou le modèle de concurrence pas. Inversement, une vente d’obligations exerce des des monnaies d’Hayek correspond à l’équilibre. Il effets réels dans le second modèle. Des prélèvements s’avère plus difficile de faire en sorte que le modèle de monnaie sur l’économie réduisent l’inflation et ac- reproduise, à l’équilibre, le schéma de circulation de croissent la production réelle. Shi démontre ainsi que la monnaie selon Gresham. La seule manière d’y par- la politique monétaire exerce des effets différents si venir est de supposer que le désavantage relatif des la monnaie est utilisée comme moyen de paiement coûts liés à la monnaie la moins bonne est faible. unique ou si des obligations sont également acceptées Cette hypothèse peut être justifiée du fait que l’ache- sur le marché des biens. Il en résulte que le rôle d’ob- teur de biens transfère le risque au vendeur en dé- ligations comme moyens de paiement doit non pas pensant en premier lieu la monnaie la plus risquée. être fixé de manière exogène, mais être déterminé à Dans ces conditions, ce dernier exige un prix supé- l’intérieur du modèle. BNS 81 Bulletin trimestriel 4/2002
L’analyse des effets qu’exercent des mesures de 2.2 Contributions ne ressortant politique monétaire dans les modèles de prospection pas de l’approche de prospection monétaire constitue un grand défi. «A Unified Frame- work for Monetary Theory and Policy Analysis» de monétaire Ricardo Lagos et Randall Wright a pour objectif d’éla- Dans le nouveau concept de la BNS, les prévi- borer un cadre – dans lequel la monnaie est essen- sions de l’inflation sont l’indicateur le plus important tielle – qui permette d’examiner des questions de de la politique monétaire. Toute prévision fait face politique monétaire comme dans des modèles macro- cependant au même dilemme. La fiabilité des résul- économiques classiques. La difficulté est de modéliser tats dépend des données utilisées. Un test important la monnaie comme parfaitement divisible.10 Jusqu’à de la fiabilité des modèles et des recommandations présent, les modèles de prospection monétaire com- auxquelles ils conduisent consiste à examiner la sen- portant une monnaie parfaitement divisible compre- sibilité des résultats obtenus à des modifications naient des fonctions de demande de monnaie très dans les données utilisées. Dans «Measurement complexes qui ne pouvaient être calculées que Errors in GDP and Forward-Looking Monetary Policy: numériquement. Shi (1997) constitue la seule excep- The Swiss Case», Thomas J. Jordan, Peter Kugler, tion en ce sens qu’il évite ce problème en structurant Carlos Lenz et Marcel Savioz examinent quelle impor- les agents par l’introduction de «grands ménages». tance donner à l’activité économique dans les règles Pour parvenir à une solution plus simple, Lagos et de politique monétaire prospectives lorsque l’on tient Wright recourent à une autre astuce. Contrairement compte du fait que la mesure de la production est aux modèles traditionnels de prospection monétaire, entachée d’erreurs. En pratique, ces dernières ré- ils supposent qu’un commerce centralisé est instauré sultent surtout de révisions de données et d’erreurs entre les phases de négociation qui ont lieu de ma- d’estimation faites au moment de l’analyse en raison nière décentralisée. A la fin d’une période de com- du faible rythme de collecte et de publication des merce décentralisé, les montants de monnaie sont données relatives à la production. Les chiffres du ren- distribués de manière différente entre les agents. Le chérissement étant prélevés assez fréquemment et commerce centralisé assure que tous ces derniers dis- peu révisés, les erreurs d’estimation dans l’indice des posent à nouveau d’un montant identique. Ainsi, les prix à la consommation sont de moindre importance. auteurs établissent de nouveau un modèle avec un Pour examiner cette question, les auteurs utilisent un agent représentatif, tel qu’il figurait habituellement modèle VAR structurel. Sans erreurs de mesure, un dans la plupart des modèles macroéconomiques clas- «trade-off» se forme entre la volatilité de l’inflation siques. Si ce retour à une situation comprenant un et celle de la production. Si la politique monétaire agent représentatif n’est possible qu’à l’aide d’hypo- se concentre sur la stabilisation de la production, il thèses restrictives, il a l’avantage non négligeable en résulte une forte volatilité de l’inflation. Si, en re- de grandement simplifier l’analyse de la politique vanche, la priorité est donnée à l’objectif d’inflation, monétaire. Leur modèle continue de se baser sur des la volatilité de la production est élevée. Dès que la frictions microéconomiques, mais permet des analyses détermination de la production est entachée d’er- intéressantes de politique monétaire. reurs, ce «trade-off» disparaît en règle générale. Afin de prouver que leur modèle permette d’exa- Dans ce cas-là, un accroissement de la volatilité de la miner également des questions empiriques de poli- production n’est pas accompagné d’une réduction de tique économique, les deux auteurs le calibrent de la volatilité de l’inflation, mais au contraire d’une manière à estimer les effets (négatifs) de l’inflation augmentation. Cet article montre également qu’une sur le bien-être.11 A leur surprise, ils constatent que appréciation erronée de la production potentielle ceux-ci sont beaucoup plus importants que les mo- exerce les mêmes effets qu’une fausse estimation de dèles macroéconomiques walrasiens ne le prévoyaient. la production. La politique monétaire réagit à un Les auteurs démontrent que, sur le plan de l’échange, mauvais signal et accroît ainsi la volatilité de la pro- l’inflation cause des biais beaucoup plus importants duction et de l’inflation. que supposés. Ainsi, une théorie monétaire fondée sur Dans «Inflation and Inequality», Stefania la microéconomie et sur la modélisation explicite des Albanesi attribue les différences quant au niveau frictions en matière d’information arrive à des conclu- d’inflation aux moyens de paiement utilisés, ceux-ci sions quantitatives fort différentes de celles aux- étant par ailleurs dépendants du revenu. De nom- quelles parvient la macroéconomie traditionnelle. breuses études estiment que la détention de monnaie est moins coûteuse pour les couches supérieures de 10 Dans un modèle de prospec- tions de négoce dépendant de la Ces modèles ont donc très bien 11 Il s’agit d’une question clas- tion monétaire comportant une quantité de monnaie à disposition expliqué la nature intrinsèque sique de la théorie monétaire em- monnaie parfaitement divisible, des agents économiques qui se d’une économie monétaire, mais pirique. On trouvera chez Lucas les difficultés suivantes apparais- rencontrent. Pour éviter ces pro- ne permettaient que peu d’exa- (2000) un aperçu de la recherche sent dans l’analyse: première- blèmes, les anciens modèles de miner les mesures de politique effectuée jusqu’à présent à ce ment, une distribution non dégé- l’approche de prospection moné- monétaire. Lagos et Wright sujet. nérée de la monnaie se forme, taire avaient supposé que la mon- (2002) s’efforcent d’éviter ces cette dernière étant difficile à naie n’était pas divisible. De plus, difficultés et, simultanément, de déterminer; deuxièmement, la loi les hypothèse relatives à la déten- conserver l’essentiel des modèles du prix unitaire (the law of one tion de monnaie par les agents de prospection monétaire. price) ne s’applique plus, les solu- économiques étaient restrictives. BNS 82 Bulletin trimestriel 4/2002
revenus que pour les couches inférieures. A cet égard, Les résultats obtenus à partir de ces modèles deux explications principales sont avancées. La pre- montrent que des chocs de politique monétaire ne mière suggère que les rendements marginaux de la peuvent expliquer qu’une petite partie de la variance gestion des liquidités croissent avec la quantité de la production. En revanche, les chocs technolo- d’argent. Selon la deuxième, les personnes à hauts giques en expliquent environ la moitié. Toutefois, ces revenus ont un accès facilité aux innovations de tech- derniers ont des effets à long terme et ne peuvent nique financière, ces dernières leur permettant de donc pas expliquer la dynamique à court terme résul- s’assurer contre le risque d’inflation. Ainsi, par rap- tant du cycle conjoncturel. port à leurs avoirs, les couches inférieures de revenus Les auteurs prédisent de surcroît qu’un choc détiennent, en règle générale, davantage d’espèces. technologique positif entraîne une augmentation de Elles pâtissent donc directement de l’inflation, une la production, de l’utilisation du capital, de l’investis- forte inflation accroissant par là même l’inégalité des sement et de l’emploi, ce contrairement aux modèles revenus. de l’approche «Real Business Cycle». Cette prédiction Cette corrélation positive entre inflation et iné- découle de l’hypothèse selon laquelle les banques galité des revenus ressort clairement d’une étude com- centrales accroissent la masse monétaire en cas de parative entre divers pays. Par ailleurs, cette cons- choc technologique positif. Un tel choc monétaire tatation s’applique à diverses mesures de l’inégalité générateur d’expansion et induit par la politique des revenus. Selon Albanesi, cette corrélation entre monétaire provoque une augmentation passagère de inflation et inégalité des revenus prend naissance dans la consommation, de l’investissement, de l’emploi et le conflit de répartition se rapportant au mode de de l’occupation des capacités techniques. Les taux financement des dépenses publiques. L’Etat peut d’intérêt diminuent. Le taux d’inflation baisse briève- financer ces dernières par les impôts ou au moyen de ment avant d’augmenter lentement et continuelle- l’inflation. Le processus de décision politique déter- ment pour atteindre son sommet environ deux ans mine le choix de politique fiscale et, partant, fixe in- après le choc. Lors d’un choc technologique positif, directement le niveau acceptable d’inflation. Ce pro- l’effet favorable sur l’emploi provoqué par la politique cessus de décision est modélisé comme un jeu de monétaire prévaut sur l’impact négatif dû à l’augmen- négociations séquentielles, l’influence politique étant tation de la productivité. représentée comme fonction de la force économique. Récemment s’est posée la question de savoir Les couches inférieures de revenus sont davantage quelle devait être la réaction de la banque centrale à incitées à s’opposer à l’inflation, mais ont une plus fai- l’évolution de la Bourse. Bernanke et Gertler (2001) ble position de négociation. Le fait qu’un haut niveau ont examiné la manière dont agissent diverses règles d’inflation règne souvent dans des pays à grandes iné- de politique monétaire avec ou sans prise en compte galités de revenus est donc attribué à des différences de cette évolution. Ces auteurs sont parvenus à la aux niveaux de la détention de monnaie et de l’in- conclusion qu’une banque centrale ne devrait pas fluence exercée sur le processus de décision politique. réagir directement à l’évolution de la Bourse. La Dans «An Estimated Dynamic, General Equi- hausse du cours des actions accroît la demande et a librium Model for Monetary Policy Analysis», David finalement un effet inflationniste. Dans une règle de Altig, Larry Christiano, Martin Eichenbaum et Jesper Taylor traditionnelle, les cours des actions sont donc Linde élaborent un modèle d’équilibre général dyna- déjà pris en considération dans la mesure où ils se mique comportant de nombreuses frictions, telles des répercutent sur l’inflation. Selon ces auteurs, une rigidités des prix et des salaires à la manière de plus ample prise en compte est ainsi superflue. Dans Calvo.12 Leur modèle permet d’examiner les chocs sur «Imperfect Capital Markets and Nominal Wage Rigi- les marchés financiers, notamment les chocs de poli- dities», Charles T. Carlstrom et Timothey S. Fuerst tique monétaire, ainsi que d’autres chocs (chocs examinent la même question à partir d’un modèle technologiques passagers et permanents, chocs au d’équilibre général. Ce modèle suppose un marché niveau du pouvoir détenu par des entreprises ou des des capitaux imparfait (les demandeurs n’obtiennent travailleurs). Les auteurs représentent la réaction pas tout le crédit souhaité). La valeur nominale des aux divers types de chocs au moyen d’un modèle VAR. salaires est de surcroît rigide à la manière de Calvo. Ensuite, les paramètres d’un modèle d’équilibre dyna- Dans ces conditions, les auteurs estiment qu’une mique sont fixés de telle façon que les réactions banque centrale accroît le bien-être social en tenant dynamiques résultant du modèle VAR soient reprodui- compte du cours des actions. Ils l’expliquent par le tes le plus exactement possible. fait que, sur des marchés imparfaits, ces cours influent 12 Calvo (1983) modélise la rigidité des prix et des salaires. Cette rigidité a pour conséquence que seul un nombre déterminé de travailleurs peut modifier les salaires à tout moment. Les autres salaires évoluent parallèle- ment à l’inflation. BNS 83 Bulletin trimestriel 4/2002
sur les capacités de financement des entreprises et 3 Conclusions peuvent, par conséquent, exercer des effets réels. Ceux-ci, à leur tour, peuvent inciter un institut Une vaste gamme d’articles scientifiques a en- d’émission à intervenir. richi le colloque. A l’avenir, il serait judicieux de com- Pourquoi une union monétaire a-t-elle du biner les thèmes théoriques et appliqués. Quelques succès alors qu’une autre est vouée à l’échec? Dans pistes s’imposent d’elles-mêmes. L’approche de pros- «Time Inconsistency and the Incentives for Free- pection monétaire serait notamment adéquate pour Riding in a Monetary Union», V.V. Chari et Patrick analyser le mécanisme de transmission de la politique J. Kehoe prétendent qu’un élément important permet- monétaire et examiner plus avant les frictions tant de répondre à cette question est la cohérence de microéconomiques en matière d’information qui exer- la politique monétaire au cours du temps. Si cette cent un effet asymétrique sur la politique monétaire. cohérence fait défaut, un problème de «free rider» Des questions relatives à l’euro pourraient également apparaît. Lorsque chaque Etat d’une union monétaire être abordées. Comment la confiance dans l’euro et, prend ses décisions de manière autonome en matière partant, sa stabilité vont-elles se modifier lors de de politique budgétaire, de réglementation des ban- l’élargissement de l’Union? Comment le rapport de ques opérant sur l’ensemble de l’union et de politique concurrence entre l’euro et le dollar se développe-t- du marché de l’emploi, les Etats sont incités à faire il? Finalement, l’approche de prospection monétaire des choix de politique non monétaire qui aboutissent permet d’expliquer les raisons du succès et de l’échec à une inflation plus élevée qu’en cas de coopération de nouveaux moyens de paiement, tels que la mon- entre les Etats. naie électronique (e-cash). A l’avenir, il serait souhai- Alors que les avantages d’une politique écono- table d’appliquer plus avant les concepts théoriques mique relâchée sont récoltés au niveau des Etats, les de cette nouvelle approche à des questions pratiques frais ultérieurs résultant d’une accélération de l’infla- afin de mieux appréhender les économies moné- tion sont supportés par l’Union. Cette incohérence taires. temporelle peut être évitée si des restrictions sont imposées à la politique non monétaire, telles qu’une limite de l’endettement. Toutefois, ces conditions ne sont pas toujours adéquates. Si une union monétaire parvient à mener une politique monétaire cohérente dans le temps (grâce, notamment, à une banque cen- trale indépendante ou à une coordination de la poli- tique budgétaire), une limitation du taux d’endet- tement n’est pas appropriée étant donné qu’elle entraîne des frais supplémentaires. Ainsi, la meil- leure stratégie pour assurer la réussite d’une union monétaire dépendra directement du niveau de coopération qu’acceptent les Etats membres dans les questions de politique autres que monétaire. Le cas d’application le plus notoire de ce modèle est celui de l’Union économique et monétaire européenne. L’article mentionne également d’autres exemples. Le problème du risque moral du Fonds monétaire inter- national pourrait, par exemple, être analysé à l’aide de ce modèle. BNS 84 Bulletin trimestriel 4/2002
Références bibliographiques Articles présentés lors du colloque: Bernanke, B. et Gertler, M. 2001. Should Central Albanesi, S. February 2002. Inflation and Ine- Banks Respond to Movements in Asset Prices. Ame- quality. rican Economic Review Papers and Proceedings Altig, D., Christiano, L. J., Eichenbaum, M. et 91:253–257. Linde, J. June 16, 2002. An Estimated Dynamic, Calvo, G. A. 1983. Staggered Prices in a Utility- General Equilibrium Model for Monetary Policy Analy- Maximizing Framework. Journal of Monetary Econo- sis. Preliminary and incomplete draft. mics 12: 383–398. Camera, G., Craig, B. et Waller, C.J., January Hayek, F. A. von. 1976. Denationalisation of 2002. Gresham’s Law versus Currency Competition. Money. Hobart Paper Special 70. Institute of Economic Carlstrom, Ch.T. et Fuerst., T.S. June 11, 2002. Affairs London. Imperfect Capital Markets and Nominal Wage Rigidi- Kyotaki, N. et Wright, R. 1989. On money as a ties. Preliminary and incomplete draft. medium of exchange. Journal of Political Economy 97: Chari, V. V. et Kehoe, P. J. June 2002. Time 927–954. inconsistency and the incentives for free-riding in a Kiyotaki, N. et Wright, R. 1991. A contribution monetary union. to the pure theory of money. Journal of Economic Jordan, T. J., Kugler, P., Lenz, C. et Savioz, Theory 53: 215–235. M. May 2002. Measurement Errors in GDP and For- Kiyotaki, N. and Wright, R. 1993. A search-theo- ward-Looking Monetary Policy: The Swiss Case. Preli- retic approach to monetary economics. American Eco- minary Draft. nomic Review 83: 63–77. Lagos, R. et Wright, R. April 9, 2002. A Unified Lucas, R. E. 2000. Inflation and Welfare. Econo- Framework for Monetary Theory and Policy Analysis. metrica 68: 247–274. Shi, S. 2002. Nominal Bonds and Interest Rates Nagatani, K. 1978. Monetary Theory. North in Search Economy. Holland. Wallace, N. June 11, 2002. General Features of Shi, S. 1997. A divisible Search Model of Fiat Monetary Models and their Significance. Money. Econometrica 64(1): 75–102. Wallace, N. 2001. Whither Monetary Economics. International Economic Review 42(4): 847–869. BNS 85 Bulletin trimestriel 4/2002
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