CLIMAT Modéliser pour comprendre et anticiper - Cerfacs
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ÉDITO p. 1 • Comment peut-on avoir confiance dans les résultats de modèles imparfaits ? p. 24 • Comment affiner les scénarios climatiques globaux la modélisation climatique sur l’Europe, la Méditerranée ou la France ? p. 26 • Comment mettre l’atmosphère dans des petits cubes ? p. 2 • Comment mettre l’océan dans des petits cubes ? p. 4 Les modèles, outils de prévision • Comment représente-t-on les surfaces continentales •Q uels sont les fondements p. 28 dans les modèles de climat ? p. 6 de la prévisibilité climatique ? • Quel est le rôle de la cryosphère dans l’équilibre climatique • Que nous disent les modèles quant au climat p. 30 et sa modélisation ? p. 8 des décennies à venir ? • Qu’est-ce qu’un forçage climatique ? p. 10 • C omment décrire les événements extrêmes p. 32 • Pourquoi le climat varie-t-il ? p. 12 et leur évolution future ? • Comment mettre en œuvre les nombreux calculs requis • L e cycle du carbone peut-il devenir fou ? p. 34 par les modèles de climat ? p. 14 Zoom sur 4 métiers LES MODÈLES, OUTILS DE COMPRÉHENSION • P hysicienne du climat p. 36 DU CLIMAT OBSERVÉ • Ingénieur de recherche en calcul numérique p. 37 • Quelles sont les méthodes d’évaluation et de validation haute performance pour le climat des modèles climatiques ? p. 16 • Ingénieur de recherche en développement p. 38 • Qu’apprend-on des paléoclimats ? p. 18 et déploiement d’applications • Si le climat du dernier millénaire m’était conté ? p. 20 • P asseur de connaissances p. 39 • Peut-on détecter et attribuer les changements climatiques observés au cours du dernier siècle ? p. 22 Glossaire p. 40
O bserver, formuler des hypothèses, conceptualiser, comprendre… au delà des socles classiques de la recherche, les sciences du climat ont aussi la difficile tâche d’anticiper l’avenir. Dans ce cadre, les rapports du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) sont des rendez-vous importants. Ils permettent de synthétiser les connaissances sur la variabilité observée du système climatique mais aussi de présenter les futurs possibles selon différents scénarios socio-économiques. La modélisation du système climatique est l’un des piliers de cette œuvre collective à laquelle contribuent des chercheurs d’horizons et d’expertises très variés du fait de la complexité et de la diversité des processus physiques, dynamiques, chimiques et biologiques mis en jeu. Les simulations numériques requises mobilisent les supercalculateurs les plus puissants et génèrent des quantités considérables de données qui sont ensuite utilisées par diverses communautés pour des études sur les impacts climatiques. Le programme mondial de recherche sur le climat assure la coordination au niveau international par l’organisation périodique d’exercices de comparaison de modèles (CMIP) qui servent de support scientifique aux rapports du GIEC. Au niveau national, la coordination repose sur le projet MISSTERRE soutenu par le programme inter organisme LEFE et par les centres de calcul du GENCI et de Météo-France. MISSTERRE rassemble les laboratoires de modélisation du Cerfacs, du CNRM-GAME et de l’IPSL et leurs partenaires du LGGE et de Louvain-la-Neuve en Belgique. Il offre un cadre de partage et d’échange pour le développement et l’évaluation des modèles climatiques français, la réalisation des simulations des climats passés et futurs, leurs analyses et interprétations. Écrit dans ce cadre, ce livret présente, de manière accessible à un large public, les fondamentaux et les limites de la modélisation du climat ainsi que les conclusions majeures tirées de l’analyse des simulations produites au cours de la 5ème édition de CMIP par les équipes francaises. Son écriture sous forme de sujets-questions repose sur la contribution d’une quarantaine de chercheurs reflétant la nature intrinsèquement multidisciplinaire des sciences du Climat. S’y ajoutent quelques portraits de chercheurs qui illustrent la diversité de la communauté MISSTERRE. Cet ouvrage insiste sur la participation essentielle des organismes de recherche au plan national et souligne l’importance de poursuivre des recherches pour améliorer la compréhension du système climatique et des effets de l’influence de l’homme sur son évolution passée et future. h Retour sommaire
l a m o d é l i s at i o n c l i m at i q u e 1.1 Les réanalyses Stokes) et la partie « physique ». Celle-ci traite, entre autres, le chauffage de l’atmosphère par Une erreur classique atmosphériques Comment mettre Les réanalyses atmosphériques sont le rayonnement solaire et le rayonnement infra- rouge réémis par la Terre, dont la répartition res- pective met en mouvement l’atmosphère dans le « Les nuages n’existent pas dans les modèles ! » l’atmosphère dans des simulations climatiques dans lesquelles les observations de toute modèle comme dans le monde réel. Il faut enfin représenter, au travers de « paramétrisations » Même si les nuages ne peuvent pas être représentés individuellement car ils sont des petits cubes ? nature (stations météos, ballons-sondes, les processus qui se déroulent à une échelle plus souvent plus petits que le maillage, la satellites...) sont intégrées dans le petite que celle des volumes du maillage (tour- représentation de leur comportement modèle et le contraignent à reproduire billons, nuages, orages…) et peuvent avoir un ef- collectif au travers de paramétrisations au mieux l’évolution temporelle est au contraire un point clé de la fet à plus grande échelle. Ces paramétrisations, observée des variables météorologiques. modélisation du climat. basées sur des lois physiques, s’appuient sur de Les réanalyses permettent d’obtenir nombreuses mesures de terrain ou sur des modé- une estimation de grande qualité de lisations plus fines d’un processus particulier, leur tique, le modèle simule des centaines d’années et la variabilité climatique sur le siècle conférant ainsi un caractère empirique. on cherche à reproduire les climats moyens et la dernier sur l’ensemble de la planète. Leur pertinence s’est améliorée notablement Deux modèles français qui diffèrent par leur statistique des entités météorologiques (tempêtes, avec la prise en compte des produits physique et leur maillage, participent aux grands vagues de chaleur...), alors qu’en prévision du satellites depuis les années 1980. exercices coordonnés de simulations du climat temps, on cherche à prévoir la séquence temporelle passé et de projections climatiques. Le modèle de ces entités sur une dizaine de jours d’échéance. Contributeurs CNRM-CM5 est très proche de celui utilisé en Le modèle de l’IPSL, pour sa part, est décliné Michel Déqué nécessite des traitements particuliers aux pôles météorologie par Météo-France. En mode clima- aussi dans des versions adaptées à d’autres planètes CNRM-GAME/Météo-France CNRS Bien que soumise à des lois physiques très complexes, où les mailles deviennent très déformées. Ce pro- du système solaire. Le fait que les mêmes modèles Frédéric Hourdin on peut représenter la dynamique de l’atmosphère en la blème est évité dans le modèle CNRM-Cerfacs soient capables de simuler à la fois la météo sur LMD/IPSL découpant en « cubes ». Ensuite, à l’aide d’ordinateurs en passant dans une base finie de fonctions Terre et des climats aussi extrêmes que le désert continues sur la sphère (méthode dite spectrale), glacé de Mars ou la fournaise vénusienne associée puissants, on peut simuler son évolution et la façon dont mais d’autres inconvénients subsistent. La réso- à de très fortes concentrations de CO2, est un elle interagit avec les autres composantes climatiques. lution numérique nécessite aussi un découpage élément important de la confiance dans la per- en temps de l’évolution des variables (vent, tem- tinence de la physique représentée dans ces Les lois de la physique gouvernant l’atmosphère dans lesquels les variables caractéristiques inte- pérature, humidité...) qui est calculée de manière modèles, et dans les résultats des projections sont connues depuis longtemps (découvertes par ragissent entre elles suivant les lois physiques discrète (par exemple toutes les 30 mn). climatiques futures. Pascal, Newton…), mais il est impossible de les ré- qui les gouvernent. Le découpage volumique, Une fois le problème ramené à une suite finie de soudre de façon exacte. Il faut attendre l’arrivée des ou maillage, se fait à la fois sur la verticale (dé- calculs, des opérations sont appliquées pour faire ordinateurs, après la deuxième guerre mondiale, coupage en tranches entre le sol et une altitude évoluer les variables d’un petit volume (typique- *Modèle numérique : © C. Cassou pour les calculer numériquement et passer d’une d’environ 30 km) et sur l’horizontale. Le problème ment de l’ordre de 200 km x 200 km x 1 km pour un Un modèle numérique est une approche plutôt descriptive à une approche plus est délicat car il n’existe pas de méthode satisfai- modèle climatique) d’un pas de temps à l’autre. A-Z représentation d’un milieu par un © Animea, F. Durillon prédictive. La résolution numérique des équa- sante pour peigner une sphère. Par exemple, le On distingue deux étapes : la partie « dynamique » jeu d’équations dont la solution nécessite tions consiste à diviser le milieu continu qu’est découpage selon les latitudes et longitudes, utili- qui consiste à transporter les variables dans l’utilisation d’un calculateur. l’atmosphère en un grand nombre de petits volumes sé dans le modèle numérique* de climat de l’IPSL l’espace au gré des vents (équations de Navier 2 h Retour sommaire 3
l a m o d é l i s at i o n c l i m at i q u e 1 .2 Les flotteurs ARGO tique, c’est-à-dire la traduction des équations discrètes en code ou langage informatique com- Une erreur classique Les flotteurs ARGO Comment mettre Le programme ARGO a révolutionné Le programmede l’observation de l’océan. ARGO Depuis a révolutionné l’océan. les années Depuis lesl’observation années 2000, l’océan préhensible par les ordinateurs. En fait, modèles d’océan et d’atmosphère sont très semblables et diffèrent principalement par la densité des « L’océan profond est inerte. » L’océan profond est très lent mais pas l’océan dans 2000, l’océan mondial est parsemé de flotteurs, mondial des tubesestd’acier parsemé de flotteurs, d’environ 1,5 mdes de tubes d’acier long qui fluides (1 000 fois plus grande dans l’océan que inerte. Une particule d’eau partie au large © R. Bourdallé-Badie dérivent d’environà1,5 1 000 m de mlong de profondeur qui dériventpendant à 1000 m10de l’atmosphère) et la présence des continents, véri- du Groenland vers 3 000 m de profondeur des petits cubes ? jours, puis remontent profondeur pendant 10àjours,la surface, à la manière puis remontent à la tables murs pour les océans. peut voyager près de 1 000 ans avant de de sous àmarins surface, miniatures, la manière de souspour marinsenvoyer par miniatures, Partant d’un état initial observé (compilant l’en- faire surface dans le Pacifique Nord. satellite pour envoyerles observations de observations par satellite les températurede et de semble des systèmes de mesure tels les satellites, Ces courants profonds transportent salinité températurede l’océan qu’ils ont et de salinité collectées de l’océan le long de qu’ils de la chaleur et du CO2, et sont à l’origine les flotteurs ARGO...), le code informatique cal- leur chemin, avant ont collectées le long dedereplonger et recommencer leur chemin, avant de de variations lentes du climat. Température de surface de la mer simulée cule périodiquement les valeurs des variables à un cycle. Le replonger etréseau de 3 500 recommencer unflotteurs, maintenu cycle. Le réseau de par le modèle d’océan NEMO l’intérieur de chaque maille, avec une période ou à ~10km de résolution. en partenariat 3500 par 30 nations, flotteurs, maintenu permet de en partenariat parsuivre 30 nécessitent l’usage de supercal- en tempspermet nations, réel ledecontenu suivre endetemps chaleur etlelacontenu réel salinité de l’océan et mondial. culateurs. Pour l’étude du climat, de chaleur la salinité de l’océan mondial. le modèle d’océan est couplé à Récupération d’une bouée Marisonde lors de d’autres modèles qui représentent la campagne Hymex en Méditérranée Contributeurs la glace de mer, l’atmosphère, les Olivier Marti surfaces continentales, les calottes LSCE/ IPSL Un modèle d’océan est une représentation simplifiée des chaque maille représentant un cube, ou plutôt un polaires… Anne-Marie Tréguier processus physiques et biogéochimiques qui se déroulent en parallélogramme, avec un côté de quelques km à La comparaison des résultats du LPO/CNRS plusieurs centaines de km, et une épaisseur allant modèle avec les observations océa- son sein et aux interfaces avec les autres milieux (atmosphère, de 1 à 500 m. Les méthodes mathématiques ap- niques est la clef d’un processus continents...). Il repose sur des lois physiques mises en pliquées permettent alors d’écrire les équations constant d’amélioration du modèle, équations puis résolues par des programmes informatiques. discrètes qui relient entre elles les variables de pour lequel collaborent physiciens, chaque maille du modèle. Cependant, tel l’atmos- mathématiciens et informaticiens. © C. Dubois Tout comme pour l’atmosphère (p. 2), on pro- ticulier à sa forte densité : l’eau de mer est consi- phère, l’océan réel n’est pas un empilement de En France, le laboratoire du LOCEAN cède en trois étapes pour construire un modèle dérée comme quasi-incompressible ; l’océan est cubes : à l’intérieur de chaque cube du maillage, est l’initiateur du développement du d’océan. La première, celle de la modélisation phy- traité comme une couche très mince à la surface il existe en réalité des phénomènes que la maille « pas de temps », de l’ordre de plusieurs minutes. modèle européen NEMO. Ce modèle est utilisé pour sique, consiste à poser les équations qui décrivent du globe ; sa densité varie au plus de quelques ne « voit » pas (vagues, ondes, mélange turbulent, Plus la grille est fine et les équations prises en des études régionales (Méditerranée…) et pour l’évolution dans le temps des variables à simuler pour cent sur tout le globe... Des équations sup- présence de petites montagnes sous-marines …). compte complexes, plus le nombre de calculs à simuler l’océan global et sa variabilité (p. 12, 28). (température, salinité, courant, concentration en plémentaires décrivent l’évolution des processus La représentation de « phénomènes sous maille » effectuer à chaque pas de temps est élevé. La ré- © D. Swingedouw nitrates, carbone...). On utilise les lois physiques chimiques (dissolution du dioxyde de carbone par ou paramétrisation (p. 2) est nécessaire pour solution choisie (la taille de chaque cube, et donc *discrétiser : très générales de Navier-Stokes qui permettent exemple) et la biologie marine. prendre en compte la variété des processus le nombre de cubes nécessaires pour couvrir le Rendre discret, séparé, discontinu afin de décrire les mouvements de la majorité des Il faut ensuite discrétiser* les équations conti- océaniques ; elle est aujourd’hui la source princi- globe) est un compromis entre le coût de calcul A-Z de dégager des valeurs individuelles fluides (comme l’atmosphère). Ces équations sont nues du modèle physique pour obtenir le mo- pale d’incertitudes et d’erreurs dans les modèles en terme de nombre d’opérations et la précision à partir de quelque chose de continu. Cette ensuite simplifiées pour tenir compte des pro- dèle numérique. Cette étape consiste à découper d’océan. recherchée, qui dépend des phénomènes phy- opération amène au maillage numérique. priétés intrinsèques de l’océan associées en par- l’océan selon un maillage en trois dimensions, La dernière étape est la modélisation informa- siques que l’on souhaite étudier. De tels calculs 4 h Retour sommaire 5
l a m o d é l i s at i o n c l i m at i q u e 1 .3 Rétroaction surface le cycle hydrologique continental. Une partie des précipitations alimente les réserves en eau Une erreur classique Les flotteurs ARGO continentale-atmosphère Comment représente-t-on Le Lesprogramme de ARGO a révolutionné surfaces continentales l’océan. Depuis l’observation et l’atmosphère les années 2000, l’océan dans du sol localement alors qu’une fraction est ren- voyée dans l’atmosphère par évapotranspiration, et une autre ruisselle jusqu’aux océans. Comme « Il a beaucoup plu au printemps, cela a dû remplir les surfaces continentales s’influencent réciproquement. Par exemple, mondial certainesest parsemé zones comme de le flotteurs, pourtourdesméditerranéen, tubes d’acier pour le bilan d’énergie, le bilan d’eau va être in- les nappes phréatiques ! » d’environ 1,5 m de climatique le réchauffement long qui dérivent à 1000 entraîne une m de fluencé par les caractéristiques physiques des dans les modèles de climat ? profondeur diminution pendant 10 jours, puis des précipitations, remontent conduisant à la à un divers paysages et en particulier la topographie En France, les pluies du printemps assèchement surface, des sols. à la manière deCes soussols plus secs marins induisent miniatures, qui permet de canaliser l’eau de pluie vers les sont essentiellement absorbées par la une diminution pour envoyer pardesatellite l’évapotranspiration, les observations de rivières ou la présence de végétation qui tend à végétation qui revit à ce moment-là. qui se traduitetpar température deune amplification salinité de l’océanen surface qu’ils augmenter l’évapotranspiration continentale au Ce sont surtout les pluies d’hiver qui du réchauffement climatique initial. ont collectées le long de leur chemin, avant En effet, de détriment de son écoulement vers les océans. remplissent les nappes phréatiques. l’évapotranspiration replonger tend àun et recommencer refroidir cycle. Leleréseau sol, de Cet écoulement des fleuves est lui aussi repré- comme 3500 pour l’eau flotteurs, sur la peau. maintenu On parlepar en partenariat ici 30 senté dans les modèles et permet d’évaluer indi- de rétroaction nations, permetpositive. de suivre en temps réel le contenu rectement la qualité des simulations en se com- le climat actuel, ils prennent en compte diffé- de chaleur et la salinité de l’océan mondial. parant aux débits des fleuves observés. rents types de paysages, déterminés grâce à des Contributeurs Les modèles de surface utilisés dans les deux mo- observations locales et à des images satellites. Il Bertrand Decharme solaire réfléchie vers l’espace par la surface, est dèles climatiques français se nomment ORCHIDEE y a peu, la maturité des modèles de surface était CNRM-GAME / Météo-France CNRS Les continents représentent environ 30 % de la surface de la essentiel et varie très fortement d’un type de pour l’IPSL et SURFEX pour le CNRM-Cerfacs. Pour telle que ces cartes de paysage étaient fixes dans Julien Boé Terre et échangent de l’énergie, de la quantité de mouvement paysage à un autre. Une surface ennei- le temps, en dehors de leur cycle saisonnier moyen. SUC/CERFACS-CNRS gée réfléchira jusqu’à 85 % du rayon- Récemment, des travaux de compilation de sources et de l’eau avec l’atmosphère et l’océan via les fleuves. nement incident contre seulement d’information diverses ont permis de représen- Ces échanges dépendent du relief et de la végétation. 10 % pour une forêt ou 30 % pour un ter l’évolution de la localisation des cultures, des Ils sont essentiels à la modélisation du climat global. désert. Dans les modèles, une valeur pâtures et des forêts au cours du xxe siècle. Ces d’albédo est affectée à chaque paysage données permettent de suivre la chronologie de et peut varier dans le temps en fonc- l’anthropisation et d’évaluer son impact sur le climat. Les modèles de surface représentent les échanges Les modèles de surface résolvent en premier lieu tion, par exemple, de l’âge du manteau De même, des scénarios d’évolution d’utilisation d’eau, de quantité de mouvement et d’énergie le bilan d’énergie à l’interface continent-atmos- neigeux ou du cycle saisonnier de la des terres ont été introduits dans les projections entre les continents et les autres composantes du phère. Celui-ci se calcule comme la différence végétation. climatiques (p. 30) afin d’intégrer ce forçage an- système climatique, en fonction du type de pay- entre la quantité de chaleur absorbée par les Les caractéristiques physiques des thropique très important (p. 10). sage (forêt, cultures, pâturages, désert, neige...) et continents et celle renvoyée à l’atmosphère. Ce surfaces continentales vont aussi de ses caractéristiques physiques (topographie, bilan dépend des rayonnements solaire et infra- moduler les échanges de quantité de albédo, émissivité, rugosité). Les grands proces- rouge incidents et des flux turbulents liés aux ca- mouvement avec l’atmosphère via les *Evapotranspiration : sus intrinsèques aux surfaces continentales sont ractéristiques locales de la surface (type de végé- frottements qu’induit la présence de Phénomène physique qui décrit les © C. Cassou bien connus. On peut donc les mettre sous forme tation, évapotranspiration*…) qui vont moduler montagne et de végétation sur la fine A-Z échanges d’eau liés à la transpiration d’équations mathématiques et les traduire en la fraction d’énergie absorbée par le sol et celle ré- couche limite atmosphérique qui la des végétaux, l’évaporation directe de l’eau © S. Faroux langage informatique comme pour l’atmosphère fléchie vers l’atmosphère. À ce titre, le paramètre surplombe. Enfin, les modèles de sur- du sol et la sublimation de la neige et de la glace. Cartographie des types de paysages sur la France et l’océan (p. 2-5). d’albédo qui régit la proportion du rayonnement face prennent également en compte 6 h Retour sommaire 7
l a m o d é l i s at i o n c l i m at i q u e manteau neigeux continental qui occupe saison- Une erreur classique 1 .4 Le Lesniveau marin flotteurs ARGO nièrement la plus grande surface : dans l’hémis- Quel est le rôle Le programme Les de variationsARGO del’océan. causes Depuis a révolutionné du niveau marin global lesaffectant années 2000, l’observation résultent l’océanet la phère nord, il s’étend sur près de 50 millions de km2 en janvier, modulant fortement les échanges d’énergie entre le sol et l’atmosphère via son fort « La banquise et les icebergs, c’est la même chose ! » de la cryosphère dans multiples le volume mondial masse des est océans. parseméLes de changements flotteurs, des tubes récentsd’acier albedo. La neige est aussi le meilleur isolant ther- La banquise est produite par la congélation d’environ 1,5 m de long qui dérivent à dépendent de deux facteurs reliés essentiellement1000 m de mique naturel, limitant ainsi le refroidissement du de l’eau de mer tandis que les icebergs se l’équilibre climatique profondeur au réchauffement climatique : la dilatation à la pendant 10 jours, puis remontent sol. Les modèles détaillés de manteau neigeux ont détachent des calottes glaciaires issues de surface, thermiqueà la de manière l’océandeetsous les marins miniatures, variations de masse désormais la maturité nécessaire pour être utilisés l’accumulation de la neige : ces deux entités pour d’eauenvoyer dues àpar satellite la fonte desles observations glaciers de Si et calottes. en modélisation climatique globale. ont donc des formes et des tailles très et sa modélisation ? température domine replonger et de salinité depuis les années ont collectées 1970, ladedilatation le long dedu les variations et recommencer 2 100 la contribution leur l’océan qu’ils chemin, niveau de laun global, cycle. fonte thermique avant deLelaréseau de d’ici calottede La neige est aussi présente sur la banquise arc- tique et antarctique pendant la plus grande partie de l’année. Par temps froid, elle limite la différentes dans l’océan ! 3500 flotteurs, maintenu groenlandaise en partenariat pourrait fortement par 30 augmenter. croissance de la glace sous-jacente en limitant neige a complètement fondu, la glace se couvre nations, permet de suivre en temps réel le contenu ses pertes énergétiques. Lorsque la couche de de mares de fonte dont la capacité à absorber de chaleur et la salinité de l’océan mondial. les rayons du soleil est bien plus importante que la glace nue. Les deux modèles de banquise LIM Contributeurs La cryosphère englobe les À la fois témoins et acteurs des changements clima- la calotte vers les bords, ainsi que par glissement et GELATO inclus respectivement dans les mo- Sylvie Charbit tiques, les composantes de la cryosphère interagissent sur le socle rocheux. Dans certaines conditions, de dèles climatiques de l’IPSL et du CNRM-Cerfacs LSCE/IPSL compartiments du système avec l’océan et l’atmosphère sur des échelles de temps véritables fleuves de glace peuvent se former ali- représentent de mieux en mieux ces phénomènes David Salas y Mélia climatique où l’eau est allant de la saison à des centaines de milliers d’années mentant les plates-formes de glace flottant sur la complexes. Toutefois, tout comme les modèles CNRM-GAME/Météo-France CNRS sous forme solide (neige, pour la succession des cycles glaciaires-interglaciaires. mer. La déstabilisation de ces plates-formes peut des autres laboratoires, ils peinent encore à re- glace ou sol gelé). Elle est En règle générale, elles amplifient les variations clima- conduire à la production de beaucoup d’icebergs. produire la fonte rapide de la banquise arctique présente sur les continents tiques via une multitude de processus. La cryosphère La représentation la plus fine possible de ces pro- observée depuis une dizaine d’années. stocke environ 77 % de l’eau douce terrestre, essen- cessus constitue des défis multiples pour leur mo- Les pergélisols* occupent quant à eux environ (calottes glaciaires, glaciers, tiellement dans les calottes glaciaires antarctique et délisation et leur insertion dans les modèles de cli- 20 millions de km2. Les modèles de climat français pergélisol), sur l’eau (glace de groenlandaise. Ainsi, les changements de volume de mat français. Il s’agit de développer les procédures commencent à modéliser correctement leur exten- mer, de lac, de rivière) ou dans ces glaces agissent directement sur le niveau global de couplage entre les modèles océan-atmosphère sion, et pourraient prochainement permettre d’esti- les deux milieux (manteau des océans. (résolution typique 100 km, p. 2-5) et les modèles mer le recul du pergélisol dû au réchauffement cli- D’importants progrès ont été réalisés dans la com- tridimensionnels de calottes glaciaires (quelques matique. Ce processus devrait s’accompagner d’un neigeux). préhension du comportement des calottes glaciaires km), et de représenter la circulation océanique destockage de carbone significatif au delà de 2 100. grâce au développement de modèles numériques sous les plates-formes de glace. La communau- de calottes, notamment en France. En simulant les té française s’est mobilisée pour représenter ces *Pergélisol : processus responsables de l’écoulement de la glace, processus dans de nouveaux outils numériques, © C. Cassou ces modèles permettent de décrire l’évolution de ce qui devrait permettre l’introduction très pro- Le pergélisol correspond à un sol A-Z gelé en permanence surmonté d’une la géométrie de ces énormes complexes glaciaires. chaine de modèles de calotte dans les modèles couche active qui peut fondre en été. Il est © M. Geyer Sous l’effet de la gravité, la glace produite par com- de climat de l’IPSL et du CNRM-Cerfacs. Sinon, de Changement d’altitude (m) en 2300 simulé par le modèle notamment abondant en Sibérie et Alaska. paction du manteau neigeux s’écoule du centre de toutes les composantes de la cryosphère, c’est le de calotte GRISLI à 5 km de résolution forcé par CNRM-CM5 8 h Retour sommaire 9
l a m o d é l i s at i o n c l i m at i q u e ment dans l’émission par l’Homme de différentes 1 .5 Les scénarios espèces chimiques qui modifient la composition Une erreur classique Qu’est-ce qu’un d’émission de l’atmosphère. Les plus connus sont les gaz à effet de serre (GES) parmi lesquels le dioxyde de carbone et le méthane. Ces gaz se caractérisent « Le réchauffement climatique suit les variations locales du forçage climatique ? Plusieurs scénarios d’évolution future des forçages anthropiques ont été proposés, correspondant à différentes hypothèses par leur capacité à absorber puis ré-émettre l’énergie rayonnée par la surface terrestre es- sentiellement dans les longueurs d’onde de l’in- forçage radiatif. » La réponse climatique sur une région d’évolution de nos sociétés, en termes frarouge. Ils contribuent ainsi à réchauffer l’at- donnée ne dépend pas uniquement du économique, démographique et technologique. mosphère et la surface terrestre. Les GES sont forçage radiatif local mais des variations sur Ces scénarios couvrent le siècle en cours présents naturellement dans l’atmosphère et toute la planète, notamment de l’ajustement (jusqu’en 2100) et permettent d’estimer les sont tout à fait essentiels puisque la tempéra- grande échelle des vents dominants. émissions des principales espèces chimiques. ture moyenne à la surface du globe serait d’en- La connaissance de ces émissions est nécessaire viron -19°C si l’atmosphère en était totalement pour simuler le climat du futur à partir de dépourvue. Cependant, les activités humaines solides en suspension dans l’air) perturbent éga- modèles et estimer le champs des possibles en ont considérablement augmenté les concentra- lement de manière significative le bilan radiatif et fonction des scénarios considérés. tions atmosphériques de ces gaz induisant un tendent plutôt à refroidir la planète. Les modifi- Contributeurs effet de serre additionnel auquel on attribue une cations de l’utilisation des sols (cultures, pâtures, David Saint-Martin grande partie du réchauffement récent (p. 22). déforestation, p. 6) ou encore l’amincissement de CNRM-GAME/Météo-France CNRS Le système climatique est directement influencé par certains On distingue classiquement les forçages naturels Les émissions de GES ne sont cependant pas les la couche d’ozone contribuent eux aussi à la mo- Olivier Boucher facteurs qui lui sont extérieurs et que l’on désigne sous le (solaire et volcanique) des forçages anthropiques. seules perturbations du système climatique en- dification du bilan radiatif terrestre et constituent LMD/IPSL La perturbation d’origine solaire (ou forçage so- gendrées par les activités humaines. Les émis- autant d’autres forçages anthropiques. terme de forçages externes. On distingue classiquement les laire) provient principalement de la variation dans sions d’aérosols (petites particules liquides ou Dans le cadre de la réalisation de simulations cli- forçages naturels, tels que ceux dus au Soleil et au volcanisme, le temps de l’activité solaire matiques passées et futures pour l’exercice d’in- des forcages anthropiques (gaz à effet de serre notamment). ainsi que des variations astro- tercomparaison CMIP5 (p. 17), l’IPSL a élaboré © F.-M. Bréon nomiques de l’orbite terrestre. des scénarios de forçages par les aérosols qui ont Un état d’équilibre du système climatique à bilan énergétique. Une telle perturbation peut Le forçage volcanique résulte ensuite été utilisés conjointement par les deux l’échelle globale se caractérise, sur une période de être associée à des variations de la concentration de l’émission dans l’atmosphère modèles français, CNRM-Cerfacs et IPSL. Ces scé- temps suffisamment longue, par la stabilité des atmosphérique d’espèces radiativement actives, durant les éruptions volca- narios de forçages prennent en compte un grand principales variables statistiques de ce système à des modifications du flux d’énergie solaire ar- niques d’importantes quantités nombre de processus, notamment en chimie de (température, niveau des mers...). Le principe de rivant au sommet de l’atmosphère, ou encore à de poussières et de gaz qui l’atmosphère. conservation de l’énergie impose que cet état des variations d’autres agents pouvant affecter le contribuent à rendre l’atmos- corresponde à un équilibre entre l’énergie reçue bilan radiatif de la planète (par exemple les érup- phère moins transparente au *Forçage radiatif : par le Soleil et l’énergie rayonnée par la Terre vers tions volcaniques). Une telle perturbation conduit rayonnement solaire (effet Il est exprimé en unité d’énergie par © C. Cassou l’espace. alors le système climatique vers un nouvel état parasol conduisant à un re- A-Z seconde et par unité de surface (W/m2). Le terme de forçage climatique (ou forçage ra- d’équilibre suivant des constantes de temps froidissement). Positif il induit un réchauffement du système diatif*) désigne une perturbation d’origine ex- propres aux mécanismes d’ajustement mis en jeu L’origine des forçages an- climatique ; négatif, il induit un refroidissement. térieure au système climatique qui impacte son (p. 20). thropiques réside principale- Forçages radiatifs sur le climat en 2011 10 h Retour sommaire 11
Anomalie de température l a m o d é l i s at i o n c l i m at i q u e de surface de la mer et de couverture nuageuse 1 .6 La décennie 2 000 interne* climatique se caractérise par une orga- nisation spatiale de grande échelle et est sou- Une erreur classique Les flotteurs ARGO Pourquoi durant El Niño. © R. Houser, Washington University. Depuis le début des années 2000, la température moyenne de surface vent référencée par l’expression « mode ». Ainsi le « Le climat se refroidit depuis Le programme ARGOse réchauffe moins a révolutionné vite l’observation mode NAO doit son origine à la dynamique propre que lors desDepuis de l’océan. décennies précédentes, les années même si les 2000, l’océan de l’atmosphère et contrôle les trajectoires privilé- 10 ans, les climatologues sont le climat différences mondial estrégionales moyenne d’environ sur est parsemé derestent 1,5 2000-2009, m de long qui la plus chaude depuis marquées, flotteurs, des tubesetd’acier la dérivent température 1850. à 1000 puisLeremontent si en globale m de ralentissement giées des dépressions et des anticyclones traver- sant l’Atlantique Nord et qui affectent l’Europe. perdus ! » Cette affirmation repose sur la confusion varie-t-il ? profondeur pendant 10 jours, à la Des modes de variabilité de plus basse fréquence classique entre forçage externe et du réchauffement depuis une dizaine surface, à la manière de sous marins miniatures, d’années (de quelques années à plusieurs décennies), sont réponse climatique. En effet celle-ci est s’explique, en partie, par les modes de variabilité pour envoyer par satellite les observations de aussi observés à la surface des océans Atlantique fortement modulée par la variabilité interne qui privilégient un réchauffement marqué température et de salinité de l’océan qu’ils (Oscillation Atlantique Multidécennale-AMO) et interne et la «pause» actuelle lui est de l’océan profond au détriment de la surface, ont collectées le long de leur chemin, avant de Pacifique même si le manque d’observations rend clairement attribuée par les scientifiques. en particulier dans le Pacifique. On s’attend donc replonger et recommencer un cycle. Le réseau de leur compréhension encore parcellaire. Ces varia- à ce que le changement de phase des modes 3500 flotteurs, décennaux, dansmaintenu quelques enannées, partenariat parau vienne 30 tions semblent mettre en jeu la circulation lente nations, permet de suivre en temps réel contraire amplifier le réchauffement de surface le contenu de l’océan, liée au transport de masses d’eaux de Les modes de variabilité interne interagissent de chaleurhumaines. d’origine et la salinité de l’océan mondial. différentes origines. Les signatures continentales entre eux (par exemple l’AMO joue légèrement sur des modes de variabilité décennaux sont fortes ; les phases de la NAO en été) et sont aussi influen- Les variations climatiques aux forçage naturel (par exemple solaire pour les cy- leur prévisibilité est de première importance mais cés par les forçages externes. Ainsi détecter une cles glaciaires) ou anthropique (p. 10), qu’internes, reste un défi (p. 28). Par exemple, l’AMO est for- modification du climat demande un travail précis impacts profonds sur les sociétés et essentiellement liées aux échanges d’énergie, de tement liée aux grandes périodes de sécheresse d’attribution des causes et des effets (p. 22) basé les écosystèmes correspondent à la quantité de mouvement et de masse au sein ou dans le Sahel, mais aussi à la probabilité d’occur- sur la compréhension de ces modes de variabilité. superposition d’une variabilité induite entre les composantes du système climatique. rence des cyclones tropicaux dans les Caraïbes. De même, pour se projeter dans les décennies à par les forcages externes, et d’une autre de Ainsi, les échanges océan-at- venir (p. 28), il est essentiel de comprendre com- mosphère au niveau des tro- ment les variations internes du climat modulent nature interne, d’amplitude très importante piques expliquent par exemple le la tendance liée aux gaz à effet de serre. En effet aux échelles saisonnière à décennale. phénomène El Niño, une anoma- ces variations naturelles peuvent momentané- lie climatique de nature interne, ment masquer l’effet anthropique, en particulier De la même façon que la météo change au Indien et Pacifique avec des impacts locaux forts qui a lieu dans le Pacifique tous aux échelles régionales. Les scientifiques français Contributeurs cours d’une semaine, le climat varie aussi, (oscillation dite de Madden-Julian). Aux échelles les 2 à 7 ans et qui a des réper- travaillent à élucider ces questions fondamentales. Eric Guilyardi mais sur des échelles de temps plus lon- plus longues, l’alternance des ères glaciaires cussions globales pendant plus LOCEAN/IPSL gues. La palette de ces variations est large, à et interglaciaires se caractérise par des temps d’une année. Sur l’Europe, une Guillaume Gastineau la fois dans le temps (d’une saison à l’autre, typiques de l’ordre de 100 000 ans avec des im- grande part des variations cli- *Variabilité interne : LOCEAN/IPSL d’une année à l’autre, d’une dizaine, cen- pacts globaux (différence de température globale matiques sur des périodes allant Variation intrinsèque au système taine jusqu’à milliers d’années à l’autre) et autour de 5oC) et régionaux (présence de calottes de 10 jours à une décennie s’ex- A-Z climatique due au couplage entre © C. Cassou dans l’espace (local, régional, continental, global). de glace sur une grande partie de l’Amérique et pliquent par l’Oscillation Nord sous-systèmes (atmosphère, océan…) Par exemple, aux échelles courtes, les précipita- Europe du Nord) très importants. Les variations Atlantique (NAO) ; la rigueur © M. Visbeck aux propriétés physiques, dynamiques et tions fluctuent souvent avec une période privi- du climat autour d’un état de référence ont des de l’hiver 2009-2010 lui est par Représentation schématique des deux phases de la NAO chimiques très différentes. légiée autour de 30 à 60 jours dans les océans origines aussi bien externes, c’est-à-dire liées à un exemple attribuée. La variabilité 12 h Retour sommaire 13
Calculateur Nec SX-9 installé au CEA/CCRT l a m o d é l i s at i o n c l i m at i q u e 1 .7 Les ressources informatiques nécessaires : Comment mettre en œuvre leur histoire et leur avenir les nombreux calculs Si les codes de climat deviennent de plus en plus complexes et à haute résolution, c’est aussi grâce à l’amélioration des performances des supercalculateurs. Ainsi les “opérations à virgule flottante par seconde” (FLOPS), qui sont une unité de mesure de la vitesse d’un calculateur requis par les scientifique ne cessent d’augmenter. Les vitesses des ordinateurs étaient en MégaFLOPS (106 FLOPS) en 1980, en GigaFLOPS (109 FLOPS) en 1990, en TéraFLOPS (1012 FLOPS) en 2000 et modèles de climat ? maintenant elles se chiffrent en PétaFLOPS (1015 FLOPS). Associé à ces puissances de calculs © A Beuraud les besoins de stockage sont également colossaux et se comptent en Peta-octets de nos jours. Évolution de la puissance de calcul des supercalculateurs de Météo-France temporelle de paramètres clefs et à assurer un prévision saisonnière à décennale, étude de pro- recherche internationaux grâce à l’installation de Contributeurs Les modèles de climat se basent sur des programmes suivi en ligne via internet des simulations. cessus…). Dans chaque cas, un compromis est ce- nœuds de distribution dans les différents centres Marie-Alice Foujols informatiques qui calculent, heure après heure, région Les études climatiques nécessitent souvent de pendant nécessaire pour choisir le niveau de dé- de calcul (IPSL, Météo-France, TGCC, IDRIS). IPSL après région, l’ensemble des variables d’état des différentes modéliser le climat sur de nombreuses années tail du climat simulé en fonction des ressources Eric Maisonnave afin de comprendre les mécanismes physiques informatiques disponibles. Une erreur classique SUC/CERFACS-CNRS composantes du système climatique. La période simulée qui gouvernent sa variabilité et d’estimer ses Une machine NEC SX-9 de 3 nœuds de 16 pro- peut aller du mois à quelques milliers d’années. propriétés statistiques. Ainsi, avec les moyens de cesseurs de calcul, financée par Grand Équi- « Les codes climat ne sont calcul actuels, la réalisation d’une simulation de pement National de Calcul Intensif (GENCI) et pas parallélisés. » Les modèles décrivant les calculs à effectuer d’un grand nombre de processeurs (cœurs 2000 ans avec un maillage de l’ordre de 100 km maintenue par le Très Grand Centre de Calcul Les algorithmes des modèles de climat pour une simulation climatique sont compo- de calcul) travaillant en parallèle, permettent prend quasiment une année entière. L’accrois- (TGCC), était dédiée à l’IPSL entre avril 2009 et s’améliorent sans cesse et utilisent de plus en plus sés de nombreux sous-programmes repré- de simuler ainsi l’évolution du climat sur des sement futur des moyens de calcul permettra, à décembre 2012 pour produire les simulations de de processeurs en parallèle. Certains maillages sentant en tout plusieurs centaines de mil- périodes allant de quelques mois à plusieurs condition que les indispensables modifications CMIP5 (p. 17). Des simulations complémentaires possèdent des particularités essentielles pour liers de lignes de code. Le globe terrestre est milliers d’années. Chaque cœur se charge d’un soient faites dans nos codes, soit d’effectuer ces ont été réalisées sur les autres calculateurs dis- l’utilisation de milliers de processeurs, par découpé en mailles et pour chaque point du sous-ensemble des calculs, en général d’un simulations plus rapidement, soit de prendre en ponibles au TGCC (machine Bull) et à l’Institut exemple les icosaèdres (ballon de football). maillage (latitude, longitude, altitude ou pro- sous-domaine du globe terrestre. On parle compte plus précisément certains phénomènes du Développement et des Ressources en Infor- fondeur), pas de temps par pas de temps, ces de parallélisation des calculs. La chaîne de physiques ou d’en introduire de nouveaux (évo- matique Scientifique (IDRIS, machine IBM). À programmes calculent les différentes variables modélisation se décline en plusieurs étapes : lution de la calotte glaciaire, hauteur des va- Toulouse, 16 processeurs de NEC SX-8 de Mé- *Téra et Péta Octets (To et Po) : d’état (température, pression…) de chacune le calcul proprement dit et leurs post-traite- gues… p. 8), soit d’affiner le maillage (typique- téo-France ont été utilisés pendant 2 ans par les des composantes du système climatique (at- ments systématiques. Ces derniers consistent ment 20 km au lieu de 100 km actuellement), soit équipes du CNRM et du CERFACS. Dans le même A-Z Un octet est une suite de 8 chiffres © P. Stroppa mosphère, surfaces continentales, océan, glace à regrouper des fichiers « résultats » produits de mieux estimer l’incertitude des résultats en temps, 2,4 Po de données ont été produites binaires (0 ou 1) qui permettent de coder une de mer, biogéochimie, chimie atmosphérique...) par le modèle, à moyenner temporellement multipliant les simulations effectuées. Le choix (2 Po* IPSL et 420 To* Météo-France), dont information. Le préfixe Téra et Péta donne l’ordre de grandeur et correspond à 1012 et suivant les équations décrivant leur évolution certaines variables (par exemple par mois), à entre ces différentes options se fait en fonction 301 To (250 To IPSL et 51 To Météo-France) ont 1015 respectivement. (p. 2-5). Les calculateurs actuels, composés réaliser des cartes et des graphiques d’évolution du domaine d’intérêt (changement climatique, été mises à disposition des autres groupes de 14 h Retour sommaire 15
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