Nouveautés Québec français - Érudit

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Nouveautés Québec français - Érudit
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Québec français

Nouveautés

Number 66, May 1987

URI: https://id.erudit.org/iderudit/45328ac

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Publisher(s)
Les Publications Québec français

ISSN
0316-2052 (print)
1923-5119 (digital)

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(1987). Nouveautés. Québec français, (66), 9–15.

Tous droits réservés © Les Publications Québec français, 1987   This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit
                                                                (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be
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                                                                This article is disseminated and preserved by Érudit.
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                                                                Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to
                                                                promote and disseminate research.
                                                                https://www.erudit.org/en/
Nouveautés Québec français - Érudit
changent, le récit couvre les années 1918-           Le sujet de Baby-Boomers ne suffirait
I4>*y*frh4>                                          1946, la manière de raconter, elle, demeure la
                                                     même.
                                                                                                        certes pas à faire du volume un best-seller.
                                                                                                        Toutefois, la façon dont l'auteur campe ses
                                                        La construction du récit est toujours aussi     personnages et, surtout, l'humour qui ne se
l'écran brisé                                        conventionnelle. L'intrigue se résume tou-         dément pas d'un bout à l'autre de l'histoire en
 Louise FRECHETTE                                    jours à une série de menus drames familiaux        font à coup sûr un roman plus que promet-
 Éditions de la Pleine Lune,                         longuement baignés de larmes. Dans cet uni-        teur, un roman à lire.
 Montréal, 1986, 147 p.                              vers manichéen tributaire d'un réalisme plus                                Hélène MARCOTTE
                                                     individuel que social, le monde apparait privé
   Postée à sa fenêtre, Raphaëla regarde             de son épaisseur et de sa complexité. Il s'agit
                                                                                                        le berceau-cercueil
Alexandre courir tous les matins. Ils ne se          ici de plaire, de distraire.
                                                                                                        Lucie ROBERGE
connaissent pas, ils échangent des regards.             Sur le plan de l'écriture comme sur celui de
                                                                                                        Pierre Tisseyre, Montréal, 1986, 253 p.
Un matin, elle lui fait signe de la main, il         l'action, le roman d'Ariette Cousture ne pro-
approche, ils se parlent. Le lendemain,              voque aucun étonnement. Techniquement,
                                                                                                           On est un peu dérouté lorsqu'on aborde le
Alexandre, pris d'une force incontrôlable,           du travail honnête qui me plonge cependant
                                                                                                        roman de Lucie Roberge, le Berceau-cercueil,
court vers cette fenêtre derrière laquelle il        dans des abîmes de réflexion: comment
                                                                                                        prix Esso 1986, non pas à cause de la mise en
aperçoit toujours Raphaëla. Au moment où il          concilier la satisfaction de voir un produit
                                                                                                        situation, qui est fort bien réussie, mais en raison
arrive juste devant elle, Raphaëla fracasse la       québécois prendre un part du marché du
                                                                                                        de l'emploi d'un style, dirait-on, inhabituel, qui
vitre de ses poings qui restent ensanglantés.        best-seller et l'inquiétude de voir les lecteurs
                                                                                                        répond à des critères romantiques considérés
Alexandre fuit effrayé. Il rencontre Florence        bouder les oeuvres plus exigeantes sur le plan
                                                                                                        comme dépassés. Cependant, ses longues pé-
pour la première fois dans un café. Elle essaie      esthétique? Et Dieu sait que depuis l'automne
                                                                                                        riodes fleuries, surchargées de sons, de cou-
d'écrire. Il lui confie son malheur, son amant       les parutions québécoises de haute tenue
                                                                                                        leurs, de parfums et d'émotion, après nous avoir
l'a quitté: il lui avoue plus tard le trouble qu'a   sont nombreuses et diversifiées!
                                                                                                        agacés, nous séduisent par leur vaste mouve-
provoqué sa rencontre avec Raphaëla.
                                                                                                        ment et nous entraînent, comme elles entraînent
   Voilà les trois personnages que Louise Fre-                             Marie-Andrée BEAUDET
                                                                                                        Rose-Aimée, dans un inlassable bercement ma-
chette présente dans l'Écran brisé. D'entrée
                                                                                                        ternel. Car c'est bien de la démesure d'un amour
de jeu, le lecteur se heurte à leur force, leur
                                                     baby-boomers                                       maternel que nous suivons les excès: Éléonore,
complexité lui est exposée d'un seul coup,
                                                     Réjean VIGNEAULT                                   la mère possessive, aime d'un amour immodéré
sans nuances. Les événements essentiels
                                                     Quinze, Montréal, 1986, 283 p.                     sa fille Rose-Aimée, qui tente de s'arracher à
n'occupent que deux pages du roman. Dans
                                                                                                        elle en se jetant dans les bras d'un engagé,
l'Écran brisé, nous sommes devant un récit
                                                         Comédien, auteur d'une quinzaine de piè-       Etienne.
éclaté. Lieu de manoeuvre du temps et de
                                                     ces de théâtre dont Old Orchard?... Connais           L'histoire de cet arrachement, de cette fuite
l'espace, de focalisations et d'anachronies, le
                                                     pas!, co-auteur de la série pour enfants Gro-      loin du giron surprotecteur trouve ses motiva-
récit devient une ligne fine, brouillée. Ce
                                                     nigo et compagnie dans laquelle il jouait le       tions secrètes dans la longue et pénible confes-
deuxième roman de Louise Frechette n'est
                                                     rôle titre, Réjean Vigneault se tourne mainte-     sion-déposition soutirée à Éléonore par sa vieille
pasune« mise en action», maisune« mise en
                                                     nant vers le roman avec Baby-Boomers               nourrice amérindienne, Anna. Nous parcourons
écriture». Sa valeur réside dans sa capacité
                                                     (encore un titre en anglais aux éditions           ainsi la vie d'une femme forte, exigeante,
de véhiculer par l'écriture des états d'âme par-
                                                     fifteen!!).                                        égoïste, qui n'hésite pas à se débarrasser de
ticuliers aux trois personnages: la colère,
                                                         Dans ce livre, l'auteur parle évidemment de    son frère Charles, le préféré, qui se noie sous
l'amour, la folie. Ils se baladent de l'un à l'au-
                                                     la génération de la deuxième moitié du XXe         ses yeux: de sa soeur Agnès, la mystique, qu'elle
tre bordant toujours un abîme, celui de leurs
                                                     siècle, celle des Beatles, des mini-jupes, «des    pousse au monastère, pour enfin forcer son père
vies: « Tout est silence. Tout est immobile. La
                                                     hippies, des com m unes, du Peace and Love et      à coucher avec elle et lui faire un enfant que,
douleur est là. Sans mouvement et sans mot».
                                                     du pot » (p. 109)... mais quinze ans après que     en réalité, elle a conçu de son beau-frère. Rose-
Seulement Raphaëla franchira le seuil du
                                                     ces modes soient passés. Il s'attache ainsi à      Aimée, cette présumée enfant de l'inceste, elle
sien. On comprend fort bien sa colère, son
                                                     cinq anciens du collège Saint-Basile, tous         la récupère enfin pour son plus grand malheur.
amour et sa folie. Pourtant ces états se justi-
                                                     membres-fondateurs de l'ex-journal du col-            Ce roman, qui raconte une tragique histoire
fient moins bien chez Alexandre et chez Flo-
                                                     lège, l'Albatros: Jean, acteur sortant de la       d'Œdipe qui s'achève dans la mort, permet à
rence dont on connaît à peine les vécus.
                                                     dépression, marié et père de jumelles, Alain,      l'auteur de se libérer de ses fantasmes et de
   Malgré un certain moralisme et quelques           homme d'affaires divorcé et père d'un jeune
passages de forte tendance psychanalytique,                                                             ses obsessions tout en livrant ses idées sur
                                                     garçon, Sébastien, ancien joueur de hockey         l'homme, le mariage, le sexe, la société.
l'Écran brisé est un roman aussi fort que            devenu entraîneur, Thérèse, surnommée
puissant.                                                                                                  Si l'écriture manque souvent de simplicité, en
                                                     « Pat », divorcée et propriétaire d'un centre de   particulier dans les dialogues, elle n'en contient
                                                     conditionnement physique pour femmes,              pas moins des bonheurs d'expression qui com-
                                Cecilia PONTE        ainsi que Ceci le, journaliste. Nous assistons à   pensent pour certaines naïvetés de débutante.
                                                     leurs déboires amoureux, professionnels,           Lorsque Lucie Roberge aura su vaincre l'artifice
                                                     financiers, partageons leurs espoirs et leurs      de la parole, elle écrira des romans à la mesure
                                                     joies jusqu'aux retrouvailles des finissants du    de son talent.
                                                     collège Saint-Basile d'il y a quinze ans. la
les filles de caleb tome II.                         suite n'étant qu'une vaste conclusion plutôt                                         Gilles DORION
le cri de l'oie blanche                              décevante.
Ariette COUSTURE
Québec/Amérique, Montréal, 1987, 790 p.

    A voir comment le second tome des Filles
                                                                               LUCIE ROBERGE
                                                                                                                 BABY-                  Btkan

de Caleb a réussi, en quelques semaines seu-         &                     Le berceau-cercueil
 lement, à se hisser en tête des parmarès, on
 réalise à quel point cette saga québécoise
 rencontre les attentes des lecteurs -en dépit
de ses 790 pages- et à quel point aussi ce
genre littéraire, voisin de l'univers des télésé-
 ries, est fortement implanté au Québec.
Nouveautés Québec français - Érudit
r
    1»04M/W
    le désert blanc
                          dJUi                            pour donner un ensemble quelque peu incohé-
                                                          rent. À moins d'avoir autant de culture (littéraire,
                                                          artistique, historique et géographique) que l'au-
                                                          teur, le livre déroute car il ne prend pas le temps
                                                                                                                 point à s'évader de la ville de Topos et se voit
                                                                                                                 condamné à y demeurer. Quant au dernier récit,
                                                                                                                 son protagoniste, envoûté par Rome, en dresse
                                                                                                                 la topographie avec précision. Après une dizaine
    Jean ÉTHIER-BLAIS                                     d'approfondir ses réflexions. Il est à noter cepen-    d'années, toujours obsédé par sa Rome, il dé-
    Leméac, Montréal, 1986, 109 p.                        dant que certains passages n'en demeurent pas          couvre sa vérité au fond d'un immense puits qui
    voyage d'hiver                                        moins intéressants lorsqu'on parvient à s'y re-        l'engloutit. Ainsi, dans les trois nouvelles, le désir
    Leméac, Montréal, 1986, 176 p. (14,95 $)              trouver.                                               d'espace des personnages les conduit à leur
                                                                                                                 perte.
       De ces deux livres, le premier est celui qui                                               Jean GUAY
    retient le plus l'attention; le Désert blanc, qui                                                                                          Hélène MARCOTTE
    regroupe cinq nouvelles d'inégale valeur, mar-        saint-cooperblack
    que une autre étape de la quête d'absolu entre-       Roger MAGINI
    prise par l'auteur dans le Manteau de Ruben           Les Herbes rouges, Montréal, 1986, 136 p.              le fils d'ariane
    Dariô et les Pays étrangers. Les différents per-      (14,95 $)                                              Micheline LA FRANCE
    sonnages, confrontés à une réalité décevante,                                                                Éditions la Pleine lune, Montréal,
    essaient, à travers leurs expériences et leurs                                                               1987, 148 p.
    échecs, de combler le vide de leur existence              Né en France en 1945, Roger Magini s'installe
    pour passer enfin à une autre chose et se retrou-     au Québec où il travaille dans l'imprimerie et            La nouvelle est un genre exigeant. «Faire
    ver, ailleurs ou en eux-mêmes. Dans l'ensemble,       l'édition. En 1973, il publie un premier roman         court, comme l'écrivait André Belleau, c'est vrai-
    cette recherche ne va pas assez loin, l'auteur        Entre corneilles et Indiens. Trois oeuvres lui suc-    ment faire autre chose». Créer en quelques li-
    ne parvient pas toujours à faire partager au lec-     cèdent, dont un livre de poésie, l'Abcd'elles.         gnes une atmosphère; en quelques pages don-
    teur toute la dimension des émotions et du trou-      Avec Saint-Cooperblack, recueil qui regroupe           ner à voir et à sentir le noeud d'un destin ou
    ble intérieur qui animent ses personnages. Le         trois nouvelles, l'auteur exploite un thème uni-       l'exceptionnel d'un moment cela demande du
    recueil débute cependant sur une bonne note           que: l'appropriation de l'espace par trois hom-        métier et une grande maîtrise des ressources
    avec le récit de la première partie de chasse         mes étranges. Ces personnages, tous asociaux           de l'écriture. Avec ce recueil de onze nouvelles
    d'un jeune garçon avec son père et des premiè-        et solitaires, se meuvent dans des univers irréels     qui explore avec bonheur les possibilités du gen-
    res désillusions qui font qu'à la fin il n'est déjà   et insolites.                                          re, Micheline La France relève le défi.
    plus un enfant et pas encore un homme. Dans               La première nouvelle, qui donne le titre au           Les personnages mis en scène n'ont en rien
     «le palmier», un homme perd son emploi et se         recueil, introduit un personnage révolté contre        l'étoffe des héros. Que ce soit Clément, le livreur
    retrouve face à lui-même avec le goût de tout         la parole: «J'ai grandi dans un désir de silence»      d'épicerie, ou Sylvestre, l'institutrice, ce sont
    recommencer à neuf et «Un début de réponse»           (p. 24). Après avoir travaillé dans un salon funé-     tous des êtres simples, engagés par les hasards
    nous entraîne en Tunisie où une Québécoise            raire, puis dans une usine de confitures de            de la vie dans une existence, en apparence,
    en vacances s'attend à ce que ce qui doit venir       bleuets, il s'ancre comme garde-feu à Saint-           banale. Des êtres solitaires, semblables à ceux
    vienne! Les deux plus longues nouvelles du re-        Cooperblack, région dont il prend le nom. Dès          que nous croisons tous les jours dans la rue ou
    cueil, «Delloise» et «le Désert blanc», servent       son arrivée, il essaie d'apprivoiser les épinettes     au travail. Pourtant, derrière ces fronts tranquil-
    de prétexte à un étalage de culture et de connais-    qui peuplent l'endroit; il tente môme le mimé-         les, des ombres s'agitent, des étrangetés se
    sances qui relègue au second plan l'essentiel         tisme (p. 37), mais en vain. Afin de tuer le temps,    mettent soudain à sourdre de l'ordre supposé
    du récit. Cet abus vise peut-être à se moquer         il rédige alors quelques fragments de sa biogra-       des choses. Comme dans le texte intitulé «l'Im-
    de la bourgeoisie et des milieux mondains. Le         phie. L'alternance entre le narrateur omniscient,      posture» où, dans un restaurant, un matin, un
    ton monocorde et l'écriture encombrée alourdis-       qui parle du présent, et le narrateur «je», qui        habitué du lieu remarque que la serveuse qui
    sent le rythme et ne permettent pas d'accéder         procède toujours par analepses, rend parfois le        est là depuis des années n'a plus les yeux de
    directement à la vie intérieure des personnages:      récit quelque peu confus. Toutefois, elle écarte       la même couleur. Est-ce bien elle? L'homme,
    «Le sourire de Mme Maisonneuve tenait de celui        le risque de monotonie et, associée aux rares          tout à son doute, en oublie ses lunettes. Le len-
    de l'Ange de Reims, par l'énigme, de celui de         dialogues, maintient l'intérêt du lecteur. L'arrivée   demain, lorsque le patron veut les lui rendre, il
    la Joconde, par la volupté ironique, de celui de      d'une jeune aveugle, Shiny, trouble pour un ins-       prétend qu'il n'en a jamais porté. Est-ce bien lui?
    la Justice de Strasbourg, par la mélancolie» (p.      tant la solitude et la sérénité de Cooper B.. Ce-         Si certaines nouvelles comme celle-ci ou plus
    66) n'est qu'un exemple des prouesses méta-           pendant, incapables de se comprendre vrai-             encore celle qui donne son titre au recueil relè-
    phoriques de l'auteur.                                ment, prisonniers d'un silence devenu insuppor-        vent du fantastique et si d'autres demeurent
       Voyage d'hiver, publié dans la collection «Vies    table pour Shiny, ils se séparent. Cooperblack         dans les limites du réalisme, toutes, par les trou-
    et Mémoires», relate les voyages de Jean Éthier-      demeure seul, muet, presque déjà mort.                 vailles qu'elles manifestent sur le plan de la
    Blais en Europe; l'auteur «décrit ce qu'il a vu et        Dans la deuxième nouvelle, «Un voyageur ar-        construction ou de l'expression, réussissent à
    transforme ce vécu en miroir». Réflexions et des-     chitecte», le héros, après avoir construit le cou-     soutenir l'intérêt. Incontestablement, Micheline
    criptions, culture et petits potins s'entremêlent     vent des mendiants pour le Maître, ne réussit          La France sait raconter des histoires. Déjà, son
                                                                                                                 premier roman Bleue, publié en 1985, avait dé-
                                                                                                                 montré que l'auteur possédait sa langue et un
                                                                                                                 ton personnel. Le Fils d'Ariane le confirme. Un
                                Jean Éthier-Blais                                                                très bon recueil!
                                                                          Micheline I -t France
                              Le désert blanc                                                                                             Marie-Andrée BEAUDET
     •    »                                                             1 r Fils d'Ariane
                                                                                                                 si tu me reviens... ou la violence d'une mère
                                                                                                                 Elizabeth CAMDEN
                                                                                                                 Éditions la Pleine Lune, Montréal, 1986,255 p.
                                                                                                                 (14,95$)
Nouveautés Québec français - Érudit
Elizabeth n'a jamais connu la tendresse               Voilà deux recueils bien présentés, de bonne         servateur omniscient en dispose allègrement
d'une mère. Malgré ses pleurs, ses provoca-           qualité, qui témoignent de la vigueur, de la vitalité   avec une ironie joyeuse, parfois douce-amère,
tions, ses prières, elle n'a récolté qu'indiffé-      de la nouvelle, ces derniers temps, un genre            non dépourvue de cynisme ou d'une certaine
rence ou raclées. A seize ans, elle rencontre         que l'on croyait agonisant. Pensons, entre au-          dose de sadisme.
Alan et s'épanouit enfin au contact de l'amour        tres, à Des nouvelles du Québec, publié chez               Vous suggérer la lecture de l'une plutôt que
jusqu'à ce qu'une grossesse inattendue                Valmont éditeur et qui regroupe dix nouvelles           de l'autre? Je ne le pourrais pas tant la qualité
vienne briser leur union. La solitude renaît          déjà parues dans XYZ, avec présentations bilin-         des quatorze nouvelles est constante. Pierre Tis-
alors plus forte que jamais en dépit de l'en-         gues (?), notes bio-bibliographiques, commen-           seyre a trouvé un nouvelliste de grand talent.
fant, peut-être à cause de lui. Et c'est la des-      taires d'auteurs et glossaire. Pensons encore à         Vite, que viennent d'autres recueils de Laurier
cente aux enfers qui dure neuf ans. Neuf ans          Plages (Québec/Amérique), recueil regroupant,           Côté! Un divertissement qui fait réfléchir, c'est
d'amour, de violence, de culpabilité pendant          sur le thème de l'intitulé, quatre nouvelles de         si rare!
lesquelles Elizabeth ne survit qu'à l'aide de         Gaétan Brulotte, Monique LaRue, Madeleine
calmants, de drogues, de boissons. Neuf ans           Monette et Sylvie Weil. Et on ne peut mentionner                                            Gilles DORION
avant de laisser son fils Keith à une famille         tous les recueils individuels (plus d'une quinzai-
d'accueil, avant de lui donner sa liberté sans        ne) publiés depuis quelques mois.
trop d'amertume en se disant: «S'il me revient,
il sera à moi » (p. 236).                                                               Aurélien BOIVIN
   Cette autobiographie, traduite de l'anglais,
nous fait découvrir le calvaire d'une mère
abusive. Malgré l'horreur des actes posés, le
                                                                                                              r\JUsX
lecteur ne peut s'empêcher de sympathiser             je crée, donc Je suis...
avec elle.                                                                                                    à propos de Maude
                                                      Laurier CÔTÉ                                            Lise HAROU
                           Hélène MARCOTTE            Pierre Tisseyre, Montréal, 1986, 141 p.                 VLB éditeur, Montréal, 1986, 83 p.
                                                         Rarement ai-je éprouvé un plaisir aussi com-             Pour Lise Harou, la force du souvenir participe
                                                      plet en lisant un recueil de nouvelles! Pourtant        tout autant du réel que l'annotation du désir et
                                                      le titre, énigmatique, Je crée donc je suis..., pa-     des passions immédiates. Après Chroniques
aimer                                                 raphasant Descartes, aurait pu laisser croire à         souterraines (1981) et Devant l'étang (1984),
10 nouvelles par 10 auteurs québécois                 un essai, si, sur la page couverture, n'était inscrit   Lise Harou fait paraître À propos de Maude, un
(sous la direction d'André CARPENTIER)                le mot «nouvelles». En un sens, je n'avais pas          récit dans lequel Élisa évoque avec fébrilité et
Quinze, Montréal, 1986, 187 p.                        tort car le premier texte, éponyme, présenté sous       émotion sa passion pour Maude, une femme
                                                      forme de lettre, constitue un essai sur la joie et      dont la beauté et la sérénité ont laissé des traces
crever l'écran                                        la difficulté d'écrire. Les quatorze autres, toute-     indélébiles dans sa mémoire: «À jamais je res-
le cinéma à travers 10 nouvelles                      fois, justifient l'inscription liminaire, jusqu'à un    terai en manque de sa splendeur». Il est des
(sous la direction de Marcel JEAN)                    certain point, cependant, puisque plusieurs d'en-       êtres dont le passage, même bref, est tout à fait
Quinze, Montréal, 1986, 208 p.                        tre eux forment ce qu'il est convenu d'appeler          déterminant pour la suite du monde.
                                                      des «contes fantastiques», comme Jolis Deuils               Divisé en quatre parties, le récit d'Élisa retrace
   Après la science-fiction, le fantastique, l'hu-    de Roch Carrier ou certains des Contes pour             les «moments fragiles» vécus entre les deux
mour..., voici deux autres collectifs consacrés       buveurs attardés de Michel Tremblay, avec en-           femmes, l'attente, l'union, la séparation, aux-
l'un à l'amour, l'autre au cinéma, deux recueils      core plus d'adresse et de talent. Ce n'est pas          quels succèdent des tentatives de rapproche-
qui veulent, à partir de sujets imposés, écrit Car-   peu dire.                                               ment par liaison épistolaire. Dans la section fina-
pentier, maître-d'oeuvre du premier, «inciter des        Puisant son imaginaire au quotidien parfois le       le, Élisa établit un bilan à partir de sa vie présente
auteurs d'ici à écrire des nouvelles et finalement    plus courant ou le plus «innocent», Laurier Côté        avec un homme, Edouard, et des enfants; désor-
engager une défense et illustration de cette pra-     transforme celui-ci, par la vertu d'une écriture        mais marquée par cette tendresse et cet amour
tique souvent mésestimée.» L'un et l'autre re-        singulièrement dynamique et efficace, en qua-           désespéré avec cette femme sublime: Maude.
cueils, avec les contraintes et obligations que       torze «situations» étonnantes qui abasourdis-           L'écriture pleine d'émotion et de sensibilité de
les deux sujets imposés comportent, sont de           sent le lecteur et le font s'écrier: Encore! D'un       Lise Harou tente de cerner de plus près les fonc-
qualité inégale, comme il arrive souvent dans         fait normal, d'un anecdote ordinaire, il nous fait      tions du désir à travers des souvenirs vivaces,
des entreprises de ce genre. D'aucuns sont fran-      passer, au moyen d'une gradation à la fois natu-        des rêves et des délires et une attention délicate
chement à l'aise dans ce genre d'écriture «sous       rellement et savamment orchestrée, à une situa-         pour ces instants privilégiés où un geste, une
pression», d'autres ratent carrément leur cible       tion anormale, à une fin insolite que ne laissait       pose, un vêtement, une lumière particulière, un
ou livrent des devoirs d'écoliers. André Major        pas prévoir la mise en scène initiale. Jetant un        décor singulier sont figés et immortalisés dans
fait certes partie de la première catégorie. Sa       regard en apparence neutre, imperturbable, in-          des fragments mémorables. Le ton très intimiste
nouvelle «la Grande Nuit blanche», qu'il veut         différent sur ses personnages (même dans les            renforce l'intensité du récit qui tient beaucoup
l'épilogue à ses Histoires de déserteurs, se dé-      deux nouvelles écrits au «je»), le narrateur/ob-        plus du monologue intérieur que d'une narration
roule dans une nature sauvage, austère, inappri-                                                              successive d'événements. À propos de Maude
voisée où l'homme, qui a pourtant goûté quel-                                                                 est un livre qui touche et qui dérange. Pour moi,
ques heures de plaisir au contact d'une femme,                                                                il fait partie de mes lectures privilégiées.
connaît une mort affreuse. Échec aussi de
l'amour dans le récit cahotique (sous forme de
journal fragmenté) de Monique Proulx et dans
le très beau texte d'André Berthiaume, «Éliane
                                                               AIMER                                                                    Roger CHAMBERLAND

et Fred», l'un des mieux réussis du recueil, avec
celui de Marie José Thériault, «Mains-Maisons»,
ces deux derniers valant à eux seuls la lecture
d'Aimer. Mais l'amour, dans tous les textes, est
difficile, impossible. Les êtres ont peine à se
rencontrer, à s'accepter, à accepter l'autre.
                                                                                                              C14**4>
   Quant à Crever l'écran, il contient dix nouvel-                                                            a double sens
les écrites par des spécialistes ou des mordus                                                                Hugues CORRIVEAU et
du cinéma. Il faut lire le texte, — le meilleur du                                                            Normand DE BELLEFEUILLE
recueil, à mon avis, — de Jean-Pierre Lefebvre                                                                les Herbes rouges, Montréal, 1986, 240 p.
sur le thème du double cinématographique, celui
de Jean-Marie Poupart sur les amours d'adoles-                                                                   Dans ce qui s'annonce comme un échange
cents, amateurs de cinéma, celui de Nathalie                                                                  de lettres dont on a délesté tout l'aspect formel
Petrowski qui se déroule dans une salle de ci-                                                                et protocolaire entre deux écrivains de la «Nou-
néma porno et qui réserve une finale étonnante,                                                               velle Écriture», on trouve plutôt une alternance
bien préparée, ce qui est le propre de la nouvelle.                                                           de 42 chapitres brefs dans lesquels sont abor-

                                                                                                          Numéro66, mai 1987 Québec français 11
Nouveautés Québec français - Érudit
dées les notions théoriques développées depuis          saga théâtrale avec son répertoire où se retrou-        publiées de façon éparse, qui constituent ce li-
le début des années soixante-dix au Québec.             vent des à-côtés aussi bien loufoques que fran-         vre-essai, une unité créée par la cohérence
Le corps, la critique, le désir, la forme, le jeu, le   chement tragiques. Sorte de reportage agré-             même de la pensée kundérienne. À une époque
langage, la lecture, la mon, le plaisir, le sens, le    menté de plusieurs illustrations, ce livre possède      où le roman (le roman littéraire et non celui de
texte, autant de thèmes qui, compris dans un            l'avantage de faire revivre avec honnêteté ces          consommation de masse) est battu en brèche,
index de 84 sujets, apparaissant en fin de volu-        moments de pionnier.                                    dans un monde où le rôle de l'homme est réduit
me, sont étudiés et analysés sous l'angle des                                                                   à sa stricte fonction sociale et où tout le domaine
pratiques modernes d'écriture. Ce dialogue vif,                                        Yvon BELLEMARE           de «l'être» est plongé dans l'oubli, le travail du
sous-tendant une certaine complicité qui, heu-                                                                  romancier est précisément d'explorer, tel un spé-
reusement, ne cède jamais à la complaisance,                                                                    léologue, le secteur de l'existence. Le roman
marque les limites de la théorie sans céder à                                                                   doit, aujourd'hui plus que jamais, saisir et analy-
des conceptualisations inopérantes. Au fur et à         masses et postmodernité                                 ser les possibilités de l'existence: possibilité de
mesure que Corriveau et de Bellefeuille font acte       sous la direction de Jacques ZYLBERBERG                 l'homme et de son monde caché («saisir l'es-
de théorie, ils se laissent entraîner dans un mou-      les Presses de l'Université Laval                       sence de sa problématique existentielle»), pos-
vement spéculaire où les œuvres en train de             Méridiens Klincksieck, Québec, 1986, 147 p.             sibilité de l'être-dans-le-monde (in-der-Welt-
s'écrire, — Scène pour Hugues Corriveau et                                                                      sein), suivant la formule d'Heidegger.
Lascaux pour Normand de Bellefeuille, depuis                Écrit dans la foulée de deux colloques interna-        Même s'il s'en défend dans son premier entre-
publiées aux Herbes rouges —, tombent sous              tionaux de sociologie tenus à Paris et Québec,          tien avec Christian Salmon (deuxième partie du
la coupe de l'analyse. Une certaine rigueur dans        le recueil d'articles Masses et Postmodernité se        livre), le regard que pose Kundera sur le roman
le propos, la franchise des écrivains et le souci       propose «d'élucider les notions floues de masse         est éminemment philosophique. Cet essai est
d'approfondir chacun des sujets abordés peu-            d'état, qui organisent les rapports sociaux dans        non seulement un événement, comme tout ce
vent par moments rendre ces textes difficiles           la société contemporaine». De fait, les 14 colla-       que publie Kundera, mais c'est aussi et surtout
mais commandent à coup sûr une relecture dont           borateurs réexaminent, avec la méthodologie             un document essentiel pour qui veut comprendre
on retire le plus grand bénéfice. Les arguments         qui leur est propre et dans un champ bien précis,       ce qu'est la morale (l'ontologie) interne du ro-
et contre-arguments développés de part et d'au-         les rapports existant entre la société de masse         man.
tre nous engagent à revoir un certain nombre            et les pouvoirs politiques. Les concepts mêmes
d'idées reçues à propos de ces pratiques moder-         sur lesquels reposent les approches sociologi-                                        Guy CHAMPAGNE
nes. L'épreuve à laquelle se sont livrés Corri-         ques et politiques sont redéfinis en fonction des
veau et de Bellefeuille, exigeante certes par la        nouveaux enjeux de la «condition postmoderne»
                                                                                                                la reproduction humaine industrialisée
haute tenue reflexive où ils se tiennent, est signi-    qui se sont profondément modifiés et sont deve-
ficative de la nécessité de faire un bilan sur plus     nus plus complexes depuis quelques décennies.           Jacques DUFRESNE
de 15 ans d'écriture. Un livre intelligent, essen-      Ainsi en est-il de la masse, du politique, de l'éta-    IQRC, Québec, 1986,125 p. (Coll. Diagnostic)
tiel, complémentaire à la lecture de leurs oeuvres      tique, du capitalisme, autant de termes dont i!
respectives.                                            faut à tout prix remodeler les définitions pour            L'inquiétude éthique que suscitent les
                                                        s'assurer qu'ils sont relativement bien ajustés à       développements prodigieux des bio-technolo-
                                                        la réalité complexe à laquelle ils renvoient. La        gies fait couler beaucoup d'encre. Les aver-
                          Roger CHAMBERLAND                                                                     tissements se multiplient dont le moindre,
                                                        masse est le concept clé autour duquel prennent
                                                        forme tous les articles; on étudie sa constitution      sans doute, n'est pas l'éclatant refus du pro-
                                                        et son mode de fonctionnement dans des domai-           fesseur Testart de poursuivre son travail de
                                                        nes aussi divers mais représentatifs de notre           « chercheur en procréation assistée » (l'Oeuf
le père émile legault et ses compagnons de                                                                      transparent, Flammarion, 1986).
saint laurent                                           actualité que le politique, la religion, l'individua-
                                                        lité, la double conscience individuelle et collecti-       La dépersonnalisation de l'humain dès la
Hélène JASMIN-BELISLE                                   ve, la consommation et les modes de vie, la             conception, les  dérives eugéniques », la
Leméac, Montréal, 1986,205 p. (Collection «Do-                                                                  procréation technocratique et rentabilisée
                                                        philosophie sociale et les médias. La rigueur et
cuments»)                                                                                                       sont-elles pour demain?
                                                        la densité des articles sont également remarqua-
                                                        bles pour ce type de publication où l'on ne par-           Le petit ouvrage, clair et agréablement lisi-
   C'est à la demande expresse du père Émile            vient pas toujours à faire l'unanimité sur le noyau     ble, de Jacques Dufresne fait le point de la
Legault lui-même que l'auteure a entrepris de           de départ. Au contraire, ici, chaque spécialiste        situation avec précision et dans la sérénité.
décrire la petite histoire des Compagnons de            remarque la rupture épistémologique de la               Partant de l'exemple décisif des seize vaches
saint Laurent. Dès le début, grâce à des inter-         «masse», comme thème ou slogan pour «se                 Holstein identiques obtenues à partir du
views exclusives avec le créateur de cette jeune        référer en permanence à l'égalisation des situa-        même embryon dans une université du Wis-
troupe des années 1940, on perçoit l'enthou-            tions et des comportements individuels», et dé-         consin, il rejette simplement et méthodique-
siasme et l'espoir de celui qui anima, à une épo-       cider de l'envisager dans la dynamique des rap-         ment les faits, les principes et les risques. Le
que où le théâtre au Québec n'était qu'un mot,          ports sociaux et politiques. Une série d'essais         nazisme aurait-il été précurseur? L'euthana-
un groupe talentueux, assurance d'un avenir             riches et diversifiés sur la société postmoderne        sie sera-t-elle banalisée? « Un pouvoir autre-
prometteur.                                             de masse à lire pour l'intelligence et la pertinence    fois réservé aux plus sombres tyrans: le droit
   La facture chronologique retenue relève les          des propos.                                             de vie ou de mort sur ses semblables, vient
grandes étapes de cette formation théâtrale, de                                                                 d'être démocratisé » (p. 12).
sa corporation officielle le 29 mai 1940 au post-                                                                  Une nouvelle forme de normalisation, une
mortem des Compagnons. Tel un journal de                                          Roger CHAMBERLAND             aberrante rationalisation selon le modèle
bord, l'auteure ne ménage pas les anecdotes                                                                     industriel, risque de susciter la réalité imagi-
qui marquent indéniablement toute vie de grou-                                                                  née par Huxley dans le Meilleur des mondes.
pe, et surtout celle-ci où l'instinct de l'animateur    l'art du roman                                          Comme pour le péril nucléaire, c'est la
guide davantage les jeunes comédiens que ses            Milan KUNDERA                                           conscience de l'homme qui peut éviter le cau-
propres connaissances de formateur d'acteurs.           Paris, Gallimard, 1986, 200 p.                          chemar. Nous sommes donc acculés à la phi-
Les nombreux déménagements de la troupe                                                                         losophie, non pas vachement spéculative,
jusqu'à «la grande embardée» de la maison de               Le roman, depuis le Don Quichotte de Cervan-         mais pratique, responsable et salvatrice des
Vaudreuil ne gomment pas heureusement les               tes jusqu'à l'Insoutenable Légèreté de l'être de        valeurs humanisantes. Une réflexion appro-
talents exceptionnels des comédiens qui affron-         Kundera, représente la conscience existentielle         fondie peut seule rajeunir et renforcer un
tent les feux de la rampe, toutes choses qui            de l'homme. Là réside l'essentielle utilité du ro-      droit qui serait adapté aux défis que multiplie
favorisent malgré tout un esprit d'équipe où éclôt      man. Il me semble que cette formule pourrait            la « techno-science » stimulée, mais aussi
dans la sincérité généreuse plus d'une amitié.          très bien résumer le projet de Milan Kundera            déviée, par le profit.
Les témoignages de la dernière partie confir-           dans son récent essai, l'Art du roman.                     Il faut admirer la réussite de la synthèse
ment en effet l'apport remarquable du père Le-             Il ne s'agit aucunement d'un traité théorique        claire et stimulante d'une somme considéra-
gault dans le débroussaillement du théâtre d'ici.       sur le roman, mais bien plus du regard que porte        ble d'informations d'ordre pluridisciplinaire
   Cet ouvrage n'est guère une analyse des              un des plus importants praticiens du roman sur          avec une réflexion essentielle sur le devenir
Compagnons de saint Laurent. L'oeil condes-             son oeuvre et sur celle de certains de ses devan-       de l'homme. Un livre utile d'un humanisme
cendant de l'auteure reprend plutôt les multiples       ciers (Cervantes, Proust, Kafka, Broch...). Il se       direct et pratique.
péripéties qui assaisonnent cette espèce de             dégage de ces sept études, pour la plupart déjà                                        Marcel VOISIN

12 Québec français Mai 1987 numéro 66
Nouveautés Québec français - Érudit
jpOUAt                                               journal d'un autre
                                                      Bernard GILBERT
                                                      NBJ, Montréal, 1986, 31 p.
                                                                                                              tfcâfat
                                                        Pourquoi est-ce qu'il est si difficile de garder
                                                     une distance rassurante face à ce petit recueil?
                                                     En décrivant le regard posé sur des gestes quo-
la poésie québécoise/anthologie                      tidiens, on pourrait d'abord conclure à des affini-      les larmes volées
 Laurent MAILHOT / Pierre NEPVEU                     tés électives. Ainsi apparaissent l'angoisse d'un        Jacqueline BARRETTE
 l'Hexagone, Typo 7, Montréal, 1986, 642 p.          individu, devant une réalité qui s'effrite, et le con-   Leméac, Montréal, 1986, 119 p.
                                                     trepoint à cette incohérence, le désir, ce désir         (Collection théâtre)
    Nous avons déjà traité de cette anthologie       de sortir, d'entrer en contact avec le réel, le désir
importante, la plus satisfaisante et complète        d'écrire.                                                   Au premier niveau, celui de la bouche, une
pour le moment (Québec français, n° 43). La             Une autre raison pour laquelle cette écriture         pièce où deux jeunes femmes dans la trentaine
voilà parue en poche, un poche quand même            est immédiatement touchante est déjà indiquée            ont «mal au fudge», dévorent des «croque-re-
cher s'il doit servir dans l'enseignement, léger     par le titre: comme dans tout journal intime, il y       mords» et des «Laura Zencore», rêvent de
rement modifiée: on a fait sauter certains           a un individu qui s'adresse d'abord et avant tout        «fruits défendus: des «jelly beans» jusqu'au
auteurs plus anciens et effectué quelques            à lui-même. La position du lecteur devient celle         «pop corn», avec un goût de «manger... les murs
ajouts Quelques textes aussi ont été chan-           du «je» récepteur de son propre discours. Impli-         avec de la sauce» en «rotant des nuages de
gés. La bibliographie, un peu anarchique, a          qué dans ce pacte du soliloque, il se voit con-          calories». Le pied: se planter «le nez dans le
été remise à jour. Outre le fait que les tomes III   fronté à une image plutôt sinistre de soi-même           chaudron, et le phantasme le plus excitant: se
et IV du DOLQ ne sont pas cités, on ne s'en          et découvre la lucidité de ce regard posé sur la         vautrer dans «le gâteau aux carottes». Le dra-
inspire jamais pour enrichir la critique. Com-        réalité.                                                me, c'est qu'il faut parfois descendre de «la
ment ignorer par exemple les remarquables                                                                     sainte table» et monter «sur la balance... sur
                                                         Une des grandes qualités du style incisif, sec
études de Marcel Bélanger sur Jean Aubert                                                                     l'échafaud».
                                                     de ce livre est la richesse sémantique qui donne
Loranger. d'autant plus que cinq études seu-          envie de consulter un dictionnaire pour mieux
lement sont citées sur ce poète Et le reste à         saisir tout ce qui se déplace dans cette parole.           Dans la première partie, Francine, qui a
l'avenant. Il n'en demeure pas moins que ce           La voix fragile du «je» est constamment mena-           mangé «du céleri à en avoir le teint vert tendre»,
livre mérite de figurer dans toutes les bonnes        cée par l'immobilité, le silence des espaces            «la chroniqueuse qui fait crunch», joue à cache-
bibliothèques publiques et privées. Dans la           blancs qui séparent les textes courts dont est          cache avec elle-même et avec son psychana-
même collection Typo, de même facture mais            compose le recueil. Malgré le ton profondément          lyste, se dissimule derrière ses boutades et ca-
aux Herbes rouges, il faut souligner l'éclai-         désenchanté/désespéré, ces poèmes arrivent à            lembours, puis, progressivement, les larmes et
rante étude d'André-G. Bourassa dont le               «changer les allures de [l]a mort» et à valoriser       la colère se mêlant aux mots, elle débusque les
sous-titre est déjà significatif: Surréalisme et      les «fissures dans l'attente».                          causes possibles de son immense fringale, de
littérature québécoise I Histoire d'une révolu-          Dans la mesure où Bernard Gilbert a réussi           ses «bouffes suicidaires» et de ses rechutes
tion culturelle.                                      à transformer le journal intime avec son rapport        dans les bras de «Sugar Prince». Mais elle re-
                                  André GAULIN        infécond entre deux sujets identiques, en Jour-         fuse de poursuivre cette mise à nu devant un
                                                      nal d'un autre, il y a un résultat positif, puisque     oeil scrutateur, clinique et «inhumain», devant
                                                      quelque chose a changé à l'intérieur du «je» et         un homme surtout, «un spécimen de la race des
ces étirements du regard                              du lecteur qui a su s'immiscer dans le mouve-           maîtres du monde, ceux qui décident que d'être
Luc LECOMPTE                                          ment du texte.                                          grosse c'est laid».
l'Hexagone, Montréal, 1986, 68 p.
                                                                                                                 La deuxième partie amène l'échange avec
                                                                                        Martin HERDEN         Claudette, la grande et grosse amie depuis vingt
   Voici un regard méticuleux, s'égarant et fixe
à la fois, comme celui du photographe qui nous                                                                ans. Chacune à tour de rôle fouille dans son
approche, tel un zoom vers d'autres champs.                                                                   passé, dans ses relations familiales et amoureu-
Qu'il s'agisse des champs de la vie ou de la                                                                  ses; elles repèrent les balises de leur chemine-
mort, du désir ou de l'affirmation, le «focus» se                                                             ment personnel, questionnent leur amitié jusqu'à
fait lucidement, en pleine conscience du corps,                                                               la déchirante croisée des chemins finale. Clau-
avec ce libre rassemblement, ardu et investi,                                                                 dette reconnaît dans la bouffe, ce «vice» trop
qu'exige la poésie.                                                                                           visible, un «extincteur de peur», reprend le cycle
   Car il y a bien rassemblement dans cette poé-                                                              des diètes, consent à continuer de «jouer au
sie de Luc Lecompte; par son élan qui part de                                                                 yoyo jusqu'à la fin de [s]es jours. Amen». Fran-
l'oeil vers le large, nous sommes appelés autant             Les larmes                                       cine opte, malgré les risques, pour les exigences
                                                                                                              de la lucidité face à elle-même et dans ses rap-
qu'émerveillés, insinués dans les plis précis et
les grands espaces de cet univers, avec tout                 volées                                           ports aux autres.
son silence et tout son étonnement.                                                                              Une pièce sur l'obésité oui, mais ce pourrait
   Ces étirements du regard saisissent parfois                                                                être tout autant sur l'anorexie, la drogue ou l'al-
des photos d'une grave beauté, si fragile («l'oi-            Jacqueline                                       cool. Il s'agit surtout d'une réflexion amusante,
seau vacille les lumières, son mouvement zébré               Barrette                                         émue, complice, douloureuse sur ses propres
de soir et d'inquiétude. La nuit installée en iris                                                            tricheries, ses dissimulations, ses compensa-
sur ses paupières. Ses yeux étonnés d'oiseaux                                                                 tions artificielles, le pourquoi de ses démesures,
brefs...»), d'autres de grande lumière («Le jour                                                              les diverses tentations et formes d'auto-mutila-
s'est levé de grand sapin[...] Soleil sur les ven-                                                            tion. Un discours sur les masques («ma couverte
tres de rétines. Des matins tachés d'arbres. À                                                                de graisse») qu'on est si habile à fabriquer pour
l'encre sur l'endroit des yeux; sur le pointu né-                                                             compenser des manques affectifs, pour se pro-
cessaire des yeux larges, intensément»).                                                                      téger du regard de l'autre, pour se mentir à soi-
   On peut sentir à certains moments une «sur-                                                                même, parce que la lucidité est difficile malgré
charge» de lecture et s'inquiéter devant un                                                                   les ivresses qu'elle procure une fois qu'on s'y
rythme très constant, une forme si régulière                                                                  astreint.
qu'elle peut paraître moins évocatrice. Cepen-
dant, cette poésie s'impose, prometteuse
                                                                                                                                                Gilles GIRARD
(«Quelque part, ton visage touché. Une part de
nous-mêmes en passerelle sur les mots»). Une
poésie des «yeux fertiles», pour reprendre ce
beau titre d'Éluard.

                            Marc SKARZYNSKI

                                                                                                         Numéro 66, mai 1987 Québec français 13
Nouveautés Québec français - Érudit
attention. Le chapitre sur l'écriture étonne,            à oeuvrer dans l'enseignement du français lan-

^X^^Ce                                                nous retient aussi, car il éclaire de manière
                                                      parfois surprenante, par leur propre pensée,
                                                      l'oeuvre d'auteurs connus. Certains chapitres
                                                      l'écriture(s) y contiennent uniquement des
                                                                                                               gue seconde. Intérêt supplémentaire: à l'inté-
                                                                                                               rieur des deux premières parties de l'ouvrage,
                                                                                                               les auteurs ont fait suivre chacun de leur texte
                                                                                                               de notes et références bibliographiques qui
                                                      citations sur le thème choisi, tandis que le             s'avèrent une source de renseignements des
                                                      champ d'autres chapitres (philosophie, so-               plus riches pour quiconque souhaiterait appro-
le Petit Retz des citations modernes                  ciété, sociologie) n'est pas clairement déli-            fondir l'un ou l'autre des thèmes abordés.
 parC. LAVIGNE                                        mité.                                                       Un mot, en dernier lieu, au sujet de la présen-
 Retz, Paris, 1986, 143 p.                               La lecture de ce volume nous laisse profon-           tation matérielle de Didactique en questions: la
                                                      dément insatisfaits. Ce n'est pas un recueil de          mise en page est soignée et aérée, les textes
   Quand j'étais étudiante, il m'arrivait de          citations, mais plutôt des notes de lecture, ce          se lisent agréablement grâce, entre autres, aux
consulter un dictionnaire de citations sur un         que confirme l'auteure dans une post-face                sous-titres, tableaux et croquis qui les parsè-
sujet donné pour réfléchir à partir des pen-          inattendue qui parle de partialité, de parti-pris        ment. Par ailleurs, pour un lecteur qui ne serait
sées des grands auteurs et parfois en choisir         et de fruits de lectures d'une passionnée. Elle          intéressé qu'à un point spécifique, l'ouvrage, de
une, que j'intégrais à un travail à remettre. Je      souhaite que le lecteur ait la curiosité d'aller         par sa facture, facilite une consultation rapide.
m'attendais à retrouver un peu le même genre          lire l'oeuvre intégrale. C'est la grâce que je lui          Donc, avis aux enseignants, aux étudiants et
de livre en recevant celui-ci. Petit, 142 pages,      souhaite aussi, s'il a le courage de le consul-          à tous ceux qui s'intéressent aux langues secon-
il regroupe mille citations divisées en quinze        ter, ce livre, malgré sa présentation fausse et          des: Didactique en questions est fait pour vous.
thèmes présentés par ordre alphabétique au            prétentieuse
début du livre. Chaque chapitre ordonne les                                                                                                   Denys LE VALLÉE
citations par ordre alphabétique de noms                                             Francine LABELLE
d'auteurs. La sélection de ces citations a ceci
de particulier qu'elle élimine tous les extraits
de textes littéraires, tous ceux datant d'avant
1900 et ne retient que les textes français. Les
thèmes les plus développés sont ceux de
l'écriture, de l'esthétique, du langage et de la
 philosophie. Les auteurs les plus cités sont R.      didactique en questions                                  le Petit Retz de la pédagogie moderne
 Barthes, A. Breton, M. Foucault, A. Malraux.         Collection Pratiques langagières,                        Monique ROSSINI
 E. Morin, F. Richaudeau et P. Valéry.                textes réunis par Françoise LIGIER et                    Retz, Paris, 1986, 142 p.
    Les citations sont tirées d'oeuvres peu           Louise SAVOIE, préface de Raymond LE-
connues d'auteurs connus (Louis Aragon. Je            BLANC,                                                      Sans préface ni présentation, le livre débute
n 'ai jamais appris à écrire ou Les incipit), d'en-   La lignée, Beloeil, 1986, 260 p.                         immédiatement par des termes disposés dans
trevues accordées à des journalistes (Sime-                                                                    l'ordre alphabétique. La plupart des termes rete-
 non) ou de livres récemment parus (Michel               Théoriciens, praticiens, linguistes et didacti-       nus relèvent de la pédagogie en général ou de
Serres, Les cinq sens). En avançant dans ma           ciens, voici réunis à l'intérieur d'un même ou-          la linguistique, de la lecture, de l'informatique et
 lecture, j'ai rapidement constaté que certains       vrage 22 spécialistes en français langue secon-          de la statistique. Les définitions vont de l'explica-
 noms d'auteurs revenaient souvent dans plu-          de. Leur contribution: «apporter non pas une             tion générale avec applications dans les domai-
 sieurs chapitres, qui parfois regroupaient           réponse unique, mais une foule de réponses               nes de la pédagogie et de la psychologie à l'ab-
 sept ou huit citations d'un même auteur (P.          parcellaires, satisfaisantes» à différents aspects       sence totale de définition.
 Boulez, dans le chapitre sur l'esthétique): ou       de la didactique du français langue seconde.                Aux définitions formulées s'ajoutent parfois
 peu de gens ont réfléchi à certains sujets ou il        À l'intérieur de treize textes, regroupés en trois    une évaluation de l'efficacité du domaine
 n'y a pas eu de véritable recherche sur les          grandes parties (mise au point - questionne-             concerné (exemple: audio-visuel) et une biblio-
auteurs choisis. De plus certaines citations,         ments - prospectives), le lecteur retrouvera des         graphie en général incomplète et citée sans tenir
dont celles sur l'intelligence, sont simplistes,      sujets très en vogue dans le milieu à l'heure            compte des normes de présentation habituelles.
d'autres, parailleurs, sont incompréhensibles         actuelle: l'approche communicative, la prise en          Les définitions touchant la lecture sont compo-
 hors contexte.                                       compte de l'apprenant, les relations entre langue        sées de citations accompagnées des seules ini-
                                                      et culture, la grammaire, le vocabulaire, l'évalua-      tiales F.R. sans explication additionnelle.
   Alors que le chapitre sur l'imaginaire nous        tion, la correction à l'oral, le rôle de l'enseignant,
                                                      etc. Somme toute, une panoplie de points de                  Même si cette présentation, par son manque
laisse sur notre appétit par sa brièveté, les
                                                      vue susceptibles d'informer, d'alimenter, de met-        de rigueur, de clarté, de précision et d'uniformité,
chapitres sur la lecture et la psychologie, à
                                                      tre à jour, voire d'initier tout intervenant appelé       m'a fait douter du sérieux des Éditions Retz, j'ai
cause de leur actualité, retiennent notre
                                                                                                                lu ce livre de la première à la dernière page pour
                                                                                                               évaluer ce que je pourrais apprendre et le plaisir
                                                                                                               que je pourrais tirer à le consulter. En informati-
                                                                                                               que, les définitions ont éclairé la profane que je

 5JJ                              PE1                 • LE PETIT                                               suis; en linguistique, elles m'ont rafraîchi la mé-
                                                                                                                moire; sous certains noms (ex.: Piaget, Claparè-
                                                                                                               de), on présente un résumé de leur pensée; sous
                                                                                                                le nom de Decroly, j'ai appris que ce spécialiste
                                                                                                               était inventeur des centres d'intérêt et le diffu-
                                                                                                               seur de la méthode globale de lecture.
                          des citations                         de la pédagogie                                    L'ouvrage, je l'ai dit, est très mal présenté,
                                                                                                               mais il nous informe sur des termes touchant
                           modernes                                 moderne w
 Vu                               C LAVIGNE
                                                                                                               notre réalité quotidienne d'enseignant. Après de
                                                                                                               multiples recherches, j'ai enfin trouvé que les
                                                                                                                Éditions Retz venaient de l'ancien Centre d'étu-
                                                                                                               des et de promotion de la lecture et que le direc-
                                                                                                               teur en était François Richaudeau, plus haut
                                                                                                               mentionné (F.R.). Que les seules définitions

  O                                                                                                            sous forme de citations mettent en valeur le nom
                                                                                                               du directeur des éditions ne fait que confirmer
                                                                                                               mes doutes quant au professionnalisme de cette
                                                                                                               maison.

                                                                                                                                              Francine LABELLE

14 Québec français Mai 1987 numéro 66
le petit code                                             raux et particuliers de la sémantique et plus         Pour devenir Docte Rat, il s'agit de répon-
code syntaxique et orthographique                         spécifiquement du lexique français. S'autori-      dre à des questions appartenant à quatre
 Suzanne MARTIN et Jean-Pierre ISSENHUTH                  sant de la psycho-systématique et de la            séries (petite colle, érudition, mini-test et bon
Les Éditions HRW, Montréal, 1986, 226 p.                  psycho-sémiologie, l'auteure en arrive à           mot) et de terminer les trois parcours déjà
                                                          démontrer d'une façon particulière brillante,      mentionnés. La case de la table de jeu où
   Voilà un outil qui ne pouvait tomber plus à            autant pour l'initié que pour le pur profane, la   s'arrête le pion dechaque joueurdétermine la
propos entre les mains des professeurs de fran-           mécanique essentielle qui présidée l'élabora-      série de questions à laquelle il doit répondre.
çais. Les auteurs du Petit Code nous proposent            tion de tout surgissement du sens dans les         La variété des cases fait que chaque joueur
là un complément indispensable au programme               mots ainsi qu'à la multiplication de ce sens à     doit éprouver ses connaissances dans les
de français du secondaire; on y trouve même le            travers les synonymes, homonymes et autres         divers domaines couverts par les quatre
découpage des acquisitions de connaissances               représentants de la fonction de nommer.            séries, soit la langue française, la littérature
et orthographiques et syntaxiques pour chacune               Le résultat en est un manuel somme toute        québécoise et française, le cinéma, l'histoire,
des classes.                                              assez complet de toutes les questions que          la géographie, la musique, le sport, la politi-
   Il existe peu ou prou d'ouvrages de référence          l'on peut voir surgir à l'occasion de l'applica-   que, les sciences naturelles et même les
aussi pertinents que celui-ci concernant la gram-         tion pédagogique de l'enseignement du lexi-        mathématiques.
maire au secondaire et il suffit de l'éprouver sous       que. Car ce n'est point là la moindre qualité de      Les questions sont de difficultés diverses,
divers aspects pour se rendre vite compte que             cette étude que d'être une mine de mille heu-      et donc de pointages variés, allant des cartes
sa conception révèle une intelligence aiguë de            reuses trouvailles, tant dans ses graphiques       jaunes, les plus faciles, aux cartes bleues, les
la problématique de l'enseignement du français.           que dans ses formulations, en ce qui concer-       plus difficiles, passant par les cartes rouges,
   Dans l'avant-propos, on prétend que le Petit           ne la pédagogie appliquée de la lexicologie,       de difficulté moyenne et les cartes orange,
Code est un instrument complet; il l'est. Qu'il est       et quel que soit par ailleurs le niveau de l'en-   qui portent sur les questions de la langue. A
simple; en effet, remarquablement simple et               seignement (pour tout dire, en vérité: de          ces cartes de jeu proprement dites on a joint
clair. Qu'il est facile à consulter; tout à fait. Qu'il   l'élémentaire à l'université).                     des cartes blanches- Quefais-je»? «compre-
est utile; il y a gros à parier que chaque profes-           À recommander, en conséquence, aux pro-         nant des consignes diverses telles celles
seur qui l'aura en main en fera définitivement            fesseurs de français de tous niveaux. L'au-        d'ajouter ou d'enlever des points, de sauter un
son vade-mecum.                                           teure. qui avait déjà fait ses preuves avec de     tour. Leur formulation, à l'égal de tout le jeu,
   S'il est vrai que les enseignants n'ont pas fini        nombreux travaux savants de lexicologie           ne manque pas d'humour (cf. le professeur
d'épuiser les ressources du Petit Code, ce n'est           hautement spécialisée, vient de nous donner       d'économie K Mart (sic), spécialiste en éco-
pas à eux que les auteurs s'adressent dans leur            avec ce manuel non seulement un livre              nomie marxiste).
avant-propos mais bien aux élèves qui, pour tou-           attendu mais sans aucun doute le plus beau et        Le Docte Rat se joue individuellement ou
tes ces raisons et bien d'autres encore, en tire-          le plus utile de sa carrière.                      par équipes. Il permet de confronter, avec le
ront grand profit lors de leurs productions.                                     Jean-Marcel PAQUETTE         sourire, ses connaissances générales à celles
                                                                                                              desesamis.de rafraîchir sa culture, celle qui
                                 Jacques OSTIGUY                                                              reste quand on a tout oublié...
                                                                                                                                          Monique LEBRUN
                                                          le docte rat
nous enseignons la littérature                             Les productions Ludica Inc.,
Association française des enseignants de                   Montréal, 1986.                                   \1\/
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