TROISIÈME CRISE AVIAIRE, TOUJOURS LES MÊMES ERREURS ! - MODEF
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Fruits et légumes / 1 Mensuel d’information agricole, syndicale et professionnelle C R I S E A V I A I R E , TROISIÈME L E S M Ê M E S E R R E U R S ! TOU J O U R S 4 / L’appel des 300 8-9 / Grippe aviaire : le coupable n’est pas l’élevage plein-air 10/ Lettre ouverte au Gouvernement ➞ Janvier 2021 - N° 714 - 3 E
2 / Sommaire - Édito ✓ ÉDITORIAL Vœux du Président page 2 VŒUX DU PRÉSIDENT ✓ LE FAIT DU MOIS Les aides animales page 3 L’année 2020 sera ancrée dans les mémoires sans aucun doute. Jamais la planète n’a été pri- ✓ DOSSIER EXPLOITANT vée de liberté de cet ordre-là. Un virus transmis L’appel des 300 à l’homme par un animal sauvage n’est pas une pages 4-5 première, c’est même monnaie courante. Mais là il s’agit d’autre chose, les virus évoluent aussi ✓ PORTRAIT D’AGRICULTEUR avec l’environnement et l’impact de l’homme sur Jeune viticulteur du Mont Ventoux page 6 la planète y est pour quelque chose. Trop agres- Pierre THOMAS sée, la nature se rebiffe et corrige les choses à sa ✓ NÉGOCIATIONS manière. COMMERCIALES Négociations commerciales : encore une La mondialisation des échanges, quelles qu’en soit les conséquences, trahison du Président MACRON page 7 est responsable de cette pandémie planétaire. La gestion de celle-ci, assez aléatoire, a mis à mal cette économie mais aussi notre santé gé- ✓ SYNDICALISME nérale. Le monde agricole a été lourdement impacté par ce COVID. Grippe aviaire : le coupable n’est pas Si certains ont pu s’en sortir pas trop mal, pour beaucoup ce fut une l’élevage plein-air, mais l’industrialisation réelle catastrophe avec des baisses de prix et méventes importantes. des filières volailles Évidemment des aides ont été annoncées, mais non seulement elles pages 8-9 n’ont pas répondu aux besoins mais elles ont été surtout inacces- ✓ SYNDICALISME sibles pour ceux dans le besoin. Lettre ouverte au Gouvernement Invitation à la Commission Viticole Nous sommes en pleine négociation de la Politique Agricole Com- page 10 mune (PAC), celle-ci devrait répondre aux défis sociétaires, per- mettre une Agriculture nombreuse et répartie sur l’ensemble du ter- ✓ SYNDICALISME ritoire. Le MODEF se doit d’avoir comme objectif de mettre l’être Pour un assouplissement des sanctions humain au centre de nos préoccupations. Lors du dernier Conseil MSA page 11 Supérieur d’Orientation (CSO) sur la PAC, des orientations bien di- vergentes se dessinent avec deux visions agricoles. L’une compétitive, ✓ NÉONICOTINOÏDES répondant aux besoins de l’agroalimentaire et l’autre, répondant aux Les néonicotinoïdes dangereux pour besoins des paysans, des consommateurs et aux objectifs d’avenir de les abeilles notre société. page 12 Mais nous savons bien que rien ne peut changer sans une réflexion importante et une mobilisation déterminée. ✓ ÉDITIONS RÉGIONALES pages 13-14 Jamais rien n’est venu améliorer la vie des gens sans l’intervention de la population et c’est donc dans ce cadre, où nous devons être à l’offensive, que je vous présente les meilleurs vœux du MODEF pour ✓ EN BREF cette nouvelle année. page 15 Mensuel d’information agricole, Publicité : Imprimerie : syndicale et professionnelle Comédiance - 5, rue Pleyel, Immeuble Calliope Rivet Presse Edition - 87000 LIMOGES édité par la société d’Édition de l’Exploitant Familial BP 229 - 93523 SAINT-DENIS cedex Commission paritaire n° 1218T83968 et autres presses du MODEF N° ISSN 0755 - 284X SARL au capital de 10 000 € Tél. 01 49 22 74 34 Directeur de la Publication, et Gérant : Rédaction et Administration : 14, boulevard d’Aquitaine BP 70316 Jean-Luc LAROCHE 16008 ANGOULÊME CEDEX Tél. 05 45 91 00 49 ou 05 17 20 35 88 Rédacteur en Chef : Abonnement 1 an : 25 € exploitant.familial@modef.fr Alexis VANYPRE Exploitant familial n° 714 / Janvier 2021
Le fait du mois / 3 LES AIDES ANIMALES Pour les prochaines aides Telepac est ouvert depuis le 1 janvier pour le dépôt des demandes d’aides er PAC il sera nécessaire d’avoir animales pour la campagne de 2021. Tout retard dans la demande de ces aides un numéro SIRET. entraîne une pénalité de 1 % par jour ouvré sur le montant de l’aide. Faites vos démarches ! Aides aux Bovins Allaitants (ABA) 8 mois n’ayant jamais vêlé), dans la limite Une aide complémentaire de 6 €/brebis de 30 %. est attribuée aux nouveaux producteurs Les demandes d’ABA doivent être dépo- qui ont lancé leur activité entre le 1er fé- sées avant le 17 mai 2021 inclus. Aides aux Bovins Laitiers (ABL) vrier 2018 et le 31 janvier 2021. Le montant de l’aide est estimé à : L’ABL est ouverte aux producteurs de lait Pour l’aide caprine, il faut détenir au mini- 161 €/vache, pour les 50 premières ayant livré entre le 1er avril 2020 et le 31 mum 25 chèvres éligibles. vaches, mars 2021. La demande doit être déposée Son montant pour 2021 est estimé à 117 €/vache de la 51e à la 99e, avant le 17 mai, comme l’ABA. 16 €/chèvre. En zone de montagne, l’aide est plafon- Les animaux sont éligibles selon les 59 €/vache de la 100e à la 139e. née à 30 vaches et son montant estimé mêmes critères que les ovins. La transparence des GAEC s’applique. à 75 €/vache. Hors zone de montagne, l’aide est plafon- Aide aux Veaux Sous La Mère Seuls les éleveurs détenant au moins 1 née à 40 vaches pour un montant estimé (VSLM) 0 UGB de vaches ou brebis ou chèvres, à 37 €/vache en 2021. dont au moins 3 vaches éligibles, peuvent La transparence des GAEC s’applique. Les demandes d’aides VSLM doivent être demander l’ABA. Le nombre d’UGB s’ap- déposées avant le 17 mai 2021. précie à la date de la demande, dans la Aides ovines et caprines Le montant de l’aide est estimé à 48 €/ limite du 17 mai pour les dépôts tardifs. veaux et 67 €/veau en label AB. Les demandes d’aides ovines et caprines Il est demandé un ratio minimal de pro- doivent être effectuées avant le 1er fé- ductivité, fixé à 0,8. Il est calculé à partir vrier 2021 inclus. Les producteurs éligibles doivent avoir du nombre de veaux nés pendant les 15 Le montant de l’aide ovine pour 2021 est produit et abattu des veaux sous la mère mois précédant la période de détention estimé à 21 €/brebis. sous label rouge ou Indication Géogra- obligatoire et maintenus en moyenne au phique Protégée et être adhérents à moins 90 jours sur l’exploitation. Pour l’aide ovine de base, il faut détenir un organisme de défense et de gestion au moins 50 brebis. Les animaux éligibles (ODG) éligible ou des veaux sous la mère Les nouveaux producteurs peuvent inté- sont les femelles présente du 2 février au certifiés bio ou en conversion en 2020 et grer 20 % de génisses dans les effectifs 12 mai inclus et qui, au plus tard le 12 mai être engagés en Agriculture Biologique au primables. Pour les autres producteurs, 2021, ont mis bas au moins une fois ou cours de l’année 2020. des vaches peuvent être remplacées par sont âgées d’au moins un an. Le ratio de des génisses éligibles (femelles de plus de productivité demandé est de 0,5. Alexis VANYPRE Exploitant familial n° 714 / Janvier 2021
4 / Dossier Exploitant L’APPEL DES 300 A l’heure où les rumeurs d’un reconfinement partiel, courent, il semble pertinent de relayer un appel lancé par trois cents universitaires, scientifiques, professionnels de la santé, du droit, de l’éducation et du social, ainsi que des artistes, à la suite de l’imposition du deuxième reconfinement. « Le confinement constitue un remède pire que le mal publique France, il y a eu 292 morts à l’hôpital le 27 octobre, pour la société française » contre 257 la veille (le 26) et 244 (en baisse, donc) le 28. Mais l’on ajoute les morts en Ehpad qu’une fois tous les quatre jours C’est un secret de polichinelle : le reconfinement était envisagé en les cumulant. Prétendre compter les morts quotidiens ce depuis l’été dernier. La stratégie de communication du ministère jour-là revient donc à gonfler artificiellement les chiffres. Et c’est de la Santé s’est déployée autour de cette perspective depuis étonnamment ce qui s’est passé la veille de l’allocution annon- plus de deux mois, de façon à le faire accepter par la majorité de cée du président de la République, qui a repris à son compte ce la population le jour J. Les médias mainstream lui ont fourni une chiffre faux. Est-ce un détail ? Non, ce n’est hélas qu’un exemple aide décisive. Ils sont le relais et l’instrument privilégiés de cette parmi beaucoup d’autres. communication. Et force est hélas de constater qu’ils jouent très bien le rôle qui leur a été assigné. S’appuyant mécaniquement sur les chiffres, cette communication consiste à ne s’intéresser Une deuxième vague prétendue « plus terrible encore qu’aux indicateurs les plus alarmants, en les changeant au fil du que la première » temps si celui qu’on utilisait ne permet plus d’envoyer le mes- C’est le président du « Conseil scientifique » (M. DELFRAISSY) sage espéré. Et si un indicateur a une évolution en dents de scie, qui le disait il y a quelques jours : arriverait une deuxième vague la communication se fait uniquement les jours où les chiffres « plus forte encore que la première » et nous serions déjà dans augmentent. Il n’y a qu’un seul message possible. « une situation critique ». Ce genre de prédiction catastrophiste Avant-hier, 27 octobre, la manipulation a encore opéré. La tota- constitue une manipulation d’un conseil qui n’est pas scienti- lité des médias a titré sur les prétendus 523 morts : « Du jamais fique, mais politique. Rien ne permet non plus d’affirmer que, vu depuis le confinement ». Or ce chiffre était faux. Selon Santé sauf confinement, « d’ici quelques mois, c’est au moins 400 000 Exploitant familial n° 714 / Janvier 2021
Dossier Exploitant / 5 morts supplémentaires à déplorer », comme l’a pourtant prétendu La vie sociale amputée, la démocratie en péril hier soir le président de la République. Enfin, il est également faux de dire que nous ferions simplement comme tous nos voi- La vérité est que le confinement (qui sera peut-être prolon- sins européens. À ce jour, seuls l’Irlande et le Pays de Galles ont gé au-delà du 1er décembre) crée bien plus de problèmes qu’il reconfiné la totalité de leur population. n’en résout. Son bilan mondial n’est associé à aucune réduction mesurable de la mortalité, tandis que son principal résultat ob- Il serait urgent de revenir à la raison. Selon les chiffres de Santé servable est d’abord de mettre au chômage des centaines de publique France, sur les près de 15 millions de tests effectués milliers et peut-être demain des millions de personnes, surtout à ce jour, 93 % sont négatifs. Et, parmi les 7 % restant de la po- évidemment parmi les plus fragiles (emplois précaires, CDD, in- pulation testée positive, plus de 85 % ont moins de 60 ans ; il térim, personnes payées à la prestation, saisonniers, etc.), et de s’agit donc essentiellement de personnes qui ne risquent pas de menacer de disparition la plupart des petites entreprises, sou- faire une forme grave de la maladie. Au final, moins de 1 % de la vent familiales, autres que les commerces de bouche, dont l’ac- population est donc « à risque » et c’est uniquement elle qu’il tivité quotidienne est la seule source de revenu. Gageons que faut protéger. les très grands groupes s’en satisferont, car ils les rachèteront sans doute demain. Autre façon de le dire : au cours de la période récente (entre le 1er septembre et le 20 octobre, jour où nous avons fait ce calcul), Ces mesures de confinement ont ensuite pour effet d’amputer 7 621 098 personnes ont été testées. Sur cette même période, la vie sociale de la plupart des liens sociaux autres que fami- 38 100 individus ont été hospitalisés (0,5 %) et 6 593 ont été liaux. Un certain style de vie et de pensée embourgeoisé s’en admis en réanimation (0,09 %) avec un test positif au Covid. En satisfaisait certes au printemps dernier, chaque enfant ayant sa d’autres termes, depuis le 1er septembre, sur cet énorme échan- chambre pour vivre son intimité, son ordinateur pour rester en tillon de la population de 7,6 millions, la probabilité moyenne contact avec l’école et son smartphone avec forfait illimité pour pour un individu lambda (sans distinction d’âge ou de comorbi- échanger en permanence avec ses amis, les parents faisant du dité) de ne pas être hospitalisé est de 99,5 % et celle de ne pas télétravail, sortant chaque jour faire leur footing dans des rues être admis en réanimation est de 99,91 %. Justifier le reconfi- et des espaces verts « où on entendait de nouveau les oiseaux », nement de 67 millions de Français sur cette base s’appelle un et se faisant livrer des repas à domicile s’ils avaient la flemme de délire. faire à manger ou la peur d’aller se mêler à la populace dans un supermarché. Mais de quelle proportion de la population cette Hier, le 28 octobre, 3 045 personnes étaient en réanimation. vie est-elle le quotidien en confinement ? Qui ne voit que le Comment parler de saturation lorsque l’on se souvient que, fin confinement fait exploser les inégalités sociales, les échecs sco- août, le ministre de la Santé annonçait 12 000 lits disponibles si laires, les violences intrafamiliales, les troubles psychologiques et besoin (quatre fois plus donc). Où donc sont ces lits ? les renoncements au soin ? Qui ne sait qu’il entraîne déjà dans On dit alors : « Oui, mais l’hôpital est submergé par le Covid. » d’autres pays des soulèvements et des émeutes de la faim ? Et Manipulation encore, pour trois raisons. D’abord, les tests ayant qui comprend que les oiseaux ont bon dos et que ces petits été généralisés depuis juillet, toute personne entrant à l’hôpital moments de répit procurés par la panique des humains ne sont porteuse d’une trace du Covid est comptée comme un « hos- rien au regard de leur lente extinction ? pitalisé Covid », même si elle vient en réalité pour son cancer Quant à la démocratie, elle est mise sous cloche par l’état d’ur- ou son hypertension. Et c’est la même chose si elle entre en gence permanent et le confinement. Qu’est-ce qu’une démo- réanimation ou si elle décède. Ensuite, si les chiffres de l’hospi- cratie sans liberté d’aller et venir, de se réunir et de manifes- talisation et de la réanimation augmentent bel et bien, cela n’a ter ? Qu’est-ce qu’une démocratie où il n’y a quasiment plus rien d’exceptionnel : c’est au contraire ce qui se produit chaque personne dans les hémicycles des assemblées parlementaires ? année à la même époque (automne-hiver), mais que l’on fait Qu’est-ce qu’une démocratie où la justice est paralysée faute semblant d’avoir oublié. Un Alzheimer généralisé s’est-il emparé de pouvoir audiencer ? Qu’est-ce qu’une démocratie où, finale- de nos politiques et des journalistes ? Faut-il rappeler qu’en jan- ment, il n’y a plus qu’un pouvoir exécutif ? Qu’est-ce qu’une dé- vier 2020, à la veille de la crise du Covid, 1 000 médecins, dont mocratie où tout ceci s’impose par la peur et la culpabilisation, 600 chefs de service des hôpitaux, avaient menacé de démis- voire la censure et la mise en accusation de quiconque refuse sionner pour dénoncer « un hôpital public qui se meurt » ? Enfin, d’y céder ? il y avait hier, le 28 octobre, 3 045 personnes en réanimation. Chacun, en conscience, tirera les conséquences qu’il veut de Comment parler de saturation lorsque l’on se souvient que, fin tous ces dramatiques constats. Nous n’appelons pas à la révo- août, le ministre de la Santé annonçait 12 000 lits disponibles si lution et nous ne faisons pas de politique partisane. Mais nous besoin (quatre fois plus donc). Où donc sont ces lits ? voulons dire que nous en avons plus qu’assez qu’on nous de- La vérité est que les gouvernements ne veulent pas investir dans mande de nous comporter comme les moutons de Panurge, l’hôpital public où l’on maltraite les professionnels et où l’on a au nom d’un principe de précaution totalement dénaturé et perdu près de 70 000 lits en quinze ans, lors même que la méde- d’interprétations statistiques relevant de la manipulation. Nous cine de ville est saturée et que les services d’urgence voient leur réclamons qu’on en finisse avec cette panique sanitaire, qu’on fréquentation augmenter d’année en année. Oui, l’hôpital est en donne aux soignants les moyens de remplir leurs missions de tension, mais ce n’est pas fondamentalement à cause du Covid ! santé publique, qu’on cesse de violenter des pans entiers de la C’est essentiellement à cause de la maltraitance politique dont société et qu’on sorte de cet état d’urgence permanent pour ce service public est l’objet de manière générale depuis plus bâtir démocratiquement une politique sanitaire consensuelle. de vingt ans, et tout particulièrement depuis que les politiques y ont introduit comme partout une politique du chiffre et de La liste complète des signataires est à retrouver sur le site de Mé- la rentabilité inspirée du management des grandes entreprises. diapart : https://blogs.mediapart.fr Exploitant familial n° 714 / Janvier 2021
6 / Portrait d’agriculteur JEUNE VITICULTEUR DU MONT VENTOUX Simon TRIBOULET est un jeune viticulteur de 33 ans sur la commune de Bedoin dans le Vaucluse. Il exploite une petite vingtaine d’hectares de vigne qu’il porte à la cave coopérative VMV LES VIGNERONS DU MONT VENTOUX, en AOC Ventoux. Parcours scolaire et installation sanitaire n’a pas eu d’incidence trop importante sur la vente en Dès ses 16 ans il rentre au Lycée Viticole d’Orange où il a eu bril- bouteilles. lamment son BEP et BAC PRO de Conduite et Gestion des Ex- Une faible quantité du vin a été mis à la distillation. Toutes les appel- ploitations Agricoles. Il s’installe en 2009 sur l’exploitation familiale, lations du secteur se sont maintenues, contrairement aux Côtes du remplaçant sa mère qui part en retraite. Ses parents avaient diffé- Rhône qui ont subi une perte d’environ 30 € par hectolitre. rentes cultures : raisins de table, raisins de cuve et cerisiers mais Simon, petit à petit, n’a conservé que de la vigne de cuve. La cave coopérative valorise trois cuvées de sélection terroir nom- mées ALTITUDE : 400, 450 et 500, réunissant deux cépages : le Grenache et le Syrah. Leurs noms viennent des parcelles se trou- Vendanges 2020 et situation par rapport au COVID vant jusqu’à 500 mètres d’altitude sur les pentes du Mont Ventoux, Depuis quelques années, les agriculteurs du secteur sont confrontés « notre Géant de Provence ». Simon a quant à lui des terres situées aux aléas climatiques et subissent des pertes de récolte récurrentes. à 450 et 500 mètres d’altitude. Depuis 2016, les hivers sont tellement doux que le gel de mars et/ou avril frappe tous les secteurs. Simon a notamment été très Parcours syndical impacté par le gel en 2017, année très difficile car il a perdu 45 % Simon est très engagé dans sa vie professionnelle. Au sein de sa de sa récolte. Les sécheresses sont de plus en plus longues et les coopérative il est coopérateur depuis 2009 mais également admi- températures de plus en plus élevées. nistrateur depuis 2010. Pour 2020, vu qu’en janvier et février les températures étaient Simon, après son père et son grand-père, est adhérent du MODEF. douces, le gel subi en mars a abîmé une partie des bourgeons. Son grand-père était présent dès la création du syndicat dans le Pour autant, malgré un volume en baisse par rapport aux autres Vaucluse. Simon a été Président de la Fédération Départemental années, la vendange était saine et de bonne qualité dans l’ensemble. des Jeunes du MODEF de 2012 à 2018. Il est membre du Bureau Le rendement moyen sur la cave est de 42 hectolitres à l’hectare. départemental depuis ses débuts et Vice-Président du MODEF du Concernant les ventes 2020, malgré le confinement, Simon n’a pas Vaucluse depuis 2014. Il est aussi membre du Comité Directeur et eu de perte significative. La cave ne travaille pas ou peu à l’export ce depuis 2015. mais surtout avec les grandes surfaces, ce qui fut cette année un avantage important pour garder les volumes de ventes. La crise Yasmine SEFRANI Exploitant familial n° 714 / Janvier 2021
Négociations Commerciales / 7 NÉGOCIATIONS COMMERCIALES : ENCORE UNE TRAHISON DU PRÉSIDENT MACRON L’année 2020 s’est terminée par des prix agricoles en baisse. Ces baisses ont surtout touché la viande porcine et les œufs. Malgré cela, la grande distribution met une pression terrible sur les PME de l’agroalimentaire, exigeant d’elles des baisses de prix de 4% en moyenne pour être référencées en magasin pour 2021. La promesse faite par Emmanuel MACRON, à Rungis le 11 octobre 2017, de fixer les prix agricoles prix en tenant compte des coûts de production n’est toujours pas tenue. Depuis le mois de septembre 2020, le prix des œufs payés aux pro- ducteurs a baissé en France 31,6 % alors que ceux des aliments servis aux pondeuses sont en hausse de 16 %. Sur le marché au cadran de Plérin, le prix du kilo de carcasse de porc stagne à 1,20 €, contre 1,67 € un an plus tôt. Mais le prix de la tonne de tourteaux de soja est passé de 322 € en juillet 2020 à 450 € le 5 janvier 2021. Le prix du lait comme celui de la viande bovine n’augmente pas alors que les coûts de production sont en hausse après deux étés de sécheresse. Mais qu’est alors devenue la promesse du Président MACRON ; lequel déclarait dans le discours prononcé à Rungis le 11 octobre 2017 pour préparer la loi EGALIM : « Nous modifierons la loi pour inverser cette construction du prix qui doit pouvoir partir des coûts de production ». Sitôt cette phrase prononcée, il ajoutait : « Mais cette nouvelle approche ne saurait suffire parce qu’elle ne sera efficace que si les agriculteurs se regroupent en organisations de producteurs pour peser dans la négociation en tirant profit des possibilités du droit de la concur- rence ». Du coup, la Loi EGALIM votée un an plus tard par les par- lementaires de la majorité présidentielle n’a pas permis d’améliorer dont celles révélées par le bulletin d’information de Culture Viande le revenu des paysans. Car les distributeurs importent plus que de publié par l’Interprofession le 30 novembre 2020 confirmant, suite besoin pour faire chuter les prix de marché en France. aux fermetures d’abattoirs outre Rhin pour cause de coronavirus Quand les distributeurs étranglent aussi que cette compétitivité de l’élevage allemand provenait de « l’em- ploi massif et continu dans les abattoirs allemands des sous-traitants les transformateurs venus des pays de l’Est, employés dans des conditions de travail et Dans la mesure où ils négocient les prix chaque année entre no- d’hébergement innommables ». vembre et février inclus avec les grandes surfaces, les transforma- teurs de l’industrie agro-alimentaire sont également soumis à la Ce qu’écrivait MACRON dans le rapport de la pression des distributeurs. C’est ce que révélait un Communiqué Commission ATTALI de l’Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA) daté Pour comprendre comment raisonne Emmanuel MACRON en du 18 décembre 2020 dont voici un extrait : fonction des intérêts qu’il choisit de défendre, il faut remonter aux « Plus de 2 ans après la promulgation de la Loi EGALIM et deux années 2007-2008. Il fut chargé par Jacques Attali de rédiger un rap- mois après le début officiel des négociations commerciales avec la port afin d’élaborer la Loi de Modernisation économique (LME) que grande distribution, les demandes de baisse des prix sont encore Michel Edouard LECLERC avait demandée au Président SARKOZY systématiques à coups de menaces et de déréférencements, de de- dès son élection en 2007. Dans un rapport de 230 pages, destiné à mandes d’avantages financiers sans contrepartie sur la base des ta- piller les paysans en faisant baisser les prix au départ de la ferme, rifs de l’année précédente alors que la santé financière des TPE-PME Emmanuel MACRON osa écrire : s’est profondément détériorée et que les coûts de transformation « La « revente à perte » (mise entre guillemets, ndlr) n’est en gé- se sont particulièrement redressés en 2020 pour les entreprises ali- néral qu’un prix de connivence entre certains producteurs et cer- mentaires (98 % de TPE-PME). Dans ce contexte, le secteur a perdu taines grandes surfaces (…) Il convient d’instaurer la liberté des 7 points de marge depuis 2017 et l’investissement a lourdement négociations entre distributeurs et fournisseurs (…) La liberté chuté (-67 %) ». contractuelle permettra aux fournisseurs de vendre à des prix dif- férents à chaque distributeur ». Les leçons d’un Président hors-sol à l’adresse Cette mission lui fit prendre la lumière et lui permit ensuite de des éleveurs se faire embaucher par la banque Rothschild pour s’occuper des La loi EGALIM a été votée durant l’automne 2018, un an après fusions-acquisitions. Il y percevra jusqu’à 142 fois le SMIC mensuel le discours de Rungis. Elle n’a donné que des résultats marginaux entre son salaire et ses primes, au point de payer l’Impôt de Solida- sur quelques produits de qualité. Depuis, le Président MACRON a rité sur la Fortune (ISF) en 2012, impôt qu’il fera supprimer une fois surtout fait la leçon aux paysans, quitte à montrer son incompé- devenu Président de la République en 2017. tence sur des dossiers qu’il ne maîtrise pas. L’Express du 26 no- Voilà aussi pourquoi la loi EGALIM, votée en octobre 2018, n’a pas vembre dernier rappelait les propos qu’il tenait devant ces éleveurs conçue pour contrarier les exigences de Leclerc, de Carrefour et de porcs sur le Salon de l’Agriculture en février 2019. À l’époque, des autres. Même la nomination récente de Serge PAPIN, ancien la viande porcine française perdait des débouchés face à la viande patron de Système U comme « monsieur loyal » pour favoriser le allemande et le chef de l’État disait à ses interlocuteurs d’un jour : dialogue n’y changera pas grand-chose en dépit de sa probable sin- « vous vendez plus cher alors que la qualité de vos bêtes n’est pas cérité sur la nécessité de mieux rémunérer les paysans. supérieure, vous n’allez pas vous en sortir, prenez-vous en main ». Disant cela, il occultait les distorsions de concurrence en Europe, Gérard LE PUILL Exploitant familial n° 714 / Janvier 2021
8 / Syndicalisme GRIPPE AVIAIRE : LE COUPABLE N’EST PAS L’ÉLEVAGE PLEIN VOLAILLES Trois ans après la dernière crise sanitaire liée à la diffusion sont retardés et les abattages préventifs génèrent des du virus H5N8, nous assistons à la même incapacité d’af- déplacements d'animaux, donc les abattoirs sont réquisi- fronter les raisons structurelles de ce désastre. tionnés, ce qui accélère la diffusion du virus. Par ailleurs, la base de données avicoles n'est pas partagée. Ce manque de Depuis les années 2000, les volumes de production n'ont transparence et de capacité de gestion collective empêche cessé d’augmenter. Dès lors que le virus de l'influenza aviaire de proposer une stratégie sanitaire fine et consensuelle. circule, sa diffusion devient inévitable, comme le démontre la charge virale extrêmement élevée dans le sud-ouest. Enfin, les indemnités ne doivent pas servir à relancer la fi- lière industrielle, comme c'était le cas lors de la crise pré- L’autre conséquence de cette course aux volumes a été cédente, mais bien à sauver les élevages dans une perspec- la segmentation de la produc- tive de changement structurel de tion, générant des flux incessants d’animaux vivants.Visiblement, les « Le plein-air devient l’organisation de la production de volailles. Les indemnisations promesses de rapprocher zones le bouc émissaire » ne doivent pas faire payer à l’État d’élevage et zones de gavage et aux contribuables les erreurs n’ont pas été tenues. Cette organisation booste la circula- de la filière industrielle. tion et donc la diffusion du virus. Le MODEF, soutenu par la Confédération Paysanne, pro- Rien n’a été fait pour relocaliser la production, réduire la pose en conséquence une autre stratégie : densité dans les territoires comme la Chalosse ni dévelop- per les productions de qualité. À l'inverse, la claustration - Gérer en priorité les foyers en abattant sur site car est devenue le remède à tout. Cette solution ne fonctionne les déplacements vers les abattoirs accroissent le risque pas. Au contraire, imposée comme pensée unique, elle est de contamination. utilisée pour cibler les petits éleveurs et les menacer de ne - Interdire les déplacements de tout palmipède vivant dans pas être indemnisés ; alors que ce sont les orientations des une zone très large. Pour les Gallus, autoriser la sortie de grands acteurs économiques qui sont en cause. produits avicoles et d’animaux à abattre uniquement loca- Alors, que proposent l’ANSES et le Ministère ? Courir après lement. le virus, en multipliant les abattages et en ciblant le plein- - Dans certaines zones où la situation est intenable : dépeu- air ! Alors qu’il n’y a aucune preuve que les contaminations pler les élevages de PAG en les valorisant en filière viande et à ce stade proviennent de la faune sauvage, au contraire, étudier la possibilité d’abattre sur place les animaux jeunes. les foyers chez les oiseaux migrateurs tendent à baisser. Le - Pour les élevages autarciques sains, dans les zones peu plein-air devient le bouc émissaire. denses, permettre la fin des lots, étant donné le non-dépla- Cette stratégie est vouée à l’échec : les abattages des foyers cement des animaux. En zone dense, évaluer la possibilité en fonction de l’éloignement des foyers. - Indemniser les pertes en se basant sur la comptabilité de chaque élevage. Il est indispensable d’agir sur les causes structurelles : en relocalisant la production de volailles, afin de limiter les déplacements d’animaux vivants et en réduisant la densité par exemple en pla- fonnant le nombre de palmi- pèdes à 3200 par exploita- tion dans la filière industrielle en période à risque. Notre organisation syndicale ne restera pas les bras croi- sés devant autant de mépris du travail des éleveurs et d'injustice. Exploitant familial n° 714 / Janvier 2021
Syndicalisme / 9 N-AIR, MAIS L’INDUSTRIALISATION DES FILIÈRES CHRONOLOGIE DE LA CRISE RÉTROSPECTIVE DES ACTIONS AVIAIRE SYNDICALES Le 9 avril 2020 : La situation épidémiologique de l’IAHP En amont : Action autour de l’instruction tech- en Europe de l’Est continue d’évoluer en Hongrie notam- nique concernant la dérogation « plein air » ment, où 68 foyers, dont 2 primaires et 66 secondaires, ont été déclarés depuis le 25 mars 2020 dans une zone très Le 13 novembre : Premier courrier-note à la DGAL au densément peuplée en élevages de volailles. sujet des conditions d’éligibilité à la dérogation (nombre Le 19 octobre 2020 : En Allemagne, un foyer d'IAFP dans d’animaux et mesures de biosécurité renforcées) envoyé un élevage a été déclaré le 14/09/2020. En France : Appel à par le MODEF et la Confédération paysanne. une grande vigilance. Pendant l’épizootie IAHP 2020-2021 Le 26 octobre : Passage du niveau de risque « avifaune » de « négligeable » à « modéré » en France. Le 21 décembre : Participation à une 1re visio conférence organisée par la préfecture des Landes à 17 h où apparaît Le 5 novembre : Passage du niveau de risque de “modé- l’idée d’abattage au-delà des foyers. ré” à “élevé” dans les départements situés dans les deux principaux couloirs migratoires traversant le territoire, Le 22 décembre : Note à la DGAL + Préfecture pour dont le département des Landes. demander des analyses en amont des abattages afin de ne Le 16 novembre : Confirmation du premier foyer d'in- pas éliminer des animaux sains. fluenza aviaire hautement pathogène (IAHP) détecté en Le 23 décembre : Participation à la réunion du CNOP- Haute-Corse. Il sera suivi d’un foyer dans les Yvelines (lié à SAV pour émettre un avis sur le 1er arrêté d’abattage pré- celui de Haute-Corse). ventif (11 communes landaises). Le 6 décembre : Suite à une suspicion forte d'influen- za aviaire dans un élevage à Bénesse-Maremne (morta- Le 24 décembre : Participation à la 2nde réunion visio lité + résultat H5 positif au laboratoire local), une zone Préfecture à 9 h 30. de contrôle temporaire (ZCT) est prise immédiatement Le 24 décembre : Organisation d’une conférence de (15 communes du Sud-ouest du département). presse à Castelnau-Chalosse à 11 h qui lance l’appel à une Le 9 décembre : Nouveau foyer à St Geours de Ma- manifestation commune MODEF-Confédération paysanne remne (même secteur). à Mont de Marsan autour du mot d’ordre « Stop à l’abat- Le 13 décembre : Nouveau foyer à Angresse (même sec- tage d’animaux sains ». teur). Le 26 décembre : Manifestation commune MO- Le 19 décembre : Fortes suspicions qui seront confir- DEF-Confédération paysanne à Mont de Marsan avec mées à Sort en Chalosse et Bergouey (Chalosse). 150 participants. Le 23 décembre : Arrêté autorisant les abattages pré- ventifs dans 11 communes landaises. Deux délégations sont reçues : Une à la préfecture et l’autre avec les parlementaires de gauche + CD 40 Le 24 décembre : 17 foyers en élevage recensés en France dont Corse et Haute Corse, Yvelines, Landes (7), Le 28 décembre : Courrier MODEF-Confédération pay- Vendée et Deux-Sèvres. Forte suspicion en Hautes-Pyré- sanne à la DGAL+ Anses et Communiqué de Presse pour nées (qui sera confirmée). demander de « Ne pas rééditer les erreurs du passé ». Le 28 décembre : Arrêté autorisant les abattages pré- Le 30 décembre : Participation aux deux réunions orga- ventifs dans une centaine de communes landaises et nisées par les Préfectures des Landes et Pyrénées-Atlan- 5 communes limitrophes des Pyrénées-Atlantiques. tiques. Le 29 décembre : 21 foyers en élevages. Le 31 décembre : Diffusion dans les réseaux MODEF Le 30 décembre : La Préfecture des Landes annonce et Confédération d’un courrier type destiné aux DDPP/ 12 foyers confirmés dans les Landes et 34 suspicions. DDCSPP pour rappeler nos positions et leur demander Le 31 décembre : Arrêté autorisant les abattages pré- des rendez-vous. ventifs dans 118 communes landaises et 15 communes des Pyrénées-Atlantiques. Le 31 décembre : Réunion téléphonique MODEF-Confé- 1er janvier 2021 : 61 foyers confirmés dont 48 dans les dération à 11 h avec le Cabinet du Ministre de l’Agricultu- Landes. re, la DGAL et l’ANSES + Communiqué de Presse natio- nal commun MODEF-Confédération paysanne à la sortie Le 4 janvier : Fortes suspicions au Nord de la zone lan- « Passer à une autre stratégie sanitaire ». daise (Saint-Yaguen), dans le Gers (Sainte-Christie d’Arma- gnac) et dans les Pyrénées-Atlantiques (à Baigts-de-Béarn Le 5 janvier : Nouvelle conférence de presse commune et Navarrenx). MODEF-Confédération paysanne à Doazit. Exploitant familial n° 714 / Janvier 2021
10 / Commissions LETTRE OUVERTE AU GOUVERNEMENT À la suite de la Commission Fruits et Légumes du 9 décembre, une lettre ouverte a été envoyée au Président de la République, au Premier Ministre ainsi qu’au Ministre de l’Agriculture. Les membres de la Commission ont voulu, par cette lettre, alerter le gouvernement sur la situation difficile que traverse l’ensemble des agriculteurs et dénoncer une nouvelle fois la concurrence déloyale que subit la filière Fruits et Légumes. INVITATION À LA COMMISSION Monsieur le Président de la République Monsieur le Premier Ministre VITICOLE Monsieur le Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Chèr(e)s Collègues, Angoulême, Le 16 décembre 2020 Le MODEF vous invite à participer Objet : La santé des français mérite une transparence sur les étals à sa Commission Viticole par vi- sioconférence et téléphonique qui Messieurs, le Prédisent de la République, le Premier Ministre et le Ministre de l’Agriculture et de aura lieu le : l’Alimentation, La crise de la Covid que nous subissons, a eu de lourdes conséquences sur notre pays. L’Agriculture Jeudi 4 février 2021 n’échappe pas à cela et de nombreuses filières ont été fortement perturbées, fragilisées ou mises à mal à 9 h 30 par la crise que nous traversons. Ordre du jour : Le Gouvernement a pris des mesures exceptionnelles pour préserver la santé de tous, comme dans tous les pays touchés par la pandémie. - Introduction du Président de la Le MODEF salut particulièrement le soutien, porté par le gouvernement, aux productions françaises Commission Viticole, Didier GA- qui a permis de limiter la casse économique sur le secteur agricole. Pour autant les acteurs des filières DEA, n’ont pas toujours joué le jeu du « made in France ». - Travail sur le livret viticole / mo- dification et amélioration pour La forte diminution des transports de marchandises, forcée par le confinement, a impactée diffusion, positivement une majorité de la filière fruits et légumes en mettant un frein à la concurrence déloyale que subissent habituellement les producteurs. Pendant cette période les grandes surfaces ont eu du mal - Situation Covid, à s’approvisionner d’Espagne ou du Maroc, les prix ont été rémunérateurs pour les producteurs. Mais, - Boycotte Américain, dès la réouverture des importations, les prix ont chuté à leur niveau d’avant. - Point sur le Glyphosate, Vous savez, tout autant que nous, que les produits importés de ces pays ne respectent pas les conditions - Hautes Valeurs Environnemen- sanitaires et/ou sociales de la France. tales, Le MODEF demande, une nouvelle fois, l’interdiction d’importer des produits alimentaires - Questions diverses. traités avec des molécules supprimées en France. En attendant cela, il semble urgent que soit mis en place une transparence à l’étal. Pour avoir le numéro et les co- Nous ne comprenons pas que de tels produits puissent rentrer sur notre territoire, être présentés et des pour rejoindre la réunion vendus comme équivalent à notre production sans que le consommateur puisse faire la différence. téléphonique, il est impératif de prendre contact avant mardi 2 fé- Pour la santé et la sécurité alimentaire des français cette mesure semble incontournable et vrier avec Yasmine SEFRANI au urgente à mettre en œuvre. 07 86 68 27 42. Didier GADEA Comptant sur une prise en compte rapide de notre demande. Président Je vous prie de croire, Messieurs, le Président de la République, le Premier Ministre et le Ministre de de la Commission Viticole l’Agriculture et de l’Alimentation, à l'expression de mes respectueuses salutations. 06 30 09 77 19 Raymond GIRARDI Vice-Président du MODEF National 14 Boulevard d’Aquitaine – BP 316 – 16008 Angoulême cedex – Tél. 05 45 91 00 49 www.modef.fr - modef-national@modef.fr - Siret 403 490 634 00025 Membre de la Coordination Européenne Via Campesina Exploitant familial n° 714 / Janvier 2021
Commission Viticole / 11 POUR UN ASSOUPLISSEMENT DES SANCTIONS MSA En décembre 2020, à la suite de la Commission Sociale, Pierre THOMAS, Président du MODEF, a contacté le Président de la Caisse Centrale MSA pour dénoncer la violence que peuvent subir les agriculteurs par le déroulement « normale » des procédures administratives. En voici un extrait ainsi que la réponse du Président de la CCMSA. Malheureusement, avec toutes les contraintes administratives qui leur sont imposées, il ar- rive que certains agriculteurs oublient de réaliser leur décla- ration de revenus profession- nels (DRP), […] il nous semble incompréhensible, avec la pé- riode difficile à laquelle nous devons faire face, de nous re- trouver confrontés à des envois de courriers recommandés de la MSA. Ces courriers, qui sont sans avertissement préalable, concernent les relevés de si- tuation, à laquelle une taxation doublée du montant, certes temporaire, s’applique. Vous comprendrez, Monsieur le Président, notre inquiétude vis- à-vis de ses agriculteurs « au bout du rouleau », se retrou- vant avec un courrier recom- mandé leur indiquant le dou- blement du montant de leur cotisation MSA. […] Nous préférerions, dans le contexte actuel la mise en place d’un courrier de rappel type, sur lequel il serait indiqué clai- rement qu’en cas de non-dé- claration à jour sous 8 jours, une majoration de 10 % serait appliquée. Cette méthode est aujourd’hui utilisée, par le ser- vice des impôts, qui est, vous en conviendrait, le moins social des services publics. Pierre THOMAS Président du MODEF National, Exploitant familial n° 714 / Janvier 2021
12 / Néonicotinoïdes LES NÉONICOTINOÏDES DANGEREUX POUR LES ABEILLES Le Conseil Constitutionnel a validé le 10 décembre 2020, la loi permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes, un insecticide dangereux pour la biodiversité et en particulier les abeilles. Le Parlement avait adopté ce texte proposé par le Gouvernement pour sauver la filière betterave-sucre mi-novembre. Les betteraviers français ont été confrontés en 2020 à une crise En l’absence de données de surveillance dans les zones de cultures inédite liée à la prolifération de pucerons, à la suite d’un hiver par- de betteraves sucrières, l’ANSES ne peut pas s’appuyer sur ces don- ticulièrement doux et un printemps chaud et lumineux, qui a en- nées afin de réaliser une étude sur les évaluations de risques et traîné la propagation des virus de la jaunisse dans l’ensemble des d’affiner l’exposition ou la toxicité sur les abeilles. Cependant, elle a régions productrices. Ces virus impactent la biologie de la betterave fourni des mesures d’atténuations permettant de réduire l’exposi- (photosynthèse) et empêchent son développement. Le MODEF se tion des abeilles notamment en implantant uniquement des cultures positionne contre la dérogation autorisant les néonicotinoïdes en non attractives pour les pollinisateurs après la betterave. Pour défi- enrobage de semences pour les betteraves et réclame des prix ga- nir ces cultures, l’ANSES s’appuie sur un indicateur de risque déve- rantis par l’État aux producteurs de betteraves et l’activation du loppé par l’ITSA. Le colza, la moutarde et la phacélie ne devront être Fonds National de Gestion des Risques Agricoles (FNGRA) par le cultivés que trois ans après la betterave, l’avoine et le blé pourront biais du régime des calamités agricoles afin d’indemniser les pro- être cultivés dès l’année suivante, et le maïs deux ans après. La ro- ducteurs qui sont confrontés à des pertes de récoltes en raison de tation des cultures pourrait signifier que l’insecticide reste dans le la jaunisse. Il existe plusieurs solutions, notamment le travail du sol sol plusieurs années. permettant de détruire les larves de tipules et de taupins, mais il est recommandé de réaliser deux faux semis avant l’implantation. Puis Les apiculteurs estiment que ces produits étaient en grande partie les rotations de culture, mais il faut éviter d’implanter du maïs der- responsable de pertes importantes dans les ruches. C’est compléte- rière la culture de betteraves. Enfin des agents de lutte biologique ment irresponsable de ré-autoriser les néonicotinoïdes alors qu’ils peuvent être introduits sur les zones infectées comme les larves de ont été interdits il y a 3 ans par l’Union Européenne pour des rai- coccinelle. sons de dangerosité pour les pollinisateurs, c’est une catastrophe ! Nous réitérons que des solutions existent pour aider les bettera- L’ANSES a publié un rapport le 23 décembre 2020 sur les mesures viers face à la jaunisse notamment en fixant un prix minimum, rému- d’atténuation des risques devant figurer dans toute dérogation à nérateur garanti par l’État et le retour des quotas sucriers. Le sucre l’interdiction d’utiliser des produits à base de néonicotinoïdes. L’Au- et la betterave sous quota bénéficiaient de prix minimum élevés. torité européenne a constaté que pour la plupart des cultures, les abeilles couraient des risques aigus élevés en raison de l’utilisation de produits phytopharmaceutiques contenant la substance active imidaclopride. Sophie BEZEAU Exploitant familial n° 714 / Janvier 2021
Editions régionales Fruits et légumes / 13 13 Nouvelle Aquitaine RENCONTRE AVEC LA SAFER RÉGIONALE Une délégation du MODEF Nouvelle-Aqui- par le désengagement de l’État dans les fi- kage du foncier, sans spéculation étant don- taine a rencontré la SAFER régionale à son nances de la SAFER ; elle a donc dû trouver né que la région paie les frais d’acquisition. siège, Bruges, près de Bordeaux, le jeudi 10 de nouvelles solutions de financement, dont La Région Nouvelle-Aquitaine aide aussi au décembre 2020. Les représentants du MO- la plupart sont similaires aux agences immo- portage en prenant en charge une part des DEF qui ont participé à cette rencontre bilières. La SAFER ne répond pas - encore frais. furent Raymond GIRARDI, Président du - à une logique actionnariale, ce qui évite MODEF Nouvelle-Aquitaine, Francky CHA- sûrement le pire. En effet, ce sont 3 collèges La SAFER est consciente que beaucoup TIGNOUX, Vice-Président du MODEF séparés : Collège agricole, Collège des col- d’agriculteurs n’ont pas connaissance de Creuse et élu au Comité Technique de la lectivités, Collège d’autres acteurs (dont tous les outils mis en place, elle souhaiterait Creuse et François CHAPUZET, viticulteur l’État), qui assurent la gouvernance de la davantage communiquer dessus pour les en en Charentes et élu au Comité Technique structure, les syndicats étant présents dans informer. Les représentants de la SAFER ont des Charentes. le collège agricole. proposé de travailler de pair avec le MO- DEF, et ont annoncé être disponible pour Le Président de la SAFER, Patrice COUTIN Concernant le prix du foncier, la SAFER a organiser des rencontres avec des agricul- ainsi que le Directeur, Philippe TUZELET, pour mission d’éviter une envolée des prix teurs pour cela. et le Directeur-adjoint, Hervé OLIVIER, en limitant la spéculation. Pour autant la ont reçu le MODEF, au même titre que les SAFER, par l’engagement financier qu’elle La SAFER a mis en place un site internet, autres syndicats agricoles, pour recueillir les a dans le foncier agricole n’a pas intérêt à vigifoncier, il donne accès aux infos du dé- analyses, les remarques et les propositions permettre une baisse des prix. Une baisse partement, à condition que le syndicat soit du MODEF vis-à-vis de la politique foncière des prix du foncier aurait un impact désas- représentatif. Le site répertorie les ventes de la région. Parmi les sujets abordés, le prix treux sur les finances des SAFER qui sont et les demandes, les données sont rentrées du foncier, l’artificialisation des terres à vo- engagées dans des missions de stockage ou par la SAFER et son réseau de rapporteurs. cation agricole, l’installation des jeunes et la portage de biens. Donc la mission première L’agriculteur lambda n’y a pas accès, il faut transmission des exploitations ainsi que les des SAFER est à contre sens du « bon » qu’un représentant du syndicat y soit au- outils mis en place par la SAFER et la Région sens économique qui voudrait, lui, favoriser torisé, par exemple le Président départe- ont constitué le cœur des échanges. une hausse des prix pour permettre aux mental ou le délégué au Comité Technique. SAFER de boucler leur budget plus facile- L’accès au site se fait après signature d’une Le MODEF est conscient que la SAFER est ment. décharge de confidentialité. unique au monde, et qu’une telle entité est un outil qu’il faut préserver. En effet, les Pour ce qui concerne l’installation des Pour le MODEF Nouvelle-Aquitaine, ses dispositifs mis en place par la SAFER per- jeunes, la SAFER a tenue à préciser que élus doivent pouvoir accéder à vigifoncier, il mettent de réguler la pensée libérale, no- l’obligation de justifier leurs choix et l’exis- est important que chaque département de tamment en matière de spéculation et d’in- tence des CDOA sont des mécanismes la région puisse être défendu par le MODEF. flation sur le foncier. Cependant, la mise en qui protègent les jeunes qui font appel à la Aussi, la SAFER se propose d’organiser des œuvre sur le terrain est parfois contestable, SAFER en ne permettant pas de décisions rencontres avec ces délégués pour qu’ils et l’absence du MODEF à certains Comités arbitraires. soient formés à l’outil et soient plus fami- Techniques y est regrettable. Enfin la « ges- La SAFER Nouvelle-Aquitaine rappelle aus- liers au fonctionnement et aux outils de la tion commerciale » dans laquelle s’implique si qu’elle n’est pas seulement acteur dans SAFER. la SAFER, semble parfois prendre le dessus l’achat-vente de foncier et que celui-ci peut La SAFER nous informe que nous avons la sur son rôle premier de régulateur du fon- prendre des formes détournées : rétroces- possibilité de faire une demande officielle cier, l’écartant de sa vocation de défense des sion, substitution, mise à disposition… la pour être présent à titre consultatif dans intérêts des paysans. SAFER peut aussi intervenir comme inter- les Comités Techniques lorsque le syndicat médiaire locative. n’est pas représentatif. Cette « gestion commerciale » s’explique Avec la Région elle intervient dans le stoc- Alexis VANYPRE Exploitant familial n° 714 / Janvier 2021
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