Opportunités d'investissement avril 2019 - Allnews
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INSIGHTS AVRIL 2019 SOMMAIRE 3 Éditorial 4 Vue d’ensemble 6 Perspective d’investissement 8 Analyse technique 10 Next Generation 12 Économie 13 Monnaies 14 Revenu fixe 16 Actions 18 Matières premières 19 Mentions légales importantes JULIUS BAER NEXT GENERATION THÈMES D’INVESTISSEMENT ARISING ASIA DIGITAL DISRUPTION ENERGY TRANSITION FEEDING THE WORLD SHIFTING LIFESTYLES Impressum Date de publication 2 avril 2019 Cours de référence, clôture de la rédaction 26 mars 2019, sauf indication contraire 2
INSIGHTS AVRIL 2019 ÉDITORIAL Chère lectrice, cher lecteur, J’ai passé des années à essayer de convaincre les personnes extérieures au secteur financier que les investisseurs ne vivaient pas dans un monde parallèle. Pour beaucoup, « une action est une action est une action est une action » tout comme « une rose est une rose est une rose est une rose » dans le poème « Sacred Emily » de Gertrude Stein. En d’autres termes, « c’est ce que c’est et rien d’autre ! ». L’analogie a toutefois ses limites. L’une d’elles a trait, bien sûr, au jargon financier, le vocabulaire technique utilisé pour parler des prix étant parfois difficile à expliquer à ceux qui ne suivent pas quotidiennement les marchés des actions. Les termes « suracheté » et « survendu » constituent un bon exemple à cet égard. Ces termes sont souvent utilisés dans le secteur financier pour désigner les variations de cours d’un titre. Qu’entendent les investisseurs par là ? Pour faire court, les titres « surachetés » sont ceux qui se négocient au-dessus de leur cours moyen récent et, à l’inverse, les titres « survendus » sont ceux qui se négocient en dessous de leur cours moyen récent. Mais, en dehors du sec- teur financier, dirait-on qu’une Porsche de collection est « surachetée » car les amateurs de voitures de sport font grimper les prix ? De même, estime-t-on que l’iPhone X ou le Huawei Mate X sont « surachetés » car leur prix de vente dépasse les 1 000 dollars ? Ou encore que les vêtements d’hiver sont « survendus » lorsqu’ils sont soldés au printemps ? La réponse à toutes ces questions est clairement « non ». La différence tient sans doute tout simplement au fait que les investisseurs pensent que leur comportement aura un impact immédiat sur les cours. Lorsqu’une valeur fait l’objet d’une forte demande et voit donc son cours augmenter, il s’ensuit généralement une réaction du côté de l’offre. En effet, les investis- seurs détenant la valeur concernée cherchent à vendre et alimentent donc l’offre. Il s’agit là d’une différence importante avec Apple et Huawei dont les prix ne sont pas continuellement modifiés en fonction des fluctuations de la demande, ou avec la Porsche de collection dont le prix élevé est le résultat d’une offre limitée. Dans ce numéro d’Insights, nous examinerons la situation du marché financier en ce printemps 2019 et tenterons de répondre à cette question essentielle : « Suracheté, mais à quel point ? » Christian Gattiker Head of Research 3
INSIGHTS AVRIL 2019 VUE D’ENSEMBLE Perspective d’investissement : Page 6 Monnaies : Page 13 • Les marchés des actions ont joué aux montagnes • La belle prime de risque et le ralentissement moins russes ces derniers mois avec une forte chute dans marqué de la croissance américaine renforcent la un premier temps, et une véritable envolée par la popularité du billet vert. suite. Les investisseurs se demandent maintenant ce • En termes de taux d’intérêt, les monnaies à haut que l’avenir leur réserve. rendement des marchés émergents sont les seules • Pour notre part, nous pensons que le marché recèle capables de faire le poids face au dollar américain. encore un potentiel haussier, les fondamentaux étant suffisamment solides pour soutenir un redres- sement durable des prix des actifs. Nous recom- Revenu fixe : Page 14 mandons donc de rester investi ou d’investir dans • Les banques centrales ont anéanti les espoirs de les semaines qui viennent. normalisation des taux que nourrissaient les in vestisseurs obligataires. Pour l’heure, le rendement des placements sans risque restera faible, voire Analyse technique : Page 8 négatif. • Le comportement des fondations fait immanqua- • Bien qu’elles ne soient plus sous-évaluées et que blement penser au film « Un fauteuil pour deux ». l’écart par rapport à la moyenne de long terme se • Le sentiment des investisseurs et les flux de fonds soit réduit, les obligations des marchés émergents confirment que les actions américaines sont sur offrent toujours un rendement raisonnable. une tendance haussière de long terme. Nous recom- mandons aux investisseurs de conserver leurs ac- tions. Actions : Page 16 • Le secteur des communications est un secteur à forte croissance porté par plusieurs tendances Next Generation : Page 10 de fond telles que la connectivité et la croissance • D’ici à 2030, et pour la première fois dans l’histoire des données, ainsi que par les opportunités de de l’humanité, le nombre de personnes âgées réduction des coûts dans le domaine des télécom- de 60 ans et plus dépassera le nombre d’enfants munications. de moins de 10 ans. • Au regard du ratio cours/bénéfices anticipé, les • Au regard des tendances démographiques en cours, valorisations sont attrayantes par rapport aux nous restons positifs sur les perspectives à long moyennes historiques et, contrairement au consen- terme des segments exposés au vieillissement de sus dont les attentes sont plutôt modestes, nous la population. estimons que le potentiel haussier est important. Économie : Page 12 Matières premières : Page 18 • Le ralentissement économique reste d’actualité, no- • Le pessimisme à l’égard de l’économie s’est atténué, tamment en Europe, mais la résilience de l’écono- mais la croissance n’est toujours ni suffisamment mie américaine et les signes de reprise en Chine, où solide, ni suffisamment faible pour imprimer une ten- les mesures de relance budgétaire ont été renfor- dance claire aux matières premières. Faisant fi des cées, incitent à un optimisme prudent. changements d’humeur du marché, nous maintenons • Pour les marchés financiers, la politique monétaire, notre opinion neutre. un temps menaçante, est devenue un véritable • La récente correction de l’or offre, selon nous, une tremplin, l’engagement des banquiers centraux à belle opportunité d’achat. La tendance à plus long ne pas modifier les taux dans les prochains mois terme reste positive et la hausse devrait reprendre donnant à l’économie mondiale le temps de gagner dès que le dollar perdra de sa vigueur plus tard en puissance. dans l’année. 4
INSIGHTS AVRIL 2019 VUE D’ENSEMBLE DES CYCLES ÉCONOMIQUES MONNAIES Cycle économique États-Unis Spot 3M 12M Canada EUR/CHF 1.12 1.11 1.15 USD/CHF 0.99 1.01 1.00 JPY/CHF 0.90 0.89 0.87 GBP/CHF 1.32 1.31 1.37 Japon EUR/USD 1.13 1.10 1.15 France Italie Corée du Sud EUR/GBP 0.85 0.85 0.84 Chine GB Australie Monde USD/JPY 110.5 113.0 115.0 Suisse Zone euro Potentiel de croissance GBP/USD 1.32 1.29 1.37 Allemagne Pays émergents de l'Asie à long terme CROISSANCE (PIB réel an/an, %) INFLATION (IPC an/an, %) TAUX DES BANQUES CENTRALES (%, p. a.) Moyenne 2018 2019E 2020E Moyenne 2018 2019E 2020E États-Unis 2.9 2.5 0.8 États-Unis 2.4 1.7 2.0 Fin d’exercise 2018 2019E 2020E Zone euro 1.8 1.2 0.9 Zone euro 1.8 1.4 1.8 États-Unis 2.50 2.50 1.75 Royaume-Uni 1.4 1.1 0.8 Royaume-Uni 2.5 1.8 1.8 Zone euro 0.00 0.00 0.00 Suisse 2.5 1.1 1.0 Suisse 0.9 0.7 1.1 Royaume-Uni 0.75 0.75 0.75 Japon 0.7 0.6 0.5 Japon 1.0 0.8 1.0 Suisse -0.75 -0.75 -0.75 Chine 6.6 5.9 5.8 Chine 1.9 2.1 2.5 Japon -0.10 -0.10 -0.10 Monde 3.6 3.2 2.8 Monde 4.1 4.1 4.2 E = estimation PIB = produit intérieur brut IPC = indice des prix à la consommation EMPRUNT D’ÉTAT 10 ANS (%, p. a.) INDICES D’ACTIONS (monnaie locale) MATIÈRES PREMIÈRES Fin d’exercise 2018 2019E 2020E Niveau 12M Prix 12M États-Unis 2.83 3.15 2.60 SMI 9389 9100 Pétrole Brent (USD/baril) 67.9 60.0 Allemagne 0.25 0.70 0.60 Eurostoxx 50 3320 3300 Or (USD/once) 1316 1400 Royaume-Uni 1.27 1.75 1.50 S&P 500 2818 2900 Cuivre (USD/tonne) 6338 6000 Suisse -0.19 0.10 0.05 Nikkei 225 21428 24500 Minerai de fer (USD/tonne) 86 65 Japon 0.04 0.05 0.10 PERSPECTIVE DES CATÉGORIES D’ACTIFS Vue Catégorie d’actifs et de risque Privilégiez … Évitez … Liquidités Obligations Conservateur Bons du Trésor américain lorsque les prix sont bas Obligations souveraines allemandes (considérer plutôt les obligations d'État françaises et la dette des organisations supranationales) Première qualité Titres adossés à des créances hypothécaires américaines Opportuniste Obligations investment grade inférieur libellées en USD et EUR, obligations immobilières chinoises de qualité supérieure, obligations du Moyen-Orient Spéculatif Obligations immobilières chinoises à haut rendement, obligations américaines à haut rendement et obligations en devises des marchés émergents Actions Conservateur Santé Consommation défensive, services aux collectivités ; actions américaines de croissance des dividendes Moyen Chili ; communication, industrie, pétrole et gaz ; actions de Consommation cyclique, immobilier croissance américaines, petites capitalisations européennes ; actions européennes à haut dividende Opportuniste Chine, Philippines, Turquie, Vietnam Matières Or, argent premières Changes USD, KRW, INR, BRL EUR, CZK, HUF, AUD Next Thématique Éducation mondiale, FinTech (paiements numériques), Generation génomique 3.0, informatique dématérialisée et intelligence artificielle, santé numérique, tourisme en Asie, une Chine en bonne santé Vietnam : Julius Baer ne présente aucune offre sur les marchés locaux. Philippines : pour les résidents locaux, des investissements sur le marché local sont soumis à des restrictions légales. vue positive vue neutre vue négative IDÉES D’INVESTISSEMENT : ACTIONS ÉMETTEURS OBLIGATAIRES PRÉFÉRÉS Thème Sociétés Catégorie Émetteurs de risque Surpondération Alibaba, Ping An Insurance-H, des actions chinoises Tencent Holdings De première Abu Dhabi, Arabie saoudite, Caterpillar, Coca-Cola qualité FEMSA, First Abu Dhabi Bank, Koweït, Qatar, Actions préférées Par secteur Rabobank, Siemens, Toyota Motor, UBS Group Opportuniste Cielo, Crédit Agricole, DP World, Equate Petro Pour de plus amples informations sur les sociétés mentionnées, chemical, Espagne, Grupo Bimbo, LafargeHolcim, veuillez consulter la page 17 ou la dernière publication Baer®Insights Equity/Fixed Income relative à la société concernée. Veuillez Orange, Portugal, The Commercial Bank noter que l’étendue de la distribution de ces publications peut varier. Spéculatif Arcor, B anco do Brasil, CNH Industrial, Minerva, Pampa Source des tableaux et graphiques : Julius Baer Energia, Smurfit Kappa, Yanlord Land, YPF, Yuexiu Property 5
INSIGHTS AVRIL 2019 PERSPECTIVE D’INVESTISSEMENT SURACHETÉ, MAIS À QUEL POINT ? Les marchés des actions ont joué aux montagnes russes ces derniers mois avec une forte chute dans un premier temps, et une véritable envolée par la suite. Les investisseurs se demandent maintenant ce que l’avenir leur réserve. Pour notre part, nous pensons que le marché recèle encore un potentiel haussier, les fondamentaux étant suffisamment solides pour soutenir un redressement durable des prix des actifs. Nous recommandons donc de rester investi ou d’investir dans les semaines qui viennent. LE TERME DU MOIS : de résoudre le problème est de prendre en considé Suracheté/Survendu ration l’horizon temporel. La question du retourne- ment des prix des actifs ne peut être correctement Le terme « suracheté » renvoie à un mouvement appréhendée qu’en tenant compte de l’horizon tem- haussier significatif et, à l’inverse, « survendu » fait porel. référence à une baisse. Lorsque les prix atteignent ces niveaux extrêmes, un retournement est possible. Graphique 1 : Jusqu’à quel point les titres sont-ils survendus/surachetés ? Source : quora.com, Julius Baer Indice Indice 2 300 500 2 100 400 Survendu d’abord, suracheté ensuite 1 900 300 1 700 La situation de ces derniers mois a rappelé aux inves- 1 500 Suracheté 200 1 300 100 tisseurs que les prix des actifs financiers évoluaient 1 100 0 rarement en ligne droite. Les marchés se sont ainsi 900 -100 700 Survendu effondrés fin 2018 et la communauté financière a 500 -200 alors crié aux « surventes ». Cette dégringolade a été 2014 2015 2016 2017 2018 2019 suivie d’une hausse importante et brutale au début Marché mondial des actions : cours (éch. de gauche) du mois de mars 2019 et on a alors crié aux « sur- Marché mondial des actions : moyenne mobile sur 30 jours (éch. de gauche) achats ». La question est surtout d’évaluer à quel point Marché mondial des actions : écart entre le cours et la moyenne un marché est suracheté ou survendu. En d’autres mobile sur 30 jours (éch. de droite) termes, quand des surventes/surachats sont-ils annon- Source : Datastream, Julius Baer ciateurs d’un retournement du marché ? Le graphique 1 présente un indicateur de surachat/ survente très simple, à savoir la différence entre le Pour appréhender correctement cours des actions et leur moyenne mobile à 30 jours, la question du retournement qui permet d’évaluer l’écart des cours par rapport à leur niveau « normal de court terme » à un moment des prix des actifs, il faut tenir donné. Il apparaît ainsi qu’à fin 2018, les actions compte de l’horizon temporel. étaient à des niveaux de surventes record et, à l’in- verse, à des niveaux de surachats record au début du mois de mars 2019. Les traders ont donc acheté fin décembre lorsque les actions étaient survendues Tout dépend de l’horizon temporel et ont commencé à prendre leurs bénéfices lorsque L’interprétation des signaux du marché peut don- les titres ont été surachetés. Jusque-là, tout est clair. ner lieu à un débat sans fin. En fait, il n’y a tout sim- Mais qu’en est-il si vous n’êtes pas un trader, mais un plement pas de bonne ou de mauvaise réponse. simple investisseur ? Derrière tout cela se dessine la crainte des investis- seurs d’acheter au plus haut (autrement dit d’ache- Garder son calme et miser sur les fondamentaux ter dans un contexte de surachats) ou de vendre au Les investisseurs interviennent sur un horizon de pla- plus bas (c’est-à-dire de vendre dans des conditions cement plus long. Or, si l’on considère la moyenne de surventes). D’après mon expérience, le seul moyen mobile sur 200 jours par exemple, il apparaît que les 6
INSIGHTS AVRIL 2019 actions étaient effectivement survendues il y a trois Approche d’investissement mois. En revanche, début mars, elles sont juste reve- En résumé, la crise provoquée au quatrième tri- nues à un niveau neutre. En effet, sur 200 jours, mestre 2018 par l’impatience de la Réserve fédérale les variations de cours sont généralement beaucoup américaine est en train de se tasser, ce qui devrait plus importantes que sur 30 jours. Autrement dit, déboucher sur un redressement soutenu de nombreux la baisse du marché avait un caractère assez excep- actifs risqués. tionnel, mais le rebond est encore loin d’être exces- sif. Si cela vous semble encore un peu flou, considérez Voici ce que « rester investi » signifie au niveau des plutôt les fondamentaux. différentes classes d’actifs : Graphique 2 : Le cuivre annonce un rebond Revenu fixe : • rester sur les segments risqués tels que les obliga- % (variation sur 6 mois) % (variation sur 6 mois) tions des marchés émergents en monnaies fortes 100 5 80 4 ou les obligations européennes investment grade 60 3 inférieur 40 2 20 1 0 0 -20 -1 Actions : -40 -2 • miser sur quelques valeurs de croissance -60 -3 -80 -4 américaines 1988 1994 2000 2006 2012 2018 • renforcer son exposition à la Chine Cuivre (éch. de gauche) Récessions américaines (NBER) • sélectionner quelques titres individuels sur Indicateur avancé de l’OCDE (éch. de droite) les autres segments NBER = Bureau national américain de recherche économique, OCDE = Organisation de coopération et de développement économiques Source : Datastream, Julius Baer Monnaies : • se positionner en vue d’une nouvelle appréciation du dollar américain et d’un affaiblissement de l’euro La politique reste un élément • considérer quelques monnaies des marchés émer- perturbateur, mais moins gents à portage d’intérêt élevé qu’auparavant. Matières premières : • rester neutre, mais profiter de tout repli de l’or pour se renforcer Et à ce niveau, il y a une bonne nouvelle : les prix du cuivre se sont inscrits en hausse pour la première fois Graphique 3 : Politique – toujours une grande confusion, depuis 18 mois. Le marché du cuivre est souvent sur- mais un peu moins qu’avant nommé « Dr Copper » pour ses capacités de prédic- Indice tion, l’évolution des prix du cuivre étant un indicateur 350 avancé des plus fiables de l’activité économique (voir 300 graphique 2). Donc, les marchés des matières pre- 250 mières laissent présager un retournement prochain de 200 150 l’économie mondiale, avec une expansion dans la 100 seconde moitié de 2019. Cette situation profite géné- 50 ralement aux actifs risqués qui prospèrent dans les 0 phases de redressement économique. Par ailleurs, les 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019 facteurs politiques, autres éléments perturbateurs Indice mondial d’incertitude sur la politique économique (pondéré selon le PIB) majeurs (voir graphique 3), semblent poser moins de Récessions américaines (NBER) problèmes qu’auparavant, ce qui est appréciable même NBER = Bureau national américain de recherche économique ; si l’on part de niveaux particulièrement extrêmes. Si PIB = produit intérieur brut l’on ajoute à cela des valorisations bon marché pour de Source : Datastream, Julius Baer nombreux actifs et une certaine prudence des inves- tisseurs, la situation apparaît comme plutôt favorable Christian Gattiker, CFA, CAIA à ceux qui sont investis. Et ceux qui ne sont pas en- core investis devraient commencer à y penser pour les prochaines semaines. 7
INSIGHTS AVRIL 2019 ANALYSE TECHNIQUE INVESTIR COMME LES MEILLEURS Le sentiment des investisseurs et les flux de fonds confirment que les actions américaines sont sur une tendance haussière de long terme. Nous recommandons aux investisseurs de conserver leurs actions. « Un fauteuil pour deux » : un excellent film Graphique 1 : Fondations – allocation d’actifs en 2007 Le comportement des investisseurs au cours des et 2018 dernières années me fait penser à la comédie « Un En pourcentage de l'allocation des actifs, % fauteuil pour deux ». Dans ce film, Eddie Murphy 100 (qui joue le rôle d’un escroc sans domicile fixe) de- 80 vient un courtier en matières premières à qui tout réussit, en prenant la place de Dan Aykroyd qui 60 sombre, quant à lui, dans la criminalité. Le film a une 40 fin heureuse : Eddie Murphy et Dan Aykroyd fi- 20 nissent par collaborer et réussissent à ruiner les deux 0 instigateurs de l’expérience sociale à laquelle ils 2007 2018 ont été soumis grâce à des placements à terme sur Placements alternatifs* Actions Revenu fixe Liquidités et autres le marché du jus d’orange congelé. * Les placements « alternatifs » comprennent l’immobilier Source : Bloomberg Finance L.P., Julius Baer Investir comme les meilleurs Au milieu de la décennie précédente, les rendements des meilleurs fonds d’investissement de fondations Les investisseurs restent avaient fait l’objet de nombreuses analyses et publica- sceptiques à l’égard des actions. tions. La recette du succès de ces fondations a ainsi été dévoilée au grand jour. Et devinez quoi ? Après avoir pris connaissance de la recette miracle, toutes les fondations l’ont appliquée à leur allocation d’actifs. Changement d’allocation Elles ont ainsi réduit leur exposition aux actions et Les fondations ont non seulement privilégié les place- augmenté celle aux instruments « alternatifs » (voir ments alternatifs au détriment des actions, mais elles graphique 1). Naturellement, tout le monde veut in- ont également procédé à des changements au sein vestir comme les meilleurs. Le problème est qu’une même de la catégorie des actions. Comme le montre fois que tout le monde est investi selon la même le graphique 2, les actions américaines ont vu leur part stratégie, on se retrouve dans une impasse. La concen- passer de 56 % à 44 %, cédant ainsi le « fauteuil » aux tration d’un grand nombre d’investisseurs sur les actions non américaines. La stratégie consistant à pri- mêmes opportunités débouche au final sur une baisse vilégier les produits alternatifs plutôt que les actions et des rendements. à préférer les actions non américaines aux actions américaines a longtemps fait consensus au regard de ses résultats historiques. Pourtant, elle était loin d’être judicieuse du point de vue des rendements. En effet, depuis ses planchers de 2009, le S&P 500 a enregistré une progression annuelle de 17 %, contre 2 % environ pour les stratégies d’investissement alternatives. De même, les actions américaines ont gagné 165 % de- puis 2008, contre seulement un petit 14 % pour les actions non américaines. Note juridique : l’analyse technique peut être incohérente avec l’analyse fondamentale et aboutir à des conclusions différentes. 8
INSIGHTS AVRIL 2019 Graphique 2 : Fondations – allocation régionale en 2008 Les actions américaines face au mur de la peur et 2018 Où en sommes-nous dans le cycle ? Il s’agit sans doute de la question qui préoccupe le plus les inves- En pourcentage de l’exposition aux actions, % tisseurs. Se basant sur le niveau plancher de 666 100 atteint par le S&P 500 le 6 mars 2009, la plupart des 80 investisseurs considèrent que le marché haussier 60 actuel est proche de sa fin. Ce n’est pas notre avis. En 40 effet, la hausse reste plutôt généralisée, la majorité 20 des titres y participant. De plus, les flux de fonds et 0 les indicateurs de sentiment laissent penser que les 2008 2018 investisseurs restent méfiants à l’égard des actions. Actions américaines Actions non américaines Dans ces conditions, et à l’examen de l’évolution à Source : Bloomberg Finance L.P., Julius Baer long terme de l’indice S&P 500, il semble probable que les actions américaines soient dans les premières Qu’en est-il des autres investisseurs ? phases d’un marché haussier de long terme. Nous Bien évidemment, tous les investisseurs internatio- recommandons donc aux investisseurs de rester plei- naux n’ont pas adopté la même stratégie que les fon- nement investis en actions. Des informations plus dations américaines. L’examen des flux mondiaux détaillées sur notre sélection de titres et nos porte- au niveau des différentes classes d’actifs depuis 2009 feuilles modèles sont disponibles dans notre publica- laisse cependant apparaître certaines similitudes. tion hebdomadaire « Technical Investment Strategy ». Comme on peut le voir dans le graphique 3, ce sont les obligations qui ont eu le plus de succès même si leur rendement n’a pas dépassé 27 % depuis 2009, On observe une certaine contre 184 % pour les actions internationales. On désaffection envers les stratégies observe également une certaine désaffection envers les stratégies de gestion active au profit des straté- de gestion active au profit des gies passives. Il semble donc que les investisseurs sont stratégies passives. restés sceptiques tout au long de la phase de hausse actuelle des actions américaines. Graphique 3 : Afflux nets vers les différentes classes Graphique 4 : Le S&P 500 probablement sur une d’actifs depuis 2009 au niveau mondial tendance haussière de long terme USD 1 000 mrd Indice 2.0 3 500 S&P 500 1.5 1 000 1.0 0.5 0.0 -0.5 Mom. -1.0 Momentum 300 -1.5 Actions Obligations Marchés monétaires 200 100 Source : Bloomberg Finance L.P., Julius Baer 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 Source : Bloomberg Finance L.P., Julius Baer Mensur Pocinci, MFTA 9
INSIGHTS AVRIL 2019 NEXT GENERATION LONGÉVITÉ ACCRUE : EH OUI, NOUS VIEILLISSONS ! D’ici à 2030, et pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus dépassera le nombre d’enfants de moins de 10 ans. Au regard des tendances démographiques en cours, nous restons positifs sur les perspectives à long terme des segments exposés au vieillissement de la population. Graphique 1 : Population mondiale par groupe d’âge en 2017, 2030 et 2050 Population (en mrd) 12 050 plus , 2017–2 10 horte de s 60 ans et + 101% – co 8 6 4 2 0 2017 2030 2050 0 à 9 ans 10 à 24 ans 25 à 59 ans plus de 60 ans Source : Nations Unies, Bureau américain de recensement, Julius Baer Nous vieillissons tous Le monde est à l’aube d’une transformation démo- D’ici à 2030, le nombre graphique majeure. D’ici à 2030, et pour la première de personnes âgées de 60 ans fois dans l’histoire de l’humanité, les personnes âgées de 60 ans et plus devraient être plus nombreuses que et plus devrait dépasser celui les enfants de moins de 10 ans (voir graphique 1). Le des enfants de moins de 10 ans. monde comptait quelque 962 millions de personnes âgées de 60 ans et plus en 2017, soit plus du double qu’en 1980 (382 millions). Selon le rapport 2017 des Nations Unies sur le vieillissement de la population, Cette augmentation sans précédent de l’espérance ce nombre devrait encore augmenter pour atteindre de vie à l’échelle mondiale s’explique essentielle- près de 1,41 milliard d’ici 2030 et environ 2,1 milliards ment par trois grands facteurs : 1) la diminution du d’ici 2050. Le nombre de personnes âgées de plus de taux de mortalité dans tous groupes d’âge confon- 80 ans devrait croître plus rapidement encore, pas- dus, 2) l’amélioration des traitements médicaux, et sant de 137 millions en 2017 à 425 millions en 2050, 3) les changements de modes de vie et d’alimenta- soit une multiplication par trois. tion. Dans les sociétés pré-industrielles, les popula- tions, quel que soit le groupe d’âge, étaient davan- tage susceptibles de contracter des maladies infec- tieuses ou parasitaires et seuls quelques-uns arri- vaient à un âge avancé. Dans les sociétés modernes, l’espérance de vie dépasse la cinquantaine dans la plupart des pays et les maladies chroniques non trans- missibles, comme les maladies cardiovasculaires, les 10
INSIGHTS AVRIL 2019 cancers et le diabète, sont devenues la première des thérapies anti-âge et de la recherche, en particu- cause de mortalité dans le monde. lier au niveau de l’édition génomique et des produits cosmétiques, le vieillissement de la population aura Qui sont les plus vieux : les pays développés ou immanquablement un impact majeur sur la vie de cha- les pays en développement ? cun et l’organisation de notre société. Le Japon et l’Europe occidentale viennent automa tiquement à l’esprit lorsque l’on aborde la question Graphique 3 : Nombre de personnes âgées de 60 ans du vieillissement de la population. Pourtant, en termes et plus selon le niveau de développement des pays, de absolus, ce sont les régions les moins développées, en 2010 à 2050 particulier la Chine, qui abritent la plus grande partie Population (en mio) des seniors (voir graphique 2). Ainsi, en 2018, les 2 500 pays en développement regroupaient près des deux 2 000 tiers de la population mondiale des plus de 60 ans, et ce chiffre devrait passer à quelque 80 % d’ici 2050 1 500 (voir graphique 3). Les coûts économiques et socié- 1 000 taux liés au vieillissement de la population représentent 500 donc une charge financière non seulement pour les 0 pays développés, mais aussi pour les économies en 2010 2020 2030 2040 2050 développement. Pays les plus développés Pays moins développés Pays les moins développés Les deux tiers des plus Source : Nations Unies, Organisation mondiale de la Santé, Julius Baer de 60 ans vivent dans les pays En résumé Investir dans les secteurs exposés au vieillissement en développement. de la population exige une approche segmentée étant donné la large gamme de services et de sou- tiens dont ont besoin les personnes âgées. Compte Graphique 2 : La Chine abrite la majorité des plus de tenu de la fragilisation qui accompagne le vieillisse- 60 ans ment et de l’évolution des modes de vie des per- sonnes âgées, nous avons identifié cinq segments por- Chine teurs autour de la thématique du vieillissement de la Inde population : 1) la santé et la pharmacie, 2) les services États-Unis de prise en charge des personnes âgées, 3) les loisirs, Japon 4) les biens de consommation et 5) la planification Brésil patrimoniale. Allemagne Au regard des évolutions démographiques majeures 0 200 400 600 800 à travers le monde, nous restons positifs sur les pers- Population (en mio) 2017 2050 pectives à long terme des segments exposés au vieil- Source : Comité national chinois du vieillissement, Pew Research Center, lissement de la population. Nous apprécions tout Bureau américain de recensement, Nations Unies, Julius Baer particulièrement certaines sociétés œuvrant dans les domaines suivants : 1) la démence, les maladies car- Longévité : vieillir en beauté diovasculaires, l’arthrite, le diabète, les soins dentaires, La vieillesse n’est pas forcément un naufrage. Au les aides auditives et les soins ophtalmiques pour le contraire, le vieillissement peut être un phénomène segment de la santé ; 2) les services d’assistance, les nettement plus positif que ce que laisse penser services de restauration et les couches pour adultes la théorie classique de la « bombe à retardement dé- pour le segment des services de prise en charge des mographique ». Si les gens peuvent avoir une vie personnes âgées ; 3) les croisières, le jeu et le bien- plus longue, plus heureuse et plus épanouie grâce être pour le segment des loisirs ; 4) les produits cosmé- notamment aux activités de loisirs et à la planifica- tiques anti-âge et les gadgets techniques ; et 5) l’assu- tion patrimoniale, leur contribution économique à la rance vie. société sera forcément plus importante que celle des générations passées. En outre, avec les progrès Damien Ng, PhD 11
INSIGHTS AVRIL 2019 ÉCONOMIE VERS LA FIN DU RALENTISSEMENT CYCLIQUE ? Le ralentissement économique reste d’actualité, notamment en Europe, mais la résilience de l’économie américaine et les signes de reprise en Chine, où les mesures de relance budgétaire ont été renforcées, incitent à un optimisme prudent. Pour les marchés financiers, la politique monétaire, un temps menaçante, est devenue un véritable tremplin, l’engagement des banquiers centraux à ne pas modifier les taux dans les prochains mois donnant à l’économie mondiale le temps de gagner en puissance. Un ralentissement économique moins généralisé permettre une stabilisation de la croissance au courant Le ralentissement économique est désormais à trois de l’année. Par ailleurs, les négociations en vue d’un vitesses. Le secteur manufacturier des pays européens accord commercial avec les États-Unis se poursuivent. exportateurs subit une véritable contraction. Faute Même si la portée de l’accord pourrait être plus limi- de moteurs de croissance internes, la région est par- tée que prévu, un obstacle serait ainsi levé. ticulièrement vulnérable au ralentissement de la de- mande externe. Quant à l’économie américaine, après Graphique 2 : Offre de liquidité en zone euro – succès une période de ralentissement moins marqué, elle mitigé jusqu’à présent fait maintenant preuve de résistance, avec une amé- EUR mrd lioration de l’activité en février, soutenant ainsi la 1 800 dynamique de croissance sur l’ensemble du continent 1 600 1 400 américain. En Chine, des signes de reprise com- 1 200 mencent à poindre, les indicateurs avancés passant 1 000 800 progressivement en territoire neutre. Ces améliora- 600 400 tions dans deux des trois grandes régions du monde 200 0 incitent à l’optimisme, laissant espérer que le creux -200 de la vague pourrait être atteint dans les prochains 2014 2015 2016 2017 2018 2019 mois pour l’économie mondiale. Masse monétaire M3* Prêts bancaires Base monétaire* * exclusion faite des réserves excédentaires Graphique 1 : Chine – les effets de l’augmentation des Source : Bureau national de la statistique chinois, Julius Baer dépenses publiques sont visibles Politique monétaire – un facteur de soutien CNY mrd Après que la Réserve fédérale américaine (Fed) 3 000 a adopté une approche davantage dépendante des 2 500 données, ce fut au tour de la Banque centrale euro- 2 000 péenne (BCE) de prendre un virage plus accommo- 1 500 dant le mois dernier. Face au ralentissement de la 1 000 croissance de la zone euro, la BCE prévoit ainsi de 500 maintenir les taux inchangés jusqu’à fin 2020. Elle 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 a en outre prolongé les opérations de refinancement Augmentation des dépenses publiques en Chine* à long terme pour stimuler les prêts bancaires. L’en gagement des banques centrales à maintenir le statu * Variation absolue en glissement annuel des volumes de dépenses sur 12 mois quo permettra d’amortir les effets du ralentissement Source : Bureau national de la statistique chinois, Julius Baer de l’économie mondiale jusqu’à ce que la Fed décide de reprendre ses hausses de taux, ce qui, selon nos Chine : du désendettement à la relance prévisions, devrait avoir lieu au premier trimestre 2020 La Chine est en train de passer du désendettement en réponse au redressement de l’activité économique, à la relance de son économie. L’augmentation des aux tensions sur le marché du travail et à l’augmenta- dépenses publiques annoncée lors du Congrès natio- tion des pressions inflationnistes. nal populaire de mars, la réduction de la taxe sur la valeur ajoutée et la politique monétaire prudente for- David Alexander Meier ment ensemble un paquet de mesures qui devrait 12
INSIGHTS AVRIL 2019 MONNAIES POPULARITÉ CROISSANTE DU DOLLAR La belle prime de risque renforce la popularité du dollar américain. Le niveau plus élevé de la croissance américaine permet au dollar de continuer à offrir des taux d’intérêt plus intéressants. En termes de taux d’intérêt, les monnaies à haut rendement des marchés émergents (ME) sont les seules capables de faire le poids face au dollar américain. Les monnaies exposées au cycle économique et celles assorties de faibles taux d’intérêt comme l’euro sont confrontées à des obstacles de taille. Soutiens multiples pour le dollar américain Malgré ce contexte plus favorable, les investisseurs Ayant digéré l’orientation plus accommodante de rechignent à acheter du dollar. Cette attitude pru- la Réserve fédérale, le dollar profite d’un regain dente est cependant en train d’évoluer et la popularité de popularité. Les marchés monétaires n’intègrent croissante du billet vert devient elle-même un fac- toujours aucune nouvelle hausse des taux cette teur de soutien. La situation est bien différente pour année. Toutefois, aujourd’hui, d’autres banques cen- l’euro. La faiblesse de l’économie de la zone euro trales se montrent tout aussi réticentes à relever les alimente les spéculations quant à un nouvel assouplis- taux d’intérêt, la Banque centrale européenne s’étant sement de la politique monétaire visant explicite- même engagée à maintenir le statu quo jusqu’à ment ou non à affaiblir la monnaie. la fin de l’année prochaine. Par conséquent, le dollar américain maintient son avantage par rapport aux Les monnaies des marchés émergents offrent monnaies des autres pays développés en termes de des primes de risque attrayantes portage d’intérêt. Pour ce qui est des taux d’intérêt, les monnaies des ME sont les seules capables de faire le poids face Graphique 1 : Les taux américains laissent présager un au dollar américain. Si la vigueur du dollar reste une nouveau potentiel haussier pour le dollar source de difficultés pour un grand nombre de pays émergents, la prime associée à ce risque s’est nette- Indice Points de base ment accrue, rendant les placements dans les mon- 110 250 105 naies des ME particulièrement attrayants d’un point 200 100 de vue risque/rendement. La lire turque, la roupie 95 150 90 100 indienne, le rouble russe, la roupie indonésienne et le 85 50 peso mexicain sont les monnaies qui offrent le por- 80 0 tage le plus intéressant. Investir dans un panier com- 75 70 -50 posé de ces monnaies permet d’atténuer les risques 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 spécifiques à chacune de ces devises. Indice du dollar américain (éch. de gauche) Écart de swap à cinq ans* (éch. de droite) Graphique 2 : Augmentation des primes de risque * Taux swap moyens pour l’EUR, le JPY et la GBP Points de pourcentage Source : Datastream, Julius Baer 8 7 La croissance est un autre facteur de soutien pour 6 le billet vert. La croissance américaine a certes ralenti, 5 tout comme celle des autres économies avancées, 4 mais la décélération est nettement moins prononcée 3 qu’en Europe et au Japon. Le ralentissement de la 2 croissance américaine étant moins marqué, le dollar 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 continuera à offrir des taux d’intérêt plus élevés que Écart entre les monnaies à haut rendement et celles à faible rendement* les autres monnaies à l’avenir. * sur la base des taux à trois mois, ajustés de la volatilité Source : Datastream, Julius Baer David Kohl 13
INSIGHTS AVRIL 2019 REVENU FIXE UN RENDEMENT PLUS ÉLEVÉ SE MÉRITE Les banques centrales ont anéanti les espoirs de normalisation des taux que nourrissaient les investis- seurs obligataires. Pour l’heure, le rendement des placements sans risque restera faible, voire négatif. Bien qu’elles ne soient plus sous-évaluées, les obligations des marchés émergents offrent toujours un rendement raisonnable dans le contexte actuel. Les rendements obligataires réels devraient rester Les segments plus risqués du marché obligataire extrêmement bas continuent de profiter de la rareté des actifs à faible Les chances de voir les rendements obligataires re- risque. L’offre d’obligations souveraines de première nouer avec des niveaux plus normaux se sont effon- qualité reste limitée et les prix sont toujours élevés. drées au cours des trois derniers mois. La Réserve Le plafond de la dette ayant été atteint, le Trésor fédérale américaine ne cesse de répéter son nouveau américain ne peut plus procéder à de nouvelles émis- mantra, à savoir qu’elle fera preuve de patience. Pour sions obligataires. En Europe, la plupart des gouver- leur part, la Banque centrale européenne et la Banque nements ont fait des efforts importants pour réduire du Japon sont revenues sur leur intention de relever leur déficit budgétaire, ce qui implique une offre les taux et, selon nos économistes, aucune des deux ne nette d’obligations souveraines faible, voire négative. donnera de tour de vis avant la fin de l’année pro- En outre, une part importante des emprunts d’État chaine. La Banque nationale suisse et la Banque d’An- est détenue par les banques centrales, autant de titres gleterre sont dans le même esprit. En Europe et au auxquels les investisseurs privés ne peuvent plus Japon, les taux du marché monétaire resteront infé- accéder. Par exemple, au Japon, la banque centrale rieurs au taux d’inflation effectif et anticipé pendant détient déjà plus de 40 % de l’énorme stock d’obli une période prolongée, ce qui se traduira par une perte gations souveraines émises et vise explicitement un de pouvoir d’achat pour les investisseurs en instru- rendement de 0,0 % pour le papier à dix ans. Nous ments du marché monétaire. partageons l’opinion de nos économistes selon laquelle les rendements resteront à des niveaux historique- Graphique 1 : Le taux de refinancement de la BCE ment bas. Cependant, plus le rendement des obliga- devrait rester inférieur au taux d’inflation tions les mieux notées sera faible, plus les investis- seurs se tourneront vers des obligations de qualité % moindre comme les obligations BBB ou même les 5 obligations spéculatives (dites obligations à haut ren- 4 dement). 3 2 1 Graphique 2 : Le rendement des emprunts d’État devrait 0 rester faible -1 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019 2021 Rendement des emprunts d’État à dix ans 6 Taux de refinancement Taux d’inflation 5 Prévision Julius Baer (à partir de mars 2019) 4 Source : Datastream, Julius Baer 3 2 1 L’orientation vers les segments plus risqués 0 devrait se poursuivre -1 La faiblesse des taux réels sur les marchés moné- 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019 2021 taires des pays développés réduit les coûts de refi- États-Unis Allemagne Suisse nancement pour les économies émergentes. Les Prévision Julius Baer (à partir de mars 2019) obligations des pays émergents offrent donc une com- Source : Datastream, Julius Baer binaison attrayante alliant un portage positif et une diminution des risques. 14
INSIGHTS AVRIL 2019 Titres américains adossés à des hypothèques tion des prix. Une nouvelle baisse des prix du pétrole Pour les investisseurs toujours intéressés par les obli- ne pouvant être exclue, nous avons ramené notre gations de haute qualité, les titres américains ados- opinion sur les TIPS à Neutre. sés à des hypothèques (mortgage-backed securities – MBS) sont intéressants, d’une part parce qu’ils Anticipations modestes pour l’Europe offrent un léger surplus de rendement par rapport aux Le contexte reste difficile pour les investisseurs en bons du Trésor américain et, d’autre part parce que EUR et en CHF. Pas plus tard qu’au mois de janvier, la qualité des actifs sous-jacents est en amélioration. nous recommandions des obligations d’entreprises Les MBS profiteront de la rareté des bons du Trésor faiblement notées rapportant 2 %. Depuis, le rende- américain tant que la question du plafond de la dette ment de ces titres a diminué à 1,4 %, un niveau faible empêchera les nouvelles émissions nettes. Par ail- en comparaison historique, mais qui reste de 2 % en- leurs, les MBS bénéficient indirectement de la faiblesse viron supérieur au taux de dépôt de la BCE. Malgré des taux d’intérêt réels, ces derniers dopant les prix la faiblesse généralisée des rendements, nous conti- de l’immobilier résidentiel et donc la qualité des hypo- nuons de préférer les obligations de qualité invest- thèques. La notation de crédit médiane des nouvelles ment grade inférieure à celles à haut rendement. Si hypothèques est en effet plutôt rassurante. Aux une récession semble peu probable aux États-Unis, États-Unis, la qualité du crédit hypothécaire est me- elle ne peut être exclue pour la zone euro ou la Suisse. surée sur une échelle de 350 à 850. Selon les don- Aussi restons-nous attentifs aux risques de crédit. nées collectées par la Réserve fédérale de New York, Nous maintenons donc notre recommandation d’achat la notation médiane des nouveaux prêts hypothé- pour les obligations en EUR de qualité investment caires se situe à un niveau plutôt élevé. En bref, les grade inférieure. MBS offrent une bonne qualité de crédit ainsi qu’un léger surplus par rapport aux emprunts d’État et aux instruments du marché monétaire. Les MBS méritent une attention particulière dans le contexte Graphique 3 : Augmentation des prix de l’immobilier résidentiel – solidité des notations de crédit actuel de faiblesse des rendements Prix de l’immobilier résidentiel (janvier 2005 = 100) Notation de crédit des emprunts d’État. 140 790 780 130 770 120 760 110 750 La dette bancaire super-subordonnée offre encore un 740 100 730 rendement plus élevé que les obligations de qualité 90 720 investment grade inférieure. Nous restons neutres sur 710 80 700 le segment étant donné sa forte hétérogénéité. Les 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019 investisseurs doivent cependant soigneusement sélec- Indice des prix de l’immobilier résidentiel aux États-Unis tionner les titres ou recourir à un instrument large- (éch. de gauche) ment diversifié. Notation de crédit médiane (éch. de droite) Source : Réserve fédérale de New York, Datastream, Julius Baer Graphique 4 : Le rendement des obligations d’entre- prises BBB en EUR est revenu à 1,4 % Les TIPS ramenés à Neutre % Les emprunts du Trésor indexés sur l’inflation (TIPS) 3.0 ont rattrapé le terrain perdu ces trois derniers mois 2.5 à cause des prix du pétrole. Ils ont bénéficié de l’aug- 2.0 mentation des anticipations d’inflation, le point mort 1.5 d’inflation1 s’étant rapproché de sa moyenne de long 1.0 terme. La progression du point mort d’inflation est 0.5 le fruit des spéculations quant à la baisse des taux 0.0 d’intérêt américains, et non d’anticipations d’aug- 2014 2015 2016 2017 2018 2019 mentation de la croissance américaine ou d’accéléra- Rendement des obligations d’entreprises notées Baa/BBB Source : ICE Bank of America Merrill Lynch, Datastream, Julius Baer 1 Le point mort d’inflation correspond au niveau d’inflation auquel le rendement des obligations indexées sur l’inflation est égal à celui des bons classiques du Trésor américain de duration équivalente. Markus Allenspach 15
INSIGHTS AVRIL 2019 ACTIONS CROISSANCE ET VALORISATIONS ATTRAYANTES POUR LE SECTEUR DES COMMUNICATIONS Les communications constituent un nouveau secteur qui regroupe l’ancien secteur des télé communications ainsi que certains médias, Internet, les divertissements et l’édition. Le secteur des communications est l’un de ceux qui connaissent la croissance la plus rapide dans les pays développés, mais ses valorisations n’intègrent pas, selon nous, pleinement ses perspectives de croissance. Aussi avons-nous relevé le secteur à Surpondérer. Communications : relèvement du secteur de Cette croissance a été tirée essentiellement par des Neutre à Surpondérer facteurs structurels tels que la connectivité, la pro- Fin février, nous avons relevé le secteur des commu priété des données et la croissance des données. Cette nications à Surpondérer étant donné ses perspectives évolution s’inscrit, selon nous, dans une tendance de croissance supérieures à la moyenne et ses valori- structurelle relativement indépendante des perspec- sations bon marché. Les communications constituent tives macroéconomiques. Les prévisions de béné- un nouveau secteur qui regroupe les titres de l’an- fices du consensus pour 2019 ont récemment été re- cien secteur des télécommunications (environ 33 % vues à la baisse, de 15 % à 5 %, ce qui nous semble du total), ainsi que ceux des secteurs des divertis trop faible. Pour notre part, nous continuons de tabler sements, des médias et de l’édition (67 % du total), sur une croissance proche de 10 % pour le chiffre comme Walt Disney. Les cinq plus importantes va- d’affaires et supérieure à 10 % pour les bénéfices du leurs, à savoir Alphabet, AT&T, Comcast, Facebook secteur aussi bien pour 2019 qu’au-delà. Outre les et Verizon, représentent quelque 55 % du secteur et perspectives de croissance, le titre pourrait aussi ga- sont toutes recommandées à l’achat par nos analystes gner du terrain lorsque les investisseurs réaliseront actions. Le secteur est également intéressant d’un que les prévisions du consensus sont trop faibles. point de vue « top-down ». Les valorisations sur la base du ratio cours/bénéfices anticipé sont nettement in- Graphique 2 : Les valorisations sont inférieures aux férieures aux moyennes historiques et les actions amé- moyennes historiques ricaines du secteur (soit environ 75 % du total) conti- Ratio cours/bénéfices anticipé nuent d’afficher une solide croissance des bénéfices. 70 60 Graphique 1 : Anticipations de croissance des bénéfices 50 pour le secteur des communications et les actions des 40 marchés développés 30 20 % 10 0 12 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019 10 Secteur des communications 8 Moyenne (+/− 1 écart-type) 6 Source : Datastream, Julius Baer 4 2 0 Patrik Lang, CFA 2019E 2020E Secteur des communications Résumé des notations des actions Actions des marchés développés Alphabet (Buy, cours/cours cible : USD 1 189.84 / 1 300) E = estimation AT&T (Buy, cours/cours cible : USD 31.39 / 34) Source : Datastream, Julius Baer Classification : Julius Baer Financial Instruments Comcast (Buy, cours/cours cible : USD 39.63 / 43) Facebook (Buy, cours/cours cible : USD 167.68 / 195) Au quatrième trimestre 2018, le secteur des commu- Verizon (Buy, cours/cours cible : USD 60.63 / 61) nications a enregistré la croissance la plus rapide du Walt Disney (Hold, cours/cours cible : USD 110.14/120) S&P 500 (croissance du chiffre d’affaires de 20,4 % par rapport à la même période de l’année précédente). 16
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