Opportunités d'investissement septembre 2019 - Allnews

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Opportunités d'investissement septembre 2019 - Allnews
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        INSIGHTS
Opportunités d’investissement septembre 2019
Opportunités d'investissement septembre 2019 - Allnews
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019

                        SOMMAIRE

                               3 Éditorial

                           4 Vue d’ensemble

                     6 Perspective d’investissement

                          8 Analyse technique

                          10 Next Generation

                              12 Économie

                              13 Monnaies

                             14 Revenu fixe

                               16 Actions

                         18 Matières premières

                    19 Mentions légales importantes

     JULIUS BAER NEXT GENERATION THÈMES D’INVESTISSEMENT

ARISING ASIA            DIGITAL DISRUPTION                   ENERGY TRANSITION

         FEEDING THE WORLD                 SHIFTING LIFESTYLES

                              Impressum
                          Date de publication
                           3 septembre 2019

               Cours de référence, clôture de la rédaction
                 27 août 2019, sauf indication contraire

                                     2
Opportunités d'investissement septembre 2019 - Allnews
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019

                                  ÉDITORIAL

Chère lectrice, cher lecteur,

Même avec la meilleure volonté du monde, il est certaines choses auxquelles il est im­
possible de s’habituer. Pour certains, ce sont les crissements de la craie sur le tableau noir,
pour d’autres les grains de sable dans les draps. Pour les investisseurs internationaux de
2019, c’est l’agitation politique constante qui fait la une des médias depuis bien trop long­
temps. La fin du supplice est-elle pour bientôt ? Au regard de ce qui s’est passé cet été,
cela semble peu probable. Le supplice devrait se prolonger : une phase d’escalade sera sui­
vie d’une désescalade, avant qu’une nouvelle série d’escalade ne fasse monter les ten­
sions d’un cran. Bien pire, vu comment les choses se sont déroulées au cours des 18 der­
niers mois, même si un accord est conclu, plus personne ne croira qu’il puisse durer, sans
être remis en cause par un simple tweet.

Alors est-ce le moment d’abandonner le navire et de quitter les marchés financiers ? Dans
ce numéro d’Insights, nous expliquerons pourquoi une telle réaction est, selon nous, in­
justifiée. Il y a en effet de bonnes raisons de rester investi. Cependant, malgré tous les ar­
guments rationnels que l’on pourra avancer, force est de constater qu’il y a un sentiment
de malaise dont il sera difficile de se défaire dans l’immédiat. Comment les investisseurs
peuvent-ils gérer cette situation ? L’une des solutions consiste à s’habituer à « ne pas
s’habituer » à l’agitation liée à la guerre commerciale. Au lecteur qui penserait que je plai­
sante en disant cela, je suggérerais de voir le verre à moitié plein : la guerre commerciale
et la réponse qu’y apporte la politique monétaire devraient entraîner une prolongation du
cycle économique actuel et offrir, de temps à autre, de bons points d’entrée à ceux qui
avaient précédemment laissé passer leur chance.

                                     Christian Gattiker
                                     Head of Research

                                               3
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019

                                       VUE D’ENSEMBLE

Perspective d’investissement : Page 6                               Monnaies : Page 13
• Les développements de l’été 2019 ont montré que                   • L’affaiblissement du yuan chinois a accru le risque
  les tensions commerciales et géopolitiques étaient                  d’escalade du conflit entre les États-Unis et la
  là pour durer. L’économie mondiale en a fait les frais              Chine au-delà des considérations commerciales. Des
  et est entrée dans une récession industrielle.                      interventions monétaires de la part des États-Unis
• Face à cette situation, les banques centrales se sont               et un éventuel blocage des transactions financières
  donné pour mission de lutter contre la récession,                   dans les juridictions américaines pèseraient sur les
  ce qui devrait soutenir aussi bien les économies que                monnaies cycliques et celles des marchés émergents.
  les marchés dans les mois à venir.                                • Cependant, il n’existe guère de preuves que la
                                                                      Chine cherche à déprécier sa monnaie ; l’objectif
Analyse technique : Page 8                                            est plutôt de limiter sa volatilité.
• Les investisseurs pourraient sous-estimer les risques
  liés à la détention d’actions individuelles. Détenir              Revenu fixe : Page 14
  des actions dans une perspective de long terme ne                 • Nous continuons de préférer le risque de crédit au
  garantit pas, en soi, des rendements intéressants.                  risque de duration. Les investisseurs doivent préser­
• Les investisseurs doivent aussi faire preuve de flexi­              ver une marge de manœuvre et éviter les extrêmes
  bilité, savoir limiter les pertes et laisser les béné­              tant au niveau du risque de crédit que du risque de
  fices s’accumuler.                                                  duration.
                                                                    • Nous mettons l’accent sur les obligations d’entre­
Next Generation : Page 10                                             prises investment grade inférieur des marchés
• L’énergie propre est arrivée à un stade où elle peut                ­matures et émergents ainsi que sur le haut rende­
  s’imposer, les technologies éoliennes et solaires                    ment américain noté Ba/BB.
  ­devenant plus compétitives. La prochaine phase est
   celle de la stabilité et de la prévisibilité, essentielles       Actions : Page 16
   à la santé financière des entreprises du secteur.                • La baisse des rendements obligataires et la faiblesse
• La croissance n’est pas tant liée à la construction                 des indices des directeurs d’achat ont pesé sur la
   qu’à la possession de centrales électriques. La taille             performance des actions de valeur. Celles-ci affichent
   est essentielle et la consolidation devrait permettre              une décote record par rapport aux valeurs de crois­
   l’émergence de grands acteurs de l’énergie propre.                 sance, et il faudra, selon nous, un choc majeur pour
   Les incertitudes économiques nous incitent à la                    provoquer une nouvelle correction.
   neutralité sur le thème dans son ensemble.                       • Nous tablons sur une normalisation du sentiment
                                                                      des consommateurs, qui reste morose, et un retour
Économie : Page 12                                                    en grâce des actions de valeur.
• La montée des tensions commerciales entre les
  États-Unis et la Chine entraîne une contraction du                Matières premières : Page 18
  secteur manufacturier exposé aux échanges in­                     • Les craintes relatives à la croissance mondiale sont
  ternationaux, augmente les risques de déflation et                  au cœur des préoccupations sur les marchés des
  suscite des craintes de récession généralisée.                      matières premières. La demande devrait rester mo­
• Dans ce contexte, les banques centrales ont, un                     deste même si la politique offensive d’assouplis­
  peu partout dans le monde, commencé à revenir à                     sement monétaire devrait dissiper les craintes des
  des politiques monétaires expansionnistes visant à                  investisseurs.
  atténuer le creux actuel de fin de cycle et les risques           • Les stocks de pétrole sont toujours à des niveaux
  de récession.                                                       élevés, la production de pétrole de schiste conti­
                                                                      nuant de progresser allègrement, d’où le maintien
                                                                      de notre opinion neutre sur le secteur. La hausse
                                                                      de l’or est soutenue, les anticipations étant à une
                                                                      nouvelle accentuation des tensions commerciales.

                                                                4
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019

VUE D’ENSEMBLE DES CYCLES ÉCONOMIQUES                                                                             MONNAIES
Cycle économique                                                                  France                                                 Spot         3M       12M
                                                                    Japon
                                                                                                                  EUR/CHF                1.09       1.09        1.15
                                                                                            États-Unis            USD/CHF                0.98       0.96       1.00
                                                       Zone euro     Italie
                                                                                                                  JPY/CHF                0.93       0.92       0.95
                                                                                                                  GBP/CHF                 1.20       1.18      1.34
                                                         Monde
                                                                                                                  EUR/USD                  1.11      1.13       1.15
                                                      Corée du Sud
                    Royaume-Uni                                                                                   EUR/GBP                0.90       0.92       0.86
                                                Pays émergents de l’Asie
                           Suisse             Canada                                                              USD/JPY               105.8      105.0      105.0
                                Chine       Australie                    Potentiel de croissance                  GBP/USD                 1.23       1.23      1.34
                                    Allemagne                            à long terme

CROISSANCE (PIB réel an/an, %)                            INFLATION (IPC an/an, %)                                TAUX DES BANQUES CENTRALES
                                                                                                                  (%, p. a.)
Moyenne                2018       2019E      2020E        Moyenne              2018        2019E     2020E
États-Unis               2.9         2.2         1.1      États-Unis             2.4           1.7      2.2       Fin d’exercice        2018      2019E     2020E
Zone euro                1.9          1.1       1.2       Zone euro              1.8          1.3       1.7       États-Unis             2.50        1.75      1.75
Royaume-Uni              1.4          1.1       0.8       Royaume-Uni            2.5          2.0       2.1       Zone euro             0.00       0.00       0.00
Suisse                   2.5         1.2        0.7       Suisse                0.9           0.5       0.9       Royaume-Uni            0.75       0.75      1.00
Japon                   0.8           1.1       0.3       Japon                  1.0          0.7       0.7       Suisse                -0.75      -1.00     -1.00
Chine                    6.6         6.1        5.7       Chine                  1.9          2.2       2.5       Japon                 -0.10      -0.10     -0.10
Monde                    3.7         3.1        2.4       Monde                  5.1          3.8       4.1
                                                                                                                  E = estimation
PIB = produit intérieur brut                              IPC = indice des prix à la consommation
                                                                                                                  EMPRUNT D’ÉTAT 10 ANS (%, p. a.)
INDICES D’ACTIONS (monnaie locale)                        MATIÈRES PREMIÈRES
                                                                                                                  Fin d’exercice        2018      2019E     2020E
                                  Niveau       12M                                            Prix    12M         États-Unis             2.83        2.10      2.55
SMI                                 9786     10300        Pétrole Brent (USD/baril)           58.8    55.0        Allemagne              0.25      -0.20      0.30
Eurostoxx 50                        3370      3700        Or (USD/once)                      1543     1525        Royaume-Uni            1.27       0.80       1.25
S&P 500                            2869       3200        Cuivre (USD/tonne)                 5662     6150        Suisse                -0.19      -0.60     -0.20
Nikkei 225                        20456      22500        Minerai de fer (USD/tonne)           92       70        Japon                 0.04        -0.15     -0.15

PERSPECTIVE DES CATÉGORIES D’ACTIFS
Vue Catégorie d’actifs et de risque           Privilégiez …                                                   Évitez …
    Liquidités
    Obligations Conservateur                  Titres émis par les agences gouvernementales des                Emprunts d’État de longue durée
                                              États-Unis adossés à des créances hypothécaires
                       Première qualité       Titres adossés à des créances hypothécaires américaines
                       Opportuniste           Obligations investment grade inférieur libellées en USD
                                              et EUR, obligations immobilières chinoises de qualité
                                              supérieure, obligations convertibles
                       Spéculatif             Obligations immobilières chinoises à haut rendement,
                                              obligations américaines à haut rendement et obligations
                                              des marchés émergents en monnaies fortes ou locaux sur
                                              une base sélective
      Actions          Conservateur           Santé                                                           Consommation défensive, services aux collectivités ;
                                                                                                              actions américaines de croissance des dividendes
                       Moyen                  Communication, industrie, matériaux, pétrole et gaz, tech­
                                              nologies de l’information ; actions de valeur globales, ac­
                                              tions de croissance américaines, petites capitalisations
                                              européennes ; actions européennes à haut dividende ; Chili
                       Opportuniste           Brésil, Chine, Indonésie, Philippines, Vietnam                  Turquie
      Matières                                Or, argent                                                      Gaz naturel européen
      premières
      Monnaies                                CAD, NOK, RUB, IDR, INR                                          AUD, NZD, SGD, KRW, ZAR
      Next             Thématique             Éducation mondiale, génomique, informatique dématériali­ Nouvelle route de la soie,
      Generation                              sée et intelligence artificielle, jeux vidéo, longévité, obésité « Made in China 2025 »
                                              globale, paiements numériques, santé numérique, tourisme
                                              en Asie, une Chine en bonne santé
Vietnam : Julius Baer n’offre aucun service sur les marchés locaux. Brésil, Philippines : Pour les résidents locaux, les investissements sur le marché local sont
soumis à des restrictions légales. Obligations convertibles : Les obligations convertibles sont considérées comme des produits d’investissement packagés
de détail et fondés sur l’assurance (PRIIPS). Elles ne peuvent être vendues aux résidents de l’Espace économique européen que si elles sont accompagnées
d’un document d’information (KID).
  vue positive       vue neutre      vue négative

IDÉES D’INVESTISSEMENT : ACTIONS                                                     ÉMETTEURS OBLIGATAIRES PRÉFÉRÉS
Thème                          Sociétés                                              Catégorie           Émetteurs
                                                                                     de risque
Surpondérer les actions        Alibaba, Ping An Insurance, Tencent
chinoises                                                                            De première         Abu Dhabi, Arabie saoudite, Caterpillar, Coca-Cola
                                                                                     qualité             FEMSA, First Abu Dhabi Bank, Koweït, Qatar,
Actions préférées              Par secteur
                                                                                                         Rabobank, ­Siemens, Toyota Motor, UBS Group
                                                                                     Opportuniste        Cielo, Crédit Agricole, DP World, Equate Petro­chemical,
Pour de plus amples informations sur les sociétés mentionnées,
                                                                                                         Espagne, Grupo Bimbo, LafargeHolcim, Orange, Portugal,
veuillez consulter la page 17 ou la dernière publication Baer®Insights
Equity/Fixed Income relative à la société concernée. Veuillez                                            The Commercial Bank
noter que l’étendue de la distribution de ces publications peut varier.              Spéculatif          Arcor, B
                                                                                                                ­ anco do Brasil, JBS, Minerva, Smurfit Kappa,
Source des tableaux et graphiques : Julius Baer                                                          Yanlord Land, YPF, Yuexiu Property

                                                                                 5
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019

                       PERSPECTIVE D’INVESTISSEMENT
                           LES BANQUES CENTRALES À LA RESCOUSSE
Les développements de l’été 2019 ont montré que les tensions commerciales et géopolitiques étaient
  là pour durer. L’économie mondiale en a fait les frais et est entrée dans une récession industrielle.
Face à cette situation, les banques centrales ont engagé des politiques de lutte contre la récession, qui
           devraient soutenir aussi bien les économies que les marchés dans les mois à venir.

LE TERME DU MOIS :                                                         teurs d’achat du secteur manufacturier commencent
Assouplissement monétaire                                                  à signaler une contraction partout dans le monde.
                                                                           En d’autres termes, l’activité industrielle est en train de
Une politique d’assouplissement monétaire consiste,                        s’essouffler. Sur les marchés financiers, cette spirale
pour une banque centrale, à diminuer les taux d’inté­                      baissière se reflète dans les actifs sensibles au cycle. Les
rêt et les ratios de dépôt pour faciliter l’accès au crédit.               investisseurs internationaux ont ainsi procédé à des
L’emprunt étant alors plus accessible pour les entre­                      ventes massives, faisant dégringoler les valeurs ban­
prises, il en découle une augmentation des investisse­                     caires ainsi que les actions des secteurs de l’industrie
ments et un développement de l’activité. La politique                      et des matériaux.
d’assouplissement monétaire a généralement pour ré-
sultat immédiat de doper le cours des actions.                             Graphique 1 : L’incertitude politique devrait persister

Source : Dictionnaire financier Farlex (2009), Julius Baer                 Indice
                                                                           400
                                                                           350
                                                                           300
                                                                           250
Le supplice continue                                                       200
En septembre 2019, cela fera environ 18 mois qu’un                         150
                                                                           100
conflit commercial ouvert oppose les États-Unis et                          50
la Chine. L’incertitude politique s’est envolée lors de                      0
                                                                                     1999        2003        2007         2011        2015      2019
la phase d’escalade des tensions en 2018 (voir gra­
phique 1). Après avoir atteint un sommet à la fin de                             Récessions américaines (NBER)
                                                                                 Indice mondial d’incertitude sur la politique économique
l’année 2018, elle s’est quelque peu atténuée, avec                              (pondéré selon le PIB)
l’espoir de conclusion d’un accord. Cet espoir s’est en­                         Estimation Julius Baer pour le mois en cours*

suite évaporé début mai 2019, avant de renaître                            * sur la base de l’indice quotidien d’incertitude sur la politique
                                                                           économique américaine
après le sommet du G20 de fin juin. Toutefois, début
                                                                           NBER = Bureau national américain de recherche économique ;
août, les tensions sont de nouveau montées d’un                            PIB = produit intérieur brut.
cran.                                                                      Source : Datastream, Julius Baer

Du point de vue des investisseurs, les conclusions à                       Les consommateurs et les banques centrales
l’issue de ces 18 derniers mois sont assez simples :                       sauvent la mise
a) le scénario le plus probable est désormais celui d’une                  Cela veut-il dire que tout va mal ? Non. Lorsqu’ils
véritable guerre commerciale ; b) même si un accord                        auront intégré qu’un retour à la paix sur le plan com­
est conclu, la probabilité d’une trêve durable est plutôt                  mercial était exclu dans l’immédiat, les investisseurs
faible ; et c) le mal est déjà fait sur le plan économique.                commenceront à apprécier à leur juste valeur les fac­
                                                                           teurs de soutien qui existent bel et bien. Le premier
L’économie mondiale, victime collatérale                                   est que les consommateurs ont, jusqu’à présent, sau­
La première victime des guerres commerciales est tou­                      vé la mise. Dans de nombreux pays, la récession in­
jours l’économie et, en l’occurrence, c’est aujourd’hui                    dustrielle aurait débouché sur une récession générali­
l’industrie qui trinque. Depuis l’escalade des tensions                    sée s’il n’y avait pas le fait que la consommation est
à la fin de l’année dernière, l’économie mondiale n’a                      si robuste actuellement. Bien évidemment, la consom­
cessé de s’affaiblir. À l’été 2019, les signes de récession                mation pourrait ne plus jouer à un moment donné,
industrielle se sont multipliés. Les indices des direc­                    surtout si des licenciements massifs venaient ébranler

                                                                       6
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019

la confiance des ménages. Les banques centrales se                                   Les investisseurs doivent garder le cap
sont donc donné pour mission de lutter contre la réces­                              Dans le contexte actuel, nous invitons à nouveau les
sion (voir graphique 2). Que ce soit dans les pays                                   investisseurs à garder le cap. À moins de signes sé­
développés ou dans ceux en développement, après                                      rieux d’essoufflement de la consommation mondiale,
avoir donné un tour de vis fin 2018, les banques                                     nous pensons que la croissance économique a en­
­centrales ont commencé à assouplir leur politique.                                  core de beaux jours devant elle. Les ménages étant
                                                                                     nettement moins endettés que lors des pics cycliques
Graphique 2 : Réaction des banques centrales – du                                    précédents (voir graphique 3), le risque de bulle
durcissement à l’assouplissement                                                     semble limité. Pour les investisseurs axés sur le court
                                                                                     terme, les prochaines semaines peuvent même offrir
Nombre de changements de taux
                                                                                     quelques beaux points d’entrée.
    15
                                        Resserrement
    10
     5                                                                               Nos recommandations pour les différentes classes
     0                                                                               d’actifs sont les suivantes :
    -5
-10
                                                         Assouplissement             Revenu fixe
    -15
                                                                                     • Obligations d’entreprises investment grade inférieur,
-20
             2008       2010       2012          2014     2016        2018             le segment plus liquide au sein de la dette spécula­
                                                                                       tive américaine et certaines obligations des marchés
          Banques centrales du G10
          Banques centrales des pays émergents                                         émergents.
* G10 = Belgique, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Pays-Bas,
  Suède, Suisse, Royaume-Uni et États-Unis.                                          Actions
Source : Datastream, Julius Baer                                                     • Santé, communications et technologies de l’informa­
                                                                                       tion ; Chine et Brésil 1 pour les marchés émergents.
Cela suffira-t-il ?
En effet, reste à voir si l’assouplissement monétaire                                Matières premières
sera efficace cette fois-ci. Il devrait, selon nous, contri­                         • L’or qui, malgré sa récente envolée, fait office de
buer à stabiliser les marchés financiers, puis l’écono­                                couverture face aux risques politiques.
mie réelle. Toutefois, étant donné les niveaux actuels
des taux d’intérêt et de l’endettement, l’impact de la                               Monnaies
politique monétaire risque d’être limité. Il ne faut donc                            • Faire preuve de sélectivité pour les monnaies de
sans doute rien attendre de plus qu’une stabilisation.                                 portage.
Par ailleurs, les appels en faveur d’une hausse des dé­
penses budgétaires se sont multipliés récemment.                                     Graphique 3 : Prix de l’immobilier – moins excessifs que
Les États-Unis et la Chine ont d’ailleurs déjà commen­                               lors des cycles précédents
cé à appliquer des mesures budgétaires, et la Chine
                                                                                     Indice (écart par rapport à la tendance)
pourrait encore augmenter ses dépenses publiques. Pas
                                                                                         15
plus tard que cet été, les parlementaires américains                                                                                               2 écarts-types
                                                                                         10
ont approuvé un accord sur le budget prévoyant une                                       5
                                                                                                                                                      1 écart-type
augmentation des dépenses et autorisant le gouver­                                       0
nement à contracter de nouveaux emprunts, ouvrant                                        -5
                                                                                                                                                      1 écart-type
ainsi la voie à une hausse des dépenses publiques                                    -10
                                                                                                                                                   2 écarts-types
aux États-Unis aussi. En Europe, l’orientation en ma­                                -15
tière de dépenses budgétaires est moins claire et                                                1983      1989      1995   2001      2007       2013      2019

reste imprévisible. Toutefois, les succès électoraux ré­                                      Prix de l’immobilier
cents de partis favorables à des réductions fiscales                                 Source : Indice des prix immobiliers de la Réserve fédérale de Dallas ;
laissent penser que l’Europe va, elle aussi, vers une                                Julius Baer

augmentation des dépenses budgétaires.
                                                                                                                      Christian Gattiker, CFA, CAIA

1    Pour les résidents locaux, les investissements sur le marché domestique sont soumis à des restrictions légales.

                                                                                 7
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019

                                      ANALYSE TECHNIQUE
                   L’ACTION MOYENNE EST RISQUÉE, TRÈS RISQUÉE
     Les investisseurs pourraient sous-estimer les risques liés à la détention d’actions individuelles.
    Détenir des actions dans une perspective de long terme ne garantit pas, en soi, des rendements
      intéressants. Les investisseurs doivent aussi faire preuve de flexibilité, limiter les pertes et
                                    laisser les bénéfices s’accumuler.

 L’action moyenne représente un                                             Graphique 1 : De 1926 à 2015, l’action américaine
 « risque sans rendement »                                                  moyenne a sous-performé par rapport aux bons du
 Il est généralement conseillé aux investisseurs d’ache­                    Trésor américain à 1 mois
ter des actions dans une perspective de long terme.
                                                                            %
Toutefois, le marché des actions n’est pas statique et
                                                                            70
les entreprises vont et viennent. Il est par conséquent                     60
important pour les investisseurs de bien faire la dif­                      50
férence entre l’investissement dans un indice tel que                       40
le S&P 500, et l’investissement dans des actions in­                        30
                                                                            20
dividuelles. Les indices sont dynamiques par nature ;
                                                                            10
leur composition évolue avec l’ajout de nouvelles en­
treprises et le retrait d’autres dont l’importance (en                                 Actions au rendement               Actions au rendement
                                                                                    supérieur à celui des bons du      inférieur à celui des bons du
termes de capitalisation boursière par exemple) a                                     Trésor américain à 1 mois          Trésor américain à 1 mois
­diminué. À l’inverse, un portefeuille de placement com­
 posé d’actions individuelles ne subit des changements                      Remarque : La performance passée et les prévisions de performance ne
                                                                            sont pas des indicateurs fiables des résultats futurs.
 que si l’investisseur vend les titres. Autrement dit, la                   Source : H. Bessembinder (2018). « Do stocks outperform Treasury bills ? »,
 composition du portefeuille n’évolue que si l’investis­                    Journal of Financial Economics, volume 129, pp. 440–457 ; Julius Baer
 seur le décide. Par conséquent, dans une perspective
 de long terme, il convient d’examiner le rendement à
 long terme des actions individuelles et pas seule­
                                                                                L’action américaine moyenne est
 ment celui des indices. Une étude récente s’est juste­                           un « risque sans rendement ».
 ment penchée sur le rendement des actions améri­
 caines au cours de la période 1926–2015. Cette étude
 a révélé que plus de la moitié des actions cotées sur
 le marché américain au cours de la période sous revue                      Le gagnant rafle la mise
 a dégagé un rendement inférieur à celui des bons du                        L’étude susmentionnée a également montré que la
 Trésor américain à 1 mois (voir graphique 1). L’action                     performance globale du marché américain au cours
 moyenne américaine semble donc être un « risque                            de la période 1926–2015 a été générée, pour l’essen­
 sans rendement ».                                                          tiel, par un groupe limité d’actions. Plus précisément,
                                                                            la création nette de richesse du marché des actions
                                                                            américain au cours de ces 90 années est attribuable
                                                                            à 4 % seulement de l’ensemble des actions cotées
                                                                            aux États-Unis. Les 96 % restants ont collectivement
                                                                            dégagé un rendement similaire à celui des bons du
                                                                            Trésor américain à 1 mois. Les investisseurs ayant misé
                                                                            sur ces papiers n’ont donc pas été rétribués pour la
                                                                            volatilité et les risques accrus associés aux actions.

L’analyse technique peut être incohérente avec l’analyse fondamentale et aboutir à des conclusions différentes.

                                                                        8
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019

Graphique 2 : L’essentiel de la performance du marché                                 Effrayer, vendre, laisser grimper puis
des actions américain au cours de la période 1926–2015                                recommencer
est attribuable à un petit nombre de titres                                           Les actions américaines ont été confrontées à un
                                                                                      ­véritable mur d’inquiétudes au cours des dix dernières
%
                                                                                       années, et 2019 ne fait pas exception à cet égard.
120
                                                                                       Les tensions commerciales et les craintes de récession
100
                                                                                       sont actuellement au cœur des préoccupations des
 80
                                                                                       investisseurs, et la sévère correction subie par le mar­
 60
                                                                                       ché au quatrième trimestre 2018 est encore dans
40
                                                                                       tous les esprits. Sans surprise, la moindre inquiétude
 20
                                                                                       a suscité des ventes en 2019, les investisseurs inter­
    0
                Actions à l’origine de la       Actions dont le rendement est          prétant chaque correction de court terme comme le
               création nette de richesse      collectivement identique à celui
                                                des bons du Trésor américain           début d’une longue phase de baisse. Comme le
                                                           à 1 mois                    montre le graphique 4, les investisseurs ont vendu
Remarque : La performance passée et les prévisions de performance ne                   des actions à un rythme effréné et investi près du
sont pas des indicateurs fiables des résultats futurs.
                                                                                       double de ce que ces ventes leur ont rapporté dans
Source : H. Bessembinder (2018). « Do stocks outperform Treasury bills ? »,
Journal of Financial Economics, volume 129, pp. 440–457 ; Julius Baer                  des obligations et des fonds monétaires. Nous re­
                                                                                       commandons de rester fidèles aux actions, en privi­
Actions hors États-Unis                                                                légiant les valeurs américaines.
On pourrait considérer que les conclusions de cette
étude portant sur 90 ans n’ont d’intérêt que d’un
point de vue académique. Elles semblent pourtant
                                                                                           Le S&P 500 toujours confronté
confirmées par l’examen des données de perfor­                                            à un véritable mur d’inquiétudes –
mance régionale au cours des huit dernières années.
Comme le montre le graphique 3, qui compare les
                                                                                                    restez investis !
taux de rendement en dollars américains des actions
cotées aux États-Unis et en dehors des États-Unis,
ces dernières ont plutôt stagné, avec un rendement                                    Graphique 4 : Les investisseurs continuent de vendre
total limité à 8 %, alors que les actions américaines                                 des actions américaines en 2019
ont gagné pas moins de 131 %. Il s’agit là d’une preuve
                                                                                      USD mrd
supplémentaire que le fait de conserver des actions
                                                                                          400
sur une longue durée ne garantit nullement des rende­
                                                                                          300
ments intéressants. Les investisseurs doivent aussi
                                                                                          200
faire preuve de flexibilité, savoir limiter les pertes et
                                                                                          100
laisser les bénéfices s’accumuler.
                                                                                            0

Graphique 3 : Huit années de rendements nuls pour les                                 -100

actions en dehors des États-Unis                                                      -200

                                                                                      -300
Indice                                                                                              Actions             Obligations    Fonds monétaires
250
                                                                                      Source : Bloomberg Finance L.P., Julius Baer
200

150
                                                                                                                               Mensur Pocinci, MFTA
100

 50

    0
        2011    2012    2013    2014    2015     2016    2017    2018    2019

        MSCI Monde (hors États-Unis)                MSCI US

Remarque : La performance passée et les prévisions de performance ne
sont pas des indicateurs fiables des résultats futurs.
Source : Bloomberg Finance L.P., Julius Baer

                                                                                  9
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019

                                  NEXT GENERATION
                                           ÉNERGIE PROPRE
  L’énergie propre est arrivée à un stade où elle peut s’imposer, les technologies éoliennes et solaires
      devenant plus compétitives. La prochaine phase est celle de la stabilité et de la prévisibilité,
    essentielles à la santé financière des entreprises du secteur. La croissance n’est pas tant liée à la
        construction qu’à la possession de centrales électriques. La taille est essentielle et la
  consolidation devrait permettre l’émergence de grands acteurs de l’énergie propre. Les incertitudes
               économiques nous incitent à la neutralité sur le thème dans son ensemble.

                                                                 Enchères, contrats d’achat d’énergie et progrès
                                                                 technologiques
                                                                 Les coûts ont diminué plus vite que prévu au cours
                                                                 de la dernière décennie. Les avancées technologiques
                                                                 ont permis des gains de productivité tandis que la
                                                                 production à plus grande échelle a entraîné une baisse
                                                                 des coûts. Le marché est dominé par de grands ac­
                                                                 teurs et le professionnalisme s’impose de plus en plus.
                                                                 Les aides financières constituent un catalyseur sup­
                                                                 plémentaire encourageant l’adoption d’une énergie
                                                                 propre. Au cours des dernières années, l’orientation
                                                                 vers des mécanismes davantage basés sur le marché,
                                                                 tels que les enchères et les contrats d’achat d’énergie
                                                                 (PPA), a également contribué à réduire les coûts. Grâce
L’âge de la majorité                                             à ces mécanismes, les services publics, les municipali­
Le marché mondial de l’énergie est en pleine évolu­              tés et les entreprises peuvent s’approvisionner directe­
tion structurelle, avec le passage de l’énergie fossile à        ment auprès des producteurs et choisir ainsi les offres
l’énergie propre. Les technologies éoliennes et so­              les plus intéressantes. En d’autres termes, en exerçant
laires sont désormais compétitives sans l’aide des sub­          une pression constante sur les coûts, les forces du
ventions publiques, ce qui change la donne pour le               marché ont rendu l’énergie propre beaucoup plus com­
secteur de l’énergie. Dans le très ensoleillé Sud-Ouest          pétitive. Les centrales à charbon ont aujourd’hui du
des États-Unis, les installations de production et               mal à concurrencer l’éolien, le solaire et le gaz naturel.
de stockage d’énergie solaire commencent à afficher
des coûts plus intéressants que les centrales au gaz             Graphique 1 : Prix de l’énergie propre aux États-Unis
naturel. Pour sa part, le Royaume-Uni a, pour la pre­            dans le cadre des PPA
mière fois depuis le début de l’ère industrielle, vécu
                                                                 USD par mégawatt/heure
une semaine entière sans production d’électricité issue
                                                                 250
du charbon. En mer du Nord, des parcs éoliens off­
                                                                 200
shore, qui permettront d’alimenter, sans subvention
aucune, le réseau électrique allemand à partir de la             150
prochaine décennie, sont actuellement en cours de                100
construction. Le solaire et l’éolien représentent au­
                                                                  50
jourd’hui les deux tiers environ des nouvelles capacités
de production d’électricité dans le monde, et cette                0
                                                                    2006        2009        2012         2014         2017   2020
part ne peut qu’augmenter. Le secteur est actuelle­
                                                                   Solaire        Éolien
ment en pleine transition.
                                                                 Source : Bloomberg New Energy Finance, Julius Baer

                                                            10
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019

Perspectives : des dents de scie au plateau                                Émergence de grands acteurs de l’énergie propre
À mesure qu’il gagne en maturité, le marché de l’éner­                     Les segments des équipements solaires et éoliens
gie propre devrait rompre avec la tendance passée                          du secteur de l’énergie propre sont cycliques par na­
caractérisée par une forte croissance, une évolution en                    ture. L’histoire montre que la situation a tendance
dents de scie et des politiques publiques aléatoires.                      à se calmer à mesure que le marché gagne en maturité.
Il devrait ainsi naviguer dans des eaux plus calmes à                      Le potentiel de croissance en volume semble limité
l’avenir, avec des modèles économiques bien établis,                       dans la mesure où les taux d’installation annuels de­
et une croissance plus lente mais plus stable. La baisse                   vraient atteindre un plateau. En revanche, le ralen­
des coûts n’est plus essentielle à la survie du secteur,                   tissement de la baisse des prix devrait soutenir les
mais les gains de productivité liés aux avancées tech­                     marges et, donc, les cash-flows. En outre, la confiance
nologiques vont se poursuivre et accentuer l’avan­                         devrait globalement s’améliorer et les coûts de finan­
tage de coûts par rapport aux centrales utilisant de                       cement diminuer.
l’énergie fossile.
                                                                           Prévisions pour le marché de l’énergie propre
De nouveaux moteurs ont émergé durant cette transi­
                                                                           Solaire / Éolien / Combinés              2018            2025
tion fondamentale qui va redessiner le marché et le
                                                                           Nouvelles capacités (gigawatts)          108/52          121/55
secteur de l’énergie dans les années à venir. La stagna­
                                                                           Base installée (gigawatts)               540/580         1 360/960
tion de la demande d’électricité dans les pays occi­
                                                                           Production (térawatts-heures)            610/1 240       1 535/2 050
dentaux et le ralentissement de la croissance en Chine
                                                                           Équipements solaires (USD mrd)           140             135
limitent les besoins de nouvelles centrales. Par consé­
                                                                           Équipements éoliens (USD mrd)            108             115
quent, le rythme d’abandon des anciennes centrales
                                                                           Production d’énergie propre              93              170
électriques constitue un élément clé pour ce qui est
                                                                           (USD mrd)
des perspectives du secteur de l’énergie propre.
                                                                           Source : Bloomberg New Energy Finance, rapports des sociétés, Julius Baer
Un abandon rapide s’accompagnerait de difficultés
financières pour les entreprises propriétaires des
centrales thermiques traditionnelles, qui sont souvent                     C’est le segment de la production du secteur de l’éner­
étroitement liées aux États. La transition vers l’éner­                    gie propre qui devrait tirer la croissance, la base d’ac­
gie propre risque donc d’être freinée par des politiques                   tifs ne cessant de s’étendre. Toutefois, la concurrence
visant à atténuer les frictions économiques qu’elle en­                    s’intensifie. De plus, les marges sont sous pression
gendre. L’abandon du charbon en Allemagne constitue                        avec le développement des systèmes d’enchères et des
un bon exemple à cet égard. Les taux d’installation                        contrats d’achat d’énergie. Par ailleurs, les acteurs
de l’éolien et du solaire devraient, selon nos estima­                     traditionnels des services aux collectivités, et même les
tions, atteindre un plateau d’ici 2025, avec proba­                        grandes compagnies pétrolières, s’intéressent de
blement un recul entre-temps du fait de l’évolution de                     plus en plus au secteur. Certains analystes estiment
l’économie mondiale. Fondamentalement, la crois­                           que la consolidation en cours va aboutir à l’émer­
sance ne dépend pas tant de la construction que de                         gence de « grands acteurs de l’énergie propre », une
la possession de centrales à énergie propre.                               opinion que nous partageons entièrement. Les in­
                                                                           certitudes économiques incitent à la neutralité sur ce
Graphique 2 : Production d’électricité (nette) de                          thème. Pour de plus amples informations, veuillez
l’Allemagne                                                                consulter notre Research Focus « Clean energy: Com­
                                                                           ing of age », publié le 1er juillet 2019.
Gigawatts
80
70                                                                                                                           Norbert Rücker
60
50
40
30
20
10
 0
  2015           2016           2017           2018          2019

  Biomasse           Solaire       Éolien             Hydraulique
  Gaz naturel        Charbon       Nucléaire

Source : Entso-e, Julius Baer

                                                                      11
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019

                                                              ÉCONOMIE
    RÉACTION DES POLITIQUES FACE À L’ESCALADE DES TENSIONS
     La montée des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine entraîne une contraction du
       secteur manufacturier exposé aux échanges internationaux, augmente les risques de déflation
    et suscite des craintes de récession généralisée. Dans ce contexte, les banques centrales ont, un peu
      partout dans le monde, commencé à revenir à des politiques monétaires expansionnistes visant
                     à atténuer le creux actuel de fin de cycle et les risques de récession.

La Fed est sous pression pour prendre des                                             ser à l’action le 18 septembre, en réduisant ses taux
mesures plus offensives que de simples baisses                                        de 50 points de base pour les ramener dans une four­
des taux préventives                                                                  chette de 1,50 % à 1,75 %, de manière à normaliser la
Les dernières hausses de taxes sur les exportations                                   courbe des taux, prolonger le cycle et contrebalancer
chinoises vers les États-Unis ont augmenté le risque                                  un éventuel durcissement des conditions financières.
de voir les tensions actuelles dégénérer en véritable                                 Grâce aux baisses des taux de la Fed, et à celles que
guerre commerciale internationale. Le secteur manu­                                   devraient mettre en œuvre prochainement d’autres
facturier exposé aux échanges internationaux conti­                                   grandes banques centrales, le risque de récession mon­
nue de pâtir du conflit commercial et, si l’on en croît                               diale dans les prochains trimestres devrait nettement
les enquêtes réalisées auprès des directeurs d’achat,                                 s’atténuer.
la production industrielle serait en baisse dans les deux
tiers des pays. Les risques de déflation augmentent,                                  Graphique 2 : Niveau élevé de risques géopolitiques
tout comme les risques de contagion de la récession
                                                                                      Score
aux secteurs, toujours solides, des services axés sur
                                                                                       4
les marchés domestiques.                                                               3
                                                                                       2
Graphique 1 : Les risques de déflation sont de retour                                  1
                                                                                       0
partout
                                                                                      -1
                                                                                      -2
Indice
                                                                                      -3
6                                                                                       2005     2007      2009      2011      2013     2015        2017     2019
5
4                                                                                         Indicateur de la conscience des risques géopolitiques *

3
                                                                                      * Présence de risques géopolitiques dans les rapports des courtiers,
2                                                                                       les bulletins de nouvelles et sur Twitter.
1                                                                                     Source : BlackRock Investment Institute, Julius Baer
0
       Suisse    Japon     Chine      Zone     Canada Royaume- États-
                                      euro               Uni    Unis

    Indice de risque déflationniste actuel*            Il y a douze mois              Contexte politique : pas de résolution du conflit
                                                                                      en vue
* Inflation de base et inflation globale, anticipations en matière d’inflation
  et de croissance, taux de change, masse monétaire, marché des actions,              Il semble très peu probable que le conflit commercial
  écart de production et croissance potentielle.                                      sino-américain soit réglé dans les prochains mois.
Remarque : Le Canada et les États-Unis ne présentaient pratiquement
aucun risque visible de déflation il y a 12 mois.                                     Au Royaume-Uni, le Premier ministre Boris Johnson
Source : Datastream, Bloomberg Finance L.P., Julius Baer                              risque de devoir faire face à une perte de confiance
                                                                                      et à de nouvelles élections, le pays n’étant pas prêt
Face à cette situation, les principales banques centrales                             pour un Brexit dur (sans accord). En Italie, l’insta­
ont commencé à abaisser leurs taux. La Réserve fédé­                                  bilité gouvernementale et les différends budgétaires
rale américaine (Fed) a ainsi réduit son taux cible de                                avec l’Union européenne devraient persister. Tous
25 points de base le 31 juillet. Toutefois, les craintes                              ces éléments devraient peser lourdement dans les
du marché quant à une guerre commerciale générali­                                    décisions des autorités monétaires.
sée continuent d’alimenter la pression en faveur d’une
réponse plus offensive de la part de la Fed. Nous pen­                                                                                   Janwillem Acket
sons donc que cette dernière devrait de nouveau pas­

                                                                                 12
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019

                                                    MONNAIES
                             CE N’EST PAS UNE GUERRE DES MONNAIES
      L’affaiblissement du yuan chinois après le franchissement de la barrière psychologique des
   CNY 7 pour USD 1 a accru le risque d’escalade du conflit entre les États-Unis et la Chine au-delà
     des considérations commerciales. Des interventions monétaires de la part des États-Unis et
  un éventuel blocage des transactions financières dans les juridictions américaines pèseraient sur les
   monnaies cycliques et celles des marchés émergents. Cependant, il n’existe guère de preuves que
           la Chine cherche à déprécier sa monnaie ; l’objectif est plutôt de limiter sa volatilité.

La Chine cherche la stabilité, et non                              tarifs douaniers punitifs imposés par les États-Unis
l’affaiblissement de sa monnaie                                    sont faibles. L’affaiblissement du CNY est tout sim­
La dépréciation du yuan et le franchissement de la                 plement insuffisant pour contrebalancer la hausse de
barrière psychologique des CNY 7 pour USD 1 qui en                 25 % des droits de douane. Certes, la Chine mani­
a résulté, ont provoqué l’ire des États-Unis. L’admi­              pule sa monnaie, mais l’objectif premier de cette ma­
nistration Trump a ainsi rapidement accusé la Chine                nipulation est de réduire la volatilité, et non de rempor­
de manipuler sa monnaie. Pourtant, rien ne laisse                  ter le conflit commercial qui l’oppose aux États-Unis.
penser, selon nous, que les développements actuels
annoncent le début d’une guerre des monnaies, autre­               Bien que les développements actuels ne marquent
ment dit des dévaluations compétitives.                            pas, selon nous, le début d’une guerre des monnaies, le
                                                                   simple fait que les États-Unis puissent intervenir sur
Graphique 1 : Le CNY a franchi une barrière                        leur monnaie ou bloquer des transactions financières
psychologique                                                      dans les juridictions de leur ressort accroît l’aversion au
                                                                   risque, et pénalise donc les monnaies des pays émer­
USD/CNY (éch. inversée)
                                                                   gents. Cela pèse également sur les monnaies très
6.0
                                                                   ­cycliques comme le dollar australien (AUD) ou le dol­
6.5                                                                 lar néo-zélandais (NZD). La dépréciation du CNY
7.0                                                                 est une raison supplémentaire de faire preuve de pru­
                                                                    dence à l’égard de l’AUD, du NZD et de la plupart
7.5
                                                                    des monnaies émergentes.
8.0
                                                                   Graphique 2 : Les réserves de change chinoises ne
      2006   2008     2010     2012   2014   2016   2018
                                                                   présentent pas de tendance pouvant être associée à la
       USD/CNY
                                                                   dépréciation du CNY
Source : Datastream, Julius Baer
                                                                   USD mrd                                                 USD mrd
                                                                    120                                                      4 000
Les dévaluations délibérées peuvent se faire par le biais            90                                                      3 800
d’achats de montants importants de devises étran­                    60                                                      3 600
gères, ou par le biais d’une politique monétaire extrê­              30                                                      3 400
                                                                      0                                                      3 200
mement souple. Dans tous les cas, il en résulte une                 -30                                                      3 000
augmentation importante des réserves de change ou                   -60                                                      2 800
une hausse de l’inflation. Or, rien de tel n’est visible            -90                                                      2 600
en Chine. En effet, les réserves de change du pays sont            -120                                                      2 400
                                                                       2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
stables. Elles ont même récemment baissé sur une
                                                                       Variation mensuelle (éch. gauche)
base mensuelle. En outre, la dépréciation du CNY
                                                                       Réserves de change (éch. droite)
semble limitée par rapport à celle d’autres monnaies.
Depuis que les tensions commerciales sont devenues                 Source : Datastream, Julius Baer
problématiques, soit en mars 2018, la couronne sué­
doise a ainsi perdu plus de 15 %, le dollar australien                                                             David Kohl
12 % et la livre sterling 14 %. Le CNY s’est certes dé­
précié de 10 % face à l’USD, mais l’euro a perdu tout
autant. Les chances pour la Chine de compenser les

                                                              13
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019

                                                       REVENU FIXE
                              PRÉSERVER UNE MARGE DE MANŒUVRE
   Nous continuons de préférer le risque de crédit au risque de duration. Les investisseurs doivent
     préserver une marge de manœuvre et éviter les extrêmes tant au niveau du risque de crédit
 que du risque de duration. Nous mettons l’accent sur les obligations d’entreprises investment grade
  inférieur des marchés matures et émergents ainsi que sur le haut rendement américain noté Ba/BB.

Le marché obligataire renvoie des signes de                                       Depuis, ce sont tous les emprunts d’État allemands
récession pour le moins ambigus                                                   qui affichent des rendements négatifs, et on parle
La couverture médiatique du marché obligataire se                                 encore des rachats d’actifs de la BCE. Les signaux éma­
concentre actuellement sur l’inversion de la courbe                               nant de la courbe des taux doivent donc être inter­
des taux aux États-Unis, considérée comme un signe                                prétés avec prudence.
avant-coureur de récession. Nous ne sommes pas
tout à fait d’accord là-dessus. En effet, la croissance                           Les obligations d’entreprises, moins exposées aux
mondiale n’est pas la seule à peser sur les rendements                            biais introduits par les banques centrales, renvoient un
des emprunts d’État. Les rachats massifs, passés et à                             message différent. Le graphique 2 présente l’évolu­
venir, d’emprunts souverains par les banques centrales                            tion des notations, autrement dit la différence entre les
ont également un impact. Le cas de la Banque du                                   relèvements et les rétrogradations des notations obli­
Japon est assez parlant à cet égard. Bien que le rende­                           gataires de l’agence Moody’s. Les notations dérivent
ment des emprunts d’État à 10 ans soit passé en-­                                 clairement en territoire négatif au début des récessions
deçà de l’objectif de -0,2 % qu’elle a elle-même fixé,                            ou lors des périodes de tensions sur les marchés du
la Banque du Japon continue en effet à mener une                                  crédit. Or la situation actuelle est pratiquement à l’équi­
politique d’assouplissement « quantitatif et qualitatif »                         libre. L’indice des tensions sur la liquidité de Moody’s,
et à acheter des obligations. Dans la zone euro, le                               qui mesure la part des émetteurs de qualité spéculative
président de la Banque centrale européenne (BCE)                                  présentant de sérieux problèmes de liquidités à court
Mario Draghi a, plus tôt dans l’année, évoqué un                                  terme, va également dans ce sens. Cet indice est un
nouveau programme de rachats d’actifs de grande en­                               indicateur clé dans le secteur du crédit et, à son ni­
vergure lorsque la courbe des taux allemands s’est                                veau actuel de 4,1 %, il reste inférieur à la moyenne de
en grande partie retrouvée en territoire négatif.                                 long terme. La même configuration se retrouve au
                                                                                  niveau des taux de défaillance des obligations améri­
Graphique 1 : Les rachats de la Banque du Japon                                   caines de qualité spéculative, avec un taux de 3 %
plombent les rendements obligataires                                              contre une moyenne de long terme de 4,3 %.
JPY 1 000 mrd                                                           %
                                                                                  Graphique 2 : Aucun signal de tensions alarmant sur les
500                                                                    1.6
                                                                       1.4        marchés américains du crédit
400                                                                    1.2
                                                                       1.0        %                                                                       %
300                                                                    0.8
                                                                       0.6          10                                                                    0
200                                                                    0.4           5
                                                                       0.2                                                                                 5
                                                                                     0
100                                                                    0.0          -5
                                                                      -0.2                                                                                10
                                                                                  -10
  0                                                                   -0.4
                                                                                   -15                                                                    15
      2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
                                                                                  -20
                                                                                                                                                          20
      Rachats des banques centrales (éch. gauche)                                 -25
      Rendement des emprunts d’État japonais à 10 ans (éch. droite)               -30                                                                     25
                                                                                      2000    2003      2006       2009      2012      2015        2018
Remarque : La performance passée et les prévisions de performance
ne sont pas des indicateurs fiables des résultats futurs.                             Évolution des notations (éch. gauche)
Source : Bloomberg Finance L.P., Julius Baer                                          Taux de défaillance (éch. droite, inversée)
                                                                                      Indice de tension sur la liquidité (éch. droite, inversée)

                                                                                  Source : Moody’s, Julius Baer

                                                                             14
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019

Préférence pour le segment « crossover »                                    dont ont bénéficié les obligations émergentes sont
Étant donné le nombre important de facteurs de                              désormais largement intégrés dans les prix. En outre,
risque, on ne peut cependant se fier uniquement aux                         les obligations des exportateurs de matières premières
signaux positifs renvoyés par les marchés du crédit.                        ont profité des perspectives de relance en Chine et
Les emprunts d’État peuvent tout aussi bien évoluer                         de hausse de la demande pour les matières premières.
à la baisse qu’à la hausse. Les investisseurs ont donc                      Avec la détérioration du sentiment, la concentration
tout intérêt à se garder une marge de manœuvre. Il                          sur des facteurs plus spécifiques ne peut désormais
s’agit notamment d’éviter les risques extrêmes au                           être exclue. La forte réaction du marché face à la
­niveau du crédit et des durations. Nous privilégions                       ­situation politique en Argentine (Hold/Speculative)
 donc les obligations à court et moyen termes du                             mi-août peut être considérée comme un premier
 ­segment Ba/BB à Baa/BBB, dit segment « crossover ».                        pas dans ce sens.
  Les obligations de ce segment présentent un risque
  de défaillance plus faible que les obligations notées B
  ou moins en cas de fléchissement de la croissance
                                                                                Le malaise croissant des marchés
  économique. En outre, en cas de retournement des                                    financiers incite à une
  rendements des emprunts d’État, elles subiraient
  une correction moins prononcée que les obligations
                                                                                 différenciation accrue entre les
  longues de haute qualité.                                                           emprunteurs des ME.
Obligations des marchés émergents : une
sélectivité accrue s’impose
Les obligations des marchés émergents (ME) ont                              Conformément à notre stratégie sur les marchés ma­
­affiché une belle performance depuis le début de l’an­                     tures, nous recommandons également une légère
 née, avec une évolution parallèle des rendements                           ­diminution de l’exposition au risque sur les ME. Nous
 en Afrique, en Asie, en Amérique latine, en Europe                          conseillons notamment de se tourner vers la dette
 de l’Est et au Moyen-Orient (voir graphique 3).                             investment grade (Baa3/BBB- et supérieure). Les in­
                                                                             vestisseurs renoncent ainsi à l’excédent de rendement
Graphique 3 : Évolution parallèle des rendements des                         offert par la dette spéculative des ME, mais profitent
obligations des marchés émergents                                            encore d’un surcroît de rendement par rapport à la
                                                                             dette de même qualité des émetteurs des marchés
%
                                                                             matures. La dette investment grade devrait rester
 11
10                                                                           plus liquide et moins volatile que la dette spéculative
  9
  8
                                                                             dans les périodes de volatilité accrue.
  7
  6
  5
                                                                            Graphique 4 : Différences importantes entre les
  4                                                                         emprunteurs des marchés émergents
  3
   2014      2015        2016        2017        2018       2019            Dette libellée en monnaies étrangères en % du PIB 2019
     Rendement minimum            Rendement maximum                         120
     Rendement des obligations des ME en monnaies fortes                                                                                              Argentine
                                                                            100
Remarque : La performance passée et les prévisions de performance               80                                                     Turquie
ne sont pas des indicateurs fiables des résultats futurs.
                                                                                60           Mexique       Afrique        Chili
Source : J.P. Morgan, Bloomberg Finance L.P., Julius Baer
                                                                                                           du Sud Malaisie
                                                                                40        Indonésie                                    Pologne
                                                                                         Thaïlande         Brésil        Fédération
Les obligations des ME ont bénéficié de facteurs exo­                           20
                                                                                         Chine         Inde              de Russie
gènes, à savoir les perspectives de baisse des taux                             0
                                                                                     0        10         20         30            40             50         60
des fonds fédéraux et la diminution des rendements
                                                                                                Dette libellée en monnaies étrangères en % du PIB 2009
des emprunts d’État américains. Les investisseurs
sont restés imperméables aux craintes de récession                          PIB = produit intérieur brut
mondiale et d’effondrement du commerce mondial,                             Source : Institut de la finance internationale, Julius Baer

et ont continué à transférer leurs fonds vers la dette
des ME à rendement plus élevé de manière indiffé­                                                                            Markus Allenspach
renciée. Selon nous, les facteurs de soutien externes

                                                                       15
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