Opportunités d'investissement septembre 2019 - Allnews
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INSIGHTS SEPTEMBRE 2019 SOMMAIRE 3 Éditorial 4 Vue d’ensemble 6 Perspective d’investissement 8 Analyse technique 10 Next Generation 12 Économie 13 Monnaies 14 Revenu fixe 16 Actions 18 Matières premières 19 Mentions légales importantes JULIUS BAER NEXT GENERATION THÈMES D’INVESTISSEMENT ARISING ASIA DIGITAL DISRUPTION ENERGY TRANSITION FEEDING THE WORLD SHIFTING LIFESTYLES Impressum Date de publication 3 septembre 2019 Cours de référence, clôture de la rédaction 27 août 2019, sauf indication contraire 2
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019 ÉDITORIAL Chère lectrice, cher lecteur, Même avec la meilleure volonté du monde, il est certaines choses auxquelles il est im possible de s’habituer. Pour certains, ce sont les crissements de la craie sur le tableau noir, pour d’autres les grains de sable dans les draps. Pour les investisseurs internationaux de 2019, c’est l’agitation politique constante qui fait la une des médias depuis bien trop long temps. La fin du supplice est-elle pour bientôt ? Au regard de ce qui s’est passé cet été, cela semble peu probable. Le supplice devrait se prolonger : une phase d’escalade sera sui vie d’une désescalade, avant qu’une nouvelle série d’escalade ne fasse monter les ten sions d’un cran. Bien pire, vu comment les choses se sont déroulées au cours des 18 der niers mois, même si un accord est conclu, plus personne ne croira qu’il puisse durer, sans être remis en cause par un simple tweet. Alors est-ce le moment d’abandonner le navire et de quitter les marchés financiers ? Dans ce numéro d’Insights, nous expliquerons pourquoi une telle réaction est, selon nous, in justifiée. Il y a en effet de bonnes raisons de rester investi. Cependant, malgré tous les ar guments rationnels que l’on pourra avancer, force est de constater qu’il y a un sentiment de malaise dont il sera difficile de se défaire dans l’immédiat. Comment les investisseurs peuvent-ils gérer cette situation ? L’une des solutions consiste à s’habituer à « ne pas s’habituer » à l’agitation liée à la guerre commerciale. Au lecteur qui penserait que je plai sante en disant cela, je suggérerais de voir le verre à moitié plein : la guerre commerciale et la réponse qu’y apporte la politique monétaire devraient entraîner une prolongation du cycle économique actuel et offrir, de temps à autre, de bons points d’entrée à ceux qui avaient précédemment laissé passer leur chance. Christian Gattiker Head of Research 3
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019 VUE D’ENSEMBLE Perspective d’investissement : Page 6 Monnaies : Page 13 • Les développements de l’été 2019 ont montré que • L’affaiblissement du yuan chinois a accru le risque les tensions commerciales et géopolitiques étaient d’escalade du conflit entre les États-Unis et la là pour durer. L’économie mondiale en a fait les frais Chine au-delà des considérations commerciales. Des et est entrée dans une récession industrielle. interventions monétaires de la part des États-Unis • Face à cette situation, les banques centrales se sont et un éventuel blocage des transactions financières donné pour mission de lutter contre la récession, dans les juridictions américaines pèseraient sur les ce qui devrait soutenir aussi bien les économies que monnaies cycliques et celles des marchés émergents. les marchés dans les mois à venir. • Cependant, il n’existe guère de preuves que la Chine cherche à déprécier sa monnaie ; l’objectif Analyse technique : Page 8 est plutôt de limiter sa volatilité. • Les investisseurs pourraient sous-estimer les risques liés à la détention d’actions individuelles. Détenir Revenu fixe : Page 14 des actions dans une perspective de long terme ne • Nous continuons de préférer le risque de crédit au garantit pas, en soi, des rendements intéressants. risque de duration. Les investisseurs doivent préser • Les investisseurs doivent aussi faire preuve de flexi ver une marge de manœuvre et éviter les extrêmes bilité, savoir limiter les pertes et laisser les béné tant au niveau du risque de crédit que du risque de fices s’accumuler. duration. • Nous mettons l’accent sur les obligations d’entre Next Generation : Page 10 prises investment grade inférieur des marchés • L’énergie propre est arrivée à un stade où elle peut matures et émergents ainsi que sur le haut rende s’imposer, les technologies éoliennes et solaires ment américain noté Ba/BB. devenant plus compétitives. La prochaine phase est celle de la stabilité et de la prévisibilité, essentielles Actions : Page 16 à la santé financière des entreprises du secteur. • La baisse des rendements obligataires et la faiblesse • La croissance n’est pas tant liée à la construction des indices des directeurs d’achat ont pesé sur la qu’à la possession de centrales électriques. La taille performance des actions de valeur. Celles-ci affichent est essentielle et la consolidation devrait permettre une décote record par rapport aux valeurs de crois l’émergence de grands acteurs de l’énergie propre. sance, et il faudra, selon nous, un choc majeur pour Les incertitudes économiques nous incitent à la provoquer une nouvelle correction. neutralité sur le thème dans son ensemble. • Nous tablons sur une normalisation du sentiment des consommateurs, qui reste morose, et un retour Économie : Page 12 en grâce des actions de valeur. • La montée des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine entraîne une contraction du Matières premières : Page 18 secteur manufacturier exposé aux échanges in • Les craintes relatives à la croissance mondiale sont ternationaux, augmente les risques de déflation et au cœur des préoccupations sur les marchés des suscite des craintes de récession généralisée. matières premières. La demande devrait rester mo • Dans ce contexte, les banques centrales ont, un deste même si la politique offensive d’assouplis peu partout dans le monde, commencé à revenir à sement monétaire devrait dissiper les craintes des des politiques monétaires expansionnistes visant à investisseurs. atténuer le creux actuel de fin de cycle et les risques • Les stocks de pétrole sont toujours à des niveaux de récession. élevés, la production de pétrole de schiste conti nuant de progresser allègrement, d’où le maintien de notre opinion neutre sur le secteur. La hausse de l’or est soutenue, les anticipations étant à une nouvelle accentuation des tensions commerciales. 4
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019 VUE D’ENSEMBLE DES CYCLES ÉCONOMIQUES MONNAIES Cycle économique France Spot 3M 12M Japon EUR/CHF 1.09 1.09 1.15 États-Unis USD/CHF 0.98 0.96 1.00 Zone euro Italie JPY/CHF 0.93 0.92 0.95 GBP/CHF 1.20 1.18 1.34 Monde EUR/USD 1.11 1.13 1.15 Corée du Sud Royaume-Uni EUR/GBP 0.90 0.92 0.86 Pays émergents de l’Asie Suisse Canada USD/JPY 105.8 105.0 105.0 Chine Australie Potentiel de croissance GBP/USD 1.23 1.23 1.34 Allemagne à long terme CROISSANCE (PIB réel an/an, %) INFLATION (IPC an/an, %) TAUX DES BANQUES CENTRALES (%, p. a.) Moyenne 2018 2019E 2020E Moyenne 2018 2019E 2020E États-Unis 2.9 2.2 1.1 États-Unis 2.4 1.7 2.2 Fin d’exercice 2018 2019E 2020E Zone euro 1.9 1.1 1.2 Zone euro 1.8 1.3 1.7 États-Unis 2.50 1.75 1.75 Royaume-Uni 1.4 1.1 0.8 Royaume-Uni 2.5 2.0 2.1 Zone euro 0.00 0.00 0.00 Suisse 2.5 1.2 0.7 Suisse 0.9 0.5 0.9 Royaume-Uni 0.75 0.75 1.00 Japon 0.8 1.1 0.3 Japon 1.0 0.7 0.7 Suisse -0.75 -1.00 -1.00 Chine 6.6 6.1 5.7 Chine 1.9 2.2 2.5 Japon -0.10 -0.10 -0.10 Monde 3.7 3.1 2.4 Monde 5.1 3.8 4.1 E = estimation PIB = produit intérieur brut IPC = indice des prix à la consommation EMPRUNT D’ÉTAT 10 ANS (%, p. a.) INDICES D’ACTIONS (monnaie locale) MATIÈRES PREMIÈRES Fin d’exercice 2018 2019E 2020E Niveau 12M Prix 12M États-Unis 2.83 2.10 2.55 SMI 9786 10300 Pétrole Brent (USD/baril) 58.8 55.0 Allemagne 0.25 -0.20 0.30 Eurostoxx 50 3370 3700 Or (USD/once) 1543 1525 Royaume-Uni 1.27 0.80 1.25 S&P 500 2869 3200 Cuivre (USD/tonne) 5662 6150 Suisse -0.19 -0.60 -0.20 Nikkei 225 20456 22500 Minerai de fer (USD/tonne) 92 70 Japon 0.04 -0.15 -0.15 PERSPECTIVE DES CATÉGORIES D’ACTIFS Vue Catégorie d’actifs et de risque Privilégiez … Évitez … Liquidités Obligations Conservateur Titres émis par les agences gouvernementales des Emprunts d’État de longue durée États-Unis adossés à des créances hypothécaires Première qualité Titres adossés à des créances hypothécaires américaines Opportuniste Obligations investment grade inférieur libellées en USD et EUR, obligations immobilières chinoises de qualité supérieure, obligations convertibles Spéculatif Obligations immobilières chinoises à haut rendement, obligations américaines à haut rendement et obligations des marchés émergents en monnaies fortes ou locaux sur une base sélective Actions Conservateur Santé Consommation défensive, services aux collectivités ; actions américaines de croissance des dividendes Moyen Communication, industrie, matériaux, pétrole et gaz, tech nologies de l’information ; actions de valeur globales, ac tions de croissance américaines, petites capitalisations européennes ; actions européennes à haut dividende ; Chili Opportuniste Brésil, Chine, Indonésie, Philippines, Vietnam Turquie Matières Or, argent Gaz naturel européen premières Monnaies CAD, NOK, RUB, IDR, INR AUD, NZD, SGD, KRW, ZAR Next Thématique Éducation mondiale, génomique, informatique dématériali Nouvelle route de la soie, Generation sée et intelligence artificielle, jeux vidéo, longévité, obésité « Made in China 2025 » globale, paiements numériques, santé numérique, tourisme en Asie, une Chine en bonne santé Vietnam : Julius Baer n’offre aucun service sur les marchés locaux. Brésil, Philippines : Pour les résidents locaux, les investissements sur le marché local sont soumis à des restrictions légales. Obligations convertibles : Les obligations convertibles sont considérées comme des produits d’investissement packagés de détail et fondés sur l’assurance (PRIIPS). Elles ne peuvent être vendues aux résidents de l’Espace économique européen que si elles sont accompagnées d’un document d’information (KID). vue positive vue neutre vue négative IDÉES D’INVESTISSEMENT : ACTIONS ÉMETTEURS OBLIGATAIRES PRÉFÉRÉS Thème Sociétés Catégorie Émetteurs de risque Surpondérer les actions Alibaba, Ping An Insurance, Tencent chinoises De première Abu Dhabi, Arabie saoudite, Caterpillar, Coca-Cola qualité FEMSA, First Abu Dhabi Bank, Koweït, Qatar, Actions préférées Par secteur Rabobank, Siemens, Toyota Motor, UBS Group Opportuniste Cielo, Crédit Agricole, DP World, Equate Petrochemical, Pour de plus amples informations sur les sociétés mentionnées, Espagne, Grupo Bimbo, LafargeHolcim, Orange, Portugal, veuillez consulter la page 17 ou la dernière publication Baer®Insights Equity/Fixed Income relative à la société concernée. Veuillez The Commercial Bank noter que l’étendue de la distribution de ces publications peut varier. Spéculatif Arcor, B anco do Brasil, JBS, Minerva, Smurfit Kappa, Source des tableaux et graphiques : Julius Baer Yanlord Land, YPF, Yuexiu Property 5
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019 PERSPECTIVE D’INVESTISSEMENT LES BANQUES CENTRALES À LA RESCOUSSE Les développements de l’été 2019 ont montré que les tensions commerciales et géopolitiques étaient là pour durer. L’économie mondiale en a fait les frais et est entrée dans une récession industrielle. Face à cette situation, les banques centrales ont engagé des politiques de lutte contre la récession, qui devraient soutenir aussi bien les économies que les marchés dans les mois à venir. LE TERME DU MOIS : teurs d’achat du secteur manufacturier commencent Assouplissement monétaire à signaler une contraction partout dans le monde. En d’autres termes, l’activité industrielle est en train de Une politique d’assouplissement monétaire consiste, s’essouffler. Sur les marchés financiers, cette spirale pour une banque centrale, à diminuer les taux d’inté baissière se reflète dans les actifs sensibles au cycle. Les rêt et les ratios de dépôt pour faciliter l’accès au crédit. investisseurs internationaux ont ainsi procédé à des L’emprunt étant alors plus accessible pour les entre ventes massives, faisant dégringoler les valeurs ban prises, il en découle une augmentation des investisse caires ainsi que les actions des secteurs de l’industrie ments et un développement de l’activité. La politique et des matériaux. d’assouplissement monétaire a généralement pour ré- sultat immédiat de doper le cours des actions. Graphique 1 : L’incertitude politique devrait persister Source : Dictionnaire financier Farlex (2009), Julius Baer Indice 400 350 300 250 Le supplice continue 200 En septembre 2019, cela fera environ 18 mois qu’un 150 100 conflit commercial ouvert oppose les États-Unis et 50 la Chine. L’incertitude politique s’est envolée lors de 0 1999 2003 2007 2011 2015 2019 la phase d’escalade des tensions en 2018 (voir gra phique 1). Après avoir atteint un sommet à la fin de Récessions américaines (NBER) Indice mondial d’incertitude sur la politique économique l’année 2018, elle s’est quelque peu atténuée, avec (pondéré selon le PIB) l’espoir de conclusion d’un accord. Cet espoir s’est en Estimation Julius Baer pour le mois en cours* suite évaporé début mai 2019, avant de renaître * sur la base de l’indice quotidien d’incertitude sur la politique économique américaine après le sommet du G20 de fin juin. Toutefois, début NBER = Bureau national américain de recherche économique ; août, les tensions sont de nouveau montées d’un PIB = produit intérieur brut. cran. Source : Datastream, Julius Baer Du point de vue des investisseurs, les conclusions à Les consommateurs et les banques centrales l’issue de ces 18 derniers mois sont assez simples : sauvent la mise a) le scénario le plus probable est désormais celui d’une Cela veut-il dire que tout va mal ? Non. Lorsqu’ils véritable guerre commerciale ; b) même si un accord auront intégré qu’un retour à la paix sur le plan com est conclu, la probabilité d’une trêve durable est plutôt mercial était exclu dans l’immédiat, les investisseurs faible ; et c) le mal est déjà fait sur le plan économique. commenceront à apprécier à leur juste valeur les fac teurs de soutien qui existent bel et bien. Le premier L’économie mondiale, victime collatérale est que les consommateurs ont, jusqu’à présent, sau La première victime des guerres commerciales est tou vé la mise. Dans de nombreux pays, la récession in jours l’économie et, en l’occurrence, c’est aujourd’hui dustrielle aurait débouché sur une récession générali l’industrie qui trinque. Depuis l’escalade des tensions sée s’il n’y avait pas le fait que la consommation est à la fin de l’année dernière, l’économie mondiale n’a si robuste actuellement. Bien évidemment, la consom cessé de s’affaiblir. À l’été 2019, les signes de récession mation pourrait ne plus jouer à un moment donné, industrielle se sont multipliés. Les indices des direc surtout si des licenciements massifs venaient ébranler 6
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019 la confiance des ménages. Les banques centrales se Les investisseurs doivent garder le cap sont donc donné pour mission de lutter contre la réces Dans le contexte actuel, nous invitons à nouveau les sion (voir graphique 2). Que ce soit dans les pays investisseurs à garder le cap. À moins de signes sé développés ou dans ceux en développement, après rieux d’essoufflement de la consommation mondiale, avoir donné un tour de vis fin 2018, les banques nous pensons que la croissance économique a en centrales ont commencé à assouplir leur politique. core de beaux jours devant elle. Les ménages étant nettement moins endettés que lors des pics cycliques Graphique 2 : Réaction des banques centrales – du précédents (voir graphique 3), le risque de bulle durcissement à l’assouplissement semble limité. Pour les investisseurs axés sur le court terme, les prochaines semaines peuvent même offrir Nombre de changements de taux quelques beaux points d’entrée. 15 Resserrement 10 5 Nos recommandations pour les différentes classes 0 d’actifs sont les suivantes : -5 -10 Assouplissement Revenu fixe -15 • Obligations d’entreprises investment grade inférieur, -20 2008 2010 2012 2014 2016 2018 le segment plus liquide au sein de la dette spécula tive américaine et certaines obligations des marchés Banques centrales du G10 Banques centrales des pays émergents émergents. * G10 = Belgique, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Pays-Bas, Suède, Suisse, Royaume-Uni et États-Unis. Actions Source : Datastream, Julius Baer • Santé, communications et technologies de l’informa tion ; Chine et Brésil 1 pour les marchés émergents. Cela suffira-t-il ? En effet, reste à voir si l’assouplissement monétaire Matières premières sera efficace cette fois-ci. Il devrait, selon nous, contri • L’or qui, malgré sa récente envolée, fait office de buer à stabiliser les marchés financiers, puis l’écono couverture face aux risques politiques. mie réelle. Toutefois, étant donné les niveaux actuels des taux d’intérêt et de l’endettement, l’impact de la Monnaies politique monétaire risque d’être limité. Il ne faut donc • Faire preuve de sélectivité pour les monnaies de sans doute rien attendre de plus qu’une stabilisation. portage. Par ailleurs, les appels en faveur d’une hausse des dé penses budgétaires se sont multipliés récemment. Graphique 3 : Prix de l’immobilier – moins excessifs que Les États-Unis et la Chine ont d’ailleurs déjà commen lors des cycles précédents cé à appliquer des mesures budgétaires, et la Chine Indice (écart par rapport à la tendance) pourrait encore augmenter ses dépenses publiques. Pas 15 plus tard que cet été, les parlementaires américains 2 écarts-types 10 ont approuvé un accord sur le budget prévoyant une 5 1 écart-type augmentation des dépenses et autorisant le gouver 0 nement à contracter de nouveaux emprunts, ouvrant -5 1 écart-type ainsi la voie à une hausse des dépenses publiques -10 2 écarts-types aux États-Unis aussi. En Europe, l’orientation en ma -15 tière de dépenses budgétaires est moins claire et 1983 1989 1995 2001 2007 2013 2019 reste imprévisible. Toutefois, les succès électoraux ré Prix de l’immobilier cents de partis favorables à des réductions fiscales Source : Indice des prix immobiliers de la Réserve fédérale de Dallas ; laissent penser que l’Europe va, elle aussi, vers une Julius Baer augmentation des dépenses budgétaires. Christian Gattiker, CFA, CAIA 1 Pour les résidents locaux, les investissements sur le marché domestique sont soumis à des restrictions légales. 7
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019 ANALYSE TECHNIQUE L’ACTION MOYENNE EST RISQUÉE, TRÈS RISQUÉE Les investisseurs pourraient sous-estimer les risques liés à la détention d’actions individuelles. Détenir des actions dans une perspective de long terme ne garantit pas, en soi, des rendements intéressants. Les investisseurs doivent aussi faire preuve de flexibilité, limiter les pertes et laisser les bénéfices s’accumuler. L’action moyenne représente un Graphique 1 : De 1926 à 2015, l’action américaine « risque sans rendement » moyenne a sous-performé par rapport aux bons du Il est généralement conseillé aux investisseurs d’ache Trésor américain à 1 mois ter des actions dans une perspective de long terme. % Toutefois, le marché des actions n’est pas statique et 70 les entreprises vont et viennent. Il est par conséquent 60 important pour les investisseurs de bien faire la dif 50 férence entre l’investissement dans un indice tel que 40 le S&P 500, et l’investissement dans des actions in 30 20 dividuelles. Les indices sont dynamiques par nature ; 10 leur composition évolue avec l’ajout de nouvelles en treprises et le retrait d’autres dont l’importance (en Actions au rendement Actions au rendement supérieur à celui des bons du inférieur à celui des bons du termes de capitalisation boursière par exemple) a Trésor américain à 1 mois Trésor américain à 1 mois diminué. À l’inverse, un portefeuille de placement com posé d’actions individuelles ne subit des changements Remarque : La performance passée et les prévisions de performance ne sont pas des indicateurs fiables des résultats futurs. que si l’investisseur vend les titres. Autrement dit, la Source : H. Bessembinder (2018). « Do stocks outperform Treasury bills ? », composition du portefeuille n’évolue que si l’investis Journal of Financial Economics, volume 129, pp. 440–457 ; Julius Baer seur le décide. Par conséquent, dans une perspective de long terme, il convient d’examiner le rendement à long terme des actions individuelles et pas seule L’action américaine moyenne est ment celui des indices. Une étude récente s’est juste un « risque sans rendement ». ment penchée sur le rendement des actions améri caines au cours de la période 1926–2015. Cette étude a révélé que plus de la moitié des actions cotées sur le marché américain au cours de la période sous revue Le gagnant rafle la mise a dégagé un rendement inférieur à celui des bons du L’étude susmentionnée a également montré que la Trésor américain à 1 mois (voir graphique 1). L’action performance globale du marché américain au cours moyenne américaine semble donc être un « risque de la période 1926–2015 a été générée, pour l’essen sans rendement ». tiel, par un groupe limité d’actions. Plus précisément, la création nette de richesse du marché des actions américain au cours de ces 90 années est attribuable à 4 % seulement de l’ensemble des actions cotées aux États-Unis. Les 96 % restants ont collectivement dégagé un rendement similaire à celui des bons du Trésor américain à 1 mois. Les investisseurs ayant misé sur ces papiers n’ont donc pas été rétribués pour la volatilité et les risques accrus associés aux actions. L’analyse technique peut être incohérente avec l’analyse fondamentale et aboutir à des conclusions différentes. 8
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019 Graphique 2 : L’essentiel de la performance du marché Effrayer, vendre, laisser grimper puis des actions américain au cours de la période 1926–2015 recommencer est attribuable à un petit nombre de titres Les actions américaines ont été confrontées à un véritable mur d’inquiétudes au cours des dix dernières % années, et 2019 ne fait pas exception à cet égard. 120 Les tensions commerciales et les craintes de récession 100 sont actuellement au cœur des préoccupations des 80 investisseurs, et la sévère correction subie par le mar 60 ché au quatrième trimestre 2018 est encore dans 40 tous les esprits. Sans surprise, la moindre inquiétude 20 a suscité des ventes en 2019, les investisseurs inter 0 Actions à l’origine de la Actions dont le rendement est prétant chaque correction de court terme comme le création nette de richesse collectivement identique à celui des bons du Trésor américain début d’une longue phase de baisse. Comme le à 1 mois montre le graphique 4, les investisseurs ont vendu Remarque : La performance passée et les prévisions de performance ne des actions à un rythme effréné et investi près du sont pas des indicateurs fiables des résultats futurs. double de ce que ces ventes leur ont rapporté dans Source : H. Bessembinder (2018). « Do stocks outperform Treasury bills ? », Journal of Financial Economics, volume 129, pp. 440–457 ; Julius Baer des obligations et des fonds monétaires. Nous re commandons de rester fidèles aux actions, en privi Actions hors États-Unis légiant les valeurs américaines. On pourrait considérer que les conclusions de cette étude portant sur 90 ans n’ont d’intérêt que d’un point de vue académique. Elles semblent pourtant Le S&P 500 toujours confronté confirmées par l’examen des données de perfor à un véritable mur d’inquiétudes – mance régionale au cours des huit dernières années. Comme le montre le graphique 3, qui compare les restez investis ! taux de rendement en dollars américains des actions cotées aux États-Unis et en dehors des États-Unis, ces dernières ont plutôt stagné, avec un rendement Graphique 4 : Les investisseurs continuent de vendre total limité à 8 %, alors que les actions américaines des actions américaines en 2019 ont gagné pas moins de 131 %. Il s’agit là d’une preuve USD mrd supplémentaire que le fait de conserver des actions 400 sur une longue durée ne garantit nullement des rende 300 ments intéressants. Les investisseurs doivent aussi 200 faire preuve de flexibilité, savoir limiter les pertes et 100 laisser les bénéfices s’accumuler. 0 Graphique 3 : Huit années de rendements nuls pour les -100 actions en dehors des États-Unis -200 -300 Indice Actions Obligations Fonds monétaires 250 Source : Bloomberg Finance L.P., Julius Baer 200 150 Mensur Pocinci, MFTA 100 50 0 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 MSCI Monde (hors États-Unis) MSCI US Remarque : La performance passée et les prévisions de performance ne sont pas des indicateurs fiables des résultats futurs. Source : Bloomberg Finance L.P., Julius Baer 9
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019 NEXT GENERATION ÉNERGIE PROPRE L’énergie propre est arrivée à un stade où elle peut s’imposer, les technologies éoliennes et solaires devenant plus compétitives. La prochaine phase est celle de la stabilité et de la prévisibilité, essentielles à la santé financière des entreprises du secteur. La croissance n’est pas tant liée à la construction qu’à la possession de centrales électriques. La taille est essentielle et la consolidation devrait permettre l’émergence de grands acteurs de l’énergie propre. Les incertitudes économiques nous incitent à la neutralité sur le thème dans son ensemble. Enchères, contrats d’achat d’énergie et progrès technologiques Les coûts ont diminué plus vite que prévu au cours de la dernière décennie. Les avancées technologiques ont permis des gains de productivité tandis que la production à plus grande échelle a entraîné une baisse des coûts. Le marché est dominé par de grands ac teurs et le professionnalisme s’impose de plus en plus. Les aides financières constituent un catalyseur sup plémentaire encourageant l’adoption d’une énergie propre. Au cours des dernières années, l’orientation vers des mécanismes davantage basés sur le marché, tels que les enchères et les contrats d’achat d’énergie (PPA), a également contribué à réduire les coûts. Grâce L’âge de la majorité à ces mécanismes, les services publics, les municipali Le marché mondial de l’énergie est en pleine évolu tés et les entreprises peuvent s’approvisionner directe tion structurelle, avec le passage de l’énergie fossile à ment auprès des producteurs et choisir ainsi les offres l’énergie propre. Les technologies éoliennes et so les plus intéressantes. En d’autres termes, en exerçant laires sont désormais compétitives sans l’aide des sub une pression constante sur les coûts, les forces du ventions publiques, ce qui change la donne pour le marché ont rendu l’énergie propre beaucoup plus com secteur de l’énergie. Dans le très ensoleillé Sud-Ouest pétitive. Les centrales à charbon ont aujourd’hui du des États-Unis, les installations de production et mal à concurrencer l’éolien, le solaire et le gaz naturel. de stockage d’énergie solaire commencent à afficher des coûts plus intéressants que les centrales au gaz Graphique 1 : Prix de l’énergie propre aux États-Unis naturel. Pour sa part, le Royaume-Uni a, pour la pre dans le cadre des PPA mière fois depuis le début de l’ère industrielle, vécu USD par mégawatt/heure une semaine entière sans production d’électricité issue 250 du charbon. En mer du Nord, des parcs éoliens off 200 shore, qui permettront d’alimenter, sans subvention aucune, le réseau électrique allemand à partir de la 150 prochaine décennie, sont actuellement en cours de 100 construction. Le solaire et l’éolien représentent au 50 jourd’hui les deux tiers environ des nouvelles capacités de production d’électricité dans le monde, et cette 0 2006 2009 2012 2014 2017 2020 part ne peut qu’augmenter. Le secteur est actuelle Solaire Éolien ment en pleine transition. Source : Bloomberg New Energy Finance, Julius Baer 10
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019 Perspectives : des dents de scie au plateau Émergence de grands acteurs de l’énergie propre À mesure qu’il gagne en maturité, le marché de l’éner Les segments des équipements solaires et éoliens gie propre devrait rompre avec la tendance passée du secteur de l’énergie propre sont cycliques par na caractérisée par une forte croissance, une évolution en ture. L’histoire montre que la situation a tendance dents de scie et des politiques publiques aléatoires. à se calmer à mesure que le marché gagne en maturité. Il devrait ainsi naviguer dans des eaux plus calmes à Le potentiel de croissance en volume semble limité l’avenir, avec des modèles économiques bien établis, dans la mesure où les taux d’installation annuels de et une croissance plus lente mais plus stable. La baisse vraient atteindre un plateau. En revanche, le ralen des coûts n’est plus essentielle à la survie du secteur, tissement de la baisse des prix devrait soutenir les mais les gains de productivité liés aux avancées tech marges et, donc, les cash-flows. En outre, la confiance nologiques vont se poursuivre et accentuer l’avan devrait globalement s’améliorer et les coûts de finan tage de coûts par rapport aux centrales utilisant de cement diminuer. l’énergie fossile. Prévisions pour le marché de l’énergie propre De nouveaux moteurs ont émergé durant cette transi Solaire / Éolien / Combinés 2018 2025 tion fondamentale qui va redessiner le marché et le Nouvelles capacités (gigawatts) 108/52 121/55 secteur de l’énergie dans les années à venir. La stagna Base installée (gigawatts) 540/580 1 360/960 tion de la demande d’électricité dans les pays occi Production (térawatts-heures) 610/1 240 1 535/2 050 dentaux et le ralentissement de la croissance en Chine Équipements solaires (USD mrd) 140 135 limitent les besoins de nouvelles centrales. Par consé Équipements éoliens (USD mrd) 108 115 quent, le rythme d’abandon des anciennes centrales Production d’énergie propre 93 170 électriques constitue un élément clé pour ce qui est (USD mrd) des perspectives du secteur de l’énergie propre. Source : Bloomberg New Energy Finance, rapports des sociétés, Julius Baer Un abandon rapide s’accompagnerait de difficultés financières pour les entreprises propriétaires des centrales thermiques traditionnelles, qui sont souvent C’est le segment de la production du secteur de l’éner étroitement liées aux États. La transition vers l’éner gie propre qui devrait tirer la croissance, la base d’ac gie propre risque donc d’être freinée par des politiques tifs ne cessant de s’étendre. Toutefois, la concurrence visant à atténuer les frictions économiques qu’elle en s’intensifie. De plus, les marges sont sous pression gendre. L’abandon du charbon en Allemagne constitue avec le développement des systèmes d’enchères et des un bon exemple à cet égard. Les taux d’installation contrats d’achat d’énergie. Par ailleurs, les acteurs de l’éolien et du solaire devraient, selon nos estima traditionnels des services aux collectivités, et même les tions, atteindre un plateau d’ici 2025, avec proba grandes compagnies pétrolières, s’intéressent de blement un recul entre-temps du fait de l’évolution de plus en plus au secteur. Certains analystes estiment l’économie mondiale. Fondamentalement, la crois que la consolidation en cours va aboutir à l’émer sance ne dépend pas tant de la construction que de gence de « grands acteurs de l’énergie propre », une la possession de centrales à énergie propre. opinion que nous partageons entièrement. Les in certitudes économiques incitent à la neutralité sur ce Graphique 2 : Production d’électricité (nette) de thème. Pour de plus amples informations, veuillez l’Allemagne consulter notre Research Focus « Clean energy: Com ing of age », publié le 1er juillet 2019. Gigawatts 80 70 Norbert Rücker 60 50 40 30 20 10 0 2015 2016 2017 2018 2019 Biomasse Solaire Éolien Hydraulique Gaz naturel Charbon Nucléaire Source : Entso-e, Julius Baer 11
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019 ÉCONOMIE RÉACTION DES POLITIQUES FACE À L’ESCALADE DES TENSIONS La montée des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine entraîne une contraction du secteur manufacturier exposé aux échanges internationaux, augmente les risques de déflation et suscite des craintes de récession généralisée. Dans ce contexte, les banques centrales ont, un peu partout dans le monde, commencé à revenir à des politiques monétaires expansionnistes visant à atténuer le creux actuel de fin de cycle et les risques de récession. La Fed est sous pression pour prendre des ser à l’action le 18 septembre, en réduisant ses taux mesures plus offensives que de simples baisses de 50 points de base pour les ramener dans une four des taux préventives chette de 1,50 % à 1,75 %, de manière à normaliser la Les dernières hausses de taxes sur les exportations courbe des taux, prolonger le cycle et contrebalancer chinoises vers les États-Unis ont augmenté le risque un éventuel durcissement des conditions financières. de voir les tensions actuelles dégénérer en véritable Grâce aux baisses des taux de la Fed, et à celles que guerre commerciale internationale. Le secteur manu devraient mettre en œuvre prochainement d’autres facturier exposé aux échanges internationaux conti grandes banques centrales, le risque de récession mon nue de pâtir du conflit commercial et, si l’on en croît diale dans les prochains trimestres devrait nettement les enquêtes réalisées auprès des directeurs d’achat, s’atténuer. la production industrielle serait en baisse dans les deux tiers des pays. Les risques de déflation augmentent, Graphique 2 : Niveau élevé de risques géopolitiques tout comme les risques de contagion de la récession Score aux secteurs, toujours solides, des services axés sur 4 les marchés domestiques. 3 2 Graphique 1 : Les risques de déflation sont de retour 1 0 partout -1 -2 Indice -3 6 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019 5 4 Indicateur de la conscience des risques géopolitiques * 3 * Présence de risques géopolitiques dans les rapports des courtiers, 2 les bulletins de nouvelles et sur Twitter. 1 Source : BlackRock Investment Institute, Julius Baer 0 Suisse Japon Chine Zone Canada Royaume- États- euro Uni Unis Indice de risque déflationniste actuel* Il y a douze mois Contexte politique : pas de résolution du conflit en vue * Inflation de base et inflation globale, anticipations en matière d’inflation et de croissance, taux de change, masse monétaire, marché des actions, Il semble très peu probable que le conflit commercial écart de production et croissance potentielle. sino-américain soit réglé dans les prochains mois. Remarque : Le Canada et les États-Unis ne présentaient pratiquement aucun risque visible de déflation il y a 12 mois. Au Royaume-Uni, le Premier ministre Boris Johnson Source : Datastream, Bloomberg Finance L.P., Julius Baer risque de devoir faire face à une perte de confiance et à de nouvelles élections, le pays n’étant pas prêt Face à cette situation, les principales banques centrales pour un Brexit dur (sans accord). En Italie, l’insta ont commencé à abaisser leurs taux. La Réserve fédé bilité gouvernementale et les différends budgétaires rale américaine (Fed) a ainsi réduit son taux cible de avec l’Union européenne devraient persister. Tous 25 points de base le 31 juillet. Toutefois, les craintes ces éléments devraient peser lourdement dans les du marché quant à une guerre commerciale générali décisions des autorités monétaires. sée continuent d’alimenter la pression en faveur d’une réponse plus offensive de la part de la Fed. Nous pen Janwillem Acket sons donc que cette dernière devrait de nouveau pas 12
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019 MONNAIES CE N’EST PAS UNE GUERRE DES MONNAIES L’affaiblissement du yuan chinois après le franchissement de la barrière psychologique des CNY 7 pour USD 1 a accru le risque d’escalade du conflit entre les États-Unis et la Chine au-delà des considérations commerciales. Des interventions monétaires de la part des États-Unis et un éventuel blocage des transactions financières dans les juridictions américaines pèseraient sur les monnaies cycliques et celles des marchés émergents. Cependant, il n’existe guère de preuves que la Chine cherche à déprécier sa monnaie ; l’objectif est plutôt de limiter sa volatilité. La Chine cherche la stabilité, et non tarifs douaniers punitifs imposés par les États-Unis l’affaiblissement de sa monnaie sont faibles. L’affaiblissement du CNY est tout sim La dépréciation du yuan et le franchissement de la plement insuffisant pour contrebalancer la hausse de barrière psychologique des CNY 7 pour USD 1 qui en 25 % des droits de douane. Certes, la Chine mani a résulté, ont provoqué l’ire des États-Unis. L’admi pule sa monnaie, mais l’objectif premier de cette ma nistration Trump a ainsi rapidement accusé la Chine nipulation est de réduire la volatilité, et non de rempor de manipuler sa monnaie. Pourtant, rien ne laisse ter le conflit commercial qui l’oppose aux États-Unis. penser, selon nous, que les développements actuels annoncent le début d’une guerre des monnaies, autre Bien que les développements actuels ne marquent ment dit des dévaluations compétitives. pas, selon nous, le début d’une guerre des monnaies, le simple fait que les États-Unis puissent intervenir sur Graphique 1 : Le CNY a franchi une barrière leur monnaie ou bloquer des transactions financières psychologique dans les juridictions de leur ressort accroît l’aversion au risque, et pénalise donc les monnaies des pays émer USD/CNY (éch. inversée) gents. Cela pèse également sur les monnaies très 6.0 cycliques comme le dollar australien (AUD) ou le dol 6.5 lar néo-zélandais (NZD). La dépréciation du CNY 7.0 est une raison supplémentaire de faire preuve de pru dence à l’égard de l’AUD, du NZD et de la plupart 7.5 des monnaies émergentes. 8.0 Graphique 2 : Les réserves de change chinoises ne 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 présentent pas de tendance pouvant être associée à la USD/CNY dépréciation du CNY Source : Datastream, Julius Baer USD mrd USD mrd 120 4 000 Les dévaluations délibérées peuvent se faire par le biais 90 3 800 d’achats de montants importants de devises étran 60 3 600 gères, ou par le biais d’une politique monétaire extrê 30 3 400 0 3 200 mement souple. Dans tous les cas, il en résulte une -30 3 000 augmentation importante des réserves de change ou -60 2 800 une hausse de l’inflation. Or, rien de tel n’est visible -90 2 600 en Chine. En effet, les réserves de change du pays sont -120 2 400 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 stables. Elles ont même récemment baissé sur une Variation mensuelle (éch. gauche) base mensuelle. En outre, la dépréciation du CNY Réserves de change (éch. droite) semble limitée par rapport à celle d’autres monnaies. Depuis que les tensions commerciales sont devenues Source : Datastream, Julius Baer problématiques, soit en mars 2018, la couronne sué doise a ainsi perdu plus de 15 %, le dollar australien David Kohl 12 % et la livre sterling 14 %. Le CNY s’est certes dé précié de 10 % face à l’USD, mais l’euro a perdu tout autant. Les chances pour la Chine de compenser les 13
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019 REVENU FIXE PRÉSERVER UNE MARGE DE MANŒUVRE Nous continuons de préférer le risque de crédit au risque de duration. Les investisseurs doivent préserver une marge de manœuvre et éviter les extrêmes tant au niveau du risque de crédit que du risque de duration. Nous mettons l’accent sur les obligations d’entreprises investment grade inférieur des marchés matures et émergents ainsi que sur le haut rendement américain noté Ba/BB. Le marché obligataire renvoie des signes de Depuis, ce sont tous les emprunts d’État allemands récession pour le moins ambigus qui affichent des rendements négatifs, et on parle La couverture médiatique du marché obligataire se encore des rachats d’actifs de la BCE. Les signaux éma concentre actuellement sur l’inversion de la courbe nant de la courbe des taux doivent donc être inter des taux aux États-Unis, considérée comme un signe prétés avec prudence. avant-coureur de récession. Nous ne sommes pas tout à fait d’accord là-dessus. En effet, la croissance Les obligations d’entreprises, moins exposées aux mondiale n’est pas la seule à peser sur les rendements biais introduits par les banques centrales, renvoient un des emprunts d’État. Les rachats massifs, passés et à message différent. Le graphique 2 présente l’évolu venir, d’emprunts souverains par les banques centrales tion des notations, autrement dit la différence entre les ont également un impact. Le cas de la Banque du relèvements et les rétrogradations des notations obli Japon est assez parlant à cet égard. Bien que le rende gataires de l’agence Moody’s. Les notations dérivent ment des emprunts d’État à 10 ans soit passé en- clairement en territoire négatif au début des récessions deçà de l’objectif de -0,2 % qu’elle a elle-même fixé, ou lors des périodes de tensions sur les marchés du la Banque du Japon continue en effet à mener une crédit. Or la situation actuelle est pratiquement à l’équi politique d’assouplissement « quantitatif et qualitatif » libre. L’indice des tensions sur la liquidité de Moody’s, et à acheter des obligations. Dans la zone euro, le qui mesure la part des émetteurs de qualité spéculative président de la Banque centrale européenne (BCE) présentant de sérieux problèmes de liquidités à court Mario Draghi a, plus tôt dans l’année, évoqué un terme, va également dans ce sens. Cet indice est un nouveau programme de rachats d’actifs de grande en indicateur clé dans le secteur du crédit et, à son ni vergure lorsque la courbe des taux allemands s’est veau actuel de 4,1 %, il reste inférieur à la moyenne de en grande partie retrouvée en territoire négatif. long terme. La même configuration se retrouve au niveau des taux de défaillance des obligations améri Graphique 1 : Les rachats de la Banque du Japon caines de qualité spéculative, avec un taux de 3 % plombent les rendements obligataires contre une moyenne de long terme de 4,3 %. JPY 1 000 mrd % Graphique 2 : Aucun signal de tensions alarmant sur les 500 1.6 1.4 marchés américains du crédit 400 1.2 1.0 % % 300 0.8 0.6 10 0 200 0.4 5 0.2 5 0 100 0.0 -5 -0.2 10 -10 0 -0.4 -15 15 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 -20 20 Rachats des banques centrales (éch. gauche) -25 Rendement des emprunts d’État japonais à 10 ans (éch. droite) -30 25 2000 2003 2006 2009 2012 2015 2018 Remarque : La performance passée et les prévisions de performance ne sont pas des indicateurs fiables des résultats futurs. Évolution des notations (éch. gauche) Source : Bloomberg Finance L.P., Julius Baer Taux de défaillance (éch. droite, inversée) Indice de tension sur la liquidité (éch. droite, inversée) Source : Moody’s, Julius Baer 14
INSIGHTS SEPTEMBRE 2019 Préférence pour le segment « crossover » dont ont bénéficié les obligations émergentes sont Étant donné le nombre important de facteurs de désormais largement intégrés dans les prix. En outre, risque, on ne peut cependant se fier uniquement aux les obligations des exportateurs de matières premières signaux positifs renvoyés par les marchés du crédit. ont profité des perspectives de relance en Chine et Les emprunts d’État peuvent tout aussi bien évoluer de hausse de la demande pour les matières premières. à la baisse qu’à la hausse. Les investisseurs ont donc Avec la détérioration du sentiment, la concentration tout intérêt à se garder une marge de manœuvre. Il sur des facteurs plus spécifiques ne peut désormais s’agit notamment d’éviter les risques extrêmes au être exclue. La forte réaction du marché face à la niveau du crédit et des durations. Nous privilégions situation politique en Argentine (Hold/Speculative) donc les obligations à court et moyen termes du mi-août peut être considérée comme un premier segment Ba/BB à Baa/BBB, dit segment « crossover ». pas dans ce sens. Les obligations de ce segment présentent un risque de défaillance plus faible que les obligations notées B ou moins en cas de fléchissement de la croissance Le malaise croissant des marchés économique. En outre, en cas de retournement des financiers incite à une rendements des emprunts d’État, elles subiraient une correction moins prononcée que les obligations différenciation accrue entre les longues de haute qualité. emprunteurs des ME. Obligations des marchés émergents : une sélectivité accrue s’impose Les obligations des marchés émergents (ME) ont Conformément à notre stratégie sur les marchés ma affiché une belle performance depuis le début de l’an tures, nous recommandons également une légère née, avec une évolution parallèle des rendements diminution de l’exposition au risque sur les ME. Nous en Afrique, en Asie, en Amérique latine, en Europe conseillons notamment de se tourner vers la dette de l’Est et au Moyen-Orient (voir graphique 3). investment grade (Baa3/BBB- et supérieure). Les in vestisseurs renoncent ainsi à l’excédent de rendement Graphique 3 : Évolution parallèle des rendements des offert par la dette spéculative des ME, mais profitent obligations des marchés émergents encore d’un surcroît de rendement par rapport à la dette de même qualité des émetteurs des marchés % matures. La dette investment grade devrait rester 11 10 plus liquide et moins volatile que la dette spéculative 9 8 dans les périodes de volatilité accrue. 7 6 5 Graphique 4 : Différences importantes entre les 4 emprunteurs des marchés émergents 3 2014 2015 2016 2017 2018 2019 Dette libellée en monnaies étrangères en % du PIB 2019 Rendement minimum Rendement maximum 120 Rendement des obligations des ME en monnaies fortes Argentine 100 Remarque : La performance passée et les prévisions de performance 80 Turquie ne sont pas des indicateurs fiables des résultats futurs. 60 Mexique Afrique Chili Source : J.P. Morgan, Bloomberg Finance L.P., Julius Baer du Sud Malaisie 40 Indonésie Pologne Thaïlande Brésil Fédération Les obligations des ME ont bénéficié de facteurs exo 20 Chine Inde de Russie gènes, à savoir les perspectives de baisse des taux 0 0 10 20 30 40 50 60 des fonds fédéraux et la diminution des rendements Dette libellée en monnaies étrangères en % du PIB 2009 des emprunts d’État américains. Les investisseurs sont restés imperméables aux craintes de récession PIB = produit intérieur brut mondiale et d’effondrement du commerce mondial, Source : Institut de la finance internationale, Julius Baer et ont continué à transférer leurs fonds vers la dette des ME à rendement plus élevé de manière indiffé Markus Allenspach renciée. Selon nous, les facteurs de soutien externes 15
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