Opportunités d'investissement - Mars 2020 - Allnews
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INSIGHTS MARS 2020 SOMMAIRE Éditorial 3 Vue d’ensemble 4 Perspective d’investissement 6 Analyse technique 8 Next Generation 10 Économie 12 Monnaies 13 Revenu fixe 14 Actions 16 Matières premières 18 Mentions légales importantes 19 JULIUS BAER NEXT GENERATION THÈMES D’INVESTISSEMENT ASIE ÉMERGENTE RÉVOLUTION NUMÉRIQUE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE NOURRIR LA PLANÈTE VILLES DU FUTUR NOUVEAUX STYLES DE VIE Impressum Date de publication 3 mars 2020 Cours de référence, clôture de la rédaction 25 février 2020, sauf indication contraire 2
INSIGHTS MARS 2020 ÉDITORIAL Chère lectrice, cher lecteur, Comme le temps passe vite ! Rien de plus banal comme affirmation, mais cela ne m’a pas empêché d’avoir un choc en regardant la photo du jeune homme qui avait signé l’éditorial du premier numéro d’Insights en mai 2009. Ce jeune homme ne ressemble plus guère à l’homme que je suis aujourd’hui. Depuis ce premier numéro, beaucoup de choses ont évolué, mais d’autres n’ont pas changé. Quelques crises se sont succédées depuis 2009, nous incitant à davantage de sagesse. Pourtant, certains indices boursiers ont quadruplé depuis. Par ailleurs, et c’est sans doute le plus surprenant au regard de la performance récente des prix des actifs, l’économie mondiale est toujours fragile en 2020, comme elle l’était au printemps 2009. Pourquoi donc cette rétrospective depuis le lancement d’Insights ? Vous l’aurez sans doute deviné : c’est le dernier numéro de cette publication mensuelle. Mais rassurez-vous, nous continuerons à vous tenir informés et bien informés ! À cet effet, nous vous recommandons quelques bonnes lectures qui vous permettront de rester au fait de ce qui se passe sur les marchés financiers, en particulier notre importante publication trimestrielle, Investment Guide, et, pour ceux qui souhaitent tâter le pouls du marché plus souvent, notre Research Weekly qui paraît tous les lundis. Il est devenu difficile d’évaluer les marchés financiers dans un contexte où le trading à haute fréquence entraîne des changements conséquents à un rythme très rapide, changements qui se produisent en général juste après que la publication mensuelle ait été envoyée à l’impression. Quoi qu’il en soit, nous vous remercions de l’intérêt que vous portez à nos publica- tions. Nous vous retrouverons bientôt dans l’une de nos nombreuses autres publi- cations, tout aussi riches en informations et incitations à la réflexion. Christian Gattiker Head of Research 3
INSIGHTS MARS 2020 VUE D’ENSEMBLE Perspective d’investissement : Page 6 Monnaies : Page 13 • Les marchés financiers peuvent servir de mesure • Nous continuons à miser sur l’USD face aux mon- de l’impact économique des chocs. Dans le cas de naies européennes et sur le CAD face aux autres l’épidémie actuelle de coronavirus, il semble que monnaies liées aux matières premières, la dyna- l’impact sera temporaire. mique cyclique en Europe étant toujours à la traîne. • Après un net recul au premier trimestre, l’économie • L’épidémie de coronavirus renforce l’écart de devrait se redresser au cours de l’été. Les investis- croissance entre les États-Unis et la zone euro. Le seurs doivent donc maintenir le cap et rester pleine- rendement du portage reste acceptable, et l’aug- ment investis même si les nouvelles pourraient mentation de la liquidité en USD offre un contexte paraître inquiétantes. favorable. Analyse technique : Page 8 Revenu fixe : Page 14 • Sur un marché haussier de long terme, les deux prin- • Faute de croissance soutenue et de surprises du cipaux risques sont de passer complètement à côté côté de l’inflation, la politique monétaire devrait de la hausse ou de ne pas en profiter pleinement. rester le principal moteur des marchés obliga- • Les investisseurs doivent se méfier des marchés taires et continuer à pousser les investisseurs vers baissiers invisibles. Pour les éviter, nous recomman- les segments risqués. dons de prendre comme point de repère l’indice • Nous privilégions le segment « crossover » en phare du marché haussier, à savoir le S&P 500. USD (obligations BBB et BB), la dette émergente en monnaies fortes et les obligations d’entreprises Next Generation : Page 10 européennes low-investment grade. • La demande pour les vêtements et les chaussures bon marché a dopé le secteur de la mode éphé- Actions : Page 16 mère, qui produit de gros volumes annuels grâce • Les valeurs internationales du secteur des techno- à une main d’œuvre et à des matières premières logies de l’information continuent de tirer le mar- peu onéreuses. ché haussier actuel et le leadership sectoriel n’est • Le secteur de la mode entame une transition vers généralement pas remis en cause dans les phases un modèle plus durable, un virage que les grandes avancées des marchés haussiers. marques internationales haut de gamme devraient • Les valorisations sont attrayantes vu la croissance mieux négocier que les entreprises misant sur la anticipée. Une nouvelle appréciation des valeurs mode éphémère. des TI ne serait pas surprenante dans la mesure où les actions ont tendance à progresser lors des pics Économie : Page 12 cycliques. • L’économie mondiale a vu apparaître le corona- virus juste au moment où le secteur industriel allait Matières premières : Page 18 se redresser. • Le coronavirus assombrit les perspectives à court • L’impact de l’épidémie sur l’économie devrait se terme pour la demande de matières premières. manifester essentiellement au premier trimestre. La croissance mondiale devrait certes s’inscrire en La demande latente devrait ensuite soutenir la hausse, mais pas suffisamment pour doper les reprise au deuxième trimestre. L’économie chinoise, matières premières. qui est la plus touchée, pourrait voir sa croissance • L’offre de pétrole reste abondante, dans un contexte revenir en deçà de 6 % en 2020. de demande affaiblie. Suite au récent rebond du cours de l’or, nous estimons qu’il est temps de retirer une partie des gains pour des raisons tactiques. 4
INSIGHTS MARS 2020 VUE D’ENSEMBLE DES CYCLES ÉCONOMIQUES MONNAIES Cycle économique Italie Spot 3M 12M France EUR/CHF 1.06 1.08 1.08 États-Unis USD/CHF 0.98 1.00 0.94 JPY/CHF 0.88 0.92 0.88 Pays émergents GBP/CHF 1.27 1.26 1.29 Japon de l'Asie EUR/USD 1.08 1.08 1.15 Monde Canada EUR/GBP 0.84 0.86 0.84 Chine Australie USD/JPY 110.6 109.0 107.0 Zone euro GB Suisse Potentiel de croissance GBP/USD 1.30 1.26 1.37 Corée du Sud Allemagne à long terme CROISSANCE (PIB réel an/an, %) INFLATION (IPC an/an, %) TAUX DES BANQUES CENTRALES (%, p. a.) Moyenne 2018 2019E 2020E Moyenne 2018 2019E 2020E États-Unis 2.9 2.3 1.8 États-Unis 2.4 1.8 2.3 Fin d’exercice 2018 2019 2020E Zone euro 1.9 1.2 1.1 Zone euro 1.8 1.2 1.5 États-Unis 2.50 1.75 1.75 Royaume-Uni 1.3 1.4 0.7 Royaume-Uni 2.5 1.8 1.6 Zone euro 0.00 0.00 0.00 Suisse 2.8 0.8 1.0 Suisse 0.9 0.4 0.6 Royaume-Uni 0.75 0.75 0.50 Japon 0.3 0.8 -0.3 Japon 1.0 0.5 0.4 Suisse -0.75 -0.75 -0.75 Chine 6.7 6.1 5.4 Chine 1.9 2.9 3.2 Japon -0.10 -0.10 -0.10 Monde 3.7 3.0 2.8 Monde 5.1 3.8 4.1 E = estimation PIB = produit intérieur brut IPC = indice des prix à la consommation EMPRUNTS D’ÉTAT 10 ANS (%, p. a.) INDICES D’ACTIONS (monnaie locale) MATIÈRES PREMIÈRES Fin d’exercice 2018 2019 2020E Niveau 12M Prix 12M États-Unis 2.83 1.86 2.55 SMI 10479 11500 Pétrole Brent (USD/baril) 55.8 55.0 Allemagne 0.25 -0.27 0.30 Eurostoxx 50 3573 4100 Or (USD/once) 1635 1600 Royaume-Uni 1.27 0.78 1.35 S&P 500 3128 3600 Cuivre (USD/tonne) 5663 6150 Suisse -0.19 -0.58 -0.20 Nikkei 225 22605 22500 Minerai de fer (USD/tonne) 87 65 Japon 0.04 -0.01 -0.15 PERSPECTIVE DES CATÉGORIES D’ACTIFS Vue Catégorie d’actifs et de risque Privilégiez … Évitez … Liquidités Obligations Conservateur Titres émis par les agences gouvernementales des Obligations d’État européennes à rendement États-Unis adossés à des créances hypothécaires négatif des pays du noyau dur Première qualité Titres adossés à des créances hypothécaires américaines Opportuniste Obligations immobilières et de banques chinoises assorties d’un note investment grade (IG), obligations convertibles, obligations IG inférieures libellées en USD, EUR Spéculatif Obligations en monnaies fortes des marchés émergents, Émetteurs avec des flux de trésorerie négatifs, obligations américaines notées BB obligations en monnaie locale de pays affichant une dette extérieure importante Actions Conservateur Santé Consommation défensive ; actions américaines de croissance des dividendes Moyen Communication, finance, industrie, matériaux, technologies de l’information ; actions de valeur globales, actions de croissance américaines, petites et moyennes capitalisations américaines et européennes, actions européennes à haut dividende ; Chili Opportuniste Brésil, Chine, Indonésie, Philippines, Vietnam Afrique du Sud, Turquie Matières Minérai de fer premières Monnaies USD, CAD, INR, MXN, RUB EUR, GBP, AUD, NZD, PLN Next Thématique Éducation mondiale, Génomique, Informatique dématéria Nouvelle route de la soie, « Made in China 2025 » Generation lisée et intelligence artificielle, Jeux vidéo, Villes du futur, Longévité, Globésité, Paiements numériques, Santé numérique, Tourisme en Asie, Une Chine en bonne santé Vietnam : Julius Baer n’offre aucun service sur les marchés locaux. Brésil, Philippines : pour les résidents locaux, des investissements sur le marché local sont soumis à des restrictions légales. Obligations convertibles : les obligations convertibles sont considérées comme des produits d’investissement packagés de détail et fondés sur l’assurance (PRIIPS). Elles ne peuvent être vendues aux résidents de l’Espace économique européen que si elles sont accompagnées d’un document d’information (KID). vue positive vue neutre vue négative IDÉES D’INVESTISSEMENT : ACTIONS ÉMETTEURS OBLIGATAIRES PRÉFÉRÉS Thème Sociétés Catégorie Émetteurs Le cloud et l'infrastructure sur site Microsoft de risque passent à la vitesse supérieure De première ABB, Abu Dhabi, Arabie saoudite, Caterpillar, Actions préférées Par secteur qualité Coca-Cola FEMSA, First Abu Dhabi Bank, Koweït, Qatar, Rabobank, Siemens, Toyota Motor, UBS Group Pour de plus amples informations sur les sociétés mentionnées, Opportuniste Cielo, Crédit Agricole, DP World, Equate Petrochemical, veuillez consulter la page 17 ou la dernière publication Baer®Insights Espagne, Grupo Bimbo, LafargeHolcim, Orange, Equity/Fixed Income relative à la société concernée. Veuillez Portugal, Saint Gobain, The Commercial Bank noter que l’étendue de la distribution de ces publications peut varier. Spéculatif Banco do Brasil, JBS, Minerva, Yuexiu Property Source des tableaux et graphiques : Julius B aer 5
INSIGHTS MARS 2020 PERSPECTIVE D’INVESTISSEMENT UNE REPRISE RETARDÉE MAIS TOUJOURS D’ACTUALITÉ Les marchés financiers peuvent servir de mesure de l’impact économique des chocs. Dans le cas de l’épidémie actuelle de coronavirus, il semble que l’impact sera temporaire. Après un net recul au premier trimestre, l’économie devrait se redresser au cours de l’été. Les investisseurs doivent donc maintenir le cap et rester pleinement investis même si les nouvelles pourraient paraître inquiétantes. l’essentiel, gommées au second semestre avec, notam- LE TERME DU MOIS : ment, l’appui des banques centrales et des autorités Insights publiques. Le terme anglais « insight » renvoie à la capacité à avoir Graphique 1 : L’épidémie a provoqué une envolée une compréhension claire, approfondie et parfois sou- daine de situations ou de problèmes complexes. Exemple : de l’indice de la peur c’était un livre intéressant, plein « d’insights » (réflexions, analyses, idées, etc.) intéressants sur les rapports humains. Indice 35 Épidémie de Panique coronavirus 30 Source : Cambridge Dictionary, Julius Baer 25 20 15 Un choc 10 Après les tensions au Moyen-Orient du début de 5 Situation normale l’année, les investisseurs pensaient que leur attention 0 20.02.2015 20.02.2016 20.02.2017 20.02.2018 20.02.2019 serait désormais accaparée par la campagne pour l’élection présidentielle américaine, le spectacle poli- Indice Chicago Board Options Exchange Volatility (CBOEVIX) tique étant lancé avec les primaires et caucus qui Source : Bloomberg Finance L.P., Julius Baer ont débuté en février. Les événements ont cependant pris une toute autre tournure avec l’apparition d’une menace ressentie comme majeure, celle du corona- L’impact négatif de l’épidémie virus. La peur a pris le dessus comme en témoigne l’indice Chicago Board Options Exchange Volatility devrait, pour l’essentiel, être (CBOE VIX) qui mesure l’incertitude des investis- gommé au second semestre 2020. seurs (voir graphique 1). Un niveau élevé de l’indice est signe de panique alors qu’un niveau faible corres- pond à une situation normale. Des risques géopolitiques moindres mais toujours présents Lorsque l’on examine les réactions des cours des ac- Lorsque des événements majeurs mais inattendus se tions aux chocs, on a tendance à oublier que l’objectif produisent, les inquiétudes antérieures tendent à être premier des marchés financiers est d’évaluer l’impact reléguées au second plan. L’épidémie de coronavirus économique de tels chocs. Autrement dit, le fait que n’a pas échappé à la règle : les risques géopolitiques « l’indice de la peur » ne se soit pas envolé autant que qui ont tant préoccupé les investisseurs au cours des lors de chocs précédents ne signifie pas que l’épidémie 18 à 24 derniers mois ont été quelque peu oubliés ces de coronavirus n’est pas néfaste pour tout le monde. derniers temps (voir graphique 2). Ces risques n’en Cela indique plutôt que les investisseurs s’attendent demeurent cependant pas moins importants par rap- à ce que l’impact économique de l’épidémie soit maî- port à la moyenne de long terme. Ce n’est donc pas trisé, et que les répercussions négatives qui se sont parce que les investisseurs ont une nouvelle source manifestées au premier semestre 2020 soient, pour d’inquiétudes que les risques géopolitiques sont de- venus négligeables. 6
INSIGHTS MARS 2020 Graphique 2 : L’incertitude politique s’atténue par Aucune raison de paniquer rapport à ses sommets historiques Il faudrait que la situation s’avère complètement diffé- rente cette fois-ci pour que les investisseurs changent Index de cap. Bien évidemment, il est toujours possible qu’un 400 350 fait sans précédent se produise. Toutefois, au regard 300 de l’ensemble des informations disponibles à l’heure 250 200 actuelle, il semble probable que les choses évolue- 150 ront comme par le passé. En outre, au cours de cha- 100 50 cune des épidémies des 40 dernières années, ne pas 0 céder à la panique et rester investi a toujours porté 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 2018 ses fruits. Nous recommandons donc aux investis- Récessions américaines (NBER) seurs de maintenir le cap jusqu’à nouvel ordre. Indice mondial d’incertitude sur la politique économique (pondéré selon le PIB) Estimation Julius Baer pour le mois en cours, sur la base de l’indice Comment maintenir le cap américain quotidien Maintenir le cap et rester pleinement investi peut avoir NBER = National Bureau of Economic Research PIB = produit intérieur brut une signification différente selon les investisseurs. Source : Datastream, Julius Baer D’une manière générale, il s’agit de conserver les actifs risqués au niveau ou au-delà de l’objectif individuel Indicateurs avancés de l’investisseur, et de maintenir les liquidités au niveau Dans le contexte actuel, il est plutôt surprenant que les ou en deçà de l’objectif. Pour ceux qui en sont loin, perspectives soient en amélioration. Ainsi, les indica- nous proposons ci-dessous une approche progressive teurs avancés tels que les prix du cuivre (le marché du pour devenir pleinement investi. Nous recomman- cuivre, souvent surnommé « Dr Copper », est consi- dons ce qui suit pour les différentes d’actifs : déré comme le meilleur économiste du monde pour ses capacités de prédiction) pointent vers une accé Revenu fixe lération de la croissance à l’été 2020. Ces prévisions • Conserver le même niveau de risque et privilégier sont confortées par l’examen des expériences passées les titres de la fourchette de notation BBB/BB sur qui montre que les replis de l’économie dus à des le marché américain ainsi que la dette de qualité épidémies sont généralement résorbés au cours des low-investment grade libellée en euros et les obli- trimestres suivants. gations d’entreprises des marchés émergents. Graphique 3 : Les indicateurs avancés pointent vers Actions une reprise • Prévoir une allocation conséquente aux valeurs cycliques ainsi qu’aux leaders des technologies %, variation sur 6 mois %, variation sur 6 mois de l’information ; rester surexposé aux actions 100 5 80 4 asiatiques. 60 3 40 2 20 1 Matières premières 0 0 • Nous pensons qu’il est temps pour une prise par- -20 -1 -40 -2 tielle de profits en or. -60 -3 -80 -4 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 Thèmes Next Generation Marché du cuivre (éch. gauche) Récessions américaines (NBER) • Mettre l’accent sur les thèmes suivants : Une Chine Indicateur avancé de l’OCDE (éch. droite) en bonne santé, Informatique dématérialisée et intelligence artificielle, Paiements numériques, NBER = National Bureau of Economic Research OCDE = Organisation de coopération et de développement économiques Santé numérique, Génomique et Villes du futur. Source : Datastream, Julius Baer Christian Gattiker, CFA, CAIA 7
INSIGHTS MARS 2020 ANALYSE TECHNIQUE ÉVITER LE MARCHÉ BAISSIER INVISIBLE Sur un marché haussier de long terme, les deux principaux risques sont de passer complètement à côté de la hausse ou de ne pas en profiter pleinement. Les investisseurs doivent se méfier des marchés baissiers invisibles. Pour les éviter, nous recommandons de prendre comme point de repère l’indice phare du marché haussier, à savoir le S&P 500. Ne voir que ce que l’on veut bien voir Éviter le marché baissier invisible : actions hors Le fait est qu’il existe aujourd’hui pratiquement autant États-Unis d’indices boursiers que d’actions. Il est donc tentant Sur un marché haussier de long terme, les deux prin- pour les investisseurs de choisir comme référence l’in- cipaux risques sont de passer complètement à côté dice le plus avantageux pour leur portefeuille. Toute- de la hausse ou de ne pas y participer pleinement. Ce fois, pour être vraiment exact, il faudrait que les rende- qui, de prime abord, peut sembler être un marché ments du portefeuille soient comparés à ceux du haussier peut en fait être un marché baissier invisible marché haussier dominant. Or, difficile de nier que le qui ronge le patrimoine des investisseurs. L’un des marché haussier actuel est centré sur les États-Unis et moyens d’éviter ces marchés baissiers invisibles est de que le leader est l’indice S&P 500. Comme le montre comparer ses rendements à ceux du leader sur le mar- le graphique 1, les actions américaines ont entamé ché haussier, soit actuellement le S&P 500. Comme une phase haussière de longue durée en mars 2013 et, on peut le voir dans la partie supérieure du graphique 2, depuis, le S&P 500 a gagné 11,40 % par an. Le mieux depuis que le S&P 500 a entamé sa hausse de long est donc d’utiliser le S&P 500 comme référence. terme, les marchés internationaux des actions (hors marché américain) ont progressé de 19 %. Ce résul- Graphique 1 : L’indice S&P 500 est le leader et tat, qui peut sembler tout à fait convenable, représente s’impose donc comme référence cependant une sous-performance de 50 % par rap- port au S&P 500 (partie inférieure du graphique) et USD masque ainsi un marché baissier invisible. 3 500 n 3 000 ra Indice S&P 500 pa Graphique 2 : Actions internationales hors États-Unis – % 2 500 1 ,4 des rendements convenables tant qu’on ne les compare +1 2 000 pas au S&P 500 1 500 Indice 1 000 Début du marché haussier en mars 2013 Visible 130 Indice MSCI Monde (+19 %) 500 120 (hors États-Unis) 2000 2005 2010 2015 2020 110 Comment lire le graphique en chandeliers : les rectangles représentent 100 l’évolution des cours du début à la fin de chaque année. Les rectangles blancs correspondent aux hausses sur l’année et les noirs aux baisses sur 90 l’année. Les lignes verticales représentent les niveaux de prix les plus 80 Par rapport à l’indice S&P 500 élevés et les plus bas atteints au cours de chacune des années. 70 Remarque : la performance passée et les prévisions de performance ne Marché baissier invisible 60 sont pas des indicateurs fiables des résultats futurs. (sous-performance de 50 %) 50 Source : Bloomberg Finance L.P., Julius Baer 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Remarque : la performance passée et les prévisions de performance ne sont pas des indicateurs fiables des résultats futurs. Source : Bloomberg Finance L.P., Julius Baer L’analyse technique peut être incohérente avec l’analyse fondamentale et aboutir à des conclusions différentes. 8
INSIGHTS MARS 2020 Allocation d’actifs : êtes-vous en train de passer En cas de doutes, se tourner vers l’or à côté du marché haussier ? Le niveau élevé des cours des actions pourrait in- L’idée d’éviter les marchés baissiers invisibles ne vaut quiéter les investisseurs. À l’heure où nous écrivons pas seulement pour les actions, mais aussi pour d’autres ces lignes, les actions européennes ont, à l’instar de classes d’actifs. Les investisseurs ont voué une véri- leurs homologues américaines et suisses, entamé une table passion aux obligations ces dernières années, tendance haussière de long terme. Au regard du sen mais comment leur en vouloir ? Comme on peut le timent du marché et des flux de fonds, il semble bien voir dans la partie supérieure du graphique 3, les obli- que le marché des actions continue de surmonter les gations d’entreprises de qualité investment grade ont inquiétudes. Toutefois, en cas de doute, il convient de non seulement affiché d’excellents rendements, mais comparer le S&P 500 avec l’actif non productif qu’est elles ont aussi subi peu de corrections. Toutefois, les l’or. L’examen de l’évolution à long terme du S&P 500 investisseurs ont probablement omis de comparer ces par rapport à l’or (graphique 4) révèle l’existence d’un rendements à ceux du S&P 500. Or, l’indice a dégagé nouveau signal d’achat de long terme. Nous mainte- un rendement annuel deux fois plus élevé que les obli- nons donc notre conclusion et recommandons aux gations, surperformant ces dernières de pas moins investisseurs de comparer leurs investissements avec de 105 % depuis 2013. l’indice phare du marché haussier actuel, à savoir le S&P 500. Évaluez vos investissements en Graphique 4 : Nouveau signal d’achat à long terme référence à l’indice S&P 500. Ratio 5 3 Graphique 3 : Toujours attiré par les obligations ? 2 Indice Visible 1 (+38 %) Indice S&P 500 130 Obligations d’entreprises investment grade 0 par rapport à l’or 120 110 1 000 Momentum 100 500 90 Par rapport à l’indice S&P 500 0 80 70 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 Marché baissier invisible 60 (sous-performance de 44 %) 50 Remarque : la performance passée et les prévisions de performance ne 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 sont pas des indicateurs fiables des résultats futurs. Source : Bloomberg Finance L.P., Julius Baer Remarque : la performance passée et les prévisions de performance ne sont pas des indicateurs fiables des résultats futurs. Source : Bloomberg Finance L.P., Julius Baer Mensur Pocinci, MFTA 9
INSIGHTS MARS 2020 NEXT GENERATION MODE ÉPHÉMÈRE OU DURABLE La demande pour les vêtements et les chaussures bon marché a dopé le secteur de la mode éphémère, qui produit de gros volumes annuels grâce à une main d’œuvre et à des matières premières peu onéreuses. Le secteur de la mode entame une transition vers un modèle plus durable ; les marques internationales haut de gamme devraient mieux négocier le virage que les entreprises misant sur la mode éphémère. L’impact social et environnemental de nos vêtements Les Nations Unies considèrent le secteur de la mode comme l’un des plus nocifs pour l’environnement sur le plan mondial. Des quantités énormes d’eau sont nécessaires pour fabriquer les quelque 80 milliards de vêtements produits chaque année, le coton, biolo- gique ou non, étant l’un des plus gros consommateurs d’eau. Au-delà de la consommation d’eau, le secteur est également à l’origine d’une pollution importante de l’eau et de l’air, notamment en raison de la localisa- tion des usines dans des pays à faibles coûts. Le sec- teur ne brille pas non plus d’un point de vue social, au vu de piètres conditions de travail et de la faiblesse Un secteur engagé sur une voie rapide des salaires. Au cours des dernières décennies, le secteur de la mode a évolué vers une chaîne de valeur très inter- connectée couvrant le monde entier. Le secteur, En moyenne, un vêtement n’est qui pèse quelque 3 000 milliards d’USD, soit 2 % du porté qu’à sept reprises avant produit intérieur brut (PIB) mondial, est l’un des principaux employeurs dans de nombreux pays. Si la d’être relégué aux oubliettes. mode est toujours synonyme de beauté, de glamour et d’élégance, le secteur a connu bien des change- ments, avec notamment le développement de la mode Graphique 1 : Ventes de vêtements vs. utilisation et éphémère. La multiplication des collections annuelles PIB (indexé) (jusqu’à 24 pour certaines marques) a dopé les ventes Indice de vêtements tout en réduisant le nombre de fois où 200 un article est porté. Selon certaines estimations, seuls 180 20 à 30 % des vêtements d’une garde-robe seraient effectivement portés, et chaque vêtement ne serait 160 porté, en moyenne, qu’à sept reprises avant d’être 140 délaissé. 120 100 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 PIB mondial Ventes de vêtements dans le monde Nombre de fois où les vêtements sont portés PIB = Produit intérieur brut Source : Ellen MacArthur Foundation, Banque mondiale, Julius Baer 10
INSIGHTS MARS 2020 Des consommateurs de plus en plus sensibles à Graphique 3 : Volonté d’acheter des articles de mode l’impact social et environnemental de la mode durable Les consommateurs, en particulier ceux des jeunes % générations, sont de plus en plus sensibles aux consé- 100 quences de leurs achats et de leur mode de vie sur 80 l’environnement et la société. Cela peut s’expliquer par l’accent mis par les médias ces dernières années sur 60 les conditions de travail et l’impact environnemental du 40 secteur de la mode. Toutefois, quel que soit la tranche 20 d’âge, seule une minorité de personnes soutiennent ef- 0 fectivement la mode responsable. En effet, la majorité Hong Kong Londres New York Shanghai Tokyo Total des consommateurs ne sont pas disposés à dépenser À un prix plus élevé À un prix plus faible plus pour des articles de mode responsable. En d’autres Au même prix Pas d’achat termes, les consommateurs ne semblent pas prêts à Source : KPMG (2019), Julius Baer joindre le geste à la parole, autrement dit à abandon- ner la mode éphémère au profit d’une mode lente et Impact sur le secteur de la mode durable. Le secteur de la mode semble engagé dans la pre- mière phase d’une transition qui devrait la rapprocher d’un modèle de développement durable. Les entre- Les consommateurs ne sont pas prises pionnières en la matière pourront alors renforcer prêts à joindre le geste à la parole. leur crédibilité auprès des consommateurs sensibles à la question. L’autre avantage est que l’adoption pré- coce de matières premières durables leur permettra Graphique 2 : Volonté de soutenir la mode durable de sécuriser leur approvisionnement pour les phases ultérieures. Grâce à leur visibilité mondiale et aux % moyens financiers conséquents dont ils disposent, les 100 leaders internationaux du luxe, des articles de sport et 80 de la bijouterie haut de gamme semblent mieux armés 60 pour négocier cette transition sur le long terme. Les 40 entreprises du segment de la mode éphémère, dont le 20 modèle consiste à produire en grandes quantités des 0 vêtements bon marché, devraient, en revanche, souf- Hong Kong Londres New York Shanghai Tokyo Total frir à plus long terme. Ce segment se caractérise en Soutien fort Pas de soutien effet par la présence d’un grand nombre d’entreprises Soutien moyen appliquant le même modèle économique, fondé sur Source : KPMG (2019), Julius Baer des matériaux et de la main d’œuvre bon marché, qui se font concurrence sur un marché déjà saturé. Damien Ng, PhD 11
INSIGHTS MARS 2020 ÉCONOMIE LE CORONAVIRUS RETARDE LA REPRISE L’économie mondiale a vu apparaître le coronavirus juste au moment où le secteur industriel allait se redresser. L’impact de l’épidémie sur l’économie devrait se manifester essentiellement au premier trimestre. La demande latente devrait ensuite soutenir la reprise au deuxième et troisième trimestre. L’économie chinoise, qui est la plus touchée, pourrait voir sa croissance revenir en deçà de 6 % en 2020. Reprise retardée de l’économie mondiale Ralentissement de la croissance chinoise en 2020 Soutenus par la trêve commerciale, les indicateurs L’économie chinoise sera la plus pénalisée par l’épidé- avancés sont restés orientés à la hausse et les pre- mie de coronavirus. Alors que les autres grandes éco- miers signes indiquant que le secteur industriel com- nomies ayant souffert des perturbations des chaînes mence à sortir du creux de la vague sont apparus logistiques au premier trimestre devraient être en me- dans de nombreux pays développés. Pour des raisons sure de se rattraper dans les trimestres suivants, la spécifiques, les prévisions de reprise sont plus miti- Chine aura sans doute plus de difficultés. Certains seg- gées pour les marchés émergents. Le secteur indus- ments du secteur des services chinois, tels que le tou- triel pourrait cependant subir un recul temporaire, risme ou les loisirs, qui pâtissent d’une réduction de les mesures mises en œuvre pour contenir le corona- l’activité, ont un potentiel de rattrapage plus limité, ce virus ayant perturbé l’activité au premier trimestre. qui devrait aggraver le ralentissement au premier Selon nous, l’économie mondiale ne se redressera qu’au trimestre. Un soutien politique et un rebond alimenté deuxième et troisième trimestre 2020, lorsque l’utili- par la demande latente pourraient cependant atté- sation des capacités de production chinoises renouera nuer l’impact global sur la croissance chinoise. Au fi- avec des niveaux normaux, mettant fin aux perturba- nal, nous avons ramené notre prévision pour cette tions des chaînes logistiques. En attendant, la solidité dernière à 5,4 % en 2020. du secteur des services dans de nombreux pays dé- veloppés devrait continuer à soutenir la croissance. Graphique 2 : Ralentissement de la croissance chinoise au premier trimestre en raison de l’épidémie Graphique 1 : Le reprise économique globale entravée de coronavirus par le coronavirus au premier trimestre %, an/an Z-score 7.0 6.5 1.5 1.0 6.0 0.5 5.5 0.0 5.0 -0.5 4.5 -1.0 4.0 -1.5 3.5 -2.0 3.0 -2.5 jan 2018 juil 2018 jan 2019 juil 2019 jan 2020 juil 2020 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Croissance du PIB réel Scénario de base Propension au risque des marchés financiers* Scénario pessimiste Prévisions initiales Dynamique économique** PIB = Produit intérieur brut * Indicateurs de risques macroéconomiques Source : National Bureau of Statistics of China, Julius Baer ** Indicateurs économiques avancés Source : Citi, Goldman Sachs, Julius Baer Susan Joho 12
INSIGHTS MARS 2020 MONNAIES LE RÈGNE DU DOLLAR AMÉRICAIN DEVRAIT SE POURSUIVRE Nous continuons à miser sur l’USD face aux monnaies européennes et sur le CAD face aux autres monnaies liées aux matières premières, la dynamique cyclique en Europe étant toujours à la traîne. L’épidémie de coronavirus renforce l’écart de croissance entre les États-Unis et la zone euro. Le rendement du portage reste acceptable, et l’augmentation de la liquidité en USD offre un contexte favorable. Le dollar américain toujours attrayant final, l’épidémie de coronavirus se traduit par une L’appréciation du dollar américain (USD) devrait se augmentation de l’écart de croissance entre les deux poursuivre, les principaux moteurs de cette hausse zones monétaires, et cet écart persistera sans doute continuant de jouer. Si le secteur industriel de la zone plus longtemps qu’initialement prévu. euro semble avoir du mal à sortir de la récession, les indices des directeurs d’achat du secteur manufacturier Propension au risque et faible volatilité des aux États-Unis se sont récemment inscrits en terri- monnaies toire positif. En outre, les bonnes surprises du côté des L’épidémie de coronavirus a également des répercus- chiffres de la croissance sont, de nouveau, plus nom- sions sur les monnaies à faible volatilité des marchés breuses pour les États-Unis que pour la zone euro. émergents d’Asie. La propension au risque des inves- Nous continuerons donc de miser sur l’USD face aux tisseurs a toutefois fait son retour récemment et les monnaies européennes et sur le dollar canadien risques macroéconomiques mondiaux s’atténuent. Les (CAD) face aux autres monnaies liées aux matières chiffres économiques positifs n’étant pas encore au premières tant que la dynamique cyclique restera à rendez-vous, l’environnement est favorable aux mon- la traîne en Europe. naies à haut rendement hors marchés émergents asiatiques. En fait, la volatilité des monnaies est restée Graphique 1 : Les chiffres de l’économie américaine proche de ses plus bas historiques au cours des der- sont toujours meilleurs nières semaines et la liquidité en USD augmente, au- tant d’éléments qui plaident en faveur des stratégies Indice %, an/an de portage. Nous préférons acheter de la livre turque, 500 30 400 25 du peso mexicain, du rouble russe, de la roupie in- 20 300 15 dienne et de la roupie indonésienne face à l’euro. 200 10 100 5 0 0 Graphique 2 : Le portage offre un rendement faible -100 -5 -200 -10 mais acceptable -300 -15 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 En points de pourcentage Écart des données économiques* (éch. gauche) 7.0 Indice du dollar américain (éch. droite) 6.5 6.0 * Différence entre les chiffres de l’économie américaine et ceux des pays du 5.5 G10 (données pondérées) hors États-Unis 5.0 4.5 Source : Citi, Julius Baer 4.0 3.5 3.0 En qualité de monnaie refuge traditionnelle, l’USD 2.5 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 bénéficie également de l’épidémie de coronavirus. De plus, les effets négatifs du coronavirus sur l’économie Écart entre les monnaies à haut rendement et celles à faible rendement* sont nettement moins sensibles aux États-Unis que * sur la base des taux anticipés à trois mois, ajustés de la volatilité dans la zone euro, cette dernière étant plus ouverte Source : Datastream, Julius Baer et plus dépendante des exportations vers la Chine. Au David Kohl 13
INSIGHTS MARS 2020 REVENU FIXE EN ATTENDANT LE PROCHAIN RETOURNEMENT DU CYCLE REFLATION/DÉFLATION Faute de croissance soutenue et de surprises du côté de l’inflation, la politique monétaire devrait rester le principal moteur des marchés obligataires et continuer à pousser les investisseurs vers les segments risqués. Nous privilégions le segment « crossover » en USD (obligations BBB et BB), la dette émergente en monnaies fortes et les obligations d’entreprises européennes low-investment grade. La lutte trop efficace menée contre l’inflation centrales ne se manifestera, l’accent continuera à dans les années 1980 … être mis sur les obligations d’entreprises européennes L’économie mondiale est toujours otage de la théorie de qualité low-investment grade et sur la dette en monétariste dominante des années 1980, qui assignait monnaies fortes des marchés émergents. comme objectif unique aux banques centrales la lutte contre l’inflation. Cette lutte a si bien réussi que, plus Graphique 1 : Gonflement des bilans des banques de 20 ans après, à l’aube de la Grande crise finan- centrales cière, les chiffres de l’inflation, tant effective qu’antici- En milliards d’USD pée, restaient très bas. Depuis, l’économie mondiale 9 000 n’a cessé d’osciller entre les espoirs de retour de l’infla- 8 000 tion et les craintes de déflation. Raviver les anticipa- 7 000 6 000 tions inflationnistes s’est révélé plus difficile que ne 5 000 4 000 l’avaient prévu les banquiers centraux et les marchés. 3 000 Les nombreuses séries de réduction des taux d’inté- 2 000 1 000 rêt et plusieurs années de « forward guidance » ex- 0 plicite de la Banque centrale européenne n’ont pas 2009 2011 2013 2015 2017 2019 suffi à dissiper les craintes de déflation. Bien plus, Emprunts d’États détenus par la Réserve fédérale américaine, les rachats d’emprunts d’État de la part de la Réserve la Banque centrale européenne et la Banque du Japon fédérale américaine, de la Banque centrale euro- Source : Refinitiv, Julius Baer péenne et de la Banque du Japon, pour un montant cumulé de 8 200 milliards d’USD depuis 2009, ont La faiblesse des anticipations inflationnistes tient eu pour seul effet de grever les primes de terme et de lieu de garde-fou faire flamber le prix des obligations de qualité. La raison pour laquelle un durcissement de la politique monétaire du type de celui de 2018 est improbable … continue de pousser les investisseurs vers les apparaît clairement dans le graphique 2. Les principaux segments risqués modèles utilisés par les banques centrales reposent Tant que la Réserve fédérale américaine, la Banque sur la nouvelle économie keynésienne et supposent des centrale européenne et la Banque du Japon continue- anticipations inflationnistes constantes sur le long ront à acheter pour 80 milliards d’USD d’emprunts terme. En l’absence d’anticipations inflationnistes bien d’États chaque mois, les investisseurs se tourneront ancrées, la politique monétaire est inopérante, et les vers les segments plus risqués du marché obliga- banquiers centraux craignent justement de perdre cet taire. L’année 2018 a bien montré ce qui pourrait se ancrage si les anticipations en matière d’inflation se passer si les banques centrales devenaient plus res- maintiennent en dessous de l’objectif de 2 % pendant trictives avant que l’inflation ne fasse son retour à trop longtemps. Après tout, la crédibilité est essen- l’échelle mondiale. Par conséquent, tant qu’aucun tielle pour les banques centrales. signe de changement de la politique des banques 14
INSIGHTS MARS 2020 Graphique 2 : Crainte de perdre l’ancrage Graphique 3 : Le segment « crossover » en USD offre un profil risque/rendement attrayant % 3.0 Points de base 2.5 1 400 2.0 1 200 1 000 1.5 800 1.0 600 0.5 400 0.0 200 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 0 AAA AA A BBB BB B CCC–C Point mort d’inflation à 10 ans pour les États-Unis Écart actuel Écart juste valeur Source : Bloomberg Finance L.P., Julius Baer Remarque : la performance passée et les prévisions de performance ne sont pas des indicateurs fiables des résultats futurs. Le segment « crossover » reste le plus intéressant Source : Bloomberg Finance L.P., ICE Bank of America Merrill Lynch, Le maintien d’un régime de faible volatilité, soutenu Julius Baer par les interventions des banques centrales évoquées ci-dessus, plaide en faveur des stratégies de portage Le déficit budgétaire des pays du Conseil de pour les classes d’actifs victimes de distorsions. Nous coopération du Golfe est financé par la dette et restons donc constructifs à l’égard du risque de cré- les réserves de change dit. Les conditions monétaires accommodantes ont Les prix du pétrole restent déprimés, la demande cependant aussi des effets négatifs. Outre l’impact chinoise ralentissant sur fond d’épidémie de corona- néfaste des taux négatifs sur la rentabilité des banques, virus. À l’exception du Qatar, les pays du Conseil l’argent bon marché permet aussi aux entreprises les de coopération du Golfe (CCG) devraient donc affi- plus faibles de se refinancer plus facilement. Les taux cher des déficits budgétaires plus importants que de défaillance se maintiennent ainsi à des niveaux prévu en 2020. artificiellement bas puisque les entreprises non ren- tables ne sont pas exclues du marché. Nous préfé- Jusqu’à présent, ces pays avaient eu recours à la fois rons donc éviter la dette des émetteurs les plus faibles à leurs réserves de change et aux émissions pour et nous concentrer sur le segment « crossover », au- financer leur déficit budgétaire. Ainsi, au cours des trement dit les obligations notées BBB et BB. Notre quatre dernières années, ils ont émis pour près de évaluation de la juste valeur, qui prend en considéra- 160 milliards d’USD de dette, tandis que leurs réserves tion les taux de reprise et de défaillance projetés afin de change ont diminué d’environ 200 milliards d’USD de déterminer le juste niveau des écarts de crédit depuis fin 2014, l’Arabie Saoudite étant le pays qui a ajusté des risques, nous conforte dans l’idée que les le plus puisé dans ses réserves. La région a encore be- obligations BBB et BB offrent un profil risque/rende- soin de réformes pour diversifier son économie au-delà ment attrayant. Nous sommes plus prudents à l’égard du pétrole, renforcer ses finances publiques et amé- de l’Europe étant donné l’incertitude entourant les liorer la stabilité sociale. Cependant, la volonté poli- perspectives économiques et le rôle toujours flou du tique en la matière fait défaut et la baisse des revenus Vieux Continent face aux puissances du nouvel ordre pétroliers constitue un frein supplémentaire. bipolaire mondial. En Europe, nous continuons donc de miser uniquement sur les obligations d’entreprises Nos prévisions à 3 et 12 mois pour le pétrole sont low-investment grade. de respectivement 60 USD et 55 USD le baril. Selon nous, les pays du CCG continueront à recourir au marché obligataire pour financer leurs déficits, même si les avoirs des fonds souverains devraient les y aider dans un contexte de faiblesse de la croissance mon- diale et de perturbations de la production pétrolière. Markus Allenspach, Dario Messi, Eirini Tsekeridou 15
INSIGHTS MARS 2020 ACTIONS LES TITRES DU SECTEUR DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION DEMEURENT ATTRAYANTS Les technologies de l’information (TI) continuent de tirer le marché haussier actuel et le leadership sectoriel n’est généralement pas remis en cause dans les phases avancées des marchés haussiers. Les valorisations sont attrayantes vu la croissance anticipée. Une nouvelle hausse des valeurs du secteur des TI ne serait pas surprenante, les actions ayant tendance à progresser lors des pics cycliques. Les technologies de l’information portées par des … et conjoncturelles tendances structurelles … Le secteur des TI devrait également bénéficier de la Les TI continuent d’afficher une croissance structu- croissance cyclique. Relativement au produit intérieur relle et cyclique de qualité. La croissance à long terme brut, les dépenses d’investissement dans les TI sont des bénéfices du secteur devrait être tirée par plu- tout juste au niveau de la moyenne de long terme. Or, sieurs facteurs structurels, tels que la connectivité, la ces dépenses passent généralement au-dessus de la croissance des données, l’amélioration de la puis- moyenne vers la fin du cycle économique. Actuelle- sance de calcul, la 3D et l’augmentation du contenu ment, les actions américaines du secteur des tech technologique. nologies de l’information génèrent une croissance an- nuelle des bénéfices d’environ 15 %, nettement supérieure au taux de croissance moyen de 9 % en Aucun changement de leadership registré par le marché des actions dans son en- sectoriel n’est généralement semble. Les facteurs cycliques et structurels étant porteurs, cette tendance devrait, selon nous, se observé dans les phases avancées poursuivre. Les valorisations ne sont certes plus bon des marchés haussiers. marché, mais elles ne dépassent que légèrement les moyennes historiques, ce qui est justifié étant donné la forte croissance du secteur. À noter également que Graphique 1 : Le ratio cours/bénéfices anticipé dépasse les changements de leadership sectoriel sont rares dans à peine les moyennes historiques les phases avancées des marchés haussiers. Dans ces conditions, les valeurs du secteur des TI devraient Ratio cours/bénéfices anticipé à 12 mois, en % continuer à tirer le marché haussier jusqu’à la fin du 60 cycle. 50 40 30 Graphique 2 : Les TI, principal moteur du marché 20 haussier au cours de la dernière décennie 10 0 Indice 2000 2005 2010 2015 2020 350 300 Secteur mondial des technologies de l’information 250 Moyenne (+/−1 écart-type) 200 Remarque : la performance passée et les prévisions de performance ne 150 sont pas des indicateurs fiables des résultats futurs. 100 50 Source : Datastream, Julius Baer 0 1995 2000 2005 2010 2015 2020 Indice MSCI World Information Technology Eemarque : la performance passée et les prévisions de performance ne sont pas des indicateurs fiables des résultats futurs. Source : Datastream, Julius Baer Patrik Lang, CFA 16
INSIGHTS MARS 2020 MICROSOFT : LE CLOUD ET L’INFRASTRUCTURE SUR SITE PASSENT À LA VITESSE SUPÉRIEURE Cours, USD Microsoft jouit d’un quasi-monopole dans les systèmes 170 d’exploitation des ordinateurs personnels et des logi- 150 ciels de productivité à usage professionnel. Sa straté- 130 110 gie consistant à proposer des offres de services cloud 90 s’avère très payante, un nombre croissant d’entreprises 70 migrant vers le cloud. Microsoft est très bien placée 50 tant sur le segment des entreprises que sur celui des 30 2015 2016 2017 2018 2019 2020 particuliers et le développement de l’activité Cloud n’en est, selon nous, qu’à ses débuts. Nous considérons Microsoft Microsoft comme un placement intéressant, affichant Remarque : la performance passée et les prévisions de performance ne des multiples de valorisation attrayant, d’autant plus sont pas des indicateurs fiables des résultats futurs. Source : Bloomberg Finance L.P., Julius Baer que le titre fait l’objet d’une décote injustifiée par rap- port aux autres entreprises du secteur des logiciels. Recommandation de titres : En bref, Microsoft est un moyen sûr de profiter de la Microsoft (Buy, cours/cours cible : USD 168.07/200) transformation numérique (cloud) et du développe- ment de l’intelligence artificielle. Cengizhan Sen ACTIONS PRÉFÉRÉES Secteur Notation Amérique du Nord Europe Reste du monde des secteurs Pétrole et gaz Neutre Chevron, ConocoPhillips, Royal Dutch Shell Occidental Petroleum Matériaux Surpondérer Sherwin-Williams LafargeHolcim Industrie Surpondérer Eaton Corporation, Honeywell, Assa Abloy, Eiffage, Ingersoll-Rand, Norfolk Southern Schneider Electric, Siemens Consommation Neutre Dollar General, Home Depot, LVMH Alibaba, Sands China, cyclique McDonald’s Shenzhou International, Sony Corporation Consommation Sous-pondérer Coca Cola, Estée Lauder Diageo, Nestlé, Unilever défensive Santé Surpondérer Abbott Labs, Boston Scientific, AstraZeneca, MorphoSys, CSPC Pharmaceutical, Bristol-Myers, Medtronic, Sanofi Shanghai Fosun Thermo Fisher, Zimmer Biomet Pharmaceutical-H Finance Surpondérer Ameriprise Financial, Berkshire ABN Amro, Allianz, Axa, Ping An Insurance-H Hathaway, Citigroup, S&P Global ING Groep, Partners Group Holding, Sampo Technologies de Surpondérer Adobe Systems, Microsoft, Nokia l’information Qualcomm, salesforce.com, Visa Communications Surpondérer Alphabet Inc., AT&T, Comcast Orange, Vodafone Group Tencent Holdings Services aux Neutre Engie, RWE, SSE collectivités Immobilier Sous-pondérer Prologis Klepierre, Mobimo Holding AG Link REIT Source : J ulius Baer. Classification : Julius B aer Financial Instruments 17
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