Ou l'expérience du paranormal et de l'occulte
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Paranormal
Le fantastique chez l’adolescent :
ou l’expérience du paranormal et de l’occulte
Au Québec, il y a quelques lustres que la émotive et spirituelle des indivi- non seulement le monde des
religion officielle, le catholicisme, ne répond dus. fantômes, vampires, démons,
sorcières, bestiaires, magiciens,
plus aux attentes, au questionnement ou aux C’est ainsi que les adoles- etc., mais également celui du
aspirations des adolescents. Le cinéma, la cents sont intrigués par cette paranormal : télépathie, télé-
musique et les médias ont tôt pris cette relève « possible » expérience mys- kinésie, hantise, prémonition,
et, aujourd’hui, on peut affirmer sans tique ou paranormale d’une etc.
conteste que le genre fantastique est devenu autre vie plus intéressante que la
« leur » religion. leur – moins monotone, moins Également, le fantastique
vécue de platitudes. Qui plus peut se diviser en plusieurs caté-
Daniel Coulombe
E n réalité, le fantastique fait
partie du domaine des reli-
gions exotiques, au même titre
est, le fantastique adhère au
mythe du héros: un mythe poli-
tique, très américanisé, adapté à
gories (épique, folklorique, mer-
veilleux et épouvante) où chacu-
ne d’elles s’impose plus spécifi-
avec la collaboration que les quelque mille mouve- toutes les situations contempo- quement dans des médias pré-
d’Amélie Langlais ments religieux qui sillonnent le raines, avec ses valeurs et son cis : le fantastique épique est
Québec. principal message, soit « à surtout véhiculé par les jeux de
l’intérieur de chaque individu, il rôles et les jeux vidéo ; les
Le fantastique figure aussi existe une force qui peut sauver contes et légendes de nos
parmi la culture de consomma- le monde », et paradoxalement, ancêtres s’inscrivent davantage
tion, de masse, et possède une se «sauver » du monde aussi. à l’intérieur d’un fantastique
grande influence sur les jeunes. Rien ne semble pouvoir arrêter folklorique, littéraire ; Walt
S’il fascine tant les adolescents, le héros, ni les forces surnatu- Disney se veut le plus grand
c’est parce qu’en plus d’offrir relles ni la technologie ou une créateur de fantastique mer-
l’évasion, ce genre apporte par- éventuelle société cybernétique. veilleux (La Belle et la Bête,
fois des réponses faciles et C’est un mythe puissant : c’est Aladin, Cendrillon, Blanche
naïves à l’insolite – réponses qui la victoire des émotions sur l’in- Neige) ; le cinéma, quant à lui,
finissent par être considérées telligence, la victoire de l’intui- produit en grande quantité l’é-
« sérieuses » – ; parfois des tion sur la logique, la victoire du pouvante et l’horreur.
réponses complexes qui justi- bien sur le mal.
fient leurs valeurs. Avant tout, le Le fantastique paranormal
fantastique aborde les sujets qui serait donc davantage un thème
intéressent les adolescents : parmi d’autres, exploité à l’inté-
l’au-delà, les expériences Le fantastique rieur de catégories de ce genre,
« mort-vie », les esprits, les paranormal diffusé par différents médias :
fantômes, les anges, la vie sur cinéma et télévision, jeux
d’autres planètes, les miracles, Qu’entendons-nous par « fan- vidéos, jeux de rôles, sites inter-
les forces surnaturelles, tastique paranormal » ? Pour net, littérature...
l’invincibilité, les phé- une compréhension générale du
Le cinéma est sans conteste nomènes paranor- fantastique, disons qu’il peut se Le cinéma est sans conteste
le principal moteur de maux. Dans ce contex- définir comme étant le monde le principal moteur de diffusion
diffusion du fantastique te, l’expérience pseu- quotidien subissant une intru- du fantastique paranormal.
paranormal. do-occulte et le fantas- sion ou une transgression de l’é- Chaque automne voit apparaître
tique paranormal trange, du surnaturel. Cette rup- son film de sorcières, qui res-
deviennent plus qu’une sous- ture a pour conséquences de semble de plus en plus à la reli-
culture : ils constituent une nou- provoquer le trouble, l’inquiétu- gion du Wicca – des sorcières
velle vision du monde, une de ou la terreur – l’inexpliqué en bien réelles. Magie Noire ou
compréhension de l’expérience fait. Le fantastique devient alors Amour et Magie ou le Projet
10 LE QUÉBEC SCEPTIQUEParanormal
Blair, l’intérêt des adolescentes Montréal, de Toronto, de Le cinéma produit une
pour ces films et pour la croyan- l’Ouest canadien, des États- quantité incroyable de films sur
ce en la magie blanche est gran- Unis. Cependant, le cinéma le fantastique paranormal (et ici
dissant. En classe, c’est un sujet pourrait drôlement activer les l’on exclut les innombrables
fort d’actualité (1). choses... films de science-fiction extrater-
restre ou cryptozoologique). On
Pour beaucoup d’adoles- Présentement, le nombre n’a qu’à penser, pour les
cents, la magie blanche existe d'adolescentes québécoises fantômes, aux S.O.S. fantômes,
vraiment et bien des jeunes filles adeptes du Wicca est grandis- Poltergeist, Mon fantôme
demeurent convaincues qu’il est sant. En naviguant sur Internet, d’amour, Casper et autres ; pour
possible de « posséder certains on compte une trentaine de sites les hantises, aux Child’s play,
pouvoirs » : jeter des sorts aux francophones consacrés à la Doolie, Amytiville ; pour les sor-
individus (surtout pour obtenir magie blanche, six fois plus cières, Magie Noire, Les Jeunes
le cœur d’un amoureux) ; « gué- qu'il y a trois ans. La magie Sorcières, Amour et Magie,
rir » à partir de médecines blanche qui circule sur les sites Opus Pocus, Abracadabra ;
douces, d’herbes et de concoc- francophones englobe plusieurs pour les rêves, pour les anges,
tions de potions ; deviner le mouvements, allant du médié- pour les êtres surnaturels, tous
futur ; déplacer de petits objets ; val au druidisme, en passant par les Dracula et Blacula,
posséder le don de la télépathie les anges, la poésie, le gothique, Entretien avec un vampire,
– plus facile s’il s’agit de deux et tout ce qui touche de près ou Loup-garou de Londres, Loup-
sœurs, garantie s’il s’agit de de loin la féminité : l'adolescen- garou de Paris, Wolf, etc.
jumelles. Grâce à ces films, les ce, l'amour, les rêves, mais
boutiques d’huiles essentielles, aussi la mode, les plaisirs d'été, S’il est difficile de mesurer
de bijoux et d’encens font des le bronzage, les sondages " l’impact réel de toute cette dif-
affaires : les symboles religieux fumes-tu ", les garçons, la litté- fusion-infestation sur les
du Wicca, la croix égyptienne, rature, les chevaux, les chats, croyances des adolescents, en
la croix celtique, le pentagram- etc. revanche, il est facile
me, etc., reviennent à la mode. de constater que ceux-
Les adolescents naviguent
Les jeunes filles seront bien pré- Le Wicca n'est donc plus ci naviguent dans un
parées pour accepter éventuelle- l'affaire des seules commu- univers fantastique,
dans un univers fantastique,
ment l’homéopathie, les nautés anglophones de irrationnel, hypermé- irrationnel, hypermédiatisé,
diseuses de bonnes aventures et Montréal, de Toronto, de diatisé et que cette pro - et cela entraîne inévi-
autres mancies commercia- l'Ouest canadien ou des États- fusion du paranormal tablement une croyance en
lisées. Unis. Cette magie blanche entraîne inévitablement celui-ci.
répond à plusieurs besoins des une croyance en celui-
Présentement, le nombre adolescentes, notamment la ci. Pour l’adolescent
d’adolescentes québécoises possibilité d'obtenir de bons donc, le référant pour tout évé-
adeptes de cette religion est tout résultants scolaires, de gagner nement insolite devient le ciné-
de même minime – la clientèle de l'argent, d'ensorceler son ma et autres médias ; l’explica-
cible est âgée entre 25 et 35 ans. amoureux, de guérir les mala- tion : le paranormal ! Car les
Il est probable que la langue, dies - les quatre principaux adolescents aiment croire en
pour l’instant, soit un autre obs- thèmes de l'horoscope : le tra- quelque chose, un quelque
tacle, car la presque totalité de vail, l'amour, l'argent, et la chose qui leur procure l’éva-
la littérature du Wicca est de santé. Dans plusieurs cas, c'est sion, la quiétude (l’irrationnel
langue anglaise – cette religion une approche facile et naïve sur le rationnel), le « sans sou-
est surtout l’affaire des commu - que l'on propose. Une approche cis » du monde ; ils aiment bien
nautés anglophones de paranormale face à la vie. croire pour se sentir sécurisé.
LE QUÉBEC SCEPTIQUE 11Paranormal
Dans l’univers fantastique, ils cents pour les jeux paranor- enfin quelque chose de capti-
trouvent pour la plupart des maux en trois principaux vant à raconter », « il s’agit
réponses à leur quête spirituelle motifs, placés en ordre d’impor- d’une situation temporaire, d’un
– un univers qui échappe à tance. passage, d’une phase naturel-
l’emprise de l’Église, aux insti- le »). On banalise la recherche
tutions scolaires, à la famille et • Recherche de diverses sensa- de l’expérience paranormale et
aux Sceptiques du Québec. tions intenses (souvent favo- occulte. Invoquer le diable ou
Bref, l’adolescent se retrouve risées par la consommation de les esprits, prendre d’impor-
abandonné au beau milieu psychotropes), du plaisir, du jeu tantes décisions concernant sa
d’une forêt, entouré de cris et de et de l’imaginaire ; vie à partir de rêves et d’horo-
hurlements. scopes, ne seraient pas plus dan-
• Vérification de l’existence du gereux que de fumer une ciga-
paranormal (pouvoir télépa- rette, se comparant au pire à
Le jeu fantastique ou thique et prémonitoire, télékiné- fumer un joint ou à prendre une
sie, existence des fantômes, première « brosse » !
l’expérience du incarnation d’esprit, etc.) ;
paranormal Toutefois, de nombreux
• Recherche d’une certaine spécialistes du phénomène reli-
Il ressort, de rapports d’en- quête spirituelle (interrogation gieux tiennent un autre dis-
quêtes (2) réalisées au début des des esprits, prise de contact avec cours (5). Un adolescent qui entre
années 1990 et portant sur le l’au-delà, obtention des en classe avec un poids à l’esto-
portrait moral, spirituel et reli- réponses à leurs interrogations, mac, le sentiment d’une présen-
gieux de l’adolescent, un grand aux questions existentielles). ce mystique s’acharnant sur lui
constat : la vie après la mort, les sont des situations qui survien-
phénomènes paranormaux, le Au départ, les jeux paranor- nent à l’occasion. Les cas
diable et le spiritisme sont des maux sont de type ludique, d’adolescents aux prises avec
sujets fréquents de discussion. appartenant au genre fantas- des problèmes psychologiques
En Estrie, des sondages mai- tique. C’est l’intention des parti- survenus à la suite d’expé-
son (3) révèlent que 63 % des cipants qui fait de Ouija, riences traumatisantes lors de
adolescents, à la fin de leur d’Atmosfear, d’un jeu de rôle ces jeux ne sont pas inédits ou
secondaire, ont parti- quelconque, du Triangle du exceptionnels – des situations
Les cas d’adolescents aux cipé à au moins un jeu Vièt-Nâm ou des variantes de qui, sans être courantes, ne sont
prises avec des problèmes à caractère paranormal.
(4)
Fuck You Marylou et de Marie- pas rares. Malheureusement,
psychologiques à la suite L’enquête récente Pied Fourchu, un lieu privilégié aucun spécialiste n’a encore
menée par Louis pour l’expérience du paranor- recensé ces cas avec rigueur ;
d’expériences traumati- Bélanger auprès de mal et quelquefois de l’occulte. aucune étude ou enquête d’im-
santes ne sont pas excep- 1000 adolescents portance n’a encore vu le jour.
tionnels. donne des résultats L’intérêt pour ces jeux
similaires : 75 % des débute entre la troisième et cin-
adolescents interrogés avaient quième année du primaire et
joué à Ouija. atteint son apogée en première Typologie des jeux à
et troisième secondaire. La caractère paranormal
En excluant les individus situation, sans être alarmante,
qui vont jouer à ces jeux seule- mérite qu’on s’y intéresse. Pour Officiellement, il n’existe pas de
ment pour ridiculiser le jeu ou certains intervenants, cette pra- typologie pour ces jeux, mais il
leurs pairs, il est possible de tique n’est qu’une phase de est possible de les classer en
regrouper l’intérêt des adoles- l’adolescence (« les jeunes ont trois catégories : le jeu d’inspi-
12 LE QUÉBEC SCEPTIQUEParanormal
ration fantastique ; le jeu d’ins- cipants évoquaient un esprit chez les participants avant le
piration paranormale ; le jeu devant un miroir ont monté en sommeil.
d’inspiration occulte. Comme flèche. Ce fût aussi le retour du
c’est l’intention des participants jeu Fuck You Marylou (jeu qui Le jeu fantastique n’est sou-
qui caractérise le jeu ludique, il puise son origine dans les récits vent que prétexte au défi, à l’at-
est donc possible, pour un parti- populaires des sorcières de tention des pairs, à la quête iden-
cipant, à partir d’un même jeu Salem) : les participants tien- titaire de l’adolescence, aux
(par exemple Ouija), de vivre nent dans une main une chan- petites expériences mysté-
une expérience paranormale, delle et l’un d’entre eux évoque rieuses du genre « la photo
occulte ou autre. treize fois Marylou devant un mystérieuse » : on demande au
miroir. Pour contrer le sort (au participant de regarder fixement
• Le jeu fantastique. cas où Marylou surgirait !), le une image (plutôt une tache
participant doit alors lancer un d’encre) sur une feuille de
Ce jeu s’inspire largement œuf sur le spectre (c’-à-d. sur le papier – plus précisément de
de la culture populaire comme miroir)… On imagine facile- fixer les quatre points qui se
le démontrent les histoires ment les dégâts ! trouvent sur le nez du visage
décrites dans les sondages, et sa d’une sainte ou d’un saint. En
symbolique provient d’aussi Il existe de nombreuses même temps, le participant doit
loin que la nuit des temps. Les variantes de ces jeux : courir compter lentement jusqu’à qua-
chiffres kabbalistiques et sym- autour de la maison treize fois rante ; ensuite, lever la tête, fixer
boliques tels 3, 7 et 13, la lune, en sens inverse des aiguilles un point déterminé d’une surfa-
les superstitions (chat noir, d’une montre et à la fin rencon- ce unie, d’une seule couleur
miroir), etc., habitent largement trer le diable ; entrer son bras (soit dans le ciel, le jour ou la
ces jeux. Ce sont principale- dans la garde-robe treize fois, à nuit, ou à l’intérieur, du côté
ment les incantations répétées minuit, treize jours consécutifs, opposé à la lumière). Au bout de
du diable, d’une sorcière (Fuck et la dernière fois, le diable (ou quelques secondes, le partici-
You Marylou), d’une marâtre un pair caché à cet endroit) vous pant peut voir le visage de la
ou d’un croque-mitaine devant serre la main, etc. sainte apparaître devant lui. Peu
le miroir (Candy Man), dans des importe le mécanisme utilisé ou
lieux insolites (grenier, cimetiè- Les sondages démontrent le sérieux de ce jeu, le
re, maison abandonnée) ou dans que ce sont là les premiers jeux taux de réussite est
une atmosphère recréée pour les auxquels les enfants s’adonnent élevé et fait forte Un jeu peut être enfantin
circonstances (lumière tamisée, (8-13 ans). On peut ajouter à impression chez les mais aussi favoriser très tôt
cierges, encens...). cette catégorie le jeu de rôle, jeunes du primaire. la croyance au paranormal.
dont l’intention globale du C’est un jeu que l’on
Parfois, l’intention des parti- maître de jeu ou des participants pourrait qualifier
cipants se limite à provoquer un se limite à l’effroi, tel Atmosfear d’« enfantin », mais qui, mal-
phénomène insolite par le biais et ses variantes non-commercia- heureusement, favorise, à sa
du trucage, de la complicité des lisées. Ce jeu de société dirigé façon, très tôt la croyance en
pairs... Ils recherchent la peur et par un maître de jeu (vidéocas- l’existence du paranormal, de
l’angoisse, la poussée d’adréna- sette) a connu un succès chez les l’extraordinaire.
line davantage que la manifesta- plus jeunes (8-13 ans) au milieu
tion véritable d’esprits ou de des années 1990, en raison de Outre ces jeux plus ou
fantômes. Après la sortie du l’ambiance cauchemardesque moins superficiels, le jeu de rôle
film Candy Man (1992) et de sa qu’il peut créer – à la limite, il occupe une place privilégiée
suite en 1995, Farewell to the pourrait se résumer à veiller tard dans la catégorie des jeux fan-
Flesh, les histoires où les parti- le soir et à provoquer la peur tastiques. Ce jeu compte dans
LE QUÉBEC SCEPTIQUE 13Paranormal
ses rangs le plus d’adeptes au dernier : ils apprennent son lan- connaissances et des référents
monde, et l’on peut affirmer sans gage, ses attitudes, son histoire. réels, empruntés à des grimoires,
crainte que l’ensemble des parti- Des figurines, des costumes et à des livres occultes. Indi-
cipants se limite à l’aspect des accessoires peuvent s’ajouter rectement, les joueurs appren-
ludique ou théâtral de ce jeu fan- afin de rendre le jeu plus réaliste. nent à s’intéresser à l’univers de
tastique. Ce sont des cas d’excep- Aussi, la partie, appelée cam- l’étrange et aux expériences mys-
tions qui recherchent l’expérien- pagne (au sens militaire), peut se tiques. Le jeu de rôle n’est donc
ce paranormale à partir du jeu de dérouler sur des mois, voire une qu’un jeu, mais un jeu qui, en
rôle. Et c’est principalement en année. référant presque essentiellement
raison d’événements tragiques – à l’occulte et au fantastique
le suicide d’adolescents un peu On peut s’adonner aux jeux épique, peut alimenter la croyan-
partout dans le monde (6) – que le de rôle de diverses façons : sous ce au paranormal.
jeu a été condamné par les fonda- forme de livre-jeu, de cartes ; par
mentalistes chrétiens et divers voie informatique (internet), etc. • Le jeu paranormal.
mouvements sociaux. D’ailleurs, Il existe aussi une panoplie d’ac-
au Québec, au milieu des années cessoires de jeu, de livrets de Lorsque l’intention des parti-
1980, à la suite d’un suicide, plu- référence – fournissant une gran- cipants est de vérifier indirecte-
sieurs enseignants se sont vus de quantité d’informations sur le ment s’il existe une certaine
remettre un court document (7) paysage, les personnages, etc. forme de pouvoir surhumain –
présentant les dangers potentiels C’est cette abondance de détails pouvoir qui pourrait les rendre
et inhérents à ce type de jeu, avec et de réalisme qui peut parfois supérieurs, dépassant la plupart
une recommandation draconien- rendre difficile l’éventuelle rup- des limites humaines (connaître
ne : l’interdiction de jeux de rôle ture d’un individu de son person- le futur, voyager dans l’espace-
dans les écoles – un jeu considéré nage. temps, déplacer des objets à dis-
très dangereux pour la santé tance...) –, on parle de jeu para-
mentale et physique des jeunes. On constate aussi que ces normal.
jeux comportent plusieurs
Les jeux de rôles font réfé- contradictions avec la religion On pense essentiellement à
rence, en grande partie, à l’imagi- officielle (christianisme) : on fait Ouija (prémonition, télépathie,
nation des joueurs et à un certain appel à la brutalité, à la violence, télékinésie), mais il en existe
hasard. Les participants à la torture, pour arriver à vaincre d’autres exemples, notamment le
doivent d’abord choisir l’adversaire ou l’ennemi. Tout au Triangle du Vièt Nâm.
Jeux de rôle : certains leur personnage avec long du jeu, si le personnage sur-
joueurs prennent très au leurs attributs : compé- vit, il acquiert puissance et Pour ce dernier, il s’agit,
tence (force, sagesse...), richesse. On préconise donc une grosso modo, d’un petit groupe
sérieux leur personnage.
classe (elfes, guerriers, forme de violence, l’acquisition d’individus qui s’enivre d’un
magiciens...), sorts, de pouvoirs et l’absence des sujet (en l’occurrence, la guerre
armures et armes, etc. Un règles morales admises par la du Vièt-Nâm, mais le thème
« Maître de jeu » sert d’arbitre et société en général. pourrait tout aussi bien être une
voit à la bonne marche de l’aven- période historique propice à
ture. L’élément majeur qui a incité l’horreur, comme celle de Vlan
l’Église à s’opposer radicalement l’Empaleur) par le biais de films,
Les jeux de rôle sont des jeux à ces jeux est la référence explici- documentaires, livres illustrés,
interactifs. Certains joueurs pren- te non seulement au fantastique objets factices, jeux de rôle, etc.
nent très au sérieux le rôle de leur épique mais au monde de la sor- Puis, le soir venu, synchronisés,
personnage, et certains vivent cellerie, à la magie, à l’occultis- les adolescents se préparent à
littéralement dans la peau de ce me et à l’ésotérisme – des dormir en stimulant leur phase
14 LE QUÉBEC SCEPTIQUEParanormal
hypnagogique du sommeil. Ils se Doorway et en 1995 The grand nombre d’adolescents
donnent un point de rencontre, à Possession), Magie Noire. Avec avouent être certains que l’indi-
l’intérieur du rêve, afin d’accom- la percée de l’nternet dans les cateur a été déplacé par les parti-
plir une mission périlleuse, une maisons, il est possible de jouer à cipants – ce qui, paradoxalement,
quête de mercenaire. Le lende- Ouija sur des sites, de raconter, ne les empêche pas de croire à
main, ils s’empressent de racon- de lire, d’échanger du matériel de l’intervention de l’esprit ou à
ter leurs rêves. Le manège est collectionneur, de partager les l’existence du paranormal.
répété plusieurs soirs consécutifs, différentes expériences vécues (Notons qu’il existe des tas de
jusqu’à – et c’est là le but du jeu lors de séances. Bref, la sous-cul- bons trucs pour prouver que le
– provoquer des rêves similaires, ture influence grandement les déplacement du curseur est réa-
des scènes semblables, où les techniques du jeu et ajoutent à lisé par les participants – voir les
joueurs ont l’impression d’inter- l’exploration des participants. articles dans le Québec scep-
agir. En soi, il s’agit d’un jeu qui tique (10) .)
fait appel aux phases hypnago- Pour les adolescents, Ouija
giques et hypnopompiques du sert de jeu de divination, le plus • Le jeu occulte.
sommeil (8). souvent cherchant à faire inter-
venir des personnes décédées. Le jeu occulte, joué par des
Quant à Ouija, plusieurs Le jeu est d’ailleurs apparu aux plus âgés, comprend une symbo-
articles dans le Québec sceptique États-Unis après la Guerre de lique et un rituel inspirés d’une
ont été publiés (9) à son sujet et il Sécession, au moment où des littérature populaire (cinéma,
n’est pas nécessaire ici de traiter à milliers de femmes et de livres, groupes de musique),
nouveau de l’histoire de ce jeu et familles endeuillées cherchaient quelquefois savante (la Bible
de son fonctionnement général. le réconfort dans l’espoir de par- satanique d’Anton
ler à leurs proches disparus. LaVey). Moins articulé
Remarquons néanmoins que toutefois qu’un culte, il
pour l’ensemble des adoles- L’important pour l’adoles- se rapproche, par Le satanisme chez l’adolescent
cents/participants, Ouija est cent qui s’adonne à Ouija est de exemple, de la «messe n’a jamais été autant d’actualité.
davantage une technique utilisant vérifier si l’indicateur va bouger noire » populaire.
des moyens concrets pour com- et donner un message. Dans la L’élève est convaincu
muniquer avec les esprits et ce, mesure où l’expérience s’avère de l’existence du diable et des
même si les instructions du jeu concluante, le participant est esprits du mal, qui peuvent
sont contradictoires (on mention- convaincu d’être en présence prendre une forme quelconque,
ne les mots « télépathie » et d’un phénomène paranormal, posséder son incantateur, lui pro-
« subconscient »). Selon l’expé- surnaturel. curer des pouvoirs surnaturels,
rience souhaitée (spiritisme, jeu paranormaux.
ludique, télépathie, invocation...), Ici, il ne faut pas douter de la
il existe des dizaines de façons de bonne foi des participants – éli- Comme il a été dit précé-
jouer à Ouija. Plusieurs adoles- minons les tricheurs ou les far- demment, c’est l’intention des
cents s’inspirent, pour leurs pre- ceurs. C’est bien malgré eux participants qui caractérise le jeu.
mières expériences, du cinéma, qu’ils déplacent le curseur, Certains adolescents vont par
un média qui produit régulière- notamment par des mouvements exemple jouer à Ouija en l’adap-
ment de grands films fantastiques idéomoteurs – des mouvements tant à un pseudo-rituel satanique,
où des scènes de Ouija sont pré- cohérents initiés inconsciemment dans le but d’appeler Belzébuth
sentées : Exorciste (1973), chez une personne en réponse à ou d’autres démons provenant
Amityville 3 (1983), Spookies une idée, une émotion ou une presque essentiellement du ciné-
(1985), la série de Witchboard suggestion. Aussi, à travers les ma et des groupes de musique
(1985, en 1993, The Devil’s sondages, on constate qu’un rock. Ce sont des cas isolés (11).
LE QUÉBEC SCEPTIQUE 15Paranormal
C’est un fait, le satanisme lignes réparties dans quatre peuvent provoquer un déran-
chez les adolescents n’a textes, alors que dans le gement chez l’individu
jamais été autant d’actualité, Nouveau Testament, Satan (dépendance, dissociation,
comme en font foi l’étude apparaît dans une cinquantai- peurs et angoisses pro-
magistrale de Massimo ne de versets où globalement, fondes...). Il demeure incon-
Introvigne (12), et la dizaine de il est représenté dans une testable que ces jeux peuvent
conférences données au conception négative de l’être nourrir la dissociation de la
CINR (13) au cours des der- humain : la maladie. personne.
nières années sans compter
les récents films : La Fin des Donner une image de Lorsqu’un événement se
temps, Diaboliquement vôtre, Satan, c’est dire à quoi res- produit (déplacement d’un
Âmes perdues, semblent nos peurs, nos objet, craquements divers,
Exorciste 1 (nouvelle angoisses, nos tabous. Dans illusions...), qu’il est inter-
Ces jeux peuvent nourrir la version). Partout dans l’histoire chrétienne, Satan prété comme « insolite » par
dissociation de la personne. le monde, on observe s’est personnifié sous diffé- les participants, il arrive
une montée du sata- rentes formes, allant du ser- qu’un individu tombe dans
nisme –bien que celle- pent jusqu’à l’apparence des états de bouleversement,
ci soit exagérée par les antisa- humaine, ce qui a fait dire à qu’il se crée des angoisses. En
tanistes (chrétiens fondamen- plusieurs historiens : « Satan fait, plus la personne est fragi-
talistes) et par les adeptes, n’existe pas, on se l’ima- le émotionnellement, psycho-
ceux-ci comme ceux-là ayant gine ! » logiquement, plus le nombre
avantage à amplifier le de séquelles augmente. On
nombre de fidèles et de mou- Le jeu occulte n’est en fait parle alors d’un « climat
vements. que le prolongement, pour les maladif » – un climat qui
adolescents, de l’existence du éloigne l’adolescent des
C’est un fait aussi que les paranormal. choses saines et heureuses de
adolescents subissent l’in- la réalité.
fluence du satanisme de
toutes parts : du folklore des L’expérience inconsciente
groupes de musique rock, du Les dangers du ou psychique peut persister et
cinéma hollywoodien, des jeu fantastique le hanter dans son quotidien.
best-sellers, des médias d’in- paranormal L’adolescent devient moins
formation, des sites internet, fonctionnel : il a peur de
des récits populaires dont les Les conséquences physiques demeurer seul à la maison, de
événements sont plus ou et psychologiques de ces jeux dormir la porte fermée. Ou
moins peaufinés, embellis, sont multiples et varient en encore, il a tendance à défor-
grossis. fonction du jeu et de « l’éven- mer la réalité : les bruits,
tail symbolique et rituel » que l’événement banal du quoti-
Pourtant, une simple étude dressent les joueurs (fréquen- dien, les êtres, etc., s’asso-
historico-exégétique sur ce des cérémonies, lieu, cient avec le mystérieux et les
Satan démontre que la Bible ambiance, etc.). esprits. Ces obsessions peu-
en donne une conception si vent s’introduire dans les
vague et limitée que ce sont Si au départ, ce sont des rêves qui deviennent cauche-
les textes apocryphes qui vont jeux anodins, ludiques (et ils mars et fantasmagories.
servir à l’illustrer. L’Ancien le demeurent pour un grand
Testament est peu explicite nombre de participants), par Tout en étant conscients
sur Satan : une vingtaine de la suite, plusieurs facteurs de leur comportement irra-
16 LE QUÉBEC SCEPTIQUEParanormal
tionnel, les adolescents fique, sceptique dirais-je, répondre à aux interrogations
s’avouent incapables de notamment en raison de leurs sur l’au-delà, de guider les
contrôler la situation. Pis faibles connaissances du adolescents dans une
encore, certains élèves, en fonctionnement du cerveau et démarche éducative. Ainsi, la
classe, ressentent un malaise des sens, et d’une infestation question fondamentale est
(pouvant les conduire jusqu’à de leur univers religieux par plutôt : « Quel est le sens du
l’absentéisme) lorsque l’en- le fantastique, infestation due geste porté, de cette expérien-
seignant aborde le thème du à des médias puissants qui ce recherchée ? », ou
mal, du satanisme, du cinéma véhiculent la croyance aux encore « Quelle
d’horreur. esprits et aux phénomènes importance accorde Plutôt qu’interdire le jeu,
paranormaux. l’adolescent au para- répondre aux questions de
Évidemment, une des normal, à l’occulte ou l’adolescent.
sources de ce « climat à l’au-delà dans sa
maladif » est l’interprétation vie ? ». Chose certai-
que les adolescents font de leur Bref, ne, l’adolescent se cherche,
expérience paranormale ou écouter l’adolescent cherche des réponses, veut se
occulte : la première explica- libérer d’un mal intérieur.
tion des adolescents, du moins Malgré les dangers entourant
celle qui revient le plus sou- les jeux paranormaux et Hormis les cas de curio-
vent, est d’ordre spirite et para- occultes, malgré le fait qu’il sité, question d’observer si le
normal. Ils sont convaincus de n’existe aucune preuve jeu fonctionne, de faire
la présence d’un esprit, d’un valable de la survie après la comme les autres, on
phénomène paranormal, de sa mort, les adolescents conti- dénombre plusieurs cas de
manifestation, de son existen- nuent de s’amuser avec le craintes, de peurs (le simple
ce. monde des esprits, d’y croire. fait de toucher la planchette
« Les croyances sont ou le curseur dans plusieurs
En réalité, durant une séan- acceptées par les individus cas)... Il faut donc aller au-
ce, la présence d’un phénomè- non parce qu’elles s’imposent delà du phénomène et cher-
ne « insolite » peut amener trois de l’extérieur, mais plutôt cher le véritable problème : la
types d’interprétation : l’expli- dans la mesure où elles religion, le sacré, la vie.
cation d’ordre occulte (le phé- démontrent leur pertinence »
nomène provient de l’extérieur, (dira Lemieux). En fait, le jeu paranormal
il s’agit d’une force spirituelle), et occulte est un indicateur
l’explication d’ordre paranor- Le véritable danger n’est pour les adultes : il faut aider
mal (le phénomène peut prove- pas le jeu lui-même, mais la l’adolescent, non se limiter à
nir de l’individu, il s’agit d’au- fragilité émotive, psycholo- une explication ou à une com-
tomatisme, de télépathie, de gique de l’adolescent qui préhension du phénomène.
prémonition ou de télékinésie, s’adonne à ce divertissement, On n’a pas besoin de toujours
dans un état de conscience au personnage qu’il incarne – tout expliquer, on peut se
modifiée par exemple) et l’ex- déjà que la majorité des contenter d’écouter.
plication d’ordre scientifique jeunes développent une fragi-
(le phénomène se comprend lité chronique lors de l’ado- Finalement, en tant qu’é-
par les lois de la physique ou lescence simplement pour ducateur ou parent, il importe
par la psychologie). satisfaire l’opinion des de ne pas considérer l’intérêt
adultes. Il importe donc, des adolescents pour ces jeux
Les adolescents retiennent davantage qu’interdire le jeu, comme éphémère, superficiel,
rarement l’explication scienti- de donner un suivi, de gratuit, insignifiant. Il s’agit
LE QUÉBEC SCEPTIQUE 17Paranormal
parfois d’une quête spirituel- entraînera forcément le main- ce nouveau phénomène, pour
le, d’une recherche de sens. tien de diverses croyances l’instant, on ne peut même
Tant et aussi longtemps que religieuses, fantastiques, para- pas répondre des consé-
l’on constatera un manque normales. Et malheureu- quences de ce phénomène sur
d’informations scientifiques, sement, comme le milieu uni- l’adulte que deviendra l’ado-
historiques, rationnelles dans versitaire et scientifique com- lescent.
les institutions scolaires, on mence à peine à s’intéresser à
Notes
(1 )
J’ai déjà mis la main sur un grimoire de l’amour, qui donne des « recettes » à base de cœur d’hirondelle, et l’élève en question prenait la
chose très au sérieux.
(2)
Voir : Cadrin-Pelletier C., et al., Au-delà des apparences..., Sondage sur l’expérience morale et spirituelle des jeunes au secondaire, MEQ,
1992, 181 p. ; Carrefour 92, Rapport-Synthèse de la cueillette d’informations auprès des jeunes de cinquième secondaire, Office de l’Édu-
cation, Archevêché de Montréal, septembre 1991, 31 p. ; Grand’Maison Jacques (sous la direction de), Le Drame spirituel des adolescents –
Profils sociaux et religieux, Cahiers d’études pastorales, no 10, Fides, 1992, 244 p.
(3)
Ces sondages ont été effectués au mois de mars 1998 et 1999 au Pensionnat des Ursulines, à Stanstead ; en 1995, à l’école La Frontalière
(Coaticook, Québec), auprès de 850 élèves, du premier au cinquième secondaire. Aussi, de 1990 à 1994, quelque 200 élèves de cinquième
secondaire, chaque année, ont répondu à une enquête sur la pratique des jeux occultes, fantastiques et psilogiques. Finalement, par le
concours de collègues en Estrie, des rapports informels m’ont été présentés. Cela dit, les statistiques évoquées dans cet article n’ont pas la
prétention d’être scientifiques. Elles reflètent cependant les croyances et les pratiques d’un milieu, d’un groupe d’âge sur une échelle de
temps restreinte. Depuis plus de quinze ans, le fantastique comme religion exotique des adolescents est au centre des intérêts de l’auteur de
ces lignes.
(4)
BÉLANGER Louis, Ouija et satanisme, CINR, 11 novembre 1998 (audiocassette, 90 minutes).
(5)
On peut consulter de nombreux documents et des audiocassettes au CINR, documents où les intervenants tiennent un discours mitigé, entre
l’aspect ludique et les dangers des jeux occultes des adolescents.
(6)
Le Centre d’Information des Nouvelles Religions (Montréal) possède une importante documentation sur ce sujet. Voir aussi : la série
Mondes et mystères, Canal D, 16 novembre 1998. De plus, il existe un important dossier monté par Benjamin Leblanc, au CINR, sur le sui-
cide et les jeux de rôles (1984-1992). Voir sur internet les sites : http://www.gamesdomain.co.uk et
http://www.pitt.edu/~gcgstl/other.arm.sites.html.
(7)
FORTIN Marc, Jeu de société « Donjons et Dragons », 12 janvier 1993, 5 p. (document dactylographié). Nous ne sommes pas très loin de
la propagande fondamentaliste des témoins de Jéhovah : « Donjons et Dragons – un divertissement dangereux », dans Réveillez-vous, 22
mars 1984, p. 24-25.
(8)
Lorsqu’un de mes élèves, participant à ce jeu, a raconté à d’autres qu’il avait reçu une balle à l’épaule durant le rêve et qu’à son réveil, il
avait une douleur à cet endroit, douleur dont il montra l’ecchymose à ses pairs et élèves de classe, ce jeu dépassa son aspect ludique. On
avait encore une fois la preuve de l’existence du paranormal ; preuve vivante en plus, même si je n’ai pu observer l’ecchymose en question.
(9)
Voir également DÉCARY Normand, Le Ouija en image, 1990, audiocassette, CINR.
(10)
BROCH Henri, « Ouija : faites vos propres expériences... », Le Québec sceptique, printemps 1993, p. 33. En gros, l’expérience suggérée
par Broch consiste à remplacer l’alphabet par des nombres (qui seront par la suite décodés). Ainsi, le ouijiste ignore totalement ce qu’il écrit
ou compose ; FORGET Pascal, « Ouija ? Oui, mais... », Le Québec sceptique, automne 1998, no 43, p. 22-27.
(11)
À titre d’exemple, citons le cas de trois adolescents du Collège de Sherbrooke, en 1994, dont la séance de Ouija s’est terminée par la para-
lysie soudaine d’un des joueurs. Le garçon en question fut atteint notamment de clownisme (contorsions et gesticulations inspirées du ciné-
ma). Il a fallu l’intervention d’un prêtre – le frère Guy Giroux – et de supposées « prières de libération » pour que l’adolescent de 17 ans se
rétablisse de sa pathologie de type psychosomatique. Les jours suivants le reportage rapportant ce cas, le sujet de discussion à l’école était
essentiellement centré sur Ouija et sur Satan.
(12)
INTROVIGNE Massimo, Enquête sur le satanisme : satanistes et antisatanistes du XVIIe siècle à nos jours, Éditions Dervy.
(13)
Théroux Yvon, Le Satanisme des jeunes, 1997 ; Myre André, Satan dans la Bible, 1986 ; Bergeron Richard, La Panique satanique, 1996 et
Le Satanisme : ses forces, son contenu et les sources du phénomène, 1992, et Du Satanisme à Satan, 1986; Décary Normand, Le Satanisme
aujourd’hui, 1991; Lepage Yvon, Satan aime-t-il le rock ? , 1991 ; Du Berger Jean, La Figure du diable dans l’imaginaire collectif, 1993.
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