OUVERTURE À LA CONCURRENCE DES TER EN RÉGION CENTRE-VAL DE LOIRE - CONTRIBUTION DU CESER FÉVRIER 2020
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
OUVERTURE À LA CONCURRENCE DES TER EN RÉGION CENTRE-VAL DE LOIRE CONTRIBUTION DU CESER FÉVRIER 2020 Le lieu de convergence des idées
SOMMAIRE DÉLIBÉRATION ................................................................................................................................ 2 INTRODUCTION .............................................................................................................................. 3 1. LES ÉLÉMENTS DE CONTEXTE ................................................................................................... 5 1.1 Les aspects législatifs ........................................................................................................... 5 1.2 Les préoccupations environnementales .............................................................................. 10 2. L’ÉTAT DES LIEUX................................................................................................................... 12 2.1 L’état des infrastructures ................................................................................................... 12 2.2 Le TER en région Centre-Val de Loire .................................................................................. 16 2.3 L’évolution du trafic ferroviaire et de la qualité de service au niveau national ..................... 21 2.4 Le point sur les volontés d’autres AOT (concernant les TER et TET) ...................................... 22 2.5 Les exemples à l’étranger d’ouverture à la concurrence du rail ........................................... 25 3. REPENSER LE SERVICE FERROVIAIRE POUR UNE MEILLEURE QUALITÉ DE SERVICE ................... 28 3.1 Améliorer l’offre de services via un cahier des charges fortement prescriptif ....................... 29 3.2 Poursuivre un dialogue constructif entre l’opérateur et l’exécutif régional .......................... 33 3.3 Fixer des objectifs élargis pour l’amélioration des mobilités en lien avec les enjeux environnementaux et sociaux ....................................................................................................... 33 4. TROIS RISQUES RÉELS DE L’OUVERTURE À LA CONCURRENCE ................................................. 34 4.1 Le danger de l’allotissement dans le ferroviaire .................................................................. 34 4.2 Une absence de garanties collectives et sociales pour les cheminots ................................... 34 4.3 Une billetterie devenue trop complexe .............................................................................. 35 CONCLUSION ................................................................................................................................ 36 LEXIQUE........................................................................................................................................ 37 BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................. 40 COMPOSITION DE LA COMMISSION............................................................................................... 43 AUDITIONS ET REMERCIEMENTS ................................................................................................... 44 ANNEXE 1 : Le point par Région ..................................................................................................... 46 ANNEXE 2 : Coûts externes par modes de transports ...................................................................... 48 ANNEXE 3 : Tableau comparatif pays ............................................................................................. 49 ANNEXE 4 : Proposition du CESER / projet de réouverture aux voyageurs de la ligne ferroviaire Orléans- Châteauneuf ................................................................................................................................. 52 INTERVENTIONS DES GROUPES ..................................................................................................... 54
DÉLIBÉRATION Le conseil économique, social et environnemental régional, Vu les articles L4131-2 et L.4131-3 du code général des collectivités territoriales, relatifs aux organes de direction des régions et au rôle du conseil économique, social et environnemental régional, Vu les articles L.4134-1 et suivants du code général des collectivités territoriales, relatifs à la composition et au fonctionnement du conseil économique, social et environnemental régional, Vu les articles L.4241-1 et L.4241-2 du code général des collectivités territoriales, relatifs aux compétences du conseil économique, social et environnemental régional, Vu les articles R.4134-9 et L. 4132-18 alinéas 2 et 3 du code général des collectivités territoriales, relatifs aux modalités de saisine du conseil économique, social et environnemental régional et à l’information du conseil régional des projets sur lesquels le CESER est obligatoirement et préalablement consulté, Vu le décret n° 2017-1193 du 26 juillet 2017 relatif à la composition et au renouvellement des conseils économiques, sociaux et environnementaux régionaux, Vu l’avis des 4 commissions en date des 27, 28 et 29 janvier 2020, Vu l’avis du Bureau en date du 3 février 2020, Monsieur Jean-Claude BROSSIER, rapporteur entendu, DÉLIBÈRE Vote : Pour : 70 Contre : 0 Abstention : 14 Ne prend pas part au vote : 2 Contribution adoptée à la majorité. Le Président du CESER Centre-Val de Loire Éric CHEVÉE CESER Centre-Val de Loire – Ouverture à la concurrence des TER en région Centre-Val de Loire – Février 2020 Page 2
INTRODUCTION La présente étude a pour but à donner des informations et des éclairages pour étayer la décision de l’Exécutif régional dans le calendrier prévu par la loi quant à l’ouverture à la concurrence du service TER. Cette contribution a pour objectif de mettre à jour les conséquences prévisibles de cette ouverture nouvelle dans le transport de voyageur en France. À l’échelle régionale, le service public des transports de voyageurs par rail constitue un axe majeur de la politique régionale et représente près de 40% de son budget. Ce thème est au cœur des préoccupations du CESER avec des priorités liées à la satisfaction des usagers et à la progression des transports collectifs en lien avec les questions environnementales (dont la lutte contre les gaz à effet de serre) contenues dans l’accord de Paris sur le climat. Le CESER a produit de nombreux rapports et avis sur cette question : - Contribution sur la convention TER 2014-2020 (octobre 2013), - Contribution du CESER préalablement à la revoyure de la convention 2014-2020 (juin 2017), - Avis du CESER sur le plan « transporter plus – transporter mieux » (juin 2017), - Rapport sur le fret ferroviaire (juin 2016). Par-delà l’AOT1 Conseil Régional, les institutions et organismes concernés sont nombreux et variés de par leur budget dédié, leur espace d’action et leur rôle dans le système ferroviaire : - les usagers et les associations d’usagers, - SNCF Réseau, - SNCF Mobilités, - les opérateurs pouvant se positionner lors de l’ouverture à la concurrence, - les organisations syndicales, - les AOT locales. De nombreuses questions se posent avec cette problématique de l’ouverture à la concurrence : Quelle décision prendra le Conseil régional avec quels objectifs économiques, environnementaux, sociaux, selon quel échéancier ? Quelles conséquences, quels risques, quelles opportunités d’ouvrir à la concurrence les services du TER ? Quelles seront les conséquences économiques, sociales et environnementales des solutions retenues ? Quelle coordination avec les régions voisines pour des trains interrégionaux et les liens entre territoires « frontaliers » ? Le transfert par l’État des TET2 aux Régions en 2015, Paris-Tours, Paris-Bourges-Montluçon et Paris-Nevers vers CVDL et Tours-Le Mans-Caen vers la Normandie cumulé à l’autonomie tarifaire décidée par la réforme ferroviaire 2018 sont de nature à rompre avec le principe de transport en réseau lorsque les Autorités Organisatrices ne s’accordent pas. Quelles conséquences sur les infrastructures dans le cadre de l’absence de perspectives claires de financement ? Le rapport annexe à la loi de programmation des investissements dans les transports rappelle la stratégie de mise en œuvre des orientations de la politique d’investissement de l’État en matière de transports et de mobilités définies à l’article 23 ter A de la loi d’orientation sur les mobilités. Ainsi, cette programmation traduit des choix et des priorités. Les choix sont de maintenir la qualité des infrastructures existantes pour garantir la sécurité et la performance des déplacements en s’assurant de la réalité des financements avec la 1 Autorité Organisatrice de Transport 2 Train d’Equilibre du Territoire CESER Centre-Val de Loire – Ouverture à la concurrence des TER en région Centre-Val de Loire – Février 2020 Page 3
mise en place de ressources additionnelles pérennes au profit de l’AFITF3. C’est aussi d’avoir une vision à long terme pour améliorer l’offre des déplacements du quotidien, pour accélérer la transition énergétique, pour contribuer à la cohésion des territoires et aussi renforcer l’efficacité des transports marchandises. Pour cela, l’État a défini 5 programmes prioritaires : - Entretenir et moderniser les réseaux routiers, ferroviaires et fluviaux, - Désaturer les grands nœuds ferroviaires, - Accélérer le désenclavement routier des villes moyennes et des territoires ruraux, - Développer l’usage des mobilités propres et partagées au quotidien, - Renforcer l’efficacité et le report modal dans le transport de marchandises. Mais le choix du scénario 2 proposé dans le rapport du Conseil d’Orientation des Infrastructures4 reste insuffisant pour répondre aux besoins. Ce scénario prévoit un investissement d’environ 60 milliards d’euros en vingt ans pour l’AFITF5. Cette orientation nous paraît insuffisante pour répondre aux besoins des usagers. Par ailleurs, le désengagement de l’État dans les CPER6 va avoir comme conséquence de faire porter le poids financier sur les Régions. Notons que les projets inscrits dans les CPER concernant les investissements sur les « petites lignes » doivent faire l’objet d’une analyse précise dans un rapport que doit remettre le Préfet François PHILIZOT, en charge de faire un diagnostic sur chacune d’elle et d’apporter des solutions au cas par cas, avec les Régions. Dans ces conditions et en vue de la mise en œuvre du SRADDET, il est bon de rappeler que l’État a précisé dans le rapport annexe à la loi de programmation des investissements dans les transports, que « SNCF Réseau investira massivement en faveur du renouvellement du réseau structurant afin d’assurer sa remise à niveau après des décennies de sous-investissement. Ce sont 3,6 Md€ annuels qui seront investis sur le réseau existant. Par ailleurs, en complément, l’État apportera toute sa part aux opérations de modernisation du réseau, aux opérations de sécurité (notamment de mise en sécurité des passages à niveau), de lutte contre le bruit et de mise en conformité de l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, ainsi que sa participation, via les opérations inscrites dans les contrats de Plan État-région (CPER), à la régénération des lignes structurantes ou de maillage régional ferroviaire ». Quelle place pour les solutions novatrices de transport ferré, notamment pour des réouvertures de lignes au service voyageur ? En lien avec les actualités toujours vives sur l’urgence climatique et le mouvement des « gilets jaunes », l’étude du CESER vise à donner des informations et des éclairages pour étayer la décision de l’Exécutif régional dans le calendrier prévu par la loi. L’absence de décision actée de l’exécutif régional à la date de rédaction de la contribution du CESER donne une importance particulière à ce travail. 3 Agence de Financement des Infrastructures de Transports en France 4 Conseil d’Orientation des Infrastructures, 2018, Mobilités du quotidien : Répondre aux urgences et préparer l’avenir 5 Agence de Financement des Infrastructures de Transports en France 6 Contrat de Projet Etat-Région CESER Centre-Val de Loire – Ouverture à la concurrence des TER en région Centre-Val de Loire – Février 2020 Page 4
1. LES ÉLÉMENTS DE CONTEXTE 1.1 Les aspects législatifs 1.1.1 - Les directives européennes ou « paquets ferroviaires » La Commission européenne a travaillé de longue date sur le sujet de l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire, pour les marchandises comme pour les voyageurs. En 1991, une première directive a été adoptée afin de parvenir à une séparation comptable entre le gestionnaire d’infrastructures et l’opérateur historique. Le choix de l’État français en 1997 a été de faire une séparation institutionnelle en créant deux entreprises (SNCF et RFF). Puis, la Commission européenne a souhaité ensuite procéder par étapes, sous le terme de « paquet ferroviaire ». Chaque État membre a donc pour obligation de mettre en œuvre ces paquets ferroviaires, en transposant les directives et règlements à son propre droit national. Le 1er paquet ferroviaire, daté de 2001 et composé de 3 directives (2001/12/CE, 2001/13/CE et 2001/14/CE du 26 février 2001), avait pour objectif de poser les bases de l’ouverture à la concurrence. Il a notamment établi les concepts de licences des entreprises ferroviaires et de certification en matière de sécurité ou encore à la répartition des sillons. Ce paquet a imposé aussi aux États d’adapter leur législation afin de permettre l’extension des droits d’accès au réseau transeuropéen de fret ferroviaire. Le 2e paquet ferroviaire, daté de 2004 et composé de 3 directives (2004/49/CE, 2004/50/CE, 2004/51/CE du 29 avril 2004) et d’un règlement (2004/881/CE du 29 avril 2004), a ouvert à la concurrence le fret ferroviaire. L’ouverture à la concurrence a eu lieu à partir du 1er janvier 2006 pour le fret international et à partir du 1er janvier 2007 pour le fret national. Ce paquet ferroviaire a institué dans chaque État membre une autorité nationale de sécurité ainsi qu’un organisme permanent d’enquête sur les accidents. Il a créé une agence ferroviaire européenne (aujourd’hui Agence de l’Union européenne pour les chemins de fer), basée à Valenciennes, qui a pour objectif notamment d’harmoniser progressivement les règles de sécurité et d’élaborer des spécifications techniques d’interopérabilité. Le 3e paquet ferroviaire, daté de 2007 et composé de 2 directives (2007/58/CE et 2007/59/CE du 23 octobre 2007) et de 2 règlements (2007/1370/CE et 2007/1371/CE du 23 octobre 2007), a mis en place l’ouverture à la concurrence du transport international de voyageurs, à partir de 2010. La transposition de ce paquet ferroviaire a notamment abouti en France à la création de l’ARAF, devenu l’ARAFER - Autorité de Régulation des Activités Ferroviaires Et Routières - en 2015. La directive dite « refonte », datée de 2012, a repris les directives et règlements précédents pour simplifier les textes. Cette directive a confirmé que la séparation entre gestionnaire d’infrastructures et opérateur ferroviaire historique doit à minima se traduire par une séparation comptable entre les 2 activités (si les 2 activités restent au sein de la même entreprise). Le 4e paquet ferroviaire, daté de 2016 et composé de 2 directives (2016/797/CE et 2016/798/CE du 11 mai 2016) et de deux règlements (2016/796/CE du 11 mai 2016 et 2016/2338 du 14 décembre 2016), a finalisé la démarche avec l’ouverture à la concurrence des services nationaux de transport ferroviaire de voyageurs et la mise en place d’un espace ferroviaire unique européen. CESER Centre-Val de Loire – Ouverture à la concurrence des TER en région Centre-Val de Loire – Février 2020 Page 5
1.1.2 - Le calendrier d’ouverture à la concurrence des TER En France, l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire de voyageurs se fera à différentes dates selon le type de services concernés. Ainsi, on distingue : - Les services commerciaux tels que les TGV, - Les services conventionnés qui sont des services publics faisant l’objet d’une convention entre une entreprise ferroviaire (obligatoirement SNCF Mobilités avant l’ouverture à la concurrence) et une Autorité Organisatrice des Transports (AOT). L’AOT peut être l’État (pour les TET = Trains d’Equilibre des Territoires - ex Intercités) ou une Région (pour les TER = Trains Express Régionaux et le Transilien). Ainsi, pour les services conventionnés de transport ferroviaire de voyageurs (dont le TER), il est possible d’avoir une mise en concurrence des opérateurs ferroviaires à partir du 3 décembre 2019. Entre le 3 décembre 2019 et le 24 décembre 2023, les Conseils régionaux pourront : - Soit attribuer un contrat de service public directement à SNCF Mobilités, sans passer par une mise en concurrence, pour une durée maximum de 10 ans. - Soit ouvrir partiellement ou totalement le réseau TER à la mise en concurrence. À partir du 25 décembre 2023, le principe de mise en concurrence deviendra la règle. Il faut cependant noter que l’Article 5 alinéa 4 bis du règlement UE 2016/2338 du 14 décembre 2016 retient l’attention : « Sauf interdiction en vertu du droit national, l’autorité compétente peut décider d’attribuer directement des contrats de service public de transport de voyageurs par chemin de fer : A) lorsqu’elle considère que l’attribution directe est justifiée par les caractéristiques structurelles et géographiques pertinentes du marché et du réseau concernés et notamment leur taille, les caractéristiques de la demande, la complexité du réseau, son isolement technique et géographique et les services couverts par le contrat ; et B) lorsqu'un tel contrat aurait pour effet d'améliorer la qualité des services ou le rapport coût-efficacité, ou les deux, par rapport au précédent contrat de service public attribué. Sur cette base, l'autorité compétente publie une décision motivée et en informe la Commission dans le mois qui suit sa publication. L'autorité compétente peut procéder à l'attribution du contrat. » Dans ces conditions, soulignons qu’une Région qui souhaiterait retarder au maximum l’ouverture à la concurrence pourrait passer une convention directement avec SNCF Mobilités juste avant la date du 24 décembre 2023, pour une durée de 10 ans. Ainsi, la convention irait jusqu’à fin 2033 avec l’opérateur historique. La Nouvelle République relate le 05/10/2019 que le Vice-Président délégué aux Transports et à l’intermodalité de la Région CVL s’est positionné pour l’option 1.3 du schéma suivant7 : « En Centre-Val de Loire, la convention signée avec la SNCF court jusqu’en 2020 et va être renouvelé jusqu’en 2022. À cette date, la Région a déjà prévu de ne pas lancer d’appel d’offre mais de resigner (…) une dernière fois avec l’opérateur historique pour dix ans ». 7 Source : Nouvelle République, 05/10/2019, « Trains : la concurrence se prépare dans les régions » CESER Centre-Val de Loire – Ouverture à la concurrence des TER en région Centre-Val de Loire – Février 2020 Page 6
En outre, quand la décision d’ouverture à la concurrence est décidée, la procédure commence. L’ouverture à la concurrence comporte schématiquement 4 phases : - Une phase de préparation, avec un avis de pré-information (et éventuellement un appel à manifestation d’intérêt) et le lancement de l’appel d’offres, - Une phase de conception de l’offre par les candidats retenus, - Une phase de négociation entre les 2 parties après la remise de l’offre initiale, - Après l’acceptation de l’offre finale, une phase de mise en œuvre, avant le démarrage du contrat. Au total, cela demande au moins 3 ans entre le début de la procédure et les premières circulations effectives. Donc, selon les options choisies par le Conseil régional, le recours à des procédures d’appel d’offre sera à mettre en œuvre avec comme date butoir 2033 Les procédures possibles seront de deux types, au sein du marché, (marché contestable ou dialogue compétitif) : une seule entreprise gère le marché, mais tout opérateur a la possibilité d'y entrer, en répondant à « un appel d'offres compétitif assorti d'un cahier des charges stipulant les obligations de service public à respecter par l'entreprise retenue ». Pour rappel, le principe d’appel d’offre est prévu, mais non obligatoire, pour toute convention signée avant 2023, pour les Intercités conventionnés par l’État qui est l’Autorité Organisatrice de ces trains8. 8 Cependant pour le TGV, l’ouverture à la concurrence est prévue sur le principe de l’Open Access (libre accès), sans aucune intervention de quelque Autorité Organisatrice. CESER Centre-Val de Loire – Ouverture à la concurrence des TER en région Centre-Val de Loire – Février 2020 Page 7
1.1.3 - Les lois ferroviaires récentes : loi pour le nouveau pacte ferroviaire et loi d’orientation à la mobilité (LOM) La loi pour un nouveau pacte ferroviaire a été promulguée le 27 juin 2018. Elle comporte 2 volets : un sur l’évolution du groupe public ferroviaire, et l’autre sur l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire. ➢ L’organisation et l’évolution du groupe SNCF La loi portant réforme ferroviaire adoptée le 4 août 2014, a séparé l’entreprise SNCF en 3 entités distinctes : - l’EPIC SNCF exerce le contrôle et le pilotage stratégiques ainsi que la cohérence économique et l’intégration industrielle du groupe public ferroviaire. - l’EPIC SNCF Réseau chargé d’entretenir, de moderniser et de développer le réseau. Il est le maître d’ouvrage des opérations d’investissements. - L’EPIC SNCF Mobilités chargé d’exploiter les services de transports ferroviaires de transport de voyageurs et de marchandises. Il gère les gares de voyageurs et les autres installations de services qui lui sont confiées par l’État. Organisation actuelle du groupe SCNF (Source : Site de la SNCF) Détail des missions du groupe SCNF (Source : Site de la SNCF) Pour le marché (open access - libre accès) : les entreprises sont en compétition selon un cahier des charges précis : le prix proposé, les dessertes, les fréquences, la nature du matériel roulant, les services à bord, les créneaux horaires, etc. En France, cer taines lignes sont déjà exploitées de cette façon : lignes TGV, Thalys et Eurostar, Thello de nuit Paris-Venise, Thello de jour Marseille- Nice-Milan. CESER Centre-Val de Loire – Ouverture à la concurrence des TER en région Centre-Val de Loire – Février 2020 Page 8
Néanmoins, l’organisation du groupe va encore évoluer à la suite de la promulgation de la loi pour le nouveau pacte ferroviaire. Ainsi 4 sociétés anonymes devraient remplacer les 3 EPIC existants à partir de janvier 2020 ; mais les liens entre elles font déjà débat. La société mère devra être baptisée Société Nationale SNCF, avec notamment les fonctions immobilier ou informatique. Cette SA sera détenue intégralement et de manière incessible par l’État qui détiendra 100% de la SA SNCF Réseau (qui assurera de façon transparente et non discriminatoire l’accès au RFN comprenant la répartition des capacités et la tarification de l’infrastructure) et 100% de la SA SNCF Voyages (ex SNCF Mobilités qui regroupe les activités TGV, IC, TER et Transilien). SNCF Gares et Connexions, en charge de la gestion des gares, aujourd’hui rattachée à SNCF Mobilités, deviendra une SA, filiale à 100% de SNCF Réseau, afin d’avoir un service neutre pour l’ensemble des opérateurs ferroviaires. Elle devra contractualiser sa trajectoire financière avec l’État au travers d’un contrat pluriannuel afin de sécuriser les investissements. Kéolis, Géodis, VFLI, Ermewa, Systra,… seront rattachés à la Société Mère. Quant à Fret SNCF, filialisé avec la création d’une SAS, cette activité sera détenue intégralement par la Société Mère. ➢ La gestion de la dette Par la voix de son Premier Ministre le 25 mai 2018, l’État s’est engagé à reprendre une partie de la dette de SNCF Réseau à hauteur de 35 milliards d’euros, en vue d’assainir substantiellement la structure financière de l’entreprise, conjuguée à l’amélioration des performances opérationnelles de la SNCF. Cette reprise de dette devrait se faire en deux temps : 25 milliards d’euros en 2020 et 10 milliards d’euros en 2022. Cette reprise de la dette s’inscrit plus globalement dans la réforme du système ferroviaire. ➢ Les ambitions de SNCF Mobilités CAP TER a été lancé par SNCF Mobilités en 2017 avec pour objectif de reconquérir des voyageurs et d’en attirer de nouveaux, d’améliorer la ponctualité et de faire baisser le coût du TER. Le Directeur Général de SNCF Mobilités, Franck LACROIX, estime que la baisse de fréquentation des TER est enrayée (+4,8 % en 2017 après 5 années de baisse continue), grâce en partie au plan de la SNCF « CAP TER 2020 ». Avec un objectif de 20 % des coûts de structure, le nouvel objectif est d’aller à la conquête de nouveaux voyageurs et d’augmenter de 200 000 le nombre de voyageurs par jour dans les TER d’ici 2025. Pour cela, 44 directions de lignes dédiées aux territoires devraient être lancées (s’ajoutant aux 11 existantes en mars 2019). Ces directions de lignes devraient notamment aider les Régions à définir les services à mettre en place en fonction de leurs besoins. Trois offres devraient ainsi voir le jour : - Trains Krono, pour relier les pôles régionaux entre eux, rapide et confortables, - Trains Proxi, pour une desserte fine du territoire, avec du matériel adapté (trains plus légers par exemple), - Trains Citi, pour une desserte de l’urbain et du péri-urbain, fréquents et de grande capacité. ➢ La question des coûts du sillon Le CESER comprend l’opposition de Régions de France à la refonte et à l’augmentation des redevances déconnectées de l’inflation. Ces augmentations de tarifs envisagées doivent être de 2,9% en 2021 et 3,2% en 2022 et 3,4% en 2023)9 augmentant les prix du sillon ferroviaire . 9 Voir Annexe 2 CESER Centre-Val de Loire – Ouverture à la concurrence des TER en région Centre-Val de Loire – Février 2020 Page 9
Il convient d’ailleurs de s’interroger pourquoi la Région Centre Val de Loire dispose d’une redevance de marché très supérieure aux autres régions. Certaines auditions, dont celle de Pierre ZEMBRI10, proposent une réaffectation aux régions d’une partie des recettes de péages perçues sur les lignes régionales qui leur permettrait de réinvestir sur des lignes locales. Pour le CESER, les ambitions de SNCF Réseau devraient conduire à un abaissement du prix des sillons11. 1.2 Les préoccupations environnementales Depuis de nombreuses années, tant au niveau mondial, européen, national ou régional, les préoccupations environnementales sont de plus en plus présentes. 1.2.1 – Rappel des engagements environnementaux ➢ Les engagements internationaux Lors de la COP 21, en novembre 2015, les États signataires se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) et à maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 2°C, voire d’aller vers l’objectif de 1,5°C d’ici à 2100, par rapport à l’ère préindustrielle. Le 4 novembre 2016, un an seulement après la COP21, l’Accord de Paris est entré en vigueur puisque le double seuil nécessaire a été atteint (ratification par 55 pays couvrant au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre). Cependant, les engagements cumulés des pays mènent vraisemblablement la planète à un réchauffement de plus de 2°C d’ici à la fin du siècle12. ➢ Les engagements européens En 2014, le cadre européen pour le climat a précisé l'objectif contraignant de réduire, d'ici à 2030, les émissions de l'UE d'au moins 40 % par rapport aux niveaux de 1990. L’objectif a ensuite été décliné suivant les États membres. Le 28 novembre 2018, la Commission européenne a présenté sa vision stratégique à long terme en vue de parvenir à une économie prospère, moderne, compétitive et neutre pour le climat d’ici à 2050. ➢ Les engagements nationaux La France a confirmé son engagement européen via la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte en août 2015. Ses objectifs sont notamment de : - Réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % entre 1990 et 2030 et diviser par quatre les émissions de GES entre 1990 et 2050 (facteur 4) ; - Réduire la consommation énergétique finale de 50 % en 2050 par rapport à la référence 2012 en visant un objectif intermédiaire de 20 % en 2030 ; - Réduire la consommation énergétique primaire d’énergies fossiles de 30 % en 2030 par rapport à la référence 2012. ➢ Les engagements régionaux Dans son projet de SRADDET, le Conseil régional Centre-Val de Loire affiche des objectifs ambitieux en matière de transition énergétique : - Réduire de 100 % les émissions de GES à l’horizon 2050 par rapport à 2014 ; 10Professeur à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée et directeur du Laboratoire Ville Mobilité Transport 11Cf : Document de référence du réseau ferré national, SNCF Réseau 12 Source : Le Monde, 17/09/2019, « Jusqu’à +7°C en 2100 : les experts français du climat aggravent leurs projections sur le réchauffement » CESER Centre-Val de Loire – Ouverture à la concurrence des TER en région Centre-Val de Loire – Février 2020 Page 10
- Réduire les consommations énergétiques finales sur le territoire régional par rapport à 2014 de 43% en 2050, soit une réduction spécifique dans le domaine des transports (voyageurs et fret) de 60% ; En sus, un objectif intermédiaire à 2030 de -15% a été fixé sur les consommations finales. La Région montre également son engagement fort en faveur de la transition énergétique en mettant en place en 2019 la première COP régionale au niveau national. 1.2.2 – La place du ferroviaire dans ces engagements Le développement du TER, ainsi que sa complémentarité avec les autres réseaux de transports, peut contribuer pleinement à une diminution des GES en proposant une alternative crédible à l’utilisation de la voiture particulière. Les déplacements jouent un rôle important dans la vie quotidienne pour les relations domicile-travail, domicile-études, mais aussi pour les déplacements occasionnels et de loisirs. Ils contribuent à l’aménagement du territoire, à l’accès au transport pour tous, à la qualité de l’environnement et à la diminution des émissions de gaz à effet de serre. L’essor des transports en commun et des mobilités douces permet de diminuer les émissions de GES, mais aussi de lutter contre la pollution de l’air et de diminuer les dépenses de santé. Il permet aussi de réduire le nombre d’accidents de la route. Pour un report modal effectif, il est nécessaire de tenir compte des externalités qui impactent socialement mais aussi économiquement notre pays13. Le tableau suivant résume ces coûts externes en termes de sécurité et de congestion avec un mode ferroviaire avantageux. Comparatif émission de GES entre différents modes de transports 13 Voir en Annexe 2 un tableau intégrant les coûts externes des transports. CESER Centre-Val de Loire – Ouverture à la concurrence des TER en région Centre-Val de Loire – Février 2020 Page 11
2. L’ÉTAT DES LIEUX 2.1 L’état des infrastructures La quasi-totalité des infrastructures ferroviaires en région dépendent du Réseau Ferré National (RFN) et sont donc gérées par SNCF Réseau. En tant que propriétaire du RFN, SNCF Mobilités veille à son utilisation optimale, avec des objectifs de sécurité, de qualité de service et de maîtrise des coûts, tout en garantissant une concurrence libre et loyale et l'absence de toute discrimination entre les entreprises ferroviaires. Au niveau national, SNCF Réseau gère près de 30 000 km de lignes ferroviaires, dont 2 600 km de LGV, à l’aide de 54 000 collaborateurs. Chaque jour, ce sont 15 000 trains qui circulent sur ce Réseau Ferré National. À noter qu’une trentaine d’entreprises circulent déjà sur le réseau (opérateurs de fret ferroviaire ou entreprisse proposant des circulations transnationales, où l’ouverture à la concurrence a déjà eu lieu) Le réseau ferroviaire de la région Centre-Val de Loire, c’est : - 2 436 km de lignes avec une moyenne d’âge de 42 ans14 contre 30 ans en moyenne nationale, conférant à la région le troisième plus vieux réseau de France15. Cet âge avancé en région est notamment dû à des sous-investissements successifs des contrats de plan et une conservation de lignes ferroviaires UIC 7 à 9 qui dans d’autres régions ont pu être déclassées. Source : ARAFER, 2017, Annexes – Bilan du transport ferroviaire de voyageurs 2015/2016 14 Source : Audition SNCF Réseau en mars 2019 15 Données 2015 – Source : ARAFER, 2017, Annexes – Bilan du transport ferroviaire de voyageurs 2015/2016 CESER Centre-Val de Loire – Ouverture à la concurrence des TER en région Centre-Val de Loire – Février 2020 Page 12
- Le réseau se décompose avec : o 794 km de lignes dites capillaires (lignes 7 à 9 dans la classification UIC), o 252 km de lignes à grande vitesse, o 1052 km de lignes électrifiées, - 159 gares et haltes voyageurs. Plus précisément, la région Centre-Val de Loire est constituée de 8 lignes de desserte fine du territoire permettant le transport de voyageurs (UIC16 7 à 9 AV) : - Chartres-Courtalain, - Chartres-Voves, - Dourdan-La Membrolle, - Tours-Chinon, - Tours-Loches, - Le Blanc-Argent, - Bourges-Montluçon, - Dreux-Surdon. 16 Classement des voies ferroviaire par l’UIC (Union Internationale des Chemins de Fer) CESER Centre-Val de Loire – Ouverture à la concurrence des TER en région Centre-Val de Loire – Février 2020 Page 13
Voies ferroviaires régionales par classement UIC (hors LGV Atlantique) Lignes UIC 7 à 9 sans voyageurs Lignes UIC 7 à 9 avec voyageurs Lignes structurantes Source : SNCF Réseau CESER Centre-Val de Loire – Ouverture à la concurrence des TER en région Centre-Val de Loire – Février 2020 Page 14
La région Centre-Val de Loire est limitrophe avec 6 autres régions : Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne- Franche Comté, Ile-de-France, Normandie, Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire. Son réseau ferroviaire est donc connecté et situé au carrefour de grands axes nationaux : Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, Paris- Orléans-Tours-Bordeaux et Nantes-Tours-Lyon. Le réseau régional est plutôt vieillissant avec une moyenne d’âge de 42 ans17 contre 30 ans en moyenne nationale. SNCF Réseau réalise 150 M€/an d’investissement sur ces lignes, avec une priorité donnée aux lignes structurantes (UIC 1 à 6), dans le cadre des contrats de performance entre SNCF Réseau et l’État. L’effort devrait être porté à 200 M€/an à partir de 2020. Soulignons en parallèle l’effort financier du Conseil régional consenti pour la rénovation des lignes ferroviaires, notamment les lignes de desserte fine du territoire, et ce depuis de nombreuses années. Par exemple, les électrifications des lignes Tours-Vierzon et Bourges-Saincaize ont fait l’objet d’importantes participations financières de la Région Centre Val de Loire18. Néanmoins, l’état des lignes de desserte fine du territoire est globalement dans un état préoccupant, faute de travaux de maintenance d’envergure. C’est notamment le cas des lignes Chartres-Courtalain, Dourdan-La Membrolle, Tours-Chinon, Tours-Loches, Bourges-Montluçon, qui nécessitent toutes des travaux importants de rénovation à court terme. La dernière actualité n’incite pas à l’optimisme du côté des promesses d’investissements de l’État dans la rénovation du réseau. En effet, le budget 2020 prévoit de ne pas verser l’intégralité des 3 milliards d’euros annuels prévus19. Ainsi, en mai 2018, le rapport du Conseil régional « Plan d’urgence pour la sauvegarde du réseau ferroviaire du quotidien » indique que près de 250 M€ sont à mobiliser d’ici 2025 afin de sauvegarder ces lignes ferroviaires (maintien des circulations, de la vitesse et de la sécurité de ces lignes). À titre de comparaison, la somme à investir pour l’ensemble des lignes de desserte fine du territoire au niveau national est de 7Mds€. À titre d’illustration, sans travaux importants de régénération de la ligne Tours-Loches, le trajet pourrait être augmenté de 6 à 25 minutes d’ici 2 à 3 ans, rendant peu compétitif le train en termes de temps, en comparaison de la voiture. Le CESER, quant à lui pense que la ligne Tours-Loches qui a vocation à être prolongée jusqu’à Châteauroux20, doit être considérée comme une ligne à dimension interrégionale qui fait connexion avec le POLT. À ce titre, le Conseil Régional devrait porter un projet de développement sur le sud de la Région afin de gagner l’engagement de l’État et la planification des investissements sur moyen et long terme pour l’ensemble de cette ligne ferroviaire. Dans son rapport de mai 2018, le Conseil régional s’était engagé à financer la moitié des 250 M€ pour rénover ces 5 lignes, faisant la demande que l’État prenne en charge les 50 % restants. Depuis, le Préfet interministériel M. François Philizot a été missionné par le Gouvernement afin de rendre des préconisations sur les lignes ferroviaires du quotidien. À la suite de ses 2 rencontres avec le Préfet M. Philizot, et compte-tenu que le Gouvernement ne semble pas prêt à financer 50 % du montant restant, le Conseil régional a fait la proposition suivante (qui est donc en attente de validation par le Gouvernement) : - Demande de prise en charge à 80 % par l’État des 2 lignes interrégionales : Bourges-Montluçon et Dourdan-La Membrolle, - Mais prise en charge à 100 % par le Conseil régional des 3 autres lignes (qui sont actuellement en cul-de-sac) : Tours-Loches, Tours-Chinon et Chartres-Courtalain. Le rapport du Préfet n’a toujours pas été rendu public comme l’indique la réponse de François Bonneau au rapport de la Cour des Comptes d’octobre 2019 sur le sujet des TER. 17 Source : Audition SNCF Réseau en mars 2019 18 Les financements en CPER : Bourges-Saincaize (73,4 M€), électrification Tours-Vierzon (370 M€) 19 source : Le Monde, 23/11/2019, « Inquiétude sur le budget de la SNCF » 20 cf. Rapport du Commissaire enquêteur sur le SRADDET CESER Centre-Val de Loire – Ouverture à la concurrence des TER en région Centre-Val de Loire – Février 2020 Page 15
À noter que 93 % des voyages sont effectués sur les lignes structurantes, représentant 90 % des trains kilomètres. 2.2 Le TER en région Centre-Val de Loire Le rapport d’activités TER de 2017 indique que 370 trains TER circulent quotidiennement en région, sur 1 600 km de réseau ferroviaire pour 14 lignes ferroviaires et pour 57 800 équivalents voyages fer quotidiens. À souligner que la Région est devenue gestionnaire au 1er janvier 2018 des 3 lignes TET suivantes (lignes Rémi Express) : Paris-Orléans-Tours, Paris-Montargis-Nevers et Paris-Bourges-Montluçon. ➢ La convention actuelle La convention actuelle liant SNCF Mobilités et la Région Centre-Val de Loire a été adoptée en mai 2014 pour une période de 7 ans (2014 à 2020) ; une revoyure a été adoptée en mai 2018, intégrant le transfert des 3 lignes TET au Conseil régional Centre-Val de Loire. La convention est donc valable jusqu’au 31 décembre 2020 ; elle peut cependant être prolongée d’un an, renouvelable 2 fois (soit 2 ans au maximum). La convention repose sur 4 principaux axes : - Une offre renforcée, - Une exigence accrue en termes de qualité de production, - Des ambitions fortes en matière de remise à niveau du matériel ferroviaire et de travaux dans les gares, - Un nouvel équilibre économique entre les 2 parties. ➢ La fréquentation En 2018, la fréquentation TER Centre-Val de Loire a crue de 71%. Cette hausse sensible est due exclusivement à la reprise par la Région des trois ex-lignes TET Paris – Orléans/Les Aubrais – Tours, Paris – Bourges – Montluçon et Paris – Montargis – Nevers. L’intégration de ces nouveaux services au services régionaux En revanche, à périmètre constant, une baisse de 8,9% par rapport à 2017 est observée avec 765 000 voyageurs-kilomètres. Le rapport annuel d’activités 2018 des TER Centre-Val de Loire explique cette baisse par « la grève contre la réforme ferroviaire qui est venue péjorer (les) bons résultats » du premier trimestre (+1,2%). En 2018, l’axe le plus fréquenté au niveau régional est Paris – Orléans-Tours (ex-TET) avec 30% du trafic. Viennent ensuite les axes : - Paris – Chartres – Nogent-le-Rotrou avec 25% du trafic, - Orléans – Tours et Paris – Bourges - Montluçon avec 10% du trafic chacun Les usagers utilisant l’abonnement de travail participent à hauteur de 34% du trafic, les usagers tarifs et abonnement jeunes 18%, les tarifs réduits sans carte 19% et les usagers plein tarif 12 %. CESER Centre-Val de Loire – Ouverture à la concurrence des TER en région Centre-Val de Loire – Février 2020 Page 16
1435 avec ex-TET 765 sans ex-TET 2018 Source : SNCF Mobilités – rapport annuel d’activité 2017 et 2018 TER Centre-Val de Loire Source : SNCF Mobilités – rapport annuel d’activité 2018 TER Centre-Val de Loire ➢ La qualité de service Dans la convention actuelle, un certain nombre de critères de qualité sont pris en compte par des indicateurs, avec des objectifs année par année qui visent à une amélioration progressive. Lorsque les objectifs annuels ne sont pas atteints, une pénalité est appliquée à SNCF Mobilités. Sont pris en compte : CESER Centre-Val de Loire – Ouverture à la concurrence des TER en région Centre-Val de Loire – Février 2020 Page 17
- La ponctualité des trains (pour des retards strictement supérieurs à 5 minutes). La pénalité est calculée pour que les trains en heure de pointe comptent 2 fois plus que les trains en heures creuses. Un retard compris entre 11 et 30 min est pénalisé 2 fois plus qu’un retard inférieur à 11 min. Un retard supérieur à 30 min a une pénalité majorée de 5 fois la pénalité de base. - La composition des trains (capacité du train inférieure à la capacité définie). L’objectif est fixé à 99% de bonne composition sur l’ensemble de la convention. - Réalisation de l’offre (trains supprimés). La pénalité est doublée lorsque l’information de la suppression n’est pas donnée aux voyageurs dans un délai de prévenance de 36 heures (J-2 à 17H) et qu’une substitution par autocars n’est pas organisée par SNCF Mobilités. - Qualité en gare et à bord. Cette qualité prend en compte l’information des voyageurs, la qualité et propreté dans les gares et points d’arrêts ferroviaires, la qualité et propreté des trains, l’accessibilité pour les personnes en situation de handicap. 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Objectif de 92 % 92,2 % 92,4 % 92,7 % 92,7 % 92,7 % 92,7 % ponctualité TER Objectif de _ _ _ _ 83 % 84 % 85 % ponctualité TETR Objectifs de ponctualité conventionnels à 5 minutes, pour les TER et TETR Source : Convention TER Centre-Val de Loire 2014-2020, intégrant la revoyure de 2018 Il est regrettable que les statistiques de ponctualité soient exprimées sur les trains ayant circulé, les trains supprimés étant sortis du décompte. Le résultat de ponctualité est du coup éloigné du ressenti de l’usager qui globalise trains en retard et trains supprimés dans une même expression de mécontentement. Néanmoins, des disparités importantes de qualité existent selon les lignes : 2019 (sur les 5 2017 2018 premiers mois) Paris-Chartres-Nogent 89,8 % 90,1 % 93,6 % Tours-Orléans 92 % 87 % 93,5 % Tours-Saumur 94 % 92,5 % 94,9 % Orléans-Limoges 88,8 % 90,6 % 92,1 % Orléans-Etampes Paris 80,3 % 79,4 % 86,6 % Tours-Chinon 95,9 % 96,5 % 98,3 % Paris-Nevers _ 76,8 % 81 % Paris-Orléans-Tours _ 81,1 % 86,4 % Ponctualité de quelques lignes TER et TET sur les 3 dernières années (Source : Open data de la Région) En vert : objectif conventionnel atteint ; en orange : objectif conventionnel non-atteint de moins de 3 points ; en rouge : objectif conventionnel non-atteint de plus de 3 points CESER Centre-Val de Loire – Ouverture à la concurrence des TER en région Centre-Val de Loire – Février 2020 Page 18
2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Objectif de réalisation de 97,7 % 97,8 % 97,9 % 98 % 98,1 % 98,2 % 98,3 % l'offre TER et TETR Objectifs de réalisation de l’offre Source : Convention TER Centre-Val de Loire 2014-2020, intégrant la revoyure de 2018 Pour 2017 : - Les TER sont arrivés à l’heure à leur terminus dans 90,8 % des circulations, soit près de 2 points sous l’objectif conventionnel. - La conformité des compositions a été assurée à 98 %, soit un point de moins par rapport à l’objectif de la convention. - L’offre de transports a été réalisée à hauteur de 98,3 %, elle a donc respectée l’objectif de 98 %. - La qualité en gare et à bord des trains a été respectée, avec des objectifs souvent largement dépassés (de + 2,2 points pour l’information voyageurs à + 5,6 points pour l’accessibilité). La lutte contre la fraude fait aussi partie des objectifs de la convention. Le critère choisi est un critère de moyen et non de résultats. 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Objectif de trains traités par un contrôle renforcé 9 000 10 000 12 000 15 000 18 500 20 000 21 000 à bord ou à l'embarquement Objectif de contrôles renforcés sur les trains Source : Convention TER Centre-Val de Loire 2014-2020, intégrant la revoyure de 2018 À titre de comparaison, en 2017, ce sont 110 000 TER qui ont circulé (3 lignes TETR non-comprises donc) : l’objectif de contrôle renforcé portait donc sur 13,6 % des trains. Pour 2017, l’objectif n’a pas été atteint puisque seulement 13 131 trains ont eu un contrôle renforcé. Le taux de fraude global est de 9,7 % en 201821 (il inclut les personnes ayant un titre de transport non- composté ou au mauvais tarif) ; le taux de fraude « dure » (passagers sans aucun titre) est estimé entre 5 et 6 %. ➢ Aspects financiers Comme tout transport collectif régulier, y compris les autocars longues distances, les seules recettes ne permettent pas de financer le service TER Centre-Val de Loire. Ainsi, les recettes directes s’élèvent 119,3 M€ en 2018 en comprenant les ex-TET. À périmètre constant, on observe une baisse de 13,2 % par rapport à 2017, en lien avec la baisse des trafics. Les recettes totales à 86,9 M€ (compensations tarifaires en sus). 21 Chiffres constatés réalisés pour le compte de la Région Centre-Val de Loire. CESER Centre-Val de Loire – Ouverture à la concurrence des TER en région Centre-Val de Loire – Février 2020 Page 19
Vous pouvez aussi lire