PANORAMA DE PRESSE - Préfecture de Paris 28/04/2020 08h37 - Panorama réalisé avec Tagaday - Driea
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SOMMAIRE PRÉFECTURE (2 articles) Chômeurs, étudiants, mères isolées... En France, on souffre lundi 27 avril 2020 aujourd'hui de la faim (3021 mots) Page 6 11:04 L'annonce, jeudi, d'une enveloppe de 39 millions d'euros pour l'aide alimentaire ne satisfait pas les associations, qui alertent : en France, la colè… « Faites les pitbulls » : comment Hidalgo prépare le déconfinement de Paris (1568 mots) Page 12 lundi 27 avril 2020 « Faites les pitbulls » : comment Hidalgo prépare le déconfinement de Paris Confinée dans son bureau de l'… PARIS (1 article) C. Blauel :« La résilience nous incite à transformer la ville pour mardi 28 avril 2020 la rendre moins vulnérable » (689 mots) Page 16 Pour l'adjointe à la maire de Paris chargée de la transition écologique Célia Blauel, la résilience a tr… TRANSPORTS - MOBILITÉ (2 articles) Avis de tempête sur le financement des transports publics (837 mots) mardi 28 avril 2020 Page 18 Il s'appelle désormais, depuis la récente loi LOM, « versement mobilité », et non plus « versement transport », mais cela ne change… Les transports franciliens vont devenir « un nid de mardi 28 avril 2020 recontamination » (360 mots) Page 20 Les élus communistes d’Île-de-France Mobilités alertent sur les dangers d’un retour à la normale dans les transports en com…
EMPLOI - INSERTION (1 article) « Pas de vague massive de licenciements » (947 mots) Propos recueillis par Bérangère Lepetit Le nombre de chômeurs inscrits à Pôle Page 22 mardi 28 avril 2020 emploi et sans activit… ECONOMIE (1 article) Une année déjà noire pour les recettes publiques (647 mots) mardi 28 avril 2020 Placée sous perfusion depuis plus d'un mois, l'activité se dégrade à vive allure. Page 25 Certes, nul ne peut prédire la tournure q… SOLIDARITÉ (1 article) Camps roms : la Croix-Rouge à la rescousse (690 mots) val-de-marne Par Marine Legrand « Attention, reculez, reculez, gardez de la Page 27 mardi 28 avril 2020 distance… » Les… POLITIQUE (2 articles) Les élus face aux enjeux du déconfinement (476 mots) paris Par Marie-Anne Gairaud @LeParisien_75 Séance exceptionnelle du Conseil Page 30 mardi 28 avril 2020 de Pa… Un couple à l’épreuve du déconfinement (975 mots) Par Olivier Beaumont et Nathalie Schuck « Union nationale, mes fesses ! » Page 31 mardi 28 avril 2020 s’étrangle un conseiller d…
SANTÉ (2 articles) Masques : un fiasco et des mensonges (2113 mots) Pendant des semaines, le gouvernement a tout fait pour le dissimuler. Au mois de Page 34 mardi 28 avril 2020 février, alors que le coronavirus se propa… Les Hôpitaux de Paris espèrent avoir trouvé un traitement mardi 28 avril 2020 pour les cas graves (712 mots) Page 37 On voudrait y croire, même si, pour l'instant, il n'y a pas de données. Les chercheurs de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (… SÉCURITÉ (2 articles) Les bons et les mauvais élèves du confinement (588 mots) Grand Paris Par Nathalie Revenu (avec D. C, C.C. et C.R.) En matière de Page 39 mardi 28 avril 2020 confinement, il y a… « Pour une banderole, deux policiers ont sonné à ma porte » mardi 28 avril 2020 (765 mots) Page 41 À Toulouse, Paris, Caen ou dans un village de la Drôme, nombreux sont les citoyens à s’être vu reprocher d’afficher de man… EDUCATION (1 article) Coronavirus: à Paris, des directeurs d'école « perdus » (572 mots) dimanche 26 avril 2020 A moins de trois semaines de la réouverture des établissements scolaires, Hervé Page 44 Lalle juge la préparation du…
lundi 27 avril 2020 11:04 3021 mots - 12 min : L'HUMANITÉ VIP Chômeurs, étudiants, mères isolées... En France, on souffre aujourd'hui de la faim L'annonce, jeudi, d'une enveloppe de 39 millions d'euros pour l'aide ali- mentaire ne satisfait pas les associations, qui alertent : en France, la colère de ceux qui ont faim pourrait exploser, faute de réponses rapides. Té- moignages. « Dans nos permanences, entre 25 et 50 % de personnes nouvelles ont deman- dé une aide alimentaire depuis la mi-mars. Et c'est une réalité dans tous les départements », alerte la présidente du Secours populaire français (SPF), Hen- riette Steinberg. Même constat de la part de Patrice Blanc, son homologue des Restos du cœur : « Dans les villes, le nombre de personnes SDF qui sollicitent des repas chauds a triplé depuis la crise du Covid-19. » « On a beaucoup d'ap- pels au 115 de personnes qui ne nous demandent pas un hébergement mais nous disent qu'elles n'ont pas mangé depuis plusieurs jours. C'est nouveau… », confirme Florent Gueguen, le directeur de la Fédération des acteurs de la soli- darité (FAS). Dans les quartiers populaires, les associations multiplient les dis- tributions alimentaires, pour lesquelles la demande est exponentielle : « Lors de la première distribution à Clichy-sous-Bois, il y avait 250 personnes, à la deuxième 500, puis à la troisième 700. Les gens ont faim. C'est tragique », té- moigne Mohamed Mechmache, fondateur du collectif AClefeu qui, depuis dé- but avril, distribue des denrées à Clichy-sous-Bois. Voir aussi : Notre reportage à Clichy-sous-Bois, avec les membres d'AC Lefeu 93 Derrière ces chiffres, il y a des visages. Ceux de mamans isolées, travaillant à temps partiel, parfois sans être déclarées, qui ne peuvent plus remplir leur fri- go et assurer trois repas par jour à leurs enfants, qui, eux, ne mangent plus à la cantine. « Le soir, mon fils de 13 ans se contente de biscuits trempés dans du lait. Et le midi, ce sont des pâtes ou du riz. Je ne peux même plus lui offrir un burger… », culpabilise Maryam, employée à mi-temps dans une crèche à Paris, et actuellement au chômage partiel. La mère de famille vient de se résoudre à aller demander de l'aide alimentaire, pour la première fois de sa vie « Je n'au- rais jamais cru un jour en arriver là, je me suis toujours débrouillée », soupire la jeune femme. Comme elle, des jeunes qui avaient des petits boulots, des stages indemnisés ou qui glanaient quelque argent en aidant à la plonge dans des restaurants, ont vu s'évanouir leurs rares moyens de subsistance, grossissant les files d'attente des distributions alimentaires. « On commence aussi à voir arriver des professions intellectuelles, des autoentrepreneurs, des chauffeurs VTC, des petits patrons qui ne remplissent pas toutes les cases pour bénéficier de l'aide de l'État et se retrouvent pris à la gorge. Leur détresse fait peine à voir : ils vivent un déclassement très violent », rapporte Henriette Steinberg. Il faut rouvrir d'urgence les restos U ↑ 6
Les étudiants ne sont épargnés. « On ne découvre pas la précarité étudiante. Une antenne des Restos du cœur était déjà ouverte sur le campus avant l'ar- rivée du coronavirus. Mais aujourd'hui, on reçoit des jeunes qui n'auraient ja- mais dû y avoir recours », explique Emmanuelle Jourdan-Chartier, en charge de la vie étudiante à l'université de Lille. La fac compte 75 000 étudiants, dont 36 % de boursiers qui touchent au maximum 500 euros par mois, sur dix mois. « Les plus impactés sont les 30 % d'étudiants salariés, souvent en CDD, qui ont perdu leurs emplois et les près de 10 000 étudiants internationaux, dont les fa- milles sont parfois elles-mêmes frappées par la crise du coronavirus dans leurs pays et qui ne peuvent plus les aider financièrement », précise-t-elle. Pour se- courir ces étudiants dont les frigos sont vides, les services sociaux de l'univer- sité de Lille ont distribué des bons d'achat alimentaires, mais cela risque de ne pas suffire. « Il faudrait rouvrir d'urgence les restos U, au moins pour de la vente à emporter, suspendre les loyers des étudiants en chambre universitaire, et maintenir les bourses cet été, car les étudiants, dont les examens ont été dé- calés en juillet, vont devoir rester », insiste Emmanuelle Jourdan-Chartier. Voir aussi : Face à l'urgence sociale : et si on instaurait une Sécu de l'alimen- tation ? Cette situation inédite, le SPF l'a vue venir depuis des semaines : « Grâce à notre implantation sur le terrain et au fait que nous n'avons pas arrêté nos dis- tributions avec le confinement, nous avons vu arriver le tsunami. Nous avions donc alerté le ministre des Solidarités, le premier ministre et le président de la République dès la mi-mars », lâche, amère, Henriette Steinberg. Un appel qui semble enfin avoir été entendu puisque, jeudi, la secrétaire d'État chargée de la lutte contre la pauvreté, Christelle Dubos, annonçait une enveloppe de 39 mil- lions d'euros dédiés à l'aide alimentaire d'urgence. Si elles saluent le geste, les associations pointent l'insuffisance de la somme. « On parle en milliards pour les entreprises et en millions quand il s'agit des gens qui ont faim », pointe Mohamed Mechmache… Identifier ceux qui n'osent se manifester Autre difficulté : la mise en œuvre de cette aide sur le terrain. « La difficulté va être d'identifier ceux qui n'osent pas se manifester et qui ne sont pas for- cément connus des services sociaux », prévient Florent Gueguen. Pour cela, Henriette Steinberg a une solution : faire confiance aux associations ! « Au- jourd'hui, on estime que 2 ou 3 millions de personnes supplémentaires ne vont pas pouvoir manger à leur faim du fait des conséquences de la crise sanitaire. C'est pourquoi nous avons proposé à M me Dubos de s'appuyer sur les com- pétences de notre mouvement, qui a déjà pris des contacts avec le marché d'intérêt national (Min) de Rungis et ceux régionaux pour établir des filières d'approvisionnement avec des petits producteurs, qui correspondent aux be- soins des populations que nous soutenons… Nous nous engageons à rendre des comptes à l'État concernant l'utilisation de chaque euro d'argent public. Dans l'intérêt de ceux qui ont faim ! » Peut-être aussi dans l'intérêt général. Tous s'accordent à le dire : la crise so- ciale qui va suivre la crise sanitaire sera profonde et durable. « Les ménages modestes vont avoir besoin de temps pour rétablir leur pouvoir d'achat. Il ne faut pas que cette aide soit un fusil à un coup. Il faudra augmenter les mon- tants en fonction de l'évaluation des besoins, qui sont et seront immenses », ↑ 7
prévient Florent Gueguen. Au SPF, on a fait les comptes : « Cela fait à peine un à deux euros par personne dans le besoin, c'est ridicule ! » Et on a aussi de la mémoire : « N otre longévité fait que l'on a un recul historique. On se sou- vient des marches des chômeurs, des révoltes de 1936, puis de 1938… Alors, on demande au gouvernement de réfléchir à de vraies mesures d'urgence, pour que la faim, doublée d'un sentiment de mépris et d'abandon, ne pousse pas les gens dans les rues », avertit sa présidente. Voir aussi : En Seine-Saint-Denis, la détresse des chômeurs privés de droits Elle n'est d'ailleurs pas la seule à redouter des « émeutes de la faim » . Selon le Canard enchaîné , le terme aurait été employé par le préfet de Seine-Saint- Denis, Georges-François Leclerc, dans un mail envoyé par le haut fonction- naire, le 18 avril, à son homologue Michel Cadot, préfet de la région Île-de- France. Dans ce courriel, le préfet du 93 évoquait son inquiétude face à « une baisse importante et brutale des revenus des précaires de Seine-Saint-Denis », redoutant des réactions violentes des personnes impactées. Cette éventualité, Mohamed Mechmache ne l'exclut pas non plus : « Les jeunes sont à cran ; si en plus la police les harcèle, ça peut partir vite et devenir incontrôlable… », prévient le porte-parole d'AClefeu, dont le collectif a été créé au moment des révoltes des banlieues en 2005. « Cette crise sanitaire a suscité des carences alimentaires massives, qui pourraient aboutir à des débordements de colère », conclut Florent Gueguen. Comme une invitation à agir. Vite. Pour Louise, Sandra, Khalid ou Christophe, la faim au quotidien. Ils té- moignent. « Je n'ai même pas d'argent pour m'acheter une datte… » Khalid, 54 ans, résident marocain dans un foyer social aux Ulis (Essonne) Khalid est au bout du rouleau. « C'est très difficile, on ne sait même pas quand tout ça va se terminer », lâche cet homme de 54 ans, qui vit dans une petite chambre du foyer social Adoma, aux Ulis (Essonne). Il y a des jours où ce sans- papiers marocain ne mange pas, pendant deux jours d'affilée. « C'est arrivé plusieurs fois pendant le confinement », lâche-t-il, gêné. Impossible d'acheter de la nourriture, il n'a plus un sou. Khalid enchaînait jusqu'au 17 mars les pe- tits boulots au noir, payés au lance-pierre : il réparait des voitures, nettoyait, jardinait chez des particuliers. « Mais il n'y a plus de boulot nulle part désor- mais ! » répète-t-il, angoissé. Avec le virus et la pression policière, Khalid se terre dans son foyer. Et quand il sort, c'est seulement pour acheter « une ca- nette de coca à 90 centimes » et du « pain à 1,20 euro ». Le lait, l'huile, le sucre, et autres aliments essentiels, il en consomme grâce aux colis-repas distribués par une association de quartier. Au premier jour du ramadan, vendredi 24 avril, les difficultés se sont cruellement rappelées à lui. « Je me sens mal : je n'ai même pas d'argent pour acheter une datte, je ne peux pas manger le matin à 5 heures. Combien de temps va-t-on devoir vivre comme ça ? » L.R. « Ça fait mal de demander de l'aide » Sandra, 44 ans, mère célibataire, sans emploi, à Strasbourg (Bas-Rhin) ↑ 8
Dans le quartier populaire de la Cité de l'Ill, au nord de Strasbourg, Sandra vit dans un logement social avec sa fille de 11 ans. Début avril, elle fait une de- mande d'aide alimentaire auprès de son assistante sociale. « J'ai envoyé tous les papiers justificatifs, mais un mois après, je reste sans nouvelles, s'agace-t- elle. Je ne peux pas joindre directement mon assistante sociale, tout est res- treint depuis le confinement. Résultat, je ne sais même pas quand je vais avoir cette aide. » Sans travail, ni conjoint, cette mère de famille au RSA s'est tour- née vers les services sociaux pour subvenir à ses besoins alimentaires. Une pre- mière. « Je n'avais plus le choix, explique-t-elle avec pudeur. Je ne voulais pas me retrouver endettée jusqu'au cou, j'avais déjà emprunté de l'argent à des amis. » Depuis, un sentiment de honte l'habite : « On a l'impression d'être un mendiant. Ça fait mal de demander de l'aide. » En temps normal, elle fait du ménage à droite, à gauche, pour arrondir ses fins de mois. Avec le confine- ment, c'est terminé. Dans le même temps, Sandra voit ses dépenses alimen- taires monter en flèche : « Chez mon maraîcher, je payais 99 centimes mon kilo de courgettes, contre 2,99 euros aujourd'hui. Je cuisine beaucoup, j'achète un sac de 5 kg de pommes de terre, je prends les aliments en promo, je fais mon pain moi-même, mais ça reste compliqué de vivre. » Les difficultés se cu- mulent. Grâce aux réseaux sociaux, elle a établi un contact avec l'association Alis. Depuis, la structure lui livre des colis-repas. Pour la quadragénaire, c'est un immense coup de pouce. « Je suis à découvert de 300 euros, il me reste 40 euros en liquide jusqu'au 6 mai, avant de toucher mes 726 euros de RSA. Com- ment suis-je censée tenir avec ma fille ? » Quid des aides promises par Em- manuel Macron ? « Pff… ça ne suffit pas. J'arriverai tout juste à régler ma fac- ture d'électricité. Qui risque d'ailleurs de flamber avec le confinement : ma fille passe son temps sur l'ordinateur. » L.R. « Resto U fermé, frigo vide, carte bleue bloquée… » Louise, 21 ans, étudiante en licence de chimie, à Lille (Nord) Depuis le confinement, la vie de Louise, étudiante de 21 ans, en deuxième an- née de licence de chimie à Lille-I, s'est compliquée très brutalement. Serveuse dans la restauration rapide, elle était sur le point de se faire embaucher dans un café quand « tout s'est arrêté ». La jeune femme s'est donc retrouvée sans aucun revenu. « Mon découvert bancaire s'est vite creusé, jusqu'au moment où ma carte bleue a été bloquée. Pas de chance, ma mère qui, d'habitude, m'en- voie de l'argent liquide du Gabon, n'a pas pu le faire depuis le mois de mars. Les plateformes de transfert d'argent ont toutes été bloquées là-bas, où la crise sanitaire sévit aussi. D'ailleurs, mes deux parents, fonctionnaires, sont au chô- mage à cause du virus. Et, au Gabon, il n'y a pas les mêmes garanties qu'en France. Mon père m'a dit qu'il pouvait encore payer le loyer de mon studio, mais si la crise perdure, cela ne sera plus possible. » Sans ressource, ni possibilité d'aller « se remplir le ventre au resto-U pour 3 euros » et avec un frigo « complètement à sec » , Louise s'est résolue, début avril, à aller voir l'assistante sociale de l'université. « Je ne savais même pas où c'était. Je n'aurais jamais imaginé devoir faire un jour cette démarche » , avoue l'étudiante encore « très touchée » par l'écoute et l'aide qui lui ont été appor- tées par les services sociaux de son université. « Ils m'ont tout de suite donné deux bons de 50 euros pour que je puisse faire des courses à Carrefour, avec qui ↑ 9
la fac a un partenariat pour l'aide alimentaire. D'ailleurs, je tiens toujours avec les courses que j'ai faites avec cet argent, en début de mois… » Aujourd'hui, si Louise est surtout préoccupée par les partiels qu'elle commence à passer en ligne ce lundi, elle s'inquiète aussi pour les mois à venir. Trouver du travail cet été, si les restaurants restent fermés, va être compliqué. « Je vais chercher dans la grande distribution, je suis prête à faire n'importe quel boulot », assure l'étudiante qui a aussi une pensée pour les autres étudiants étrangers. La plu- part ne pourront pas retrouver leur famille cet été à cause de la fermeture des frontières. Beaucoup d'entre eux aussi ont vu leurs parents tout perdre à cause du coronavirus et ne reçoivent plus d'aide venue du pays. « Ce sont les SDF à qui je donnais une pièce avant qui m'ont donné des conseils » Christophe, 43 ans, artiste de rue, à Grenoble (Isère) Depuis qu'il a perdu son statut d'intermittent, il y a quelques années, Chris- tophe (*) se débrouille. Avec sa guitare et ses chansons rigolotes, il écume les cafés du centre-ville où il est payé au chapeau. Ancien circassien reconverti dans le théâtre de rue et la danse, il travaille surtout l'été, enchaînant les fes- tivals où il engrange de quoi passer l'hiver à peu près tranquille. « En général, vers le mois de mars, ça devient un peu tendu financièrement. Heureusement, je donne des cours de cirque et de clown à des jeunes dans plusieurs associa- tions, ça me permet d'avoir quelques rentrées d'argent. » Voilà à quoi ressemblait, jusqu'au 17 mars 2020, la vie de ce grand échalas à l'éternel jean délavé, figure de la vie culturelle locale. Depuis, confiné seul dans un petit appartement, il tourne en rond. « Ma vie, c'étaient les copains musiciens, les discussions dans les cafés… Tout cela est mis entre parenthèses et je ne sais pas pour combien de temps. » Faire les courses ? Christophe ou- bliait souvent, mais déjeunait presque tous les midis dans le boui-boui en bas de chez lui, dont « le patron est un pote ». Le soir, c'étaient les endroits où il se produisait qui pourvoyaient à son repas. « Avoir un jour faim et plus un rond pour aller m'acheter à manger, je ne l'aurais jamais imaginé », constate l'ar- tiste, qui explique même avoir « un peu lâché la bride sur ses dépenses », début mars, dans l'espoir de pouvoir jouer en Avignon cet été. « Quand la compagnie m'a appelé pour m'annoncer que tout était annulé, j'ai paniqué. J'étais vrai- ment mal, alors je suis descendu faire un tour. Du côté de la gare, j'ai croisé les SDF à qui je file une pièce et avec lesquels j'ai l'habitude d'échanger quelques mots… Là, c'est moi qui leur ai raconté ma galère. » Ironie du sort, ce sont les « professionnels de la vie à la rue » qui lui ont indiqué la permanence du Secours populaire, la seule distribution alimentaire restée ouverte. Sur le coup, Chris- tophe rigole de cette situation cocasse et rentre chez lui. Mais le lendemain, le ventre vide, il saute le pas et va se placer dans la file des gens qui attendent une aide alimentaire. « L'association se trouve dans le quartier où je donnais des cours… Je redoutais de croiser l'un de mes élèves. Mais au final, tout s'est bien passé : les femmes qui faisaient la distribution m'ont accueilli avec une grande bienveillance, on a même rigolé ensemble. Je me suis senti respecté. J'y reviendrai pour avoir de l'aide, mais aussi, j'espère, pour filer un coup de main. » (*) Le prénom a été modifié. ↑ 10
L'Humanité 100% numérique https://www.humanite.fr/sites/default/files/images/74606.HR.jpg Distribution de denrées alimentaires et de produits d'hygiène organisée à Bor- deaux par l'association Les Enfants de Coluche (Photo : Sebastien Ortola/REA) Parution : Continue Tous droits réservés 2020 L'Humanité.fr Diffusion : 1 963 392 visites (France) - © OJD Internet mars 197d15796ba0b60e628d1eb72408413987f3290fe9a99c81bcfc644 ↑ 11 2020
lundi 27 avril 2020 1568 mots - 6 min POLITIQUE « Faites les pitbulls » : comment Hidalgo prépare le déconfinement de Paris Confinée dans son bureau de l'Hôtel de Ville, la maire de Paris en sursis électoral prépare le déconfinement de la capitale. Et évoque l'après. Le silence et le vide. De longs couloirs dépeuplés et un Hôtel de Ville déserté. Au premier étage, au milieu de son immense bureau avec vue sur la Seine, un masque lui mangeant le visage, Anne Hidalgo finit de prendre quelques notes sur son cahier. On la regarde. On y pense : Fluctuat nec mergitur, autrement dit « Il est battu par les flots mais ne sombre pas ». La devise de Paris est de- venue le mantra de son mandat. Depuis son élection en 2014, la maire de la capitale a affronté les attentats de « Charlie Hebdo » et de l'Hyper Cacher, ceux du 13-Novembre et maintenant la crise du coronavirus. La mort rode toujours, mais Anne Hidalgo ne sombre pas. Elle s'assied au bout de la longue table en verre où trône le téléphone pieuvre noir, l'outil magique de cette épreuve qui se gère en « conf call ». Retire son masque. « Coucou tout le monde, vous allez bien ? » Il est 10 heures et en ce vendredi d'avril, comme tous les matins depuis le début du confinement, la maire de Paris échange avec ses adjoints. Ne laisse rien passer. « On n'aura que dix mille tests sérolo- giques avec nos commandes ? Pour une ville de deux millions deux cent mille ha- bitants ? » Elle ajoute : « Il faut être offensif. On doit obtenir notre autonomie. On achète aux Chinois si les tests chinois sont labellisés. Nos contraintes ne doivent pas être budgétaires. » La consigne passée en souriant à ses troupes : « Faites les pitbulls. » Elle fait le point sur les masques, elle en veut un « grand public » pour chaque Parisien. Se renseigne : « C'est quoi, les tissus certifiés ? » Puis valide une première commande de cinq cent mille pièces. Elle a déjà dis- tribué des dizaines de milliers de masques chirurgicaux aux agents de la ville, aux Ehpad, elle en a donné plus de deux millions aux hôpitaux de l'AP-HP. Car la mairie de Paris a toujours renouvelé ses stocks. Version moderne de « la Cigale et la Fourmi ». Julien Daniel/MYOP pour "l'Obs" Briefing matinal avec l'équipe municipale. Les masques protègent, Paris en a, Paris en distri- bue. L'Etat en manque et privilégie les soignants qui en ont besoin.Mais Anne Hidalgo assume ne pas avoir respecté les consignes du pouvoir en équipant tout son personnel. L'inspectrice du travail qu'elle fut n'est jamais loin. « Quelle que soit la doctrine de l'Etat, nous avons, en tant qu'employeur, la res- ponsabilité, y compris pénale, de ne pas mettre en danger ceux qui travaillent. C'est l'obligation générale de sécurité, les masques en font partie. Le droit pénal n'est pas défini par les autorités. » Obligation légale. Obligation morale aussi pour celle qui est entrée en politique au cabinet de Martine Aubry. Le vertige l'a saisie aux premiers jours du confinement.La mairie de Paris est une énorme machine, et soudain, elle était seule ou presque. Les cinquante mille fonctionnaires ont fondu comme neige au soleil ; une grande partie sont pas- sés en télétravail, et l'Hôtel de Ville ne tourne plus qu'avec dix mille agents sur le terrain. Elle qui a l'habitude d'être très entourée a dû apprendre à tra- vailler en équipe restreinte. Dès les premiers jours, elle a cherché à com- prendre ce qui avait marché ailleurs, en Chine, en Corée du Sud, a regardé de l'autre côté des Pyrénées, dans son Espagne familiale. Elle a appelé Philippe Klein, le médecin français de Wuhan. Des masques, des tests, et l'isolement ↑ 12
des contaminés. Sa doctrine était simple, et l'homme était facile. Il lui a plu. Tout de suite. Tellement qu'elle a appelé Emmanuel Macron, le 21 mars, pour lui conseiller de prendre contact avec lui et de « l'écouter ». Entre ce président qui voulait abolir la droite et la gauche et l'édile qui tient à ses convictions so- ciales-démocrates, rien n'a jamais été simple. La crise du coronavirus n'y change rien. Il se méfie d'elle. Elle se méfie de lui. Ce coup de fil fut leur seul contact, avant la visioconférence du 23 avril entre le chef de l'Etat et plusieurs grands élus. Au fond, avec ce pouvoir, comme elle l'a fait avec le Premier mi- nistre, elle préfère « écrire ». Julien Daniel/MYOP pour "l'Obs" Avec des agents de la ville dans les rues de Paris. Elle a échangé avec Jean Castex, le Mon- sieur Déconfinement, et parle beaucoup avec le préfet de région, Michel Ca- dot, « un homme bien », qu'elle a connu au moment des attentats du 13-No- vembre. Elle est aussi en contact plusieurs fois par semaine avec le préfet de police, Didier Lallement. Leurs rapports ombrageux se sont apaisés. « Il s'est pris un tel coup sur la tête qu'il cherche plutôt des amis que des ennemis », s'amuse un élu parisien. Le préfet a dû notamment revenir sur ses propos ex- pliquant que les patients qui se trouvaient en réanimation n'avaient pas res- pecté le début du confinement... Elle ne voulait pas dépendre de l'Etat et de sa « doctrine fondée sur la pénurie ». Elle est en passe de réussir. Elle a déjà fait tester tous les résidents et les personnels des Ehpad. Elle a ouvert des centres de tests PCR. Les agents de la ville s'y font déjà diagnostiquer. Son Paris du déconfinement est bientôt prêt. Tous les Parisiens auront un masque en tissu, qui sera sans doute fourni en pharmacie. Elle veut « tester massivement » la population, en commençant par les plus fragiles, ceux qui sont en contact avec le public, ceux qui vont reprendre le travail. Elle espère réussir. Elle at- tend que les tests sérologiques soient labellisés et s'impatiente : « C'est flou, on perd du temps. » Pour les six cent soixante groupes scolaires parisiens, elle se pliera à « la consigne globale » du gouvernement, même si elle n'en com- prend pas toujours la logique. Elle aurait trouvé plus juste d'accueillir d'abord les « enfants de la première, deuxième, troisième ligne dont les parents doivent travailler, et ceux qui ont décroché ». Les opposants sont toujours là Le contact lui manque. La politique n'a plus que les mots pour exister. Plus de mains à serrer, de joues à embrasser. Plus de kilomètres à parcourir, de tracts à distri- buer. La campagne électorale est loin. Et pourtant si proche. Les opposants sont toujours là. Rachida Dati multiplie les interviews et fustige « la campagne de Mme Hidalgo » faite d'« actions de communication, d'annonces de gadgets ». Le macroniste Pierre-Yves Bournazel est bien plus mesuré. « Tout n'est pas parfait, je peux émettre des réserves, faire des propositions constructives que la maire reprend parfois, mais les décisions qui s'imposaient ont été prises. » Ce matin d'avril, Anne Hidalgo marche dans le Marais vide. Elle a remis son masque, bientôt elle portera aussi des gants, gestes barrières indispensables à toute visite de terrain comme ce jour-là au Carreau du Temple transformé le temps de la crise en un centre de distribution de nourriture pour les SDF... et pour les habitants du quartier qui n'y arrivent plus. Julien Daniel/MYOP pour "l'Obs" Au Carreau du Temple. Durant le confinement, le lieu accueille des distributions de repas pour les personnes en difficulté. Une maire au combat. Mais en sursis électoral. Au premier tour, le 15 mars, elle a obtenu 30 % des voix, nettement plus que Dati et Buzyn. Nul ne sait quand aura lieu le second. Sa philosophie est simple : « Pour moi, la dernière chose à déconfiner n'est pas la démocratie. » Comme de nombreux maires, elle est favorable au vote du se- cond tour « en juin si la situation sanitaire le permet, ou en septembre ». Mais pas plus tard. Et pas de nouveau premier tour. « Les gens ont voté, on ne peut pas ne pas en tenir compte. On va avoir besoin rapidement d'exécutifs validés par ↑ 13
les électeurs. » L'après ? Pour elle, la santé ne doit plus jamais subir l'austérité, et l'hôpital doit être la priorité. Augmenter les salaires des blouses blanches applaudies tous les soirs, investir « massivement » dans l'hôpital. Renforcer les politiques de « solidarité ». Elle l'avoue : « Je reste une sociale-démocrate convaincue. » Les politiques sont aussi des êtres comme les autres. Le confine- ment a dilaté leur temps. Le soir, quand elle rentre chez elle, Anne Hidalgo lit. Les livres qu'on dévore disent qui on est plus que mille discours. Ces der- niers jours, la maire de Paris s'est plongée dans le programme du Conseil na- tional de la Résistance commenté par Michel Rocard. Retour aux sources de cette deuxième gauche qui fut la sienne. Elle y a puisé l'éloge de la « société du bien-être ». Le retour du « care » si décrié. « Quand on vantait cette attention aux autres, on nous traitait de Bisounours, mais les questions humaines doivent être au premier plan. » Lire Rocard l'a inspirée Elle ne dit pas que tout va chan- ger. Elle ne dit pas que rien ne va changer. Si elle était réélue maire, sa priori- té budgétaire irait « au soutien aux populations qui peuvent basculer, comme les familles en difficulté, les personnes âgées ». La gauche d'après ? Pour elle, ce se- rait un triptyque : école, santé, écologie. Elle pense qu'il faudra « vivre diffé- remment » et espère que « prendre soin des autres ne sera plus caricaturé ». Lire Rocard l'a inspirée. Elle raconte ce que devrait être cette social-démocratie qui « s'est perdue par manque de courage et par une trop grande volonté de res- pecter les gros intérêts privés ». Elle nous tend la perche. Quel rôle veut-elle jouer dans ce camp en reconstruction ? « Je jouerai un rôle parmi d'autres. La pensée politique m'intéresse. » Elle est carrée. N'aime pas l'ambiguïté. Alors elle le clame : « Je ne serai pas candidate en 2022. Je veux être maire de Paris. » Elle ajoute en souriant : « Et l'élection n'est pas finie. » Elle le sera dans quelques semaines ou quelques mois. Les Parisiens auront le dernier mot. par L'obs Parution : Continue Tous droits réservés Nouvel Obs.com 2020 Diffusion : 57 823 466 visites (France) - © OJD Internet mars cb7d35ff6f20dc0ca20015f7cd01d14484a3350f39e0921888c4655 ↑ 14 2020
PARIS ↑ 15
N° 119 mardi 28 avril 2020 Pages 8-9 689 mots - 3 min C. Blauel : « La résilience nous incite à transformer la ville pour la rendre moins vulnérable » Pour l'adjointe à la maire de Paris chargée de la transition écologique Célia Blauel, la résilience a trois piliers : la gestion de crise, la proximité et le soutien des communautés locales, et la capaci- té à transformer la ville. La crise actuelle met en évidence avait très envie que Paris rejoigne la que cela permet de nouer des parte- la notion de résilience des terri- dynamique internationale de son ré- nariats pour approvisionner des can- toires. Comment la ville de Paris seau 100 villes résilientes. Elle a ainsi tines d'école. travaille-t-elle sur la sienne ? financé pendant les deux premières années les deux postes de notre mis- La crise actuelle nous incite à nous Nous avons commencé à travailler sion résilience : celle-ci coordonne interroger sur la façon de réinvestir sur cette notion dès 2014. Nous les programmes, comme celui des l'espace public : comment faire en avions mené une importante étude cours oasis par exemple (qui vise à sorte que chacun puisse s'aérer en sur les effets du dérèglement clima- désimperméabiliser les cours d'école, période de distanciation sociale né- tique à Paris qui nous avait permis notamment). cessaire ? Comment utiliser l'urba- d'identifier les facteurs de rési- nisme tactique ? liences, mais aussi les risques de Cependant, il est fort probable que chocs importants – canicules, cure, cette mission finisse par se fondre Vous insistez également sur l'en- pandémie - , ainsi que les facteurs de dans les services de la mairie : la rési- gagement citoyen ? stress potentiel – dépendances éner- lience est désormais l'affaire de tous. gétique, alimentaire et en eau po- Effectivement. Il est important d'ai- table, perte de biodiversité, etc. Très Comment se construit la résilience der les initiatives qui favorisent la ré- rapidement, ce travail a été rattrapé de Paris ? silience. Ainsi, celle des Hyper voi- par les attentats de 2015 et nous sins, e dans le 14 arrondissement, a avons décidé de travailler à l'échelle La résilience dépend, à court terme, permis aux habitants de nouer tant de tous les sujets susceptibles de tou- de notre capacité à gérer les crises, de liens que, désormais, c'est un cher la Capitale : terrorisme, risque quelles qu'elles soient. Nous avions quartier dans lequel il n'y a plus vrai- de creusement des inégalités so- déjà des dispositifs de crise, nous les ment de personnes isolées : les gens ciales, etc. avons développés. Ainsi, nous avons se connaissent. Animer les réseaux activé très tôt la cellule de crise face locaux permet également d'avoir des à Covid. remontées sur la situation concrète et de mieux faire descendre l'infor- La deuxième étape consiste à trans- mation. Le réseau des gardiens d'im- former la ville pour la rendre moins meubles est à ce titre très précieux. vulnérable. Ainsi, la crue de 2016 Notre lien très fort avec les associa- nous a apporté certains enseigne- tions de solidarité nous a permis ments sur la façon de protéger des d'identifier très tôt le problème d'ali- ouvrages ou infrastructures sen- mentation rencontré par les familles Célia Blauel. © Jgp sibles. En matière agricole, nous me- précaires en raison du confinement. Vous avez même mis sur pied une nons un ambitieux programme pour Cette capacité à être en lien avec les mission résilience ? transformer l'agriculture dans les communautés locales est cruciale aires de captages d'Eau de Paris : ai- pour construire une ville résiliente. ■ Nous avons été contactés dès la fin der les conversions au bio améliore 2014 par la fondation Rockefeller qui la qualité de l'eau en même temps Tous droits réservés 2020 Le Journal du Grand Paris - Newsletter ↑ 16 d772555d65606300d29912472c0111b684035a04d9959c9284e511a
TRANSPORTS - MOBILITÉ ↑ 17
N° 23189 mardi 28 avril 2020 Page 19 837 mots - 3 min ENTREPRISES—TRANSPORT Avis de tempête sur le financement des transports publics Le versement mobilité, payé par les entreprises pour financer les transports en commun, va connaître un trou budgétaire sans précédent.Une conséquence indirecte du recours au chômage partiel, massivement utilisé en France. I l s'appelle désormais, depuis la remboursements d'abonnements in- lescope avec les pertes de recettes récente loi LOM, « versement mo- utilisés. commerciales considérables sur les bilité », et non plus « versement réseaux. On va vers une baisse struc- transport », mais cela ne change turelle de la fiscalité liée au trans- Près d'un milliard et guère l'ampleur de l'impasse budgé- port. Qu'ils s'agisse de contrats de taire qui s'annonce pour cette année. demi en moins délégation de services publics (DSP) Un vrai casse-tête pour les collectivi- ou de régies municipales, dans tous D'où un manque à gagner imposant, tés, en Ile-de-France comme dans les cas de figure, les autorités organi- qui fait déjà l'objet de débats entre d'autres régions, qui comptent large- satrices vont devoir renflouer », pré- les collectivités et les opérateurs de ment sur ce versement mobilité (VM) vient l'ex-député Gilles Savary, dé- transport. « La commission des Fi- pour financer les achats de nouveaux sormais consultant en transport. nances du Sénat, tenant compte du matériels roulants. fait que près de 20 % de la population employée avait été placée en chô- Appel à un fonds de Traditionnellement, sont assujettis à mage partiel, estime que l'assiette du cette contribution tous les em- soutien européen VM pourrait être réduite de 20 % ployeurs des secteurs public et privé pendant six mois », souligne la lettre De son côté, Jean-Marc Zulesi, dépu- qui emploient 11 personnes et plus, spécialisée Mobilettre. « Le VM pour- té LREM des Bouches-du-Rhône et basés en région parisienne ou dans le rait dès lors s'élever à 8 milliards coresponsable de la loi LOM, sou- périmètre géographique d'une auto- d'euros en 2020 (soit 3,9 milliards haite « une compensation au moins rité organisatrice de mobilité (AOM). pour IDF Mobilité et 4,1 pour les partielle par l'Etat » du non-perçu et Destinées à financer les transports en autres AOM), au lieu de 9,4 milliards, anticipe les débats à venir au nom commun, ces sommes sont prélevées soit une perte de 1,4 milliard d'euros. du sauvetage des entreprises : « Il ne sur la masse salariale, via le canal des Ces chiffres constituent un scénario faut pas oublier le versement mobili- Urssaf, dans une fourchette de 0,55 % médian. Dans un scénario pessimiste té dans la relance à venir, ce système à 2 % de celle-ci en province, le taux de réduction de l'assiette du VM de ne doit pas être sacrifié au nom de la s'élevant même à 2,95 % en région 20 % pendant douze mois, la perte relance économique du pays, si l'on parisienne. Les estimations « avant de recettes s'élèverait à 1,9 milliard veut que celle-ci s'accompagne d'une Covid » portaient sur 9,4 milliards d'euros », détaille la même source. mobilisation en faveur des transports d'euros ainsi collectés cette année. collectifs efficaces et propres », dit-il. Une très mauvaise nouvelle pour Mais l'élément qui dynamite depuis l'Ile-de-France, qui a passé com- En France, soulignait l'an dernier le la mi-mars le système, et avec lui ses mande à Alstom et Bombardier de Groupement des autorités respon- recettes prévisibles, est l'instauration nombreux nouveaux RER, futurs mé- sables du transport (GART), le prix du chômage partiel : car ces indem- tros et de bus propres hybrides ou au des transports en commun est, grâce nités conjoncturelles versées par les gaz, mais aussi pour les quelques pe- au versement transport, particulière- entreprises ne sont pas assujetties au tites villes qui ont misé sur les ré- ment bas par rapport aux pays euro- versement forfaitaire sur les salaires, seaux de bus gratuit, comme à Niort péens : il représente un coût moyen pas plus qu'aux cotisations salariales ou Dunkerque. « C'est un coup dur de 31 euros par mois, « soit près de 16 et patronales. Une triple peine, avec pour les autorités de transport ur- fois moins que celui d'une voiture ». la chute vertigineuse de fréquenta- baines mais aussi rurales, qui se té- tion des réseaux de transport et les ↑ 18
Président de Transdev et de l'Union problèmes fiscaux à régler en priori- ticipera au retour de la confiance du des transports publics (UTP), fédé- té. « La fin du confinement ne peut citoyen voyageur vis-à-vis des modes rant les employeurs du secteur, aboutir à un abandon des politiques de transport propres », selon lui. ■ Thierry Mallet en appelle à un fonds en faveur des mobilités douces et col- de soutien européen, en sentant bien lectives et du report modal. En sou- par Denis Fainsilber que les villes vont avoir partout des tenant le transport public, l'UE par- Parution : Quotidienne Tous droits réservés Les Echos 2020 Diffusion : 130 059 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2019 9576E5876990760DE2AC1407770411D585D38C0D990F9F16A171CC2 ↑ 19 Audience : 693 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2017
mardi 28 avril 2020 Page 5 360 mots - 1 min SOCIAL-ECO Les transports franciliens vont devenir « un nid de recontamination » Les élus communistes d’Île-de-France Mobilités alertent sur les dangers d’un retour à la normale dans les transports en commun et dénoncent l’impréparation du gouvernement. Déconfiner 12 millions d’habitants à Baudrier, qui dénonce un calendrier est« impossible d’ici le 11 mai et de- partir du 11 mai revient à faire des de reprise des cours pensé sans prise mande un délai d’au moins quinze transports en commun« un nid dra- en compte de la question des trans- jours supplémentaires »,note Jacques matique de recontamina- ports en commun. Baudrier. Au chapitre des masques de tion »,s’agace Jacques Baudrier.« Si- protection, aussi, le bât blesse. déré »par l’impréparation du gouver- Mais pas seulement.« Le déconfine- Ils« devront être distribués à tous les nement, le conseiller communiste de ment en Île-de-France nécessite des usagers »,soit« un besoin de 2 mil- Paris rappelle qu’« en temps normal, “mesures exceptionnelles” »,com- lions par jour »,affirme Pierre Gar- 5 millions de personnes empruntent plète Pierre Garzon, vice-président zon. quotidiennement le réseau de trans- PCF du conseil départemental du ports en commun de la région ».Ain- Val-de-Marne, également adminis- Dans un tel contexte, concluent les si,« pour faire respecter les distances trateur d’IDFM.« Des pistes cyclables administrateurs communistes de sécurité, il conviendrait de limiter doivent être développées en urgence d’IDFM, le déconfinement de la ré- à un million le nombre de voya- pour offrir une alternative. » gion« devra très probablement être geurs »,poursuit l’élu, par ailleurs ad- repoussé à une date ultérieure »et se ministrateur d’Île-de-France Mobili- Présidée par Valérie Pecresse, la ré- faire« très progressivement ».Il en va tés (IDFM, ex-Stif). Un objectif réali- gion semble avoir pris la mesure de de la sécurité sanitaire des Franci- sable à condition d’une prolongation l’enjeu et envisage de mettre sur la liens, alors que 40 % des malades du obligatoire du télétravail pour tous table 300 millions d’euros pour créer, Covid-19 hospitalisés aujourd’hui le ceux qui le peuvent.« Il ne faut per- à terme, 680 kilomètres de pistes cy- sont en Île-de-France. sonne dans les tours de La Défense clables. Mais parvenir à créer les in- le 11 mai, et pas non plus de collé- frastructures capables de faire circu- Marion d’Allard ■ giens ou de lycéens dans les métros, ler 2 millions de cyclistes quotidiens les bus ou les RER »,poursuit Jacques (contre 400 000 habituellement) par Marion D'allard , Parution : Quotidienne Tous droits réservés Humanité Quotidien 2020 Diffusion : 36 261 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2019 a47cb5346ef08d05d28d16e7760df1ca8643100f290f923db797077 ↑ 20 Audience : 363 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2017
EMPLOI - INSERTION ↑ 21
mardi 28 avril 2020 Édition(s) : Paris, Oise, Seine-et-Marne, Essonne, Val d'Oise… Page 10 947 mots - 4 min _ÉCONOMIE—ECONOMIE « Pas de vague massive de licenciements » La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, nous confie qu’une réflexion avec les partenaires sociaux va s’engager sur les règles de l’assurance chômage P ropos recueillis par Bérangère courts, les intérimaires, les saison- dire ? Lepetit niers qui dans le contexte actuel ne retrouvent pas un nouvel emploi. Nous avons différé toutes les me- Le nombre de chômeurs inscrits à sures afin de protéger les deman- Pôle emploi et sans activité (catégo- Qu’allez-vous faire face à cette si- deurs d’emploi les plus vulnérables. rie A) a fait un bond de 246 100 au tuation ? Nous avons ainsi suspendu jusqu’en mois de mars, pour s’établir à un peu septembre la mesure de la réforme plus de 3,7 millions. Une hausse ja- Comme en avril, nous avons décidé de l’assurance chômage qui revoit le mais vue sur un mois (+ 7,1 %). de prolonger les droits en mai pour calcul de l’allocation pour les tra- les personnes qui se retrouveraient vailleurs alternant contrats courts et La ministre du Travail, Muriel Péni- en fin de droits. Cela concerne plu- périodes de chômage, et qui devait caud, annonce une réflexion avec les sieurs centaines de milliers de per- entrer en vigueur au 1 er avril. Nous partenaires sociaux sur les règles de sonnes. Il va aussi falloir que l’emploi savons aujourd’hui que la crise éco- l’assurance chômage. Au total, l’ef- soit maintenu dans les entreprises nomique est profonde. Mon but est fectif des catégories A, B, C augmente au-delà du chômage partiel. Nous al- d’en limiter le plus possible les de 3,1 % en mars (+ 177 500) mais lons nous y atteler. Il faudra par conséquences. reste stable sur le trimestre à exemple des mesures à destination 5,744 millions et en baisse de 2,9 % des jeunes car chaque année, à partir La réforme de l’assurance chô- sur un an. de septembre, un afflux de jeunes ar- mage est-elle abandonnée ? rive sur le marché du travail. Ils s’in- Muriel Pénicaud quiètent déjà des dettes financière et Non. Nous allons discuter avec les écologique, il faut qu’ils puissent partenaires sociaux des consé- Comment expliquez-vous ce bond avoir des perspectives d’avenir. J’y quences de la crise. On ne peut rien historique du chômage ? veillerai. décider avant d’observer concrète- ment ce qui se passe dans la vie ac- La hausse est très importante, de Quels sont les secteurs les plus tuelle des salariés, des demandeurs l’ordre de 7 % des demandeurs d’em- touchés ? d’emploi. Sans aucun a priori. ploi en catégorie A — donc ceux qui n’ont pas du tout travaillé en mars. Le commerce non alimentaire est af- Doit-on s’attendre à une crise éco- C’est un sujet sur lequel je suis mobi- fecté, bien sûr. Le secteur du bâti- nomique avec des vagues de licen- lisée. Mais il n’y a pas de vague mas- ment travaux public est aussi ciements ? sive de licenciements en France. Le presque à l’arrêt avec 93 % des sala- chômage partiel fonctionne. Dans les riés au chômage partiel. Citons aus- Je suis inquiète pour l’emploi. Cette pays qui n’ont pas ce dispositif, il y si l’hôtellerie-restauration, l’événe- crise va durer. Mais je refuse de faire a des afflux de licenciements, comme mentiel et le tourisme qui font beau- des pronostics. Nous étions il y a aux Etats-Unis, où, en un mois, coup appel aux contrats courts, aux deux mois et demi dans une dyna- 22 millions de personnes ont perdu saisonniers. Mais la digue a tenu sur mique très positive. Nous faisons leur emploi. En France, la hausse est les CDI et les CDD. tout pour éviter les licenciements et liée à une baisse brutale des em- nous nous appuierons sur les atouts bauches à cause du confinement. Vous voulez « adapter » les règles structurels de dynamique de créa- Beaucoup de personnes ne sortent de l’assurance chômage à cette si- tions d’emplois que nous avions pas du chômage : ceux en contrats tuation exceptionnelle. C’est-à- avant mars. ↑ 22
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