Panthéon Assas Le magazine de l'université Paris II - Refedd
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L'UNIVERSITÉ VIE ÉTUDIANTE Assas Environnement, l’association qui fait mentir l’oxymore. D. M. Le témoignage de Tiana Salles, étudiante en L3 : « L’environnement touche désormais tous les secteurs du droit : toutes les compétences brillantes de la première université juridique de France devraient se rassembler pour réfléchir ensemble et proposer le nouveau modèle de société que nous voulons pour demain. » P Active au sein etit bout de femme souriante et respecter soi-même et respecter notre de l’associa- décidée, quelque chose nous dit planète ne sont que des déclinaisons tion Assas qu’on entendra parler de Tiana d’une même dignité. » Environnement, Salles dans les années à venir ; aussi membre du Ré- longtemps sans doute que l’environne- La dignité écologique à Assas a pris seau Français ment continuera d’occuper les débats. les formes d’une première association, « Nous arrivons à un moment de ma- L’Avocatier, créée en 2015 pour propo- des Étudiants turité de la réflexion qui est passion- ser à la vente des fruits et légumes bio- pour le Dévelop- nant, commence Tiana Salles ; lors de logiques locaux à un prix raisonnable pement Durable mon expérience récente à la COP 23, pour les étudiants (10 € pour environ (REFEDD), Tiana il était tout à fait intéressant d’entendre 5 kg de fruits et légumes livrés directe- Salles témoigne traiter des grands problèmes de socié- ment sur le campus et cueillis la veille de son expé- té de manière connexe. Les déséqui- pour le lendemain). La rencontre avec rience à la libres où nos sociétés sont parvenues d’autres étudiants qui réfléchissaient COP 23, de ses ne trouveront de remèdes efficaces et alors de manière concomitante à l’orga- engagements durables que dans l’appréhension glo- nisation de conférences pour sensibili- au quotidien et bale et liée de tous ces phénomènes. ser les étudiants aux problématiques de Quand on met en lumière le fait l’environnement a conduit à la création, lance un appel que, selon les chiffres de la FAO, les peu après, d’une association unique, aux étudiants femmes produisent de 60 à 80% des Assas Environnement, très investie de toutes dis- aliments dans la plupart des pays en sur le campus. « Avec quarante et un ciplines pour développement et sont responsables membres, dont une dizaine très actifs, créer un groupe de la moitié de la production alimen- nous avons pour ambition de toucher de réflexion au taire mondiale, il semble assez évident nos camarades sur des questions essen- sein de notre que la transition écologique ne se fera tielles. Notre parti pris n’a jamais été de université. pas sans une plus grande implication culpabiliser les gens sur leurs pratiques des femmes et, partant, une meilleure ou leur manque d’implication, mais au répartition des tâches et une égalité contraire d’avoir plutôt une approche plus grande entre les deux sexes. Le pédagogique et douce, en essayant de nouvel équilibre est à rechercher à montrer tout d’abord que l’environ- tous les niveaux : respecter autrui, se nement en termes de formation n’est 44 Panthéon-Assas n°7 - Février 2018 - L’université
L'UNIVERSITÉ aujourd’hui plus une option à laquelle on peut choisir de s’intéresser ou non ; l’environnement touche désormais aus- si bien la fiscalité que l’économie, le droit privé que le droit public, il engage des questions de responsabilité, mobi- lise le droit pénal et celui des contrats, mais concerne aussi l’image, la gestion et la communication des entreprises, il intéresse évidemment au premier chef la science politique. Toutes les disci- plines que nous apprenons peuvent être passées au prisme de ce filtre. Une île qui disparaît sous la mer en raison de la montée du niveau des océans, qui est juridiquement responsable de sa disparition ? Comment procédez-vous au dédommagement des popula- tions pour perte de propriété ? Au mo- Tiana Salles devant le ment où l’on évoque la possible per- notre place dans d’autres universi- centre Assas avec les sonnification juridique des robots, de tés plus traditionnellement orientées membres fondateurs de l’Avocatier. l’animal ou de la nature (NDLR. Cf.dans vers ce genre de combats et d’idéo- Photo Assas Environnement ce numéro l’article pp.50-54 sur le pre- logie mais, précisément, nous vou- mier rendez-vous du séminaire annuel lons montrer que l’environnement du Laboratoire de Sociolo- n’est plus un engagement gie juridique consacré, en connoté politiquement 2018, à cette « flexible no- Le nouvel équilibre est ou socialement, l’envi- tion » juridique qu’est La à rechercher à tous ronnement n’est plus une personne), existe-t-il des les niveaux : respecter affaire de choix person- droits fondamentaux atta- chés à l’environnement ? autrui, se respecter soi- nel. Et c’est justement au cœur même de cette uni- Doit-on intégrer le prin- même et respecter notre versité aux intelligences cipe de précaution dans planète ne sont que si brillantes que nous ces droits fondamentaux ? des déclinaisons d’une voulons faire entendre Et si oui, jusqu’à quel même dignité. un message positif : loin point peut-on appliquer de nous désoler de la ca- le droit à vivre dans un environnement tastrophe climatique annoncée et de non pollué, je pense par exemple à la tous les changements sociétaux par- gestion des suites de pics de pollution fois périlleux auxquels nous sommes scientifiquement constatés dans les confrontés, nous voulons considé- grandes métropoles ? » rer cela comme une chance à saisir pour proposer, nous, générations Si Tiana Salles s’amuse de ma vision nouvelles, qui serons demain chefs oxymorique des choses, comme si d’entreprise, juristes, avocats, juges, « Assas » et « environnement » n’al- décideurs politiques, économistes, laient pas tout à fait de soi, elle n’en qui nous occuperons de légiférer, de insiste pas moins sur ce qui fait pré- lobbyer, de voter, d’informer…, la so- cisément, selon elle, le nerf de cette ciété qui nous paraîtra globalement guerre : « On pourrait en effet nous plus équitable et mieux équilibrée. Il objecter que nous aurions davantage ne s’agit pas d’angélisme ni de naïve- Panthéon-Assas n°7 - Février 2018 - L’université 45
L'UNIVERSITÉ té mais qui, mieux sa vie profession- que nous, aux res- nelle ; tel autre ponsabilités que au contraire s’in- nous occuperons téressera de ma- demain, et avec nière très savante les connaissances et théorique au juridiques, éco- droit de l’environ- nomiques, finan- nement mais ne cières, gestion- sera pas dérangé naires, etc., que de manger sa sa- nous sommes en lade au restaurant train d’acquérir, du Crous dans pourra prendre une barquette en en charge de ma- plastique qu’il jet- nière intelligente tera… et pratique ces questions fonda- Que pou- mentales ? » vons-nous faire alors concrète- Le message a le ment au quotidien mérite d’être non sur nos différents seulement clair Journée vélo-smoothie au centre Assas. campus ? « Avec mais plutôt inspi- Photo Assas Environnement une population rant. On en regretterait presque de de plus de 10 000 étudiants, profes- n’avoir plus vingt ans ! À l’image du seurs et personnels administratifs, As- nuage radioactif de Tchernobyl qui sas c’est déjà une petite ville », sourit commettait l’affreuse indélicatesse de Tiana Salles, qui souligne toute l’im- ne pas s’arrêter aux frontières, l’en- portance du soutien qu’apporte déjà vironnement s’appréhende donc de l’université à ces démarches. Mais manière globale, mondialisée, cela on ne risque rien à rêver de davan- nous touche tous, nous concerne, tage encore… De l’introduction de que nous en soyons déjà conscients menus végétariens ou vegan dans les ou non. « C’est étonnant, s’amuse Tia- restaurants du Crous (en attendant ce na Salles, de voir combien chacun a monde meilleur où une politique des un rapport assez irrationnel encore à marchés publics bien comprise n’obli- ces questions. gera pas les administrations à aller Voilà pour- acheter leurs pommes moins cher en Nous avons une société à réinventer alors que quoi aussi il Roumanie plutôt que chez l’agricul- certains des modèles que nous connaissons sont convient de ne teur bio local), au réglage par défaut arrivés en bout de course. Qui mieux que notre jamais brusquer de toutes les imprimantes et photoco- université peut réunir autant de compétences ni culpabiliser pieuses de l’université sur recto-ver- quiconque par so, en passant par le choix de moteurs pour inventer les modèles de demain ? des messages de recherche plus « écologiques » sur d’injonction. chaque poste informatique, la forma- C’est complètement inutile et contre- tion à la suppression des méls non productif. Mais tel pratiquera assidu- indispensables à conserver (« Tout ment le tri sélectif sans pour autant cela est stocké sur de gigantesques voir que sa connaissance du droit fis- disques durs qui nécessitent de non cal peut aussi lui permettre d’envisa- moins gigantesques systèmes de re- ger d’agir pour l’environnement dans froidissement, énergivores ; il faut sa- 46 Panthéon-Assas n°7 - Février 2018 - L’université
L'UNIVERSITÉ voir que tous les méls que l’on garde cation officielle des responsables et L’environnement en ont une empreinte carbone non né- à un plus grand engagement encore gligeable. »), la collecte des stylos de la part des professeurs : « Les pro- termes de formation et des cartouches d’imprimantes, le fesseurs sont directement en contact n’est aujourd’hui plus recyclage bien évidemment et le tri avec les étudiants et exercent une très une option à laquelle sélectif (« à condition que toutes les grande influence sur eux ; que l’un on peut choisir de poubelles ne soient pas mélangées à d’eux décrie ironiquement certaines s’intéresser ou non ; la fin ! »), et jusqu’à l’équipement de pratiques ou réflexions, et ce sont des l’environnement touche machines à café à détection de tasse mois de travail de sensibilisation qui s’effondrent. Il est tellement désormais aussi bien la important que les profes- fiscalité que l’économie, seurs prennent conscience le droit privé que le que l’environnement est droit public, il engage déjà entré au cœur des ma- des questions de tières qu’ils enseignent ! Je responsabilités, mobilise crois aussi que ce sont des questions passionnantes le droit pénal pour des étudiants, l’actua- et celui des contrats, lité offre tant de cas pra- mais concerne aussi tiques sur lesquels exercer l’image, la gestion et nos connaissances, nos la communication compétences et nos intelli- des entreprises, gences. » il intéresse évidemment L’appel est donc lancé à au premier chef la l’ensemble des Masters de science politique. l’université pour constituer un groupe de réflexion et proposer ensemble des so- lutions sous la bannière de Panthéon-Assas. « La réalité est, cela se fera avec nous La Présidente d’Assas Environnement, Camille Haynault. ou sans nous, mais cela se Photo Assas Environnement fera. Nous avons une socié- té à réinventer alors que cer- qui permettent de venir avec sa tasse tains des modèles que nous connais- et de surseoir à l’infâme gobelet en sons sont arrivés en bout de course. plastique… autant de pistes que nous Qui mieux que notre université peut nous empressons de suggérer ici aux réunir autant de compétences pour F Retrouvez assasenvironnement responsables des administrations inventer les modèles de demain ? » sur Facebook et Instagram concernées qui auront très à cœur de mettre en avant ainsi le Programme Vert de l’université. Au-delà des changements d’habitu- des, dont Tiana Salles reconnaît ai- sément qu’ils sont les plus difficiles à mener tant nos petites pratiques et gestes quotidiens sont ancrés, il reste important d’appeler à une communi- Panthéon-Assas n°7 - Février 2018 - L’université 47
Retrouvez #UP2PA sur Pour que vos photos figurent dans le prochain numéro du magazine, mentionnez @universiteparis2pantheonassas et « taggez »#Pantheonassasmagazine et #UP2PA. La direction de la communication se réserve le droit de sélectionner les photos. Et oui, nous aussi, nous pratiquons le Takeover. Dans ce numéro, c’est @assas.environnement qui prend la main pour la bonne cause. À suivre ! Repost @assas.environnement
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