PATIENT SAFETY REPORT - TOWARD EXCELLENCE IN HEALTHCARE - COVID 19 - Anesthesia Safety Network
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PATIENT SAFETY REPORT RAPPORT TRIMESTRIEL Newsletter #015 - avril 2020 EDITION COVID 19 SPÉCIALE TOWARD EXCELLENCE IN HEALTHCARE
INTRODUCTION Patient Safety Report Newsletter #015 - avril 2020 La crise sanitaire occasionnée par la pandémie COVID 19 est sans précédent. Elle mobilise tous les acteurs du système de santé et au-delà. Cette pandémie a conduit de nombreux soignants à travailler en dehors de leur “zone de confort”, souvent au sein d’équipes recomposées et dans des environnements inhabituels. Cette pandémie a sans aucun doute renforcé les échanges entre les soignants et les personnels administratifs, rassemblés autour d’un objectif commun : soigner un afflux massif et prolongé de patients graves malgré un environnement dégradé, et soigner avant tout. Pour nous tous, cette pandémie occasionne un stress majeur. Afin de pallier la complexité de ces nouvelles activités, de nombreux acteurs ont été force de propositions et de multiples solutions ont ainsi émergé en un temps record. La communauté soignante au sens large a fait preuve d’une résilience et d’une créativité inédites aux plans matériel, technologique mais également organisationnel. Cette adaptation organisationnelle a conduit à repenser certaines procédures et identifier ce qui est nécessaire et suffisant - pas plus pas moins - ce qui a mené inévitablement à un dépouillement salvateur: quel est l’objectif et quelle est la philosophie générale de notre système de santé ? Soigner les patients ! Bien que la mission soit complexe, cette situation nous contraint à rester simple et rechercher les solutions pragmatiques. Patient Safety Report Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/ 2
Newsletter #015 - avril 2020 KISS : KEEP IT SIMPLE AND STUPID ! Dans cette newsletter, nous avons fait le choix de partager les retours d’expérience liés au COVID 19. Ces retours d’expérience proviennent de soignants (infirmiers, chirurgiens, anesthésistes-réanimateurs, pharmaciens...) et de personnels administratifs. SOIGNER AVANT TOUT L’essence du retour d’expérience est de conserver des traces et de créer du lien entre les différents corps de métier des établissements de santé, managers et acteurs de première ligne en particulier. Nous présentons quelques initiatives ou expériences qui ont eu l’objectif de répondre à un besoin : rassembler des recommandations à jour en un endroit facilement accessible et dans un format opérationnel, tester une procédure en simulation et en proposer des points d’amélioration, mettre de nouveau en avant les outils de phraséologie afin de limiter les erreurs de communication, etc. Le Clinical Human Factors Group (CHFG) de Martin Bromiley nous a également sollicité pour traduire leur aide mémoire sur les points essentiels à renforcer afin de travailler en équipe de manière efficace et sûre. Nous avons choisi d’illustrer des retours d’expérience qui nous ont été faits avec certaines parties de cet aide mémoire, que vous trouverez dans son intégralité à la fin de cette newsletter. Après avoir lu cette newsletter, n’hésitez pas à nous partager votre point de vue. ● Comment ont évolué les rapports entre les différents acteurs ? ● Quels sont les succès rencontrés et les points qu’il faudra améliorer ? ● Que retiendrez-vous de cette crise ? Merci à vous tous pour vos partages et votre engagement. De cette expérience collective, gardons ensemble les traces de ce qui pourra améliorer demain notre système de santé. Bonne lecture ! Frédéric Martin & François Jaulin Patient Safety Report 3 Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/
Patient Anesthesia Safety Safety Report Network “INCLURE LES COMPÉTENCES DE TOUS“ AU COURS D’UN BRIEFING REX D’UN MÉDECIN ANESTHÉSISTE-RÉANIMATEUR Plan Blanc activé. En quelques heures, nous transformons notre SSPI en réanimation éphémère. Organisation des nouveaux postes, recherche d’une ergonomie optimisée, nous devons composer avec des équipes de soignants constitués hâtivement. Depuis 3 jours, nous attendons le premier patient. L’envie d’en découdre est là mais également le stress. Serons-nous à la hauteur ? Nous recevons un appel du SAMU pour une première admission. C’est parti ! Afin de “briser la glace” et préparer l’équipe, j’organise un briefing. Les regards sont fuyants et les visages masqués laissent deviner l’angoisse. Je verbalise que nous sommes stressés, hors de notre zone de confort. Chacun se présente et partage ses expériences passées en réanimation soulignant les compétences des aides soignantes et les encourageant à partager avec nous leur savoir. Nous définissons l’organisation de l’accueil du premier patient COVID en donnant les objectifs de cette “mission”. Nous verbalisons les risques (extubation du patient, chute, arrachage de voies veineuses, pertes d’information). Nous inscrivons sur nos blouses avec un sparadrap notre prénom, notre poste. Un soignant est désigné comme responsable de la surveillance de cette admission. Le patient arrive. Patient Safety Report Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/ 4
Newsletter #015 - avril 2020 REX D’UNE TRANSMISSION L’équipe du samu arrive en salle de réveil et relèvent les étiquettes sur les blouses trouvant cette technique intéressante. Ils envisagent alors de l’utiliser également car leurs surblouses dissimulent leur poste respectif. L’IDE désignée pour surveiller le transfert est au bord du lit. Elle se retrouve sollicitée pour faire des actions. Elle quitte alors inconsciemment la surveillance du scope et des différents tuyaux. Nous le remarquons ensemble et corrigeons ce problème. Malgré tous les efforts, les tubulures et tuyaux sont emmêlés. Je demande à l’équipe de tout mettre au clair en les aidant et en spécifiant que cela permet de localiser facilement la voie veineuse pour injecter un médicament en cas d’urgence. Nous remarquons qu’habituellement les transmissions avec le SAMU peuvent être “tendues”. En cette période, la bienveillance et la cohésion des soignants rend cet échange constructif et moins angoissant. Il existe des outils (aides cognitives) qui permettent de fiabiliser les transmissions entre soignants. Nous avons développé sur MAX by MEDAE une aide dynamique COVID-19 : transmission entre soignants (https://www.medae.co/fr/) Qui est qui ? Qui fait quoi ? Sous les équipements de protection, il n’est pas tou- jours facile d’identifier les membres de votre équipe. Pour la communication, la répartition des tâches, sa- voir “qui est qui” et “qui peut faire quoi” peut être très utile. Une solution relativement simple et bon marché existe pour pallier à ce problème : identifier votre fonction et votre prénom par lequel on vous appelle à l’aide d’un marqueur… Crédit : Ciara Mc Kenna https://twitter.com/paramedicciaran/sta- tus/1243123637777043456?s=20 Some learning from the first few @NISTAR_HSC #CO- VID19 critical care transfers - recognising colleagues & communicating with them can be difficult. The team now write their name & role on aprons at their briefing prior to completing the transfer Patient Safety Report 5 Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/
Patient Anesthesia Safety Safety Report Network Credit : Chanikarn Thongsupa REX D’UN DÉBRIEFING ET D’UNE TRANSMISSION ENTRE 2 ÉQUIPES DÉCOUVRANT UNE ACTIVITÉ DE RÉANIMATION Première relève entre soignants après l’arrivée du premier patient. Je demande à l’équipe “sortante” de transmettre les informations à l’équipe “entrante” ainsi que leur retour d’expérience. Cela permet de valoriser les actions de chacun et de réfléchir collectivement à ce qui pouvait être amélioré. Ce temps a été très apprécié et a permis de mettre en confiance les nouveaux intervenants renforçant la cohésion du groupe et l’esprit bienveillant. L’accueil du patient suivant a été plus fluide avec une aide soignante qui s’est mis en retrait et a verbalisé les problèmes. La responsabilité qui lui a été donnée, a nivelé vers le bas le gradient hiérarchique et a servi d’exemple pour encourager chacun des membres à verbaliser ses préoccupations. De même, les demandes de prélèvements ont été plus rapidement exécutées car anticipées et comprises. Une des aide- soignantes très en retrait au début de sa vacation est devenue force de proposition car valorisée par le temps de présentation individuel (expérience en réanimation il y a 2 ans). Elle a ainsi contribué au partage de connaissance en terme de nursing et de soins. Patient Safety Report Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/ 6
Newsletter #015 - avril 2020 REX D’UNE IDE DE SALLE DE RÉVEIL TRANSFORMÉE EN RÉANIMATION A peine après avoir achevé les transmissions jour/nuit, le 2ème patient arrive. Les filles de jour avaient préalablement fait une feuille de point d’amélioration. Elles nous avaient prévenu des «couacs» ce qui nous a permis de ne pas faire les mêmes erreurs. J’ai personnellement bien vécu ma 1ère entrée. Le SAMU a été compréhensif sur notre manque de compétences. Un grand merci à eux et surtout au médecin « réanimateur éphémère ». Il s’est mis à notre niveau, nous a bien expliqué, pas jugé. Du coup aucun stress. Et ça c’était très important. Les conditions difficiles du travail (ne pas boire, ne pas aller aux toilettes, le masque qui fait mal) prennent pour l’instant le dessus sur la difficulté de la prise en charge d’un malade de réanimation. Il faut aussi s’adapter au personnel soignant nouveau. Apprendre à se connaître, prendre le temps de les former. L’équipe de salle de réveil connaît les locaux, où se trouve le matériel. Ce n’est pas le cas de tout le monde. C’est aussi ne pas oublier que ses collègues sont parfois perdus contrairement à nous. Il faut de nouveau apprendre à avoir confiance en des personnes qu’on ne connaît parfois même pas. Cela ajoute une autre difficulté. Il y a la fatigue physique, mais aussi mentale. Les points positifs notés sont une bonne organisation, une bonne anticipation. Nous avons oublié que le patient était infecté par le COVID. L’équipe nouvellement constituée avait une bonne cohésion. On a eu le temps de chouchouter les patients, les masser, leurs parler. Cela a été très important car on sait qu’en cas de décès, la famille ne verra pas le corps, et que le patient partira seul.... (Cela peut paraître secondaire dans cette crise, mais tant que c’est encore possible, je trouve que c’est important de continuer de prendre soin du patient et de garder le côté humain). Je pense aussi, que de chouchouter au maximum le patient, nous aidera psychologiquement à affronter le pire. Concernant ce que nous pourrions améliorer, j’ai relevé les précautions des gestes barrières. Il est très compliqué de penser à tout. Nous n’avons pas encore le réflexe du changement de gants, de mettre un tablier entre chaque patient. On fait beaucoup d’erreurs... Le côté protection a été pour moi le plus compliqué à gérer. C’est réfléchir tout le temps, c’est penser à tous ses moindres gestes. Travailler avec un nouveau matériel a été également difficile. Par exemple, pour les prélèvements sur cathéter artériel, on ne connaissait pas ce type de cathéter. Chaque établissement a ses dispositifs. En plus de s’adapter à un nouveau métier, à une nouvelle organisation, à de nouvelles conditions de travail, il faut aussi s’adapter aux nouveaux matériels, à différents respirateurs. C’est une gymnastique intellectuelle épuisante. Pas assez de bras pour faire la toilette aux patients, pour la prévention anti-escarre du sacrum. En salle de réveil, quand je rentre chez moi, je ne ramène pas le travail avec moi. En réanimation, étant donné qu’il y a une équipe de nuit et de jour, des transmissions, j’ai remarqué que j’avais ramené le boulot chez moi (Ai-je bien transmis cela ? Ai-je bien fait cela ?). Pour finir, j’ai bien vécu cette nuit, très formateur. On a donné le meilleur de nous-même. Pourvu que ça dure.” Patient Safety Report 7 Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/
Patient Safety Report REX D’UN CHIRURGIEN CARDIO-THORACIQUE BRITANNIQUE DEVENU INFIRMIER DE SOINS INTENSIFS Jusqu’à il y a deux semaines, j’étais chirurgien thoracique à l’hôpital universitaire James Cook, mais au moment où j’écris ces lignes, je commence un service de nuit en soins infirmiers, dans une unité de soins intensifs cardiologiques prenant en charge des patients ventilés. Je suis loin d’être un infirmier diplômé en soins intensifs, bien qu’ayant une expérience lointaine en tant qu’interne dans notre unité de soins intensifs jusqu’en 2012, date à laquelle j’ai pratiquement cessé de passer du temps ici. Comment ai-je donc été formé à cette tâche ? Le 19 mars, pendant une garde de 12 heures, je me suis associé à l’infirmier responsable de la formation dans cette unité de soins intensifs et j’ai fait exactement ce qu’il m’a dit. J’ai observé la routine, comme la réalisation des gaz du sang, la préparation du propofol et du fentanyl, le retournement du patient toutes les 4 heures, les soins bucco-dentaires, l’administration de médicaments via la sonde nasogastrique, et bien sûr, la gestion du ventilateur et la sonde d’intubation oro-trachéale. J’ai été plus gênant qu’utile ce jour- là... et Jim, mon formateur, ne dira pas le contraire ! Le 23 mars, j’ai fait une autre garde de 12 heures avec le second formateur. Cette fois-ci, je me suis senti beaucoup plus confiant. Je dirais que je pouvais faire 60% du travail nécessaire pour m’occuper du patient ventilé en toute sécurité... bien que j’admette avoir saboté les soins avec quelques mauvaises erreurs ! Puis, le 24 mars, en raison du manque de personnel, j’ai cessé d’être surnuméraire et j’ai intégré l’équipe afin de garder les lits ouverts avec Jim qui s’est occupé du patient à côté de moi, et cela s’est plutôt bien passé. Puis hier, j’ai fait une garde en solo complet pour m’occuper d’un patient sous ventilation assistée par CPAP en commençant à le sevrer. J’ai eu l’impression que cela s’était bien passé aussi. Ce soir, ce sera ma troisième garde d’infirmier. Ils ont besoin d’une garde de nuit de 12 heures, car nous avons quelques infirmières infectées par le coronavirus en arrêt maladie. Je vais faire une semaine de nuits la semaine prochaine. La NHS prévoit d’augmenter le nombre de lits de patients ventilés et l’équipe d’infirmières de l’unité de soins intensifs travaillant 24 heures sur 24 pour créer une «armée de réserve» de personnes pouvant être mobilisées pour s’occuper en toute sécurité de ces patients ventilés. Notre équipe des soins intensifs dispense désormais une formation quotidienne aux infirmières du bloc opératoire, aux aides opératoires, aux infirmières qui ne travaillent pas en soins intensifs. Tout le monde est le bienvenu, en particulier les cliniciens de tous types qui sont moins occupés que d’habitude en raison de l’arrêt de leur activité spécifique. J’ai été très heureux d’être accueilli aussi chaleureusement dans cette unité de soins intensifs. Je continue d’apprendre mais je ne serai jamais aussi compétent que nos infirmières à plein temps. Je me sens maintenant prêt à travailler en équipe sans trop déranger notre personnel à plein temps avec des questions ! J’ai appris à quel point c’est un travail difficile et j’ai aussi appris l’énorme quantité de soins qu’ils prodiguent pour assurer la sécurité d’un patient sous ventilation mécanique. C’est vraiment un travail à plein temps que de s’occuper d’un patient ventilé (mobilisations toutes les 4 heures, hygiène du patient, soins buccaux, nutrition, soins des cathéters, vérification de la pression du ballonnet de la sonde d’intubation, gestion des bilans sanguins et gaz du sang, administration sûre de médicaments en IV). Ce sera vraiment un grand défi de maintenir le ratio d’une infirmière pour un patient pendant cette crise COVID. J’espère qu’avec de nombreux autres «réservistes», nous pourrons fournir des soins aussi fiables qu’en temps normal ! Bravo à tous ceux qui se mettent à la hauteur au sein de la NHS en ces temps difficiles. Joel Dunning Consultant Thoracic Surgeon Department of Cardiothoracic Surgery James Cook University Hospital Marton Road Middlesbrough www.joeldunning.co.uk Surgeon turned Nurse - Joel Dunning @joeldunning Patient Safety Report Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/ 8
Newsletter #015 - avril 2020 QUELLE SITUATION SINGULIÈRE D’ÊTRE CHIRURGIEN AU COURS D’UNE PANDÉMIE VIRALE ! Nous, chirurgiens, sommes des médecins dont la singularité est de réaliser des actes invasifs qui peuvent avoir des conséquences sur la qualité de vie voire la vie elle-même de nos patients. Cette singularité fait que nous avons, d’autant plus avec l’expérience, une position particulière dans nos relations avec le corps paramédical et médical. Nous menons les débats, nous mettons en place les stratégies diagnostiques et thérapeutiques, nous décidons, nous ordonnons etc... Bref nous sommes les Leaders ! Cette pandémie du Coronavirus change totalement les rapports au sein des groupes professionnels (paramédicaux et médicaux). Nous nous trouvons confrontés à une affection d’une sévérité incroyable pour laquelle la qualité de chirurgien est complètement inutile pour aider les patients. Le chirurgien dont la position est souvent celui du «sauveur», devient un simple pion. C’est à ce moment là, que le sentiment qui nous a poussé à devenir médecin avant d’être chirurgien ressurgit, l’envie d’aider son prochain et de soulager sa souffrance. Ceci quelle que soit la position occupée dans le dispositif d’urgence mise en place. Spontanément nous sommes donc passés de Leader habituel, «naturel», à Suiveurs, des exécutants au gré des besoins et de l’évolution de la crise. Plusieurs paliers : limiter au maximum, voir arrêter, notre activité chirurgicale ; fermer des unités de chirurgie pour mobiliser les ressources (humaines et matérielles) vers d’autres secteurs, se former aux règles d’hygiènes, se former aux éléments clés de la surveillance et du diagnostic de ces patients, se mettre sur les tableaux de gardes des urgences pour l’orientation (triage), mais aussi être mobilisable pour renforcer le pool de nos brancardiers, aide-soignantes ou infirmières. Cette position inhabituelle, très en retrait, permet aussi d’avoir une autre vision sur le fonctionnement du groupe des «nouveaux» leaders de cette crise. Assister en tant que suiveur aux différentes réunions de crises permet de toucher du doigt certains côtés négatifs : manque de pragmatisme, défaut de communication («ils se parlent mais ne s’écoutent pas»), effet «tunnel» des différents leader en fonction de leur spécialité, influence du contexte sur les relations, etc... Nous sommes unis dans un but commun : lutter contre ce fléau quel que soit notre position. Cependant nous ne pouvons pas oublier nos malades habituels qui ne doivent avoir de perte de chance liée à cette situation exceptionnelle. Fabrice Muscari Professeur de Chirurgie Digestive CHU Rangueil, Toulouse Credit : Karolina / Kaboompics Patient Safety Report 9 Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/
Patient Safety Report REX D’UNE PHARMACIENNE HOSPITALIÈRE Il a fallu faire preuve d’une grande réactivité et d’une grande adaptabilité pour subvenir aux besoins des soignants dans un contexte de réorganisation des unités de soins, à multiples reprises. Avec d’une part une augmentation des besoins courants ou exceptionnels et d’autre part de nouveaux besoins en médicaments et dispositifs médicaux, notamment en soins critiques ou palliatifs, ou pour des traitements spécifiques du COVID, souvent en cours d’expérimentation. Le plus difficile, mais aussi le plus intéressant, est de rationaliser ces besoins dans un souci à la fois d’harmonisation des pratiques et d’optimisation pour faire face aux pénuries existantes ou à venir. Une fois les besoins définis, il a fallu justement s’approvisionner, avec un suivi quotidien des stocks, en lien avec les fournisseurs. Malgré le contexte chaotique, notre rôle est de veiller aussi à maintenir un niveau de sécurité maximal, en s’assurant par exemple que les modifications apportées dans les dotations des services étaient maîtrisées par les équipes, avec un niveau d’information et d’identification adéquats. Tout ceci s’est fait en lien avec les professionnels concernés, sur la base des informations partagées chaque jour en cellule de crise et/ou en groupes de travail. La qualité de la coordination a permis jusqu’à présent des échanges multidisciplinaires permettant à chacun d’anticiper ou de réagir sur les besoins et les évolutions à prendre en compte, tant sur le plan organisationnel que technique, sans oublier les facteurs humains. La place transversale du pharmacien est ainsi une richesse pour apprécier une vue globale de l’organisation sur l’ensemble de l’établissement et s’adapter au fur et à mesure, tout en contribuant à la fluidité des circuits. Par ailleurs, face à la vision parfois individualiste ou partielle de certains, le pharmacien est souvent à l’initiative de réflexions collégiales pour suivre au mieux les recommandations. Notre activité est complètement modifiée, même s’il faut poursuivre chacune de nos missions. Cette période est ainsi l’occasion de découvrir d’autres facettes des professionnels dans tous les métiers et tous les services : on se rend compte de ceux qui mènent, ceux sur lesquels on peut s’appuyer, ceux qui se découvrent de nouvelles compétences, ceux qu’il faut rassurer, ceux qui ne comprennent pas les enjeux, ceux qui fuient. Il faut en tenir compte pour avancer et maintenir la cohésion, facteur clé pour tenir tout au long de la crise et en sortir plus fort. Stéphanie Le Poole Centre Hospitalier Rives de Seine Patient Safety Report Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/ 10
Newsletter #015 - avril 2020 REX D’UNE DIRECTRICE ADJOINTE TERRITORIALE La situation actuelle au sein du GHT Saône et Loire Bresse Morvan (Bourgogne) m’a brusquement fait penser à Usain Bolt. Quel rapport me direz vous ? Et bien souvenons-nous de son record du monde sur 200m à Berlin en 2009. 19 s et 19 ms ! Incroyable. Imaginerions nous que l’athlète puisse reproduire sa performance le jour d’après et encore le jour suivant, puis encore le jour suivant ? Pourtant, c’est exactement ce que nous (collectivement, socialement) demandons à l’ensemble des soignants et des hospitaliers, particulièrement en ce moment mais plus globalement depuis plus de 20 ans. Nous leur demandons d’être des champions du sprint et du marathon : assurer des actions rapides, efficaces, nombreuses, techniques, précises, chirurgicales si j’osais dire, mais aussi de tenir dans la durée, sans vision d’ailleurs de celle-ci... comme un marathon dont on ne connaîtrait pas la distance au départ de la course. Le plus déstabilisant est notre aveuglement collectif : pour filer la métaphore sportive, nous sommes capables de nous émouvoir du calendrier très serré de compétition d’un footballeur professionnel et de ne pas voir cette situation à l’hôpital. Pour ma part, je porterai ce message avec force dans les mois à venir en espérant qu’une fois la compétition passée, nous ne retombions pas dans la crise quotidienne, un peu comme des mauvais jeux olympiques dont il faudrait éponger les dettes. Credit : Ashkan Forouzani Isabelle GAUME, Directrice Adjointe Territoriale, GHT Saône et Loire Bresse Morvan RÉCUPÉRATION D’UNE ERREUR DE DIAGNOSTIC Voici l’histoire d’un patient de 44 ans, fumeur sans autre antécédents, sans notion de contact si ce n’est une épouse médecin généraliste qui a traité des patients suspects COVID mais qui elle, est asymptomatique. Il présente toux et fièvre depuis 3 jours. Son épouse le trouvant dyspnéique va chercher son saturomètre: il a 88% de saturation. Il est donc conduit aux urgences en soirée pour suspicion COVID, mis sous oxygénothérapie Credit : Karolina / Kaboompics et prélevé. Le lendemain, le résultat revient négatif: il est renvoyé à domicile, sans explication, sans oxygène, sans arrêt de travail et sans consigne! Son épouse lui prescrit des antibiotique devant la suspicion d’une pneumopathie bactérienne hypoxémiante et le patient récupère en quelques jours. En temps d’épidémie il faut garder en tête la possibilité des faux négatifs et ne pas oublier de traiter les pneumopathies infectieuses non COVID… Patient Safety Report 11 Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/
Patient Safety Anesthesia Report Safety Network Quand faire confiance à notre intuition ? Il est des situations dans lesquelles la solution nous vient automatiquement. Notre sixième sens nous guide alors dans nos décisions. Mais le résultat n’est pas toujours à la hauteur de nos attentes. Qu’est-ce qui fait que notre intuition est plus ou moins performante ? Afin de déterminer dans quelles situations nous pouvons nous fier à notre intuition, intéressons-nous aux travaux de deux psychologues, Gary Klein et Daniel Kahneman. Le premier nous dit que « Des experts en situation dynamique prennent des décisions intuitives efficaces », alors que le second nous dit : « Méfiez-vous du fonctionnement automatique de votre cerveau, notamment en matière de prise de décision, car il est entaché de nombreux biais ! » Dès lors, qui croire ? Klein et son modèle du Recognition-Primed Decision (RPD), ou Kahneman et sa théorie des Biais et Heuristique ? Bonne nouvelle : ces deux spécialistes de la prise de décision ont accordé leurs violons dans une publication commune d’octobre 2009 intitulée « Les conditions d’une intuition experte ; Comment nous n’avons pas réussi à rester en désaccord. » Ils listent les trois conditions nécessaires nous permettant de nous appuyer sur notre intuition : · un environnement suffisamment régulier pour être prévisible ; · la possibilité d’apprendre de ces régularités grâce à une pratique durable ; · un feedback rapide et clair suite à l’implémentation de la décision. Ils font donc référence à des situations rencontrées souvent, et qui nous ont fourni un retour clair et rapide quant à nos succès et nos échecs, de manière à nous permettre de nous adapter pour les occurrences futures. Si ces conditions ne sont pas réunies, notre intuition pourra nous jouer des tours. Dès lors, dans un environnement incertain ou une situation inédite, si une idée intuitive nous vient à l’esprit, il est utile de la valider en ayant une réflexion du type : · « Qu’est-ce que ça pourrait être d’autre ? » · « Quel est notre objectif ? » · « Quelles sont nos options et les risques associés ? » · « Le résultat est-il conforme à nos attentes ? » Enfin, se poser 5 fois d’affilée la question « Pourquoi ? » est un bon moyen d’explorer nos certitudes, afin de les confirmer ou de les invalider. En cette période plus que particulière, rappelons-nous que notre expertise peut être mise à mal, et apprenons à nous méfier de nos intuitions. Guillaume Tirtiaux, Auteur de Mieux Réussir Ensemble Patient Safety Report Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/ 12
Newsletter #015 - avril 2020 HISTOIRE D’UN SITE HISTOIRE D’UN SITE HTTPS://COVID.COM-SCAPE.FR/ Le 20 Mars, un collègue de réanimation (Dr Guilbart) me contacte pour me demander s’il est possible de mettre sur mobile, les protocoles de leur service pour que toute leur équipe puisse y accéder. Je commence donc par mettre leurs outils en ligne puis me vient une idée… Pourquoi ne pas aller piocher pluri quotidiennement toutes les recommandations de sociétés savantes publiées et les mettre également sur l’application ? Il faut alors être efficace et opérationnel rapidement : Je contacte mon ami de longue date et associé (Morgan Demilly) et nous décidons d’héberger la page sur notre site COM-SCAPE. En 48h, 65 000 connexions se font depuis la France mais aussi la Belgique, le Luxembourg, le Canada, la Tunisie, le Maroc etc… 10 000 utilisateurs s’inscrivent aux notifications. Les premiers mails de remerciement arrivent et le constat est souvent le même : la crise a été tellement rapide, que personne n’a eu le temps de se préparer, et notamment d’établir des protocoles. Alors la plateforme devient un endroit où les médecins se retrouvent pour aller piocher dans les dernières recommandations et établir leurs protocoles. Notre force première a été, comme le veut notre société, la communication : le support et son côté synthétique est souvent complimenté par les utilisateurs. En temps de crise, pas le temps de lire les articles en long, en large et en travers : nous avons créé un outil de crise. On s’y connecte quelques minutes, on y recherche une information précise puis on se déconnecte (à noter que toutes les sources sont citées et les articles / recommandations disponibles dans leur version complète) Aujourd’hui, l’outil est quasi autonome puisque les soignants de tout bord se sont appropriés l’application et nous font remonter les recommandations via le formulaire de contact. L’outils est devenu un travail collaboratif, un peu comme Wikipédia.. Nous mettons les contenus à jour grâce à l’ensemble des utilisateurs. Cette crise est une occasion supplémentaire de montrer la puissance du collectif. A savoir : COM-SCAPE est une société de formation aux compétences non techniques, à la communication basée à Amiens, utilisant l’escape game comme outil pédagogique. Si vous avez testé et aimé notre application, après la crise que nous traversons tous, n’hésitez pas à nous contacter pour découvrir nos formations. Benjamin Terrasi - Anesthésiste-Réanimateur CHU Amiens - Président COM-SCAPE Patient Safety Report 13 Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/
Patient Safety Anesthesia Report Safety Network SIMULER POUR DÉVELOPPER, PERFECTIONNER ET S’ENTRAÎNER À UNE PROCÉDURE D’INTUBATION SPÉCIFIQUE COVID19. REX D’UNE ÉQUIPE D’INTUBATION COVID19 Comment se préparer pour être opérationnel en un temps bref pour une nouvelle procédure à haut risque pleine d’incertitudes ? Une situation exceptionnelle implique une approche novatrice. Compte-tenu des enjeux de sécurité pour les soignants, le patient, et de la contrainte de temps, il fallait disposer rapidement d’une procédure robuste dont l’efficacité était éprouvée. Il n’était pas raisonnable d’apprendre par l’expé- rience clinique car les erreurs pouvaient être lourdes de conséquences. Une équipe de 5 MAR et 6 IADE a travaillé intensément au centre de simulation en deux étapes : 1 . conception des procédures et checklists (P&CL) nécessaires pour une équipe d’intubation dédiée Covid19 (2 jours) ; 2 . entraînement en simulation (2 jours). Lors de la 1ère étape, les P&CL ont été rédigées et testées en simulation procédurale avec le matériel puis modifiées selon les retours. La 2nde étape de test en simulation haute-fidélité a permis de s’approprier et d’intégrer les P&CL, et, de mieux cerner l’articulation et l’importance des différents rôles des membres de l’équipe. Les simulations répétées, observées et débriefées ont permis de simplifier et de réécrire les P&CL afin de les rendre plus opérationnelles. Que s’est-il passé ? Simultanément, les membres de l’équipe se sont appropriés ce qu’ils avaient développé en l’améliorant au fur et à mesure tout en acquérant une expé- rience technique et non technique. Au cours des séances, nous avons observé une diminution significative du temps entre le début du briefing et l’intubation ; une excellente maîtrise des règles d’hygiène et de sécurité ; des compétences non techniques de très bon niveau avec une attention particulière à la commu- nication en boucle fermée, au monitorage croisé et à la conscience situationnelle. Les membres de l’équipe ressentaient leur stress comme très contrôlé et étaient confiant pour leur sécurité et leur efficacité lors de la mise en pratique clinique. Tous ont fait part de leur très grande satisfaction quant au processus d’élabora- tion et au résultat qui a renforcé un sentiment d’appartenance positif à l’équipe constituée. Dr. Clément Buléon (Anesthésiste-réanimateur) pour l’équipe d’intubation Covid19, NorSimS, Université et CHU de Caen, Normandie Patient Safety Report Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/ 14
Newsletter #015 - avril 2020 A PROPOS DE RÉSILIENCE Le COVID 19 est un tsunami pour l’huma- nité et met les systèmes de santé et plus particulièrement les services de réanimation au centre de tous les regards. La crise est Lamborghini, constructeur italien de voitures Credit : Tai’s Captures brutale, pour chacun individuellement, mais de luxe s’est lancé dans la production de surtout pour nos systèmes de santé (déjà masques et de visières médicales. fragilisés en France). De nombreuses distilleries, mais aussi des Le COVID 19 sollicite chaque soignant au usines Dior du groupe LVMH ont réquisition- niveau de son identité et de son rapport à né leurs équipements de production pour connaissances et posent les pierres d’un l’organisation. Dans cette crise, il peut y avoir faire face à la pénurie de gel hydroalcoolique. monde hospitalier différent pour demain. deux types de réponses : une perte des re- pères, de sens qui peut aller de paire avec Pour ces entreprises, il ne s’agit pas seule- Dans la crise, on peut observer aussi l’émer- une perte d’appartenance, un repli sur soi ou ment de participer à l’effort de guerre ou de gence d’une sorte de contrat psychologique bien l’événement peut prendre toute la place faire un coup de communication, mais aussi qui redéfinit l’investissement et l’engage- et exploiter la capacité de résilience des indi- de trouver des raisons de continuer à exis- ment de chacun (1). C’est par exemple le cas vidus et des organisations pour affronter la ter, et donner du sens à leur marque, leurs d’Eric, aide soignant logisticien qui travaille crise. employés et peut être leurs consommateurs. seul pour le service de réa d’Avicenne. De- Qu’est ce que la résilience ? En physique il puis février il a constitué des stocks, organisé s’agit de la valeur donnée à un matériau en A titre individuel, dans l’hôpital les cartes ses réserves. il travaille non-stop depuis 28 métal pour caractériser sa résistance. En sont également rebattues. Des chirurgiens, jours pour permettre aux médecins d’intuber psychologie individuelle, popularisé par Boris “au chômage technique”, ont su se fédérer les malades et aux infirmiers de les soigner Cyrulnik, on parle de la capacité d’un indivi- pour créer une ligne de régulation et organi- au mieux et en sécurité. Il a anticipé la pé- du à surmonter un choc traumatique, mais ser les transferts en SAMU des patients de nurie, et fait face à de multiples demandes la résilience s’entend aussi au niveau d’une réa selon les disponibilités en Ile de France. externes auxquelles il tente de rendre service organisation dans sa capacité à rebondir face A l’hôpital Avicenne (93), les kinés ont choisi en préservant les ressources du service. à un événement imprévu. d’être formés pour prêter main forte en réa. La résilience est donc une porte ouverte à la Ils aident les équipes à mettre les patients en La résilience réelle ne sera possible qu’après reconstruction de l’identité des individus et DD/DV. Tous les jours on voit arriver des ren- la sortie de l’épidémie, quand nous devrons des entreprises. Au-delà des courbes ma- forts venant d’autres spécialités ou d’autres tous nous réinterroger sur nos identités de cabres, j’aimerais souligner quelques initia- régions. soignants. Il ne s’agira pas de reprendre le tives individuelles et collectives qui illustrent En refusant la fatalité qui aurait voulu qu’ils fonctionnement pré COVID, mais de bâtir sur cette capacité. restent de côté, en s’interrogeant sur la toutes ces initiatives qui nous laissent entre- manière de mettre leurs talents et leurs voir un système de santé plus ouvert, plus Décathlon, marque engagée dans le bien être ressources au service d’autrui, en enten- coopératif et plus humain. sportif a su se réinventer pour proposer très dant l’appel à la solidarité, ils développent rapidement ses masques de plongée «easy- de nouvelles manières de faire à l’hôpital. Anne Rocher, psychologue clinicienne en breath » : une valve fabriquée par une impri- Ils développent ou renforcent la coopération réanimation & executive coach mante 3D permet de les adapter en système entre privé et public, entre services, entre clos ou d’offrir une protection efficace pour le régions. En acceptant de sortir de leur zone (1) : Guy Konincky et Gilles Teneau - personnel soignant. de confort, ils acquièrent aussi de nouvelles Résilience organisationnelle 2010 Patient Safety Report 15 Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/
Patient Safety Anesthesia Report Safety Network L’HABILLAGE/ DÉSHABILLAGE SUPERVISÉ OU DEVANT UN MIROIR, À GARDER POUR LA SUITE ? REX D’UN INTERNE D’ANESTHÉSIE- RÉANIMATION Un travail important a été réalisé par les soi- gnants pour assurer leur sécurité durant les soins. J’ai été frappé par une phrase dans plu- sieurs procédures d’habillage : “à réaliser idéale- Credit : Piron Guillaume ment sous supervision ou devant un miroir”. Si la sécurité des soignants est essentielle, celles des patients l’est tout autant et devrait mériter au moins autant d’investissement. Pourquoi ne pas conserver ce type d’attention - miroir ou crosscheck - pour les habillages stériles en général ? Tout soignant réalisant un acte invasif sous hygiène stricte est à risque de faute stérile. Quel chirurgien, quel anesthésiste-réanimateur, quel coronarographiste… n’a-t-il jamais réalisé de telle erreur d’asepsie en réalisant un acte technique invasif ? Les IBODE, les IDE en réanimation et les personnes qui servent l’opérateur ne pourraient-elles pas contrôler la mise des gants ou de la casa- que ? Leur rigueur dans le respect des procédures peut être une force. REX D’UN RADIOLOGUE Les premiers scanners Covid d’Avicenne sont arrivés le 8 mars. Dès les premiers cas, un des deux scanners du service a été réservé aux patients suspects afin de limiter les contaminations, avec un itinéraire dédié entre les urgences et le scanner, le second scanner continuant l’activité habituelle du service. Pendant la première semaine, nous réalisions cinq ou six scanners par jour, puis le 19 mars, notre activité Covid a connu un bond, passant à 50-60 cas par jour. Cette augmentation soudaine s’est expliquée par l’augmentation du nombre de cas évidemment, mais également par la publication d’études montrant une grande sensibilité du scanner à la phase initiale, mettant la radiologie en pre- mière ligne pour le tri des patients des urgences. Cette surcharge d’examens aurait rapidement pu mettre sous tension notre équipe, mais des déci- sions organisationnelles prises en amont nous ont permis d’éviter le pire : 1 - L’activité non essentielle a été dans l’ensemble annulée afin d’éviter la contamination de patients sains, mais également pour faire face à une éventuelle pénurie du personnel de radiologie en cas de contamination massive dans le service. Les patients non urgents étaient reprogrammés ou redirigés vers des structures privées. Ces reports ont été progressifs, mais le soir du 18 mars, plus aucun patient externe n’était prévu pour le lendemain, nous permettant d’absorber le pic de scanners COVID 2- Les patients COVID ont été pris en charge sur les deux scanners au lieu d’un seul National Cancer Institute - Unsplash 3- Un roulement de l’équipe médicale a été mis en place, avec deux équipes se relayant sans se croiser pour éviter les contaminations 4 - Le télétravail a été mis en place, permettant à l’équipe non présente dans le service d’assurer une partie des interprétations Néanmoins, malgré l’augmentation du nombre de patients COVID, l’activité globale du service a diminué en raison de la fermeture des vacations d’IRM et d’échographie, et de la diminution des urgences non COVID prises en charge au SAU (moins d’urgences abdominales, traumatiques etc…). En conséquence, le nombre de médecins radiologues nécessaires à l’activité journalière a diminué, permettant à plusieurs d’entre nous de nous rendre disponibles pour aider dans d’autre services, notamment à la régulation des appels COVID au SAMU 93, ou dans des services cliniques. Stéphane Tran Ba Chef de Clinique - Radiologie - CHU Avicennes - APHP Patient Safety Report Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/ 16
Newsletter #015 - avril 2020 CE QUE NOUS GARDERONS La crise a été tellement rapide, que personne n’a eu le temps de se préparer, et notamment d’établir des protocoles. Une situation exceptionnelle implique une approche novatrice. Inclure les compétences de tous. L’activité non essentielle a été dans l’ensemble annulée afin d’éviter la contamination de patients sains. Le côté protection a été pour moi le plus compliqué à gérer. C’est réfléchir tout le temps, c’est penser à tous ses moindres gestes. Maintenir la cohésion, facteur clé pour tenir tout au long de la crise et en sortir plus fort. Valoriser les actions de chacun et réfléchir collectivement à ce qui peut être amélioré. Savoir “qui est qui” et “qui peut faire quoi”. CETTE PANDÉMIE DU CORONAVIRUS CHANGE TOTALEMENT LES RAPPORTS AU SEIN DES GROUPES PROFESSIONNELS (PARAMÉDICAUX ET MÉDICAUX). C’est dans ces moments là que le sentiment qui nous a poussé à devenir médecin avant d’être chirurgien ressurgit, l’envie d’aider son prochain et de soulager sa souffrance. C’est important de continuer de prendre soin du patient et de garder le côté humain. Chouchouter au maximum le patient nous aidera psychologiquement à affronter le pire. Il ne s’agira pas de reprendre le fonctionnement pré COVID, mais de bâtir sur toutes ces initiatives qui nous laissent entrevoir un système de santé plus ouvert, plus coopératif et plus humain. Patient Safety Report 17 Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/
Patient Safety Anesthesia Report Safety Network A LIRE / A VOIR ● Les procédures de la SafeTeam Academy sur Max by MEDAE ● Le site web https://covid.com-scape.fr/ rassemble un ensemble de recommandations à jour concernant le COVID, pour la médecine de ville ou l’hôpital, mise en forme pour être opérationnelle. ● Avec le Covid-19, les soignants font face à une situation inédite : ils doivent s’adapter à un nombre inhabituel de patients, à des environnements parfois nouveaux, à des collègues qu’ils ne connaissent pas toujours. Le travail en équipe devient alors un outil indispensable pour gagner en efficacité et en sécurité. Dans le monde de l’aviation, ce travail d’équipe repose sur une communication standardisée aussi appelé phraséologie. Le livre de Jérôme Cros qui développe le concept de phraséologie médicale en proposant des règles simples pour mieux communiquer dans le soin est accessible gratuitement sur internet ac- tuellement: https://covid.com-scape.fr/mieux-communiquer-entre-soignants/ ● Le livre de Guillaume Tirtiaux - Mieux réussir ensemble ● Les fiches facteurs humains & COVID du Clinical Human Factor Group Patient Safety Report Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/ 18
Newsletter #015 - avril 2020 Patient Safety Report 19 Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/
Patient Safety Report Patient Safety Report Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/ 20
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Newsletter #015 - avril 2020 Offre de souscription du livre «Mieux réussir ensemble» Gestion du stress, travail en équipe et autres compétences non techniques : s’inspirer des bonnes pratiques d’un pilote de ligne de Guillaume Tirtiaux 400 s page De nombreux exemples tirés du monde de la santé Dans les années 70, les crashes d’avions se succèdent au point que les compagnies font face à une crise majeure. Une étude de la NASA révèle alors l’incapacité des pilotes à collaborer en équipe. Face à ce constat, le Crew Resource Management (CRM) est dé- veloppé pour apprendre au personnel navigant à mieux fonctionner ensemble. Et les résultats suivent tout de suite, rendant ainsi les for- mations au CRM obligatoires. Un ouvrage pratique de Dans de nombreux secteurs référence pour tout qui d’activité autres que l’avia- doit travailler en équipe tion civile (médical, énergie, etc.), les pertes liées à une communication inefficace ou à un leadership inappro- Commandez votre prié se chiffrent aussi en vies humaines. Toutefois, quelle exemplaire sur que soit l’entreprise et même s’ils sont moins flagrants, de tels dysfonctionnements demeurent tout aussi per- www.edipro.info Création graphique : Julie LAGARDE - +33 6 28 45 51 35 - j.lagarde.crea@gmail.com nicieux : perte de la performance, dégradation du bien- être, burnout… ; et in fine très coûteux. PRIX DE SOUSCRIPTION : De la performance individuelle (gestion du stress, de 29 € et frais de port offerts la fatigue, de l’attention…) à la performance collective (communication, travail en équipe, prise de décision…), en Belgique et en France cet ouvrage fourmillant d’exemples vous fait découvrir jusqu’au 10 octobre 2019 les bonnes pratiques du CRM des pilotes de ligne en les Commandez dès à présent étendant à toutes les professions, donc la vôtre. Vous votre exemplaire sur et votre groupe y gagnerez en capacité à rebondir dans l’adversité et à continuer d’avancer. www.edipro.info en mentionnant le code Sortie officielle : 10 octobre 2019 GTPRO Patient Safety Report 22 Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : http://www.patientsafetydatabase.com/
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