PERSPECTIVES BUDGÉTAIRES ET ÉCONOMIQUES BILAN D'ÉTAPE 2020-2021 - Bilan d'étape des Perspectives budgétaires et économiques Octobre 2020
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PERSPECTIVES BUDGÉTAIRES ET ÉCONOMIQUES 2020-2021 BILAN D’ÉTAPE Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020 1
Introduction Depuis la publication des Perspectives budgétaires et économiques en mars, le Yukon a dû répondre aux nouveaux défis posés par la pandémie de COVID-19. Le bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques 2020-2021 présente une vue d’ensemble des répercussions de la pandémie et des prévisions actuelles concernant les finances et l’économie du Yukon. Les efforts mondiaux pour limiter la transmission du virus appellent la participation de toute la société. Les gouvernements jouent un rôle central de coordination en soutenant leurs citoyens au moyen de politiques efficaces. Au Yukon, cela s’est traduit par des dépenses hors du commun pour répondre aux mesures de santé publique et atténuer les perturbations économiques. Jusqu’à maintenant, le Yukon a réussi à contenir efficacement la propagation communautaire du virus. Les mesures sanitaires du Yukon se sont avérées efficaces, mais la pandémie a un coût économique, qui comprend de nombreuses pertes d’emplois et des pertes de revenu substantielles pour beaucoup d’entreprises. S’il y a place à l’optimisme, la COVID-19 demeure une grande source d’incertitude pour l’avenir, particulièrement si la mise au point d’un vaccin se fait attendre. Partie 1 : Situation financière du Yukon Le Budget 2020-2021 prévoit un excédent annuel de 4,1 millions de dollars. La réponse du Yukon à la COVID-19 a entraîné une augmentation des dépenses affectées à la gestion des urgences, à la coordination et à la mise en œuvre des mesures de santé publique, à la continuité des services et au soutien financier et économique. La pandémie a aussi entraîné une révision à la baisse des recettes autonomes, l’activité économique réduite ayant une incidence sur l’impôt sur le revenu et la taxe d’accise. Même si l’augmentation des transferts fédéraux compense en partie ces coûts, la pandémie demeure le facteur principal de la baisse de l’excédent prévu, qui s’est transformé en un déficit prévu de 31,6 millions de dollars en 2020-2021. Les taux d’infection pourraient grimper en automne et en hiver, ce qui pourrait exiger la prolongation des restrictions de santé publique et exacerber les besoins d’aide financière et économique. Comme il est impossible de prédire quand ni dans quelle mesure ces craintes se matérialiseront, les prévisions révisées des dépenses pour 2020-2021 prévoient une marge de manœuvre pour que le gouvernement puisse agir rapidement, au besoin. En plus des réponses à la pandémie, d’autres initiatives qui se poursuivent en 2020-2021 amèneront de nouvelles dépenses, notamment les mesures initiales prises en réponse au rapport final de l’examen approfondi du système de santé et de services sociaux au Yukon, La population d’abord1. 1 La population d’abord – Rapport final de l’examen approfondi des programmes et services sociaux et de santé du Yukon. Gouvernement du Yukon. 2 Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020
Figure 1. Indicateurs budgétaires du gouvernement du Yukon2 Dépenses et recettes (en milliards de dollars) 1,8 Dépenses 1,6 F et E brutes 1,4 Dépenses d’immobilisations 1,2 brutes 1,0 Total des recettes et recouvrements 0,8 Total des recettes 0,6 et recouvrements et redressement 0,4 comptable 0,2 Transferts du Canada 0,0 2019- 20p 2020- 21p 2020- 21p 2011-12 2012-13 2013-14 2014-15 2015-16 2016-17 2017-18 2018-19 (révisé) Source : Ministère des Finances Tableau 1. Sommaire budgétaire3,4 2019-2020 2020-2021 2020-2021 2e budget supplémentaire Budget principal 1er budget supplémentaire (En millions de dollars) des dépenses des dépenses des dépenses Recettes (ne comprennent pas les 1 250,6 1 307,2 1 297,2 recouvrements) Dépenses (déduction faite des (1 377,4) (1 405,9) (1 445,9) sommes recouvrables) Redressement comptable 108,2 102,7 117,1 Excédent/Déficit (18,6) 4,1 (31,6) Autres indicateurs clés Dette nette (fin de l’exercice) 60,8 81,5 117,7 Source : Ministère des Finances Recettes Les recettes totales du gouvernement, excluant les recouvrements, devraient s’élever à 1,3 milliard de dollars en 2020-2021, soit une baisse de 10,0 millions (0,8 %) par rapport au Budget principal des dépenses, qui s’explique principalement par les tensions économiques dues à la pandémie. Le revenu des particuliers a continué d’augmenter, mais à un taux plus faible que celui prévu dans le Budget principal des dépenses. Cela dit, la vigueur persistante du secteur de l’habitation et le rebond des ventes au détail ont atténué l’incidence de la pandémie sur les recettes tirées de l’impôt sur le revenu des sociétés. 2 Les recettes totales présentées dans la figure 1 comprennent les recouvrements de capital et de frais d’exploitation, ce qui diffère du tableau 1, qui montre les recettes et les dépenses nettes. Comme dans les comptes publics du gouvernement du Yukon, les recettes indiquées excluent celles de la Société d’habitation du Yukon. 3 Ibid. 4 Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué. Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020 3
Parmi les autres diminutions des recettes, quoique dans une moindre mesure, on note une baisse des droits de camping et de permis de chasse perçus (vu les restrictions des déplacements) et l’exonération de certains droits dans le cadre du soutien économique ciblé offert aux secteurs miniers et de l’aviation. Tableau 2. Recettes, par types5,6 2019-2020 2020-2021 2020-2021 2e budget supplémentaire Budget principal 1er budget supplémentaire (En millions de dollars) des dépenses des dépenses des dépenses Impôt sur le revenu 95,9 94,0 89,3 Impôt foncier 5,9 6,0 6,0 Taxe sur le combustible 9,1 9,6 7,3 Taxes sur les boissons alcoolisées et 18,2 17,9 17,8 les produits du tabac Autres taxes 3,2 4,0 4,0 Autres recettes 60,0 59,0 56,2 Recettes autonomes totales 192,2 190,6 180,5 Transferts fédéraux 1 058,4 1 116,7 1 116,7 Recettes totales 1 250,6 1 307,2 1 297,2 Source : Ministère des Finances Plan d’immobilisations quinquennal Les dépenses en immobilisations brutes devraient diminuer de 3,7 millions de dollars (1,0 %) par rapport au Budget principal des dépenses. La majorité de ces réductions de dépenses pourrait être compensée par le Canada ou des tiers, et donc avoir des conséquences financières négligeables. Sur une base nette, les dépenses en immobilisations devraient augmenter de 2,1 millions (0,8 %) par rapport au Budget principal des dépenses. Le Plan d’immobilisations quinquennal présente les priorités du Yukon en ce qui a trait aux dépenses en infrastructures. Bien que la pandémie pose d’importants défis en matière de planification des immobilisations et de gestion de projets, le Yukon a fait preuve d’une grande résilience, continuant de faire progresser la plupart des projets prévus dans le Budget principal des dépenses, ce qui a nécessité de bien s’adapter aux retards, le cas échéant, en priorisant de nouveaux projets. Trois changements notables ont été apportés par rapport au plan : réduction des dépenses prévues et des recouvrements connexes pour le projet de fibre optique de la route Dempster, qui est reporté à 2021-2022 en raison de retards dans l’obtention des permis nécessaires (incidence financière négligeable); travaux supplémentaires de la Société d’énergie du Yukon dans le cadre des projets de modernisation de la ligne de transport Mayo-McQuesten et de stockage d’électricité sur batterie, dont les coûts sont entièrement recouvrables et qui permettront de satisfaire aux besoins en énergie du territoire et de ses industries en pleine croissance avec une incidence financière nette nulle; et dépenses supplémentaires, soutenues par du financement fédéral, pour la mise en œuvre du système moderne et intégré d’information sur la santé 1Health dans l’ensemble du territoire. 5 Comme dans les comptes publics du gouvernement du Yukon, les recettes indiquées excluent celles de la Société d’habitation du Yukon. 6 Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué. 4 Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020
Tableau 3. Dépenses brutes prévues dans le Plan d’immobilisations quinquennal, par catégories 2020-2021 2020-2021 2021-2022 2022-2023 2023-2024 2024-2025 Totaux (En millions de dollars) Plan Plan révisé Plan Plan Plan Plan Changements climatiques, l’énergie et 20,7 29,9 24,3 29,7 33,8 25,0 142,7 l’économie verte Aménagement des terres, 74,0 73,7 87,2 91,9 75,0 68,5 396,3 développement social, éducation et santé Infrastructures destinées aux 101,2 101,2 102,5 103,8 110,3 105,6 523,4 collectivités et aux Premières nations Gestion des immeubles et des biens 44,7 45,0 45,9 42,7 59,0 54,2 246,8 Infrastructure de transport 86,5 86,5 96,0 140,8 117,8 116,5 557,6 Technologie de l’information 43,1 30,1 49,8 35,2 14,5 14,5 144,1 Totaux 370,2 366,4 405,7 444,1 410,4 384,3 2 010,9 Source : Bureau de planification des immobilisations Charges d’exploitation Les dépenses de fonctionnement et d’entretien (F et E) devraient augmenter de 95,9 millions de dollars (7,6 %) par rapport au Budget principal des dépenses. De ce montant, plus de 88,7 millions (92,5 %) sont liés à la pandémie de COVID-19, principalement à l’aide économique et financière (augmentation de 44,8 millions des dépenses brutes, soit 50,5 % de la part due à la pandémie) et aux mesures de santé publique (augmentation de 33,7 millions des dépenses brutes, ou 38,0 %). Plus de 52,9 millions de dollars des 88,7 millions supplémentaires dépensés en raison de la pandémie sont compensés par de nouvelles mesures de soutien du gouvernement fédéral, illustrant l’approche collaborative entre ce dernier et l’ensemble des provinces et territoires pour répondre aux besoins urgents. Les autres augmentations de dépenses, qui totalisent 14,3 millions de dollars et sont compensées par des recouvrements totalisant 11,3 millions, découlent de la mise à profit d’occasions de financement fédéral et autre, particulièrement dans le secteur de la santé et des services sociaux. Ces changements sont compensés par une réduction de 7,1 millions des dépenses, qui s’accompagne d’une réduction de 6,1 millions des recouvrements principalement due à des changements administratifs dans la façon dont le gouvernement du Yukon participe à l’éducation en français. Sur une base nette, lorsque tous les recouvrements du Canada et des tiers sont pris en compte, les dépenses totales de fonctionnement et d’entretien devraient augmenter de 38 millions de dollars (3,3 %) par rapport au Budget principal des dépenses. De ce montant, une part de 94,5 % est liée à la pandémie. Des 2,1 millions d’augmentation nette non liés à la pandémie, plus des trois quarts (1,7 million) découlent des mesures initiales prises en réponse au rapport La population d’abord7. 7 La population d’abord – Rapport final de l’examen approfondi des programmes et services sociaux et de santé du Yukon. Gouvernement du Yukon. Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020 5
Figure 2. Sources de financement pour les changements aux dépenses de F et E, par catégories Financement par catégories (en millions de dollars) 45 40 35 30 Financement du gouvernement du 25 Yukon 20 Financement fédéral et externe 15 10 5 0 Interventions – Gestion Soutien en Initiatives non soins de santé et d’urgence éducation liées à la santé publique pandémie Source : Ministère des Finances Malgré la réponse à la pandémie mondiale, la croissance annuelle des dépenses de F et E, selon les prévisions pour 2019-2020 et 2020-2021, ne sera supérieure que de 0,8 point de pourcentage à la moyenne sur 20 ans. Figure 3. Croissance annuelle des dépenses de F et E brutes par rapport à la moyenne sur 20 ans Évolution des dépenses de F et E brutes du gouvernement du Yukon (en %) 14 12 10 8 Dépenses 6 en F et E 4 Moyenne de 2000 à 2020 2 0 2000-01 2001-02 2002-03 2003-04 2004-05 2005-06 2006-07 2007-08 2008-09 2009-10 2010-11 2011-12 2012-13 2013-14 2014-15 2015-16 2016-17 2017-18 2018-19 2019-20p 2020- 21p (révisé) Source : Ministère des Finances 6 Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020
Encadré 1. Comparaison des répercussions budgétaires et économiques de la COVID-19 Les répercussions de la pandémie au Canada peuvent être mesurées en comparant les prévisions budgétaires et économiques d’avant et d’après la COVID-19. Depuis les premières mesures prises par les gouvernements en mars 2020 pour ralentir la propagation du virus, l’ensemble des provinces et des territoires ont vu leurs prévisions de croissance s’effondrer et leur déficit exploser. La figure 4 montre comment les prévisions du PIB réel ont changé à la suite de la pandémie. L’incidence de la COVID-19 sur les taux de croissance du PIB réel des provinces et des territoires en 2020 va de -5,4 points de pourcentage au Yukon à presque -14 points de pourcentage en Alberta. Les régions productrices de pétrole ont été particulièrement touchées, tout comme les provinces qui ont connu de sérieuses éclosions, soit l’Ontario et le Québec. Les économies plus petites ont été moins touchées, en partie parce que le secteur public y représente une grande part de l’économie, ce qui a atténué les contrecoups de la pandémie. Le Yukon et le Nunavut sont les seuls territoires ou provinces qui s’attendent à voir augmenter leur PIB réel en 2020, le premier s’appuyant sur l’élan de l’année dernière et la force du secteur minier. Si l’on compare l’incidence de la pandémie sur les budgets des gouvernements provinciaux et territoriaux (figure 5), le Yukon figure troisième parmi les moins touchés : un peu plus de 880 $ par personne en 2020-2021, comparativement à 1 910 $ par personne en moyenne. L’Alberta a connu la plus importante détérioration en raison de la chute des prix du pétrole. Figures 4 et 5. Sur le plan budgétaire et financier, la COVID-19 a frappé le Yukon plus que certains, mais moins que la majorité8 Variation entre les prévisions d’avant et d’après la COVID-19 Variation des prévisions de croissance du Variation du solde budgétaire par habitant en PIB réel en 2020 (en points de pourcentage) 2020-2021 (en milliers de dollars) MB ON PEI MB ON QC PEI NU NB QC AB NB AB NS BC NT NS BC NT NL SK NL SK YT YT 0 0,0 -2 -0,5 -4 -1,0 -1,5 -6 -2,0 -8 -2,5 -10 -3,0 -12 -3,5 -14 -4,0 -16 Sources : Ministère des Finances pour le Yukon et Conference Source : Budgets et mises à jour des provinces et territoires et calculs du Board of Canada pour les autres provinces et territoires. ministère des Finances. 8 Ces estimations sont tirées de diverses perspectives budgétaires et économiques et visent à illustrer les variations entre les prévisions les plus récentes et celles d’avant la COVID-19. Elles sont approximatives, puisque les variations pourraient être le fruit d’autres facteurs. Les données budgétaires à jour du Nunavut n’étaient pas disponibles au moment de la rédaction du présent document. Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020 7
Partie 2 : Conjoncture économique Croissance économique positive prévue au Yukon en 2020, plombée par la COVID-19 À l’aube de la pandémie, les facteurs économiques fondamentaux du Yukon étaient généralement solides, en commençant par son vigoureux marché de l’emploi, marqué par le taux de chômage le plus faible au pays. Les revenus ont continué d’augmenter au début de 2020, la croissance au Yukon surpassant la moyenne nationale au premier trimestre, ce qui a stimulé les dépenses de consommation locales et les ventes au détail. Comme le reste du monde, le Yukon a vu son activité économique dégringoler au cours des derniers mois. Les entreprises très dépendantes du tourisme ou des rassemblements sont très durement touchées par les règles de distanciation physique et les restrictions des déplacements et des rassemblements. Vu le faible rendement attendu dans certains secteurs pour le reste de l’année, la croissance du PIB réel du Yukon devrait être bien en deçà des 6,2 % prévus en mars. On prévoit maintenant que le PIB réel du Yukon augmentera de 0,8 %. Les projections ont été revues à la baisse principalement en raison de la saison perdue pour le secteur du tourisme, les entrées sur le territoire ayant connu une baisse sans précédent en 2020 (voir la section sur le secteur touristique). Néanmoins, la croissance demeure positive grâce au dynamisme sous-jacent de l’économie avant la pandémie, particulièrement dans le secteur minier. Le Yukon et le Nunavut devraient être les seules régions à connaître une croissance positive cette année. Malgré une forte croissance économique prévue au cours de la période de projection, le ralentissement notable en 2020 fera en sorte que le PIB annuel du Yukon reste en deçà des prévisions du Budget 2020 jusqu’à la fin de la période de prévision. Figure 6. Le PIB subit les contrecoups de la COVID-19 Prévisions du PIB réel du Yukon (en milliards de dollars de 2012) 3,2 3,1 3,0 2,9 2,8 PIB réel 2,7 Prévision budgétaire 2,6 Mise à jour 2,5 provisoire 2,4 2,3 2,2 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Source : Ministère des Finances Les prévisions actuelles s’appuient sur l’hypothèse que la pandémie demeurera stable et que la situation s’améliorera graduellement, sans autre vague d’infections majeure obligeant à un nouveau confinement généralisé. La propagation communautaire de la COVID-19 au Yukon est un des plus gros risques qui pèse sur les prévisions, surtout si les sites miniers sont touchés. Il y a aussi le risque qu’un changement prolongé ou permanent des habitudes des consommateurs nuise aux secteurs des services et du tourisme du Yukon. Enfin, le système financier a continué de bien fonctionner, en partie grâce aux mesures importantes prises 8 Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020
par les banques centrales. Cela a permis d’éviter une crise économique, mais l’explosion de l’endettement des consommateurs et des dépenses publiques a fragilisé le système. Les dernières prévisions comprennent aussi des possibilités d’amélioration. Comme les investisseurs sont à la recherche de valeurs sûres en cette période de turbulence de l’économie et des marchés, les cours des métaux se sont considérablement appréciés au cours des derniers mois (voir la section sur le secteur minier). Si leur valeur se maintient à l’issue de la crise, on pourrait voir un regain d’intérêt pour les métaux du territoire. Encadré 2. Prévisions entourées d’incertitude Il est toujours ardu de faire des prévisions économiques, à plus forte raison dans les circonstances actuelles. Il faudra plusieurs mois, sans doute plus, pour qu’un vaccin soit disponible, et même lorsque le virus pourra être traité, le monde ne reviendra peut-être pas « à la normale ». Même si un vaccin devient accessible à grande échelle à la fin de cette année ou en 2021, il est probable que le virus nuise au rendement économique à moyen terme. Les tendances comportementales restent à mettre en lumière, mais le secteur du tourisme pourrait prendre des années à se remettre si les voyageurs ont peur de s’exposer à la COVID-19 même après la levée des restrictions. Il faudra peut-être un certain temps avant que les gens recommencent à fréquenter les restaurants, les bars et les endroits et les événements qui pourraient attirer les foules. La détérioration des perspectives depuis mars fait montre d’une conjoncture économique dominée par l’incertitude et la volatilité. Au dépôt du budget, le 5 mars, on comptait un peu moins de 105 000 cas confirmés de COVID-19 dans le monde, et les marchés financiers semblaient reprendre du mieux après une brusque correction un peu plus d’une semaine auparavant. Au 19 mars, à peine deux semaines plus tard, les cas confirmés avaient triplé et les marchés étaient en chute libre, avec le TSX en baisse de 26 % (figure 7). Figure 7. Les marchés financiers ont été durement touchés en début de crise Indice composé S&P/TSX Budget 2020-2021 déposé 19 000 18 000 17 000 16 000 15 000 14 000 13 000 12 000 11 000 Avr. 3 Janv. 4 Fév. 3 Mars 4 Juin 2 Juill. 2 Août 1 Mai 3 Déc. 5 Source : Bourse de Toronto Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020 9
Au cours des prochains mois, la situation économique pourrait aller de mal en pis, et il y a même le risque que Encadré 2. suite l’économie connaisse son pire ralentissement depuis la Grande Dépression. La détérioration des perspectives nationales est illustrée par la figure 8, qui montre l’évolution de la croissance du PIB réel canadien projetée par les cinq grandes banques. Les prévisionnistes du secteur privé ont maintes fois revu à la baisse les perspectives économiques, et il a fallu attendre une bonne partie de juin avant que les données disponibles permettent d’établir un consensus. Bien que les conditions semblent s’être stabilisées, les derniers mois montrent à quel point les risques peuvent se concrétiser rapidement. Figure 8. Détérioration rapide des perspectives économiques Prévisions du PIB réel canadien en 2020, par dates de publication Budget 2020-2021 déposé 2 0 CIBC -2 Banque Scotia -4 Banque TD -6 BMO RBC -8 Moyenne -10 Janv. 3 Mai 3 Mars 3 Avr. 3 Juin 3 Juill. 3 Août 3 Fév. 3 Sources : BMO, CIBC, RBC, Banque Scotia et Banque TD Les mesures d’endiguement mises en place par le Yukon en réponse à la pandémie ont eu une grande incidence sur le marché du travail. Entre mars et juin 2020, l’économie du Yukon a perdu plus de 4 000 emplois9, ce qui équivaut environ aux gains d’emplois réalisés durant les dix années précédentes (figure 9). Ce sont les secteurs des services qui ont été le plus touchés, en raison des restrictions d’activité et de déplacement nuisant à beaucoup d’entreprises. Les emplois liés à la restauration et à l’hébergement ont diminué de moitié, comptant pour le tiers des pertes d’emplois. 9 Pour les données les plus à jour, consulter l’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH) de Statistique Canada. 10 Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020
Figure 9. Dix années de croissance de l’emploi annulées en trois mois Emplois salariés au Yukon (ajustés en fonction des variations saisonnières) 25 000 20 000 15 000 10 000 5 000 0 Juin 2010 Juin 2011 Juin 2014 Juin 2015 Juin 2016 Juin 2017 Juin 2018 Juin 2019 Juin 2020 Juin 2012 Juin 2013 Source : Statistique Canada Le Yukon a pu s’appuyer sur un marché du travail vigoureux à l’orée de la pandémie, avec un creux record de son taux de chômage en 2018 et en 2019. Le taux de chômage demeure parmi les plus bas au pays (figure 10). Toutefois, le taux de chômage au mois d’août (8,0 %) dépasse largement celui observé en février (4,1 %), lorsque la pandémie ne faisait que commencer, et il est le plus élevé depuis juin 201510. L’augmentation du taux de chômage ne tient même pas compte de toutes les pertes d’emploi, puisqu’elles ne sont incluses dans le calcul que lorsque les travailleurs cherchent activement un nouvel emploi. Cependant, beaucoup d’entre eux ont choisi d’attendre la fin de la pandémie plutôt que d’espérer décrocher un des rares emplois disponibles. S’ils avaient été en recherche d’emploi en août, le taux de chômage aurait atteint 12,5 %11. Figure 10. Le taux de chômage du Yukon demeure parmi les plus faibles au Canada, malgré une baisse notable de l’emploi Taux de chômage en août (%) 18 16 14 12 10 8 Changement 6 depuis février 4 2 0 YT BC CA PE NT QC ON NL NS NB NU SK AB MB Source : Statistique Canada 10 Enquête sur la population active. Statistique Canada (septembre 2020). 11 Rapport sur la situation de l’emploi en août 2020. Bureau des statistiques du Yukon. Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020 11
On s’attend à ce que le marché du travail souffre longuement des suites de la pandémie. La faible demande pèse sur les prévisions, selon lesquelles la population active ne retrouvera les niveaux pré-COVID-19 qu’en 2023, et le plein emploi en 2024. Le taux de chômage annuel moyen du Yukon, après avoir grimpé à 6,9 % cette année, devrait se stabiliser autour d’une moyenne de 5,4 % sur les quatre prochaines années. Le revenu moyen a augmenté, la plupart des pertes d’emploi touchant les travailleurs à faible revenu En dépit des pertes d’emploi importantes, le revenu moyen a continué d’augmenter au Yukon. Les données pour les six premiers mois de l’année montrent un revenu hebdomadaire moyen12 en hausse de 6,9 % par rapport à la même période en 2019, un peu plus que la moyenne nationale de 6,6 %. Cette hausse s’explique par les changements dans la composition du marché du travail, les pertes d’emploi ayant surtout frappé les secteurs à rémunération faible, ce qui fait monter la moyenne. Environ 37 % des emplois perdus de mars à juin provenaient des secteurs de la restauration et de l’hébergement ainsi que du commerce, qui sont parmi les moins bien rémunérés (554 $ par semaine pour la restauration et l’hébergement, 793 $ par semaine pour le commerce). Figure 11. Les revenus ont continué d’augmenter malgré les perturbations du marché du travail Variations des emplois salariés et du revenu hebdomadaire moyen, de février à juin (en pourcentage) -50- 40 -30- 20 -100 10 20 Gains hebdomadaires moyens Effectifs d’emploi Source : Statistique Canada. Comme lors des replis antérieurs, le secteur public du Yukon a contribué à protéger l’économie locale. En août, environ 44 % des travailleurs yukonnais étaient employés dans l’un des quatre ordres de gouvernement présents sur le territoire, soit environ le double de la moyenne nationale. La plupart des employés du secteur public ont été en mesure de traverser les perturbations du marché du travail sans perte de revenu, ce qui a favorisé la résilience du revenu moyen. 12 Ces données n’ont pas été désaisonnalisées. 12 Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020
Encadré 3. Les programmes d’aide fédéraux (PCU et SSUC) représentent plus de 100 millions de dollars en soutien local Le gouvernement fédéral a débloqué près de 320 milliards de dollars13 dans le cadre de son Plan d’intervention économique du Canada pour répondre à la COVID-19, soit environ l’équivalent du PIB de l’Alberta en 2018. Les deux programmes les plus importants, et de loin, sont la Prestation canadienne d’urgence (PCU) et la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC), qui, combinés, représentent 160 milliards, dont 109 milliards ont été décaissés jusqu’à maintenant. La PCU, qui a pris fin en septembre, donnait 2 000 $ par mois aux Canadiens dont l’emploi a été touché. Les personnes gagnant 1 000 $ ou moins par mois étaient également admissibles. Près de 9 000 Yukonnais ont fait une demande de PCU entre le 15 mars et le 17 août et ont reçu collectivement environ 72 millions de dollars. Le gouvernement fédéral a annoncé que la PCU serait remplacée par un programme d’AE revu et élargi. Il y a aussi de nouveaux avantages pour les personnes qui ne sont pas admissibles à l’AE, soit les travailleurs autonomes et les aidants naturels. La SSUC a servi à subventionner le salaire d’environ 4 000 employés yukonnais. Du 15 mars au 4 juillet14, la SSUC a financé 75 % de la masse salariale des employeurs ayant subi une baisse de revenus importante (de plus de 30 %) en raison de la COVID-19, ce qui leur a permis de maintenir le lien avec leurs employés et de les faire travailler dès la réouverture. Les entreprises du Yukon ont touché 32 millions de dollars en financement dans le cadre de ce programme15. En outre, d’importantes modifications y ont été apportées le 5 juillet afin que les taux de subvention soient variables : la subvention fournie est maintenant proportionnelle aux pertes de revenus. La SSUC sera éliminée graduellement jusqu’à son échéance à la fin de 2020. Figure 12. Abondance de financement fédéral dans toutes les provinces et tous les territoires Montant du soutien combiné de la PCU et de la SSUC par habitant, par régions 3 000 2 000 Prestation canadienne 2 000 d’urgence (PCU) 1 000 Subvention salariale 1 000 d’urgence du Canada (SSUC) 500 0 YT BC MB QC PE ON NL NS NB NT NU AB SK Source : Ministère des Finances, selon les données de l’Agence du revenu du Canada et de Service Canada. Les données sur la SSUC comprennent les versements faits avant le 5 juillet 2020. Les données sur la PCU comprennent les versements faits avant le 10 août inclusivement, et on les calcule en multipliant le nombre de demandeurs individuels par région et le montant moyen des versements par demandeur à l’échelle du pays. 13 Portrait économique et budgétaire 2020. Ministère des Finances du Canada. 14 Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC). Agence du revenu du Canada. 15 Ibid. Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020 13
Les flux de trésorerie ont été protégés par le soutien fédéral et territorial Les dépenses ciblées du gouvernement ont empêché que les chutes importantes dans certains secteurs aient un effet d’entraînement sur la demande à l’échelle de l’économie du Yukon. Plusieurs mesures de soutien du territoire ont servi de complément aux mesures fédérales décrites dans l’encadré 3. Le Programme de secours aux entreprises yukonnaises a payé les coûts fixes des entreprises les plus durement touchées. Il visait à éviter les faillites, et ainsi à préserver les immobilisations incorporelles comme les relations avec les fournisseurs et les connaissances propres aux entreprises. Les reports d’impôt ont permis aux entreprises de libérer des liquidités et de maintenir leurs flux de trésorerie, à un moment où ils sont plus importants que jamais. De même, le Programme de supplément au loyer a permis aux locateurs de se faire payer par leurs locataires et ainsi de continuer à toucher une partie des revenus de leurs propriétés locatives, tandis que les locataires qui ont reporté leur loyer auront moins à rembourser. Le Programme de soutien du revenu pour les travailleurs essentiels, financé par le fédéral, fournit un complément salarial temporaire aux travailleurs à faible revenu qui offrent des services essentiels, permettant au Yukon de mieux répondre à la pandémie. Répercussions diverses de la COVID-19 d’un secteur à l’autre et au sein des secteurs Après un déclin marqué en mars et en avril, les ventes au détail16 du Yukon ont rebondi en juin 2020 pour s’établir à 81,4 millions de dollars, soit presque l’équivalent du résultat de juin 2019 (82,0 millions). À l’échelle nationale, les ventes perdues ont été plus que recouvrées, les chiffres de juin montrant un gain de 2,6 milliards (4,8 %) par rapport à l’année dernière. Ces chiffres contrastent fortement avec ceux de la récession de 2008- 2009, où les ventes au détail avaient mis 18 mois à remonter aux niveaux antérieurs. Ce rebond des ventes au détail s’explique en partie par les mesures d’aide financière sans précédent et la demande accumulée, mais aussi par d’autres facteurs. Les pratiques de ce secteur peuvent être adaptées à la distanciation sociale plus facilement que celles d’autres entreprises axées sur la clientèle. Les dépenses dans les bars et les restaurants ont été grandement touchées par la réduction du tourisme et les exigences de chaque étape du plan de réouverture du Yukon17. Les restaurants qui tirent une bonne partie de leurs revenus des livraisons et des commandes à l’auto ou pour emporter ont maintenu leurs activités sans trop d’ajustements. Les restaurants avec salle à manger sont parvenus à générer des revenus en offrant des commandes pour emporter et en réduisant leurs heures d’ouverture, tandis que les bars ont reçu la directive de fermer complètement leurs portes du 22 mars au 15 mai. 16 Pour les données les plus à jour, consulter les communiqués de Statistique Canada sur le commerce de détail. 17 Une voie à suivre : Le plan du Yukon pour lever les restrictions liées à la COVID-19. Gouvernement du Yukon. 14 Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020
Figure 13. Rebond des ventes dans les commerces de détail, les restaurants et les bars du Yukon Variation d’une année à l’autre (%) 40 30 20 10 Recettes : Restaurants 0 et débits de boissons -10 Ventes au -20 détail -30 -40 Sept. 2019 Mai 2020 Juill. 2019 Août 2019 Oct. 2019 Nov. 2019 Déc. 2019 Janv. 2020 Fév. 2020 Mars 2020 Avr. 2020 Juin 2020 Sources : Statistique Canada, ministère des Finances La relance des entreprises axées sur la clientèle dépendra principalement de leur capacité à adapter leurs pratiques aux mesures de santé publique du Yukon. Bien que les restaurants et les bars puissent maintenant servir leurs clients sur place, les règles de distanciation physique et de capacité continueront de tirer leurs ventes vers le bas dans un avenir prévisible. Les hôtels et les autres établissements du genre subissent des pressions semblables en raison des restrictions sur les rassemblements, qui ont une incidence sur les recettes liées aux événements locaux (concerts, conférences, mariages, etc.). Lorsque la SSUC et les autres mesures de soutien prendront fin, certaines entreprises toujours en activité pourraient cesser d’être profitables. Changement des habitudes de consommation La pandémie a changé les comportements des consommateurs, entraînant l’adoption de nouvelles habitudes de dépenses. À l’échelle nationale, les ventes de bois d’œuvre et d’autres matériaux de construction ont été solides, car les résidents ont profité des circonstances extraordinaires pour faire des rénovations. C’est certainement le cas au Yukon, comme l’illustre le montant des permis résidentiels pour travaux d’amélioration et de modification délivrés de mai à juillet, qui a totalisé plus de 5 millions de dollars, en hausse de 87 % par rapport aux 2,7 millions enregistrés de mai à juillet 201918. Les vacances à la maison ont gagné en popularité, et les terrains de camping du Yukon ont été bien remplis depuis leur réouverture le 4 juin19. 18 Permis de bâtir, par type de structure et type de travaux. Statistique Canada. 19 Campgrounds popular amid COVID-19 restrictions (Popularité des terrains de camping dans le contexte des restrictions liées à la COVID-19). Whitehorse Star (29 juin 2020). Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020 15
Ralentissement de la croissance démographique en 2020 en raison de la réduction de l’immigration Selon les données démographiques estimatives les plus récentes publiées par le Bureau des statistiques du Yukon, la population du Yukon s’élevait à 42 152 habitants au 31 mars 2020, soit 2,9 % de plus qu’au 31 mars 2019 et 21 % de plus qu’au 31 mars 2010. La croissance des dix dernières années est surtout due aux gains démographiques de la région de Whitehorse, dont la population atteint maintenant 33 119 (hausse de 24,2 %). Les restrictions de déplacement limitent l’immigration internationale. Le Yukon n’a accueilli que 25 nouveaux résidents permanents au deuxième trimestre, comparativement à 115 au deuxième trimestre de 201920. Figure 14. L’immigration plombée par les restrictions liées aux voyageurs Nouveaux résidents permanents (nombre de personnes) 140 000 140 120 000 120 100 000 100 Canada (axe de 80 000 80 gauche) 60 000 60 Yukon (axe de 40 000 40 droite) 20 000 20 0 0 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Source : Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada Les restrictions de déplacement pourraient continuer de freiner les migrations internationales pour le reste de l’année et au début de 2021, mais on ne s’attend pas à des répercussions notables à moyen terme. Bien que les chiffres n’atteignent pas ceux de 2019 (1,7 %), la population du Yukon devrait augmenter de 1,2 % en 2020, ce qui représente une 17e année de croissance consécutive. On s’attend à ce que la population continue d’augmenter d’année en année au cours de la période de projection, pour atteindre 45 000 habitants en 2024. Le marché de l’habitation généralement épargné par la pandémie Selon les indicateurs préliminaires, le marché de l’habitation du Yukon semble avoir fait preuve de résilience. Les ventes d’habitations ont totalisé 65 millions de dollars au premier trimestre de 2020 – un record –, soit 18,6 % de plus qu’à la même période en 2019. Les transactions immobilières à Whitehorse ont totalisé 55,6 millions de dollars au cours des trois premiers mois de l’année (86 % des ventes totales). Durant la même période, les ventes de copropriétés à Whitehorse ont plus que doublé pour atteindre 28 millions, une augmentation de presque 113 % par rapport à l’année dernière. Par opposition, les ventes de maisons individuelles à Whitehorse ont chuté à 15,8 millions au premier trimestre de 2020, le niveau le plus bas depuis 2016. Par ailleurs, si la pandémie a freiné les ventes, elle n’a pas eu d’incidence sur les prix. Le prix moyen d’une maison individuelle non attenante à Whitehorse a atteint 508 800 $ au premier trimestre, en hausse de 6,7 % par rapport au prix moyen de 477 000 $ enregistré au premier trimestre de 2019. 20 Résidents permanents – Mises à jour mensuelles d’IRCC. Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. 16 Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020
Figure 15. Le marché de l’habitation de Whitehorse demeure dynamique Indicateurs du marché de l’habitation au Yukon (moyenne mobile de quatre trimestres) 550 45 Montant total 500 40 des ventes de 450 maisons 35 individuelles 400 non attenantes 350 30 (millions $; 300 25 axe de droite) 250 20 Prix de 200 vente moyen 15 d’une maison 150 individuelle 10 100 non attenante 5 (000 $; axe de 50 gauche) 0 0 T1-2009 T3-2009 T1-2010 T3-2010 T1-2011 T3-2011 T1-2012 T3-2012 T1-2013 T3-2013 T1-2014 T3-2014 T1-2015 T3-2015 T1-2016 T3-2016 T1-2017 T3-2017 T1-2018 T3-2018 T1-2019 T3-2019 T1-2020 Sources : Statistique Canada, ministère des Finances La résilience des prix des habitations montre que le marché est déterminé par les facteurs fondamentaux à long terme, et non par les fluctuations économiques à court terme. L’élargissement de l’accès au crédit et les taux hypothécaires faibles ont servi de remparts aux saisies qui auraient pu faire augmenter l’offre d’habitations sur le marché. Dans l’ensemble, la croissance démographique continue et le marché du travail favorable, combinés à des taux hypothécaires qui devraient rester faibles dans un avenir prévisible, sont de bon augure pour le marché de l’habitation à moyen terme. Secteur minier Les perspectives minières possiblement renforcées par la vigueur des prix des minéraux Tandis que la majeure partie de l’économie mondiale pâtit de la pandémie de COVID-19, les cours de l’or ont atteint un sommet record, frisant les 1 900 $ US/once troy en juin et dépassant 2 000 $ US/once troy en août. Son prix s’est quelque peu stabilisé depuis, pour osciller autour de 1 950 $US/once troy. Notons qu’en périodes de tensions financières, l’or a tendance à surpasser les autres produits. Parmi les autres métaux, la situation de l’argent et du cuivre s’est grandement améliorée depuis mars, ce qui devrait plaire aux exploitants des mines Eagle Gold et Minto, sans oublier le projet actuellement mis en valeur à Keno Hill. Après avoir atteint un énorme creux à 12,00 $ US/once troy en mars, l’argent s’est considérablement apprécié, dépassant 29,00 $ US/once troy au début d’août, pour la première fois depuis le début de 2013. Également en hausse, le cuivre se négociait à 3,00 $/livre au moment de la publication, son prix le plus haut depuis le milieu de 2018. Bien que cette montée soit plus modeste que celles de l’argent ou de l’or, elle était sans doute moins attendue. Contrairement à l’or, le cuivre a tendance à suivre le reste du monde, si bien qu’il sert souvent de baromètre de l’économie mondiale. Cette hausse est en partie attribuable aux problèmes opérationnels qui ont touché certains des plus grands producteurs de cuivre. Le London Metal Exchange a d’ailleurs vu ses stocks descendre à un niveau qu’on n’avait pas enregistré depuis 2008, avant la crise financière mondiale. Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020 17
Figure 16. La croissance des prix des métaux, facteur positif pour le secteur minier en 2020 Prix des métaux (indice; janvier 2020 = 100) 160 155 150 145 140 135 130 Or 125 120 115 Argent 110 105 Cuivre 100 95 90 85 80 Janv. 2020 Fév. 2020 Mars 2020 Avr. 2020 Mai 2020 Juin 2020 Juill. 2020 Août 2020 Sept. 2020 Sources : Prix des produits de base selon BMO, ministère des Finances. Nouvelle production minière annonçant des gains à moyen terme Pour la première fois depuis 2013, le Yukon pourrait avoir trois mines productrices en 2020. On s’attend à ce que l’exploitation de Keno Hill d’Alexco Resource Corp. s’ajoute aux mines Eagle Gold et Minto cette année, selon l’information fournie par la société. La mise en production est prévue au quatrième trimestre de 2020 et atteindra à terme quatre millions d’onces par année, représentant alors la plus grande production argentifère du Canada. La mine aurifère Eagle Gold de Victoria Gold a coulé ses premiers lingots en septembre dernier, et elle fonctionne au plein régime de sa production commerciale depuis le 1er juillet 2020. Ainsi, elle devrait passer de 39 000 onces dans les six premiers mois de l’année à entre 85 000 et 100 000 onces dans les six derniers mois21. Quant à la mine Minto de Pembridge Resources, sa première livraison de concentré a eu lieu en janvier 2020. L’entreprise affirme avoir produit près de 13 800 tonnes métriques de minerai mouillé au premier semestre de 202022, et elle s’attend à un volume encore plus important au deuxième semestre. Outre la mise en production de Keno Hill, les prévisions font état d’une quatrième mine en 2024, bien que le moment de sa mise en valeur et en production demeure incertain. L’exploitation minière de placers reste un pan important de la production minérale du territoire. En 2019, le Yukon a exporté plus de 75 000 onces d’or placérien23 dont la valeur totalisait environ 116 millions de dollars. Compte tenu de la baisse des prix des carburants et de la hausse des prix de l’or, on s’attend à en produire plus en 2020, soit 80 000 onces pour une valeur estimée à 140 millions de dollars. La production annuelle devrait d’ailleurs rester autour de 80 000 onces brutes à moyen terme. Dans l’ensemble, les perspectives à court terme de la production minérale se sont améliorées depuis mars, en partie grâce aux prévisions favorables des cours des métaux, surtout pour l’or, l’argent et le cuivre. La valeur de la production minérale devrait plus que tripler en 2020 et ainsi dépasser largement les 600 millions de dollars. 21 « Victoria Gold Provides Inaugural Guidance for the Eagle Gold Mine, Yukon Territory » – Communiqué de presse (14 juillet 2020). Victoria Gold Corp. 22 « Minto Operation Update for Q2 2020 » – Communiqué de presse (20 juillet 2020). Pembridge Resources plc. 23 L’or placérien vaut généralement entre 70 et 90 % du prix affiché pour l’once troy d’or. 18 Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020
Figure 17. Les cours des métaux et les mises en production minière embellissent les perspectives entourant la valeur de la production minérale Valeur de la production minérale (en millions de dollars) 1 400 1 200 1 000 800 600 400 200 0 2020p 2021p 2022p 2023p 2024p 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 Sources : Ressources naturelles Canada, ministère des Finances La COVID-19 freine l’exploration minérale Tout n’est pas noir ou blanc à ce jour en 2020 pour ce qui est des activités d’exploration minérale au Yukon. En effet, cette année, le jalonnement des claims miniers a énormément ralenti en raison des restrictions liées aux déplacements et au travail. Le 24 avril, les autorités, conscientes des répercussions causées par les mesures de santé publique et les interdictions d’activité, ont d’ailleurs exonéré pour un an les titulaires de claims de leur obligation d’évaluation des activités minières24. Cette mesure empêche que les claims deviennent caducs et protège le droit des titulaires actuels. Cela dit, on s’attend à une intensification des activités et des dépenses d’exploration à court terme avec la hausse des prix de l’or. Secteur touristique La COVID-19 freine l’élan du secteur touristique Le secteur yukonnais du voyage et de l’hébergement englobe une multitude d’entreprises, qu’il s’agisse de voyagistes et de transporteurs aériens ou de services d’hébergement, de commerces de détail et de restaurants. La pandémie a plus qu’écorché ces entreprises, et l’année 2020 s’annonce comme la pire au bilan du secteur touristique. Le nombre de personnes ayant passé la douane canadienne au Yukon dans les six premiers mois de 2020 a diminué de 92 % par rapport à l’année précédente. Les transporteurs aériens ne fonctionnent qu’à une fraction de leur capacité habituelle, ce qui les force à annuler de nombreux itinéraires et à réduire la fréquence des vols. Toujours au premier semestre de 2020, la circulation aérienne à l’aéroport international de Whitehorse affichait une baisse de 38 % comparativement à 2019. Même si le Yukon assouplit les restrictions de déplacement visant la Colombie-Britannique et les autres territoires, les perspectives du voyage aérien en 2020 demeurent sombres. 24 Une voie à suivre : Le plan du Yukon pour lever les restrictions liées à la COVID-19. Gouvernement du Yukon. Bilan d’étape des Perspectives budgétaires et économiques • Octobre 2020 19
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